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Les figures de style
Les figures de substitution : Figure par laquelle les mots sont employés dans un sens qui n'est pas leur
sens propre.
Métaphore : figure par ressemblance (analogie)
Du grec metaphora qui signifie transposition (méta : succession, changement, participation et phore :
porter) : changement de sens par rapport de ressemblance, d'analogie. Elle n'est pas, au sens strict, une
«image littéraire». Elle en est la forme la plus condensée, réduite à un terme seulement.
un tigre pour un homme féroce/ un agneau pour une personne douce (ou une soie)
Comme la comparaison, la métaphore est constituée d'au moins deux éléments, parfois plus, à cette
différence que dans la métaphore, la comparaison se fait dans l'esprit du lecteur et non dans les termes de
l'énoncé. Au lieu de dire Il est fort comme un bœuf (comparaison), on dira : C'est un bœuf.
ex. : Le cristal de l'eau.
Le premier élément, cristal, vient caractériser le second, l'eau, qui est l'élément principal de l'énoncé, celui
qui est caractérisé.
Un troisième élément vient cependant s'ajouter, la clarté (ou la pureté), et qui est suggéré par l'analogie
introduite par la juxtaposition des deux premiers éléments : c'est ce qu'on appelle le thème de la métaphore.
Dans une comparaison (l'eau est claire comme le cristal), le thème (claire) est présent dans l'énoncé et
vient dissiper toute forme d'ambiguïté. Dans la métaphore, le thème est toujours absent et fait appel à
l'esprit du lecteur qui se doit de deviner ou même, au besoin, d'imaginer le thème à partir de la figure qui le
porte.
Le cristal de l'eau = la pureté de l'eau / l'eau est claire comme le cristal
Métonymie : figure par correspondance
Du grec metonymia qui signifie changement de nom :
changement de sens par contiguïté logique (dans
des rapports logiques de type contenu/contenant, cause/effet, etc.).
Du contenant au contenu : boire un verre (boire de l'alcool dans un verre); du contenu au contenant :je
suis allé au hockey (allé voir une partie de hockey); de la cause pour l'effet : avoir une belle plume (avoir
un bon style); de la matière pour l'objet : elle portait un vison (un manteau de vison); de l'instrument pour
l'instrumentiste : un second violon (celui qui en joue); du lieu pour la chose : un bon bourgogne (un vin de
la région de Bourgogne)
; du physique pour le moral : un peu de cervelle (pour un peu d'intelligence).
ex. : Il lui offrit un bouquet d'amour où «amour» est mis pour «fleurs», ces deux éléments étant, par tradition,
symboliquement reliés.
autre ex. : Il entra subitement, sa vengeance à la main où «vengeance» est mis pour «arme» (épée, revolver,
couteau, preuve accusatrice, etc.).
Synecdoque : figure par connexion
Du grec sunekdokhê qui signifie compréhension simultanée. Figure qui consiste en la désignation d'un objet
par le nom d'un autre objet avec lequel il forme un ensemble, un tout abstrait ou concret. Permet de désigner
quelque chose par un terme dont le sens inclut celui du terme propre ou est inclus par lui. Il y a un va-etvient de sens entre le général et le particulier.
- la partie pour le tout : une voile à l'horizon (pour un navire) // avoir un toit
- l'espèce pour le genre :
le pain quotidien (pour de la nourriture)
- l'abstrait pour le concret :
célébrer ses dix-huit printemps (pour ses dix-huit ans)
ex. : Je ne regarderai ni l'or du soir qui tombe
Ni les voiles au loin descendant vers Harfleur.
Hugo, Demain, dès l'aube.
L'anaphore
Répétition d'un mot ou d'un groupe de mots dans un ou plusieurs vers (souvent au début), dans une ou
plusieurs phrases ou membres de phrases.
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Ex. :
« Trouvez des mots forts comme la folie
Trouvez des mots couleurs de tous les jours
Trouvez des mots que personne n'oublie. »Aragon
L'anaphore rythme la phrase, souligne un mot, une obsession. On la range dans les figures dites
d'insistance.
L'antithèse
L'antithèse juxtapose deux éléments de sens contraire dans un même énoncé.
ex. : Le Canada est le paradis de l'homme d'affaires, c'est l'enfer de l'homme de lettres.
Jules Fournier, Mon encrier
Lorsque l'antithèse est condensée en une seule image, on l'appelle un oxymore
ex. :
Le soleil noir de la mélancolie.
Nerval, El Desdichado
Autre ex. : Cette petite grande âme venait de s'envoler. (à propos de la mort de Gavroche)Hugo, Les
Misérables.
L'allégorie
· L'allégorie est une métaphore filée (métaphore à plusieurs points) qui ressemble souvent à la
personnification, et qui est, très souvent également, le résultat d'une transposition. C'est la matérialisation
d'une idée.
Ex. : La rêverie... une jeune femme merveilleuse, imprévisible, tendre, énigmatique, provocante, à qui je
ne demande jamais compte de ses fugues.
André Breton, Farouche à quatre feuilles.
L'allégorie de la mort = la faucheuse // l'Allégorie de la justice : une femme avec les yeux bandés et qui tient
une balance// la colombe : la paix // Marianne = la république
L'allitération
· L'allitération consiste en des retours multipliés d'un même son dans une phrase, soit pour imiter
l'action ou la chose décrite, soit pour musicaliser la phrase ou le vers.
ex. 1 : Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur nos têtes?
Racine, Andromaque.
La répétition des -s imite le sifflement des serpents.
ex. 2 : La rivière riait entre ses rives radieuses.
La répétition des r tend à musicaliser la phrase, comme pour rendre plus présent le bruissement de l'eau.
L'assonance
L'allitération consiste en des retours multipliés d'une même voyelle/ ou d'un même son vocalique. Même
rôle que celui de l'allitération.
ex. 3 :
Les sanglots longs
Blessent mon cœur
Des violons
D'une langueur
De l'automne
Monotone.
Verlaine, Chanson d'automne.
La répétition des o et des on, comme, par la suite, celle des eur, contribuent à ralentir le rythme du vers et à
lui conférer une sorte de monotonie.
L'ellipse
· L'ellipse consiste en l'omission syntaxique ou stylistique d'un ou de plusieurs mots que l'esprit
supplée de façon plus ou moins spontanée. L'énoncé est plus dense et souvent laconique.(= bref)
À moi. L'histoire d'une de mes folies.
(Passons maintenant à moi [à mon histoire]. Je vais vous raconter l'histoire d'une de mes folies.)
Rimbaud, Alchimie du verbe
A vingt ans, deuil et solitude.
Hugo, Les Contemplations
Gradation
· La gradation consiste à présenter une suite d'idées ou de sentiments dans un ordre tel que ce qui suit dise
toujours un peu plus ou un peu moins que ce qui précède.
ex. : Quand on m'aura jeté, vieux flacon désolé
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Décrépit, poudreux, sale, abject, visqueux, fêlé.
Baudelaire, Le flacon
ex. : Voici des fruits, des fleurs, des feuilles et des branches,
Et puis voici mon cœur qui ne bat que pour vous.
Verlaine, Green
L'inversion
Figure qui consiste en un renversement de l'ordre normal ou habituel des mots dans une phrase en vue de
mettre l'accent sur ce ou ces mots.
ex. 1 : De ma vie, j'ai rencontré la femme.
ex. 2 : Que j'aime voir, chère indolente/ De ton corps si beau/ Comme une étoffe vacillante/ Miroiter la
peau!
Baudelaire, La danse du serpent
La litote
Figure qui consiste à dire moins pour dire plus.
- va, je ne te hais point (Corneille, Le Cid)
pour Je t'aime toujours.
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elle n’est pas laide pour elle est jolie
L'euphémisme est semblable à la litote en ce qu'ils sont tous deux des figures d'atténuation.
L'euphémisme, cependant, sert le plus souvent à déguiser des idées désagréables ou odieuses.
ex. :
L'âge d'or pour la vieillesse
La mère alla dormir sous les dalles du cloître pour elle est morte et enterrée.
La périphrase
Figure qui consiste à exprimer d’une manière détournée, étendue, et ordinairement fastueuse, une
idée ou une chose qui pourrait être rendue d’une manière plus brève ou plus directe.
ex. : - le plancher des vaches (pour le sol ou la terre ferme)
- lendemain de chenille en tenue de bal (pour le papillon)
–
C'était l'heure tranquille où les lions vont boire. (pour le soir) Victor Hugo, Booz
endormi.
–
Le roi des animaux : le lion
Le pléonasme
Le pléonasme est une surabondance de termes donnant plus de force à l'expression.
ex. : - Je l'ai vu de mes yeux.
ex. :
- Sors-tu du gouffre noir ou descends-tu des astres?
Baudelaire, Hymne à la
beauté
La redondance est un pléonasme fautif : - monter en haut; une triste peine
Le parallélisme
Le parallélisme présente une syntaxe semblable pour deux énoncés. Il permet de rythmer la phrase
et de mettre en évidence les deux éléments mis en parallèle pour les opposer ou les rapprocher.
ex. : Par la joie, la beauté du monde pénètre dans notre âme. Par la douleur, elle nous entre dans le
corps.
Simone Weil
ex. : Des trains sifflaient de temps à autre et des chiens hurlaient de temps en temps. Raymond
Queneau
La prétérition
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La prétérition (substantif féminin), du latin praeteritio (« action de passer sous silence »), consiste
à parler de quelque chose après avoir annoncé que l'on ne va pas en parler. Elle permet de ne
pas prendre l'entière responsabilité de ses propos et se reconnaît à l'emploi de formules particulières
d'introduction comme « Ai-je besoin de vous dire... »/ « Je ne vous dirai pas que ...»
ex: « Je ne parlerai pas de son insolence, encore moins de sa grossièreté. » ou « En effet je parlerais
de vos jeunes années que vous avez livrées au bon plaisir de tous si je pensais le moment propice.
Mais à dessein je n’en parle pas. Je ne dis pas non plus que les tribuns vous ont reproché vos
absences aux armées. [...] De tout cela je ne dis rien. Je reviens à ce qui est l’objet du procès. »
Cicéron De Catilina
C'est une figure de rhétorique ( art oratoire) par excellence, en ce qu'elle influence l'attitude de
l'interlocuteur, elle éveille son attention, ou attise sa curiosité, commente un raisonnement
La comparaison
les mots qui servant à introduire une comparaison : comme, pareil à , semblable à , tel ( le(s)), sembler,
paraître, avoir l'air, ressembler
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