bolide Z.1 - Les Jardins de l`Imaginaire

Transcription

bolide Z.1 - Les Jardins de l`Imaginaire
bolide Z.1
LO-renzo - 2013
Un titre énigmatique
bolide Z.1 est une installation qui présente une météorite rose ayant chuté dans la serre des Jardins de l’Imaginaire.
Le mot «bolide» est le nom scientifique donné aux corps extraterrestres de plus d’un mètre de diamètre. Leur taille imposante induit un phénomène
spécifique lors de leur entrée dans l’atmosphère : ils produisent des lumières très intenses, pouvant aller du bleu au rouge.
Z.1 est un numéro d’ordre. Le numéro 1 indique que c’est le premier d’une série. Le Z représente la signature de l’artiste, LO-renzo, tout en étant une
référence à l’histoire de l’art et notamment aux peintures de Lucio Fontana et de Maurizio Cattelan.
Le rose bien particulier utilisé pour la météorite, dit «rose LO-renzo», est la signature visuelle de l’artiste qui fait référence à l’histoire de l’art et au
fameux «IKB» (International Blue Klein») de l’artiste Yves Klein inventé dans les années 1960.
Une métaphore de la création artistique
L’oeuvre intitulée bolide Z.1 est une métaphore de l’action poétique des artistes dans le monde quotidien et elle met en scène leur capacité à remettre en question nos certitudes.
Tout comme les bolides extraterrestres, bolide Z.1 représente un élément extérieur qui vient perturber et fertiliser un écosystème, celui de la serre
des Jardins de l’Imaginaire.
Cette météorite rose et incandescente est une image de l’artiste qui modifie le monde et impacte la société.
L’artiste redonne aux choses une signification nouvelle par le regard décalé qu’il porte sur elles.
Démarche de l’artiste en trois idées : « les zonages », « l’histoire de l’art », « défendre son territoire »
« La démarche de LO-renzo se déploie autour du thème du territoire, de ses délimitations et des conflits potentiels qui en découlent. Dans cet esprit,
il pratique (dans le paysage autant que dans l’histoire de l’art) ce qu’il nomme des zonages, c’est-à-dire des délimitations de zones précises.
Cette délimitation se présente à chaque fois comme l’annexion d’un territoire existant. Ainsi, lorsqu’il annexe un territoire réel ou imaginaire, il en change la fonction ou la signification et il le détourne à son profit. Il entre alors en conflit avec son propriétaire, tantôt la nature, tantôt l’histoire de l’art.
Zoner la nature est toujours pour LO-renzo une annexion temporaire. La plupart des zonages qu’il réalise dans la nature prennent la forme de tontes
éphémères souvent en forme de cercles ou de cibles. Il en délègue parfois l’entretien à d’autres personnes par l’entremise d’un protocole de tonte
détaillé (outils, périodes de l’année, fréquence, forme...)
Sans la réactualisation de ces délimitations, la nature reprendrait rapidement ses droits ; le protocole d’entretien de ces zonages permet alors de
donner à son oeuvre une pérennité et une vie autonome. L’oeuvre reste en lutte perpétuelle avec la repousse des végétaux et sa réactivation se fait
parfois en collaboration avec les personnels et les usagers des structures qui l’achètent (Centre hospitalier de Vauclair, 2013).
Il s’approprie aussi l’histoire de l’art par effraction, æusant d’une dialectique de la filiation inversée : LO-renzo pervertit et transforme en effet la proposition « faire des enfants » en « faire des parents ». Il se promène dans l’histoire de l’art et s’y trouve des « pères » afin d’associer son travail et son
nom à celui des grands artistes canonisés. Cela revient pour lui à choisir ses filiations. Plus qu’une naissance après Vincent Van Gogh, Ben, Piero
Manzoni ou Marcel Duchamp, il s’agit bien souvent de s’approprier des oeuvres connues et reconnues tout en les désacralisant. Il les ramène ainsi
dans le champ trivial de l’objet fonctionnel ou décoratif. Ainsi se place-t-il en position de «fils» héritier de Duchamp ou de Manzoni : avec son oeuvre
constituée d’un rouleau de papier toilette tamponné (ready-arrhe 1917,1993), il vient dialoguer avec la fameuse pissotière de Marcel Duchamp. Ce
rouleau résonne aussi avec les oeuvres non moins fameuses de Piero Manzoni : « ligne infinie » et « merde d’artiste ». La ligne infinie est d’ailleurs
un autre motif récurrent de LO-renzo. Se mettant ainsi dans le sillage de ces artistes avec insistance, il empiète sur leur territoire pourtant consacré.
Il met ses pas exactement là où l’on apprend aux étudiants en art à ne pas mettre les pieds. Le risque est en effet très grand qu’on dise de lui : «c’est
du Duchamp!», avec un mépris tout moderne pour ce qui ne relève pas de la nouveauté ou de l’originalité.
Ces annexions de territoires ne sont pas sans conséquence car elles perturbent l’état du monde et le dérangent. Elles sont réalisées dans deux univers dont la puissance est colossale et avec lesquels le rapport de force tourne au désavantage de l’artiste : la nature et l’histoire de l’art. S’il arrête
de travailler, de tondre, de creuser ou de nettoyer, la nature reprend immédiatement ses droits. De même si, après s’être inscrit dans la filiation directe
d’un artiste monument ou d’une oeuvre canonique, il arrête de clamer sa différence et son identité propre, il prend le risque de se laisser dissoudre
peu à peu dans le sillage des pères qu’il a ainsi annexés. Quand il zone et s’accapare un morceau de nature ou de culture, il le fait en sachant que
cette annexion l’engage dans un combat sans fin pour garder la possession de ce territoire. Arrêter de travailler reviendrait alors à rendre les armes,
à céder du terrain, puis à disparaître... D’où l’esthétique martiale, le caractère guerrier et militaire de certaines de ses oeuvres qui ne sont pas, pour
autant, dénuées d’humour et d’auto-dérision tant ce projet est absurde et vain.
L’un des motifs récurrents de LO-renzo est le projectile qui prend la forme de missiles, de javelots, d’avions ou encore de météorites. Ces projectiles
ont pour mission de défendre ou d’attaquer un territoire annexé. L’ambivalence de ces projectiles réside dans le fait qu’ils agressent ou détruisent mais
qu’ils transportent en même temps avec eux des éléments créateurs qui peuvent remodeler et fertiliser les écosystèmes dans lesquels ils pénètrent ;
les projectiles auxquels s’intéresse LO-renzo sont donc binaires : à la fois destructeurs et créateurs de nouvelles possibilités, capables de transporter
aussi bien des charges explosives que des charges poétiques, de produire des cratères et du feu que des idées neuves.
Quant au rose bien particulier utilisé pour la météorite, dit « rose LO-renzo », il s’agit de la signature visuelle de l’artiste qui fait référence à l’histoire de
l’art et au fameux « IKB » (International Blue Klein») de l’artiste Yves Klein inventé dans les années 1960. Dans son travail, LO-renzo crée un dialogue
entre deux couleurs opposées et inséparables, le motif camouflage (utilisé par l’armée) et le « rose LO-renzo ». Ce dialogue est à mettre en parallèle
avec sa démarche dialectique vis-à-vis de l’histoire de l’art dans laquelle il oscille perpétuellement entre une intégration (camouflage, filiation inversée
des parentés) et une confrontation (identité voyante, personnalisation, « rose LO-renzo », couleur-étendard). bolide Z.1 s’inscrit dans la continuité de
cette démarche artistique.»
Texte de Cédric Vilatte critique d’art et commissaire de l’exposition
Contacts
LO-renzo www.lo-renzo.com - [email protected]
Cédric Vilatte [email protected]
Les jardins de l’imaginaire www.jardins-imaginaire.com - [email protected]
Production
Ville de Terrasson
Partenaires
Remerciements
Les jardins de l’imaginaire, L’office de tourisme et les services techniques de la ville de Terrasson, Alain Piot, Alain K, Lætitia Coustillas-Dumontet,
Patrick Palem, Xavier rèche
bolide Z.1
LO-renzo - 2013
An enigmatic title
bolide Z.1 is an art installation representing a bright pink meteorite that has fallen into the greenhouse of the Jardins de l’Imaginaire.
The word ‘bolide’ is the scientific name given to extraterrestrial bodies bigger than 1m in diameter. Their imposing size leads to a specific phenomenon
when they enter the earth’s atmosphere : they produce very bright, often iridescent colors, ranging from blue to red.
Z.1 is the number one indicating the first of a series.
The Z represents the artist’s signature, LO-renzo, as well as being a reference to the history of art and particularly to such artists as Lucio Fontana
and Maurizio Cattelan.
The specific pink used for the meteorite, called ‘ LO-renzo pink ’, is the artist’s visual signature, which makes reference to the history of art and the
famous « IKB » (International Blue Klein»)that the artist Yves Klein invented in the 1960s.
A metaphor of artistic creation
The work entitled bolide Z.1 is a metaphor for artists’ poetic activity in our daily lives and it exemplifies their capacity to question our convictions.
As all extraterrestrial bolides, bolide Z.1 represents an exterior element that has come to perturb and modify an ecosystem, that of the greenhouse
in the Jardins de l’Imaginaire.
This pink, incandescent meteorite reflects the artist himself and the way he changes both the world and society.
A new meaning is given to objects by the unconventional way that he, the artist, loks at them.
Artist’s creative process in three main ideas : ‘zonings’, ‘history of art’, ‘defending one’s territory’
« LO-renzo’s engagement as an artist is around the theme of territory, its delimitations and the potential conflicts that then result. It is in this spirit that
he creates (on the land as well as in the history of art) what he calls ‘zonings, that is to say delimiting precise zones.
Each time, this act of delimiting is, in fact, the annexation of an existing territory. Thus, whenever he annexes a real or imaginary territory, he is changing its function or its meaning. He then puts this territory to his own use,thereby entering into conflict with its owner, whether that be nature or the
history of art.
For LO-renzo, zoning is always a temporary annexation. Most of the zonings that he has created on the land are, in fact, ephemeral spaces where he
has cut the grass, often in the shape of circles or shooting targets. He then delegates to other people the maintenance of these spaces, giving them
grass-cutting instructions in the form of a maintenance contract, detailing tools, schedules, frequency, shapes etc.
Unless these delimitations were constantly maintained, nature would rapidly reassert itself, the maintenance contract for these zones thus gives the
artwork its continuity and autonomy. The work struggles perpetually against the vegetation re-growing, and the maintenance is often done in collaboration with the personnel and users of the institutions that buy the artwork (eg: Centre hospitalier de Vauclair, 2013).
LO-renzo also appropriates, through break and entry, the history of art using a dialectic of inverted filiation: he perverts and transforms the proposal
‘making children’ into ‘making parents’. He wanders through the history of art and finds ‘fathers’ there, so that he can associate his work and his name
to those of the canonized great artists. In this way, he chooses his filiations. Much more than being the son of Vincent Van Gogh, Ben, Piero Manzoni
or Marcel Duchamps, it often means that he appropriates well-known, recognized artworks and takes away their sacred aura, bringing them back
down into the trivial place of the functional or decorative object. He thus places himself in the position of ‘son and heir’ to Duchamps or Manzoni: with
his artwork made of a roll of stamped toilet paper (ready-arrhe 1917,1993), he is creating dialogue with Marcel Duchamp’s famous ‘Fountain’. This
toilet roll also resonates with the no-less famous works by Piero Manzoni such as ‘Infinite line’ and ‘Artist’s shit’. The infinite line is another recurring
theme in LO-renzo’s work. By insistently walking in the footsteps of these great artists, he steps onto their hallowed territory. He steps exactly where
art students are taught not to step. The risk is therefore great that the viewer will say of his work ‘It’s Duchamp’ with all the modern scorn for anything
that is not new or original. But LO-renzo crystallizes this very question: can a post-modern artist conform? Or can he only oppose? And if so, oppose
what?
These territory annexations are not without consequence, for they perturb, and disturb, the state of the world. They concern two major domains, nature
and the history of art, both of enormous power and where, in the battle of wills, the artist does not have the upper hand. If he stops working, cutting,
digging or cleaning, nature immediately reasserts itself. In the same way, if, after claiming direct filiation to a great artist or to a canonized artwork, he
then stops proclaiming his difference and his own identity, he risks dissolving little by little into the wake of the fathers he has annexed. When he zones
and annexes a piece of nature or of culture, he does it knowing that this same annexation will engage him in an endless combat to keep possession
of the territory. Stopping the work would mean to give up arms, to retreat and then to disappear. This explains the martial arts aesthetic in LO-renzo’s
art, the warrior and military nature of certain of his works, even though they are not without humor and a sense of self-derision in the face of such an
absurd and vain project.
.../...
One of the recurring themes in LO-renzo’s work is the projectile, in the form of missiles, javelins, war-planes or meteorites. The mission of these projectiles is to defend or to attack an annexed territory. Their ambivalence resides in the fact that, while they aggress or destroy, they also carry within
themselves the creative elements that can re-design and fertilize the ecosystems into which they penetrate. The projectiles LO-renzo is interested in
are therefore binary, they can be seen literally as war-mongers or metaphorically, destroyers but also creators of new possibilities, charged either with
explosives or with poetry, as capable of producing craters and fire as new ideas.
The distinctive pink used for the meteorite, called ‘LO-renzo pink’ is the artist’s visual signature. It makes reference to the history of art and the famous
‘IKB’ (International Blue Klein) invented by the artist, Yves Klein, in the 1960s. In his work, LO-renzo creates a dialogue between two opposing and
inseparable colours, the camouflage pattern used by the military and the ‘LO-renzo pink’. This dialogue should be linked to his dialectic process in
relation to the history of art in which he oscillates constantly between integration (camouflage, inverted filiation, kinship) and confrontation (glaring
identity, personalization, ‘LO-renzo pink’, signature-color). bolide Z.1 follows on from the artist’s creative process.
Text by Cédric Vilatte art critic and the exhibition curator
Contacts
LO-renzo www.lo-renzo.com - [email protected]
Cédric Vilatte [email protected]
Les jardins de l’imaginaire www.jardins-imaginaire.com - [email protected]
Production
Ville de Terrasson
Partners
Special Thanks
Les jardins de l’imaginaire, L’office de tourisme et les services techniques de la ville de Terrasson, Alain Piot, Alain K, Lætitia Coustillas-Dumontet,
Patrick Palem, Xavier rèche