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Date : 19 AOUT 16 Page de l'article : p.7 Journaliste : Didier Pitelet Périodicité : Quotidien OJD : 122744 Page 1/1 IDEES & DEBATS LEPOINT DEVUE de Didier Pitelet e dogme ambiant élève les start-up en référentes absolues de l'intelligence collective, reléguant la moindre entreprise non digitale ou de plus de 5 ans en incongruité sociologique. De fait, pour être vrai, il faut « startupper ». La création d'entreprise s'est, elle aussi, « ubérisée » pour devenir une start-up ovation... Et comme un dogme est toujours accompagné de gourous et de modes à suivre, chacun sait ce qu'il a à faire, à dire pour être dans le vent... Et la créativité dans tout ça ? Si la culture était interchangeable - comme on voudrait nous le faire croire - au profit d'un style, d'un langage, d'un management, de la même « cool attitude », quelle catastrophe et quel lavage de neurones, programme Gafa oblige (Google, Apple, Facebook, Amazon) ! L'intelligence, fort heureusement, ne se confond ni avec la culture ni avec la créativité qui confèrent à chacun son exclusivité ; il en va des humains comme des entreprises, des politiques, des syndicats, des médias... La pensée unique a malheureusement asséché la créativité en entreprise au point de devoir haranguer les foules dè managers sur des slogans d'entreprise libérée ou encore de management aplati. Mais derrière ces incantations se cache une tout autre réalité : la peur des imprévus. La créativité fait souvent peur dans des organisations où il faut tout prévoir à l'avance ; ce qui revient à antici- L Tous droits réservés à l'éditeur Les entreprises doivent retrouverle chemin de la créativité per, à évaluer a minima, mais aussi à museler les profils décalés et atypiques (ceux-là mêmes que l'on retrouve dans des start-up...). La culture est souvent pensée comme un mot d'ordre à appliquer mais non à vivre au nom des sacrosaintes valeurs d'entreprise affichées partout maisdonttoutle monde se fiche. Les start-up sont enviées, car elles disposent de tout ce qui manque aux plus grandes sociétés. Si la plupart des entreprises peinent à attirer les jeunes générations, c'est parce que le système a pris le pas sur la pensée créative. Mais qu'ont donc les start-up pour faire fantasmer autant de monde ? Trois choses essentielles : - « Le small is beautiful » où le patron est au cœur des équipes ; - Une créativité qui autorise toutes les audaces au nom d'un projet partage ; - Le pragmatisme du bon sens opérationnel. Ces trois caractéristiques sont exactement ce qui manque auj ourd'hui dans la plupart des grandes organisations : entreprise a taille humaine, creativite, bon sens... Aujourd'hui, il ne s'agit pas, contrairement à l'air du temps, de se repenser ou de se réinventer, mais bien de se penser tout court en se posant les bonnes questions, celles qui touchent autant le cœur que la raison. L'art de la question est un principe d'action qui ne doit pas faire peur. La créativité distingue, rend unique ; elle peut faire peur, déroute, mais elle ouvre des chemins d'espoir aussi. Si la plupart des entreprises peinent a incarner un futur humain, accessible pour la plupart des générations, c'est justement parce que le système a pris le pas sur la pensée créative, où chacun joue un rôle souvent en décalage avec sa propre vie. La créativité est un art qui ne s'apprend pas à l'école, si ce n'est l'école de la vie ; il est à la portée de chaque être qui ose être lui-même dans une organisation et non un soumis. Les systèmes sont souvent le terreau des bassesses morales qui aboutissent au mal-être ambiant, au burn-out et tout aussi grave, au rejet des jeunes générations qui rêvent de créativité justement. La créativité est un art qui fait la différence et milite pour l'exclusivité du savoir-être et du savoir-faire. Bref, un chemin à emprunter sans peur pour être au rendez-vous de soi-même... Didier Pitelet est président d'Onthemoon. ONTHEMOON 4567878400524