Nokia souffre d`une concurrence plus agressive dans les mobiles

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Nokia souffre d`une concurrence plus agressive dans les mobiles
17/10/08
P. 24
Technologies de l’information
TÉLÉCOMS
Le géant des mobiles a publié un bénéfice net trimestriel en très forte baisse
(− 30 %) sous l’effet d’un recul de ses ventes. Même s’il domine largement le
marché, le groupe cède du terrain face à des concurrents de plus en plus agressifs.
Nokia souffre d’une concurrence
plus agressive dans les mobiles
D
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es concurrents de plus
en plus offensifs, sur un
marché de moins en
moins dynamique, dans un
contexte général de ralentissement économique... Ce cocktail
au goût amer met Nokia en difficulté. Au cours du troisième trimestre, le géant des mobiles a
publié un bénéfice net en très
forte baisse (− 30 %) sous l’effet
d’un recul de ses ventes (− 5 %).
Certes, le groupe finlandais
domine toujours d’une façon
écrasante le marché des téléphones portables. Mais cette suprématie s’est légèrement effritée. Sa part de marché est
tombée à 38 %, au lieu de 40 %
au trimestre précédent et 39 % il
y a un an. Au cours des trois
derniers mois, ses ventes n’ont
progressé « que » de 5,5 % en
volume sur un marché dont la
croissance s’est limitée à 8 %.
Montée en puissance de l’iPhone
Comme il l’avait expliqué dès le
mois dernier, Nokia a décidé de
« ne pas répondre à l’agressivité
sur les prix de certains concurrents » afin de protéger ses
marges. « Certains ont été plus
agressifs dans le but de nettoyer
leurs stocks ou de gagner de la
taille critique », a précisé le
PDG, Olli-Pekka Kallasvuo.
Ensuite, le finlandais a souffert
« de la concurrence mondiale, y
compris sur le segment d’entrée
de gamme ». Enfin, le géant a
pâti de « l’impact temporaire »
d’un manque de nouveaux mo-
Les chiffres clefs de Nokia
En millions d’euros
En millions d’unités, au 3e trim. 2008
Chiffre d’affaires
Répartition des ventes par région
12.898
12.237
Résultat opérationnel
1.862
Amérique
latine
Amérique 4,5
du Nord
Total : 117,8 millions
d’unités
11
27,4
Europe
33,6
1.469
21,5
19,8
MoyenOrient/
Afrique
Asie-Pacifique
3e trim. 2007
3e trim. 2008
Chine
« Les Echos » / Source : société
dèles moyen de gamme. Si Nokia ne l’a pas clairement évoqué,
il s’est également laissé distancer sur le marché des téléphones
mu lti m éd ias (les « s m artphones »). Sur ce segment hautement rentable, sa part de marché est tombée à 35 %, contre
48 % au trimestre précédent.
Nokia a souffert de la montée en
puissance de l’iPhone d’Apple,
mais aussi des nouveaux modèles de Samsung, HTC ou du
BlackBerry. Il y a deux semaines, Nokia a réagi en dévoilant son premier téléphone à
écran tactile. Mais celui-ci ne
sera pas disponible avant l’an
prochain en Europe et aux
Etats-Unis. Cette concurrence
effrénée intervient alors que les
ventes de mobiles se tassent nettement en Europe occidentale et
aux Etats-Unis, où les clients
tardent à changer d’appareil ou
optent pour les portables les
moins onéreux. Du coup, c’est
dans les pays émergents que Nokia s’en sort le mieux. Mais en
vendant des mobiles à petits
prix, la rentabilité du groupe se
dégrade.
Toute la question est désormais de savoir si cette tendance
va perdurer. Nokia s’est efforcé
d’envoyer quelques signes rassurants, se disant capable de défendre sa part de marché au
quatrième trimestre et confirmant sa prévision d’une croissance mondiale des ventes de
10 % sur l’ensemble de l’année,
tous constructeurs confondus.
« Même s’il serait naïf d’ignorer les conditions macroéconomiques de certains pays, Nokia
est bien positionné par les temps
qui courent, compte tenu de notre
taille, de notre marque, de l’amélioration de notre gamme de produits et de notre structure à bas
coûts », a poursuivi le PDG.
Les craintes liées au ralentissement du secteur ont en tout
cas fait fondre de moitié la capitalisation boursière de Nokia
depuis le début de l’année. Récemment, plusieurs analystes et
cabinets d’études ont abaissé
leurs prévisions de marché, les
ventes de mobiles étant très liées
à la croissance du PIB mondial.
UBS n’anticipe plus qu’une
hausse des ventes en volume de
3 % l’an prochain et Citigroup
de 4 %. Hier, le finlandais s’est
efforcé de convaincre qu’il était
mieux armé que les autres fabricants pour surmonter la crise.
Un message qui n’a semblet-il pas convaincu les investisseurs. L’action Nokia a clôturé
en repli de 4,16 %.
FRÉDÉRIC SCHAEFFER
Lire « Crible » page 42.

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