Histoire d`Internet - Cyber

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Histoire d`Internet - Cyber
Zoom :
Une production
Histoire d’Internet
rédigé par Stig Legrand, Mise à jour : Janvier 2005
Histoire d’Internet
(du Cyberespace imaginaire à l’Internet d’aujourd’hui…)
Introduction
Network Visualization Gallery de Stephen G. Eick
(Bell Laboratories) & à droite, Getty Images
Surdoué tentaculaire, Internet est le plus grand réseau informatique au monde,
avec des millions d’utilisateurs. Les trois W qui caractérisent son application
navigable la plus récente, signifient World Wide Web (certains abrègent d’ailleurs
son nom en ‘le web’ ou ‘le net’), car il s’agit bien d’un maillage de connexions
électroniques à l’échelle planétaire.
Produit de l’interconnexion de multiples réseaux, Internet est devenu le plus
vaste dispositif de communication, d’éducation, de loisir et de commerce qui soit,
et pourtant il trouve en partie son origine dans un projet militaire destiné à la
défense des Etats-Unis.
En moins d’un demi-siècle, Internet a largement dépassé les attentes de ses
concepteurs : il révolutionne la vie des habitants des pays développés en
octroyant à chaque utilisateur d’un ordinateur connecté au réseau, des moyens
de communication inimaginables jusque là. Première ressource hypermédia
offrant la possibilité de consulter, envoyer et recevoir du texte, des images, du
son, de la vidéo, au reste du monde, Internet fait aujourd’hui partie de la vie des
peuples modernes, pour le meilleur et pour le pire.
Ce jeune média continue son développement accéléré dans des directions aussi
prometteuses qu’imprévues, avec toujours plus de nouveaux usagers qui
découvrent les richesses du nouvel espace virtuel, capable de gommer les
barrières de distance, de langage et de temps. Bienvenue dans le village global
aux membre de la société de l’information…
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Zoom sur l’Histoire d’ Internet – Mise à jour : Janvier 2005
Sommaire
1 – Les pionniers d’Internet (les années 60)
• Sites utiles
2 – Les utopistes du cyberespace (les années 70)
• Sites utiles
3 – Les développeurs du virtuel (les années 80)
Sites utiles
4 – L’ordinaire des internautes (les années 90)
• Sites utiles
5 – Internet aujourd’hui et demain (les années 2000)
• Sites utiles
1/ Les pionniers d’Internet (les années 60)
A l’origine de l’élan technologique qui poussa les Etat-Unis à exceller dans le domaine
des télécommunications, il y a une humiliation infligée par les Soviétiques qui franchirent
en tête les frontières de l’espace avec le lancement du premier satellite artificiel,
Spoutnik, en 1957. En réponse, le président Dwight Eisenhower débloqua les fonds
nécessaires pour constituer l’agence ARPA (Advanced Research Projects Agency),
sous tutelle du Ministère de la Défense, afin de donner à son pays l’avantage
scientifique et technologique dans le cadre de la guerre froide.
L'équipe d'ARPAnet à la fin des années 60. D.R.
Il est bon de rappeler qu’à cette époque, les ordinateurs primitifs étaient d’énormes
machines isolées, rares et onéreuses, qui exécutaient avec lenteur les calculs
demandés par les chercheurs. Le processus était laborieux : il s’agissait de fournir à la
machine des lots de cartes perforées sur lesquelles étaient codés les problèmes à
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résoudre pour le compte de scientifiques travaillant sur différents projets sur des sites
parfois éloignés. Le regroupement des données physiques et le traitement de ces
tâches prenaient beaucoup de temps et devaient souvent être recommencés à la
moindre modification… La relation entre l’humain et l’ordinateur comportait alors une
grande part de frustration.
Le développement des concepts novateurs dont seront issus les premières machines et
réseaux qui finiront par constituer Internet est le fruit du travail de nombreux experts
dans divers domaines de la recherche, mais nous ne retiendrons ici que les principaux
(pour une chronologie plus détaillée, voir le site d’Alexandre Serres).
Au début des années 60, au MIT (Massachusetts Institute of Technology) et dans la
compagnie d’ingénieurs BBN (Bolt Beranek et Newman), un programme de recherche
envisage de transformer radicalement le fonctionnement des ordinateurs par
l’introduction du temps partagé (time-sharing), par opposition au traitement par lots
(batch-processing). Le prototype d’ordinateur fonctionnant en temps réel (par le timesharing) est le PDP-1.
D’autre part, certains doctorants du MIT étudient l’amélioration des télécommunications
et dès 1961, Leonard Kleinrock publie le premier article sur la théorie de la transmission
par paquets (Packet-Switching), étape importante lorsque l’on sait que le protocole
Internet actuel (IP) est toujours basé sur ce système. Pour faire simple, le principe de la
transmission par paquets réside dans le découpage des données informatiques en
morceaux qui ne prennent pas tous forcément le même itinéraire lors d’un transit. Cette
décentralisation intéresse beaucoup les militaires pour des questions de sécurité.
Ensuite, Paul Baran de la Rand Corporation développe plus avant l’idée d’un réseau de
communication numérique décentralisé, mais il doit batailler ferme pendant plusieurs
années pour convaincre ses opposants, au nombre desquels figure la puissante
compagnie AT&T qui détient le monopole des communications américaines.
Le 1er octobre 1962, J.C.R. Licklider, psychologue, physicien et mathématicien qui vient
aussi du MIT où il a approché pour la première fois des ordinateurs expérimentaux
fonctionnant en temps partagé (time-sharing), avant d’intégrer BBN, rejoint l’équipe
d’ARPA avec en tête des perspectives inédites sur le potentiel de l’informatique. Il fonde
son propre service, l’IPTO (Information Processing Techniques Office). Enthousiaste, il a
l’intuition que la symbiose avec l’ordinateur pourrait décupler les capacités de l’intellect
humain, et ses écrits anticipent nombre de développements actuels : entre autres
l’interface graphique, le principe du pointer-cliquer, et surtout la notion de mise en
réseau des ordinateurs entre eux.
Alors que les élites scientifiques débattent avec passion autour de différentes pistes
technologiques en vue de concevoir ces nouveaux ordinateurs capables de traiter les
informations en temps réel, et se disputent les financements et contrats de recherche,
‘Lick’ comme il est surnommé, engage une douzaine d’équipes des meilleurs chercheurs
dispersées sur plusieurs universités, dont Stanford, UCLA et Berkeley. Les recrutés sont
alors liés par contrat avec l’ARPA qui dispose d’un budget annuel de 250 millions de
dollars, on les appelle les ‘ARPA’s Contractors’.
Rapidement, il fait circuler à ses équipes, connues ironiquement sous le nom
"Intergalactic Computer Group", un mémo dans lequel il met l’accent sur l’importance
d’une standardisation des systèmes informatiques qu’elles utilisent pour leurs
recherches. Si seulement ces scientifiques pouvaient collaborer et échanger leurs
travaux facilement, si seulement quelques ordinateurs étaient en mesure d’envoyer et
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recevoir leurs résultats en temps réel via un réseau…Cette idée de communauté
scientifique en ligne marque les esprits à tel point qu’elle sera reprise par son
successeur, Larry Roberts, après le départ de Licklider d’ARPA en 1964 lorsqu’il
retournera au MIT pour rejoindre le projet MAC (il s’agit d’un projet concernant le ‘timesharing’, rien à voir avec le MacIntosh d’Apple !).
Dans le même temps, Douglas Engelbart mène des recherches sur le rôle de
l’ordinateur comme technologie de l’intelligence au sein de l’ARC (Augmentation
Research Center) à l’Université de Stanford (SRI). Ses travaux déboucheront sur bon
nombre de systèmes qui existent toujours aujourd’hui comme l’interface graphique, la
souris, le fenêtrage, la téléconférence, la messagerie collective qui deviendra l’E-mail, et
en particulier l’hypertexte. L’hypertexte permet d’accéder à des informations de manière
non-linéaire (random-access), par le biais de mots ou d’images programmés pour
envoyer le lecteur vers d’autres textes (les hyperliens), ce qui représente une véritable
évolution de l’architecture de l’information. Omniprésent dans la navigation actuelle sur
Internet, l’hypertexte enrichit l’expérience de lecture en intégrant grâce aux hyperliens,
références et développements au cœur de chaque document.
En Europe, parallèlement aux recherches de Licklider et de ses ARPA’s Contractors,
deux chercheurs britanniques, Roger Scantelbury et Donald Davies, travaillent de 1964
à 1967 à un projet expérimental sur la mise en réseau d’ordinateurs et la transmission
des données informatique par commutation de paquets (Packet Switching).
A l’occasion d’une conférence sur l’avenir de l’ordinateur, en Virginie, à l’hiver 1964,
Licklider et Larry Roberts sympathisent dès leur première rencontre. Ce sera Larry
Roberts qui engagé comme conseiller scientifique par l’ARPA va réaliser les idées de
Licklider en créant ARPAnet (Advanced Research Project Area Network), premier
réseau expérimental que l’on qualifie parfois de ‘Mère de l’Internet’.
Le premier test de connexion à longue distance avec deux ordinateurs (un TX-2 et un Q32) se déroule fin 1965, entre le Lincoln Lab du MIT dans le Massachusets et la SDC
(System Development Corporation) à Santa Monica, Californie, sous la direction de
Larry Roberts et Thomas Merrill. Avec son rustique modem à 2000 bits par seconde,
l’expérience n’est pas une grande réussite mais elle démontre que le système par
transmission de paquets préconisé par Leonard Kleinrock serait plus adapté que la
technologie à l’oeuvre pour l’occasion.
Il faudra que la direction d’ARPA exerce de nombreuses pressions sur Larry Roberts
pour qu’il se détache de ses chers projets au Lincoln Lab et intègre l’ARPA, mais c’est
chose faite début janvier 1967, lorsque à 29 ans Roberts prend la direction du
département IPTO, avec comme mission la conception et la mise en place d’un réseau
d’ordinateurs destiné à relier entre elles les équipes de Contractors de l’ARPA.
Deux ans de réunions, de présentation de projets, d’opposition de la part des
chercheurs des différentes universités censées travailler en collaboration et partager
leurs ordinateurs sont nécessaires avant que ne soit retenue une solution qui implique la
création de machines entièrement nouvelles, des mini-ordinateurs spécialisés, les
serveurs de messages IMP (Interface Message Processors).
Quatre sites sont sélectionnés pour participer au projet de réseau ‘ARPA Network’
chapeauté par Larry Roberts : UCLA où officie Leonard Kleinrock, le SRI proposé par
Douglas Engelbart, UCSB à Santa Barbara Californie, et l’Université de l’Utah. C’est au
SRI que revient la tâche de rédiger les spécifications du futur réseau. Engelbart a
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également en charge la montée en puissance de son système de messagerie collective
(oN-Line System), qui doit à terme accueillir une communauté en ligne de plus de 200
utilisateurs. Cette charge qui paraît négligeable à notre époque où des billions de
messages e-mail s’échangent chaque jour, semble alors bien difficile à atteindre et le
système NLS d’Engelbart devra finalement s’incliner en 1974…
Les programmeurs des quatre sites où se connecteront les premiers ordinateurs en
réseau longue distance sont de brillants jeunes diplômés : Vinton Cerf de l’UCLA (à qui
l’on devra, en collaboration avec Robert Kahn, le protocole TCP/IP), Jeff Rulifson du
SRI, Ron Stoughton de l’UCSB, et Steve Crocker de l’Utah. Ils s’organisent de manière
informelle sous le nom de Network Working Group et chauffent à blanc leur matière
grise lors de brainstormings autour du domaine encore vierge des communications de
serveur à serveur. Pendant ce temps, BBN entame la construction des quatre serveurs
de messages IMP, qui devront être livrés aux sites avant la fin de l’année. AT&T, trust
des télécommunications américaines, prend en charge l’assemblage des lignes
spécialisées (encore loin du haut débit actuel, à 50 Kbits) qui relieront les quatre
‘nœuds’ du projet ARPAnet.
Début septembre 1969, le premier IMP est installé à UCLA, où il est connecté au
serveur principal de l’université (le Sigma-7). Début octobre, le second IMP arrive au
SRI où on le relie à l’ordinateur-hôte (le SDS-940). Les premières lettres transmises par
Charley Kline sur ce qui allait devenir le réseau Internet furent L, O, G, pour ‘login’, et
elles s’affichèrent devant les chercheurs émus avant que le système ne crashe… Après
quelques sueurs froides pour les techniciens, la première liaison était établie, couvrant
600 km entre les deux universités !
Début novembre, le troisième IMP est livré à l’UCSB de Santa Barbara, où il est branché
au serveur IBM 360/75. Kleinrock effectue lui-même la démonstration et se connecte
sans difficulté au SRI par l’application Telnet, développée par Jon Postel. Finalement,
début décembre, le quatrième et dernier IMP du projet ARPAnet rejoint sa destination à
l’Université d’Utah, où l’attend un serveur PDP-10. Les quatre stations de réseau sont
désormais fonctionnelles.
Cette même année en Ohio, CompuServe, alors service d’informatique en temps
partagé (time-sharing) annonce l’émergence de la future industrie des services en ligne.
Les premiers pirates informatiques (hackers) font aussi leur apparition au MIT !
Les sites utiles
Fiche biographique en anglais sur J.C.R. Licklider (Encyclopédie Wikipédia).
http://http://en.wikipedia.org/wiki/J.C.R._Licklider
Chronologie générale sur l’histoire d’Hypertexte, ARPAnet et Internet (Thèse et
recherches d’Alexandre Serres)
http://www.uhb.fr/urfist/HistInt/
Université de Stanford (site en anglais qui présente toutes les activités universitaires de
Stanford)
http://www.stanford.edu
Université UCLA (site en anglais qui présente toutes les activités universitaires d’UCLA)
http://www.ucla.edu/
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2/ Les utopistes du cyberespace (les années 70)
En mars 1970, c’est en toute logique la société BBN (constructrice des premiers
serveurs de messages IMP), qui à Cambridge, devient le cinquième site relié aux quatre
nœuds historiques (UCLA, SRI, UCSB de Santa Barbara et Université de l’Utah).
Le réseau ARPAnet continue de s’étoffer, neuf sites en juin (avec les connexions de la
Rand Corporation, du SDC, du MIT et d’Harvard qui relient les deux côtes des EtatsUnis), puis quinze en avril 71…
Tandis qu’aux Etats-Unis on développe la première version du système d’exploitation
UNIX, la France crée le Bureau National de l’Information Scientifique et Technique
(BNIST) qui développera les premiers réseaux documentaires pour les secteurs de
l’agriculture, de la chimie, de l’électricité. La même année, le premier programme de
courrier électronique qui permet d’envoyer et recevoir des messages sur le réseau est
développé par Ray Tomlinson de BBN, l’e-mail est né !
En 1972, ARPA retourne à sa finalité militaire et se limite à la recherche sur l’armement,
sous le nom de DARPA (D comme Defense). Désormais, c’est réellement la demande
croissante des scientifiques pour consulter des bases de données, ou les travaux de
leurs confrères par le biais des ordinateurs d’autres universités qui va dynamiser la
croissance d’ARPAnet. C’est une collection hétéroclite de machines qui parviennent tant
bien que mal à communiquer entre elles grâce à l’ingénieux réseau : leurs systèmes
d’exploitation ne sont pas forcément compatibles, leur types d’accès non plus. La priorité
devient l’utilisation d’une norme commune.
Finalement, après un an de préparation, Robert Kahn, de BBN, organise la première
démonstration publique d’ARPAnet en octobre 1972. A l’occasion d’un colloque
international (l’ICCC : International Computer Communication Conference), il va relier
quarante ordinateurs dans les sous-sols de l’Hotel Hilton de Washington et ouvrir
ARPAnet au public. C’est un succès ! Devant les écrans, les invités fascinés accèdent à
des programmes qui fonctionnent sur des ordinateurs à l’autre bout des Etats-Unis…
Quelques mois plus tard, en France, Louis Pouzin et Gérard Lelan coordonnent un
projet de réseau expérimental, basé sur le principe de la commutation par paquets :
CYCLADES doit relier vingt ordinateurs. Pendant ce temps, l’équipe de Vinton Cerf,
travaille sur ce fameux projet de protocole universel, capable d’uniformiser les
connexions entre les ordinateurs disparates et les réseaux existants (réseau satellite
SATNET, réseau radio par paquets PRNET, et réseau terrestre ARPAnet). C’est la
première référence à un INTERnet, un réseau capable de relier entre eux d’autres
réseaux. L’équipe s’appelle d’ailleurs l’InterNet Working Group. Invité au laboratoire de
Stanford par Vinton Cerf, Gérard Lelan apportera beaucoup au développement du futur
protocole TCP/IP via son expérience sur CYCLADES.
En janvier 1973, ARPAnet est composé de 35 sites (nœuds). Le nœud d’Hawaï est relié
à la Californie par satellite. L’été de la même année, ARPAnet franchit la frontière du
continent américain : l’Angleterre (University College of London) et la Norvège (Royal
Radar Establishment) font désormais partie du réseau ! C’est aussi l’année où est mis
en place le protocole FTP (File Transfer Protocol) qui standardise le transfert de fichiers
entre ordinateurs.
En 1974, les inévitables bugs d’ARPANET sont largement corrigés par John McQuillan
de BBN qui augmente la vitesse de routage de manière significative. Vinton Cerf et Bob
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Kahn qui planchaient toujours sur un protocole qui simplifierait les liaison au réseau
parachèvent TCP (Transmission Control Protocol), fondement encore aujourd’hui de la
connexion TCP/IP.
Dans l’univers UNIX, un programme innovant (Unix to Unix Copy Program) permet
d’échanger des données par modem en utilisant le réseau téléphonique. Ainsi, ce sont
les utilisateurs d’UNIX qui profitent du premier réseau mondial, UUNET. En 1975, 63
sites sont connectés au réseau.
L’informatique personnelle se généralise : l’IBM 5100, Xerox Alto, MITS Altaïr… Des
antiquités aujourd’hui, mais la pointe de la technologie de l’époque ! C’est l’année où la
première boutique d’informatique ouvre ses portes à Los Angeles.
1976 n’est pas une année comme les autres car bien qu’ils n’aient pas participé
activement à la mise en place technique des réseaux de l’époque, deux jeunes
libertaires de Xerox Parc ont révolutionné la planète en inventant le concept de microordinateur. Steve Jobs et Steven Wozniak bouleverse la relation entre l’homme et
l’ordinateur en y insérant un élément inattendu : l’affectivité. Sans Apple II, les
ordinateurs ne seraient peut-être pas sortis du domaine universitaire…
Cette année-là, le réseau gagne ses lettres de noblesse car la Reine Elisabeth en
personne envoie son premier e-mail !
En 1977, 111 serveurs sont connectés à ARPAnet. Parallèlement les systèmes UNIX se
dotent d’une application d’e-mail à l’usage des chercheurs en informatiques via
THEORYNET, à l’Université du Wisconsin.
L’engouement des utilisateurs des différents réseaux est contagieux : tout le monde veut
communiquer sur tous les réseaux disponibles. Avec les premiers micro-ordinateurs,
l’intérêt pour ces nouvelles technologies déborde hors des limites des universités. En
1978, The Source est le premier service online tourné vers le consommateur : son
fondateur, Bill Von Meister a dans l’idée de proposer réservations de voyage,
informations bancaires, critiques de restaurants et autres bons plans.
1979 est l’année de USENET, en réponse au besoin des étudiants pour un panneau
d’affichage visible du plus grand nombre, où ils pouvaient aussi bien laisser des
annonces pour partager un logement, rechercher un compagnon de voyage, trouver un
petit boulot, ou simplement discuter de tout et de rien. Il s’agit du premier système de
‘news’ qui regroupe aujourd’hui plusieurs milliers d’utilisateurs internationaux autour des
centres d’intérêt les plus divers (appelés groupes et parfois administrés par des
modérateurs) et se trouve à l’origine d’autant de communautés très actives.
Technologiquement indépendant d’Internet, USENET n’utilise pas le protocole TCP/IP.
Dans le même temps, CompuServe , acteur de cette aventure depuis déjà dix ans,
devient le premier service à proposer le courrier électronique et une hot-line technique
aux nouveaux utilisateurs d’ordinateurs personnels.
Les sites utiles
Historique du projet CYCLADES (en français sur l’Encyclopédie Wikipédia)
http:// http://fr.wikipedia.org/wiki/Cyclades_%28r%C3%A9seau%29
Mieux connaître les groupes de discussion de USENET (Wikipédia)
http://fr.wikipedia.org/wiki/Usenet
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3/ Les développeurs du virtuel (les années 80)
Au tout début des années 80, seuls quelques visionnaires du milieu universitaire
américain entrevoient les perspectives futures de ces ordinateurs récemment mis en
réseau. Pourtant la révolution est en marche, et l’un de ses moteurs est l’imagination. Le
rôle important qu’ont joué certains auteurs de science-fiction dans la démocratisation
des concepts et processus du cyberespace émergeant n’est donc pas si étonnant que
ça !
Labellisés "Neuromantics", "Outlaw Technologists", ou autres "Mirrorshades Group",
leurs nouvelles cyberpunks défrichent ce nouveau territoire virtuel issu de la rencontre
improbable des ordinateurs et du téléphone. Publiées entre 82 et 92, les nouvelles les
plus marquantes comme "Neuromancien" de William Gibson, "Les mailles du réseau" de
Bruce Sterling ou "Snow Crash" de Neal Stephenson ne traitent pas du futur, mais bien
des bouleversements réels qui remodèlent les infrastructures de communication. Non
seulement William Gibson invente le mot "cyberspace", mais avec des pirates
informatiques évoluant dans une réalité virtuelle, les textes de ces auteurs radicaux
définissent une culture qui a déjà intégré Internet, alors même qu’il n’existe pas encore
tout à fait et que W. Gibson ne possède même pas de modem !
En 1981, la France découvre sa propre version de l’univers télématique avec le Minitel.
Malgré un accès payant, le 36.15 rencontre un grand succès : une multitude de services
fleurissent en un bouquet allant de l’ annuaire électronique aux messageries roses.
D’utilisation facile, ce terminal de consultation francophone apparaît d’abord comme une
avancée technologique nationale, mais dès la fin de cette décennie, il ralentira
l’ouverture du pays au véritable enjeu mondial d’Internet avant d’être inéluctablement
détrôné.
Pendant ce temps aux Etats-Unis, ARPAnet a déjà jeté des ponts vers d’autres grands
réseaux nouveau-nés comme BITNET d’IBM et CSNET (Computer Science Research
Network qui connecte la plupart des départements informatiques du pays sous la
houlette de la National Science Fondation), entamant cette interconnexion sous
protocole TCP/IP (diffusé gratuitement sur le réseau en 1982) qui lui vaudra son nom :
Internet.
Dès 1983, il devient apparent que le système qui permettait jusqu’alors aux machines de
se reconnaître entre elles est devenu trop lourd à gérer pour le NIC (Network
Information Center de Stanford). Pour remédier aux erreurs qui se multiplient dans
l’organisation des adresses de machines, Jon Postel, Paul Mockapetris et Craig Partrige
inventent le système d’adresse numérique par domaine (DNS ou Domain Name Server)
qui s’imposera à partir de 1984. Terminées les adresses numériques impossibles à
mémoriser ! Désormais, la base de données qu’ils ont mise au point convertit de
manière transparente les adresses IP des machines en noms de domaines et les
regroupe par zones. C’est le début des terminaisons en .com, .org, .edu ou .net que
nous utilisons tous aujourd’hui. Quel symbole faut-il voir dans le fait que Symbolics.com
est le premier nom de domaine enregistré ?
1983 est aussi l’année où le réseau militaire se sépare d’ARPAnet afin de mieux
sécuriser ses communications. Sur les 113 nœuds en activité, 68 deviennent MILNET,
qui dépend du Defense Data Network.
Avec l’Europe et le Japon (JUNET) le réseau s’internationalise et s’étoffe, bien que
certains utilisent des protocoles indépendants (comme Coloured Book pour la Grande
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Bretagne par exemple), mais ne propose encore au public équipé d’ordinateurs et de
modems que des BBS (Bulletin Board Systems) ancêtres des forums, des services de
courrier électronique ou de téléchargements FTP. L’image n’est pas encore disponible,
et le simple texte affiché sur fond noir reste la norme.
Branchés sur la ligne téléphonique, les premiers modems (un modulateur-démodulateur
est un appareil qui transmet et décode les données digitales de l’ordinateur vers le
signal analogique du téléphone, dans les deux sens) qui permettent un débit d’abord de
1200 puis de 2400 bauds sont très lents, et la procédure de connexion est loin d’être
simple : il faut entre autre savoir paramétrer seul les ports de communication de
l’ordinateur pour profiter des premiers logiciels d’e-mail comme Eudora… Quel
soulagement lorsque retentit enfin la stridulation aiguë de la porteuse qui indique la
connexion au réseau !
En avril 1985, la première cyber-communauté en ligne apparaît aux Etats-Unis : pour un
abonnement raisonnable, elle ouvre le débat entre les auteurs et les lecteurs du
magazine indépendant Whole Earth Review, sur sa version électronique The WELL.
En 1986, la National Science Foundation met en place NSFNET, un réseau reliant 5
centres de super-ordinateurs à travers les Etats-Unis à un débit de 56 kbps, c’est la
première épine dorsale (backbone) sur laquelle viennent se greffer les réseaux des
universités américaines, à une vitesse bien supérieure à ce qui existait jusque là.
Le candidat démocrate aux présidentielles américaines Al Gore, alors sénateur, affirme
qu’il a "lors de son mandant au Congrès des Etats-Unis, pris l’initiative de créer
Internet", ce qui est loin d’être le cas. Non, Al Gore n’a pas inventé Internet, mais il est le
premier homme politique qui reconnaîtra son impact et fera beaucoup pour promouvoir
son développement ultérieur.
En 1987, CompuServe, l’une des cyber-communautés historiques propose à ses
abonnés des salons de discussions, près de 200 forums thématiques, des journaux en
ligne, des jeux, et l’e-mail. C’est aussi CompuServe à qui l’on doit le premier format
d’image conçu pour être transmis sur un réseau : le gif. Suivront d’autres opérateurs
comme Delphi, AOL (AmericaOnLine) et Prodigy, qui en proposant leur contenu propre
ont contribué à donner à Internet sa forme actuelle.
Le soir du 2 novembre 1988, Morris, le premier ver distribué (il ne s’agissait pas d’un
virus) se propage sur Internet et affecte en quelques heures plusieurs milliers
d’ordinateurs aux Etats-Unis en surchargeant leurs systèmes. Internet est pratiquement
paralysé car le ver s’auto-réplique, et il faut beaucoup de sang-froid aux administrateurs
des ordinateurs concernés pour venir à bout de l’attaque. Cette aventure fait la une du
New York Times et suscite l’inquiétude pendant plusieurs jours, relayée par la télévision,
et tout un branle-bas des médias. Plus que d’éventuelles destructions, Morris produit
une prise de conscience qui débouche sur la création du CERT (Computer Emergency
Response Team).
C’est aussi en 1988 que Jarkko Oikarinen développe l’IRC (Internet Relay Chat) qui
permet de discuter en temps réel, par des logiciels comme mIRC. La plupart des t’chats
actuels auxquels ont peut accéder via des sites web descendent du système IRC, et
sont souvent accessibles en direct à travers ces mêmes logiciels. Aujourd’hui, il règne
toujours une grande animation dans les canaux IRC. Vous pouvez y découvrir des
salons de discussion en direct sur plus de sujets qu’on peut imaginer et même créer le
vôtre…
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Le réseau global de NSFNET (épine dorsale, backbone) augmente encore sa puissance
avant la fin 88, passant à la vitesse T1 (1.544 Mbps). Le Canada, la France, le
Danemark, l’Islande, la Norvège et la Suède se connectent sur ce backbone. L’Australie
les rejoindra via Hawaï en juin 1989, tout comme l’Allemagne, l’Italie, les Pays-Bas, le
Royaume-Uni, Israël, le Japon, la Nouvelle Zélande, le Mexique et Puerto Rico. Sur le
même modèle, le Canada constitue son propre réseau, CA*Net, à partir de réseaux
provinciaux comme le RISQ, Onet et BCNet.
A Genève, au cœur studieux du CERN (Conseil Européen pour la Recherche Nucléaire
renommé depuis Laboratoire Européen de Physique des Particules), les protocoles
TCP/IP sont déjà testés en interne, sur des ordinateurs non UNIX depuis 1985. Même
les machines de contrôle de l’accélérateur de particules LEP fonctionnent en TCP/IP, et
Ben Segal, coordinateur TCP/IP, effectue une veille technologique continue sur les
nouveaux protocoles de communication, en particulier sur les routeurs CISCO. Sur les
recommandations de Daniel Karrenberg, de l’Amsterdam Mathematics Center, la partie
européenne du réseau USENET s’apprête à basculer vers le protocole IP. Les services
déjà disponibles comme l’e-mail et les news continueraient à fonctionner (désormais en
mode SMTP) sans différence pour les utilisateurs, mais de nouveaux services comme le
FTP et Telnet enrichiraient l’offre. Ainsi apparaît le réseau IP pan-européen (bientôt
dénommé RIPE en 92), sous l’œil attentif du CERN qui adopte officiellement le même
protocole en 1988. Le lien principal entre l’Europe et les Etats-Unis à haut débit, financé
par IBM, se trouve alors au CERN, qui devient rapidement le premier site Internet
d’Europe par son importance. Le cadre est donc posé pour accueillir en 1990 l’étape
suivante du développement d’Internet, le World Wide Web…
Les sites utiles
L’atlas des cyberespaces met à votre disposition des documents d’époque chroniquant
le développement des réseaux jusqu’à Internet
http://www.cybergeography.org/atlas/historical.html
Toute l’histoire du premier ver qui s’est propagé sur Internet en novembre 87 (en
anglais)
http://world.std.com/~franl/worm.html
Le site du CERN
http://public.web.cern.ch/Public/Welcome-fr.html
Témoignage en anglais de Ben Segal, du CERN sur l’émergence du TCP/IP et du World
Wide Web au CERN
http://ben.home.cern.ch/ben/TCPHIST.html
4/ L’ordinaire des internautes (les années 90)
1990 sonne la fin d’ARPAnet, au profit de sa descendance, les nouveaux réseaux
interconnectés qui forment Internet.
Dès 1980, Tim Berners-Lee, chercheur en informatique diplômé d’Oxford, avait en tête
un projet visionnaire d’application distribuée basée sur l’hypertexte qui faciliterait la
collaboration entre scientifiques. C’est au CERN qu’il développe à cette époque, avec
l’aide de Robert Cailliau, un prototype prometteur appelé Enquire.
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Dix ans plus tard, c’est Tim Berners-Lee qui révolutionne l’utilisation d’Internet en
développant le World Wide Web, ou WWW, que le CERN présentera au reste du monde
en 1991.
Ce qui change radicalement avec son nouveau concept, c’est l’utilisation de l’hypertexte
(terme emprunté à Ted Nelson, concepteur de Xanadu, lui-même inspiré par Vannevar
Bush, anticipateur de génie des années 40, et sujet des travaux de Douglas Engelbart
pour un ordinateur local). L’hypertexte permet de transiter entre les pages stockées sur
différents ordinateurs du réseau, d’un simple clic sur les mots soulignés. De l’hypertexte
découle le nouveau protocole HTTP (Hypertext Transfer Protocol), dont les initiales sont
toujours présentes au début des adresses de sites internet. Ce système d’adresse que
l’on nomme maintenant URL (Universal Ressource Locator) découle aussi de l’invention
de Tim Berners-Lee, l’URI (Universal Ressource Identifier) qui spécifie la source des
données demandées sur le réseau. Enfin, il conçoit le langage HTML (Hypertext Markup
Language) dans lequel sont écrites depuis les pages des documents qui composent le
World Wide Web. A l’origine les pages crées par Berners-Lee autorisaient la réécriture,
(comme l’encyclopédie collaborative Wikipédia), puis le système se cantonne à la
lecture uniquement.
Si Internet ne contient pas encore une foule de sites en 1990, les bibliothèques et bases
de données de nombreuses universités sont désormais accessibles, à tel point que le
besoin d’un système d’indexation permettant de s’y retrouver se fait sentir. En 1989,
Peter Deutsch, chercheur à l’Université de Montréal a conçu Archie, un système
permettant d’archiver les sites FTP, puis est arrivé WAIS (Wide Area Information Server)
qui indexe le texte de tous les documents des bases de données, suivi du Hytelnet
Catalog spécialisé dans les bibliothèques accessibles par Telnet, mais toutes ces
interfaces sont complexes à utiliser. La première interface conviviale permettant de
naviguer dans les menus d’Internet s’appelle Gopher, du nom anglo-saxon d’une espèce
d’écureuil, mascotte de l’Université du Minnesota. En quelques années, cet index est
amélioré avec les versions VERONICA, puis JUGHEAD. Des milliers de Gopher sont
alors accessibles à travers le monde, ce qui allège la charge des requêtes utilisateurs et
raccourcit le délai de connexion.
Electronic Frontier Fondation (EFF) organisation à but non lucratif, basée aux EtatsUnis, est fondée en 1990 par Mitch Kapor pour défendre les libertés individuelles et
civiles dans l’environnement d’internet.
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Le premier fournisseur d’accès commercial à Internet destiné aux particuliers arrive sur
le marché américain en 1990, il s’agit de The World (world.std.com). NSFNET augmente
encore son débit, passant à la puissance T3 en 1991 (44.736Mbps).
Près d’une centaine de pays vont se connectent à NSFNET avant 1995.
Internet fait plus qu’entrer dans les mœurs en cette première moitié des années 90 : en
fait, la planète ne parle que de ça ! En 1992, dans un des nombreux ouvrages
expliquant le nouveau média, Jean Armour Polly emploie pour la première fois le verbe
‘surfer’ pour évoquer l’expérience de la navigation sur Internet. Des chasses au trésor
sont même organisées sur le net !
Les premiers navigateurs-texte orientés utilisateurs s’appellent Erwise, Viola, Midas et
Samba, mais ils restent confidentiels. C’est en 1993 qu’apparaît Mosaic, l’interface de
navigation graphique (GUI Graphical User Interface) qui en permettant l’affichage
d’images sur l’écran rend Internet encore plus ludique. On doit Mosaic à Marc
Andreessen, étudiant au NCSA (National Center for Supercomputing Applications), et à
son équipe de l’Université de l’Illinois, qui le mettent gratuitement à disponibilité des
utilisateurs. Mosaic va évoluer en Netscape, navigateur incontournable des années 90
(80% de parts de marché), dont l’action fera flamber la Bourse lors de son introduction le
9 août 1995. S’il faut acheter Netscape pour l’utiliser, son téléchargement est gratuit, ce
qui fait beaucoup pour sa diffusion.
En 1993, Internic, l’autorité qui gère l’enregistrement des noms de domaine et le
répertoire de tous les sites existants est mise en place. Des vers, des araignées, des
robots indexeurs prolifèrent sur Internet, invisibles aux yeux des utilisateurs, mais
récoltant des informations pour leurs propriétaires. La Maison Blanche ouvre son site
gouvernemental, tout comme les Nations Unies. C’est l’année de la première campagne
de marketing de masse sur Internet, le début du spam.
Les médias, les publicitaires et l’univers commercial repèrent Internet comme un nouvel
enjeu économique, mais ils ignorent encore comment exploiter le cyberespace… En
1994/1995, les premières galeries marchandes ouvrent sur Internet, au grand dam des
idéalistes ‘citoyens du Net’ qui voient en ce nouveau média une zone de liberté à
sauvegarder, par-delà les contingences matérialistes. Désormais, on peut commander
sa pizza sur Internet, ouvrir un compte auprès de banques virtuelles, écouter la radio en
temps réel grâce à RealAudio… Les premières bannières publicitaires semblent encore
divertissantes, mais ne tarderont pas à devenir une véritable plaie.
En 1994, quelques navigateurs alternatifs comme par exemple Lynx, Opera, Cello,
sortent sur le marché mais ne rencontrent qu’un succès mitigé.
Fin 94, le Consortium W3 (W3C), organisme composé de professionnels constitués en
groupes de travail pour contribuer au développement des standards tels que le HTML et
assurer la compatibilité continue d’Internet (portabilité et interopérabilité obtenues par le
biais de recommandations), ouvre sous la direction de Tim Berners-Lee, l’inventeur du
World Wide Web.
En 1995, l’enregistrement de noms de domaine devient payant. Ainsi, le Vatican doit
acheter son nom de domaine lorsqu’il ouvre son site. NFSNET, le réseau global
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fournissant le haut débit aux Etats-Unis retourne à sa vocation première : un réseau
dédié à la recherche. Le trafic transite désormais sur les réseaux interconnectés de
fournisseurs spécialisés. Les premiers moteurs de recherche en ligne sont classés
Technologie de l’Année. Par leur utilisation de mots-clés, ils représentent une réelle
évolution des méthodes de recherche de l’information.
En 1995, Bill Gates, qui avait déclaré un an plus tôt que le web ne marcherait jamais,
intègre un nouveau navigateur à Windows 95 : c’est l’arrivée de MSIE (Microsoft Internet
Explorer) mais cette première version est boudée par les internautes.
Le premier site d’enchères ouvre ses portes en septembre 1995 : e-Bay est promis à un
succès planétaire qui dépassera les prévisions les plus optimistes !
De nouvelles technologies expérimentales sont en test sur Internet, certaines, comme le
VRML permettent de se déplacer dans des environnements virtuels, d’y rencontrer
d’autres utilisateurs sous la forme d’avatars, d’y fonder des cyber-communautés
ambitieuses comme par exemple le 2ème Monde qui reconstitue Paris en 3D comme un
fantastique terrain de jeu pour le plus grand plaisir des Bimondiens !
En 1996, la guerre des navigateurs prend de l’ampleur, de nouvelles versions de
Netscape et Explorer sortent chaque trimestre, béta-testées par des internautes
volontaires. Le W3C et les concepteurs de sites (web designers) s’arrachent les
cheveux car les technologies implémentées par les deux constructeurs dans leurs
navigateurs poussent Internet vers une fracture de compatibilité. Ce qui fonctionne sur
l’un ne passe pas sur l’autre, et inversement ! Désormais, il n’est plus possible d’assurer
un affichage identique du même site sur les deux principaux navigateurs.
Cette même année, les piratages de sites se multiplient, avec une escalade médiatique
en direction des cibles les plus prestigieuses. Figureront sur les listes des sites piratés :
le Département de la Justice des Etats-Unis, la CIA, l’US Air Force, etc…
Enfin, 1996 voit les libertés de nations entières restreintes dans leur utilisation d’Internet,
avec entre autres la Chine qui contraint ses internautes et fournisseurs d’accès à
s’enregistrer auprès de la police, l’Allemagne qui bloque l’accès à certains newsgroups
sensibles, l’Arabie Saoudite qui limite Internet aux universités et hôpitaux (source
Human Rights Watch sur la Hobbes Timeline).
En 1997, le navigateur Mosaic disparaît après la sortie de son ultime version. Les
particuliers créent de plus en plus de pages personnelles (homepages) parfois codées à
la main ou avec les premiers éditeurs HTML, c’est l’époque des messages clignotants,
des barres de séparation aux teintes arc-en-ciel. Cette multiplication de ces sites
personnels, réalisés pour le plaisir et l’envie de partager à l’échelle mondiale représente
la richesse humaine d’Internet. Plus que tout autre média, Internet a la capacité d’ouvrir
l’internaute aux autres cultures, et encourage la liberté d’expression, mais il peut aussi
véhiculer des contre-vérités, manipulations, incitations à la haine…
C’est en 1998 qu’a lieu la première Fête de l’Internet en France, les 20 et 21 mars. Sa
vocation : aller à la rencontre du public pour démocratiser Internet partout dans le pays.
Le nombre de domaines explose : Network Solutions qui les enregistre pour InterNic
compte son 2 millionième ! AOL, qui a fusionné avec Time Warner en 1997, devient
acquéreur de Netscape Communications. Compaq achète Altavista.com pour 3,3
millions de dollars. Le 13 décembre 98, la moitié des internautes français boycotte
Internet pour protester contre les tarifs élevés des communications locales de France
Télécom et obtenir un forfait mensuel illimité pour l’utilisation du web.
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Cette année-là, Canalweb, première chaîne de télévision sur Internet en Europe prend
l’antenne à l’initiative de Jacques Rosselin pour proposer un bouquet de programmes
thématiques et interactifs en accès gratuit. 1998 voit l’ouverture d’innombrables start-up,
c’est aussi l’année d’essor de l’e-commerce, les acteurs d’Internet sont en pleine
euphorie.
En 1999, Microsoft Internet Explorer sort vainqueur de la guerre des navigateurs. C’est
maintenant Netscape qui a moins de 20% de parts de marché. Shawn Fawning,
étudiant, invente Napster, une application grâce à laquelle les internautes peuvent
échanger des morceaux de musique via Internet, au grand dam de l’industrie du disque.
Fin 99, Internet aussi retient son souffle en attendant le bug de l’an 2000 !
Les sites utiles
Le site en anglais du Consortium W3 (World Wide Web Consortium) regroupe des
informations sur tous les standards et codes qu’ils développent pour mener Internet à
son plein potentiel
http://www.w3.org
Mieux connaître les standards important sur Internet avec le site clair et complet de
Stefan Münz (en français)
http://fr.selfhtml.org/introduction/internet/standards.htm
Premier site Internet, développé par Tim Berners-Lee au CERN
http://www.w3.org/History/19921103-hypertext/hypertext/WWW/News/9201.html
La guerre des navigateurs : Netscape vs Explorer (en français)
http://www.cybercodeur.net/weblog/presentations/navigateurs/navigateurs.html#guerre
5/ Internet aujourd’hui et demain (les années 2000)
Reste à écrire les années 2000…
Les sites utiles
Incontournable, la Chronologie Internet de Hobbes (en anglais)
http://www.zakon.org/robert/internet/timeline/
Chronologie de Hobbes traduite en français
http://www.wallonie-isoc.org/Internet_Documents-en-francais/Hobbes_InternetTimeline_trad.htm
Si vous cherchez des statistiques concernant Internet, vous devriez trouver votre
bonheur parmi les listes regroupées sur cette page (en anglais)
http://internet-statistics-guide.netfirms.com/
Pour approfondir vos connaissances sur l’histoire d’Internet : Wikipédia
http://fr.wikipedia.org/wiki/Internet
Que se prépare-t-il pour la Fête de l’Internet 2005 ?
http://www.fete-internet.fr
http://www.internetworldstats.com/
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