EIP témoignage

Transcription

EIP témoignage
Voici trois témoignages pour compléter les échanges que nous avons eu suite à la
présentation du dispositif EIP
Maman EIP
"J'ai eu l'entretien avec la psy pour les résultats du wppsi de ma fille de 4 ans et demie, et
c'est bien une zebrette !
Profil hétérogène, et il serait bon de la faire suivre quelques temps pour qu'elle apprenne à
gérer son anxiété m'a dit la psy.
Quel soulagement pour moi qu'elle soit bel et bien une zebrette...tout devient limpide, les
émotions et les sensations exacerbées, l'hyper contrôle, l'hypersensibilité, l'hyper
perfectionnisme, ...
Tout s'explique maintenant et ça nous aide à mieux connaitre notre fille, à mieux cerner
ses besoins, ses limites. Je sais que ce n'est pas tous les jours, facile, mais maintenant on
sait que tout ça est lié."
La pièce du puzzle manquante… (Femme HP, 32 ans)
"Une histoire sans doute banale… Peut-être pas pour tout le monde, mais pour ceux qui
me ressemblent, pour ceux à qui je ressemble, oui ! Une banalité presqu’affligeante…
Je fais partie de ces personnes particulières qui pendant toute leur vie ont ignoré leurs
particularités…
Je constatais bien ma différence et pour peu que je puisse l’oublier de temps à autre,
aucune inquiétude à avoir, quelqu’un me l’aurait rappelé tôt ou tard…
Il y a cette différence, que nous observons, et celle qui est observée, et elles ne sont pas
toujours les mêmes….
Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours eu une conscience aigüe des gens, des
choses et elle m’a souvent servie, pour tout, protéger, aider, communiquer, partager…
Pour moi, ma différence se résumait à cette conscience, que je possédais et que les
autres possédaient peu ou pas…
Cela je le voyais aisément, mais j’ai toujours cru que j’étais comme les autres et que les
autres étaient comme moi…
Ainsi, si moi je pouvais tout faire et tout comprendre et bien eux aussi le pouvaient….Or, le
grand malheur que j’ai souvent rencontré, et qui a souvent porté à conséquence, est que
les autres, eux, voyaient bien qu’ils ne pouvaient pas y arriver, ils ne pouvaient pas tout
faire, ni tout comprendre, ils ne pouvaient pas être moi…
Et ils ne me trouvaient pas comme eux..
Ils savaient me le faire voir : « tu es extraordinaire, hors-norme, hors du commun,
exceptionnelle, bizarre, étrange, tu es une extra-terrestre… »
J’entendais bien ce qu’ils me disaient, mais je ne comprenais pas… Pourquoi pensaient-ils
cela ? La grande énigme de ma vie….
J’ai souffert, oui, c’est vrai… de l’exclusion, de l’incompréhension, de solitude, du manque
d’acceptation….
J’ai combattu le monde, j’étais si en colère et amère, de ces : monde, pays, société, gens
qui ne me voyaient pas.
Quelqu’un m’a-t-il déjà vue ? Me verra-t-on un jour comme je suis, dans ma totalité ?
J’ai erré avec ces questionnements, cette souffrance…
Et cette rage qui était souvent non-accueillie, mal accueillie par autrui, m’a sauvé la vie !
Elle m’a donné l’énergie pour me prendre en main.
J’ai entamé, il y a plus de 10 ans un travail intérieur, pour me connaitre, me comprendre et
vivre heureuse…. Je peux dire que cela m’a aidé à ÊTRE moi, avec fierté et amour de
moi-même quand le monde entier me rejetait…
Pourtant après plusieurs années de transformation et de construction personnelle, il me
manquait encore quelque chose, mais quoi ?
Cette fameuse pièce du puzzle….. pour qu’il soit complet et me permette de me voir dans
ma totalité… Quelle était-elle ? La compréhension de ma différence.
Être différent est une chose, sentir sa différence en est une autre, et comprendre cette
différence, c’est ce qu’il me manquait… Oui, j’étais différente, mais différente, en quoi ?
Comment ? Et pourquoi ?
L’année dernière, grâce aux médias, j’ai entendu parler des notions d’enfants surdoués et
d’adultes à haut potentiel. La première fois, je me suis reconnue dans la description des
particularités de ces enfants, mais le mot surdoué, m’a gêné et j’ai souri intérieurement, en
me disant : « bien sûr que non tu n’es pas surdouée ».
Certes on m’a répété toute ma vie que j’étais intelligente, mais pas plus intelligente que
ça… Et oui, parce que le mot surdoué induit la notion de -plus- … Et moi je ne me sentais
pas plus que qui que ce soit…
La seconde fois, les termes de -haut potentiel- ont nettement moins grincé à mes oreilles,
et j’y ai prêté suffisamment attention, pour y réfléchir à deux fois, avant d’éliminer cette
option, en réponse à mes questionnements existentiels, posés depuis si longtemps…
J’ai mis plusieurs mois à prendre la décision de passer un test… le test qui définirait ma
douance…
La psychologue spécialisée qui m’a suivie, m’y a encouragé.
Son conseil était simple : « vous allez découvrir comment vous fonctionnez »
Elle n’a pas eu besoin de me le dire 2 fois, cela a suffi pour me convaincre.
C’est ainsi que j’ai eu mes résultats la première semaine de janvier 2014, avec une
conclusion positive à mon profil de personne à haut potentiel, et avec une explication de
mon mode de fonctionnement cognitif.
Je découvrais la pièce du puzzle manquante, je la mettais à sa place pour la première fois,
et j’ai l’impression d’être venue au monde ce jour-là !
Oui, je sais, cela peut sembler fort, excessif… je vais vous dire un secret, je suis forte et
excessive…sourire…
Je me sens enfin entière, complète, je comprends cette infime partie de moi, qui était
restée dans l’ombre, vacillante, ne sachant comment être dans la lumière…
Certes le travail intérieur effectué pendant toutes ces années m’avait aidé à tendre vers
moi, autant que possible, mais il y avait toujours en moi, un sentiment d’inachevé…
Aujourd’hui ce sentiment a disparu. Comme pour toute renaissance, j’ai réappris
beaucoup de choses, et suis encore souvent à réajuster ma vision du monde.
Même si je suis profondément heureuse, de pouvoir enfin me voir plus vraie et
authentique que jamais, il y a une part de moi qui aurait souhaité être repérée, enfant.
Je me dis que tout aurait été différent, et que cette compréhension de ma différence,
m’aurait aidé à mieux vivre avec moi et les autres, dans ce monde que je comprends tant
et si peu à la fois…
Communiquer sur la douance, est devenu une de mes nouvelles batailles, pour qu’aucun
autre enfant ne vive ce que j’ai vécu… Cette incompréhension de soi est une prison
intérieure dont on ne possède pas la clé, quand l’information est inaccessible…
Ceux qui savent ont une responsabilité, celle de diffuser l’information, pour que personne
d’autre ne passe à côté de lui-même, pour cause simple d’ignorance."
Emi M.
"6 mois sous ritaline, ma vie a changé, pas de manière drastique mais par petites victoires
ponctuelles : je peux dormir 6h avec juste un seul réveil (par contre je ne peux toujours
pas m'endormir sans musique sinon je cogite trop), comme je dors mieux je n'ai plus mes
cvoups de barre en milieu de journée ou en fin d'après-midi, je peux suivre un film du
début à la fin en me levant seulement une fois ou deux, je peux lire sans me couper
totalement du monde extérieur (pas longtemps mais j'y arrive quand même), je peux
mener à bien une tâche au bureau sans m'interrompre (et cela peut durer 2-3h de suite !),
je peux tenir 10 à 15 mns à table avec mes filles (en restant assise tout le temps bon au
bout de 15 mns maxi je dois me lever mais mes puces ont l'habitude), j'ai repris un rythme
de vie normal (je ne dors plus la journée et ne vis plus la nuit) et récemment j'ai passé un
concours, je suis restée 3h devant ma feuille sans papillonner, sans rêvasser et sans
dessiner sur mon brouillon ou tripoter mes stylos, preuve en est mon brouillon, que j'aurais
presque pu rendre à la place de ma feuille d'examen !"

Documents pareils