Rapport PROCET - Phase 1

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Rapport PROCET - Phase 1
CENTRE DE
RECHERCHE SUR
LES MAMMIFERES
MARINS
LA ROCHELLE
Bilan des observations faites sur les navires pélagiques
français partenaires des programmes PROCET et PETRACET
Etude du contexte des captures et résultats des tests sur les dispositifs dissuasifs
acoustiques (pingers)
Pascale FOSSECAVE et Laurent SOULIER (IMA Bayonne)
Olivier VAN CANNEYT et Vincent RIDOUX (CRMM La Rochelle)
Février 2007
Avec la participation :
CLPMEM de La Turballe
Et le soutien financier :
CLPMEM de Bayonne
REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier l’ensemble des personnes et des partenaires du
comité de pilotage qui ont participé à cette expérimentation pour leur
implication.
Un grand merci, à Mrs. Georges HEMERY du Muséum National d’Histoire
Naturelle, Iker CASTEGE du Centre de la Mer côte basque, ainsi qu’à Mrs.
Willy DABIN et Jérôme SPITZ du Centre de Recherche sur les
Mammifères Marins de La Rochelle, pour leur aide notamment dans le
traitement des données statistiques.
Enfin, un merci tout particulier à tous les patrons et équipages des
chalutiers pélagiques des ports de Lorient, La Turballe, de Saint-GillesCroix-de-Vie, de Saint-Jean-de-Luz et d’Hendaye, pour leur disponibilité et
leur participation active à cette étude.
SOMMAIRE
I. Contexte
I.1. La limitation des captures accidentelles de cétacés : un engagement des
professionnels
I.2. La limitation des captures accidentelles : une des quatre préoccupations
environnementales de la pêche
I.3. La limitation des captures accidentelles : un besoin de données
scientifiques complémentaires
II. Présentation du programme PROCET
II.1. Les dates-clés
II. 2. Objectifs de PROCET et lien avec les autres programmes européens
III. Organisation du programme :
III. 1. Moyens humains
III.1.1. Ports, patrons et leurs représentants
III.1.2. Observateurs
III.1.3. Structures techniques et scientifiques
III.1.4. Administrations
III.1.5. Financeurs
III. 2. Matériel : les pingers
III.2.1. Définition
III.2.2. Les modèles testés
III.2.3. Mise en place du matériel acoustique
III. 3. Protocole
III.3.1. Récolte des données
III.3.2. Effort d’observation
III.3.3. Test des pingers
III.3.4. Répartition des pingers par port
III.3.5. Méthode d’analyse des données
IV. Résultats
IV.1. Effort d’observation
IV.2. Analyse descriptive du phénomène de captures accidentelles de cétacés
IV.2.1 Nombre de traits capturant et nombre de captures accidentelles
IV.2.2. Répartition des traits capturant par pêcherie
IV.2.3. Répartition temporelle des traits capturant
IV.2.4. Répartition géographique des traits capturant
IV.3. Composition des captures accidentelles
IV.3.1. Les espèces rencontrées
IV.3.2. Sex-ratio
IV.3.3. Distribution des classes d’âge
IV.3.4. Autres prélèvements et autres analyses pour le dauphin commun
IV.4. Effet pinger ?
V. Conclusion
V. 1. Des pingers inefficaces
V. 2. Un faible nombre de captures accidentelles
V. 3. Des travaux complémentaires à mener
I. Contexte
I.1. La limitation des captures accidentelles de cétacés : un engagement des
professionnels
Les professionnels travaillant au chalut pélagique dans le golfe de Gascogne
décident en 2002, dans une démarche volontaire, de s'organiser et de s'équiper
pour tenter de limiter les captures accidentelles de petits cétacés.
Dès la fin de l'année 2002, suite à la présentation du Centre de Recherche sur
les Mammifères Marins (CRMM) de La Rochelle des problèmes de conservation
qui touchent les populations de petits cétacés en Manche et dans le golfe de
Gascogne, les professionnels élaborent un projet visant à limiter les captures
accidentelles de mammifères marins et à estimer plus objectivement les
captures de leur fait.
Lors d'une réunion organisée le 13 janvier 2003 à Ciboure par le CLPMEM de
Bayonne, les professionnels (CLPMEM de Bayonne, de Saint-Gilles-Croix-de-Vie
et de La Turballe) font appel aux compétences techniques et scientifiques de
plusieurs structures situées en Aquitaine : l'Institut des Milieux Aquatiques
(IMA), le Musée de la Mer de Biarritz et le Groupe d'Etude de la Faune Marine
Atlantique (GEFMA), afin de mettre en place un plan d'action. Ils s'accordent à :
-
-
-
Tester sur leurs chaluts des répulsifs acoustiques (pingers) déjà
commercialisés pour les filets maillants afin de limiter les captures
accidentelles ;
Signaler toute capture accidentelle au moyen de fiches mises à leur
disposition par l'Institut des Milieux Aquatiques (organisme technique
mandaté par les professionnels dans cette démarche) ;
Marquer les cétacés capturés avant leur remise à l'eau à l’aide de scellés
plastiques ; (3 animaux ont été bagués) ;
Collaborer au Réseau National d'Echouage (RNE) par la présence des
professionnels lors des constats d'échouage d’animaux sur le littoral ;
Embarquer des observateurs à bord des navires afin d'établir un bilan des
captures accidentelles.
Cette initiative volontaire menée pendant l’année 2003 est à l’origine du
programme professionnel PROCET.
I.2. La limitation des captures accidentelles : une des quatre préoccupations
environnementales de la pêche
Le lien étroit entre environnement marin et activités de pêche est aujourd’hui
une évidence. Pourtant l’environnement n’a pas toujours fait l’objet d’une
attention particulière.
Actuellement, la prise en compte de l’environnement dans les activités de pêche
devient une priorité et l’enjeu primordial du secteur des pêches. D'une activité
au départ uniquement tournée vers l'exploitation d'une ressource naturelle, la
pêche s’exerce à présent en tenant compte de l’environnement et du niveau de la
ressource.
L'étude du code européen de bonnes pratiques pour une pêche durable et
responsable (Commission Européenne, 2004) et du code de conduite pour une
pêche responsable de la FAO (FAO, 1995) révèle que les principales
préoccupations environnementales de la pêche sont :
- Eviter la surpêche ;
- Limiter les prises accessoires ;
- Limiter les prises accidentelles ;
- Minimiser les effets collatéraux (déchets, pollution…).
Chacune de ces préoccupations correspond à un phénomène complexe dont les
connaissances scientifiques ne sont que partielles. Il n'existe donc pas de
méthode simple pour les mettre en œuvre.
Un changement stratégique nécessaire s’opère concernant ces quatre priorités
environnementales tant au niveau de la politique commune des pêches que des
professionnels.
Les professionnels s’impliquent dans de nombreux programmes concernant
notamment la gestion et l’amélioration des techniques de pêche, comme le
programme ASCGG (Amélioration de la Sélectivité des Chaluts dans le Golfe de
Gascogne - CNPMEM), le programme OCIPESCA (Observatoire Scientifique des
Pêches Artisanales - AGLIA), le programme Sélectivité Langoustine (AGLIA).
Au niveau international, ces préoccupations sont l’objet de nombreuses
conférences. Ainsi la Conférence internationale sur la pêche responsable (mai
1992) à Cancùn (Mexique) et la conférence de Rio « environnement et
développement » donnent un support politique à l’amélioration de la gestion des
pêcheries aussi bien qu’à l’utilisation durable des ressources marines.
Au niveau européen, la dimension environnementale est intégrée dans la politique
commune de la pêche. Le règlement (CE) N°2371/2002 du conseil du 20
décembre 2002 porte sur la conservation et à l'exploitation durable des
ressources halieutiques dans le cadre de la politique commune de la pêche.
Concernant plus particulièrement les cétacés, deux textes sont à ce jour en
vigueur.
Le premier est la Directive « Habitat » 92/43/CEE et 97/62/CEE (Annexe IV),
1992, qui instaure une protection stricte de tous les cétacés, l’annexe II,
prévoyant la création de Zones Spéciales de Conservation (ZSC), pour deux
espèces d’intérêt communautaire : le marsouin commun (Phocoena phocoena) et le
grand dauphin (Tursiops truncatus).
Le second, qui a été adopté pendant la réalisation du programme PROCET, est le
règlement du 26 avril 2004 visant à réduire les captures accidentelles dans les
engins de pêche de cétacés tels que les dauphins et les marsouins (Règlement CE
n°812/2004). Ce règlement fait suite à la proposition de règlement du conseil
COM (2003) 451 final. Il renforce les mesures de la Directive « Habitat » de
1992.
Ce règlement s’appuie sur trois types de mesures :
-
-
Le premier type a pour objectif d’interdire progressivement les filets
maillants dérivants dans la Baltique ;
Le second type rend obligatoire l’utilisation de dispositifs acoustiques sur
les filets fixes dans l’ensemble des eaux communautaires (à partir de juin
2005 en mer du Nord et en mer Baltique, à partir de janvier 2006 en mer
Celtique et en Manche occidentale et à partir de 2007 en Manche
orientale). Seuls les navires de petites tailles (longueur < à 12 m) ne seront
pas concernés par cette mesure ;
Le troisième type vise à assurer un suivi des prises accidentelles de
cétacés par des programmes d'observations obligatoires. Les États
membres doivent concevoir des programmes d'observation à bord, afin de
contrôler les prises accidentelles de cétacés dans les pêcheries
identifiées comme présentant un risque élevé (chaluts pélagiques et filets
maillants). Pour les navires de moins de 15 mètres, à bord desquels le
programme d'observation ne peut être appliqué pour des raisons de
sécurité ou pour d'autres motifs, les États membres doivent établir
d'autres méthodes de contrôle indépendant en mer.
Ainsi la thématique de la limitation des captures accidentelles de cétacés
s’inscrit dans le schéma général d’intégration des exigences environnementales
dans la gestion des activités de pêches.
Pourtant cette problématique revêt un caractère particulier. En effet,
l’interaction entre pêcheries et mammifères marins n’est pas une relation simple
proies/prédateurs, les cétacés ne faisant pas l’objet d’une exploitation. Les
interactions sont indirectes, par le biais de relations compétitives complexes :
-
interactions biologiques : consommation de ressources similaires ou, au
moins, liées dans le fonctionnement des écosystèmes ;
interactions opérationnelles : lors des opérations de pêche, interaction
réalisée au détriment des deux partenaires, destruction du matériel de
pêche, perte de la pêche pour les pêcheurs et risque de mortalité pour les
cétacés.
De plus, la problématique des captures accidentelles de dauphins n’est pas
uniquement une préoccupation scientifique de conservation et préservation des
stocks de cétacés. Elle a également une portée médiatique. En effet, le dauphin
plus qu’un maillon de l’écosystème est devenu un véritable symbole populaire.
Ainsi l’intérêt et l’engagement de différentes structures sont de plus en plus
importants : ONG environnementalistes, associations de défense des cétacés ou
de techniques de pêche particulière. Les actions médiatiques prenant à témoin la
sensibilité du grand public se multiplient. Depuis 2004, Greenpeace a entrepris
une action d’envergure visant à obtenir l’interdiction du chalutage pélagique au
motif des prises accidentelles de dauphins. Leurs actions se sont entre autre
traduites par des actions en mer pour empêcher les navires de travailler et par
le dépôt de cadavres de dauphins devant certains ministères.
La limitation des captures accidentelles de dauphins est donc l’objet d’une part
d’un questionnement scientifique tendant à évaluer l’impact de celles-ci sur la
population de cétacés et d’autre part d’un débat passionné pour la protection non
plus de l’espèce mais de chaque dauphin individuellement.
I.4. La limitation des captures accidentelles : un besoin de données scientifiques
complémentaires
Différentes études et recherches sont menées depuis une vingtaine d’années
visant à connaître les conditions de captures accidentelles, à comprendre ce
phénomène et à en évaluer l’impact.
Les études réalisées jusqu’à ce jour ne permettent pas d’estimer de manière
fiable le taux de mortalité dû aux captures accidentelles par les navires de
pêche. L’impact de ces captures accidentelles sur la population de cétacés reste
peu documenté.
Les différents rapports scientifiques disponibles sur ce sujet (Fertl et
Leatherwood, 1997 ; Morizur, 1995 ; Morizur, 1999 ; Northridge, 1984 ;
Tregenza, 1999) recensent des informations qualitatives sur les captures
accidentelles.
Ils indiquent donc que des interactions opérationnelles ont été observées dans
les filets maillants dérivants et les filets de fond calés, les sennes coulissantes
et les chaluts pélagiques. Le programme BIOECO (1995) montrait que les
captures accidentelles de delphinidés dans le golfe de Gascogne étaient apparues
dans quatre pêcheries pélagiques (pêcherie hollandaise de chinchard, pêcherie
française de thon, pêcherie française de merlu, pêcherie française de bar).
Northridge indique que les captures accidentelles dans les chaluts pélagiques
sont très variables, certaines pêcheries enregistrent des taux élevés, alors que
d’autres présentent un taux de capture faible voire nul. Il est probable que les
facteurs tels que la dimension de l’ouverture, la vitesse et la durée du chalutage,
ainsi que le comportement de chasse des dauphins autour des engins et
chevauchement ponctuel entre zones de pêche et zone de répartition des petits
cétacés soient à l’origine de cette variabilité dans les taux de captures
accidentelles (Northridge, 1991).
Parallèlement, le RNE (réseau d’échouage national) enregistre les échouages de
cétacés sur les côtes françaises. A partir de 1988, des mortalités épisodiques
massives de petits delphinidés sont apparues de manière récurrente dans les
séries d’échouages. Ces échouages multiples observés sur la côte atlantique
française s’étendent également au sud-ouest des îles britanniques. Sur la côte
atlantique française, certaines années enregistrent des effectifs élevés : en
1989, 790 échouages ont été recensés, 480 en 1991, 740 en 1997, 550 en 1999
et 670 pour l’année 2000. Ces pics d’échouages sont hivernaux (de janvier à
mars) et concernent majoritairement le dauphin commun. L’hypothèse émise par
les scientifiques est que la composante majeure de ces mortalités serait la
capture accidentelle dans un engin de pêche (Van Canneyt et al. 2002).
Partant de ces différents constats, les professionnels ont décidé de poursuivre
l’initiative de 2003, de rechercher un répulsif acoustique efficace pour éloigner
les dauphins des chaluts. Les différents partenaires travaillent donc à la mise en
place d’un programme pour valider scientifiquement l’efficacité des dispositifs.
Le programme PROCET est ainsi contractualisé fin 2003.
II. Présentation du programme PROCET
II.1. Les dates clés
14 JANVIER 2004 :
- Les professionnels présentent au directeur de la Direction des Pêches
Maritimes et de l’Aquaculture (DPMA), M. SORAIN, ainsi qu’aux scientifiques de
l’IFREMER et du CRMM leur démarche volontaire initiée en 2003 et montrent
leur implication dans ce dossier sensible ;
- Ils veulent limiter les captures accidentelles. Pour atteindre cet objectif, ils
demandent le soutien de la DPMA mais aussi le soutien des chercheurs de
l’IFREMER, afin de mettre en place une vraie démarche scientifique qui
permettrait de connaître l’efficacité des répulsifs à cétacés. Le test de
différents répulsifs permettrait éventuellement de déterminer quel modèle
actuellement sur le marché apporterait les meilleurs résultats ;
- L’IFREMER présente les objectifs du programme européen PETRACET et
montre la nécessaire implication des professionnels. Le but de PETRACET étant
d’évaluer les captures accidentelles générées par les chalutiers pélagiques de la
flottille communautaire, l’IFREMER est en charge d’évaluer l’impact de la
flottille française particulièrement en Manche et dans le golfe de Gascogne. Pour
ce faire, les scientifiques de l’IFREMER ont besoin de l’accord des
professionnels pour l’embarquement d’observateurs ;
- Le directeur de la DPMA incite les différents acteurs de ce sujet sensible à
travailler de concert ;
Conclusion : La collaboration entre les professionnels et les scientifiques est
admise par tous. La mise en place d’une méthode de validation des pingers sera
conjointe.
C’est le point de départ des deux programmes : PROCET et PETRACET sont liés
et complémentaires. Le programme National PROCET est en partie financé par la
DPMA via le CNPMEM, PETRACET fonctionne avec le soutien de financements
communautaires.
6 FEVRIER 2004 :
- Les professionnels confirment leur participation active aux programmes
européens et leur volonté de collaboration ; ils acceptent d’embarquer des
observateurs à leur bord ;
- Les chercheurs de l’IFREMER acceptent de soutenir les professionnels dans
leur démarche et par conséquent décident de travailler de concert avec les
pêcheurs et les organismes techniques (IMA) en charge du suivi des actions déjà
mises en œuvre depuis 2003 (installation des pingers, marquage des animaux
capturés accidentellement…) afin de mettre en place un protocole de validation
du test des pingers ;
- Création d’un comité de pilotage associant la DPMA, le CNPMEM, les CLPMEM
de Bayonne, de Saint-Gilles-Croix-de-Vie et de La Turballe, l’IFREMER, le
CRMM, l’IMA, le bureau d’étude YLAHE, l’AGLIA ainsi que le SMIDAP.
AVRIL / JUIN 2004 :
- Mise en place des conventions liant les différents partenaires de ces
programmes ;
- Finalisation des protocoles scientifiques d’évaluation des captures accidentelles
et de validation des différents systèmes répulsifs qui seront testés ;
- Collaboration concernant l’analyse des données récoltées et définitions des
destinataires de l’information issue des observations ;
- Organisation des embarquements à bord des chalutiers pélagiques français
(formation des observateurs prévue en juin et début des observations pour la
campagne de thon en août 2004).
JUILLET 2004 / SEPTEMBRE 2005 :
Lancement des campagnes d’observation à bord des chalutiers pélagiques.
II. 2. PROCET : Objectifs et Collaboration avec les programmes européens
Objectif :
Le programme PROCET (PROtection des CETacés) consiste à améliorer et valider
l’utilisation de dispositifs sélectifs et en premier lieu, à évaluer l’efficacité des
répulsifs acoustiques (pingers) placés sur les chaluts pélagiques à l’initiative des
professionnels.
Ce programme d’une durée de 18 mois a été contractualisé en novembre 2003 et
la campagne d’observation se déroule entre juillet 2004 et avril 2005.
Il prévoit de tester l’efficacité de 3 modèles de pingers disponibles sur le
marché. Afin d’obtenir des données comparatives, l’effort d’observation doit
donc être ventilé équitablement sur des opérations de pêche avec et sans
pingers, réalisées dans les mêmes conditions (navire, engin de pêche, zone de
pêche, espèce cible, période de la journée). Les données sont collectées par des
observateurs du bureau d'étude YLAHE.
PROCET : Un programme professionnel dans la problématique générale sur
les captures accidentelles de dauphins et l’impact sur les populations
PROCET est un programme professionnel maillon de la recherche en faveur de la
limitation des captures accidentelles et de la compréhension du phénomène de
captures accidentelles. Ce programme est couplé à un programme européen
PETRACET PElagic TRAwls and CETaceans.
Le programme PETRACET (PElagic TRAwls and CETaceans) est proposé et
financé par la Commission Européenne (Direction Générale de la Pêche, appel
d’offre fish/2003/09) sur les conseils du Subgroup on Fishery and Environment
(SGFEN) et du Comité Scientifique, Technique et Economique des Pêches
(CSTEP). Le programme doit permettre la mise en place d'un schéma de
surveillance des captures accidentelles de cétacés dans les pêcheries
européennes à travers le déploiement d'observateurs embarqués. De même,
l'étude vise à collecter des données qui participeront à terme à l'évaluation de
l'impact des chaluts pélagiques sur les populations de cétacés dans le golfe de
Gascogne, la Manche et la Mer Celtique. La coordination technique et
administrative du programme à l'échelle européenne est assurée par un bureau
d'étude basé en Angleterre, Mac Alister Elliot and Partners Ltd (MEP), et la
coordination scientifique par le Sea Mammal Research Unit (St Andrews, Ecosse)
en la personne du Dr Simon Northridge (durée du programme 18 mois).
Les deux objectifs sont les suivants :
-
estimation des captures accidentelles par unité d’effort ;
collecte des données qui contribueront à l’étude sur la distribution et les
abondances relatives des cétacés par observation des zones prospectées
lors des marées.
Dans le but de mutualiser les moyens financiers et de gagner en efficacité, la
récolte de données des deux programme PROCET et PETRACET est gérée par le
même comité de pilotage et le même bureau d’étude.
On observe que les organismes investis dans le programme PETRACET sont
également impliqués dans un autre programme de recherche européen :
NECESSITY.
Un volet de ce programme porte sur les prises accidentelles de cétacés dans les
pêcheries européennes au chalut pélagique. Celui-ci a pour objectif de définir
des engins et des pratiques de pêche pour réduire les prises d'espèces non
ciblées et les rejets ainsi que de collecter et analyser des données au niveau
national sur les captures accidentelles de cétacés. Dans ce cadre, 4 pingers
seront testés ainsi qu'un système de “barrière anti-dauphins“, soit un panneau de
grandes mailles (1600 mm) positionné en travers du chalut au niveau de la
jonction des grandes mailles de 4m et des mailles de 800mm. Finalement des
tests valideront ou infirmeront l'hypothèse que les prises accidentelles de
cétacés ont lieu lors du virage.
A cela s'ajoute un quatrième projet SCAN qui a pour objectif d'évaluer les
stocks de dauphins communs.
Des interactions ont commencé à se mettre en place avec les projets menés au
niveau national, PETRACET et PROCET. Les résultats réalisés dans le cadre de
NECESSITY, en particulier sur les dispositifs acoustiques ou sélectifs seront
communiqués aux professionnels en fonction de l'avancement des travaux, pour
éventuellement orienter les essais qui seront menés sur les navires
professionnels dans le cadre de PROCET.
III. Organisation du programme :
A l’issue de la concertation entre les professionnels, leurs représentants et les
structures scientifiques et techniques, il est décidé que le CNPMEM prenne en
charge l’exécution du programme et s’appuie sur le réseau des comités locaux. Il
est assisté des compétences de ses partenaires pour les différentes phases du
programme.
Le CNPMEM met en place un comité de pilotage, chargé de :
-
favoriser la transmission des informations du programme entre acteurs ;
décider des actions à mener ;
décider des orientations à prendre à l’issue du programme ;
valider le manuel de l’observateur ;
viser et accepter le rapport final ;
décider de la diffusion à donner des informations qu’il recueille.
Présidé par Xavier TIMBO, patron pêcheur de La Turballe, le comité de pilotage
PROCET est composé de représentants des comités locaux de Lorient, La
Turballe, Saint Gilles Croix de Vie et Bayonne, de PROMA, des scientifiques
d’IFREMER, du CRMM, de l’IMA (observatoire AGLIA), de la Direction des
Pêches (Ministère de l’Agriculture et de la Pêche) et de la Direction de la Nature
et des Paysages (Ministère de l’Ecologie et du Développement Durable). le bureau
d’étude chargé de réaliser la récolte de données fait partie du comité de
pilotage à titre temporaire, il n’est pas amené à décider de la suite des actions à
mener.
Un groupe technique issu du comité de pilotage, composé des partenaires
scientifiques, a la charge d’écrire le protocole scientifique et de rédiger les
rapports d’étape transmis au comité de pilotage.
Le programme est prévu initialement pour une durée de 14 mois (de juillet 2004
à septembre 2005).
III. 1. Moyens humains
III.1.1. Ports, patrons et leurs représentants
Si le programme PROCET est réalisé au bénéfice de la flottille pélagique
française dans son ensemble, soit 211 navires français en 2005 selon le fichier
Flotte de la Direction des Pêches, les principaux navires et professionnels
impliqués dans le programme sont issus des ports de Saint-Gilles-Croix-de-Vie,
La Turballe et Saint-Jean-de-Luz.
Le port de La Turballe, avec 28 unités armées au pélagique est le premier port
pélagique de la façade atlantique et rassemble 13,3% de la flottille nationale.
Deuxième, le port voisin de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, abrite quant à lui 22 unités
pélagiques dans le quartier des Sables d’Olonne. Enfin, les ports de la Côte
Basque (Saint-Jean-de-Luz et Hendaye) accueillent la troisième flottille
pélagique de la façade atlantique avec 12 unités (données 2005).
L'activité pélagique est principalement le fait de navires travaillant seuls : sur
les 211 navires français travaillant au chalut pélagique, 133 travaillent seuls et
78 l’utilisent en bœuf (un chalut pour deux navires).
Cette de pêche au chalut pélagique tous métiers confondus présente une
diversité importante, tant en tonnage qu’en espèces et en zones de pêche Ainsi,
en 2003, 56 espèces différentes ont été capturées au chalut pélagique. Les
captures en tonnages se réalisent principalement sur dix espèces dont l'anchois,
le thon germon, le thon rouge, le merlu ou le bar.
Les captures effectuées par les navires pélagiques s'étendent du golfe de
Gascogne jusqu'à la Manche.
La particularité principale de la flottille pélagique atlantique réside donc dans le
fait que les campagnes de pêche sont bien distinctes tant au niveau géographique
que temporel. Leur activité est saisonnière (cf. figure 1).
1800000
1600000
1400000
captures en kg
1200000
1000000
800000
600000
400000
maquereau commun
anchois
sardine
germon
chinchard commun
bar
thon rouge
griset
mulet
merlu
200000
0
J
F
M
A
M
J
J
A
S
O
N
D
Figure 1 : Saisonnalité des principales pêcheries pélagiques de la façade
Atlantique en 2003 (Source : IMA)
Les comités locaux impliqués dans le programme ainsi que PROMA constituent de
réels relais locaux, assurant la transmission des informations aux patrons et
l’organisation des embarquements. Ils permettent de faire remonter au comité
de pilotage le degré d’implication des patrons, leurs attentes et observations.
III.1.2. Observateurs
La société YLAHE est l’organisme prestataire de services retenu par le CNPMEM
pour récolter des données. Elle se charge de recruter et de former des
observateurs d’après le cahier des charges défini par le comité de pilotage.
Elle assure la saisie des données et leur transmission au CNPMEM.
Les partenaires du programme mettent à disposition, dans la mesure de leurs
possibilités, un endroit pour accueillir les observateurs et du matériel afin qu’ils
puissent entrer les données sous format informatique.
III.1.3. Structures techniques et scientifiques
L’Association Grand Littoral Atlantique (AGLIA) favorise la liaison entre les
partenaires professionnels et met à disposition l’expertise technique qu’elle a au
sein de l’observatoire des pêches du golfe de Gascogne piloté par l’Institut des
Milieux Aquatiques de Biarritz (IMA). L’IMA collabore au sein du comité de
pilotage et apporte son expertise technique et scientifique sur les pingers. Il
participe au dépouillement et à l’analyse des données. Il favorise les contacts sur
le terrain au vu de son expérience acquise auprès des professionnels.
L’Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer (IFREMER)
assiste le CNPMEM dans la rédaction du protocole scientifique et guide le
Comité de pilotage dans ses choix techniques sur le matériel. Il peut adapter le
logiciel prévu pour PETRACET à PROCET. Il participe au groupe technique.
Le Centre de Recherche de Mammifères Marins de La Rochelle (CRMM) assiste
le CNPMEM dans la rédaction du protocole scientifique et apporte au Comité de
pilotage sa connaissance sur les mammifères marins. Il a en charge le
dépouillement et l’analyse d’une partie des données du programme. Il participe au
groupe technique et aide à la formation des observateurs sur le point qui
concerne particulièrement les prélèvements et la manipulation des mammifères
marins.
Le Syndicat Mixte de développement de l’aquaculture et de la Pêche en Pays de
Loire (SMIDAP) collabore apporte son expertise technique et scientifique. Il
favorise les contacts sur le terrain au vu de son expérience acquise auprès des
professionnels et facilite les relations avec la Région Pays de Loire.
III.1.4. Administrations
Par leur participation au comité de pilotage, la Direction des pêches et la
Direction de la Nature et des Paysages permettent de confronter les
orientations du programme avec la réglementation européenne en vigueur ou en
préparation. Elles peuvent également informer la Commission européenne de
l’existence du projet.
Le Centre Régional Opérationnel de Surveillance et de Sauvetage (CROSS) Etel,
qui dépend de la Direction des Affaires Maritimes et des Gens de Mer, facilite
l’embarquement des observateurs à bord des navires, en établissant la liste
globale des bateaux participant à PROCET.
III.1.5. Financeurs
Le projet, d’un montant prévisionnel de 141 000 € TTC, bénéficie d’un apport par
les professionnels, pour 14.5% du budget, d’une subvention de la Direction des
Pêches à hauteur de 35.5% et d’une aide européenne IFOP (Instrument Financier
d’Orientation de la Pêche) à hauteur de 50%.
Un programme est monté en parallèle de PROCET, NECECET PRO, entre les
professionnels et l’IFREMER. Il a pour but de réaliser des essais de dispositifs
d’échappement de dauphins dans les chaluts pélagiques, dans le cadre du
programme européen NECESSITY.
Les deux programmes ont en commun l’objectif général de diminution des
captures accidentelles de dauphins par la pêcherie au chalut pélagique, par des
méthodes différentes. Une mise en commun des personnes impliquées, des
savoirs acquis, du matériel est opérée. Les financements sont issus de la Région
Pays de Loire, de l’Ifremer et des comités locaux de La Turballe et Saint Gilles.
III. 2. Matériel : les pingers
III.2.1. Définition
Un pinger est un répulsif acoustique. L’appareil émet des signaux sonores dans
l’eau qui, selon l’amplitude et la modulation de fréquence, vont provoquer un
changement de comportement de l’animal.
Les paramètres à prendre en compte pour juger de l’efficacité du pinger sont
notamment l’espèce en question, la distance entre le répulsif et l’animal, la
portée du signal.
La recherche sur la réaction des animaux face aux pingers est encore en cours.
Néanmoins, la Commission européenne impose leur utilisation. Il est donc décidé
de tester les modèles de pingers disponibles sur le marché au moment de
l’expérimentation.
III.2.2. Les modèles testés
Sont retenus les modèles suivants :
-
Aquamark 200® (Aquatec Subsea) ;
FMDP 2000® (Fumunda) ;
Hight Impact Black Saver® (Savewave).
Ils différent tous par leurs caractéristiques, c’est pourquoi il a été décidé de
tous les comparer dans les conditions réelles de travail d’une paire de chalutiers
pélagiques, et ce, durant toutes les campagnes de pêche de ces unités.
Figure 2 : Pinger "FUMUNDA – FMDP 2000" (Photo : P.FOSSECAVE - IMA
Bayonne)
Le modèle FMDP 2000® est le plus ancien, c’est aussi le moins puissant avec 135
dB. Son absence de fréquence harmonique, sa fréquence unique (10 kHz) et
surtout son « bip » à intervalle identique et régulier (1 bip toutes les 4 secondes)
le différencient des deux autres modèles testés.
Le modèle Aquamark 200® et le modèle Hight Impact Black Saver® utilisent
tous les deux les hautes fréquences harmoniques, ce qui leur permet de
fonctionner sur une large bande de fréquence proche de celle des dauphins, qui
s’étend de 20 à plus de 150 kHz. Ainsi, ces pingers couvrent respectivement une
bande de fréquence allant de 20 à 150 kHz pour Aquamark 200® et une bande
de fréquence de 30 à 160 kHz pour le Hight Impact Black Saver®. Leurs bips
sont aussi d’une durée variable avec des intervalles aléatoires de 4 à 30
secondes. Le modèle Hight Impact Black Saver® est le plus puissant des pingers
testés durant le protocole PROCET, avec 155 dB.
Figure 3 : Les pingers "Aquamark 200" (en haut) et "Black Saver Savewave" (en
bas)
(Photos : Aquatec Subsea, Savewave et P.FOSSECAVE – IMA Bayonne)
III.2.3. Mise en place du matériel acoustique
Durant la phase de test, la mise en place des pingers (nombre et position) sur le
train de pêche a été réalisée selon les recommandations des fournisseurs.
Haute fréquence
harmonique
Fréquence : 20-150 Khz
AQUAMARK 200
AQUATEC SUBSEA
Puissance :145 dB
Intervalle entre 2 signaux :
4-30 secondes (aléatoire)
Haute fréquence
harmonique
Fréquence : 10 Khz
FUMUNDA
FMDP-2000
Puissance :132 dB
Intervalle entre 2 signaux :
4 secondes
Haute fréquence
harmonique
Fréquence : 30-160 Khz
DOLFIN SAVER
SAVEWAVE
Puissance :155 dB
Intervalle entre 2 signaux
: 4-30 secondes (aléatoire)
Figure 4 : Rappel des caractéristiques des différents pingers testés dans le
cadre de PROCET et leur localisation sur le train de pêche (Source : IMA d’après
CHAUSSADE, 1988 et fabricants de pingers
III. 3. Protocole
Un protocole scientifique d’observation et de validation des pingers est mis en
place conjointement entre les scientifiques de l’IFREMER et les représentants
professionnels (avec l’aide de leurs structures techniques). Il est calqué sur le
protocole de PETRACET.
Afin de valider l’approche d’utilisation des pingers, il est prévu que 50 % des
traits soient réalisés avec le(s) pinger(s) en action et 50 % sans, et ce dans des
conditions semblables.
Afin d’assurer une ventilation équitable des trois modèles de pinger par
pêcheries, les ports de Saint-Gilles-Croix-de-Vie, La Turballe et Bayonne
disposent chacun d’un type de pingers. Il est aussi prévu de répartir
équitablement les observateurs dans chacun de ces ports.
Contrairement à PETRACET, l’observateur a la responsabilité durant
l’expérimentation PROCET du suivi de l’échantillonnage et donc de la décision de
mise en œuvre ou non des pingers.
Dans un souci de collecte de données comparatives, il est important de respecter
l’ordre de la séquence (test T, puis blanc B) dans la série de traits à réaliser
dans les mêmes conditions : test 1 – blanc – test 2 – blanc – test 3 – etc…
Le protocole prévoit un minimum de 2/3 des traits à échantillonner par marée.
III.3.1. Récolte des données
Les données statistiques analysées dans ce rapport sont issues des observations
faites lors des embarquements PROCET et PETRACET. Elles ont été recueillies
grâce aux formulaires de saisie1 remplis par les observateurs embarqués à bord
des navires pélagiques entre le mois de juillet 2004 et le mois de septembre
2005. Ces données statistiques permettent donc de décrire le contexte des
captures accidentelles sur totalité des marées observées.
L’effort d’observation réalisé a permis d’apporter des éléments de réponse
concernant le volume et la composition des captures accidentelles, leur
répartition dans le temps et l’espace, les pêcheries concernées, et l’influence de
certains facteurs tels que l’état de la mer, la durée des traits et la vitesse de
chalutage. Enfin les données collectées ont permis d’évaluer l’efficacité des
pingers.
Il est important de préciser qu’aucune extrapolation des données recueillies n’a
été faite pour l’analyse des captures accidentelles présentées dans ce rapport.
III.3.2. Effort d’observation
Les pêcheries de bar se situent principalement en Manche Ouest et sur le
plateau continental dans le Golfe de Gascogne. Les pêcheries des grands
pélagiques (les thonidés) sont situés plus au large et dans les zones d'eau
profonde (au delà de l'isobathe de 200 mètres pour le thon germon ou à
proximité du Gouf de Capbreton pour le thon rouge). Les petits pélagiques,
comme l'anchois, sont quant à eux capturés en majorité à l'embouchure de la
Gironde. Ainsi, l’effort d’observation prévu pour les deux programmes PETRACET
et PROCET correspondait totalement à l’activité des navires pélagiques.
1
Cf. Manuel de l’observateur en annexe 1.
Près de 80 navires volontaires des quatre régions de la façade atlantique sont
concernés par cette problématique de limitation des captures accidentelles de
cétacés. Le programme touche la majorité (90%) des navires pélagiques français
travaillant en bœuf.
L’effort d’observation se déploie en fonction du protocole élaboré entre les
partenaires du comité de pilotage, de façon plus ou moins intense selon la
saisonnalité et les pêcheries.
III.3.3. Test des pingers
- Pêcherie au Bar
Les traits ont une durée moyenne de 6 heures, de nuit comme de jour, ce qui
représente une moyenne de 4 traits par 24 heures. La durée moyenne d’une
marée est de 5 jours. Il est nécessaire d’assurer une alternance (TBTB) durant
la marée et de respecter la série jour (TBTBTB) sur une même période de la
journée (sens de la flèche, tableaux 1 et 2).
Tableau 1 : Série de tests sur le bar
Période :
T0
T+ 6 h
.....
Jour C
Test
Blanc
Jour D
Blanc
Test
Jour E
Test
Blanc
Jour F
Blanc
Test
.....
T+ 12 h
T + 18 h
Test
Blanc
Test
Blanc
Blanc
Test
Blanc
Test
En cas de problème sur un ou plusieurs traits, la série doit rester identique
(TBTB). Exemple :
Tableau 2 : Série de tests sur le bar (avec nul)
Période :
T0
T+ 6 h
T+ 12 h
.....
Jour C
Test
Blanc
Test
Jour D
Nul
Test
Blanc
Jour E
Blanc
Blanc
Nul
Jour F
Test
Test
Test
.....
T + 18 h
Blanc
Test
Blanc
Test
- Pêcherie à l’Anchois
La durée moyenne des traits est de 1 à 2 heures. Les opérations de pêche ont
lieu principalement de jour (excepté de septembre à novembre), soit une
moyenne de 6 traits par jour environ. La durée moyenne de la marée est de 1 à 2
journées.
Pour l’anchois de janvier – mars (dit de printemps), les années 2003-2004 ont vu
les captures baisser de manière importante et la saison raccourcie à moins de un
mois. La pêche s’effectue de jour et plutôt au fond. En juin – juillet, la pêche se
fait en surface et de jour. De septembre à novembre, elle se pratique de jour au
fond et de nuit en surface. Toutes ces périodes doivent être observées en
assurant une couverture minimale de 2/3 des traits par marée (tableaux 3 et 4).
Tableau 3:
Période :
.....
Jour C
Jour D
.....
Série de tests sur l’anchois (traits de jour)
T0
T + 1h
.........
T + 6h
Test
Blanc
Blanc
Test
Blanc
Test
.........
.........
Tableau 4 : Série de tests sur l’anchois (traits de nuit)
Période :
T0
T + 1h
.........
.....
Nuit C
Test
Blanc
.........
Nuit D
Blanc
Test
.........
.....
T + 6h
Blanc
Test
- Pêcherie au Thon
Les 2 traits d’une durée moyenne de 6 heures ont lieu durant la nuit, il faut donc
2 nuits pour avoir une séquence complète sur la même période (TB, tableau 5)
pour chaque trait le but de l’échantillonnage présenté est de neutraliser les
effets calendrier : période de la nuit et date. Dans cette pêcherie tous les traits
doivent être observés.
Tableau 5 : Série de tests sur le thon
Période :
1
2
.....
nuit E
Test
Blanc
nuit F
Blanc
Test
nuit G
Test
Blanc
nuit H
Blanc
Test
.....
III.3.4. Répartition des pingers par port
Pour permettre le test simultané des trois modèles de pingers, chaque modèle a
été attribué à un port. Ainsi, les navires ont respectivement été équipés du
modèle Aquamark 200® à La Turballe, Fumunda FMDP 2000® à Saint-GillesCroix-de-Vie et du modèle Savewave Hight Impact Black Saver ® à Saint-Jeande-Luz.
III.3.5. Méthode d’analyse des données
Un certain nombre de tests statistiques sont effectués afin de déterminer la
significativité des informations présentées dans ce rapport.
Le test du χ² (khi deux ou khi carré) est retenu pour évaluer l’efficacité des
pingers.
En effet, le Khi deux est un des tests les plus employés en statistique parce qu’il
permet de valider des hypothèses concernant une propriété concrète d’un
ensemble de données statistiques.
Ainsi, dans le cas de PROCET, en comparant les traits sans pinger et les traits
avec pinger, le test du Khi deux permet de déterminer si les pingers sont
efficaces ou non.
Les tests effectués permettent aussi d’évaluer cette efficacité des pingers
selon différents paramètres :
-
les différents modèles de pinger ;
les pêcheries.
Afin d'estimer la robustesse des résultats, des intervalles de confiance à 95%
sont évalués par bootstrap en ré-échantillonnant 1000 fois, avec replacement du
jeu de données des traits observés.
IV. RESULTATS
IV.1. Effort d’observation
GRAPHIQUE A INSERER
13 observateurs se sont succédés sur près de 40 navires volontaires dans le
cadre des programmes PROCET et PETRACET, permettant l’observation de 1 314
opérations de pêche (traits) entre juillet 2004 et septembre 2005 (14 mois)
durant 246 jours de mer. Le protocole d’observation a été élaboré par le comité
de pilotage en collaboration avec les experts de l’IFREMER.
La répartition des observations par pêcherie est la suivante :
Germon
13%
Chinchard
2%
Divers
1%
Anchois
44%
Bar
40%
Figure 5: Répartition de l'effort d'observation par pêcherie (Source : Base
PETRACET et PROCET)
La pêcherie du bar est celle qui comporte le plus grand nombre d’observations.
La répartition mensuelle du nombre de traits observés est la suivante :
250
Nb de traits observés
200
150
100
50
0
juil- août- sept- oct- nov- déc- janv- févr- ma avr- mai- juin04
04
04
04
04
04
05
05 rs-05 05
05
05
juil- août- sept05
05
05
Figure 6: Répartition mensuelle de l'effort d'observation (Source : Base
PROCET et PETRACET)
IV.2. Analyse descriptive du phénomène de captures accidentelles de cétacés
IV.2.1 Nombre de traits capturants et nombre de captures accidentelles
1314 traits ont été observés pendant 14 mois sur les différents métiers au
chalut pélagique (anchois, bar, thon chinchard).
1270 traits n’ont pas généré de captures accidentelles de cétacés. Ainsi sur la
totalité de l’étude, 97% des traits ne sont pas concernés par le phénomène de
captures accidentelles de cétacés.
42 traits soit 3% des traits observés en 14 mois ont entraîné des captures
accidentelles de cétacés. Ces 42 traits ont capturé accidentellement 180
individus.
nbre de traits ayant généré des captures accidentelles
nbre de traits n'ayant pas généré des captures accidentelles
3%
97%
Figure 7 : Proportion des traits ayant généré ou non des captures accidentelles
IV.2.2. Répartition des traits capturants par pêcherie
Aucun trait sur les 568 observés n’a entraîné de captures accidentelles dans la
pêcherie de l’anchois quelle que soit la période ou la zone de pêche.
Sur les 527 traits observés dans la pêcherie de bar, 35 ont capturés
accidentellement un ou plusieurs cétacés.
Sur les 173 traits observés dans la pêcherie de thon germon, 6 ont capturés un
ou plusieurs cétacés.
Aucun trait observé dans la pêcherie de chinchard n’a capturé accidentellement
de cétacés.
nbre de traits observés
600
nbre de traits ayant générés des captures
568
527
Nbre de traits observés
500
400
300
200
173
100
35
6
0
27
0
17
1
0
anchois
bar
germon
chinchard
divers
Figure 8: Les captures accidentelles par pêcherie (Source : Base PROCET et
PETRACET)
Ainsi 92% des captures accidentelles observées ont eu lieu lors des traits
ciblant le bar (figure 8).
IV.2.3.
Répartition temporelle des traits capturants
Les différents métiers exercés par la flottille pélagique étant saisonniers, la
répartition temporelle à l’échelle du mois des traits capturants suit les saisons
de pêche.
Ainsi la période hivernale pendant laquelle les professionnels ciblent le bar
comptabilise le plus de traits capturants. Lors de l’étude, la majorité des traits
capturant ont été réalisés en février.
Les mois de juin et octobre-novembre sont des périodes où les professionnels
exercent principalement la pêche de l’anchois. Aucune capture accidentelle n’a
été observée.
Les mois de juillet – août – septembre correspondent à la saison de pêche du
thon germon, peu de captures accidentelles ont été observées.
Nb de traits non capturant Obs
Nb de traits capturant
no
v04
DE
C
04
JA
N
05
FE
V
05
M
AR
S
05
JU
IN
05
04
04
O
CT
T
SE
P
JU
JU
IL
IL
04
04
200
180
160
140
120
100
80
60
40
20
0
Figure 9 : Répartition mensuelle des traits capturants ou non sur la pêcherie
d’anchois (Source : Base PROCET et PETRACET)
Nb de traits capturant
Nb de traits non capturant obs
200
180
nbre de traits
160
140
120
100
80
60
40
20
0
DEC 04
JAN 05
FEV 05
MAR 05
AVR 05
MAI 05
Figure 10 : Répartition mensuelle des traits capturants ou non sur la pêcherie de
bar (Source : Base PROCET et PETRACET)
GRAPHIQUE A INSERER
Figure 11 : Répartition mensuelle des traits capturants ou non sur la pêcherie de
thon (Source : Base PROCET et PETRACET)
Lorsqu’on étudie la répartition temporelle des traits capturant à l’échelle de la
journée, on constate que les accidents de captures de cétacés sont fortement
concentrés sur de très courtes périodes.
Ainsi sur les 22 traits capturants observés en février, 11 se sont produits en
l’espace de 3 jours dans une même zone.
Ce seul évènement correspond en fait à plus de 51 % du nombre de captures
accidentelles survenu sur l’ensemble du programme. Ce pic de captures n’a été
observé qu’une fois, pendant une période extrêmement courte de 3 jours, sur
l’ensemble des 14 mois d’observations.
Les captures accidentelles apparaissent comme un phénomène très ponctuel.
Nb de traits capturant
nb de traits non capt obs
45
40
nombre de traits
35
30
25
20
15
10
5
0h
00
-0
1h
00
2h
01
-3
h0
0
4h
01
-5
h0
0
6h
01
-7
h0
0
8h
01
-9
h0
10
0
h0
111
12
h0
0
h0
113
h0
14
0
h0
115
h0
16
0
h0
117
18
h0
0
h0
119
h0
20
0
h0
121
22
h0
0
h0
123
h0
0
0
Figure 12 : Répartition horaire des captures accidentelles sur la pêcherie de bar,
sur la base de l’heure de virage (Source : Base PROCET et PETRACET)
D’après cette répartition par heure de virage des traits observés ayant généré
ou non des captures accidentelles, il apparaît difficile de conclure même si une
tranche horaire semble la plus critique.
IV.2.4 Répartition géographique des traits capturants
La localisation des captures accidentelles de cétacés observées lors la campagne
sur les navires pélagiques nous permet de mettre en évidence plusieurs points.
Tout d’abord, les captures ont été observées aussi bien en Manche que dans le
golfe de Gascogne. Des captures ont été faites dans les différents secteurs du
Golfe de Gascogne.
Pendant l’année d’observation, les captures ont été moins nombreuses en Manche
que dans le Golfe de Gascogne. Près des ¾ des traits ayant généré des captures
accidentelles de dauphins ont été faits dans deux zones, le secteur sud-ouest du
Finistère et large Gironde (29 traits sur les 40 au total ayant généré des
captures).
Figure 13 : Localisation des traits observés durant les programmes PROCET et
PETRACET (Cartographie P.FOSSECAVE – IMA, 2006)
IV.3. Composition des captures accidentelles
IV.3.1.
Les espèces rencontrées
Les 3 espèces rencontrées sont des delphinidés connus pour leur fréquentation
sur les zones de pêches. Le dauphin commun (Delphinus delphis) est de loin
l’espèce la plus concernée, 100% dans la pêcherie du germon et 97,6 % dans celle
du bar. Dans cette dernière, 2 autres espèces ont été observées : le dauphin
bleu et blanc (Stenella coeruleoalba, 3 individus, 1,8 %) et le dauphin de Risso
(Grampus griseus, 1 individu).
Les mortalités par capture accidentelle peuvent affecter un ou plusieurs
segments d’une population en raison des ségrégations sexuelle ou de classe d’âge,
ou des différences de comportement, d’alimentation et d’habitat. Nous
proposons ici de nous intéresser aux paramètres bio-démographiques du dauphin
commun et de tenter de mettre en évidence si des segments de la population
seraient plus concernés que d’autres. Ces données sont indispensables pour mieux
évaluer l'impact de cette mortalité sur la population. Pour cela, nous avons
analysé le sexe ratio, l’âge et le statut reproducteur des individus pour lesquels
des prélèvements ont été réalisés à bord des navires.
IV.3.2.
Sex-ratio
Le sex-ratio observé est déséquilibré, avec un plus grand nombre de femelles
observées (57 %) que de mâles (43 %). Le nombre d’individus sexés par rapport
au nombre total de captures est faible (37 %), les observateurs n’avaient le plus
souvent pas les possibilités de bien examiner les animaux (notamment lors des
captures multiples en raison d’une place limitée sur le pont). L’échantillonnage des
individus sexés n’était donc pas contrôlé et il est très difficile de discuter pour
le moment ce résultat. De même l’échantillonnage est trop faible pour tenter une
stratification par pêcherie ou par zone de pêche (spatiale).
IV.3.3.
Distribution des classes d’âge
A ce jour 38 individus sur les 48 ayant fait l’objet d’un prélèvement de dent ont
été analysés, les résultats sont présentés dans les figures 14 et 15.
Les âges ainsi obtenus ont été rassemblés en 4 classes permettant de
discriminer 4 catégories d’individus :
Les individus âgés de 2 ans ou moins : immatures allaités ;
Les individus âgés de 3 à 6 ans : immatures émancipés ou sub-adultes ;
Les individus âgés de 7 à 10 : matures pour les femelles et en cours
d ‘accession à la maturité pour les mâles ;
Les individus âgés de plus de 10 ans : reproducteurs.
15
50
9
40
%
n inidvidus
60
12
30
6
20
3
10
0
0
<1
2
4
6
8
10
12
14
16
18
20
22
24
âge (année)
Figure 14 : Distribution des âges (n=38)
catégories
reproducteur)
<=2
3à 6
7 à 10
>10
Class es d'âge (année)
Figure 15 : Distribution des
d’individu
(état
Malgré l’échantillonnage faible par rapport au nombre total de captures (22 %
d’individus âgés), la distribution des classes d’âge révèle une tendance marquée à
une prédominance d’individus âgés de 3 à 6 ans, soit une catégorie nettement
plus touchée qualifiée de groupe d’immatures émancipés ou sub-adultes. Cette
tendance avait déjà était mise en évidence sur les dauphins communs retrouvés
échoués avec des traces de capture lors des pics de mortalité hivernaux.
Nous mettons en évidence que cette classe semble plus touchée dans les
captures accidentelles. Inversement, les classes des adultes reproducteurs et
des immatures allaités (jeunes accompagnant les adultes) sont sous représentées
dans les captures accidentelles par rapport à la composition d’une population dite
« normale ».
IV.3.4. Autres prélèvements et autres analyses pour le dauphin commun
Lors des embarquements, d’autres prélèvements ont été réalisés, notamment des
tissus (muscle/rein/foie) permettant d’évaluer les concentrations de certains
polluants comme les métaux. Les concentrations pour deux métaux, le mercure et
le cadmium, ont été analysées sur 34 individus. Les niveaux obtenus sont
relativement faibles (<60 ppm de poids frais (PF) pour le mercure et <5 ppm PF
pour le cadmium) et significativement inférieures aux seuils de toxicité (100 à
400 ppm PF pour le mercure et 60 ppm PF pour le cadmium).
Enfin, les estomacs ont été prélevés pour 34 individus. Les contenus stomacaux
ont été analysés. Ils révèlent que le bol alimentaire est le même que celui des
bars de la même zone. Le détail des analyses sera disponible dans les résultats
du programme européen NECESSITY.
IV.4. Effet pinger ?
Le protocole mis en place repose sur la comparaison de traits avec un chalut
équipé d’un pinger à des traits avec un chalut sans pinger, dits traits « blancs »,
le tout en s’assurant de l’alternance des répulsifs dans le temps et dans l’espace.
Il était donc prévu de réaliser 50% des tests avec pinger et 50% sans. Or, étant
donné les conditions de mer et surtout la répartition des jours de mer entre
PROCET et PETRACET, 269 traits (20%) ont été effectués avec pinger et 1046
sans.
Tableau 6 : Synthèse des captures selon l’équipement en systèmes répulsifs
dont
traits % des traits
Nb de traits générant des générant des Nb
de
obs
captures
captures
captures
Sans
pinger
Avec
pinger
Aquamark
Fumunda
Savewave
1046
30
2,8%
120
269
10
3,7%
60
161
89
19
4
4
2
2,5%
4,5%
10,5%
20
35
5
Sur 1046 traits réalisés sans pinger, 30 ont généré des captures accidentelles
de cétacés et sur les 269 traits réalisés avec un pinger 10 ont généré des
captures accidentelles.
Ainsi, on constate que les pourcentages de traits ayant généré des captures avec
et sans pinger sont proches : 2,8 et 3,7%.
En outre, la part des traits ayant généré des captures est différente selon le
modèle de pinger testé : Ainsi dans l’échantillon des traits avec pingers, le
pourcentage des traits générant des captures semble plus élevé avec le modèle
Savewave.
Un test statistique est nécessaire pour affiner ces constatations.
Vu les données disponibles, le test du χ² permet de tester l’efficacité des
pingers en comparant les traits selon qu’ils sont équipés ou non de système
répulsif. Par contre, il ne permettra pas de comparer les trois pingers entre eux.
Seul le modèle Aquamark est comparé aux autres. De même, les calculs de
probabilités de capture sont réalisés pour la pêcherie de bar uniquement.
Tableau 7 : Résultats du test statistique χ²
Comparaison
Valeur
χ²
Tous pingers / toutes pêcheries
0,523
Pas de pinger / toutes pêcheries
Pinger Aquamark 200® / toutes
0,075
pêcheries
Pas de pinger / toutes pêcheries
de
Valeur de P
P= 0,469
P= 0,784
Conclusion
Pas de différence
significative
Pas de différence
significative
Tous pingers / pêcherie du bar
Pas de pinger / pêcherie du bar
0,837
P= 0,360
Pas de différence
significative
Avec P le degré de signification, le test étant effectué avec un niveau de risque
d'erreur à 5%
La valeur de P indique le pourcentage de chance de se tromper en affirmant que
les différences observées dans le tableau sont significatives.
Ainsi, P=0,469 indique que l’on a 46,9 % de chance de se tromper en affirmant
que les différences de captures accidentelles observées avec pinger (tout type
confondu) et sans pinger sont significatives.
D’après le tableau 7, il n’y a pas de différence significative entre :
-
-
les probabilités de capture accidentelle de cétacés sur un trait équipé
et un trait non équipé de pinger toute pêcherie confondue ;
les probabilités de capture accidentelle de cétacés sur un trait équipé
d’un pinger Aquamark et un trait non équipé de pinger toute pêcherie
confondue ;
les probabilités de capture accidentelle de cétacés sur un trait équipé
et un trait non équipé de pinger pour la pêcherie de bar.
En d’autres termes, dans le cadre de notre étude, il apparaît que la présence des
pingers testés n’a pas d’effet significatif sur la diminution des captures
accidentelles pour les espèces de mammifères rencontrés dans les pêcheries
étudiées.
V. Conclusion
Le programme PROCET est avant tout un programme innovant. Pour la première
fois, les professionnels ont choisi d’étudier de manière volontaire le phénomène
de captures accidentelles de cétacés.
Ils ont initié cette démarche menée en collaboration avec les acteurs
scientifiques compétents. En parallèle ils ont participé activement aux travaux
du programme européen PETRACET.
Un effort d’observation extrêmement important a été développé et 246 jours de
mer ont pu être réalisés. Au total 1314 opérations de pêche ont ainsi pu être
étudiées.
Cette étude présente les avantages et les inconvénients d’une étude préliminaire.
Les protocoles scientifiques n’ont pas toujours pu être respectés aussi
rigoureusement que l’exigent les traitements statistiques. Les résultats doivent
donc être exploités avec précaution.
V.1. Inefficacité des pingers testé
Un traitement statistique du type « Khi deux » est utilisé pour comparer les
traits réalisés avec et sans pinger. Il permet de constater que les probabilités
de capture accidentelle de cétacés lors d’un trait équipé ou non de pinger ne sont
pas significativement différentes.
Ainsi, dans le cadre du programme PROCET, il apparaît que la présence d’un des
pingers disponibles sur le marché sur un chalut pélagique n’a pas d’effet sur le
phénomène de capture accidentelle pour les espèces rencontrées par les
flottilles étudiées.
On ne peut donc pas parler d’ « effet pinger », contrairement aux objectifs du
programme. Quelles peuvent être alors les raisons de l’inefficacité des pingers ?
On peut notamment s’interroger sur les points suivants :
- même s’ils sont commercialisés pour être utilisés sur des chaluts pélagiques, les
modèles de pinger testés ont été développés d’abord pour des engins de pêche
passifs (filets calés). De plus, le Fumunda FMDP 2000® et l’Aquamark 200® sont
plutôt destinés à éloigner les marsouins communs et non les dauphins, dont la
sensibilité sensorielle est différente. Ainsi l’utilisation de ces pingers n’est pas
transposable à a pêche pélagique ;
- la question du bon fonctionnement du matériel peut être écartée, étant donné
que chaque pinger était sous la responsabilité d’un observateur qui devait veiller
à sa charge et signaler tout problème d’ordre technique ;
- il est possible que la position du pinger sur le chalut ne soit pas optimale.
Cependant, elle répond aux indications des constructeurs de répulsifs ;
- il est possible que la puissance des pingers ne soit pas optimale. Toutefois,
cette caractéristique est imposée dans le règlement (CE) n° 812/2004 ;
- une fois les essais et les calculs effectués, il est possible de réfléchir sur les
voies d’optimisation du protocole, notamment en ce qui concerne le nombre de
traits à effectuer. Ainsi, lors de la campagne PROCET, on estime que plus de
3000 traits auraient été nécessaires pour valider l’efficacité des pingers en
considérant les trois flottilles (cf. figure 16) ;
Figure 16 : Evaluation du nombre de traits nécessaires à la bonne
expérimentation des systèmes acoustiques dissuasifs
- des tests conséquents, en laboratoire comme en situation réelle, auraient pu
être mis en place par les constructeurs avant commercialisation ;
Etant donné les résultats obtenus, il n’est pas envisageable que la flottille
pélagique du golfe adopte l’un des modèles de pingers testés. Les répulsifs
doivent être améliorés et seuls les modèles pour lesquels l’efficacité sera
prouvée pourra convaincre la profession.
V. 2. Un faible nombre d’accidents de pêche
Il ressort des résultats que les captures accidentelles de cétacés semblent très
variables d’une pêcherie à l’autre. Il s’agit d’un phénomène à la fois très ponctuel
dans le temps et dans l’espace.
Seuls 3% des traits observés en 14 mois ont entraîné des captures accidentelles
de cétacés.
Evaluer le nombre de captures accidentelles causées par la flottille pélagique
golfe et déterminer les conditions de capture ne sont pas la vocation
programme PROCET, mais du programme PETRACET. Aussi ce rapport
présente-t-il pas de commentaires concernant l’extrapolation des résultats
du
du
ne
du
programme à l’ensemble des pêcheries pélagiques du golfe, ni de données sur la
temporalité et la localisation géographique des captures.
Les différents laboratoires impliqués dans le comité de pilotage de PROCET
travaillent par ailleurs sur la production d’informations scientifiques fiables
nécessaires pour l’estimation des effets de ces captures sur les populations de
dauphins et sur la réduction de ces captures.
L’extrapolation des données d’observation collectées sur la plupart des pêcheries
pélagiques européennes est en cours dans le projet PETRACET. Les résultats de
SCAN II seront connus fin 2006. La structure des populations de dauphins
communs et les circonstances environnementales et comportementales qui
déterminent les épisodes de captures accidentelles sont également des éléments
déterminants à étudier.
V. 3. Des travaux complémentaires à mener
Seuls des dispositifs dont l’efficacité aura été démontrée pourront être adoptés
par la profession. Les pêcheurs continuent donc à travailler sur la construction
de nouveaux modèles spécialement conçus pour les chalutiers pélagiques.
Ainsi parmi les constructeurs de répulsifs acoustiques, la société IXTrawl a
établi une convention de partenariat avec l’IFREMER pour la mise au point du
pinger CETASAVER®.
En parallèle des recherches menées dans le domaine de l’acoustique, le
programme NECESSITY étudie des dispositifs d’échappement de dauphins à
intégrer dans les engins de pêche.
Les professionnels souhaitent donc que le test de nouveaux pingers et de
dispositifs d’échappement puissent faire l’objet d’un second programme sous
l’égide du comité de pilotage de PROCET : « PROCET 2 ».
En effet, les professionnels restent vigilants quant aux avancées technologiques,
afin de pouvoir tester, en accord avec leurs partenaires, tout dispositif visant à
limiter les captures accidentelles, et continuer ainsi à participer activement aux
projets de la Commission Européenne dans ce domaine.
A l’avenir, c’est globalement la dynamique participative de la profession qu’il faut
poursuivre et soutenir.

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