L`Europe veut "aider" Barack Obama à fermer la prison de

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L`Europe veut "aider" Barack Obama à fermer la prison de
L'Europe veut "aider" Barack Obama à fermer la
prison de Guantanamo
Bruxelles Bureau européen
Les Européens veulent continuer à croire que l'administration démocrate américaine
fermera, comme elle l'a promis, le centre de détention de Guantanamo. "Il faut aider le
président Barack Obama à rester dans la logique de ses déclarations initiales et faire en
sorte que les Etats-Unis renoncent effectivement au paradigme de la guerre contre le
terrorisme", explique auMonde Gilles de Kerchove, coordinateur de la politique
antiterroriste de l'Union. Selon lui, la mobilisation du Congrès et les difficultés
auxquelles se heurte désormais le président Obama, qui avait promis de fermer "Gitmo"
au début de 2010 mais paraît désormais hésiter, justifient les efforts européens.
"Même si la clarté n'est pas encore totale au plan juridique, et même s'il subsiste une
incertitude quant au sort qui sera réservé, entre autres, à une catégorie de prisonniers,
ceux qui sont réputés dangereux mais qu'il n'est pas possible de poursuivre, une attitude
positive des Européens sera le meilleur moyen d'amener Washington à prendre les
bonnes décisions", juge M. de Kerchove.
Dès décembre 2008, certaines capitales (dont Paris et Berlin) s'étaient dites prêtes à
accepter des détenus libérables contre lesquels la justice américaine ne retenait aucune
charge. Des déclarations sans doute hâtives parce qu'elles n'avaient pas été concertées et
ne prenaient pas en compte l'ampleur des problèmes politiques et juridiques sousjacents. Mal comprises, en outre, par les opinions publiques, elles ont, dans certains
Etats, entraîné un refus de principe.
Après de nombreuses hésitations, discussions et un examen des dossiers fournis par les
Etats-Unis, une liste comportant de 35 à 40 noms a été établie récemment. Des pays
membres de l'Union européenne (France, Italie, Espagne, Irlande, Hongrie, Belgique,
Estonie...) mais d'autres aussi (Suisse, Ukraine, Albanie, Géorgie...) ont accepté le
principe d'héberger d'ex-prisonniers. Au départ, une soixantaine de noms était
évoquée. "Nous n'avons jamais suggéré aucun chiffre aux Etats-Unis", corrige le
coordinateur européen. "Et l'administration démocrate, étonnée de la rapidité de notre
réaction, ne cesse de nous dire combien elle apprécie ce que nous faisons", poursuit-il.
Torture et prisons secrètes
Ne juge-t-elle pas "timide" le projet de n'accueillir sur le sol européen que 20 %, au
mieux, des détenus du camp - ils sont encore 223 aujourd'hui ? "Les Etats-Unis ont peutêtre eu des exigences fortes en matière quantitative, les nôtres sont fortes en matière
qualitative", poursuit M. de Kerchove.
Outre des informations précises sur les prisonniers, l'UE réclamait aussi la signature
d'une déclaration commune condamnant l'existence de centres de détention comme
Guantanamo, la torture ou les emprisonnements secrets. Les Vingt-Sept avancent huit
principes qu'ils espèrent voir respectés. Cette négociation n'a toutefois pas encore
commencé. Elle est renvoyée à 2010, alors que les Etats-Unis pourraient prolonger les
règles de l'internement sans jugement. "Ce ne sera pas simple, mais ce n'est pas une
raison pour s'arrêter", estime M. de Kerchove.
Jean-Pierre Stroobants
Article paru dans l'édition du 02.10.09.

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