Mesdames et Messieurs en vos différents grades et qualité

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Mesdames et Messieurs en vos différents grades et qualité
Mesdames et Messieurs en vos différents grades et qualité,
Mesdames et Messieurs, Caldéniaciens ou visiteurs d’un jour, chers enfants dont la présence en ce jour m’est chère,
Il y a 101 ans, la France entrait dans la première guerre mondiale, long conflit qui ne s’acheva que 4 ans plus tard, le 11
novembre 1918. Cette guerre prenait fin mais à la joie et au soulagement de l’armistice se mêlaient la tristesse et la
souffrance de toutes ces vies fauchées : 8 millions de morts, 21 millions de blessés, voilà ce que fut le bilan de cette
guerre.
En ce jour de l’armistice donc, la France se réjouissait certes de la victoire mais elle pleurait ses morts, ces jeunes
hommes qui ne sont jamais rentrés au village et dont les noms sont gravés dans le marbre de nos monuments.
A l’énumération de tous ces noms, nous avons une pensée émue et reconnaissante pour ces Caldéniaciens tombés « au
champ d’honneur » comme on disait à l’époque. Tombés surtout pour notre liberté. A l’écoute de ces noms, nous
retissons le lien entre la « Grande Guerre » et notre histoire locale. Derrière chaque nom inscrit, c’est un homme, une
histoire, une famille, une vie…
L’année dernière j’évoquais le souvenir du Capitaine René Paturaud mort au combat en 1914 et dont l’épouse attendait
un enfant qu’elle prénomma justement Renée sans doute en mémoire de son défunt mari.
Pourquoi faut-il faire mémoire ? Pourquoi est-il si important de se souvenir ? (je m’adresse aux enfants ici mais aussi à
nous tous…)
Partis la fleur au fusil et plein d’enthousiasme, de certitude, voire d’exaltation, ceux qui sont revenus n’avaient qu’une
obsession : « plus JAMAIS cela ! » « Ce que nous avons fait, c’est plus que ce qu’on pouvait demander à des hommes et
nous l’avons fait » écrira Maurice Genevoix.
Ce qu’a vu et vécu le poilu sur le champ de bataille, ce qu’il a peu à peu réalisé, c’est que l’ennemi n’est pas d’abord le
pauvre bougre qui comme lui se gèle au fond de sa tranchée boueuse. Il réalise que celui qu’il nommait le « boche », le
« fritz » ou même le « schleu » et dont la langue est si différente, n’est peut être pas au fond si différent de lui-même :
même blessure du froid, même peur avant l’assaut, même maladie qui ronge, mêmes souffrances endurées, même
espoir de revoir un jour les siens et d’en finir avec cette boucherie dont le sens lui échappe complètement.
Non, l’ennemi, le véritable ennemi, celui qui est à l’origine de toute cette barbarie sans nom est peut être tapi au plus
profond de lui-même. Il a pour nom : égoïsme, désir de puissance et de domination, de richesse, mais aussi peur de
l’autre, aveuglement qui mène à la haine.
C’est tout cela que la guerre a appris aux poilus de 14. C’est tout cela qu’ils veulent nous transmettre aujourd’hui. Voilà
pourquoi (les enfants et nous autres…) il est important de se souvenir : pour ne pas retomber dans les mêmes
aveuglements égoïstes et assassins.
Les enfants qui sont aujourd’hui présents devant ce monument n’iront pas mourir en masse sur les champs de bataille.
Ils savent bien que le combat pour la paix est le plus beau des combats de l’homme…et qu’il n’est jamais gagné.
Comprendre comment un simple conflit nationaliste dans les Balkans a pu mener à une guerre mondiale, comprendre
les dérives qui menèrent du patriotisme à une caricature nationaliste peut, peut être, éviter à notre temps de nouveaux
terribles drames.
Aujourd’hui de nombreux réfugiés fuient les horreurs et les massacres d’une guerre orchestrée par des fanatiques sous
couvert de religion. Ils risquent quotidiennement leur vie à essayer de rejoindre l’Europe, havre de paix et de prospérité.
Nous les considérons comme des étrangers et cela nous fait peut être peur. Mais, comme l’Allemand d’hier, sont-ils si
différents de nous ? N’éprouvent-ils pas les mêmes aspirations à la liberté et à la paix ? N’éprouvent-ils pas les mêmes
souffrances à la mort d’un enfant emporté par la mer lorsque leur embarcation fait naufrage ?
Sont-ils des ennemis ?
Je formule le souhait qu’en ce jour où nous commémorons la Paix nous sachions nous souvenir que celle-ci porte un
autre nom qui est la fraternité et que, si un jour des réfugiés frappaient à notre porte, nous sachions les accueillir
dignement au nom de ces valeurs de la République, mais aussi par respect pour ces hommes qui derrière moi se sont
battus et sont morts pour qu’elle vive.
Je vous remercie.

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