SPÉCIAL IMMOBILIER MONTPELLIER

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SPÉCIAL IMMOBILIER MONTPELLIER
SPÉCIAL IMMOBILIER MONTPELLIER
3 QUESTIONS
Me François Bories
Notaire à Villeneuvelès-Béziers, président
sortant de la chambre
des notaires de l’Hérault
Le Nouvel Observateur
Le marché est-il rassurant ?
François Bories Le marché montpelliérain se maintient, quelles que
soient les circonstances économiques. La demande reste forte, les
investisseurs continuent d’affluer,
et les besoins locatifs sont réels. Le
marché est donc en forme, bien que
moins frénétique qu’en 2010, en fin
d’année notamment. Nous
sommes confiants, même si l’on
constate un essoufflement sur les
ventes de neuf dû à la fin de la première version du dispositif Scellier.
Les faibles performances de la
Bourse déclencheront sans doute
un report d’économies sur la pierre
qui pourrait faire de 2011 une année
normale.
Les prix vont-ils se stabiliser ?
La notoriété de la ville entraîne une
pression que l’on ne constate pas
dans d’autres villes du département ou de la région. La métropole
montpelliéraine enregistre une
telle demande de logements que les
prix se maintiennent toujours à la
hausse. Ils ont beaucoup augmenté
ces dix dernières années, bien qu’ils
n’aient pas rattrapé le niveau
d’autres régions tout aussi prisées.
Pour les rejoindre, il faudrait un
tissu économique plus dense.
Est-on sur un marché sélectif ?
Il y a des gens qui ne peuvent ni
acheter ni payer un loyer de 700
euros/mois. Nous avons pris de
plein fouet l’insuffisance de logements sociaux. L’immobilier est
cher en première et en deuxième
couronne de Montpellier, mais il
est moins coûteux à Lunel ou à
Clermont-l’Hérault. Il faut alors
accepter de partir à 30, 40 ou
60 km. On voit ainsi fleurir en périphérie des villages, à Lodève,
Canet-d’Hérault ou ailleurs, des
maisons en lotissement, à 2 500
euros/m2. Beaucoup d’acquéreurs
sont des couples qui travaillent à
Montpellier. Ils n’ont pas le choix.
PROPOS RECUEILLIS PAR M. L.
Le Nouvel Observateur
Le dernier
bilan des
notaires
de l’Hérault
classe
Montpellier
au 5e rang
des villes les
plus chères
de France.
Estanove,
un quartier très
demandé par
les retraités
non surévalués trouvent rapidement preneur, mais ils sont minoritaires, estime Bruno Cassin, président de la Fnaim de l’Hérault. Le
marché est globalement cher et ne se
met pas à la portée de la bourse
moyenne. » Le dernier bilan des
notaires de l’Hérault classe Montpellier au 5e rang des villes les plus
chères de France, tandis que
Meilleurtaux.com, dans un palmarès publié en juin dernier, estime
que la cité est la moins intéressante
des 10 premières grandes villes en
termes de taux de crédit.
Denis Oliver, directeur du déve loppement du Crédit immobilier de
France (CIF) Méditerranée, résume :
« Les jeunes ménages font l’acquisition de biens plus petits, sinon ils s’ex-
centrent, si possible pas trop loin
étant donné le prix des carburants.
Ils prennent surtout conscience qu’ils
doivent faire un effort sur la durée du
prêt s’ils veulent acheter. » Les crédits sur vingt-cinq à trente ans sont
une part importante du portefeuille
du CIF, avec un emprunt moyen de
160 000 euros (120 000 à 130 000
euros chez Meilleurtaux.com, pour
une durée moyenne de vingt ans et
demi). « La solvabilité des ménages
s’est un peu dégradée. Après la crise,
les prix ont repris à la hausse, et
l’augmentation des taux, pourtant
bas, est psychologiquement mal
vécue », ajoute Denis Oliver.
Globalement, le marché de l’an cien a fait une pause au deuxième
trimestre. « En termes de volume de
ventes, il s’est calmé aussi vite qu’il
était reparti. La stabilisation des
prix aussi a cessé », note Bruno
Cassin. Le mètre carré, en hausse de
près de 7% dans l’ancien, atteint
2 490 euros/m2 au second semestre.
Le marché du neuf a également
perdu des acquéreurs. « Le rabotage
des mesures qui avaient boosté le
marché en 2010 a eu des consé quences, et l’augmentation des taux
d’intérêt a eu un impact sur la primoaccession », regrette Philippe
Ribouet, président de la fédération
des promoteurs immobiliers (FPI)
du Languedoc-Roussillon. Le prix
moyen du mètre carré en marché
libre atteint désormais 4 060 euros
avec parking (3 800 euros sans).
L’accession aidée, à 2 500 euros/m2,
concerne « des jeunes de 25 à 40 ans
et des couples de 30 à 40 ans, dans
la vie active, avec des revenus
modestes », selon la FPI. Toutefois,
même à prix fort, « tous les programmes bien placés se vendent,
ettout ce qui est acheté par des investisseurs se loue », note Philippe
Ribouet.
Avec l’aide du dispositif Scellier,
ces derniers ont réalisé près de 80%
des transactions fin 2010, ce qui
représente une augmentation de 30%
en cinq ans (+47% en 2005 selon la
FPI). Mais « la part des investisseurs,
qui voient aussi leur rentabilité brute
revue à la baisse, s’est sensiblement
réduite début 2011 pour revenir à
69%, ce qui inquiète les promoteurs »,
observe Xavier Longin, consultant de
l’observatoire Adéquation. Les investisseurs ont encore une latitude pour
louer leurs biens (12 à 13 euros/m2),
d’autant qu’ils récupèrent la clientèle
de ceux qui ne peuvent pas (ou plus)
acheter en résidence principale. « Si
on veut loger un Languedocien dans le
neuf, en tenant compte de son niveau
de vie réel, il faudrait lui proposer le
mètre carrée à 3 000 ou 3 200 euros
plutôt qu’à 4 000 euros », reconnaît
pour sa part Philippe Ribouet. La FPI
cogite sur les moyens d’en approcher
avec la Ville, l’Agglo et la Société
d’équipement de la région montpelliéraine (Serm), mais le cycle d’une
telle réflexion promet d’être long. En
fin de semestre, les promoteurs
étaient dans l’incertitude quant au
volume des ventes à venir. Les taux
stabilisés en mai et juin leur donnaient un peu d’espoir. « Il y aura
a priori moins de ventes, mais il n’y
a pas de raison de craindre un
cataclysme », rassure Xavier Longin.
S’il n’y a pas de relève pour la loi Scellier, 2011 risque pourtant d’être difficile, et 2012, année d’élection, plus
encore. MYRIEM LAHIDELY
DR
II