Les barrières immatérielles de sécurité
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Les barrières immatérielles de sécurité
G uide d’achat Les barrières immatérielles de sécurité Les barrières immatérielles de sécurité sécurisent l’accès à une machine, un robot ou une chaîne de production. Elles représentent une alternative économique aux tapis de sécurité ou aux scrutateurs laser, mais surtout elles offrent l’avantage de ne pas encombrer les ateliers et de libérer le passage aux flux de produits ou de matières, contrairement aux barrières grillagées traditionnelles. Comme toutes les solutions industrielles de sécurité , les barrières immatérielles sont soumises à de nombreuses normes. Néanmoins, les produits disponibles sur le marché proposent des options ou des fonctions très variées. Nous présentons ici un récapitulatif des éléments à prendre en considération dans le choix et l’installation de ces composants. L a mise en place d’une nouvelle machine dans un milieu industriel nécessite de considérer avec attention la sécurité des opérateurs qui seront amenés à l’utiliser. De nombreux dispositifs permettent d’assurer cette sécurité, depuis les simples boutons d’arrêt d’urgence jusqu’aux scrutateurs laser plus perfectionnés. Dans la majorité des cas, l’utilisation d’une barrière grillagée est le moyen à la fois le plus simple et le plus efficace d’interdire l’accès à une zone dangereuse. Toutefois, il existe des applications qui nécessitent une alimentation régulière en matière première ou en produits (c’est le cas des chaînes de montage ou des machines de conditionnement), ou d’autres applications dans lesquelles l’opérateur doit intervenir fréquemment (machines-outils, presses ou robots de fabrication). Pour tous ces cas, le fait d’ouvrir et de fermer une porte à chaque passage de colis ou à chaque changement de pièce ferait perdre beaucoup trop de temps à l’opérateur. C’est la raison d’être des barrières immatérielles de sécurité. Sans jamais interdire physiquement l’accès à une zone, elles sont chargées de mettre hors tension tous les équipements de la zone (ou une partie d’entre eux) dès qu’une intrusion est détectée. Et il existe autant de barrières que de types d’applications et d’intrusions. Bien que certaines sociétés soient spécialisées dans l’audit de sécurité, le choix d’une barrière immatérielle incombe le plus souvent à l’industriel lui-même. Comme nous le verrons, la sélection est donc relativement subjective.Toutefois, une bonne identification du besoin permet de trouver la barrière la plus adaptée à l’application, d’autant plus que les gammes des différents fabricants et distributeurs sont organisées dans ce sens. MESURES 800 - DÉCEMBRE 2007 - www.mesures.com Tectra COMPOSANT S D ’A UT O MA T IS M E S L’installation d’une barrière immatérielle sur une machine offre autant de sécurité qu’une barrière grillagée classique, tout en ne réduisant pas la cadence de production. Quelle protection apporter à une installation ? La grande majorité des barrières immatérielles de sécurité se composent de deux éléments distincts : un émetteur et un récepteur. « Tous deux sont équipés de Leds qui émettent (ou détectent, suivant le cas) de la lumière infrarouge sous forme de faisceaux, explique Jacques Tarricone, resL’essentiel ponsable de l’activité Sécurité chez le fabri- Les barrières immatérielles cant italien DataSensor. de sécurité délimitent une L’émetteur et le récepteur zone autour des équipements dangereux. Toute sont synchronisés par un intrusion entraîne l’arrêt système électronique qui de la machine. effectue un balayage per Sous la pression de la manent, un faisceau après concurrence, les barrières l’autre. Une barrière imimmatérielles deviennent de matérielle se définit donc plus en plus attractives par le nombre de faisceaux financièrement, par rapport qui la composent, par l’esaux barrières grillagées pacement entre chacun de ou aux tapis de détection. ces faisceaux (appelée ré Des normes ont été rédigées solution) et par la distance pour aider les industriels à maximale admissible entre choisir et installer la barrière l’émetteur et le récepteur immatérielle la plus adaptée (appelée portée). » à l’application. Lorsqu’on évoque Des fonctions complémenl’interdiction d’accès à taires leur permettent de une zone, cela peut s’intégrer à un process sans correspondre à plugêner les déplacements ni sieurs besoins diffédiminuer les cadences. rents, et donc à des ➜ 67 Turck Banner Une barrière immatérielle de sécurité est constituée d’un émetteur et d’un récepteur. Suivant les besoins de l’application (détection d’un doigt, d’une main ou d’une personne), on choisira un équipement ayant des faisceaux infrarouges plus ou moins nombreux. ➜ produits différents. Ces produits sont regroupés en trois grandes catégories. On trouve tout d’abord les barrières immatérielles destinées à la protection des postes de travail, utilisées pour les applications à forte cadence. Il s’agit des produits ayant la résolution la plus élevée (nombre important de faisceaux). Ils sont appelés “barrières multifaisceaux”. Le faible espacement entre les différents faisceaux leur permet de détecter les plus petits objets, en l’occurrence le doigt, la main ou le bras d’un opérateur, l’objectif étant bien sûr à chaque fois de détecter l’intrusion au plus tôt. En fonction de la dangerosité de l’opération et de la proximité du danger par rapport à l’opérateur, on utilisera des barrières avec plus ou moins de faisceaux et on la placera à une certaine distance de la machine, en prenant en compte le temps d’arrêt de la machine, la capacité de détection de la barrière et sa résolution. « Tout n’est alors qu’affaire de compromis entre sécurité et cadence imposée, explique 68 Tectra Guide d’achat périmétrique. Il s’agit cette fois de détecter le passage d’une personne, et non plus d’une partie du corps. On peut les utiliser, par exemple, pour sécuriser l’accès à un magasin automatisé ou à un circuit de palettisation. Les barrières correspondant à ces applications sont appelées barrières à faisceaux individuels. Grâce à une portée plus importante que les barrières multifaisceaux et à l’usage de miroirs, elles permettent de sécuriser une vaste zone autour d’un équipement dangereux. Cette protection périmétrique s’avère utile dans le cas des robots Claude Nait, ingénieur commercial chez multi-axes, pour lesquels il n’est pas touRockwell Automation. Lorsqu’il s’agit de sécuriser jours aisé d’estimer la portée, ou le champ une presse, par exemple, il faut se demander si l’opé- d’action. rateur a besoin de l’approvisionner rarement (travail Les barrières de protection périmétrique sur des bandes de métal) ou plus régulièrement (tra- entraînent la désactivation de la machine vail à la pièce). Dans le premier cas, on peut se ou du robot lorsqu’un opérateur pénètre permettre de choisir une barrière à la résolution dans une zone interdite. Toutefois, rien moyenne et de l’installer loin devant la presse. Dans n’empêche un opérateur de “forcer” la rele second cas, le respect de la cadence impose de mise en route de la machine s’il n’a pas vu placer la barrière au plus près de la table de la presse. la personne pénétrer dans la zone. C’est On choisira alors la barrière ayant la plus haute pourquoi il existe une troisième catégorie résolution, afin de déclencher l’arrêt dès lors que le de protection : la protection surfacique, doigt de l’opérateur pénètre dans la zone protégée. » ou détection de présence d’opérateur. La Les barrières dédiées à la détection de doigts barrière est alors installée horizontalement doivent avoir une résolution de 14 mm, (le boîtier parallèle au sol), de manière à ce tandis que celles dédiées à la détection de qu’un opérateur debout coupe plusieurs mains ont un espace de 35 mm environ faisceaux. Cela permet de savoir avec certientre chaque faisceau. Enfin, dans tous les tude si quelqu’un est présent dans la zone cas de protection de postes de travail, on ne dangereuse. On utilise des barrières multisaurait utiliser une barrière immatérielle faisceaux, dont la résolution doit être imayant une résolution de plus de 40 mm. pérativement inférieure à 116 mm. Cette La deuxième catégorie de barrières con- solution permet de remplacer avantageusecerne la protection d’accès et la protection ment les systèmes à base de tapis de détecMESURES 800 - DÉCEMBRE 2007 - www.mesures.com tion, surtout dans les cas où la surface à protéger est relativement importante. Identifier le degré de sécurité nécessaire Le second aspect à prendre en compte, lors du choix d’une barrière immatérielle de sécurité, est le type de sécurité à apporter à l’application, conformément à la norme EN 61496 relative aux équipements de protection électro-sensible (ou ESPE, Electro-Sensitive Protective Equipment). Cette norme définit deux degrés de sécurité différents pour les barrières immatérielles : les produits de catégorie 2, pour des machines faiblement à moyennement dangereuses, et les produits de catégorie 4 pour des machines moyennement à très fortement dangereuses. La différence s’effectue principalement au point de vue de l’électronique de contrôle embarquée dans la barrière. Une barrière de type 2 doit être capable, à chaque contrôle, de détecter la présence d’un défaut matériel qui compromet la fonction de sécurité. Mais étant donné que ces contrôles ne sont effectués que lors du redémarrage de l’appareil, il subsiste toujours un risque de non-détec- Les constructeurs proposent de nombreux accessoires pour les barrières immatérielles de sécurité, à l’image de ces étuis servant à rendre étanche la barrière. Ils permettent d’atteindre des indices de protection jusqu’à IP69K. Tectra Guide d’achat MESURES 800 - DÉCEMBRE 2007 - www.mesures.com Siemens tion. Sur les produits de catégorie 4, en revanche, un système d’autocontrôle effectué à intervalles réguliers permet de déclencher immédiatement une alerte en cas de défaut matériel. Une redondance totale des signaux, imposée par la norme, garantit la bonne marche des fonctions de sécurité, même en présence d’un défaut. « Par ailleurs, ajoute Dominique Svennarp, responsable France chez Jokab Safety, les Leds utilisées dans Barrières multifaisceaux ou à faisceaux indépendants existent une barrière de catégorie 4 sont de meilleure qualité sous différents facteurs de forme. A l’exception de quelques modèles tout intégrés, elles nécessitent toutes l’emploi de relais de sécurité (en bas à que celles employées dans les barrières de catégorie 2. gauche sur la photo) pour agir sur l’alimentation électrique des machines. Elles produisent des faisceaux plus étroits, et par conséquent, génèrent moins de réflexions parasites que leurs homologues de catégorie inférieure. Cela La tentation de n’employer que des barrièimplique en revanche de passer plus de temps pour res de catégorie 4 est grande. Cependant, l’alignement des faisceaux. » l’importante différence de prix entre les deux catégories oblige à définir son besoin au plus juste. Afin de déterminer le degré de protection nécessaire à chaque applicaLe choix de la catégorie de sécurité tion, la norme EN 954-1 (norme générique relative à la sécurité des machines) met sont des catégories possibles (sous L’annexe B (informative) de la norme à disposition des industriels un tableau de réserve de mesures complémentaires), et EN 954-1 donne une première estimadéfinition du risque. Ce dernier propose les catégories situées à droite correstion pour définir la catégorie des de donner une appréciation selon trois crisystèmes de sécurité en fonction de trois pondent à un degré de sécurité surdimensionné par rapport au risque paramètres. On obtient cette estimation tères : la gravité des blessures pouvant être potentiel. A signaler que, pour les en répondant aux trois questions sur le occasionnées par la machine, la fréquence barrières de sécurité, seules les catégoschéma ci-dessous. Les catégories qui se et/ou la durée d’exposition au danger, et trouvent sur la gauche de la case grisée ries 2 et 4 sont disponibles. enfin la possibilité d’éviter le dommage. Les réponses successives fournissent en sortie une évaluation du type de risque, et permettent d’opter pour l’une ou l’autre des catégories. Toutefois, ce tableau, présent en annexe B de ladite norme, n’a qu’un but informatif. « C’est en cela que la définition d’une protection est le plus souvent subjective, et soumise à la seule appréciation du responsable de l’entreprise ou du chef d’atelier, commente Eric Saraillon, chef de produits Détection chez Schmersal. On voit donc tout naturellement les dirigeants n’ayant jamais connu S : Gravité de la lésion occasionnée d’accidents dans leur entreprise se tourner vers les S1 : Lésion légère (normalement réversible) produits à la sécurité moindre, tout comme on voit S2 : Lésion sérieuse (normalement irréversible), incluant le décès F : Fréquence et/ou durée d’exposition au phénomène dangereux les dirigeants ayant déjà été confrontés à ces problèF1 : Rare à assez fréquent et/ou courte durée d’exposition mes opter pour des produits très sécurisés, parfois F2 : Fréquent à continu et/ou longue durée d’exposition même dans des zones où cela n’est pas nécessaire. P : Possibilité d’éviter le phénomène dangereux P1 : Possibilité sous certaines conditions C’est pourquoi le travail d’inforxmation de la part P2 : Rarement possible des fournisseurs de solutions de sécurité revêt une importance si déterminante. » ➜ 69 Guide d’achat Les barrières immatérielles de sécurité 70 Société Catégorie Barrières à de sécurité faisceaux individuels : nombre Barrières multifaisceaux : résolution en mm Portée des faisceaux (m) Hauteur de Etanchéité Fonctions détection complémentaires (mm) Versions particulières Asteel Sensor 2 et 4 2, 3 ou 4 14, 20, 30, 40, 50 18 à 60 160 à 1 800 IP65 à 67 Muting, blanking, EDM, cascade, outil de calibrage, entrée test Etanches avec chauffage, en T ou en L Contrinex France SA 2 et 4 2à7 14, 35 5 à 50 150 à 1 850 IP65 Muting, blanking, outil de calibrage Tubes étanches DataSensor 2 et 4 2, 3 ou 4 14, 20, 30, 35 6 à 50 150 à 1 650 IP65 Muting, blanking, EDM, cascade, relais intégré, outil de calibrage En T ou en L (réglables, avec détecteurs intégrés), Actif/Passif Euchner 2 et 4 2, 3 ou 4 14, 20, 30, 35, 40, 50 5 à 60 150 à 1 950 IP65 Muting, blanking Honeywell France 2 et 4 2, 3 ou 4 14, 18, 30, 50, 80 3,5 à 80 200 à 1 800 IP65 Muting, blanking, entrée test, cascade, surveillance de la boucle de retour Jokab Safety 2 et 4 2, 3 ou 4 14, 35 0,5 à 50 150 à 1 650 IP65 Muting, blanking, forçage, outil de calibrage Signal dynamique de sortie Keyence 2 et 4 8 à 64 10, 20 0,3 à 9 140 à 3 810 IP65 à IP67 Muting, blanking, outil de calibrage, fonction anti-interférence En T ou en L, éléments de découpage des zones (blanking amélioré), supports rotatifs Leuze Electronic 2 et 4 2, 3 ou 4 14, 20, 30, 40, 50, 90 0,3 à 60 150 à 3 000 IP65 à 67 Muting, blanking, cascade, autotest Modèles économiques, compacts ou robustes, Actif/Passif, Atex Omron STI 2 et 4 2, 3 ou 4 12, 14, 20, 30, 55 3 à 70 260 à 2 450 IP65 Muting, blanking Tubes étanches, systèmes à 3 barrières, connexion pour bus de terrain DeviceNet, Atex, blindage CEM Pilz 2 et 4 2, 4 ou 8 14, 30 0,2 à 50 150 à 1 650 IP65 Muting, blanking, cascade, surveillance de la boucle de retour Connexion pour bus de terrain SafetyBus, modèles économiques Rockwell Automation 2 et 4 N/A 14, 30 0,3 à 18 160 à 1 760 IP65 à 69K Gammes complètes Paramétrage par apprentissage à distance, silent-blocs d’amortissement, étanches Schmersal 2 et 4 2, 3 ou 4 14, 20, 30, 40, 90 6 à 60 160 à 1 810 IP65 Muting, blanking En T ou en L, Actif/Passif (5 modes), cascade, EDM Schneider Electric 2 et 4 2, 3 ou 4 14, 30 0,3 à 20 150 à 2 100 IP65 Muting, blanking, EDM, entrée test Tubes étanches Sick France 2 et 4 N/A 14, 20, 30, 40 5 à 19 150 à 1 800 IP65 Muting, blanking, cascade, EDM, outil de calibrage Tubes étanches, systèmes à 3 barrières Siemens 2 et 4 2, 3 ou 4 14, 30, 50, 90 18 à 70 150 à 1 800 IP65 Muting, blanking, commande cadencée, forçage de démarrage Blindage CEM, connexions pour bus de terrain (ASI, ProfiSafe, ProfiNet) Tectra 2 et 4 2à7 14, 35 5 à 50 150 à 1 850 IP65 Muting, blanking, outil de calibrage Tubes étanches Türck Banner SAS 2 et 4 2, 3 ou 4 14, 30 0,8 à 70 500 à 1 800 IP65 Muting, blanking, outil de calibrage, cascade Blindage CEM Wenglor 2 et 4 N/A 14, 30 7 à 20 164 à 1 870 IP67 Lumière rouge visible, muting, blanking Blindage CEM MESURES 800 - DÉCEMBRE 2007 - www.mesures.com Guide d’achat DataSensor Grâce à la fonction d’inhibition, les barrières installées à l’entrée et à la sortie d’une chaîne d’assemblage empêchent les opérateurs de pénétrer dans la zone, mais autorisent le passage des pièces. DataSensor Les barrières “en T” sont spécialement étudiées pour être utilisées avec la fonction de masquage. Les capteurs de détection des palettes (ou des colis) sont montés sur la partie horizontale. Sur les modèles proposés par DataSensor, cette partie est réglable en hauteur et en orientation. ➜ Une fois le choix du type de barrière effectué, en fonction de la partie du corps à détecter et de la dangerosité de la machine, il s’agit d’étudier le process dans sa globalité et d’ajouter, si besoin, des fonctions complémentaires. Celles-ci permettent d’adapter plus précisément la barrière à l’application. Disponibles chez la plupart des fabricants sous la forme d’unités de contrôle spécifiques (ou modules de sécu- rité), elles permettent de prendre en compte l’approvisionnement des machines. « En effet, explique Eric Moro, ingénieur commercial chez le fabricant français Tectra, l’installation d’une barrière ne doit en aucun cas perturber ou ralentir la cadence de fonctionnement d’une machine. C’est pour cela qu’ont été créées les fonctions d’inhibition et de masquage. » La fonction masquage (ou “suppression”, ou encore “blanking”) consiste en la désac- tivation d’un certain nombre de faisceaux, afin que le passage des pièces ne déclenche pas un arrêt de sécurité. On en distingue deux variantes : masquage fixe et masquage flottant. Le masquage fixe est utilisé lorsque l’approvisionnement d’un poste de travail est effectué automatiquement, par un tapis roulant ou autre système de convoyage. Les faisceaux à désactiver sont identifiés, et fixés une fois pour toutes. Le masquage flot- ➜ DataSensor MESURES 800 - DÉCEMBRE 2007 - www.mesures.com 71 Guide d’achat Comment calculer les distances d’installation ? En l’absence de norme spécifique à la machine ou lorsque cette norme ne spécifie pas de distance minimum d’installation de la barrière de sécurité par rapport à la zone dangereuse, il convient d’utiliser les formules de la norme EN 999 pour calculer cette distance d’installation. De manière générale, on distingue trois types d’approches : Approche perpendiculaire par rapport au plan de détection Où S (en mm) est la distance d’installation minimum de sécurité entre la barrière et le point dangereux, Où T (en s) est le temps d’arrêt de la machine, auquel on additionne le temps de réponse de la barrière, Et où R (en mm) est la résolution ou la capacité de détection de la barrière. Turck Banner Barrière multifaisceaux : - Si R <= 40 alors S = 2 000 t + 8 x (R – 14) - Si 40 < R < = 70 alors S = 1 600 t + 850 - Si R > 70 alors S = 1 600 t Barrière à faisceaux individuels : - Plusieurs faisceaux : S = 1 600 t + 850 - Faisceau unique : S = 1 600 t + 1 200 La résolution d’une barrière (espacement entre deux faisceaux) détermine la réactivité du système en cas d’intrusion d’un corps étranger dans la zone à sécuriser. Plus la machine est dangereuse et proche de l’opérateur, plus les faisceaux doivent être serrés, afin de détecter à temps un doigt, une main ou un corps humain. Approche parallèle par rapport au plan de détection Où H est la hauteur d’installation de la barrière par rapport au plan de référence (le sol dans la plupart des cas). S = 1 600 t + (1 200 – 0,4 x H) Avec : (1 200 – 0,4 x H) > 850 Hmax = 1 000 Hmin = 15 x (R – 50) Approche angulaire par rapport au plan de détection (angle compris entre 5° et 85°) Cette approche permet d’offrir à une application les fonctions de détection d’accès (lorsque l’opérateur franchit le premier faisceau) mais aussi les capacités de détection de présence (lorsque l’opérateur reste devant la machine). Si l’angle est supérieur à 30°, on utilise les formules de l’approche perpendiculaire. Si l’angle est inférieur à 30°, on utilise les formules de l’approche parallèle (S s’applique alors au faisceau le plus éloigné). ➜ tant, quant à lui, est plutôt employé pour les machines à approvisionnement manuel, et notamment pour les plieuses. Pour cellesci, la barrière doit autoriser la désactivation de certains faisceaux (au moment où l’opérateur insère la feuille de métal) et permettre le déplacement de ces faisceaux. En effet, elle ne doit pas non plus déclencher d’arrêt lorsque la feuille, au cours du pliage, se déplace dans la zone de protection. 72 La fonction d’inhibition (ou “pontage”, ou encore “muting”), pour les barrières à faisceaux individuels, est utilisée lorsque le passage de marchandises est indispensable dans une zone dangereuse pour les opérateurs. C’est le cas par exemple des îlots de conditionnement automatique, ou plus généralement des circuits automatiques d’approvisionnement de machines. Elle est définie par la norme EN 415-4 relative aux palettiseurs / dépalettiseurs. A l’instar du masquage, l’inhibition consiste en une désactivation temporaire d’un nombre défini de faisceaux, à cette différence près que son déclenchement doit obligatoirement être confié à un organe extérieur à la barrière. La norme précise que le signal d’inhibition doit provenir de deux sources distinctes (ou plus), et que l’une de ces sources au moins ne doit pas provenir d’une fonction logicielle. Elle précise également que l’usage d’une lampe ou de tout autre témoin lumineux est indispensable pour signaler aux opérateurs de la zone que la barrière est momentanément désactivée. Mais ce n’est pas tout. Déclencher l’inhibition d’une barrière implique aussi que l’installation sache faire la distinction entre une personne et un produit à convoyer. Plusieurs méthodes existent, utilisant deux faisceaux entrecroisés ou une série de quatre capteurs. Ces méthodes permettent de détecter, dans un cas, que le produit est bien centré sur le convoyeur, dans l’autre que le produit est fixe et qu’il avance progressivement. La fonction de forçage (ou “prise de contrôle”, ou encore “override”) est proposée en option avec les systèmes d’inhibition. Elle permet de redémarrer une machine qui a été arrêtée alors que des produits étaient toujours présents sous la barrière. « Si, par exemple, pendant le fonctionnement avec inhibition, une palette chargée s’est arrêtée dans le champ de détection après une perte de tension, la fonction de forçage est utilisée pour permettre l’évacuation de la palette », explique Dominique Svennarp. D’autres fonctions sont également disponi- MESURES 800 - DÉCEMBRE 2007 - www.mesures.com Guide d’achat bles, même si elles n’existent pas chez tous les fabricants. C’est le cas notamment de la fonction de raccordement en cascade. Cette fonction permet de raccorder deux barrières entre elles, afin de réaliser des écrans de protection “mixtes”. En mêlant faisceaux horizontaux et verticaux, on obtient une protection de zone mêlant à la fois détection d’accès (barrière horizontale) et détection de présence (barrière verticale). Une fois la fonction activée, les deux barrières sont reliées suivant un schéma maître / esclave. Seul le maître a donc besoin d’être raccordé au circuit d’arrêt de la machine. On trouvera également sur quelques produits la fonction EDM (pour External Device Monitoring, ou contrôle des contacteurs externes). Il s’agit d’une redondance des interrupteurs électroniques de la barrière. Cela permet d’utiliser des relais traditionnels à la place des relais de sécurité, et donc de diminuer sensiblement le coût total de l’installation. ➜ Le branchement d’une barrière de sécurité Une barrière immatérielle de sécurité est toujours livrée avec deux sorties, pour commander l’arrêt de la machine. Toutefois, l’utilisation de ces deux sorties n’est impérative que pour les équipements de catégorie 4. Ces sorties sont électroniques. Elles sont appelées sorties statiques de sécurité, ou OSSD (pour Output Signal Switching Device), et renvoient un signal 0 ou 24 V. Ce signal, de faible puissance, n’est pas prévu pour agir directement sur l’alimentation électrique d’une machine ou d’un îlot de production. C’est pour cette raison que l’on utilise des relais de sécurité, ou des automates de sécurité si l’on veut gérer des fonctions plus avancées. Un relais de sécurité est équipé de contacteurs guidés qui permettent de détecter les défauts (les contacteurs sont redondants). Le relais vérifie que les deux canaux s’ouvrent en même temps. Puis, c’est ce relais de sécurité qui pilote un contacteur de puissance, seul capable de couper l’alimentation sur des réseaux de forte puissance. Dans le cas des fonctions complémentaires comme l’inhibition ou le masquage, on installe un module de sécurité supplémentaire. Il se programme à la manière d’un automate programmable, directement avec une carte ou un PC. Certains produits enfin, à l’instar de la gamme de DataSensor, proposent des relais de sécurité intégrés. Dans ces produits, les sorties du relais sont renvoyées une nouvelle fois vers la barrière afin d’effectuer un autocontrôle en permanence. L’industriel fait ainsi l’économie du relais de sécurité et du câblage. Honeywell MESURES 800 - DÉCEMBRE 2007 - www.mesures.com 73 Guide d’achat Les principales fonctions complémentaires La fonction d’inhibition sert à désactiver temporairement la barrière lorsqu’un objet passe devant un capteur. Il faut pour cela s’assurer que l’objet identifié n’est pas un opérateur. La fonction de masquage, quant à elle, sert à désactiver certains faisceaux de manière permanente. Le plus souvent, on désactive les faisceaux faisant face au système d’acheminement de la matière ➜ Quelques gammes spécifiques Le marché des barrières de sécurité est important en volume de ventes, car il s’adresse dans l’absolu à tous les types d’industries. « La concurrence se développe fortement depuis cinq ans environ, expose JeanLuc Pfaff, responsable produits Sécurité chez Pilz France. Fabricants et distributeurs se font de plus en plus nombreux, et se livrent une véritable guerre des prix. Mais les produits se ressemblent pour la plupart, ce qui est souvent le cas sur des marchés soumis à un ensemble de normes. » Quelques constructeurs tirent toutefois leur épingle du jeu en proposant des solutions innovantes pour, selon les besoins, réduire le nombre de composants, accroître la sécurité ou 74 faciliter l’installation et le paramétrage. Ainsi, on retrouve dans différentes gammes des barrières dites “en T” ou “en L”. Ces dernières facilitent l’utilisation de la fonction d’inhibition, car elles intègrent dans leur partie horizontale les capteurs servant à la détection des colis ou des palettes. On appelle donc “barrière en T” une barrière capable de gérer une inhibition bidirectionnelle, et “barrière en L” un équipement destiné à l’inhibition monodirectionnelle. Et ici encore, des petits détails peuvent faire la différence. L’installation d’une lampe étant nécessaire (et imposée par la norme) pour faire fonctionner une barrière avec inhibition, le constructeur DataSensor a intégré une diode en haut de ses barrières en T, un choix qui permet d’augmenter le MTBF des produits (Mean Time Between Failure, ou temps moyen avant défaut). Concernant la sécurité, les constructeurs adaptent leurs produits pour les rendre conformes à leurs protocoles propriétaires, s’ils en possèdent. C’est ainsi que les ingénieurs de Jokab Safety ont intégré à leurs barrières une technologie à base de relais dynamiques : tous les équipements sont reliés en série sur un canal de sécurité, parcouru par un signal créneau. Les barrières (jusqu’à 10), comme les boutons d’arrêt d’urgence (jusqu’à 30), fonctionnent à la manière d’inverseurs. Le module de sécurité, en fin de boucle, est donc capable d’identifier s’il y a eu ou non inversion du signal, et d’assurer que les capteurs fonctionnent (car le signal n’est pas interrompu). Un autre moyen d’améliorer la sécurité est de rendre plus visuelle la délimitation des zones dangereuses. « En effet, explique Olivier Milon, directeur commercial chez Wenglor, nous nous sommes aperçus que les barrières immatérielles pouvaient parfois manquer de visibilité, notamment lorsqu’elles sont intégrées aux installations, ou qu’elles sont de la même couleur que le bâti des machines. C’est pourquoi nous avons mis au point une gamme unique sur le marché, qui utilise des faisceaux de lumière rouge visible au lieu de l’infrarouge. On franchit ainsi une étape supplémentaire dans la prévention des accidents. Et au-delà de l’aspect sécuritaire, cela peut avoir une incidence sur la cadence de production, en évitant que les opérateurs ne franchissent trop souvent sans le vouloir la zone de sécurité. » Enfin, si le fabricant Aeco (distribué en France par Euchner) a plutôt misé sur des barrières à faible temps de réponse, à longue portée (jusqu’à 60 m) et entièrement étanches (IP67 au minimum), les développeurs de DataSensor ont fait le choix de la simplicité d’installation et de paramétrage. Installation, d’abord, puisque tous les produits utilisent les mêmes boîtiers, avec les mêmes équerres de fixation, les mêmes cotes extérieures, etc. Paramétrage, également, puisque les outils d’alignement sont intégrés aux barrières et que le réglage des différentes fonctions complémentaires s’effectue directement à l’aide de commutateurs, sans avoir recours à un automate ou à un PC. Enfin, pour simplifier le câblage, le constructeur italien propose également des produits “Actifs / Passifs”. « Avec ce système breveté, conclut Jacques Tarricone, seul l’émetteur a besoin d’être alimenté en électricité. Le récepteur se contente de renvoyer le signal à l’émetteur. Cela peut se révéler utile lorsqu’un des éléments est dans une zone particulièrement difficile d’accès. » Frédéric Parisot MESURES 800 - DÉCEMBRE 2007 - www.mesures.com