Le fil des exactions
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Le fil des exactions
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine La liberté de la presse et de la culture Liban, Syrie, Jordanie et Palestine Rapport annuel 2012 Centre SKeyes pour la liberté de la presse et de la culture Fondation Samir Kassir © 2013 Fondation Samir Kassir Adresse: 63, Rue Zahrani, Sioufi, Achrafieh, Beyrouth - Liban Tel/Fax: (961)-1-397331 Email: [email protected] http://www.skeyesmedia.org Le contenu de ce rapport relève de la seule responsabilité de la Fondation Samir Kassir et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union européenne. Le contenu de ce rapport relève de la seule responsabilité de la Fondation Samir Kassir et ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de la Fondation pour le Futur. Traduction: Nada Sleiman Correction et relecture anglaise: Eric Reidy Mise en page graphique : Jamal Awada Impression: Chemaly & Chemaly, Beyrouth La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine Table des matières PrÉface 61 Skeyes en 2012 63 Liban 66 Syrie 74 Jordanie 83 Gaza 88 Cisjordanie 92 Territoires de 1948 98 conclusion 103 statistiques 104 59 La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine Préface 2012 : Une année rouge sang Ayman Mhanna En 2007, les fondateurs du Centre SKeyes pour la liberté de la presse et de la culture s’attendaient-ils à ce que vienne une année où le Centre comptera 91 journalistes, intellectuels, artistes et citoyens journalistes tués dans cet Orient arabe ? L’amélioration relative de la plupart des indicateurs de la liberté de la presse et de la culture, notamment le recul des cas d’agressions, d’arrestations et de décisions de censure, est vite balayée par le nombre de journalistes, d’intellectuels et d’artistes tués en 2012 ; plus de cinq fois le nombre enregistré en 2011. Tous les quatre jours, un journaliste, un intellectuel, un artiste, un citoyen journaliste était tué ; 96 pourcent d’entre eux sur le territoire syrien. La liberté de la presse et de la culture en 2012 a été marquée par les tendances et les caractéristiques suivantes : Tout d’abord en Syrie, le régime a lancé une campagne systématique pour faire taire les journalistes et les militants des droits de l’homme, ainsi que les figures artistiques et culturelles qui ne respectent pas le discours officiel. Arrestations, enlèvements, torture et assassinat ; rien ne leur a été épargné. À travers le pays, les citoyens journalistes se sont transformés en proies pour l’armée du régime. De l’autre côté du conflit, des factions de l’opposition ont commencé, surtout dans les quatre derniers mois de l’année, à attaquer les journalistes, les reporters et les institutions médiatiques pro-régime. Les professionnels des médias sont ainsi devenus une cible facile et une boîte aux lettres meurtrière entre les belligérants. L’afflux des journalistes internationaux en Syrie, pour couvrir les combats et rendre compte au monde de la souffrance du peuple syrien, a également été l’un des éléments marquants de 2012. Si ceux qui travaillent pour les grands médias internationaux ont reçu une formation pour opérer dans de telles zones de conflits et peuvent ainsi compter sur un réseau de suivi et de soutien en cas de problème, de nombreux reporters indépendants se sont rués en Syrie, y voyant une opportunité de se faire un nom. Pourtant, la plupart d’entre eux n’ont ni l’expérience ni la préparation nécessaire pour faire face aux nombreux dangers qui minent le terrain : les bombardements du régime ; le risque d’enlèvement par des milices pro-régime et les services de renseignement ; le risque d’enlèvement par les groupes islamistes intégristes ; et la présence de fixeurs peu scrupuleux qui les mettent dans des situations périlleuses par appât du gain. Certes, de nombreux journalistes internationaux ont écrit ou filmé en Syrie des reportages qui resteront dans les annales du métier, mais il convient de procéder d’urgence à une évaluation précise du travail journalistique là-bas, afin d’assurer à ceux qui s’y aventurent, le plus haut degré possible de protection. La situation au Liban a présenté des caractéristiques contradictoires. D’une part, la situation des libertés culturelles s’est quelque peu améliorée. Le nombre de décisions 61 PrÉface de censure a diminué, bien moins qu’il ne le faudrait cependant, et toutes les décisions judiciaires ayant trait à des cas de liberté d’expression ont été en faveur des artistes. D’autre part, les journalistes, reporters et photographes, plus que dans tout autre pays de la région, ont été victimes d’agressions physiques perpétrées aussi bien par les forces de sécurité officielles que par des acteurs non étatiques. Aucune action n’a été entreprise à l’encontre des responsables de telles exactions. Le laxisme honteux des autorités publiques a permis à des groupes politiques, religieux, confessionnels et claniques de briser toutes les barrières légales et morales. Ils ont imposé de fait leur propre censure sur des activités culturelles, enlevé et détenu des journalistes, soumettant certains à la torture et à la violence physique. L’impunité, qui caractérise tant de secteurs dont les médias et la culture, est aujourd’hui le danger le plus grave auquel sont confrontées les libertés publiques au Liban, expliquant par ailleurs la chute du pays dans les classements établis pas les organisations internationales concernées. Si, sur le papier, la Jordanie est le pays de la région où le nombre de violations directes a été le plus faible, le respect de la liberté de la presse et de la culture dans le Royaume hachémite n’est en aucun cas satisfaisant. L’ingérence publique éhontée dans les médias, en particulier celle des services de renseignement, a conduit à un degré dangereux d’autocensure de la part des journalistes et des artistes, afin d’éviter les tracas. Les amendements apportés à la Loi sur la presse et les publications, notamment ceux relatifs à internet, ne sont qu’une preuve supplémentaire des velléités de contrôle de la liberté d’expression, sous couvert de réglementations, de normes et de garde-fous. Dans ce contexte, la Palestine apparaît comme le seul endroit où l’espace des libertés culturelles et médiatiques a quelque peu augmenté. La réconciliation, bien que partielle, entre les mouvements Fatah et Hamas s’est traduite par une diminution du nombre de convocations et d’arrestations de journalistes. Ces pratiques n’ont néanmoins pas disparu. Les services de l’Autorité palestinienne montrent toujours peu de tolérance à l’égard d’articles dénonçant les cas de corruption trop fréquents en son sein et des critiques acerbes contre le président Mahmoud Abbas postées sur les réseaux sociaux. Dans la bande de Gaza, la créativité artistique fait toujours face à des obstacles quasi-insurmontables, imposés par le Hamas sous des prétextes religieux. La seule constante en Palestine est l’ampleur des exactions israéliennes. Les journalistes ont payé un lourd tribut lors de l’attaque de novembre 2012 sur Gaza. Trois d’entre eux ont été tués et plusieurs ont vu leurs bureaux et leurs domiciles détruits par les bombardements israéliens. En Cisjordanie, les journalistes ont été régulièrement la cible des soldats israéliens dispersant les rassemblements contre la colonisation et l’occupation. Dans les Territoires de 1948, une course sordide s’est installée entre, d’une part, les agressions de journalistes et, d’autre part, les lois et réglementations racistes dirigées contre les citoyens arabes et leur héritage culturel et linguistique. Tous ces développements prouvent au quotidien l’importance du travail du Centre SKeyes, pour donner aux journalistes et aux intellectuels du Proche-Orient une voix, un refuge et un cadre de soutien. Voilà notre promesse à Samir Kassir, aux fondateurs du Centre en 2007 et à un collègue qui a insufflé à SKeyes un esprit jeune, rebelle et engagé, avant de partir sans crier gare… Wajih Ajouz, tu nous manques tous les jours. Nous te dédicaçons ce rapport, puisse-t-il être le dernier qui déplore la mort d’un journaliste ou d’un artiste dans notre région. 62 SKeyes en 2012 SKeyes en 2012 22-24 janvier SKeyes participe au « Forum arabe de la presse libre » organisé par l’Association mondiale des journaux à Tunis, en Tunisie. 25 janvier SKeyes lance la sixième édition de sa newsletter « SKeyes Info ». 30-31 janvier SKeyes participe à une réunion de défenseurs de la liberté de la presse intitulée « Soutenir les médias arabes dans un contexte de transition et de (post)conflits », organisée par le Centre de Doha pour la liberté de la presse à Doha, au Qatar. 23 février SKeyes et Journalistes contre la violence organisent un sit-in de solidarité avec les journalistes victimes de la violence en Syrie à la Place Samir Kassir au centre-ville de Beyrouth, au Liban. 14 mars SKeyes prend part à la campagne civique contre l’adoption d’un projet de loi de réglementation d’Internet au Liban. 23 mars SKeyes participe à la « Journée de coopération de l’Union européenne » à Beyrouth, au Liban, et présente ses rapports et ses revendications liées à la liberté d’expression. 27 mars SKeyes lance son rapport annuel « La liberté de la presse et de la culture en 2011 ». 10 avril SKeyes et l’Institut français du Liban organisent une rencontre avec la présentatrice française Aïda Touihri intitulée « Comment rendre l’information internationale accessible au grand public » à l’Ambassade de France à Beyrouth, au Liban. 19 avril SKeyes participe à une conférence intitulée « Le Printemps arabe : les défis des transitions politiques et les leçons pour les sociétés civiles du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord » à Amman, en Jordanie, organisée par la Fondation Friedrich Ebert, l’Initiative de réforme arabe et l’Institut des hautes études internationales de Genève. 1er mai SKeyes participe à la Nuit du Graffiti en solidarité avec des graffeurs arrêtés par la police à Beyrouth, au Liban. 2-3 mai A l’occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse, SKeyes, l’UNESCO et IREX organisent un atelier de formation intitulé « Jeunes défenseurs de la liberté de la presse » à Amman, en Jordanie. 7 mai SKeyes participe à une conférence intitulée « La liberté de la presse : les principaux défis et les responsabilités professionnelles » organisée par l’UNESCO à Beyrouth, au Liban. 30 mai SKeyes et sept autres organisations internationales de défense de la liberté de la presse et des droits de l’homme lancent un appel commun réclamant la libération de Mazen Darwiche et des autres membres du Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression arrêtés en Syrie le 16 février. 63 SKeyes en 2012 SKeyes en 2012 15 juin SKeyes et l’Institut français du Liban organisent une rencontre avec la journaliste française Audrey Pulvar intitulée « Divertissement et émissions politiques : un mariage difficile ? » à l’Ambassade de France à Beyrouth, au Liban. 21 juin SKeyes et 82 autres organisations internationales de défense de la liberté de la presse et des droits de l’homme signent un appel commun à la libération des défenseurs de la liberté d’expression détenus au secret en Syrie. 21-22 juin SKeyes participe à un séminaire à Montpellier, en France, intitulé « e-Politique : après les révolutions, les élections » organisé par Canal France International. 27 juin SKeyes et Civic Hub organisent un débat sur les tabous dans le journalisme libanais à Beyrouth, au Liban. 2 juillet SKeyes lance « Mamnou3 », une web-série satirique sur la vie quotidienne au sein du bureau libanais de la censure, lors d’une projection spéciale organisée à AltCity à Beyrouth, au Liban. 13-15 juillet SKeyes organise une conférence internationale intitulée « La couverture médiatique des élections : nouvelles tendances, nouveaux défis » à l’Hôtel Al-Bustan, Beit Mery, au Liban, avec le soutien de l’Union européenne, la Fondation pour le Futur et Canal France International. 23 septembre SKeyes et 15 autres organisations de défense de la liberté de la presse et des droits de l’homme lancent l’Initiative contre les disparitions forcées et les détentions arbitraires en Syrie, lors d’une réunion au siège de la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme à Paris, en France. 29 septembre-1er octobre SKeyes organise un atelier de formation de journalistes palestiniens consacré à la rédaction de reportage de presse en langue anglaise, sur la Mer Morte, en Jordanie. 64 5 octobre SKeyes participe à une table ronde sur la réforme du secteur des médias au Liban organisée par Beyond Reform and Development à Beyrouth, au Liban. 6 octobre SKeyes participe à un débat sur la censure et la liberté d’expression lors de la conférence « Share Beirut » à Sin el-Fil, au Liban. 13 octobre SKeyes lance une publication spéciale en langue française intitulée « La liberté de la presse et de la culture – Défis et morceaux choisis » incluant divers articles écrits pour le Centre ou à propos de ses activités. La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine SKeyes en 2012 26 octobre-4 novembre SKeyes tient un stand lors du Salon du Livre francophone de Beyrouth, au Liban, et organise une exposition des dessins de l’artiste syrien Juan Zero. Le stand présente également des initiatives civiques libanaises des organisations suivantes : l’Association libanaise pour l’éducation et la formation, Dispatch Beirut, l’Association libanaise pour la démocratie des élections, Nahwa al-Muwatiniya et MAJAL – l’Institut d’urbanisme de l’Académie libanaise des beaux-arts. 30 octobre SKeyes organise une table ronde intitulée « Re-construire le jour d’après » dans le cadre du Salon du Livre francophone, avec les architectes libanais Bernard Khoury et Serge Yazigi, la directrice de la zone Afrique du Nord à l’Institut démocratique national Barrie Freeman et le professeur de sociologie politique à l’Institut des hautes études internationales de Genève Riccardo Bocco. 3 novembre Présentation de la web-série « Mamnou3 » nommée au titre de la Meilleure web-série de l’année 2012, lors du Festival Tous Ecrans à Genève, en Suisse. 12 novembre SKeyes participe à la conférence de presse des parents d’Austin Tice, le journaliste américain porté disparu en Syrie, tenue à Beyrouth, au Liban. 16-18 novembre SKeyes participe au « Forum international de la sécurité de Halifax » organisé par le ministère canadien de la Défense et Foreign Affairs Magazine à Halifax, au Canada. 20 novembre SKeyes lance une publication spéciale intitulée « Un hommage à Wajih Ajouz » en mémoire du chercheur du Centre, mort dans un accident de voiture le 14 septembre. 29 novembre-1er décembre SKeyes organise un atelier de formation à la vérification des faits à l’Ambassade de France à Beyrouth, au Liban. 3 décembre SKeyes participe à un débat sur la censure au Liban à l’Université américaine de Beyrouth. 7 décembre SKeyes et l’Institut français du Liban organisent une rencontre avec les journalistes français Yann Barthès et Julien Beau intitulée « La satire politique : journalisme ou divertissement ? » à l’Ambassade de France à Beyrouth, au Liban. 11 décembre SKeyes rejoint le Groupe de travail technique sur les élections, animé par le Comité d’assistance aux élections libanaises du Programme des Nations unies pour le développement et qui regroupe plusieurs organisations locales et internationales œuvrant pour un processus électoral libanais transparent et démocratique. 15 décembre SKeyes participe à un atelier de formation intitulé « L’activisme numérique au Moyen-Orient » organisé par la Fondation Friedrich Naumann et l’Association libanaise pour la transparence à Beyrouth, au Liban. 65 Liban 2012 Les journalistes victimes d’agressions et de censure partisane Rima Awad Pour la deuxième année consécutive, les violations médiatiques et culturelles commises au Liban montrent clairement les répercussions du conflit syrien sur la scène libanaise. L’exaction la plus dangereuse fut le meurtre du caméraman de New TV Ali Shaaban, tué par les balles des forces syriennes. Celui-ci était en mission avec deux collègues, Abdel-Azim Khayat et Hussein Khreiss, à la frontière syro-libanaise, dans la région de Wadi Khaled. Des membres de l’armée syrienne ont été inculpés mais aucun acte concret n’a été entrepris pour les traduire en justice. Les services de renseignement syriens ont également procédé à la collecte d’informations se rapportant aux signataires de la déclaration « Citoyens libanais du Sud soutenant la révolution de leurs frères en Syrie ». D’autres violations graves ont eu lieu : des francstireurs ont ouvert le feu sur les journalistes qui couvraient des incidents à Tripoli à la place Abou Ali ; l’ingénieur de la retransmission en direct de la chaîne Sky News Hussein Nakhlé a été blessé à la tête et la journaliste canadienne Maria Moore a souffert de brûlures à la jambe. Par ailleurs, des dizaines d’agressions ont été menées contre le corps médiatique : le caméraman de la chaîne Al-Arabiya Alain Khoury et le producteur Georges Nassif ont été agressés pendant qu’ils filmaient un reportage spécial entre Bab El-Tebbaneh et Jabal Mohsen à Tripoli. De plus, plusieurs manifestants protestant contre l’enlèvement de Libanais en Syrie ont attaqué les véhicules des chaînes LBC, OTV, MTV et New TV sur la route menant à l’aéroport, et les journalistes ont été insultés et certains roués de coups. Par ailleurs, quinze personnes parmi les employés licenciés de la maison de production télévisuelle PAC et de LBC, ainsi que des membres de leurs familles, ont été blessés lors d’une altercation avec les forces de sécurité, alors qu’ils manifestaient devant le siège de la compagnie à Adma, contre le non paiement de leurs indemnités. Des individus masqués ont attaqué le bâtiment de la chaîne New TV, brûlant des pneus et tirant des coups 66 de feu. Cet événement a soulevé de nombreuses questions quant à la protection des institutions médiatiques, de crainte que de pareilles opérations ne se reproduisent, notamment après la remise en liberté du responsable de l’attaque contre une caution dérisoire. Celui-ci avait été pris en flagrant délit mais des interventions partisanes avaient suivi et conduit à sa libération. Dans un entretien télévisé à la chaîne syrienne prorégime Al-Dounia, l’ex-député Nasser Kandil a menacé plusieurs journalistes qui ne couvrent pas le conflit en Syrie d’une manière favorable au régime, mentionnant le nom de la reporter de la chaîne Al-Arabiya, Najwa Kassem. Celle-ci a fait porter à Kandil la responsabilité de sa sécurité et de celle de sa famille au Liban. En 2012, des groupes armés non étatiques ont procédé à l’enlèvement et à la détention de plusieurs journalistes et les ont soumis à des interrogatoires, en violation de toutes les lois en vigueur. Des membres du Hezbollah ont arrêté le journaliste Rami Aysha et l’ont roué de coups lors de son interrogatoire, avant de le remettre à la police militaire, où les mauvais traitements ont continué. Par ailleurs, des membres du Hezbollah ont retenu deux journalistes du site NOW Lebanon, Ana Maria Luca et Naziha Baassiri, à Nabichit, dans la plaine de la Békaa, pendant près d’une heure, alors qu’elles couvraient des incidents dans la région. Des hommes armés ont également enlevé trois employés de la chaîne Al-Yassariya. Alors que la justice n’a rien entrepris à l’égard de ceux qui s’en sont pris aux journalistes, elle a joué un rôle positif dans le domaine de la liberté artistique et culturelle et plusieurs artistes ont été acquittés à l’issue de leurs procès. Le tribunal militaire a acquitté les blogueurs et militants des droits de l’homme, Khodor Salameh et Ali Fakhry, et la justice a abandonné les poursuites contre les acteurs Edmund Haddad et Rawiya AlChab, suite au sketch « Halleluiah it’s raining », ainsi que les poursuites contre le graffiste Semaan Khawam. La réalisatrice du film « Beirut Hotel », La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine Danielle Arbid, a intenté un procès contre l’État libanais auprès du Conseil d’État ; une première en termes de confrontation juridique des décisions de censure. La Sûreté Générale a quant à elle menacé de traduire le journaliste Michel Hajji Georgiou en justice, suite à sa publication d’un article intitulé « Abbas Ibrahim sur les traces de Jamil Sayyed ? » dans le quotidien L’Orient-Le Jour. Elle a également saisi le passeport du militant Wissam Tarif et l’a empêché de se rendre en Turquie ; de plus, elle a censuré une scène du film « To Baalbek » à la demande des Forces de sécurité intérieure. Des scènes du film turc « Fetih 1453 » et du film libanais « Tannoura Maxi » ont aussi été censurées à la demande des autorités religieuses chrétiennes. Les services de renseignement de l’armée ont violemment arrêté le rappeur Pierre Hachache et l’ont roué de coups dans le souk de Batroun, à la suite d’un commentaire publié sur Facebook ; il a été relâché au bout d’une semaine, sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui. En 2012, les tentatives de censure non officielle ont pris une ampleur considérable : des autorités religieuses, des mouvements politiques et des organisations communautaires ont saisi le Conseil national des médias audiovisuels au sujet de deux émissions d’éducation sexuelle diffusées respectivement sur LBC et New TV. De même, une campagne a été lancée sur Facebook contre le caricaturiste Pierre Sadek, suite à sa publication d’un dessin représentant le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dans le journal Al-Joumhouriya et sur son site internet. De plus, la diffusion du film « Tannoura Maxi » a été arrêtée, suite aux pressions exercées par le Centre catholique d’information (CCI) sur la Sûreté Générale. Le film n’a été rediffusé en salle qu’après modification et suppression de quelques scènes. Racha Al-Amine, une étudiante en première année de journalisme, a été menacée en raison d’un article qu’elle a écrit sur l’influence politique de certains partis au sein de l’Université libanaise, et une toile peinte par l’artiste Zeina El-Khalil, représentant Hassan Nasrallah aux côtés de la chanteuse Shakira, a été retirée du Beirut Art Fair au BIEL suite à des pressions exercées par des membres du Hezbollah. Enfin, l’année a été marquée par la vague de licenciement d’un très grand nombre d’employés au sein des institutions médiatiques libanaise : la compagnie PAC et LBC ont renvoyé 397 employés, le quotidien Al-Mustaqbal et Future TV ont licencié 35 employés, MTV cinq journalistes et techniciens, et LBC SAT a annulé les contrats de travail de 51 employés supplémentaires. 67 Liban 2012 Le fil des exactions Janvier 11/1 18/1 19/1 19/1 La page Facebook du magazine Al-Jaras piratée. La page Facebook de la journaliste Paula Yacoubian piratée. La chanteuse belge Lara Fabian annule ses concerts au Casino du Liban suite à des pressions de la campagne de boycott d’Israël au Liban. Le site d’informations NOW Lebanon piraté. Février 4/2 6/2 8/2 9/2 9/2 23/2 24/2 24/2 Un reporter de MTV forcé d’effacer des photos prises dans une usine de fabrication de chips avariées. Le site Internet de la chaîne NBN piraté. Le tribunal militaire condamne le militant des droits de l’homme Ali Khalil à deux mois de prison, commués en une amende, pour atteinte à la réputation de la direction générale des Forces de sécurité intérieure, diffamation et injures. Le site Internet des Forces libanaises subit une tentative de piratage. L’ancien député Nasser Kandil menace les journalistes hostiles au régime syrien et nomme en particulier la journaliste Najwa Kassem et annonce l’établissement d’un « tribunal des crimes de guerre médiatiques ». Les caméramans de LBC et New TV forcés d’effacer des images montrant des employés de l’Electricité du Liban (EDL) en mission dans le quartier de Tarik Al-Jdideh. Une exposition turque saccagée à l’Hôtel Monroe par des partisans de la cause arménienne. Campagne médiatique et électronique contre le dessinateur Pierre Sadek pour avoir représenté Hassan Nasrallah dans l’une de ses caricatures. Mars 1/3 Anonymous Lebanon revendique le piratage de quatre sites Internet gouvernementaux. 2/3 Le journaliste Ali Atoui reçoit des menaces sur Facebook pour avoir exprimé son rejet de la peine de mort suite à l’assassinat de Mohammad Al-Natout à Saida. 8/3 Le site Internet du ministère du Travail piraté. 14/3 Entraves au travail de plusieurs photographes et reporters lors du rassemblement de la coalition du 14 Mars au BIEL. 16/3 Les comédiens du programme Ma Fi Metlo menacés de mort par SMS. 68 La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine 19/3 20/3 24/3 Le groupe Arab Attack pirate le site Internet du journal Al-Kifah Al-Arabi. Le producteur Omar Abhiss reçoit des menaces après avoir publié un communiqué concernant le licenciement d’employés de la chaîne de télévision Palestine Today. Piratage de quatre pages Internet appartenant à la journaliste Rouaida Mroué. Avril 2/4 Le caméraman de MTV Elie Assaker battu lors d’un tournage dans une école où un élève aurait été violé. 9/4 Le caméraman de New TV Ali Shaaban tué par les balles de l’armée syrienne à la frontière nord. Ses collègues Hussein Khreiss et Abdel-Azim Khayat essuient des tirs. 11/4 Altercation entre une équipe technique de MTV et les gardiens du siège central du Parti Kataëb à Saifi. 14/4 Tirs sur la voiture du journaliste Moustapha Moustapha Geha à Damour. 15/4 Le site du Syndicat des photographes de presse libanais piraté. 16/4 Un groupe se faisant nommer « Erfaa Sawtak » (Hausse ta voix) revendique le piratage de 16 sites Internet gouvernementaux libanais à deux reprises. 16/4 Le site Internet de la chaîne MTV piraté. 20/4 Les blogueurs Khodor Salameh et Ali Fakhry arrêtés pour avoir dessiné des graffitis favorables à la révolution syrienne sur des murs de Beyrouth, dans le quartier de Béchara El-Khoury. 21/4 Les forces de l’ordre agressent les photographes Khaled Ayad et Hussein Beydoun lors d’un sit-in de solidarité avec Khodor Salameh et Ali Fakhry. 25/4 Agression du caméraman de la chaîne Al-Arabiya Alain Khoury et du producteur Georges Nassif lors du tournage d’un reportage entre Bab El-Tebbaneh et Jabal Mohsen. 26/4 Le site Internet de la Fondation de l’Uléma Mohammad Hussein Fadlallah piraté. 28/4 Le journaliste et militant politique Béchara Khairallah reçoit des menaces et des insultes en réaction à ses positions politiques. Mai 3/5 5/5 Les gardes du corps du Secrétaire d’Etat américain adjoint Jeffrey Feltman entravent le travail des photographes au domicile du député Walid Joumblatt à Clémenceau. La page Facebook de la présentatrice Mona Abou Hamzé piratée. 69 Liban 2012 Le fil des exactions 15/5 Le journaliste Sohaib Ayoub agressé à deux reprises à quelques heures d’intervalle à Tripoli lors du tournage d’un reportage à la Place Al-Nour et dans la région d’Al-Zahrieh. 17/5 Des inconnus agressent l’équipe de la chaîne Russia Today à Tripoli. 20/5 Une équipe de New TV se fait agresser à Abdeh au Liban-Nord. 21/5 Le caméraman de Future TV Naji Mazboudi agressé à Tarik Al-Jdideh. 21/5 Le film « Tannoura Maxi » retiré des salles de cinéma suite aux pressions du CCI. Il est reprogrammé après la censure de certains passages. 21/5 Une scène du film « To Baalbeck » censurée à la demande des Forces de sécurité intérieure. 28/5 Le journaliste Afif Diab reçoit des menaces téléphoniques suite à un article concernant Ziad Homsi, accusé de collaboration avec Israël. Juin 2/6 Le journaliste Afif Diab agressé par des membres de la famille de Ziad Homsi alors qu’il enquêtait pour un reportage à Chtaura. 10/6 Les journalistes Ghadi Francis et Firas Al-Choufi agressés à Dhour El-Choueir lors de la couverture des élections internes au sein du Parti syrien national socialiste (PSNS). 13/6 La journaliste Luna Safwan reçoit des menaces sur son profil Facebook après avoir vivement critiqué le PSNS. 14/6 L’Ordre des médecins obtient la suspension de la diffusion du programme « The Doctors » sur MTV. 14/6 Le site d’information Youkal.Net piraté. 14/6 L’étudiante Racha Al-Amine convoquée et menacée pour avoir publié un article dénonçant la mainmise politique sur la Faculté d’information à l’Université libanaise. 15/6 Le site Internet de l’Association palestinienne pour les droits de l’homme piraté. 18/6 Le photographe de la chaîne Al-Manar Khodor Markiz battu sur la route de l’aéroport. 25/6 Des hommes masqués attaquent le siège de New TV, brûlent des pneus à l’entrée et tirent sur le bâtiment. 25/6 Le caméraman de Télé Liban Mohammad Rahmé harcelé et sa caméra confisquée lors d’un sit-in dans le quartier de Béchara El-Khoury. 25/6 Le site Internet de New TV piraté. 25/6 Les Renseignements de l’armée interpellent la réalisatrice jordanienne Sandra Madi au camp de réfugiés de Nahr El-Bared et l’interrogent pendant quatre heures. 28/6 Le reporter de la chaîne Al-Manar Dia’ Abou Taam et deux caméramans arrêtés à proximité des domiciles des députés Sethrida Geagea et Antoine Zahra à Zouk Mosbeh. 70 La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine Juillet 3/7 12/7 19/7 19/7 26/7 26/7 28/7 Le site Internet du militant politique Chadi Nachabé piraté. Un tableau de l’artiste peintre Zeina Al-Khalil, montrant côte à côte le leader du Hezbollah Hassan Nasrallah et la chanteuse Shakira, retiré d’une exposition au BIEL suite à des pressions du Hezbollah. Le président de l’Association palestinienne pour les droits de l’homme, Abdel-Aziz Tarekji, battu à Saida. Des partisans du Courant patriotique libre (CPL) agressent les équipes de tournage de MTV et OTV lors d’un sit-in dénonçant la grève des employés de l’EDL. Entraves au travail de l’équipe de tournage de MTV lors d’un second sit-in du CPL à Achrafieh contre la grève des employés de l’EDL. Les journalistes Mahmoud Al-Zayat et Jamal Al-Gharbi agressés par les forces de l’ordre à Saida. Le site Internet de la chaîne OTV piraté. Août 3/8 10/8 15/8 15/8 16/8 16/8 23/8 24/8 26/8 Des techniciens de la troupe de théâtre de Gisèle Hachem Zard agressés lors d’une altercation avec le Moukhtar de Kfardebian. Le correspondant du journal An-Nahar et de la chaîne Al-Mayadeen Abbas Sabbagh insulté et malmené lors d’un sit-in des parents des otages libanais détenus en Syrie. Les véhicules de retransmission de plusieurs chaînes de télévision attaqués sur la route de l’aéroport lors d’un sit-in de solidarité avec les otages libanais détenus en Syrie. Des hommes masqués font irruption au siège de la chaîne Al-Yassariya et enlèvent trois employés, avant de les libérer deux heures plus tard. Le journaliste Joseph Abou Fadel blessé à la main après l’attaque de sa voiture à Kab Elias, alors qu’il rentrait de Syrie. L’artiste Semaan Khawam reçoit des menaces sur Facebook en réponse à son soutien à la révolution syrienne. Des partisans du régime syrien piratent le compte Twitter de la chaîne Al-Mayadeen. Hussein Nakhlé, technicien à Sky News Arabia, et la journaliste canadienne Maria Moore blessés par les balles d’un sniper à Tripoli. Le photographe de l’agence Associated Press Ghassan Sweidan agressé à Bab El-Tebbaneh à Tripoli. 71 Liban 2012 Le fil des exactions 27/8 28/8 30/8 Des inconnus agressent l’équipe de MTV à Tripoli et empêchent la correspondante Berna Nehmé Chédid de continuer son récit en direct. Des photographes amateurs empêchés de prendre des photos à Ain El-Mreisseh sous prétexte qu’ils n’avaient pas d’autorisation délivrée par le gouverneur de Beyrouth. Le journaliste Rami Aysha détenu par des membres du Hezbollah, qui l’interrogent et le torturent, avant de le livrer aux Renseignements de l’armée, où les mauvais traitements ont continué. Septembre 9/9 14/9 19/9 25/9 Les Renseignements de l’armée interpellent la correspondante du journal Al-Diyar à Tripoli Doumouh Al-Asmar et la relâchent trois heures plus tard, dans une affaire liée à des tentatives d’enlèvement d’opposants syriens au Liban. Après avoir mis le feu au restaurant KFC à Tripoli, des inconnus brisent la caméra du photographe du journal The Daily Star Antoine Amrieh. La police du Parlement et des soldats agressent des militants et des blogueurs de la Campagne civile pour la réforme électorale lors de leur sit-in Place de l’Etoile. Un agent de sécurité du centre commercial Le Mall à Dbayé agresse le photographe du journal The Daily Star Hassan Shaaban. Octobre 2/10 3/10 5/10 10/10 15/10 22/10 72 Les forces de sécurité empêchent les médias de couvrir un sit-in d’étudiants à l’Université libanaise. Les journalistes de NOW Lebanon Ana Maria Luca et Naziha Baassiri brièvement détenues et interrogées par des membres du Hezbollah à Nabichit dans la Békaa. Une version modifiée de la sérié télévisée « Rome » diffusée sur MTV. Certaines scènes du film « Fetih 1453 » censurées comme condition à sa diffusion dans les salles de cinéma. Le site Internet du journal An-Nahar piraté à plusieurs reprises. Jet de cocktail Molotov sur une équipe de tournage de Télé Liban près de Tarik Al-Jdideh. La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine Novembre 6/11 Un présentateur de Télé Liban agresse une collègue lui causant plusieurs fractures. 6/11 La publicité de la boisson énergétique XXL retirée des chaînes de télévision suite à un accord à l’amiable avec le Syndicat des infirmières et infirmiers. 12/11 Le correspondant de la chaîne Al-Mayadeen Omar Kayed giflé par des partisans du Cheikh Ahmad Al-Assir à Saida. 14/11 La Sûreté Générale interdit l’importation des DVD de trois films du réalisateur Pierre Dawalibi ; ce dernier n’ayant pas pu produire les permis de tournage de ses films. 21/11 Les Renseignements de l’armée arrêtent le chanteur de rap Pierre Hachache après l’avoir violemment battu à Batroun, suite à un commentaire posté sur Facebook critiquant le Commandant de l’Armée le Général Jean Kahwagi. 23/11 Les forces de sécurité intérieure détruisent une installation artistique érigée par Dispatch Beirut à la Place des Martyrs pour célébrer la Fête de l’Indépendance. 26/11 Le site Internet de l’Observatoire parlementaire libanais piraté. Décembre 8/12 15/12 Quinze ex-employés de PAC et LBC ainsi que des membres de leurs familles agressés par les forces de sécurité lors d’une altercation durant un sit-in devant le siège de la chaîne à Adma. L’étudiant à l’Université américaine de Beyrouth Ahmad Zahreddine empêché de prendre des photos à la Place de l’Etoile sous prétexte qu’il n’a pas reçu d’autorisation préalable. 73 Syrie 2012 Les journalistes aux portes de l’enfer Jaber Baker Les combats opposant l’armée régulière à l’armée syrienne libre ont été particulièrement meurtriers pour les journalistes et intellectuels syriens. 85 journalistes, citoyens journalistes, artistes et écrivains et deux militants des droits de l’homme ont trouvé la mort en Syrie en 2012. Cette tragédie est le résultat logique de l’intransigeance du régime syrien et de son obstination à opter pour la réponse militaire au soulèvement populaire. Le conflit s’est transformé en une opération de destruction à grande échelle qui peut être qualifiée de conflit des « portes ouvertes » ; ouvertes à l’entrée de tous genres d’armes. La scène syrienne est ainsi devenue un champ de bataille régional. L’aspect civil de la révolution a été quasiment détruit, le côté pacifique a entièrement disparu et l’approche basée sur la non-violence a été grandement éradiquée. La violence des combats entre le régime et l’opposition armée a fait de la Syrie le pire endroit sur terre pour les journalistes, selon les organisations internationales concernées. Il convient notamment de reconnaître que le régime bombarde et détruit les villes au moyen d’avions et de missiles sophistiqués, alors que l’opposition a recours à des armes plus légères. L’année a débuté avec l’assassinat du journaliste syrien Choukri Aboul-Borghol, tué par un sniper du régime à Daraya, bien que les médias du gouvernement aient prétendu que des hommes armés sont entrés par effraction dans son appartement et l’ont tué, simplement parce qu’il travaillait pour une institution rattachée au régime. Par ailleurs, le journaliste de France 2, Gilles Jacquier, a succombé à ses blessures après avoir été touché par des éclats d’obus à Homs. Plusieurs journalistes accompagnant Jacquier ont accusé l’armée du régime de ne pas leur avoir fourni la protection nécessaire, alors qu’ils se trouvaient dans des régions sous contrôle du gouvernement. La violence s’est accrue en février, avec le meurtre de cinq journalistes syriens, alors qu’ils couvraient les opérations militaires à Homs. Ce changement radical du cours des événements a porté l’attaque menée par le régime contre le 74 corps médiatique, civil et culturel de la révolution, au stade de la liquidation physique et des meurtres prémédités. Le régime syrien ne s’est pas contenté des arrestations arbitraires, de l’aliénation des libertés et de la torture ; le processus de liquidation physique systématique a pris une ampleur considérable. Les centres médiatiques à Deir Baalba, Al-Khalidiyyeh et Baba Amr à Homs ont été pris pour cible et nombre de journalistes et citoyens journalistes ont été tués, comme la journaliste américaine Mary Colvin et le photographe français Rémi Ochlik. Le 16 février, le Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression a été pris d’assaut et toute l’équipe de travail, dirigée par Mazen Darwiche, a été arrêtée. Celui-ci demeure jusqu’à ce jour – ainsi que nombre de ses collègues – aux mains des services de renseignement de l’armée de l’air. Leur état de santé et les conditions de leur incarcération demeurent inconnus et l’on craint que des peines trop sévères ne soient prononcées contre eux. Le premier cas d’un citoyen journaliste décédé sous la torture – celui de Abdel-Razzak Darwiche à Deir Ez-Zor – a eu lieu en février 2012. Cette situation s’est réitérée jusqu’à devenir quasi systématique et de nombreux écrivains et journalistes ont péri sous la torture, ce qui prouve que la répression sanglante des militants journalistes et des intellectuels fait partie d’un plan établi à l’avance. Les meurtres se sont multipliés au milieu de l’année et ont atteint le pic de l’atrocité avec l’exécution du militant Khaled Mahmoud Kabisho dans la ville d’Idleb; sa tête aurait ensuite été écrasée par un char de l’armée syrienne. Le meurtre incessant de militants a poussé les rebelles armés à cibler les journalistes travaillant pour les institutions du régime syrien : des membres de l’opposition ont attaqué les locaux d’Al-Ikhbariya TV, y tuant trois journalistes. Ils ont également agressé un correspondant de la chaîne alors qu’il couvrait en direct les événements dans la ville d’Alep. Cette tendance a pris un tournant dangereux avec La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine l’enlèvement puis l’exécution du présentateur de la télévision officielle syrienne, Mohammad Al-Saïd, par le Front Al-Nosra. Les opérations menées par les rebelles ne se sont pas limitées aux médias du régime mais ont atteint les médias occidentaux qui commençaient à prendre position contre les mouvements jihadistes opérant en Syrie. Des opposants armés ont enlevé le photographe néerlandais Jeroen Oerlemans et le journaliste britannique John Cantlie au mois de juillet 2012. Au milieu du chaos régnant parmi les rangs des forces de l’opposition, le régime a poursuivi sa campagne de répression sanglante à l’encontre des journalistes, intellectuels et artistes, recourant à diverses formes d’exactions. Le sculpteur Waël Kastoun est mort sous la torture dans un centre de détention à Homs. En août, sept journalistes ont été tués et, en septembre, un nombre record a été atteint avec 13 journalistes, militants et écrivains tués. L’atrocité des violations a atteint un nouveau pic avec l’exécution de l’écrivain Ibrahim AlKharit et de ses deux fils par les forces de sécurité à Deir Ez-Zor, sous les yeux des membres de leur famille et des voisins. Mais cette escalade de la violence n’a permis ni au régime ni à l’opposition de trouver des solutions ou de garantir des espaces sécurisés. La tragédie s’est poursuivie et neuf journalises et écrivains syriens ont trouvé la mort en octobre, que ce soit sous la torture, par liquidation ou suite aux bombardements ou aux combats entre armée et rebelles. Au cours des derniers mois, le rythme des attaques ciblées est resté très élevé. En effet, 11 journalistes ont trouvé la mort au cours du mois de novembre. Une dernière vidéo de la traductrice ukrainienne Anhar Kochneva, enlevée par l’opposition armée à Homs et accusée de travailler pour le compte du régime syrien et de la Russie, a été diffusée. Celle-ci a d’ailleurs été menacée d’exécution si les « exigences des ravisseurs n’étaient pas satisfaites » ; d’ailleurs, elles ne le seraient toujours pas. En décembre, huit journalistes et citoyens journalistes, dont trois travaillant pour la télévision syrienne, ont été tués par les balles de l’opposition armée. Le régime syrien a par ailleurs poursuivi les meurtres de journalistes et de citoyens journalistes ainsi que les arrestations arbitraires. L’opposition a également recouru à la liquidation et aux arrestations de citoyens journalistes qu’elle soupçonne de ne pas lui être favorables. Les meurtres ont atteint un nombre record cette année et la plupart des parties ont participé à l’arrestation ou à l’enlèvement de dizaines de personnes sur le territoire syrien. L’enlèvement de journalistes étrangers a également occupé une place importante. Le régime, pour se débarrasser de ces journalistes, a kidnappé plusieurs reporters, puis a négocié leur remise en liberté avant de les expulser du pays. L’affaire la plus mystérieuse demeure celle du journaliste américain Austin Tice ; ses ravisseurs ont réussi à le cacher pendant un mois environ, avant qu’une vidéo, montrant Tice les yeux bandés en plein jour, et entouré d’hommes armés présumés appartenir au mouvement Al-Qaïda ou à la mouvance salafiste jihadiste, ne soit mise en ligne. L’affaire soulève de nombreuses questions sur lesquelles il convient de s’attarder : Tice entretenait de bonnes relations avec les révolutionnaires, ce qui renforce les doutes qu’il ait été enlevé par des parties pro-régime. La vidéo semble être une mauvaise mise en scène et plusieurs éléments viennent réduire la probabilité que les hommes dans la vidéo soient effectivement des membres d’Al-Qaïda ou d’organisations fondamentalistes. Ces dernières ont bien enlevé John Cantlie et Jeroen Oerlemans en juillet 2012, mais elles n’ont diffusé aucune vidéo et n’ont pas mentionné leurs noms dans les rapports, contrairement aux vidéos où la traductrice Anhar Kochneva apparaît, ce qui prouve la diversité des modes d’actions des forces armées opérant sur le territoire syrien. Mais, en comparaison avec ces organisations, le régime syrien demeure indéniablement le plus difficile à cerner. Ses services ont mené plusieurs opérations d’enlèvements suivies de négociations dans le cas des journalistes étrangers, la plus importante étant celle du journaliste turc Cuneyt Unal. Des négociations ont été entamées avec l’opposition et le gouvernement turcs avant qu’il ne soit libéré. Le régime continue cependant à refuser de donner des informations sur la détention de l’employeur d’Unal, le journaliste palestinien Bachar Fahmi Al-Qadoumi, qui travaille pour la chaîne Al-Hurra. Al-Qadoumi et Unal ont cependant été arrêtés le même jour, le 20 août 2012 à Alep, alors qu’ils étaient en compagnie de la journaliste japonaise Mika Yamamoto, tuée ce jour-là. De même, le régime nie la présence de tout journaliste dans ses prisons, quelle que soit sa nationalité, au moment où il laisse la porte ouverte aux négociations, susceptibles de répondre à ses 75 Syrie 2012 exigences médiatiques, politiques et militaires. Le 22 novembre, c’est au tour du reporter américain James Foley de se faire enlever ; Foley avait été kidnappé en Libye quelques mois auparavant, pendant plus de six semaines, par l’armée du Colonel Kadhafi. Sur le plan culturel, d’innombrables sites archéologiques ont été détruits. Des pièces rares ont été volées et le patrimoine historique du pays a été saccagé. Douze musées syriens ont été détruits dans cinq provinces différentes, ainsi que plusieurs quartiers historiques. Des sites archéologiques ont également été pillés. Cette guerre impitoyable a transformé les citadelles et forteresses en sites militaires et casernes abritant les combattants, ou en a même fait des cibles de bombardement massif, dans un conflit sordide que rien ne semble capable d’arrêter. Le fil des exactions Janvier 2/1 3/1 11/1 22/1 31/1 Le journaliste Choukri Aboul-Borghol tué par une balle au visage à Rif Dimashq. Le blogueur Mohammad Ghazi Kannas arrêté à Damas. Le journaliste français Gilles Jacquier tué et le photographe belge Steven Wassenaar blessé par un obus dans la région d’Al-Zahraa à Homs. Les autorités syriennes arrêtent le réalisateur Ghassan Abdallah et le relâchent le même jour. La sécurité syrienne arrête l’artiste peintre Khodor Abdel-Karim à Hassaké. Février 2/2 4/2 7/2 13/2 16/2 21/2 22/2 22/2 24/2 24/2 26/2 28/2 29/2 76 La sécurité militaire arrête l’artiste Bahraa Hijazi. Le citoyen journaliste Mazhar Tayyara tué lors du bombardement de Homs. L’artiste Muthanna Al-Maassarani tué par une balle à Homs. Le journaliste Ahmad Al-Sallal arrêté à Raqqa. Arrestation des membres du Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression, dont son directeur Mazen Darwiche. Le photographe Rami Ahmad Al-Sayed tué à Baba Amr par un obus sur sa voiture. Le militant des droits de l’homme Nasreddine Barhak succombe à ses blessures suite à sa tentative d’assassinat le 13 février, alors qu’il se rendait à un sit-in de solidarité avec les prisonniers politiques. La journaliste américaine Mary Colvin et le photographe français Rémi Ochlik tués et la journaliste française Edith Bouvier et le reporter britannique Paul Conroy blessés lors des bombardements sur Baba Amr à Homs. Le citoyen journaliste Anas Al-Tarcha tué lors du bombardement de Homs. Des opposants au régime syrien piratent le site de la chaîne Al-Dounia. Le journaliste Nabil Charbaji arrêté à Daraya. Le citoyen journaliste Abdel-Razzak Darwiche meurt en prison. Le correspondant palestinien de la chaîne Al-Alam Mohannad Omar arrêté. La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine Le fil des exactions 29/2 29/2 L’acteur et scénariste Adnan Ziraï arrêté. Le citoyen journaliste Molhem Al-Jundi blessé par les balles de l’armée syrienne à Homs. Mars 3/3 La sécurité militaire arrête la blogueuse et militante des droits de l’homme Rafaa Al-Masri à Damas. 5/3 L’ancienne présidente du l’Union des femmes syriennes Dalal Farran tuée par un sniper à Hama. 7/3 Arrestation de la journaliste Itab Al-Labbad, du blogueur Jihad Jamal et de la militante des droits de l’homme Yara Chammas à Damas. 8/3 La sécurité politique arrête le militant des droits de l’homme Omar Kandakji à Homs. 9/3 Le journaliste turc Adam Ozkose et le photographe Hamit Coskun portés disparus à Idleb. 14/3 Le citoyen journaliste Assad Hilal tué par une bombe placée dans sa voiture à Saraqeb. 14/3 Les forces de sécurité arrêtent l’artiste et le blogueur Mohammad Abou Hajar à Tartous. 14/3 Arrestation du militant des droits de l’homme Jamal Omar à la frontière syro-libanaise. 15/3 Arrestation du journaliste Rudy Othman et du développeur de logiciels informatiques Bassel Khartabil à Damas. 16/3 Le citoyen journaliste et photographe Juan Qotneh tué après avoir été enlevé à Derbassieh. 26/3 Le journaliste britannique Walid Blidi et le journaliste français Nassim Terriri, tous deux d’origine algérienne, tués par les balles de l’armée syrienne à Idleb. 28/3 La citoyenne journaliste Nora Al-Jizawi arrêtée à Damas. 28/3 Le citoyen journaliste Ali Mahmoud Othman arrêté à Alep puis torturé. Avril 4/4 7/4 13/4 13/4 14/4 Le citoyen journaliste et chercheur économique Hussein Al-Ammach arrêté à Damas. Le citoyen journaliste Anas Al-Halwani tué par un sniper à Homs. Le photographe Samir Al-Cham tué lors de sa couverture du bombardement de Homs par l’armée syrienne. Le citoyen journaliste Ahmad Abdallah Fakhrieh tué à Damir. Le citoyen journaliste Alaeddine Al-Douri tué par les balles des forces de sécurité à Hama. 77 Syrie 2012 Le fil des exactions 14/4 16/4 17/4 17/4 22/4 24/4 27/4 La journaliste Marie Issa et son époux arrêtés à Rif Dimashq. Le citoyen journaliste Mohammad Abdel-Mawla Al-Hariri arrêté à Damas. Le site de la chaîne Al-Arabiya piraté par des pirates syriens qui y diffusent de fausses informations. Le citoyen journaliste Khaled Kabicho tué et sa tête écrasée par un tank de l’armée syrienne à Idleb. Les forces de sécurité arrêtent le militant des droits de l’homme Jalal Naufal. L’écrivain Salameh Kaila arrêté à Damas. La page Facebook du dessinateur Ali Ferzat piratée. Mai 4/5 4/5 Le citoyen journaliste Abdel-Ghani Kaaka tué à Alep. Le journaliste Wissam Kanaan détenu à la frontière syro-libanaise pendant trois heures. 7/5 Arrestation du journaliste Zouhair Al-Fakir à la frontière syro-libanaise. 12/5 Le citoyen journaliste Ibrahim Al-Halabi arrêté près de la frontière syro-turque. 13/5 Le musicien Moustapha Kakour arrêté à Messiaf. 15/6 Arrestation de l’écrivaine Avine Hersan. 19/5 Le journaliste brésilien Klester Cavalcanti détenu par l’armée syrienne pendant six jours. 26/5 Le romancier Khaled Khalifé et le chercheur Hassan Abbas agressés à Damas. 27/5 Arrestation des citoyens journalistes Ammar Mohammad Souheil Zada, Ahmad Al-Achlak et Laurence Fahmi dans le quartier Khalidieh à Homs. 28/5 Les réalisateurs Bassel Chéhadé et Ahmad Al-Assam tués lors du bombardement de Homs. Juin 2/6 10/6 15/6 16/6 27/6 27/6 28/6 78 Le correspondant d’Al-Ikhbariya Chadi Helwé agressé en direct à Alep. Le citoyen journaliste Khaled Al-Bakr tué lors du bombardement d’Al-Qussair. Le photographe belge Ahmad Bahado blessé à l’épaule à la frontière syro-turque. Le photographe Ahmad Hamadé tué par les balles de l’armée syrienne à Homs. Les journalistes Sami Abou Amine, Zeid Kahl et Mohammad Chamma tués lors de l’attentat contre la chaîne Al-Ikhbariya. L’éditorialiste Mohammad Sami Al-Kayyal arrêté à Tartous. Le photographe et citoyen journaliste Samer Khalil Al-Satla tué lors du bombardement de Douma. La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine Juillet 2/7 4/7 14/7 19/7 20/7 22/7 30/7 30/7 Le citoyen journaliste Mohammad Hamdo Hallak tué lors du bombardement d’Alep. Assassinat du citoyen journaliste Sohaib Dib. Le citoyen journaliste Salim Kabbani arrêté à Homs. Le photographe néerlandais Jeroen Oerlemans et le journaliste britannique John Cantlie enlevés au nord de la Syrie. Le présentateur de la télévision publique syrienne Mohammad Al-Saïd enlevé par le Front Al-Nosra. Le sculpteur Waël Kastoun succombe à la torture au centre de détention des forces de sécurité à Homs. Le journaliste turc Sinan Gül blessé à Alep. Le correspondant d’Al-Jazeera Omar Khachram blessé lors de sa couverture des combats à Alep. Août 1/8 4/8 4/8 4/8 4/8 5/8 5/8 6/8 9/8 10/8 11/8 11/8 11/8 12/8 18/8 20/8 Le correspondant du site d’information Syria News Ahmad Thabet Mohsen porté disparu. Le Front Al-Nosra revendique l’exécution du présentateur Mohammad Al-Saïd quelques jours après son enlèvement. L’employé de la télévision éducative publique Mohammad Ali Hussein enlevé. Le caméraman de la télévision publique syrienne Talal Janbakli enlevé. Le correspondant de la télévision publique syrienne Karim Chibani blessé dans le quartier Al-Tadamon. Le réalisateur Bassam Mohieddine assassiné à Jdeidet Artouz. L’artiste Kifah Ali Dib arrêtée. Attentat contre le bâtiment de la radio-télévision publique à Damas. Le citoyen journaliste Haitham Hamcho tué lors du bombardement du quartier Salaheddine à Alep. Les journalistes de la chaîne Al-Ikhbariya Yara Saleh, Abdallah Tabra et Houssam Ammad enlevés. Assassinat du journaliste Ali Abbas dans son domicile à Rif Dimashq. Le journaliste Baraa Al-Bouchi tué lors du bombardement de la région Al-Tal. Arrestation du dramaturge Zaki Cordello. Le reporter américain Austin Tice porté disparu. Le journaliste Malek Abou Kheir arrêté à la frontière syro-libanaise. La journaliste japonaise Mika Yamamoto tuée par les balles de l’armée syrienne à Alep. 79 Syrie 2012 Le fil des exactions 20/8 22/8 23/8 24/8 31/8 Le journaliste de la chaîne Al-Hurra Bachar Fahmi Al-Qadoumi et son caméraman turc Cuneyt Unal enlevés à Alep. Le journaliste Mossaab Mohammad Saïd Al-Odallah tué à son domicile à Damas. Le producteur de cinéma Orwa Nyrabia arrêté. Arrestation de l’acteur Mohammad Omar Osso et des membres de sa famille à Damas. Le journaliste et photographe Mahmoud Al-Bacha tué à Alep. Septembre 4/9 6/9 6/9 6/9 9/9 16/9 16/9 Le citoyen journaliste Mohammad Al-Kassem tué à Deir ez-Zor. Le citoyen journaliste Nawaf Al-Hindi tué à Rif Dimashq. Le citoyen journaliste Tahsin Al-Toum tué à Irbin. Le citoyen journaliste Anas Al-Abdallah tué à Damas. Le réalisateur Tamer Al-Awam tué par un éclat d’obus à Alep. Le rédacteur-en-chef du journal Liwaa Al-Fatah Youssef Dib tué à Alep. Le journaliste Hussein Mortada blessé par des coups de feu au camp de réfugiés palestiniens de Yarmouk. 17/9 Le citoyen journaliste Abdel-Rahman Al-Machhour tué par un éclat d’obus à Deir ez-Zor. 20/9 Le photographe du réseau Sham Abdel-Karim Al-Okdeh tué par les balles de l’armée syrienne à Hama. 24/9 L’adresse email du ministère syrien de l’Information et la page Facebook de l’agence d’information officielle SANA piratées. 25/9 Le réalisateur Tamim Al-Achkar tué par un obus à Rif Dimashq. 25/9 Le journaliste Mamoun Al-Ghandour et son frère tués à Maadamiyat Al-Cham. 26/9 Le correspondant de la chaîne iranienne Press TV Maya Nasser tué par un sniper à Damas. 27/9 Les citoyens journalistes Abdel-Aziz Al-Cheikh et Mohammad Askar tués à Deir ez-Zor. 27/9 L’écrivain Ibrahim Al-Kharit et ses deux fils exécutés devant leur famille à Deir ez-Zor. Octobre 1/10 2/10 80 Les services de renseignement de l’armée arrêtent le citoyen journaliste Fares Al-Maamo à Homs. Les services de renseignement arrêtent le militant des droits de l’homme et avocat Khalil Maatouq. La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine 2/10 2/10 2/10 3/10 7/10 Les services de renseignement arrêtent le caricaturiste Akram Reslan à Hama. La sécurité militaire arrête le réalisateur Ghanem Al-Mir à Tartous. Le correspondant du Conseil national syrien Ahmad Saada tué à Rif Dimashq. La journaliste Mona Bakkour tuée dans un attentat à Alep. L’écrivain et chercheur Mohammad Nemr Al-Madani tué sous la torture à Damas. 9/10 La traductrice et blogueuse ukrainienne Anhar Kochneva enlevée près de Homs. 10/10 Le photographe de la chaîne Al-Ikhbariya Mohammad Al-Achram tué à Deir ez-Zor. 13/10 Le journaliste Malek Abou Kheir déféré devant la justice militaire à Damas. 15/10 Le technicien de la télévision publique syrienne Hicham Moussalli tué sous la torture. 17/10 Des inconnus poignardent le journaliste Amjad Tohmé devant son domicilie à l’ouest de Damas. 19/10 Les citoyens journalistes Omar et Jomaa Al-Lattouf tués à Alep. 23/10 Les services de renseignement arrêtent l’écrivain Dara Abdallah à Damas. 23/10 Le citoyen journaliste Anas Al-Ahmad tué à Maadamiyat Al-Cham. 26/10 Le citoyen journaliste Hatem Hallak tué par un sniper à Alep. 27/10 Des rebelles placent le journaliste libanais Fida Itani en détention à Aazaz. 28/10 La police criminelle arrête le journaliste Bassel Azzam à Soueïda. Novembre 1/11 2/11 2/11 3/11 3/11 4/11 6/11 7/11 10/11 10/11 14/11 16/11 17/11 Les services de renseignement arrêtent le dramaturge Daher Aïta. La Sûreté d’Etat arrête la journaliste Shada Al-Maddad à Damas. Le citoyen journaliste Hassan Hammoud tué par un obus à Rif Dimashq. Le citoyen journaliste Jamal Malas tué à Maarrat Al-Naaman. L’acteur Mohammad Rafeh assassiné par des rebelles syriens. Le citoyen journaliste Samir Al-Dahik succombe à ses blessures dans la province de Homs. Arrestation des correspondants de BBC Beagle Collins et Mark Perkins. La décision de les expulser du territoire est annoncée le 20 novembre. Les forces de sécurité arrêtent le cinéaste Avo Kaprielian à Alep. Tentative d’assassinat du journaliste Charif Chéhadé a Damas. La journaliste libanaise Ghadi Francis brièvement détenue au nord de la Syrie. L’armée syrienne arrête le citoyen journaliste Baraa Maiss à Alep. Le citoyen journaliste Moustapha Karman et le correspondant de la chaîne Al-Arabiya Mohammad Daghmach tués par des éclats d’obus à Alep. Le citoyen journaliste Abdallah Kaaka meurt sous la torture à Alep. 81 Syrie 2012 Le fil des exactions 18/11 19/11 Le citoyen journaliste Mohammad Al-Khaled assassiné par des rebelles à Alep. Le citoyen journaliste Mohammad Al-Zaher succombe à ses blessures à Rif Dimashq. 21/11 La Sûreté d’Etat arrête l’artiste Roua Jaafar à Damas. 22/11 Le journaliste Bassel Youssef tué par les rebelles à Damas. 22/11 L’écrivain Mohammad Raouili meurt sous la torture à Deir ez-Zor. 22/11 Enlèvement du journaliste américain James Foley au nord-ouest de la Syrie. 23/11 Le correspondant du réseau Sham Samer Al-Abdallah blessé par une balle de sniper à Ras Al-Aïn. 23/11 Les forces de sécurité arrêtent le monteur Mohammad Hijazi à la frontière libano-syrienne. 25/11 Le citoyen journaliste Mohammad Al-Khal tué lors du bombardement de Deir ez-Zor. 29/11 Le journaliste Mohammad Qoraytem tué lors du bombardement de Daraya. 30/11 Le site de l’agence SANA mis hors ligne pour des raisons inconnues. Décembre 4/12 La télévision syrienne annonce la mort du journaliste Naji Assaad au sud de Damas. 5/12 Le journaliste Cameran Hajem enlevé au nord d’Alep. 6/12 Le citoyen journaliste Mohammad Khair Al-Cheikh Kwaider tué à Rif Dimashq. 9/12 La Sûreté d’Etat arrête l’écrivain Waddah Azzam à Jaramana. 10/12 Enlèvement d’une équipe de la chaîne américaine NBC composée du reporter américain Richard Engel et de ses collaborateurs Aziz Akyavas (turc), John Kooistra (américain), Ghazi Balkis (jordano-britannique) et Ammar Cheikh Omar (syro-allemand). 12/12 La télévision syrienne annonce la mort du journaliste Anmar Mohammad à Damas. 15/12 Le citoyen journaliste Amir Hboubati tué à Babilla. 19/12 L’armée syrienne arrête la journaliste Amina Melhem à Dahadil au sud de Damas. 21/12 Le citoyen journaliste Abdel-Karim Al-Azo tué par un sniper à Homs. 22/12 Le caméraman de la télévision publique syrienne Haidar Al-Samoudi tué à Damas. 25/12 Le citoyen journaliste Yasser Chaaban succombe à ses blessures à l’ouest d’Alep. 26/12 Le citoyen journaliste Abou Yazan Al-Hamaoui tué par un sniper à Hama. 28/12 L’armée syrienne arrête l’écrivain palestinien Ali Al-Chéhabi. 30/12 La sécurité militaire arrête l’avocate et militante des droits de l’homme Majdoline Hassan à Tartous. 82 Jordanie 2012 Les médias face à l’étau juridique et réglementaire Firas Talhouk En 2012, la scène médiatique et culturelle en Jordanie a été le théâtre d’attaques ciblées et de la décision de l’Etat de resserrer l’étau sur les libertés publiques, notamment les libertés électroniques. Le Parlement a réussi à contourner l’opposition du corps médiatique à l’article 23 de la Loi anticorruption, adoptée à la fin de l’année 2011, en n’effectuant aucune modification significative à son contenu liberticide. Cet épisode a ouvert la voie aux autorités de proposer des amendements encore plus restrictifs à la Loi sur la presse et les publications, tout en approuvant une loi destinée à bloquer l’accès aux sites érotiques. Le gouvernement est intervenu directement, et à plusieurs reprises, pour nommer des journalistes et des rédacteurs en chef à la tête des quotidiens jordaniens, ou même pour les démettre de leurs fonctions. L’intervention des autorités jordaniennes dans le travail journalistique s’est ajoutée aux agressions et aux insultes devenant courantes contre les journalistes. En tête de liste, les violations physiques contre les journalistes : ceux-là n’ont pas été épargnés lors des manifestations organisées contre la hausse des prix du carburant. Des personnes opposées aux manifestations dans le gouvernorat d’Irbid ont roué de coups l’équipe d’Al-Jazeera Live avant de lui détruire ses équipements. Les agents de sécurité ont par ailleurs arrêté le correspondant de Radio Al-Balad Ahmad Abou Hamad et l’ont roué de coups lors de la couverture des manifestations de Jabal Al-Hussein, et le parebrise de la voiture du journaliste du quotidien Al-Ra’i, Inad Abou Windi, a été fracassé à Madaba. Le journaliste Oussama Al-Moumni a également été agressé et sa caméra brisée à Irbid. De plus, un journaliste a été atteint à la jambe d’une grenade lacrymogène lancée par les policiers pour disperser les manifestants. La police a également attaqué les journalistes à coups de grenades lacrymogènes pour les empêcher d’accompagner les manifestants à la place Al-Dakhiliyah et le correspondant de Radio Al-Balad Rached Al-Assaf a essuyé des jets de pierre lors de la couverture d’une manifestation à Amman. Il convient de noter que les journalistes ont également été victimes d’agressions physiques et d’insultes de la part de fonctionnaires et de personnalités officielles. Le député Yahya AlSaoudi a battu la journaliste du site Amman Net, Iman Jaradat, après l’avoir insultée lors de la couverture d’une manifestation dans le quartier d’Al-Tufayliya. Al-Saoudi a également frappé le photographe Zeid Al-Sarayira et lui a cassé sa caméra, alors qu’il filmait l’agression. Ces violences s’ajoutent à ses nombreuses insultes inappropriées contre les journalistes jordaniennes. Les employés du bureau du gouverneur de la province de Maan ont, quant à eux, roué de coups le correspondant Mohammad Sakallah. Le ministre de l’Industrie et du Commerce Shabeeb Ammari a violemment critiqué le journaliste du quotidien Al-Ghad Tarek Al-Daaja, suite à un article qu’il a publié et le ministre de l’Education Fayez Al-Saoudi a proféré des menaces contre le journaliste Missaab Al-Shawabkeh suite à une enquête sur la fraude aux examens officiels. Les ingérences des autorités jordaniennes dans les affaires des médias étaient également flagrantes : le ministre de l’Information au sein de l’ancien gouvernement, Rakan Al-Majali, a fait pression sur le quotidien Al-Ra’i afin qu’il licencie les journalistes Mohammad Al-Hawamdeh et Gheith Al-Adayila ; les journalistes du quotidien ont néanmoins protesté contre l’ingérence du ministre. Par ailleurs, les journalistes du quotidien Al-Arab Al-Yaoum ont refusé la nomination d’un conseiller du secrétaire général du ministère de l’Eau à la tête du comité de rédaction et le Syndicat de la presse jordanienne a refusé le plan officiel de restructuration du quotidien AlDustour. 83 Jordanie 2012 La montée en puissance des sites Internet dans le monde arabe a eu des répercussions importantes en Jordanie. Les autorités ont pris plusieurs mesures de précaution, en mettant en place une nouvelle loi sur la presse et les publications, par le biais de laquelle tous les sites d’information sont tenus d’obtenir une autorisation du gouvernement. Les éditeurs et journalistes des sites web ont par réaction organisé des rassemblements, avant de monter une tente de protestation et d’organiser une journée de « grève électronique », à laquelle la plupart des sites jordaniens ont participé. En dépit de cela, les changements réguliers au sein du gouvernement ont réussi à modifier la position de certains éditeurs de sites ; d’autres ont poursuivi leur campagne de « désobéissance électronique ». Dans le même contexte, le site In-Light Press a été piraté, et des inconnus ont pris d’assaut les bureaux du site Watan News à Amman avant d’en endommager certains biens. Par ailleurs, des inconnus ont piraté la chaîne satellitaire AlYarmouk, diffusant de fausses informations sur la bande passante au bas de l’écran. De plus, les pages internet du groupe de rap jordanien Ahat ont été piratées et des inconnus ont tenté de pirater le site Khaberni. Les représentants des sites électroniques ont refusé de répondre à l’appel du gouvernement de tenir une réunion avec les institutions médiatiques, en réaction à ses positions tièdes quant aux abus dont les journalistes sont victimes. Mais l’exaction la plus dangereuse fut certes l’attaque perpétrée contre la bloggeuse et militante jordanienne Inas Moussallem ; celle-ci a été poignardée dans le ventre après avoir publié un article sur son blog, critiquant le Prince Hassan Bin Talal. Sur le plan judiciaire, la Cour de sûreté de l’État, plutôt que le Tribunal des imprimés d’habitude en charge des dossiers impliquant des journalistes, a décidé d’arrêter le journaliste Jamal AlMouhtasseb ; celui-ci a été relâché sous caution après avoir manifesté son intention d’entamer une 84 grève de la faim. Le Tribunal de première instance du nord d’Amman a demandé au quotidien AlGhad d’arrêter la publication des archives du caricaturiste Imad Hajjaj et le procureur général d’Amman a appelé trois journalistes du quotidien Al-Ra’i à comparaître pour « manque d’objectivité et publication de fausses informations » dans une affaire de corruption. Il a de même décidé de poursuivre le rédacteur en chef et un journaliste du quotidien Al-Dustour, suite à une action pénale menée contre le journal. Sur le plan culturel, et en dépit de la baisse de la production artistique, les autorités jordaniennes ont trouvé moyen de mener des actes de répression, comme pour mieux garder la Jordanie en dehors du champ de la créativité artistique et culturelle. Elles ont annulé l’exposition « Dessins des enfants de la liberté » commémorant le premier anniversaire de la révolution syrienne et la sécurité jordanienne a interdit au Département des publications d’autoriser la vente du livre « Ya Sahibi Al Sijn » (Mon amie la prison). Par ailleurs, les habitants de Jabal Al-Qalaa à Amman ont protesté contre l’organisation d’un festival pendant le Ramadan et la police a arrêté l’artiste palestinien Juan Al-Safadi pour « atteinte à la religion » ; il a été relâché après s’être engagé à ne pas chanter la chanson « Ya Haram Al-Kuffar » (Pauvres infidèles) en Jordanie. En 2012, les violations sur la scène médiatique et culturelle furent nombreuses en Jordanie ; un pays où la créativité tente d’émerger malgré les contraintes tribales et politiques, avec le désir de préserver son riche héritage. Mais cela semble très difficile en présence de personnes influentes qui tentent d’empêcher l’ouverture médiatique et culturelle. Les journalistes et intellectuels jordaniens devront relever le défi de continuer à jouer un rôle pionnier dans le maintien de la liberté d’expression et d’opinion, en vue de poursuivre le chemin vers le développement et la modernité, quels que soient les obstacles et à n’importe quel prix. La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine Le fil des exactions Janvier 20/1 28/1 Agression des photographes Hamza Al-Mazraawi et Raëd Al-Ourtani durant un sit-in au centre-ville de Amman. Le site Internet In-Light Press piraté. Février 2/2 12/2 20/2 Le journaliste Imad Al-Nachach reçoit des menaces par téléphone. Des inconnus s’attaquent à la voiture du journaliste Moayed Abou Sbeih. La blogueuse Inas Moussallem poignardée à l’abdomen après avoir publié un article sur son blog critiquant le Prince Hassan Bin Talal. Mars 10/3 11/3 25/3 Les autorités jordaniennes interdisent l’organisation de l’exposition « Dessins des enfants de la liberté » à l’occasion du premier anniversaire de la révolution syrienne. Le site Khaberni subit une tentative de piratage. Le journal Al-Ra’i refuse la publication de sept articles du journaliste Ahmad Hassan Al-Zoabi. Avril 6/4 Le député Yahya Al-Saoudi agresse le photographe Zeid Al-Sarayra et la journaliste Iman Jaradat durant une manifestation dans le quartier d’Al-Tufayliya. 23/4 La Cour de sûreté de l’Etat ordonne l’arrestation du journaliste Jamal Al-Mouhtasseb. Mai 9/5 Les forces de sécurité interdisent à une équipe d’Al-Jazeera de filmer près d’un camp de réfugiés palestiniens en provenance de Syrie. 20/5 Le Département des imprimés interdit la diffusion du livre « Ya Sahibi Al-Sijn » (Mon amie la prison) du poète Ayman Al-Atoum. 23/5 Le Tribunal de première instance d’Amman ordonne au journal Al-Ghad d’arrêter la publication de caricatures du dessinateur Imad Hajjaj en raison d’un différend sur les droits de propriété intellectuelle. 85 Jordanie 2012 Le fil des exactions Juin 6/6 La journaliste Hanan Kafawin agressée au cours d’un reportage sur des aliments avariés dans un centre commercial d’Aqaba. 8/6 Des inconnus détruisent le pare-brise de la voiture du journaliste Chadi Samhan. 11/6 Des employés du bureau du gouverneur de Maan agressent le reporter de la chaîne Ru’ya Mohammad Sakallah et le séquestrent pendant une heure. 26/6 La Sûreté générale jordanienne expulse le journaliste Rabih Al-Saoub du Centre culturel royal lors de la commémoration de la Journée internationale de lutte contre les drogues. 30/6 Le journaliste Ziad Nosseirat agressé et sa caméra volée par des manifestants à Irbid lors d’une marche contre le chômage et l’inflation. Juillet 1/7 6/7 17/7 La gendarmerie jordanienne interdit au journaliste Ahmad Barahma de couvrir un sit-in devant l’ambassade égyptienne. Des gendarmes battent les membres de l’équipe de la chaîne Ru’ya et confisquent leur caméra durant la couverture du festival d’été à Amman dans les jardins Al-Hussein. Des inconnus font irruption dans les bureaux de Watan News à Amman. Septembre 15/9 Les trois pages Internet du groupe de rap jordanien Ahat piratées. Octobre 5/10 L’équipement technique de l’équipe de la chaîne Al-Haqiqa Al-Doualia détruit par des manifestants lors d’une marche des Frères musulmans à Amman. 15/10 Le site d’information Ain News piraté. 18/10 Agression des journalistes Ziad Nosseirat et Darrar Ghannam ainsi qu’un reporter japonais au camp de réfugiés syriens de Zaatari. 24/10 Agression des photographes Raëd Al-Ourtani et Ibrahim Khalifé lors de la couverture d’un rassemblement réclamant la libération de détenus politiques. 86 La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine Novembre 14/11 15/11 15/11 15/11 16/11 17/11 28/11 30/11 La gendarmerie jordanienne lance des grenades lacrymogènes sur les journalistes et leur interdit d’entrer à la place Al-Dakhiliyah pour couvrir les manifestations contre la décision du gouvernement d’annuler les subventions sur l’essence. Le correspondant de Radio Al-Balad Rached Al-Assaf subit des jets de pierre à Amman. Agression des membres de l’équipe d’Al-Jazeera Live et destruction de leur équipement à Irbid. Le correspondant de Radio Al-Balad Ahmad Abou Hamad arrêté et battu par la police. La voiture du journaliste du quotidien Al-Ra’i Inad Abou Windi attaquée à Madaba. Agression du journaliste Oussama Al-Moumni et destruction de sa caméra à Irbid. La police jordanienne arrête le chanteur palestinien Juan Al-Safadi et lui interdit d’interpréter la chanson « Ya Haram Al-Kuffar » (Pauvres infidèles) en Jordanie. La bande passante de la chaîne Al-Yarmouk piratée par des inconnus qui y diffusent de fausses informations. Décembre 31/12 Le Tribunal correctionnel d’Amman condamne le journal Al-Ra’i et le ministre de l’Information Samih Al-Maayta pour manque de précision dans des articles concernant Daad Mohammad Charaab, ancienne conseillère du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi. 87 Gaza 2012 Gaza, scène de l’offensive israélienne et de la répression du Hamas Widad Jarbouh La fin de l’année 2012 a été particulièrement difficile pour les habitants de la bande de Gaza, qui souffrent jusqu’à ce jour des répercussions de la violente offensive israélienne menée contre le territoire. La machine de guerre israélienne n’a pas uniquement bombardé les journalistes et leurs bureaux médiatiques ; leurs familles et leurs domiciles ont également été pris pour cible. Les avions de guerre israéliens ont visé précisément les voitures de journalistes, causant la mort de trois d’entre eux : le directeur d’Al-Quds Educational Radio, Mohammad Abou Aysha et les photographes de la chaîne satellitaire Al-Aqsa, Houssam Salama et Mohammad Al-Koumi. Les sièges et bureaux médiatiques n’ont pas été épargnés non plus par les avions de guerre israéliens, qui les ont bombardés plus d’une fois ; tel était par exemple le cas des tours Shawa et Al-Shourouk qui comprennent plusieurs bureaux de presse. Le travail de certaines institutions médiatiques a par conséquent été arrêté, à l’instar de la chaîne Al-Quds, qui a été contrainte de suspendre ses émissions. 21 journalistes ont été blessés alors qu’ils couvraient l’attaque ou à l’intérieur de leurs bureaux, comme le photojournaliste Khodor Al-Zahar, qui a été amputé de la jambe et atteint d’éclats d’obus dans le dos ; d’autres journalistes ont souffert de brûlures ou de troubles respiratoires aigus. Les familles et les domiciles des journalistes n’ont pas été ménagés durant le conflit : les avions israéliens ont bombardé la résidence du caméraman de la BBC, Jihad Al-Machharaoui ; son fils a été tué et d’autres membres de sa famille ont été blessés. Huit sites d’information palestiniens ont été piratés par les autorités israéliennes dans une tentative de les empêcher de couvrir l’attaque. Les violations ne se sont pas limitées aux jours de l’offensive. En mai, les forces israéliennes avaient ouvert le feu sur une équipe de la chaîne Iqra’ ; ses membres avaient été encerclés dans 88 une maison pendant trois heures avant d’être relâchés. Sur le plan interne, l’écrivain Mahmoud Abou Rahmé a été poignardé suite à un article critiquant la politique de la résistance. Les services de sécurité du mouvement Hamas ont procédé à l’arrestation de cinq journalistes durant l’année, leur portant diverses accusations, notamment celle de travailler pour le compte de « parties suspectes à Ramallah » ; c’est notamment le cas du photographe Mohammad Al-Zaanoun qui a filmé les citoyens dans les files d’attente devant une station d’essence dans le quartier Al-Chouja’iya de Gaza. Cinq journalistes et un groupe de jeunes militants et blogueurs ont également été convoqués pour « incitation aux manifestations devant le siège de l’Autorité de l’énergie ». Les services de sécurité ont entravé le travail de nombreux journalistes, les ont empêchés de couvrir les événements et les ont roués de coups, notamment lorsqu’il était question d’atteinte au « prestige » du gouvernement destitué. L’exemple le plus flagrant a été l’agression de l’équipe de la chaîne satellitaire Al-Quds, alors qu’elle couvrait les difficultés rencontrées par les citoyens et la congestion dans la salle d’attente au point de passage de Rafah. Les membres de l’équipe, à savoir le correspondant Saleh Al-Natour, le caméraman Al-Ghani Billah Rouqa et le cadreur assistant Dia’ Aboul-Aoun ont été empêchés de filmer, et le photographe de la chaîne satellitaire Palestine Today, Ismaïl Badeh, a été agressé lors de la couverture d’un incendie et des manifestations contre les coupures d’électricité. Le gouvernement destitué du Hamas a rendu deux décisions marquantes cette année : la première interdisant aux journalistes palestiniens de coopérer avec les médias israéliens, sachant que nombre d’entre eux travaillent au sein de chaînes et de journaux israéliens, à l’instar de la Dixième chaîne et des quotidiens Haaretz et Maariv, et la seconde interdisant l’accès aux sites érotiques sous La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine peine de poursuites judiciaires. Mais cette dernière décision a été appliquée de manière arbitraire et plusieurs sites d’information ont été bloqués « par mégarde ». Quant à la vie culturelle dans la bande de Gaza, elle demeure en perpétuel déclin en l’absence de maisons d’édition ; cela a poussé les écrivains et les poètes à s’installer à l’étranger, dans une tentative de faire parvenir leurs œuvres à un plus grand nombre de lecteurs. Mais la violation la plus dangereuse a certes été la destruction de la Galerie culturelle par les bulldozers du ministère de l’Intérieur ; celle-ci a été rendue en ruines ainsi que la plate-forme des activités culturelles et les aires des repos connues sous le nom Al-Quds, et réservées aux rencontres et séminaires, en plus de l’espace « Bethléem » consacré à l’art et au cinéma. De même, les services de sécurité ont fait irruption lors de la cérémonie de clôture du Festival de littérature palestinienne à Dar Al-Bacha, après que les agents de sécurité ont coupé volontairement le courant lors du séminaire principal portant sur la répression des libertés ; ils ont par ailleurs demandé aux participants de quitter la salle sous prétexte que les organisateurs ne disposaient pas de permis. Au milieu des défis quotidiens que les journalistes et intellectuels doivent relever pour faire face aux violations dont ils sont victimes, la relance de la vie culturelle et la promotion de la liberté d’expression totale, sans compromis ni restrictions, restent plus que jamais nécessaires pour favoriser la naissance d’une société libre et démocratique, qui réponde aux aspirations du peuple palestinien. Le fil des exactions Janvier 13/1 Agression du militant des droits de l’homme Mahmoud Abou Rahmé à coups de couteau après sa publication d’un article critique à l’égard de la résistance. 15/1 Le Hamas interdit à 13 jeunes hommes et femmes de participer à un télé-crochet. Février 6/2 La sécurité du Hamas interroge le photographe Maali Abou Samra sur sa couverture de la visite du responsable du Fatah Nabil Chaath à Gaza. Mars 8/3 9/3 21/3 22/3 La sécurité du Hamas agresse plusieurs journalistes lors de la couverture d’un mariage collectif et interpelle le correspondant de Sky News Arabia Mohammad Al-Machharawi. Le journaliste Mo’men Al-Charafi blessé au dos par un éclat d’obus lors d’un bombardement israélien sur Gaza. La police perturbe le tournage d’un reportage de BBC Arabic sur les coupures d’électricité à Gaza. Les services de sécurité convoquent plusieurs blogueurs qui ont participé au sit-in contre les coupures d’électricité. 89 Gaza 2012 Le fil des exactions 26/3 La police du Hamas empêche le caméraman Mahmoud Al-Zaanoun de filmer les files d’attentes devant les stations d’essence. 28/3 Des membres des brigades Al-Kassam séquestrent le correspondant de l’agence Wafa Sami Abou Salem et deux journalistes suédoises durant le tournage d’un reportage sur les orangeraies de Gaza. Avril 4/4 La sécurité du Hamas harcèle le blogueur Mohannad Abdel-Bari et l’oblige à retirer un article de son blog. Mai 1/5 7/5 9/5 Les forces israéliennes tirent sur une équipe de la chaîne Iqra’ et la séquestrent pendant trois heures. La police du Hamas empêche une équipe d’Al-Quds TV de tourner un reportage à l’hôpital Al-Chifa’. La sécurité du Hamas perturbe l’organisation du Festival de la littérature palestinienne et agresse un artiste égyptien de la troupe Escanderella. Juin 10/6 13/6 17/6 20/6 La sécurité du Hamas arrête le journaliste Mohammad Qoneita. La sécurité du Hamas agresse le journaliste Wissam Nassar alors qu’il filmait la cérémonie de promotion à l’académie de police. La sécurité du Hamas convoque le journaliste Yahya Al-Madhoun deux jours de suite à propos d’un article dans lequel il a critiqué les déclarations du ministre de l’Intérieur. La sécurité du Hamas agresse l’équipe de la chaîne Al-Quds lors du tournage d’un reportage au point de passage de Rafah. Juillet 18/7 31/7 90 Le poète Mohammad Sleiman interpellé suite à sa participation à une manifestation contre les coupures d’électricité. Agression du journaliste Yahya Rabah, membre du mouvement Fatah, au centre-ville de Gaza. La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine Août 9/8 22/8 28/8 Cambriolage de la compagnie de production « Fadl Chanaa Médias ». Le ministère de l’Intérieur du Hamas annonce la fermeture de la Fondation Fikra pour les beaux-arts.. La police du Hamas confisque les équipements du réalisateur Abdel-Rahman Amran lors d’un tournage sur la côte de Khan Younes. Septembre 16/9 25/9 Le site du centre Al-Mizan pour les droits de l’homme piraté. Agression du photographe Ismaïl Badeh lors de la couverture de l’incendie d’une maison au camp de réfugiés de Breij. Novembre 6/11 13/11 14/11 14/11 15/11 16/11 17/11 18/11 19/11 20/11 21/11 La police féminine du Hamas agresse la journaliste Samia Al-Zubeidi. Le service d’investigation du Hamas interpelle le journaliste Seifiddin Shahin lors d’un sit-in dénonçant la division palestinienne. Le correspondant de Palestine TV blessé lors des bombardements israéliens. Le domicile du caméraman Jihad Al-Machharawi touché par les bombardements israéliens, tuant son fils. L’aviation israélienne bombarde le domicile du journaliste Sami Al-Ajrami et blesse sa fille. Le correspondant de la radio Al-Quds et de la télévision Palestine Today Muthanna Al-Najjar blessé lors des bombardements israéliens. Huit sites d’information palestiniens couvrant l’attaque sur Gaza piratés. L’aviation israélienne bombarde plusieurs bureaux d’institutions médiatiques à Gaza et blesse sept journalistes. L’aviation israélienne bombarde le domicile de la famille de la journaliste Asma Al-Ghoul, correspondante du Centre SKeyes à Gaza. Les journalistes Mohammad Abou Aysha, Mahmoud Al-Koumi et Houssam Salama tué par des tirs de l’aviation israélienne sur leurs véhicules. Les bureaux d’institutions médiatiques à Gaza touchés pour la seconde fois par l’aviation israélienne. Décembre 7/12 9/12 La sécurité du Hamas empêche le correspondant d’Al-Jazeera de couvrir la rencontre entre Khaled Mechaal et Ismaïl Haniyeh. La théâtre Al-Mis’hal annule le concert de l’artiste Rim Talhami sous prétexte que le concert n’a pas reçu l’aval du ministère de la Culture. 91 Cisjordanie 2012 Les journalistes entre le marteau de l’armée israélienne et l’enclume des services de sécurité palestiniens Widad Jarbouh En 2012, les violations israéliennes contre les journalistes palestiniens ont gagné en ampleur, en raison de la forte présence des journalistes lors des événements qui ont marqué l’année en Cisjordanie. Les forces israéliennes ont poursuivi leur « chasse » aux journalistes et aux photographes à coups de grenades assourdissantes, de gaz lacrymogène et de balles en caoutchouc, pour les empêcher de rapporter les abus des soldats. 36 journalistes ont souffert d’asphyxie aiguë et de brûlures lors de la couverture de manifestations pacifiques, notamment devant la prison d’Ofer ; en tête de liste, les journalistes Haroun Amayra et Nasser Al-Chouyoukhi et les photographes Mouhib Al-Barghouti et Ahmad Maslah. Les forces israéliennes ont par ailleurs confisqué et souvent détruit les équipements et le matériel technique de plusieurs journalistes. D’autres ont été détenus pendant de longues heures, comme le journaliste Ali Obeidat. Les soldats ont même forcé certains d’entre eux à se déshabiller, comme les deux photographes de l’agence Reuters, Yousri Al-Jamal et Ma’moun Wazouz, avant de lancer vers eux une grenade assourdissante. Les autorités israéliennes ont poursuivi leurs arrestations : neuf journalistes ont été arrêtés puis relâchés après avoir payé des amendes, à l’exception du journaliste Charif Al-Rajoub, qui se trouve toujours dans la prison d’Ofer, et du journaliste Amer Abou Arfeh, dont la détention administrative a été renouvelée pour la troisième fois cette année sans aucun justificatif légal. L’armée israélienne a fait violemment irruption dans les bureaux des stations de télévision Watan et AlQuds Educational TV, causant de graves dégâts et confisquant les équipements. Des colons israéliens ont ouvert le feu sur le correspondant de la station de radio Voix de la Palestine, Nizar Al-Samoudi et sur le photographe Seif AlDahleh. Les artistes palestiniens n’ont pas été épargnés non plus : les autorités israéliennes ont interdit à certains artistes d’entrer à Jérusalem pour participer à la pièce « Le magicien d’Oz », conduisant à l’annulation des représentations. 92 Plusieurs sites d’information palestiniens ont été attaqués par des pirates israéliens, dans une tentative d’empêcher la publication et la documentation des violations israéliennes à l’encontre des palestiniens. Les sites de l’agence Wafa et de Palestine News Network ont été piratés plus d’une fois. Sur le plan interne, le nombre de violations contre les journalistes liées au conflit inter-palestinien a diminué, en raison de la réconciliation partielle entre les mouvements Fatah et Hamas. Mais les cas de harcèlement et de poursuites contre les journalistes qui ont manifesté leur opposition à l’Autorité palestinienne par le biais des réseaux sociaux, notamment Facebook, ou par la publication d’articles, ont particulièrement augmenté. Seize personnes ont été arrêtées cette année pour « diffamation » contre des personnalités de l’Autorité palestinienne, pour « publication de fausses informations » ou pour « calomnie ». Le journaliste Youssef Al-Shayeb a été arrêté après avoir publié un rapport accusant la mission diplomatique palestinienne en France de corruption, et le tribunal a refusé à trois reprises la demande de son avocat de le libérer sous caution. Il a alors décidé d’entamer une grève ouverte de la faim, ce qui a abouti à une détérioration de son état de santé ; il a par la suite été hospitalisé. De même, la journaliste Ismat Abdel-Khalek a été accusée d’« incitation aux conflits confessionnels et à la violence » et d’« appel à la dissolution de l’Autorité palestinienne », après avoir critiqué le président Mahmoud Abbas sur sa page Facebook ; elle a également entamé une grève de la faim jusqu’à sa libération. Tous les journalistes ont été relâchés après avoir payé une amende, mais les procès de certains sont toujours en cours devant les tribunaux palestiniens, même après la fin de l’année 2012. Les journalistes Walid Khaled et Mohammad Mona ont été arrêtés par les services de sécurité palestiniens puis soumis à des interrogatoires, directement après avoir été libérés des prisons La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine israéliennes. Par ailleurs, 14 autres journalistes ont été arrêtés, à l’instar du journaliste Khaled Amayra, qui a été convoqué trois fois en une semaine. De même, Chadi Zamaara et Shahed Bani Odeh ont été interpellés suite à des commentaires qu’ils ont publiés sur Facebook. Les services de sécurité palestiniens ont entravé le travail des journalistes lors de la couverture d’événements publics ou de manifestations. Ils leur ont confisqué leur matériel et les ont souvent roués de coups ou bien forcés à quitter les lieux, certains plus d’une fois comme le journaliste Asiad Amarneh et l’écrivaine Lama Khater, qui a été agressée par la police féminine, lors de sa participation à un sit-in pour la libération des détenus politiques. L’année 2012 a donc pris fin avec les violations israéliennes continues contre la liberté d’expression. La scène médiatique et culturelle a connu une amélioration relative sur le plan interne, après que la Palestine a accédé au rang d’État observateur à l’ONU. Le besoin de consolider la démocratie s’impose, dans le but de renforcer les libertés, notamment médiatiques et culturelles, sur l’ensemble des territoires palestiniens. Le fil des exactions Janvier 5/1 La Sécurité préventive palestinienne (SPP) convoque le journaliste Khaled Amayra trois fois en une semaine. 22/1 Le tribunal militaire israélien convoque le journaliste Youssef Abou Jaas. 23/1 Le site Internet du Rassemblement national des familles des martyrs de Palestine piraté. 27/1 Le photographe Mohammad Atieh blessé par une grenade lacrymogène israélienne durant une manifestation à Nabi Saleh. 27/1 Le journaliste Mouhib Al-Barghouti atteint d’une balle à la jambe durant une manifestation à Bilin. 27/1 Le journaliste Haroun Amayra atteint à la jambe par une grenade lacrymogène durant une manifestation à Kfar Qadoum. 31/1 La sécurité palestinienne arrête le journaliste Rami Samara et le relâche après quelques heures. 31/1 Les services de renseignement palestiniens en Cisjordanie détiennent le journaliste Youssef Al-Chayeb pendant huit heures. Février 3/2 Les journalistes empêchés de couvrir une manifestation hostile à la colonisation et au mur de séparation à Nabi Saleh et une équipe de Palestine TV interpellée. 5/2 Les forces israéliennes arrêtent le journaliste Sohaib Al-Assa et le photographe Amr Halayka après avoir fait irruption dans leurs domiciles. 8/2 Le journaliste Amine Abou Wardé condamné à la détention administrative pour 140 jours. 10/2 Les forces israéliennes blessent le photographe Ahmad Mosleh, le caméraman de la chaîne turque TRT et le photographe du New York Times durant leur répression d’une manifestation à Nabi Saleh. 93 Cisjordanie 2012 Le fil des exactions 11/2 Le journaliste Issam Al-Rimawi blessé par une grenade lacrymogène ; les photographes Mohammad Turkman et Bernard Arnat ainsi que les reporters Sara Al-Adra et Arine Al-Rinawi atteints de troubles respiratoires lors d’affrontement près de la prison d’Ofer. 12/2 Le journaliste Odai Hreibat arrêté et battu par les forces israéliennes avant d’être relâché. 21/2 Le photographe Nasser Al-Chouyoukhi atteint au pied par une grenade lacrymogène israélienne. 29/2 La SPP confisque la caméra et les cartes de presse d’une équipe de la chaîne Al-Aqsa TV à Birzeit. 29/2 Les forces israéliennes font irruption dans les bureaux des chaînes Watan TV et Al-Quds Educational TV et saisissent leurs équipements. Mars 2/3 6/3 7/3 9/3 15/3 16/3 17/3 22/3 28/3 30/3 Le site Internet de Radio Bethléem 2000 piraté par des pirates israéliens. Le tribunal israélien d’Ofer condamne le photographe Hamza Burnat à 18 mois de prison. Les services de renseignement palestiniens détiennent le journaliste Asiad Amarneh pendant cinq heures. Des soldats israéliens agressent le journaliste Samer Hamad. La correspondante de la chaîne Al-Quds Linda Chalach et son caméraman Rami Jahajiha atteints de troubles respiratoires durant leur couverture d’un sit-in devant la prison d’Ofer. Agression du photographe Moussa Al-Chaer et destruction de la lentille de sa caméra durant une manifestation à Maassara. La journaliste palestinienne Shahed Bani Odeh convoquée par les services de renseignement palestiniens. Le journaliste Youssef Al-Chayeb convoqué suite à un article dans lequel il a dénoncé la corruption au sein de la mission diplomatique palestinienne en France. La journaliste Ismat Abdel-Khalek condamnée à 15 jours de prison pour atteinte à des dignitaires palestiniens. Le photographe Najib Charawna atteint de troubles respiratoires durant une manifestation à Bilin. Avril 1/4 2/4 94 La SPP fait irruption dans le bâtiment du Forum éducatif et séquestre le journaliste Tarek Khamis pendant deux heures. La SPP arrête l’administrateur de la page Facebook « Le peuple veut la fin de la corruption » Jamal Abou Rihan. La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine 3/4 6/4 15/4 Les forces israéliennes arrêtent le journaliste Mohammad Mona à son domicile à Naplouse. Le journaliste Ahmad Daghlas atteint d’une grenade lacrymogène à la tête durant une manifestation à Nabi Saleh. Le tribunal israélien d’Ofer condamne le journaliste Sohaib Al-Assa à quatre mois de prison puis le relâche sous caution. Mai 1/5 Le photographe Nasser Al-Chouyoukhi atteint d’une pierre à la tête devant la prison d’Ofer. 2/5 Les services de renseignement palestiniens convoquent le journaliste Ahmad Melhem. 6/5 Le photographe Hadhifa Srour blessé lors d’une marche de solidarité avec les détenus palestiniens dans les prisons israéliennes. 11/5 Les forces israéliennes agressent le journaliste Ajwad Jaradat et les photographes Alaa Badarneh et Jaafar Achtieh durant une manifestation à Kfar Qadoum. 17/5 Les forces israéliennes arrêtent le directeur de la chaîne Al-Assir Bahaa Moussa à son domicile et saisissent du matériel de retransmission. 18/5 Le photographe Chamekh Al-Jaghoub atteint de troubles respiratoires aigus lors d’une manifestation à Kfar Qadoum. 21/5 Les services de renseignement palestiniens convoquent le journaliste Chadi Zamaara. 22/5 Les forces de sécurité palestiniennes empêchent les journalistes de couvrir la visite de la top model Naomi Campbell à l’Eglise de la Nativité. 27/5 Piratage du site de l’agence d’information Wafa et diffusion d’informations hostiles à l’Autorité palestinienne. 27/5 La SPP convoque le journaliste Sohaib Al-Assa. Juin 3/6 5/6 6/6 6/6 14/6 26/6 Les forces israéliennes arrêtent le journaliste Charif Al-Rajoub à son domicile. Les forces israéliennes interpellent le journaliste Asiad Amarneh et le détiennent pendant deux heures durant une manifestation commémorant la défaite arabe de 1967. La SPP interdit au journaliste Asiad Amarneh de prendre des photos durant un sit-in des parents de détenus politiques. Le tribunal militaire israélien condamne le journaliste Raëd Al-Charif à dix mois de prison. Des inconnus font irruption dans le bureau du correspondant du journal Al-Quds à Bethléem Najib Farraj. Les forces de sécurité palestiniennes entravent le travail du journaliste Ata Farhat lors de la visite d’une délégation du Golan à Bethléem. 95 Cisjordanie 2012 Le fil des exactions 27/6 30/6 Le photographe Abdel-Ghani Al-Natché empêché de couvrir un sit-in des parents des prisonniers politiques. Le journaliste Mohammad Jaradat battu par des policiers palestiniens. Juillet 1/7 1/7 17/7 30/7 Les journalistes Saëd Houari, Ahmad Aoudé, Ahmad Mosleh, les journalistes Issam Al-Rimawi et Mahmoud Hreibat battus par la police palestinienne durant un sit-in de solidarité avec Mohammad Jaradat à Ramallah. Les forces israéliennes détiennent le journaliste Ali Obeidat durant trois heures. Les services de renseignement palestiniens font irruption dans le domicile de l’écrivaine Lama Khater et arrêtent son époux. La SPP à arrêtent l’éditorialiste Issam Chawar à Qalqilya.. Août 8/8 14/8 15/8 17/8 28/8 Tirs de colons israéliens sur le journaliste Nizar Al-Samoudi. Les services de renseignement palestiniens confisquent du matériel technique appartenant au journaliste Asiad Amarneh. La reporter de la chaîne Al-Mayadeen Nisrine Selmi et le caméraman Fadi Abou Zanat blessés par des jets de pierres au check-point de Qalandia. Des soldats israéliens agressent les photographes Nidal et Jaafar Achtieh, Fares Fares, Odai et Nouh Qadoumi à Kfar Qadoum. Le directeur de Radio Bethléem 2000 Georges Kanawati menacé de mort. Septembre 18/9 20/9 23/9 La SPP arrête le directeur du journal Felesteen Walid Khaled et le directeur du Centre Ahrar pour les droits de l’homme Fouad Al-Khafach. Le journaliste Sami Al-Assi détenu par les services de renseignement palestiniens pendant quatre jours. La SPP à Naplouse arrête le journaliste Mohammad Mona. Octobre 10/10 14/10 14/10 22/10 96 Les forces israéliennes arrêtent le journaliste Mohammad Al-Tamimi à son domicile. Les forces israéliennes arrêtent le militant des droits de l’homme Ayman Karaja à Ramallah. La sécurité palestinienne interdit au correspondant de la chaîne Al-Aqsa Tarek Abou Zeid de couvrir un sit-in de solidarité avec le journaliste Walid Khaled. La SPP arrête le journaliste et blogueur Mohammad Thabet et le relâche deux jours plus tard. La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine Novembre 3/11 7/11 7/11 13/11 14/11 14/11 14/11 19/11 20/11 20/11 21/11 26/11 La SPP arrête les journalistes Sami Al-Saï et Iyad Srour. Le journaliste Nasser Achtieh atteint au pied par une grenade assourdissante israélienne. Les forces israéliennes agressent une équipe de la chaîne Watan à Silfit. Des policières de la SPP agressent l’écrivaine Lama Khater. La police palestinienne entrave le travail du correspondant de la chaîne Al-Aqsa Khalil Sohaib Al-Assa et le photographe de l’agence New Media Iyad Abou Chalbak dans un hôpital d’Hébron. Les forces israéliennes entravent le travail d’une équipe de Palestine TV au nord de Ramallah durant la commémoration du 24e anniversaire de la déclaration de l’Etat de Palestine. Des inconnus font irruption au siège de la Radio Al-Ghad, agressent le journaliste Mohammad Nassar et le menacent de mort. La SPP interpelle le réalisateur Tarek Youssef et l’interroge pendant trois heures. Le site de l’agence Palestine News Network piraté par des pirates israéliens. Le correspondant de Palestine TV Ali Dar Ali atteint à la poitrine par une balle en caoutchouc israélienne. Le journaliste Hammouda Hassan agressé par des agents de sécurité durant une marche de protestation contre la visite de la Secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton. Un tribunal de Ramallah interdit aux reporters de prendre des photos durant le procès du journaliste Youssef Al-Chayeb. Décembre 6/12 12/12 13/12 13/12 15/12 18/12 18/12 24/12 Les services de renseignement palestiniens arrêtent le journaliste Mohammad Awad à Ramallah. Des soldats israéliens agressent les photographes de l’agence Reuters Yosri Al-Jamal et Mamoun Wazouz et lancent vers eux une grenade lacrymogène. Les forces israéliennes empêchent les journalistes Nasser Al-Chouyoukhi, Ammar Awad, Abdel-Hafiz Al-Hachlamoun et Hazem Badr de couvrir les affrontements avec des Palestiniens durant les funérailles d’un jeune homme tué à Hébron par l’armée israélienne. Des forces israéliennes font irruption dans le domicile de l’écrivaine Lama Khater à Hébron. Le photographe Seif Al-Dahla essuie des tirs d’un colon après avoir été relâché par les forces israéliennes. Les forces israéliennes empêchent les journalistes de couvrir les exactions de colons contre des familles arabes au sud de Bethléem. La SPP arrête le caméraman de la chaîne Al-Aqsa Ahmad Al-Khatib. Le correspondant de Radio Bethléem 2000 Anan Chéhadé empêché de couvrir la messe de Noël à la Place de la Nativité. 97 Territoires de 1948 Les journalistes palestiniens victimes de l’oppression et des politiques racistes israéliennes Firas Talhouk En 2012, les violations des autorités israéliennes contre les libertés de la presse et de la culture dans les Territoires de 1948, sont venues s’ajouter à leurs violations continues des droits de l’homme. Israël érige un mur de séparation entre l’État d’un côté, et la transparence, la diversité des opinions et la liberté d’expression de l’autre, dans une tentative de contenir les effets des révolutions et des changements dans les pays arabes voisins. Pour cacher ses pratiques anti-démocratiques, les autorités israéliennes n’ont trouvé pour seul moyen que de recourir à la violence, à l’oppression et aux abus pour museler les journalistes et les intellectuels palestiniens. Le recours aux grenades assourdissantes et lacrymogènes, aux balles en caoutchouc, aux matraques a été particulièrement fréquent. Israël transforme chaque année la commémoration de la Nakba en un exercice de répression et de violence contre les journalistes. Lors de la couverture des événements dans la région d’Al-Aissawiya à Jérusalem, un soldat israélien a roué de coups la journaliste palestinienne Diala Jweihan ; une fois au sol, ses collègues soldats l’ont piétinée. Des colons ont brutalement agressé le journaliste Rami Othman, lui arrachant son œil de verre après l’avoir arrêté ; ils ont également agressé le journaliste Saïd Al-Kak avant de lui casser les dents et la caméra. Egalement en 2012, le photographe de la chaîne Hona Al-Quds (Ici Jérusalem) Amjad Abou Arfeh a été atteint d’une balle en caoutchouc au dos, le photographe de l’agence Reuters Ammar Awad a été atteint d’une balle similaire au pied et le photographe de l’agence Associated Press Bernard Arnat a été grièvement blessé. Des policers ont tiré une balle en caoutchouc sur le photographe Mahmoud Alyan, sur le journaliste Saïd Al-Kak, alors qu’il couvrait 98 un sit-in de protestation à la Port de Damas et sur le photographe Mahfouz Abou Turk. Les soldats israéliens se sont servis de chevaux pour y piétiner les journalistes. Des extrémistes israéliens ont menacé de mort le journaliste Ziad Abou Hablé en raison de ses articles exposant la discrimination et le racisme auquel fait face la minorité arabe, ainsi que le directeur et propriétaire du journal et site Baladna en raison de la publication d’un article. Des inconnus ont également menacé de mort le journaliste Hamad Oueidat en raison de son travail comme correspondant pour la chaîne iranienne Press TV. La répression a également pris la forme d’arrestations, de procès administratifs et de verdicts iniques qui ont conduit à la détention prolongée de nombreux journalistes, à l’éloignement forcé de plusieurs, dans un climat de racisme contre les minorités arabes. L’exemple le plus flagrant est celui du rédacteur en chef du site Baladee Imad Al-Merhi, soumis au confinement à domicile depuis plus de 20 mois. Par ailleurs, l’ordre de fermer la Société d’études arabes et la Maison de l’Orient a été renouvelé pour la vingtième fois et le tribunal de Nazareth a condamné le directeur de l’association Hurriyat, Mohammad Kanaaneh, à 15 mois de prison. La justice israélienne a par ailleurs pris la décision de disculper l’armée dans la mort de la militante américaine Rachel Corrie, qui a péri sous les chenilles d’un bulldozer de l’armée israélienne en mars 2003. La campagne menée contre la langue arabe a été un autre exemple du racisme israélien. La municipalité de Tel Aviv a refusé d’insérer la langue arabe dans son logo et l’Université de Haïfa n’a pas hésité à ôter le nom arabe de l’université du sigle officiel. De plus, des musées israéliens ont supprimé les informations en langue arabe mises à La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine la disposition de leurs visiteurs, contrevenant ainsi à leur obligation légale et la société des chemins de fer israélienne a refusé de recourir à la langue arabe pour ses annonces vocales dans les stations et les trains, sous prétexte que l’utilisation d’une langue supplémentaire conduirait à un « vacarme sonore ». Par ailleurs, le directeur de la sécurité de la compagnie aérienne israélienne a empêché l’artiste palestinien Shreidi Jabarin d’embarquer à l’aéroport de Berlin et lui a interdit de retourner au pays, alors que les autorités israéliennes ont détruit un forum culturel dans le quartier de Selwan. La crise syrienne a eu des répercussions sur les journalistes et les artistes arabes. Des partisans du régime syrien ont lancé une violente campagne contre la chanteuse Rim Al-Banna et la journaliste Sana’ Lahab a reçu des menaces de groupes antirégime, suite à sa position réservée à l’égard de la révolution syrienne. Ainsi, Israël, prétendant être le « seul Etat démocratique au Moyen-Orient », n’est plus en mesure de promouvoir cette image. En effet, de plus en plus d’artistes et d’intellectuels internationaux décident de boycotter Israël suite aux violations perpétrées contre les journalistes et à la politique raciste menée à l’encontre de la minorité arabe. La romancière américaine Alice Walker a refusé de faire traduire en hébreu son livre « La couleur pourpre », l’artiste indien Zakir Hussein a répondu à la demande de boycott, annulant ainsi deux concerts prévus en Israël, l’artiste britannique Peter Brooke a annulé sa participation au festival international du théâtre Cameri en Israël et le groupe de jazz britannique Portico Quartet a annulé sa participation à une soirée de musique de jazz à Eilat. Il est désormais difficile d’ignorer les difficultés auxquelles font face les journalistes et les artistes arabes dans les Territoires de 1948. Les moyens utilisés par Israël pour convaincre le monde qu’il est menacé au milieu de régimes répressifs, sont de moins en moins efficaces. Les autorités israéliennes s’évertuent à opprimer ceux qui essaient de révéler la véritable identité du régime et les souffrances de la minorité arabe. C’est ainsi un « mur de dissimulation » que les autorités israéliennes semblent également ériger. Le fil des exactions Janvier 17/1 20/1 31/1 Un tribunal de Jérusalem ordonne l’expulsion de deux étudiants arabes qui ont refusé d’assister à une rencontrer avec le président israélien Shimon Pérès. La police israélienne arrête le directeur et le photographe du Centre d’information de Wadi Helwé. Les services de renseignement israéliens interdisent au journaliste Rassem Obeidat d’entrer en Cisjordanie pour une durée de sept mois. Février 13/2 14/2 18/2 Les autorités israéliennes détruisent un centre culturel à Selwan. Le photographe de l’agence Associated Press Bernard Arnat atteint à la tête lors d’un affrontement entre des soldats israéliens et des jeunes du village d’Al-Aissawiya. Les autorités israéliennes interdisent l’accès à Jérusalem à des acteurs de la pièce de théâtre « Le magicien d’Oz ». 99 Territoires de 1948 Le fil des exactions 19/2 20/2 24/2 25/2 Un policier israélien interpelle les photographes Nader Bibers et Toufic Saliba à la Porte des Immondices à Jérusalem. Un tribunal de Jérusalem condamne le journaliste Mahmoud Abou Ata pour rassemblement dans un lieu interdit. Les journalistes interdits d’accès à l’Esplanade des mosquées et le photographe Amjad Abou Arfeh atteint d’une balle en caoutchouc dans le dos. Le photographe Ammar Awad atteint d’une balle en caoutchouc au pied. Mars 30/3 Les forces israéliennes attaquent les journalistes à la Porte de Damas et blessent trois d’entre eux. Avril 2/4 Les forces de sécurité israéliennes investissent le siège de l’agence Hona Al-Quds (Ici Jérsulaem), empêchent la tenue de la cérémonie d’inauguration et arrêtent deux employés. 17/4 Le ministère israélien de l’Education interdit l’usage d’un livre d’éducation civique présentant la version palestinienne de la Nakba et de la création de l’Etat d’Israël. Mai 14/5 15/5 20/5 20/5 L’Université de Haifa interdit la tenue de deux expositions et d’une activité culturelle en commémoration de la Nakba. La journaliste Diala Jweihan battue par un soldat israélien et piétinée par plusieurs autres. La police israélienne perturbe le travail des journalistes lors d’une manifestation pacifique contre la politique de colonisation. Des policiers israéliens agressent le journaliste Rami Othman et lui arrachent son œil de verre. Juin 13/6 La police israélienne arrête le directeur du Club des détenus Nasser Qaws et l’ordonne d’annuler un événement de solidarité avec les prisonniers palestiniens. Juillet 9/7 100 La police israélienne arrête le journaliste Ibrahim Al-Husseini et le photographe Ayman Alyan et leur interdit de filmer à la Porte des Immondices. La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine Août 16/8 La police israélienne convoque le photographe Amjad Abou Arfeh et l’accuse d’avoir entravé le travail d’un policier il y a deux ans. Septembre 1/9 La journaliste Sana’ Lahab menacée par des inconnus en raison de sa position réservée à l’égard de la révolution syrienne. 8/9 La police israélienne agresse la journaliste Diala Jweihan durant un sit-in de solidarité avec les détenus palestiniens en grève de la faim. 14/9 Le journaliste Saïd Al-Kak blessé lors de la dispersion d’une manifestation à la Porte de Damas. 18/9 Le photographe Mahmoud Alyan atteint d’une balle en caoutchouc israélienne lors d’affrontements au camp de réfugiés de Chaafat. 19/9 Coups de feu sur le siège du site d’information Panet et du journal Panorama à Taïbeh. 19/9 Le domicile du journaliste Lotfi Issa essuie des coups de feu. 20/9 Un tribunal de Nazareth condamne le président de l’association Hurriyat (Libertés) Mohammad Kanaaneh à 15 mois de prison. 27/9 Le rédacteur-en-chef du site Baladee Imad Al-Merhi condamné à sept mois de prison. Octobre 1/10 1/10 2/10 2/10 5/10 7/10 31/10 Le journaliste Hamad Oueidat reçoit des menaces en raison de son travail de correspondant pour une chaîne iranienne. Des fondamentalistes israéliens agressent le photographe Ata Oueissat et l’atteignent d’une pierre à la tête. La police israélienne interdit aux journalistes l’accès à l’Esplanade des mosquées et interpellent nombre d’entre eux. La police israélienne arrête le journaliste Wissam Hammoudeh et lui interdit l’accès à l’Esplanade des mosquées pendant 15 jours. La police israélienne attaque les journalistes présents sur l’Esplanade des mosquées, blesse quatre et expulse deux d’entre eux. La police israélienne interdit à l’équipe de Press TV de tourner à la Porte des Lions. La police israélienne arrête le journaliste Iyad Al-Rifaï à son domicile à Anata. 101 Territoires de 1948 Le fil des exactions Novembre 8/11 Le directeur du journal Baladna menacé de mort suite à un article qu’il a publié concernant le département des impôts à Daliat Al-Carmel. 14/11 Le journaliste Saïd Al-Kak battu par des manifestants commémorant la mort de l’ancien président palestinien Yasser Arafat. 18/11 La police israélienne fait irruption au théâtre Al-Hakawati et empêche la tenue d’un festival. 19/11 La police israélienne atteint le photographe Mahfouz Abou Turk d’une balle au cou lors de la couverture des affrontements près du check-point de Qalandia. 20/11 La police israélienne entrave le travail des journalistes couvrant les manifestations d’étudiants arabes à l’Université hébraïque de Jérusalem. 27/11 Des extrémistes juifs menacent le journaliste Ziad Abou Hablé de mort suite à ses articles dénonçant la discrimination et le racisme à l’égard des citoyens arabes. Décembre 4/12 102 La police israélienne arrête le directeur du Club des détenus Nasser Qaws. conclusion Journalistes et intellectuels unis dans la tragédie Youssef El-Hachem En 2012, les violations se sont poursuivies dans les quatre pays couverts par le Centre SKeyes pour la liberté de la presse et de la culture, à savoir le Liban, la Syrie, la Jordanie et la Palestine. La violence a atteint son apogée et les journalistes ont été pris pour cible par tous les moyens possibles. D’une part, le rythme des violations a considérablement augmenté, et celles-ci ont pris différentes formes, et de l’autre, il semble qu’aucune des recommandations, proposées dans notre rapport annuel de 2011, n’ait été prise en considération par les autorités publiques et les professionnels des médias. De plus, aucun mécanisme n’a été mis en œuvre pour empêcher que les violations ne gagnent en ampleur et pour punir les coupables. Au regard des événements tragiques au sein des quatre pays de la région,, la question principale qui se pose est la suivante : qui protège les journalistes et les intellectuels ? Le seul moyen pour ce faire serait la mise en place d’une dynamique de cohésion et d’entraide qui favorisera leur union, d’abord au sein d’un même pays, ensuite au niveau régional et finalement à travers le monde, si possible bien sûr. Cette dynamique permettrait de comparer rapidement l’état des libertés médiatiques et culturelles d’un pays à un autre et d’assurer un suivi quotidien des cas les plus importants. Elle permettrait également de consolider les liens de solidarité avec tout journaliste, écrivain, correspondant ou photographe, exposé à une situation susceptible de porter atteinte à sa liberté, à sa sécurité ou à sa vie. Cette dynamique, qui fait partie des exigences du Printemps médiatique arabe, devrait voir le jour, d’autant que plus rien n’est aujourd’hui impossible avec les progrès technologiques. Il convient de documenter, de transmettre et de suivre les agressions, menaces et actes de violence dont les journalistes sont victimes, tout en accordant une attention particulière aux violations perpétrées contre le corps médiatique et culturel féminin, en ce qu’elles constituent une atteinte flagrante aux droits de la femme. De même, il est nécessaire de dénoncer toute agression menée contre les journalistes locaux, arabes ou étrangers. Pour cela, l’union des journalistes contre tout ce qui risque de mettre leur vie, liberté ou sécurité en péril, s’impose. De plus, cette solidarité devrait s’appliquer à la presse écrite et audiovisuelle d’une part, et de l’autre, aux nouveaux médias liés à Internet, y compris les réseaux sociaux. Au cours de l’année 2012, les menaces et poursuites lancées suite à des informations et opinions diffusées sur ces réseaux ont notamment augmenté. De nombreuses complications sécuritaires, politiques et militaires ont eu lieu au cours des derniers mois de l’année 2012, constituant ainsi un fardeau supplémentaire pour le travail journalistique en Syrie, en Palestine, au Liban et en Jordanie. Les chiffres sont indéniablement effrayants, surtout que des dizaines de journalistes ont péri dans l’exercice de leur devoir professionnel. 87 journalistes, artistes, militants des droits de l’homme et citoyens journalistes ont trouvé la mort en Syrie, au moment ou le régime a multiplié la violence et les actes de répression. De plus, des dizaines de journalistes syriens, arabes et étrangers ont été victimes de détention arbitraire, d’enlèvement et de torture ; plusieurs sont, jusqu’à ce jour, portés disparus. Les blocages répétés du réseau Internet ont, plus d’une fois, empêché la transmission d’informations. À Gaza, trois journalistes ont été tués et plus de vingt ont été blessés lors de l’offensive israélienne, en plus de la destruction de nombreuses institutions médiatiques. Au Liban, le photographe Ali Shaaban a été tué par les balles des forces syriennes, à la frontière syro-libanaise. S’il est vrai, selon le dicton populaire, que la souffrance unit, qu’attendent donc les journalistes et intellectuels de Palestine, de Jordanie, du Liban et de Syrie pour s’unir face à l’oppression, aux meurtres, aux exécutions et à la torture ? Journalistes et intellectuels du monde arabe... unissez-vous ! Sinon le pire reste à venir. 103 Statistiques Les violations des libertés de la presse et de la culture… en chiffres 1- Journalistes, intellectuels et militants des droits de l’homme tués Journalistes Ecrivains et artistes Militants des droits de l’homme Citoyens journalistes 49 2 11 25 Syrie 3 1 Gaza Liban Aucun journaliste, intellectuel ou militant des droits de l’homme n’a été tué en Jordanie, en Cisjordanie et dans les Territoires de 1948 en 2012, alors que le Liban est redevenu une scène où les journalistes perdent leur vie. Le caméraman Ali Shaaban a été tué à la frontière libano-syrienne par l’armée syrienne en avril. Dans la bande de Gaza, trois journalistes ont été tués quand leurs véhicules ont été ciblés par les avions militaires israéliens durant l’attaque du mois de novembre ; il s’agit de Mohammad Abou Aysha, Mahmoud Al-Koumi et Houssam Salama. La Syrie a été de loin l’endroit le plus dangereux pour les journalistes, les écrivains, les militants des droits de l’homme et les citoyens journalistes ; 87 y ont perdu la vie en 2012, comparé à 14 en 2011, soit une augmentation de 521%. Les quatre derniers mois de l’année ont été particulièrement meurtriers en Syrie ; c’est durant cette période que 50% des journalistes, intellectuels et citoyens journalistes tués en 2012 ont perdu la vie, comme indiqué dans le graphe suivant : 104 La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine Le nombre de journalistes et d’intellectuels tués en Syrie par mois Journalistes Ecrivains et artistes Citoyens journalistes Militants des droits de l’homme 9 4 1 1 2 Janvier 9 1 1 5 5 2 1 2 2 Février Mars 4 3 6 5 Avril 2 3 Mai Juin 2 1 Juillet Août 3 1 2 3 2 2 3 Septembre Octobre Novembre Décembre Les forces rebelles syriennes ont été également impliquées dans l’assassinat de journalistes pro-régime, à partir de juin, avec l’attentat contre le siège de la chaîne Al-Ikhbariya et particulièrement lors des trois derniers mois de l’année. Cependant, le nombre de journalistes, intellectuels et citoyens journalistes tués par les forces progouvernementales est resté bien plus élevé. Les parties responsables de la mort de journalistes et d’intellectuels en Syrie Inconnus 3% Rebelles 16% Forces pro-régime 81% 105 Statistiques 2- Peines de prison contre les journalistes, intellectuels et militants des droits de l’homme Tribunaux israéliens Tribunaux palestiniens 2 2 Cisjordanie 2 Territoires de 1948 Aucune peine de prison n’a été prononcée à l’encontre de journalistes, d’écrivains et d’artistes au Liban, en Jordanie et dans la bande de Gaza en 2012. En Syrie, les peines prononcées par les tribunaux militaires et les cours d’exception ont été si nombreuses qu’il a été difficile de les quantifier, vu la violence des événements en Syrie et le fait que la plupart de ces décisions sont restées secrètes ou n’ont été rendues publiques que bien plus tard. Pour cette raison, le graphe ci-dessus ne représente que les peines prononcées en Cisjordanie (deux par des tribunaux israéliens et deux par des tribunaux de l’Autorité palestinienne) et dans les Territoires de 1948 (deux par des tribunaux israéliens). 106 La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine 3- Arrestations de journalistes, intellectuels et militants des droits de l’homme Territoires de 1948; 12 Liban; 9 Cisjordanie; 25 Gaza; 5 ie; 3 Jordan Syrie; 80 Le nombre de journalistes, artistes et citoyens journalistes arrêtés en 2012 a diminué de 42% par rapport à 2011 dans les quatre pays surveillés par le Centre SKeyes. Au Liban néanmoins, leur nombre a augmenté de cinq en 2011 à neuf en 2012, et en Jordanie, trois ont été arrêtés en 2012 comparé à un seul en 2011. A Gaza, le nombre d’arrestations a diminué de 13 à cinq et dans les Territoires de 1948 de 29 à 12. Le nombre d’arrestations officielles en Syrie a baissé de 157 en 2011 à 80 en 2012, mais cette année a vu une augmentation fulgurante du nombre de journalistes et de citoyens journalistes portés disparus, qui ne peuvent figurer dans le graphe ci-dessus. En Cisjordanie spécifiquement Journalistes arrêtés en Cisjordanie 9 16 par l’Autorité palestinienne 0 2 4 6 8 10 12 14 16 18 En Cisjordanie, neuf journalistes, intellectuels et militants des droits de l’homme ont été arrêtés par les forces israéliennes en 2012 (15 en 2011), alors que 16 ont été arrêtés par les services de sécurité liés à l’Autorité palestinienne (huit en 2011). 107 Statistiques 4- Agression de journalistes, intellectuels et militants des droits de l’homme Acteurs non étatiques Services officiels Forces israéliennes 25 38 38 2 4 17 Liban Jordanie 15 10 8 2 2 Gaza Cisjordanie 2 Territoires de 1948 En 2012, le Liban a été le pays du Proche-Orient où il y a eu le plus grand nombre d’agressions physiques contre des journalistes, photographes et militants civiques, avec une augmentation de 14,5% par rapport à 2011 ; 63 cas ont été recensés en 2012 et 55 en 2011. Dans les détails, il y a eu une forte augmentation du nombre de journalistes et de militants agressés par les forces de sécurité et l’armée libanaise, passant de quatre en 2011 à 25 en 2012, et une diminution des cas d’agression par des acteurs non étatiques (manifestants, militants politiques ou inconnus), de 51 cas en 2011 à 38 en 2012. La situation s’est également dégradée en Cisjordanie, avec une augmentation des agressions de 37 cas en 2011 à 48 en 2012 (soit une hausse de 29,7%). Une amélioration notable a été enregistrée dans la bande de Gaza, avec une diminution des agressions de 60 en 2011 à 16 en 2012 (soit une baisse de 73,3%), dans les Territoires de 1948, de 43 agressions en 2011 à 17 en 2012 (soit une baisse de 60,5%) et en Jordanie, de 35 agressions en 2011 à 19 en 2012 (soit une baisse de 45,7%). La Syrie n’est pas incluse dans ces statistiques vu la difficulté de quantifier tous les cas de blessures et d’agressions en 2012. 108 La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine 5- Menaces proférées contre les journalistes, intellectuels et militants des droits de l’homme 10 4 2 1 Liban Jordanie 2 Gaza Cisjordanie Territoires de 1948 Dix journalistes et artistes libanais ont reçu des menaces de mort ou d’agression physique en 2012, contre onze en 2011 ; quatre dans les Territoires de 1948 en 2012 contre deux seulement en 2011. La Jordanie a connu une amélioration notable avec une baisse du nombre de menaces : onze en 2011 et une seule en 2012, soit une diminution de 90,9%. 6- Matériel technique, bureaux de presse et centres artistiques attaqués Territoires de 1948; 4 Liban; 3 Syrie; 2 Cisjordanie; 5 Jordanie; 5 Gaza; 4 109 Statistiques 7- Censure contre les arts et la culture Livres Expositions et installations artistiques Représentations artistiques Cinéma Emissions de télévision 3 6 3 1 1 1 Liban - censure officielle 1 Liban - censure non officielle 1 2 1 1 Jordanie 2 Gaza 1 Territoires de 1948 L’année 2012 a connu une certaine amélioration au niveau de la censure officielle sur les arts et la culture au Liban, passant de 11 cas de censure totale ou partielle en 2011 à sept en 2012, soit une amélioration quantitative de 36,4%. Trois films ont été partiellement censurés en 2012 et il n’y a eu aucune interdiction prononcée contre un film ou une pièce de théâtre ; cependant, trois DVD du réalisateur Pierre Dawalibi n’ont pas pu être importés pour des raisons administratives. Le développement négatif a été la recrudescence de la censure imposée par des acteurs non étatiques notamment religieux ou politiques, qui a touché des séries ou des publicités télévisées, des expositions ou des concerts. Une amélioration a également été enregistrée en Cisjordanie ; aucun cas de censure n’y a été recensé en 2012. Cependant, ce graphe ne permet pas de comparer l’ampleur de la censure dans la région ou de classer les pays selon le degré de respect des libertés culturelles, étant donné que les films, livres ou séries télévisées censurés dans un pays ne l’étaient pas dans d’autres. Un bon outil de comparaison présenterait l’attitude des autorités à l’égard de la même œuvre dans chacun des pays ; un tel cas ne s’est pas présenté en 2012. 110 La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine 8 - Sites Internet piratés Cisjordanie; Gaza; 9 4 Jordanie; 7 Syrie; 6 Liban; 43 L’année 2012 a connu une forte augmentation du nombre de sites Internet libanais piratés, passant de 17 cas de piratage en 2011 à 43 en 2012, soit une hausse de 153%. De même dans la bande de Gaza, avec neuf cas en 2012 contre un seul en 2011, et en Cisjordanie, avec quatre cas en 2012 contre deux en 2011. En Syrie, ce nombre a baissé de dix à six, soit une diminution de 40% et il n’y a eu aucun changement dans le nombre de sites piratés en Jordanie entre 2011 et 2012 111