Le fil des exactions

Transcription

Le fil des exactions
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
La liberté de la presse et de la culture
Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
Rapport annuel
2012
Centre SKeyes pour la liberté de la presse et de la culture
Fondation Samir Kassir
© 2013 Fondation Samir Kassir
Adresse: 63, Rue Zahrani, Sioufi, Achrafieh, Beyrouth - Liban
Tel/Fax: (961)-1-397331
Email: [email protected]
http://www.skeyesmedia.org
Le contenu de ce rapport relève de la seule responsabilité de la Fondation Samir Kassir et
ne peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de l’Union européenne.
Le contenu de ce rapport relève de la seule responsabilité de la Fondation Samir Kassir et ne
peut en aucun cas être considéré comme reflétant la position de la Fondation pour le Futur.
Traduction: Nada Sleiman
Correction et relecture anglaise: Eric Reidy
Mise en page graphique : Jamal Awada
Impression: Chemaly & Chemaly, Beyrouth
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
Table des matières
PrÉface
61
Skeyes en 2012
63
Liban
66
Syrie
74
Jordanie
83
Gaza
88
Cisjordanie
92
Territoires de 1948
98
conclusion
103
statistiques
104
59
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
Préface
2012 : Une année rouge sang
Ayman Mhanna
En 2007, les fondateurs du Centre SKeyes pour la liberté de la presse et de la culture
s’attendaient-ils à ce que vienne une année où le Centre comptera 91 journalistes,
intellectuels, artistes et citoyens journalistes tués dans cet Orient arabe ?
L’amélioration relative de la plupart des indicateurs de la liberté de la presse et de
la culture, notamment le recul des cas d’agressions, d’arrestations et de décisions de
censure, est vite balayée par le nombre de journalistes, d’intellectuels et d’artistes tués
en 2012 ; plus de cinq fois le nombre enregistré en 2011. Tous les quatre jours, un
journaliste, un intellectuel, un artiste, un citoyen journaliste était tué ; 96 pourcent
d’entre eux sur le territoire syrien.
La liberté de la presse et de la culture en 2012 a été marquée par les tendances et les
caractéristiques suivantes :
Tout d’abord en Syrie, le régime a lancé une campagne systématique pour faire taire
les journalistes et les militants des droits de l’homme, ainsi que les figures artistiques
et culturelles qui ne respectent pas le discours officiel. Arrestations, enlèvements,
torture et assassinat ; rien ne leur a été épargné. À travers le pays, les citoyens
journalistes se sont transformés en proies pour l’armée du régime. De l’autre côté du
conflit, des factions de l’opposition ont commencé, surtout dans les quatre derniers
mois de l’année, à attaquer les journalistes, les reporters et les institutions médiatiques
pro-régime. Les professionnels des médias sont ainsi devenus une cible facile et une
boîte aux lettres meurtrière entre les belligérants.
L’afflux des journalistes internationaux en Syrie, pour couvrir les combats et rendre
compte au monde de la souffrance du peuple syrien, a également été l’un des éléments
marquants de 2012. Si ceux qui travaillent pour les grands médias internationaux ont
reçu une formation pour opérer dans de telles zones de conflits et peuvent ainsi
compter sur un réseau de suivi et de soutien en cas de problème, de nombreux
reporters indépendants se sont rués en Syrie, y voyant une opportunité de se faire un
nom. Pourtant, la plupart d’entre eux n’ont ni l’expérience ni la préparation nécessaire
pour faire face aux nombreux dangers qui minent le terrain : les bombardements
du régime ; le risque d’enlèvement par des milices pro-régime et les services de
renseignement ; le risque d’enlèvement par les groupes islamistes intégristes ; et la
présence de fixeurs peu scrupuleux qui les mettent dans des situations périlleuses
par appât du gain. Certes, de nombreux journalistes internationaux ont écrit ou filmé
en Syrie des reportages qui resteront dans les annales du métier, mais il convient
de procéder d’urgence à une évaluation précise du travail journalistique là-bas, afin
d’assurer à ceux qui s’y aventurent, le plus haut degré possible de protection.
La situation au Liban a présenté des caractéristiques contradictoires. D’une part, la
situation des libertés culturelles s’est quelque peu améliorée. Le nombre de décisions
61
PrÉface
de censure a diminué, bien moins qu’il ne le faudrait cependant, et toutes les décisions
judiciaires ayant trait à des cas de liberté d’expression ont été en faveur des artistes.
D’autre part, les journalistes, reporters et photographes, plus que dans tout autre
pays de la région, ont été victimes d’agressions physiques perpétrées aussi bien par
les forces de sécurité officielles que par des acteurs non étatiques. Aucune action n’a
été entreprise à l’encontre des responsables de telles exactions. Le laxisme honteux
des autorités publiques a permis à des groupes politiques, religieux, confessionnels
et claniques de briser toutes les barrières légales et morales. Ils ont imposé de fait
leur propre censure sur des activités culturelles, enlevé et détenu des journalistes,
soumettant certains à la torture et à la violence physique. L’impunité, qui caractérise
tant de secteurs dont les médias et la culture, est aujourd’hui le danger le plus grave
auquel sont confrontées les libertés publiques au Liban, expliquant par ailleurs la
chute du pays dans les classements établis pas les organisations internationales
concernées.
Si, sur le papier, la Jordanie est le pays de la région où le nombre de violations
directes a été le plus faible, le respect de la liberté de la presse et de la culture dans
le Royaume hachémite n’est en aucun cas satisfaisant. L’ingérence publique éhontée
dans les médias, en particulier celle des services de renseignement, a conduit à un
degré dangereux d’autocensure de la part des journalistes et des artistes, afin d’éviter
les tracas. Les amendements apportés à la Loi sur la presse et les publications,
notamment ceux relatifs à internet, ne sont qu’une preuve supplémentaire des
velléités de contrôle de la liberté d’expression, sous couvert de réglementations, de
normes et de garde-fous.
Dans ce contexte, la Palestine apparaît comme le seul endroit où l’espace des libertés
culturelles et médiatiques a quelque peu augmenté. La réconciliation, bien que
partielle, entre les mouvements Fatah et Hamas s’est traduite par une diminution
du nombre de convocations et d’arrestations de journalistes. Ces pratiques n’ont
néanmoins pas disparu. Les services de l’Autorité palestinienne montrent toujours
peu de tolérance à l’égard d’articles dénonçant les cas de corruption trop fréquents
en son sein et des critiques acerbes contre le président Mahmoud Abbas postées
sur les réseaux sociaux. Dans la bande de Gaza, la créativité artistique fait toujours
face à des obstacles quasi-insurmontables, imposés par le Hamas sous des prétextes
religieux.
La seule constante en Palestine est l’ampleur des exactions israéliennes. Les
journalistes ont payé un lourd tribut lors de l’attaque de novembre 2012 sur Gaza.
Trois d’entre eux ont été tués et plusieurs ont vu leurs bureaux et leurs domiciles
détruits par les bombardements israéliens. En Cisjordanie, les journalistes ont été
régulièrement la cible des soldats israéliens dispersant les rassemblements contre la
colonisation et l’occupation. Dans les Territoires de 1948, une course sordide s’est
installée entre, d’une part, les agressions de journalistes et, d’autre part, les lois et
réglementations racistes dirigées contre les citoyens arabes et leur héritage culturel
et linguistique.
Tous ces développements prouvent au quotidien l’importance du travail du Centre
SKeyes, pour donner aux journalistes et aux intellectuels du Proche-Orient une voix,
un refuge et un cadre de soutien. Voilà notre promesse à Samir Kassir, aux fondateurs
du Centre en 2007 et à un collègue qui a insufflé à SKeyes un esprit jeune, rebelle et
engagé, avant de partir sans crier gare… Wajih Ajouz, tu nous manques tous les jours.
Nous te dédicaçons ce rapport, puisse-t-il être le dernier qui déplore la mort d’un
journaliste ou d’un artiste dans notre région.
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SKeyes en 2012
SKeyes en 2012
22-24 janvier
SKeyes participe au « Forum arabe de la presse libre » organisé par l’Association
mondiale des journaux à Tunis, en Tunisie.
25 janvier
SKeyes lance la sixième édition de sa newsletter « SKeyes Info ».
30-31 janvier
SKeyes participe à une réunion de défenseurs de la liberté de la presse intitulée
« Soutenir les médias arabes dans un contexte de transition et de (post)conflits »,
organisée par le Centre de Doha pour la liberté de la presse à Doha, au Qatar.
23 février
SKeyes et Journalistes contre la violence organisent un sit-in de solidarité avec les
journalistes victimes de la violence en Syrie à la Place Samir Kassir au centre-ville
de Beyrouth, au Liban.
14 mars
SKeyes prend part à la campagne civique contre l’adoption d’un projet de loi de
réglementation d’Internet au Liban.
23 mars
SKeyes participe à la « Journée de coopération de l’Union européenne » à Beyrouth,
au Liban, et présente ses rapports et ses revendications liées à la liberté d’expression.
27 mars
SKeyes lance son rapport annuel « La liberté de la presse et de la culture en 2011 ».
10 avril
SKeyes et l’Institut français du Liban organisent une rencontre avec la présentatrice
française Aïda Touihri intitulée « Comment rendre l’information internationale
accessible au grand public » à l’Ambassade de France à Beyrouth, au Liban.
19 avril
SKeyes participe à une conférence intitulée « Le Printemps arabe : les défis des transitions
politiques et les leçons pour les sociétés civiles du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord »
à Amman, en Jordanie, organisée par la Fondation Friedrich Ebert, l’Initiative de réforme
arabe et l’Institut des hautes études internationales de Genève.
1er mai
SKeyes participe à la Nuit du Graffiti en solidarité avec des graffeurs arrêtés par la police
à Beyrouth, au Liban.
2-3 mai
A l’occasion de la Journée internationale de la liberté de la presse, SKeyes, l’UNESCO et
IREX organisent un atelier de formation intitulé « Jeunes défenseurs de la liberté de
la presse » à Amman, en Jordanie.
7 mai
SKeyes participe à une conférence intitulée « La liberté de la presse : les principaux défis
et les responsabilités professionnelles » organisée par l’UNESCO à Beyrouth, au
Liban.
30 mai
SKeyes et sept autres organisations internationales de défense de la liberté de la presse
et des droits de l’homme lancent un appel commun réclamant la libération de Mazen
Darwiche et des autres membres du Centre syrien pour les médias et la liberté d’expression
arrêtés en Syrie le 16 février.
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SKeyes en 2012
SKeyes en 2012
15 juin
SKeyes et l’Institut français du Liban organisent une rencontre avec la
journaliste française Audrey Pulvar intitulée « Divertissement et émissions politiques :
un mariage difficile ? » à l’Ambassade de France à Beyrouth, au Liban.
21 juin
SKeyes et 82 autres organisations internationales de défense de la liberté de la presse et
des droits de l’homme signent un appel commun à la libération des défenseurs de la
liberté d’expression détenus au secret en Syrie.
21-22 juin
SKeyes participe à un séminaire à Montpellier, en France, intitulé « e-Politique : après
les révolutions, les élections » organisé par Canal France International.
27 juin
SKeyes et Civic Hub organisent un débat sur les tabous dans le journalisme libanais
à Beyrouth, au Liban.
2 juillet
SKeyes lance « Mamnou3 », une web-série satirique sur la vie quotidienne au sein du
bureau libanais de la censure, lors d’une projection spéciale organisée à AltCity
à Beyrouth, au Liban.
13-15 juillet
SKeyes organise une conférence internationale intitulée « La couverture médiatique des
élections : nouvelles tendances, nouveaux défis » à l’Hôtel Al-Bustan, Beit Mery, au
Liban, avec le soutien de l’Union européenne, la Fondation pour le Futur et Canal
France International.
23 septembre
SKeyes et 15 autres organisations de défense de la liberté de la presse et des droits de
l’homme lancent l’Initiative contre les disparitions forcées et les détentions arbitraires en
Syrie, lors d’une réunion au siège de la Fédération internationale des ligues des droits
de l’homme à Paris, en France.
29 septembre-1er octobre SKeyes organise un atelier de formation de journalistes palestiniens consacré à la
rédaction de reportage de presse en langue anglaise, sur la Mer Morte, en Jordanie.
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5 octobre
SKeyes participe à une table ronde sur la réforme du secteur des médias au Liban
organisée par Beyond Reform and Development à Beyrouth, au Liban.
6 octobre
SKeyes participe à un débat sur la censure et la liberté d’expression lors de la
conférence « Share Beirut » à Sin el-Fil, au Liban.
13 octobre
SKeyes lance une publication spéciale en langue française intitulée « La liberté de la presse
et de la culture – Défis et morceaux choisis » incluant divers articles écrits pour le Centre
ou à propos de ses activités.
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
SKeyes en 2012
26 octobre-4 novembre
SKeyes tient un stand lors du Salon du Livre francophone de Beyrouth, au Liban,
et organise une exposition des dessins de l’artiste syrien Juan Zero. Le stand présente
également des initiatives civiques libanaises des organisations suivantes : l’Association
libanaise pour l’éducation et la formation, Dispatch Beirut, l’Association libanaise pour
la démocratie des élections, Nahwa al-Muwatiniya et MAJAL – l’Institut d’urbanisme
de l’Académie libanaise des beaux-arts.
30 octobre
SKeyes organise une table ronde intitulée « Re-construire le jour d’après » dans le cadre du
Salon du Livre francophone, avec les architectes libanais Bernard Khoury et Serge Yazigi,
la directrice de la zone Afrique du Nord à l’Institut démocratique national Barrie Freeman
et le professeur de sociologie politique à l’Institut des hautes études internationales
de Genève Riccardo Bocco.
3 novembre
Présentation de la web-série « Mamnou3 » nommée au titre de la Meilleure web-série
de l’année 2012, lors du Festival Tous Ecrans à Genève, en Suisse.
12 novembre
SKeyes participe à la conférence de presse des parents d’Austin Tice, le journaliste
américain porté disparu en Syrie, tenue à Beyrouth, au Liban.
16-18 novembre
SKeyes participe au « Forum international de la sécurité de Halifax » organisé par le
ministère canadien de la Défense et Foreign Affairs Magazine à Halifax, au Canada.
20 novembre
SKeyes lance une publication spéciale intitulée « Un hommage à Wajih Ajouz » en
mémoire du chercheur du Centre, mort dans un accident de voiture le 14 septembre.
29 novembre-1er décembre
SKeyes organise un atelier de formation à la vérification des faits à l’Ambassade de France
à Beyrouth, au Liban.
3 décembre
SKeyes participe à un débat sur la censure au Liban à l’Université américaine de
Beyrouth.
7 décembre
SKeyes et l’Institut français du Liban organisent une rencontre avec les journalistes
français Yann Barthès et Julien Beau intitulée « La satire politique : journalisme ou
divertissement ? » à l’Ambassade de France à Beyrouth, au Liban.
11 décembre
SKeyes rejoint le Groupe de travail technique sur les élections, animé par le Comité
d’assistance aux élections libanaises du Programme des Nations unies pour le
développement et qui regroupe plusieurs organisations locales et internationales œuvrant
pour un processus électoral libanais transparent et démocratique.
15 décembre
SKeyes participe à un atelier de formation intitulé « L’activisme numérique au
Moyen-Orient » organisé par la Fondation Friedrich Naumann et l’Association libanaise
pour la transparence à Beyrouth, au Liban.
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Liban 2012
Les journalistes victimes d’agressions
et de censure partisane
Rima Awad
Pour la deuxième année consécutive, les
violations médiatiques et culturelles commises
au Liban montrent clairement les répercussions
du conflit syrien sur la scène libanaise. L’exaction
la plus dangereuse fut le meurtre du caméraman
de New TV Ali Shaaban, tué par les balles des
forces syriennes. Celui-ci était en mission avec
deux collègues, Abdel-Azim Khayat et Hussein
Khreiss, à la frontière syro-libanaise, dans la
région de Wadi Khaled. Des membres de l’armée
syrienne ont été inculpés mais aucun acte concret
n’a été entrepris pour les traduire en justice. Les
services de renseignement syriens ont également
procédé à la collecte d’informations se rapportant
aux signataires de la déclaration « Citoyens
libanais du Sud soutenant la révolution de leurs
frères en Syrie ».
D’autres violations graves ont eu lieu : des francstireurs ont ouvert le feu sur les journalistes qui
couvraient des incidents à Tripoli à la place Abou
Ali ; l’ingénieur de la retransmission en direct de
la chaîne Sky News Hussein Nakhlé a été blessé à
la tête et la journaliste canadienne Maria Moore a
souffert de brûlures à la jambe.
Par ailleurs, des dizaines d’agressions ont
été menées contre le corps médiatique : le
caméraman de la chaîne Al-Arabiya Alain Khoury
et le producteur Georges Nassif ont été agressés
pendant qu’ils filmaient un reportage spécial
entre Bab El-Tebbaneh et Jabal Mohsen à Tripoli.
De plus, plusieurs manifestants protestant contre
l’enlèvement de Libanais en Syrie ont attaqué les
véhicules des chaînes LBC, OTV, MTV et New TV
sur la route menant à l’aéroport, et les journalistes
ont été insultés et certains roués de coups. Par
ailleurs, quinze personnes parmi les employés
licenciés de la maison de production télévisuelle
PAC et de LBC, ainsi que des membres de leurs
familles, ont été blessés lors d’une altercation avec
les forces de sécurité, alors qu’ils manifestaient
devant le siège de la compagnie à Adma, contre le
non paiement de leurs indemnités. Des individus
masqués ont attaqué le bâtiment de la chaîne
New TV, brûlant des pneus et tirant des coups
66
de feu. Cet événement a soulevé de nombreuses
questions quant à la protection des institutions
médiatiques, de crainte que de pareilles opérations
ne se reproduisent, notamment après la remise
en liberté du responsable de l’attaque contre
une caution dérisoire. Celui-ci avait été pris en
flagrant délit mais des interventions partisanes
avaient suivi et conduit à sa libération. Dans
un entretien télévisé à la chaîne syrienne prorégime Al-Dounia, l’ex-député Nasser Kandil a
menacé plusieurs journalistes qui ne couvrent
pas le conflit en Syrie d’une manière favorable au
régime, mentionnant le nom de la reporter de la
chaîne Al-Arabiya, Najwa Kassem. Celle-ci a fait
porter à Kandil la responsabilité de sa sécurité et
de celle de sa famille au Liban.
En 2012, des groupes armés non étatiques ont
procédé à l’enlèvement et à la détention de
plusieurs journalistes et les ont soumis à des
interrogatoires, en violation de toutes les lois en
vigueur. Des membres du Hezbollah ont arrêté
le journaliste Rami Aysha et l’ont roué de coups
lors de son interrogatoire, avant de le remettre à
la police militaire, où les mauvais traitements ont
continué. Par ailleurs, des membres du Hezbollah
ont retenu deux journalistes du site NOW
Lebanon, Ana Maria Luca et Naziha Baassiri,
à Nabichit, dans la plaine de la Békaa, pendant
près d’une heure, alors qu’elles couvraient des
incidents dans la région. Des hommes armés
ont également enlevé trois employés de la chaîne
Al-Yassariya.
Alors que la justice n’a rien entrepris à l’égard
de ceux qui s’en sont pris aux journalistes, elle a
joué un rôle positif dans le domaine de la liberté
artistique et culturelle et plusieurs artistes ont
été acquittés à l’issue de leurs procès. Le tribunal
militaire a acquitté les blogueurs et militants
des droits de l’homme, Khodor Salameh et Ali
Fakhry, et la justice a abandonné les poursuites
contre les acteurs Edmund Haddad et Rawiya AlChab, suite au sketch « Halleluiah it’s raining »,
ainsi que les poursuites contre le graffiste Semaan
Khawam. La réalisatrice du film « Beirut Hotel »,
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
Danielle Arbid, a intenté un procès contre
l’État libanais auprès du Conseil d’État ; une
première en termes de confrontation juridique
des décisions de censure.
La Sûreté Générale a quant à elle menacé de
traduire le journaliste Michel Hajji Georgiou
en justice, suite à sa publication d’un article
intitulé « Abbas Ibrahim sur les traces de Jamil
Sayyed ? » dans le quotidien L’Orient-Le Jour.
Elle a également saisi le passeport du militant
Wissam Tarif et l’a empêché de se rendre en
Turquie ; de plus, elle a censuré une scène du film
« To Baalbek » à la demande des Forces de sécurité
intérieure. Des scènes du film turc « Fetih 1453 »
et du film libanais « Tannoura Maxi » ont aussi été
censurées à la demande des autorités religieuses
chrétiennes. Les services de renseignement de
l’armée ont violemment arrêté le rappeur Pierre
Hachache et l’ont roué de coups dans le souk de
Batroun, à la suite d’un commentaire publié sur
Facebook ; il a été relâché au bout d’une semaine,
sans qu’aucune charge ne soit retenue contre lui.
En 2012, les tentatives de censure non officielle
ont pris une ampleur considérable : des
autorités religieuses, des mouvements politiques
et des organisations communautaires ont saisi
le Conseil national des médias audiovisuels au
sujet de deux émissions d’éducation sexuelle
diffusées respectivement sur LBC et New TV. De
même, une campagne a été lancée sur Facebook
contre le caricaturiste Pierre Sadek, suite à sa
publication d’un dessin représentant le secrétaire
général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dans
le journal Al-Joumhouriya et sur son site internet.
De plus, la diffusion du film « Tannoura Maxi »
a été arrêtée, suite aux pressions exercées par
le Centre catholique d’information (CCI) sur
la Sûreté Générale. Le film n’a été rediffusé
en salle qu’après modification et suppression
de quelques scènes. Racha Al-Amine, une
étudiante en première année de journalisme,
a été menacée en raison d’un article qu’elle a
écrit sur l’influence politique de certains partis
au sein de l’Université libanaise, et une toile
peinte par l’artiste Zeina El-Khalil, représentant
Hassan Nasrallah aux côtés de la chanteuse
Shakira, a été retirée du Beirut Art Fair au BIEL
suite à des pressions exercées par des membres
du Hezbollah.
Enfin, l’année a été marquée par la vague de
licenciement d’un très grand nombre d’employés
au sein des institutions médiatiques libanaise :
la compagnie PAC et LBC ont renvoyé 397
employés, le quotidien Al-Mustaqbal et Future TV
ont licencié 35 employés, MTV cinq journalistes
et techniciens, et LBC SAT a annulé les contrats
de travail de 51 employés supplémentaires.
67
Liban 2012
Le fil des exactions
Janvier
11/1 18/1 19/1 19/1 La page Facebook du magazine Al-Jaras piratée.
La page Facebook de la journaliste Paula Yacoubian piratée.
La chanteuse belge Lara Fabian annule ses concerts au Casino du Liban
suite à des pressions de la campagne de boycott d’Israël au Liban.
Le site d’informations NOW Lebanon piraté.
Février
4/2 6/2 8/2 9/2 9/2 23/2 24/2 24/2 Un reporter de MTV forcé d’effacer des photos prises dans une usine de
fabrication de chips avariées.
Le site Internet de la chaîne NBN piraté.
Le tribunal militaire condamne le militant des droits de l’homme
Ali Khalil à deux mois de prison, commués en une amende, pour atteinte
à la réputation de la direction générale des Forces de sécurité intérieure,
diffamation et injures.
Le site Internet des Forces libanaises subit une tentative de piratage.
L’ancien député Nasser Kandil menace les journalistes hostiles au régime
syrien et nomme en particulier la journaliste Najwa Kassem et annonce
l’établissement d’un « tribunal des crimes de guerre médiatiques ».
Les caméramans de LBC et New TV forcés d’effacer des images montrant
des employés de l’Electricité du Liban (EDL) en mission dans le quartier
de Tarik Al-Jdideh.
Une exposition turque saccagée à l’Hôtel Monroe par des partisans de
la cause arménienne.
Campagne médiatique et électronique contre le dessinateur Pierre Sadek
pour avoir représenté Hassan Nasrallah dans l’une de ses caricatures.
Mars
1/3 Anonymous Lebanon revendique le piratage de quatre sites Internet
gouvernementaux.
2/3 Le journaliste Ali Atoui reçoit des menaces sur Facebook pour avoir
exprimé son rejet de la peine de mort suite à l’assassinat de Mohammad
Al-Natout à Saida.
8/3 Le site Internet du ministère du Travail piraté.
14/3 Entraves au travail de plusieurs photographes et reporters lors du rassemblement
de la coalition du 14 Mars au BIEL.
16/3 Les comédiens du programme Ma Fi Metlo menacés de mort par SMS.
68
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
19/3 20/3 24/3 Le groupe Arab Attack pirate le site Internet du journal Al-Kifah Al-Arabi.
Le producteur Omar Abhiss reçoit des menaces après avoir publié un
communiqué concernant le licenciement d’employés de la chaîne
de télévision Palestine Today.
Piratage de quatre pages Internet appartenant à la journaliste Rouaida Mroué.
Avril
2/4 Le caméraman de MTV Elie Assaker battu lors d’un tournage dans une
école où un élève aurait été violé.
9/4 Le caméraman de New TV Ali Shaaban tué par les balles de l’armée
syrienne à la frontière nord. Ses collègues Hussein Khreiss et Abdel-Azim
Khayat essuient des tirs.
11/4 Altercation entre une équipe technique de MTV et les gardiens du siège central
du Parti Kataëb à Saifi.
14/4 Tirs sur la voiture du journaliste Moustapha Moustapha Geha à Damour.
15/4 Le site du Syndicat des photographes de presse libanais piraté.
16/4 Un groupe se faisant nommer « Erfaa Sawtak » (Hausse ta voix) revendique
le piratage de 16 sites Internet gouvernementaux libanais à deux reprises.
16/4 Le site Internet de la chaîne MTV piraté.
20/4 Les blogueurs Khodor Salameh et Ali Fakhry arrêtés pour avoir dessiné des
graffitis favorables à la révolution syrienne sur des murs de Beyrouth,
dans le quartier de Béchara El-Khoury.
21/4 Les forces de l’ordre agressent les photographes Khaled Ayad et Hussein
Beydoun lors d’un sit-in de solidarité avec Khodor Salameh et Ali Fakhry.
25/4 Agression du caméraman de la chaîne Al-Arabiya Alain Khoury et du
producteur Georges Nassif lors du tournage d’un reportage entre
Bab El-Tebbaneh et Jabal Mohsen.
26/4 Le site Internet de la Fondation de l’Uléma Mohammad Hussein Fadlallah
piraté.
28/4 Le journaliste et militant politique Béchara Khairallah reçoit des menaces
et des insultes en réaction à ses positions politiques.
Mai
3/5 5/5 Les gardes du corps du Secrétaire d’Etat américain adjoint Jeffrey Feltman
entravent le travail des photographes au domicile du député Walid
Joumblatt à Clémenceau.
La page Facebook de la présentatrice Mona Abou Hamzé piratée.
69
Liban 2012
Le fil des exactions
15/5 Le journaliste Sohaib Ayoub agressé à deux reprises à quelques heures
d’intervalle à Tripoli lors du tournage d’un reportage à la Place Al-Nour
et dans la région d’Al-Zahrieh.
17/5 Des inconnus agressent l’équipe de la chaîne Russia Today à Tripoli.
20/5 Une équipe de New TV se fait agresser à Abdeh au Liban-Nord.
21/5 Le caméraman de Future TV Naji Mazboudi agressé à Tarik Al-Jdideh.
21/5 Le film « Tannoura Maxi » retiré des salles de cinéma suite aux pressions du CCI.
Il est reprogrammé après la censure de certains passages.
21/5 Une scène du film « To Baalbeck » censurée à la demande des Forces de sécurité
intérieure.
28/5 Le journaliste Afif Diab reçoit des menaces téléphoniques suite à un
article concernant Ziad Homsi, accusé de collaboration avec Israël.
Juin
2/6 Le journaliste Afif Diab agressé par des membres de la famille de
Ziad Homsi alors qu’il enquêtait pour un reportage à Chtaura.
10/6 Les journalistes Ghadi Francis et Firas Al-Choufi agressés à Dhour
El-Choueir lors de la couverture des élections internes au sein du Parti
syrien national socialiste (PSNS).
13/6 La journaliste Luna Safwan reçoit des menaces sur son profil Facebook
après avoir vivement critiqué le PSNS.
14/6 L’Ordre des médecins obtient la suspension de la diffusion du programme
« The Doctors » sur MTV.
14/6 Le site d’information Youkal.Net piraté.
14/6 L’étudiante Racha Al-Amine convoquée et menacée pour avoir publié un
article dénonçant la mainmise politique sur la Faculté d’information à l’Université
libanaise.
15/6 Le site Internet de l’Association palestinienne pour les droits de l’homme piraté.
18/6 Le photographe de la chaîne Al-Manar Khodor Markiz battu sur la route de l’aéroport.
25/6 Des hommes masqués attaquent le siège de New TV, brûlent des pneus
à l’entrée et tirent sur le bâtiment.
25/6 Le caméraman de Télé Liban Mohammad Rahmé harcelé et sa caméra
confisquée lors d’un sit-in dans le quartier de Béchara El-Khoury.
25/6 Le site Internet de New TV piraté.
25/6 Les Renseignements de l’armée interpellent la réalisatrice jordanienne Sandra Madi
au camp de réfugiés de Nahr El-Bared et l’interrogent pendant quatre heures.
28/6 Le reporter de la chaîne Al-Manar Dia’ Abou Taam et deux caméramans arrêtés
à proximité des domiciles des députés Sethrida Geagea et Antoine Zahra à
Zouk Mosbeh.
70
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
Juillet
3/7 12/7 19/7 19/7 26/7 26/7
28/7 Le site Internet du militant politique Chadi Nachabé piraté.
Un tableau de l’artiste peintre Zeina Al-Khalil, montrant côte à côte le
leader du Hezbollah Hassan Nasrallah et la chanteuse Shakira, retiré
d’une exposition au BIEL suite à des pressions du Hezbollah.
Le président de l’Association palestinienne pour les droits de l’homme,
Abdel-Aziz Tarekji, battu à Saida.
Des partisans du Courant patriotique libre (CPL) agressent les équipes de
tournage de MTV et OTV lors d’un sit-in dénonçant la grève des employés
de l’EDL.
Entraves au travail de l’équipe de tournage de MTV lors d’un second
sit-in du CPL à Achrafieh contre la grève des employés de l’EDL.
Les journalistes Mahmoud Al-Zayat et Jamal Al-Gharbi agressés par les
forces de l’ordre à Saida.
Le site Internet de la chaîne OTV piraté.
Août
3/8 10/8 15/8 15/8 16/8 16/8 23/8 24/8 26/8 Des techniciens de la troupe de théâtre de Gisèle Hachem Zard agressés
lors d’une altercation avec le Moukhtar de Kfardebian.
Le correspondant du journal An-Nahar et de la chaîne Al-Mayadeen Abbas
Sabbagh insulté et malmené lors d’un sit-in des parents des otages libanais
détenus en Syrie.
Les véhicules de retransmission de plusieurs chaînes de télévision attaqués sur
la route de l’aéroport lors d’un sit-in de solidarité avec les otages libanais détenus
en Syrie.
Des hommes masqués font irruption au siège de la chaîne Al-Yassariya
et enlèvent trois employés, avant de les libérer deux heures plus tard.
Le journaliste Joseph Abou Fadel blessé à la main après l’attaque de
sa voiture à Kab Elias, alors qu’il rentrait de Syrie.
L’artiste Semaan Khawam reçoit des menaces sur Facebook en réponse
à son soutien à la révolution syrienne.
Des partisans du régime syrien piratent le compte Twitter de la chaîne
Al-Mayadeen.
Hussein Nakhlé, technicien à Sky News Arabia, et la journaliste canadienne
Maria Moore blessés par les balles d’un sniper à Tripoli.
Le photographe de l’agence Associated Press Ghassan Sweidan agressé à Bab
El-Tebbaneh à Tripoli.
71
Liban 2012
Le fil des exactions
27/8 28/8 30/8 Des inconnus agressent l’équipe de MTV à Tripoli et empêchent la
correspondante Berna Nehmé Chédid de continuer son récit en direct.
Des photographes amateurs empêchés de prendre des photos à Ain El-Mreisseh
sous prétexte qu’ils n’avaient pas d’autorisation délivrée par le gouverneur
de Beyrouth.
Le journaliste Rami Aysha détenu par des membres du Hezbollah, qui
l’interrogent et le torturent, avant de le livrer aux Renseignements de
l’armée, où les mauvais traitements ont continué.
Septembre
9/9 14/9 19/9 25/9 Les Renseignements de l’armée interpellent la correspondante du journal
Al-Diyar à Tripoli Doumouh Al-Asmar et la relâchent trois heures plus
tard, dans une affaire liée à des tentatives d’enlèvement d’opposants
syriens au Liban.
Après avoir mis le feu au restaurant KFC à Tripoli, des inconnus brisent
la caméra du photographe du journal The Daily Star Antoine Amrieh.
La police du Parlement et des soldats agressent des militants et des
blogueurs de la Campagne civile pour la réforme électorale lors de leur
sit-in Place de l’Etoile.
Un agent de sécurité du centre commercial Le Mall à Dbayé agresse
le photographe du journal The Daily Star Hassan Shaaban.
Octobre
2/10 3/10 5/10 10/10 15/10 22/10 72
Les forces de sécurité empêchent les médias de couvrir un sit-in d’étudiants
à l’Université libanaise.
Les journalistes de NOW Lebanon Ana Maria Luca et Naziha Baassiri
brièvement détenues et interrogées par des membres du Hezbollah
à Nabichit dans la Békaa.
Une version modifiée de la sérié télévisée « Rome » diffusée sur MTV.
Certaines scènes du film « Fetih 1453 » censurées comme condition à sa
diffusion dans les salles de cinéma.
Le site Internet du journal An-Nahar piraté à plusieurs reprises.
Jet de cocktail Molotov sur une équipe de tournage de Télé Liban près
de Tarik Al-Jdideh.
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
Novembre
6/11 Un présentateur de Télé Liban agresse une collègue lui causant plusieurs
fractures.
6/11 La publicité de la boisson énergétique XXL retirée des chaînes de
télévision suite à un accord à l’amiable avec le Syndicat des infirmières
et infirmiers.
12/11 Le correspondant de la chaîne Al-Mayadeen Omar Kayed giflé par des partisans
du Cheikh Ahmad Al-Assir à Saida.
14/11 La Sûreté Générale interdit l’importation des DVD de trois films
du réalisateur Pierre Dawalibi ; ce dernier n’ayant pas pu produire les
permis de tournage de ses films.
21/11 Les Renseignements de l’armée arrêtent le chanteur de rap Pierre Hachache après
l’avoir violemment battu à Batroun, suite à un commentaire posté sur Facebook
critiquant le Commandant de l’Armée le Général Jean Kahwagi.
23/11 Les forces de sécurité intérieure détruisent une installation artistique
érigée par Dispatch Beirut à la Place des Martyrs pour célébrer la Fête
de l’Indépendance.
26/11 Le site Internet de l’Observatoire parlementaire libanais piraté.
Décembre
8/12 15/12 Quinze ex-employés de PAC et LBC ainsi que des membres de leurs
familles agressés par les forces de sécurité lors d’une altercation durant un sit-in
devant le siège de la chaîne à Adma.
L’étudiant à l’Université américaine de Beyrouth Ahmad Zahreddine
empêché de prendre des photos à la Place de l’Etoile sous prétexte qu’il
n’a pas reçu d’autorisation préalable.
73
Syrie 2012
Les journalistes aux portes de l’enfer
Jaber Baker
Les combats opposant l’armée régulière à l’armée
syrienne libre ont été particulièrement meurtriers
pour les journalistes et intellectuels syriens. 85
journalistes, citoyens journalistes, artistes et
écrivains et deux militants des droits de l’homme
ont trouvé la mort en Syrie en 2012. Cette tragédie
est le résultat logique de l’intransigeance du
régime syrien et de son obstination à opter pour
la réponse militaire au soulèvement populaire.
Le conflit s’est transformé en une opération de
destruction à grande échelle qui peut être qualifiée
de conflit des « portes ouvertes » ; ouvertes à
l’entrée de tous genres d’armes. La scène syrienne
est ainsi devenue un champ de bataille régional.
L’aspect civil de la révolution a été quasiment
détruit, le côté pacifique a entièrement disparu
et l’approche basée sur la non-violence a été
grandement éradiquée. La violence des combats
entre le régime et l’opposition armée a fait de la
Syrie le pire endroit sur terre pour les journalistes,
selon les organisations internationales concernées.
Il convient notamment de reconnaître que le
régime bombarde et détruit les villes au moyen
d’avions et de missiles sophistiqués, alors que
l’opposition a recours à des armes plus légères.
L’année a débuté avec l’assassinat du journaliste
syrien Choukri Aboul-Borghol, tué par un sniper
du régime à Daraya, bien que les médias du
gouvernement aient prétendu que des hommes
armés sont entrés par effraction dans son
appartement et l’ont tué, simplement parce qu’il
travaillait pour une institution rattachée au régime.
Par ailleurs, le journaliste de France 2, Gilles
Jacquier, a succombé à ses blessures après avoir
été touché par des éclats d’obus à Homs. Plusieurs
journalistes accompagnant Jacquier ont accusé
l’armée du régime de ne pas leur avoir fourni la
protection nécessaire, alors qu’ils se trouvaient
dans des régions sous contrôle du gouvernement.
La violence s’est accrue en février, avec le
meurtre de cinq journalistes syriens, alors qu’ils
couvraient les opérations militaires à Homs. Ce
changement radical du cours des événements
a porté l’attaque menée par le régime contre le
74
corps médiatique, civil et culturel de la révolution,
au stade de la liquidation physique et des meurtres
prémédités. Le régime syrien ne s’est pas contenté
des arrestations arbitraires, de l’aliénation
des libertés et de la torture ; le processus de
liquidation physique systématique a pris une
ampleur considérable. Les centres médiatiques
à Deir Baalba, Al-Khalidiyyeh et Baba Amr
à Homs ont été pris pour cible et nombre de
journalistes et citoyens journalistes ont été tués,
comme la journaliste américaine Mary Colvin et
le photographe français Rémi Ochlik.
Le 16 février, le Centre syrien pour les médias et
la liberté d’expression a été pris d’assaut et toute
l’équipe de travail, dirigée par Mazen Darwiche,
a été arrêtée. Celui-ci demeure jusqu’à ce jour –
ainsi que nombre de ses collègues – aux mains des
services de renseignement de l’armée de l’air. Leur
état de santé et les conditions de leur incarcération
demeurent inconnus et l’on craint que des peines
trop sévères ne soient prononcées contre eux.
Le premier cas d’un citoyen journaliste décédé
sous la torture – celui de Abdel-Razzak Darwiche
à Deir Ez-Zor – a eu lieu en février 2012.
Cette situation s’est réitérée jusqu’à devenir
quasi systématique et de nombreux écrivains
et journalistes ont péri sous la torture, ce qui
prouve que la répression sanglante des militants
journalistes et des intellectuels fait partie d’un
plan établi à l’avance.
Les meurtres se sont multipliés au milieu de l’année
et ont atteint le pic de l’atrocité avec l’exécution
du militant Khaled Mahmoud Kabisho dans la
ville d’Idleb; sa tête aurait ensuite été écrasée par
un char de l’armée syrienne. Le meurtre incessant
de militants a poussé les rebelles armés à cibler
les journalistes travaillant pour les institutions
du régime syrien : des membres de l’opposition
ont attaqué les locaux d’Al-Ikhbariya TV, y tuant
trois journalistes. Ils ont également agressé un
correspondant de la chaîne alors qu’il couvrait
en direct les événements dans la ville d’Alep.
Cette tendance a pris un tournant dangereux avec
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
l’enlèvement puis l’exécution du présentateur
de la télévision officielle syrienne, Mohammad
Al-Saïd, par le Front Al-Nosra. Les opérations
menées par les rebelles ne se sont pas limitées
aux médias du régime mais ont atteint les médias
occidentaux qui commençaient à prendre position
contre les mouvements jihadistes opérant en Syrie.
Des opposants armés ont enlevé le photographe
néerlandais Jeroen Oerlemans et le journaliste
britannique John Cantlie au mois de juillet 2012.
Au milieu du chaos régnant parmi les rangs des
forces de l’opposition, le régime a poursuivi sa
campagne de répression sanglante à l’encontre
des journalistes, intellectuels et artistes, recourant
à diverses formes d’exactions. Le sculpteur Waël
Kastoun est mort sous la torture dans un centre de
détention à Homs. En août, sept journalistes ont
été tués et, en septembre, un nombre record a été
atteint avec 13 journalistes, militants et écrivains
tués. L’atrocité des violations a atteint un nouveau
pic avec l’exécution de l’écrivain Ibrahim AlKharit et de ses deux fils par les forces de sécurité
à Deir Ez-Zor, sous les yeux des membres de leur
famille et des voisins. Mais cette escalade de la
violence n’a permis ni au régime ni à l’opposition
de trouver des solutions ou de garantir des
espaces sécurisés. La tragédie s’est poursuivie et
neuf journalises et écrivains syriens ont trouvé la
mort en octobre, que ce soit sous la torture, par
liquidation ou suite aux bombardements ou aux
combats entre armée et rebelles.
Au cours des derniers mois, le rythme des attaques
ciblées est resté très élevé. En effet, 11 journalistes
ont trouvé la mort au cours du mois de novembre.
Une dernière vidéo de la traductrice ukrainienne
Anhar Kochneva, enlevée par l’opposition armée
à Homs et accusée de travailler pour le compte du
régime syrien et de la Russie, a été diffusée. Celle-ci a
d’ailleurs été menacée d’exécution si les « exigences
des ravisseurs n’étaient pas satisfaites » ; d’ailleurs,
elles ne le seraient toujours pas.
En décembre, huit journalistes et citoyens
journalistes, dont trois travaillant pour la télévision
syrienne, ont été tués par les balles de l’opposition
armée. Le régime syrien a par ailleurs poursuivi
les meurtres de journalistes et de citoyens
journalistes ainsi que les arrestations arbitraires.
L’opposition a également recouru à la liquidation
et aux arrestations de citoyens journalistes qu’elle
soupçonne de ne pas lui être favorables.
Les meurtres ont atteint un nombre record cette
année et la plupart des parties ont participé à
l’arrestation ou à l’enlèvement de dizaines de
personnes sur le territoire syrien. L’enlèvement
de journalistes étrangers a également occupé une
place importante. Le régime, pour se débarrasser
de ces journalistes, a kidnappé plusieurs reporters,
puis a négocié leur remise en liberté avant de les
expulser du pays. L’affaire la plus mystérieuse
demeure celle du journaliste américain Austin
Tice ; ses ravisseurs ont réussi à le cacher
pendant un mois environ, avant qu’une vidéo,
montrant Tice les yeux bandés en plein jour, et
entouré d’hommes armés présumés appartenir
au mouvement Al-Qaïda ou à la mouvance
salafiste jihadiste, ne soit mise en ligne. L’affaire
soulève de nombreuses questions sur lesquelles
il convient de s’attarder : Tice entretenait de
bonnes relations avec les révolutionnaires, ce
qui renforce les doutes qu’il ait été enlevé par
des parties pro-régime. La vidéo semble être une
mauvaise mise en scène et plusieurs éléments
viennent réduire la probabilité que les hommes
dans la vidéo soient effectivement des membres
d’Al-Qaïda ou d’organisations fondamentalistes.
Ces dernières ont bien enlevé John Cantlie et
Jeroen Oerlemans en juillet 2012, mais elles n’ont
diffusé aucune vidéo et n’ont pas mentionné leurs
noms dans les rapports, contrairement aux vidéos
où la traductrice Anhar Kochneva apparaît, ce qui
prouve la diversité des modes d’actions des forces
armées opérant sur le territoire syrien.
Mais, en comparaison avec ces organisations, le
régime syrien demeure indéniablement le plus
difficile à cerner. Ses services ont mené plusieurs
opérations d’enlèvements suivies de négociations
dans le cas des journalistes étrangers, la plus
importante étant celle du journaliste turc Cuneyt
Unal. Des négociations ont été entamées avec
l’opposition et le gouvernement turcs avant qu’il
ne soit libéré. Le régime continue cependant à
refuser de donner des informations sur la détention
de l’employeur d’Unal, le journaliste palestinien
Bachar Fahmi Al-Qadoumi, qui travaille pour
la chaîne Al-Hurra. Al-Qadoumi et Unal ont
cependant été arrêtés le même jour, le 20 août
2012 à Alep, alors qu’ils étaient en compagnie de
la journaliste japonaise Mika Yamamoto, tuée ce
jour-là. De même, le régime nie la présence de
tout journaliste dans ses prisons, quelle que soit sa
nationalité, au moment où il laisse la porte ouverte
aux négociations, susceptibles de répondre à ses
75
Syrie 2012
exigences médiatiques, politiques et militaires. Le 22
novembre, c’est au tour du reporter américain James
Foley de se faire enlever ; Foley avait été kidnappé
en Libye quelques mois auparavant, pendant plus
de six semaines, par l’armée du Colonel Kadhafi.
Sur le plan culturel, d’innombrables sites
archéologiques ont été détruits. Des pièces
rares ont été volées et le patrimoine historique
du pays a été saccagé. Douze musées syriens
ont été détruits dans cinq provinces différentes,
ainsi que plusieurs quartiers historiques. Des sites
archéologiques ont également été pillés. Cette
guerre impitoyable a transformé les citadelles et
forteresses en sites militaires et casernes abritant
les combattants, ou en a même fait des cibles de
bombardement massif, dans un conflit sordide
que rien ne semble capable d’arrêter.
Le fil des exactions
Janvier
2/1 3/1 11/1 22/1 31/1 Le journaliste Choukri Aboul-Borghol tué par une balle au visage à Rif Dimashq.
Le blogueur Mohammad Ghazi Kannas arrêté à Damas.
Le journaliste français Gilles Jacquier tué et le photographe belge Steven
Wassenaar blessé par un obus dans la région d’Al-Zahraa à Homs.
Les autorités syriennes arrêtent le réalisateur Ghassan Abdallah et le relâchent le
même jour.
La sécurité syrienne arrête l’artiste peintre Khodor Abdel-Karim à Hassaké.
Février
2/2 4/2 7/2 13/2 16/2 21/2 22/2 22/2 24/2 24/2 26/2 28/2 29/2 76
La sécurité militaire arrête l’artiste Bahraa Hijazi.
Le citoyen journaliste Mazhar Tayyara tué lors du bombardement de Homs.
L’artiste Muthanna Al-Maassarani tué par une balle à Homs.
Le journaliste Ahmad Al-Sallal arrêté à Raqqa.
Arrestation des membres du Centre syrien pour les médias et la liberté
d’expression, dont son directeur Mazen Darwiche.
Le photographe Rami Ahmad Al-Sayed tué à Baba Amr par un obus sur sa voiture.
Le militant des droits de l’homme Nasreddine Barhak succombe à ses blessures
suite à sa tentative d’assassinat le 13 février, alors qu’il se rendait à un sit-in de
solidarité avec les prisonniers politiques.
La journaliste américaine Mary Colvin et le photographe français Rémi Ochlik
tués et la journaliste française Edith Bouvier et le reporter britannique Paul
Conroy blessés lors des bombardements sur Baba Amr à Homs.
Le citoyen journaliste Anas Al-Tarcha tué lors du bombardement de Homs.
Des opposants au régime syrien piratent le site de la chaîne Al-Dounia.
Le journaliste Nabil Charbaji arrêté à Daraya.
Le citoyen journaliste Abdel-Razzak Darwiche meurt en prison.
Le correspondant palestinien de la chaîne Al-Alam Mohannad Omar arrêté.
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
Le fil des exactions
29/2 29/2 L’acteur et scénariste Adnan Ziraï arrêté.
Le citoyen journaliste Molhem Al-Jundi blessé par les balles de l’armée syrienne
à Homs.
Mars
3/3 La sécurité militaire arrête la blogueuse et militante des droits de l’homme Rafaa
Al-Masri à Damas.
5/3 L’ancienne présidente du l’Union des femmes syriennes Dalal Farran tuée par un
sniper à Hama.
7/3 Arrestation de la journaliste Itab Al-Labbad, du blogueur Jihad Jamal et de la
militante des droits de l’homme Yara Chammas à Damas.
8/3 La sécurité politique arrête le militant des droits de l’homme Omar Kandakji
à Homs.
9/3 Le journaliste turc Adam Ozkose et le photographe Hamit Coskun portés
disparus à Idleb.
14/3 Le citoyen journaliste Assad Hilal tué par une bombe placée dans sa voiture
à Saraqeb.
14/3 Les forces de sécurité arrêtent l’artiste et le blogueur Mohammad Abou
Hajar à Tartous.
14/3 Arrestation du militant des droits de l’homme Jamal Omar à la frontière
syro-libanaise.
15/3 Arrestation du journaliste Rudy Othman et du développeur de logiciels
informatiques Bassel Khartabil à Damas.
16/3 Le citoyen journaliste et photographe Juan Qotneh tué après avoir été enlevé
à Derbassieh.
26/3 Le journaliste britannique Walid Blidi et le journaliste français Nassim Terriri,
tous deux d’origine algérienne, tués par les balles de l’armée syrienne à Idleb.
28/3 La citoyenne journaliste Nora Al-Jizawi arrêtée à Damas.
28/3 Le citoyen journaliste Ali Mahmoud Othman arrêté à Alep puis torturé.
Avril
4/4 7/4 13/4 13/4 14/4 Le citoyen journaliste et chercheur économique Hussein Al-Ammach arrêté à Damas.
Le citoyen journaliste Anas Al-Halwani tué par un sniper à Homs.
Le photographe Samir Al-Cham tué lors de sa couverture du bombardement
de Homs par l’armée syrienne.
Le citoyen journaliste Ahmad Abdallah Fakhrieh tué à Damir.
Le citoyen journaliste Alaeddine Al-Douri tué par les balles des forces de sécurité
à Hama.
77
Syrie 2012
Le fil des exactions
14/4 16/4 17/4 17/4 22/4 24/4 27/4 La journaliste Marie Issa et son époux arrêtés à Rif Dimashq.
Le citoyen journaliste Mohammad Abdel-Mawla Al-Hariri arrêté à Damas.
Le site de la chaîne Al-Arabiya piraté par des pirates syriens qui y diffusent
de fausses informations.
Le citoyen journaliste Khaled Kabicho tué et sa tête écrasée par un tank de
l’armée syrienne à Idleb.
Les forces de sécurité arrêtent le militant des droits de l’homme Jalal Naufal.
L’écrivain Salameh Kaila arrêté à Damas.
La page Facebook du dessinateur Ali Ferzat piratée.
Mai
4/5 4/5 Le citoyen journaliste Abdel-Ghani Kaaka tué à Alep.
Le journaliste Wissam Kanaan détenu à la frontière syro-libanaise pendant trois
heures.
7/5 Arrestation du journaliste Zouhair Al-Fakir à la frontière syro-libanaise.
12/5 Le citoyen journaliste Ibrahim Al-Halabi arrêté près de la frontière syro-turque.
13/5 Le musicien Moustapha Kakour arrêté à Messiaf.
15/6 Arrestation de l’écrivaine Avine Hersan.
19/5 Le journaliste brésilien Klester Cavalcanti détenu par l’armée syrienne pendant
six jours.
26/5 Le romancier Khaled Khalifé et le chercheur Hassan Abbas agressés à Damas.
27/5 Arrestation des citoyens journalistes Ammar Mohammad Souheil Zada, Ahmad
Al-Achlak et Laurence Fahmi dans le quartier Khalidieh à Homs.
28/5 Les réalisateurs Bassel Chéhadé et Ahmad Al-Assam tués lors du bombardement
de Homs.
Juin
2/6 10/6 15/6 16/6 27/6 27/6 28/6 78
Le correspondant d’Al-Ikhbariya Chadi Helwé agressé en direct à Alep.
Le citoyen journaliste Khaled Al-Bakr tué lors du bombardement d’Al-Qussair.
Le photographe belge Ahmad Bahado blessé à l’épaule à la frontière syro-turque.
Le photographe Ahmad Hamadé tué par les balles de l’armée syrienne à Homs.
Les journalistes Sami Abou Amine, Zeid Kahl et Mohammad Chamma tués lors
de l’attentat contre la chaîne Al-Ikhbariya.
L’éditorialiste Mohammad Sami Al-Kayyal arrêté à Tartous.
Le photographe et citoyen journaliste Samer Khalil Al-Satla tué lors du
bombardement de Douma.
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
Juillet
2/7 4/7 14/7 19/7 20/7 22/7 30/7 30/7 Le citoyen journaliste Mohammad Hamdo Hallak tué lors du bombardement
d’Alep.
Assassinat du citoyen journaliste Sohaib Dib.
Le citoyen journaliste Salim Kabbani arrêté à Homs.
Le photographe néerlandais Jeroen Oerlemans et le journaliste britannique John
Cantlie enlevés au nord de la Syrie.
Le présentateur de la télévision publique syrienne Mohammad Al-Saïd enlevé par
le Front Al-Nosra.
Le sculpteur Waël Kastoun succombe à la torture au centre de détention des
forces de sécurité à Homs.
Le journaliste turc Sinan Gül blessé à Alep.
Le correspondant d’Al-Jazeera Omar Khachram blessé lors de sa couverture des
combats à Alep.
Août
1/8 4/8 4/8 4/8 4/8 5/8 5/8 6/8 9/8 10/8 11/8 11/8 11/8 12/8 18/8 20/8 Le correspondant du site d’information Syria News Ahmad Thabet Mohsen
porté disparu.
Le Front Al-Nosra revendique l’exécution du présentateur Mohammad Al-Saïd
quelques jours après son enlèvement.
L’employé de la télévision éducative publique Mohammad Ali Hussein enlevé.
Le caméraman de la télévision publique syrienne Talal Janbakli enlevé.
Le correspondant de la télévision publique syrienne Karim Chibani blessé dans
le quartier Al-Tadamon.
Le réalisateur Bassam Mohieddine assassiné à Jdeidet Artouz.
L’artiste Kifah Ali Dib arrêtée.
Attentat contre le bâtiment de la radio-télévision publique à Damas.
Le citoyen journaliste Haitham Hamcho tué lors du bombardement du quartier
Salaheddine à Alep.
Les journalistes de la chaîne Al-Ikhbariya Yara Saleh, Abdallah Tabra et Houssam
Ammad enlevés.
Assassinat du journaliste Ali Abbas dans son domicile à Rif Dimashq.
Le journaliste Baraa Al-Bouchi tué lors du bombardement de la région Al-Tal.
Arrestation du dramaturge Zaki Cordello.
Le reporter américain Austin Tice porté disparu.
Le journaliste Malek Abou Kheir arrêté à la frontière syro-libanaise.
La journaliste japonaise Mika Yamamoto tuée par les balles de l’armée syrienne
à Alep.
79
Syrie 2012
Le fil des exactions
20/8 22/8 23/8 24/8 31/8 Le journaliste de la chaîne Al-Hurra Bachar Fahmi Al-Qadoumi et son caméraman
turc Cuneyt Unal enlevés à Alep.
Le journaliste Mossaab Mohammad Saïd Al-Odallah tué à son domicile à Damas.
Le producteur de cinéma Orwa Nyrabia arrêté.
Arrestation de l’acteur Mohammad Omar Osso et des membres de sa famille
à Damas.
Le journaliste et photographe Mahmoud Al-Bacha tué à Alep.
Septembre
4/9 6/9 6/9 6/9 9/9 16/9 16/9 Le citoyen journaliste Mohammad Al-Kassem tué à Deir ez-Zor.
Le citoyen journaliste Nawaf Al-Hindi tué à Rif Dimashq.
Le citoyen journaliste Tahsin Al-Toum tué à Irbin.
Le citoyen journaliste Anas Al-Abdallah tué à Damas.
Le réalisateur Tamer Al-Awam tué par un éclat d’obus à Alep.
Le rédacteur-en-chef du journal Liwaa Al-Fatah Youssef Dib tué à Alep.
Le journaliste Hussein Mortada blessé par des coups de feu au camp de réfugiés
palestiniens de Yarmouk.
17/9 Le citoyen journaliste Abdel-Rahman Al-Machhour tué par un éclat d’obus
à Deir ez-Zor.
20/9 Le photographe du réseau Sham Abdel-Karim Al-Okdeh tué par les balles de
l’armée syrienne à Hama.
24/9 L’adresse email du ministère syrien de l’Information et la page Facebook de
l’agence d’information officielle SANA piratées.
25/9 Le réalisateur Tamim Al-Achkar tué par un obus à Rif Dimashq.
25/9 Le journaliste Mamoun Al-Ghandour et son frère tués à Maadamiyat Al-Cham.
26/9 Le correspondant de la chaîne iranienne Press TV Maya Nasser tué par un sniper
à Damas.
27/9 Les citoyens journalistes Abdel-Aziz Al-Cheikh et Mohammad Askar tués à Deir
ez-Zor.
27/9 L’écrivain Ibrahim Al-Kharit et ses deux fils exécutés devant leur famille à Deir
ez-Zor.
Octobre
1/10 2/10 80
Les services de renseignement de l’armée arrêtent le citoyen journaliste Fares
Al-Maamo à Homs.
Les services de renseignement arrêtent le militant des droits de l’homme
et avocat Khalil Maatouq.
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
2/10 2/10 2/10 3/10 7/10 Les services de renseignement arrêtent le caricaturiste Akram Reslan à Hama.
La sécurité militaire arrête le réalisateur Ghanem Al-Mir à Tartous.
Le correspondant du Conseil national syrien Ahmad Saada tué à Rif Dimashq.
La journaliste Mona Bakkour tuée dans un attentat à Alep.
L’écrivain et chercheur Mohammad Nemr Al-Madani tué sous la torture
à Damas.
9/10 La traductrice et blogueuse ukrainienne Anhar Kochneva enlevée près de Homs.
10/10 Le photographe de la chaîne Al-Ikhbariya Mohammad Al-Achram tué à Deir
ez-Zor.
13/10 Le journaliste Malek Abou Kheir déféré devant la justice militaire à Damas.
15/10 Le technicien de la télévision publique syrienne Hicham Moussalli tué sous
la torture.
17/10 Des inconnus poignardent le journaliste Amjad Tohmé devant son domicilie
à l’ouest de Damas.
19/10 Les citoyens journalistes Omar et Jomaa Al-Lattouf tués à Alep.
23/10 Les services de renseignement arrêtent l’écrivain Dara Abdallah à Damas.
23/10 Le citoyen journaliste Anas Al-Ahmad tué à Maadamiyat Al-Cham.
26/10 Le citoyen journaliste Hatem Hallak tué par un sniper à Alep.
27/10 Des rebelles placent le journaliste libanais Fida Itani en détention à Aazaz.
28/10 La police criminelle arrête le journaliste Bassel Azzam à Soueïda.
Novembre
1/11 2/11 2/11 3/11 3/11 4/11 6/11 7/11 10/11 10/11 14/11 16/11 17/11 Les services de renseignement arrêtent le dramaturge Daher Aïta.
La Sûreté d’Etat arrête la journaliste Shada Al-Maddad à Damas.
Le citoyen journaliste Hassan Hammoud tué par un obus à Rif Dimashq.
Le citoyen journaliste Jamal Malas tué à Maarrat Al-Naaman.
L’acteur Mohammad Rafeh assassiné par des rebelles syriens.
Le citoyen journaliste Samir Al-Dahik succombe à ses blessures dans la province
de Homs.
Arrestation des correspondants de BBC Beagle Collins et Mark Perkins.
La décision de les expulser du territoire est annoncée le 20 novembre.
Les forces de sécurité arrêtent le cinéaste Avo Kaprielian à Alep.
Tentative d’assassinat du journaliste Charif Chéhadé a Damas.
La journaliste libanaise Ghadi Francis brièvement détenue au nord de la Syrie.
L’armée syrienne arrête le citoyen journaliste Baraa Maiss à Alep.
Le citoyen journaliste Moustapha Karman et le correspondant de la chaîne
Al-Arabiya Mohammad Daghmach tués par des éclats d’obus à Alep.
Le citoyen journaliste Abdallah Kaaka meurt sous la torture à Alep.
81
Syrie 2012
Le fil des exactions
18/11 19/11 Le citoyen journaliste Mohammad Al-Khaled assassiné par des rebelles à Alep.
Le citoyen journaliste Mohammad Al-Zaher succombe à ses blessures à
Rif Dimashq.
21/11 La Sûreté d’Etat arrête l’artiste Roua Jaafar à Damas.
22/11 Le journaliste Bassel Youssef tué par les rebelles à Damas.
22/11 L’écrivain Mohammad Raouili meurt sous la torture à Deir ez-Zor.
22/11
Enlèvement du journaliste américain James Foley au nord-ouest de la Syrie.
23/11 Le correspondant du réseau Sham Samer Al-Abdallah blessé par une balle
de sniper à Ras Al-Aïn.
23/11 Les forces de sécurité arrêtent le monteur Mohammad Hijazi à la frontière
libano-syrienne.
25/11 Le citoyen journaliste Mohammad Al-Khal tué lors du bombardement de
Deir ez-Zor.
29/11 Le journaliste Mohammad Qoraytem tué lors du bombardement de Daraya.
30/11 Le site de l’agence SANA mis hors ligne pour des raisons inconnues.
Décembre
4/12 La télévision syrienne annonce la mort du journaliste Naji Assaad au sud de
Damas.
5/12 Le journaliste Cameran Hajem enlevé au nord d’Alep.
6/12 Le citoyen journaliste Mohammad Khair Al-Cheikh Kwaider tué à Rif Dimashq.
9/12 La Sûreté d’Etat arrête l’écrivain Waddah Azzam à Jaramana.
10/12 Enlèvement d’une équipe de la chaîne américaine NBC composée du reporter
américain Richard Engel et de ses collaborateurs Aziz Akyavas (turc), John
Kooistra (américain), Ghazi Balkis (jordano-britannique) et Ammar Cheikh
Omar (syro-allemand).
12/12 La télévision syrienne annonce la mort du journaliste Anmar Mohammad
à Damas.
15/12 Le citoyen journaliste Amir Hboubati tué à Babilla.
19/12 L’armée syrienne arrête la journaliste Amina Melhem à Dahadil au sud de Damas.
21/12 Le citoyen journaliste Abdel-Karim Al-Azo tué par un sniper à Homs.
22/12 Le caméraman de la télévision publique syrienne Haidar Al-Samoudi tué
à Damas.
25/12 Le citoyen journaliste Yasser Chaaban succombe à ses blessures à l’ouest d’Alep.
26/12 Le citoyen journaliste Abou Yazan Al-Hamaoui tué par un sniper à Hama.
28/12 L’armée syrienne arrête l’écrivain palestinien Ali Al-Chéhabi.
30/12 La sécurité militaire arrête l’avocate et militante des droits de l’homme Majdoline
Hassan à Tartous.
82
Jordanie 2012
Les médias face à l’étau juridique et réglementaire
Firas Talhouk
En 2012, la scène médiatique et culturelle en
Jordanie a été le théâtre d’attaques ciblées et de la
décision de l’Etat de resserrer l’étau sur les libertés
publiques, notamment les libertés électroniques.
Le Parlement a réussi à contourner l’opposition
du corps médiatique à l’article 23 de la Loi anticorruption, adoptée à la fin de l’année 2011, en
n’effectuant aucune modification significative à
son contenu liberticide.
Cet épisode a ouvert la voie aux autorités
de proposer des amendements encore plus
restrictifs à la Loi sur la presse et les publications,
tout en approuvant une loi destinée à bloquer
l’accès aux sites érotiques. Le gouvernement est
intervenu directement, et à plusieurs reprises,
pour nommer des journalistes et des rédacteurs
en chef à la tête des quotidiens jordaniens, ou
même pour les démettre de leurs fonctions.
L’intervention des autorités jordaniennes dans le
travail journalistique s’est ajoutée aux agressions
et aux insultes devenant courantes contre les
journalistes.
En tête de liste, les violations physiques contre les
journalistes : ceux-là n’ont pas été épargnés lors
des manifestations organisées contre la hausse
des prix du carburant. Des personnes opposées
aux manifestations dans le gouvernorat d’Irbid ont roué de coups l’équipe d’Al-Jazeera Live avant
de lui détruire ses équipements. Les agents de
sécurité ont par ailleurs arrêté le correspondant
de Radio Al-Balad Ahmad Abou Hamad et
l’ont roué de coups lors de la couverture des
manifestations de Jabal Al-Hussein, et le parebrise de la voiture du journaliste du quotidien
Al-Ra’i, Inad Abou Windi, a été fracassé à
Madaba. Le journaliste Oussama Al-Moumni
a également été agressé et sa caméra brisée à
Irbid. De plus, un journaliste a été atteint à la
jambe d’une grenade lacrymogène lancée par
les policiers pour disperser les manifestants.
La police a également attaqué les journalistes
à coups de grenades lacrymogènes pour les
empêcher d’accompagner les manifestants
à la place Al-Dakhiliyah et le correspondant
de Radio Al-Balad Rached Al-Assaf a essuyé
des jets de pierre lors de la couverture d’une
manifestation à Amman.
Il convient de noter que les journalistes ont
également été victimes d’agressions physiques
et d’insultes de la part de fonctionnaires et de
personnalités officielles. Le député Yahya AlSaoudi a battu la journaliste du site Amman Net,
Iman Jaradat, après l’avoir insultée lors de la
couverture d’une manifestation dans le quartier
d’Al-Tufayliya. Al-Saoudi a également frappé
le photographe Zeid Al-Sarayira et lui a cassé
sa caméra, alors qu’il filmait l’agression. Ces
violences s’ajoutent à ses nombreuses insultes
inappropriées contre les journalistes jordaniennes.
Les employés du bureau du gouverneur de
la province de Maan ont, quant à eux, roué de
coups le correspondant Mohammad Sakallah. Le
ministre de l’Industrie et du Commerce Shabeeb
Ammari a violemment critiqué le journaliste du
quotidien Al-Ghad Tarek Al-Daaja, suite à un
article qu’il a publié et le ministre de l’Education
Fayez Al-Saoudi a proféré des menaces contre
le journaliste Missaab Al-Shawabkeh suite à une
enquête sur la fraude aux examens officiels.
Les ingérences des autorités jordaniennes dans les
affaires des médias étaient également flagrantes :
le ministre de l’Information au sein de l’ancien
gouvernement, Rakan Al-Majali, a fait pression
sur le quotidien Al-Ra’i afin qu’il licencie les
journalistes Mohammad Al-Hawamdeh et
Gheith Al-Adayila ; les journalistes du quotidien
ont néanmoins protesté contre l’ingérence du
ministre. Par ailleurs, les journalistes du quotidien
Al-Arab Al-Yaoum ont refusé la nomination d’un
conseiller du secrétaire général du ministère
de l’Eau à la tête du comité de rédaction et le
Syndicat de la presse jordanienne a refusé le
plan officiel de restructuration du quotidien AlDustour.
83
Jordanie 2012
La montée en puissance des sites Internet dans le
monde arabe a eu des répercussions importantes
en Jordanie. Les autorités ont pris plusieurs
mesures de précaution, en mettant en place une
nouvelle loi sur la presse et les publications, par le
biais de laquelle tous les sites d’information sont
tenus d’obtenir une autorisation du gouvernement.
Les éditeurs et journalistes des sites web ont par
réaction organisé des rassemblements, avant de
monter une tente de protestation et d’organiser
une journée de « grève électronique », à laquelle
la plupart des sites jordaniens ont participé.
En dépit de cela, les changements réguliers au
sein du gouvernement ont réussi à modifier la
position de certains éditeurs de sites ; d’autres
ont poursuivi leur campagne de « désobéissance
électronique ».
Dans le même contexte, le site In-Light Press a
été piraté, et des inconnus ont pris d’assaut les
bureaux du site Watan News à Amman avant
d’en endommager certains biens. Par ailleurs,
des inconnus ont piraté la chaîne satellitaire AlYarmouk, diffusant de fausses informations sur
la bande passante au bas de l’écran. De plus,
les pages internet du groupe de rap jordanien
Ahat ont été piratées et des inconnus ont tenté
de pirater le site Khaberni. Les représentants des
sites électroniques ont refusé de répondre à
l’appel du gouvernement de tenir une réunion
avec les institutions médiatiques, en réaction
à ses positions tièdes quant aux abus dont les
journalistes sont victimes. Mais l’exaction la
plus dangereuse fut certes l’attaque perpétrée
contre la bloggeuse et militante jordanienne Inas
Moussallem ; celle-ci a été poignardée dans le
ventre après avoir publié un article sur son blog,
critiquant le Prince Hassan Bin Talal.
Sur le plan judiciaire, la Cour de sûreté de l’État,
plutôt que le Tribunal des imprimés d’habitude en
charge des dossiers impliquant des journalistes,
a décidé d’arrêter le journaliste Jamal AlMouhtasseb ; celui-ci a été relâché sous caution
après avoir manifesté son intention d’entamer une
84
grève de la faim. Le Tribunal de première instance
du nord d’Amman a demandé au quotidien AlGhad d’arrêter la publication des archives du
caricaturiste Imad Hajjaj et le procureur général
d’Amman a appelé trois journalistes du quotidien
Al-Ra’i à comparaître pour « manque d’objectivité
et publication de fausses informations » dans une
affaire de corruption. Il a de même décidé de
poursuivre le rédacteur en chef et un journaliste
du quotidien Al-Dustour, suite à une action pénale
menée contre le journal.
Sur le plan culturel, et en dépit de la baisse de la
production artistique, les autorités jordaniennes
ont trouvé moyen de mener des actes de
répression, comme pour mieux garder la Jordanie
en dehors du champ de la créativité artistique et
culturelle. Elles ont annulé l’exposition « Dessins
des enfants de la liberté » commémorant le
premier anniversaire de la révolution syrienne et
la sécurité jordanienne a interdit au Département
des publications d’autoriser la vente du livre
« Ya Sahibi Al Sijn » (Mon amie la prison). Par
ailleurs, les habitants de Jabal Al-Qalaa à Amman
ont protesté contre l’organisation d’un festival
pendant le Ramadan et la police a arrêté l’artiste
palestinien Juan Al-Safadi pour « atteinte à la
religion » ; il a été relâché après s’être engagé à
ne pas chanter la chanson « Ya Haram Al-Kuffar »
(Pauvres infidèles) en Jordanie.
En 2012, les violations sur la scène médiatique
et culturelle furent nombreuses en Jordanie ; un
pays où la créativité tente d’émerger malgré les
contraintes tribales et politiques, avec le désir de
préserver son riche héritage. Mais cela semble
très difficile en présence de personnes influentes
qui tentent d’empêcher l’ouverture médiatique
et culturelle. Les journalistes et intellectuels
jordaniens devront relever le défi de continuer
à jouer un rôle pionnier dans le maintien de la
liberté d’expression et d’opinion, en vue de
poursuivre le chemin vers le développement et
la modernité, quels que soient les obstacles et à
n’importe quel prix.
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
Le fil des exactions
Janvier
20/1 28/1 Agression des photographes Hamza Al-Mazraawi et Raëd Al-Ourtani
durant un sit-in au centre-ville de Amman.
Le site Internet In-Light Press piraté.
Février
2/2 12/2 20/2 Le journaliste Imad Al-Nachach reçoit des menaces par téléphone.
Des inconnus s’attaquent à la voiture du journaliste Moayed Abou Sbeih.
La blogueuse Inas Moussallem poignardée à l’abdomen après avoir publié
un article sur son blog critiquant le Prince Hassan Bin Talal.
Mars
10/3 11/3 25/3 Les autorités jordaniennes interdisent l’organisation de l’exposition
« Dessins des enfants de la liberté » à l’occasion du premier anniversaire
de la révolution syrienne.
Le site Khaberni subit une tentative de piratage.
Le journal Al-Ra’i refuse la publication de sept articles du journaliste
Ahmad Hassan Al-Zoabi.
Avril
6/4 Le député Yahya Al-Saoudi agresse le photographe Zeid Al-Sarayra et
la journaliste Iman Jaradat durant une manifestation dans le quartier
d’Al-Tufayliya.
23/4 La Cour de sûreté de l’Etat ordonne l’arrestation du journaliste Jamal
Al-Mouhtasseb.
Mai
9/5 Les forces de sécurité interdisent à une équipe d’Al-Jazeera de filmer près
d’un camp de réfugiés palestiniens en provenance de Syrie.
20/5 Le Département des imprimés interdit la diffusion du livre « Ya Sahibi
Al-Sijn » (Mon amie la prison) du poète Ayman Al-Atoum.
23/5 Le Tribunal de première instance d’Amman ordonne au journal Al-Ghad
d’arrêter la publication de caricatures du dessinateur Imad Hajjaj en raison
d’un différend sur les droits de propriété intellectuelle.
85
Jordanie 2012
Le fil des exactions
Juin
6/6 La journaliste Hanan Kafawin agressée au cours d’un reportage sur des
aliments avariés dans un centre commercial d’Aqaba.
8/6 Des inconnus détruisent le pare-brise de la voiture du journaliste Chadi
Samhan.
11/6 Des employés du bureau du gouverneur de Maan agressent le reporter de
la chaîne Ru’ya Mohammad Sakallah et le séquestrent pendant une heure.
26/6 La Sûreté générale jordanienne expulse le journaliste Rabih Al-Saoub du
Centre culturel royal lors de la commémoration de la Journée internationale
de lutte contre les drogues.
30/6 Le journaliste Ziad Nosseirat agressé et sa caméra volée par des
manifestants à Irbid lors d’une marche contre le chômage et l’inflation.
Juillet
1/7 6/7 17/7 La gendarmerie jordanienne interdit au journaliste Ahmad Barahma de
couvrir un sit-in devant l’ambassade égyptienne.
Des gendarmes battent les membres de l’équipe de la chaîne
Ru’ya et confisquent leur caméra durant la couverture du festival d’été
à Amman dans les jardins Al-Hussein.
Des inconnus font irruption dans les bureaux de Watan News à Amman.
Septembre
15/9 Les trois pages Internet du groupe de rap jordanien Ahat piratées.
Octobre
5/10 L’équipement technique de l’équipe de la chaîne Al-Haqiqa Al-Doualia
détruit par des manifestants lors d’une marche des Frères musulmans
à Amman.
15/10 Le site d’information Ain News piraté.
18/10 Agression des journalistes Ziad Nosseirat et Darrar Ghannam ainsi qu’un
reporter japonais au camp de réfugiés syriens de Zaatari.
24/10 Agression des photographes Raëd Al-Ourtani et Ibrahim Khalifé lors de
la couverture d’un rassemblement réclamant la libération de détenus
politiques.
86
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
Novembre
14/11 15/11 15/11 15/11 16/11 17/11 28/11 30/11 La gendarmerie jordanienne lance des grenades lacrymogènes sur les
journalistes et leur interdit d’entrer à la place Al-Dakhiliyah pour couvrir
les manifestations contre la décision du gouvernement d’annuler les
subventions sur l’essence.
Le correspondant de Radio Al-Balad Rached Al-Assaf subit des jets de
pierre à Amman.
Agression des membres de l’équipe d’Al-Jazeera Live et destruction de leur
équipement à Irbid.
Le correspondant de Radio Al-Balad Ahmad Abou Hamad arrêté et battu
par la police.
La voiture du journaliste du quotidien Al-Ra’i Inad Abou Windi attaquée
à Madaba.
Agression du journaliste Oussama Al-Moumni et destruction de sa caméra
à Irbid.
La police jordanienne arrête le chanteur palestinien Juan Al-Safadi et lui
interdit d’interpréter la chanson « Ya Haram Al-Kuffar » (Pauvres infidèles)
en Jordanie.
La bande passante de la chaîne Al-Yarmouk piratée par des inconnus
qui y diffusent de fausses informations.
Décembre
31/12 Le Tribunal correctionnel d’Amman condamne le journal Al-Ra’i et le
ministre de l’Information Samih Al-Maayta pour manque de précision
dans des articles concernant Daad Mohammad Charaab, ancienne
conseillère du dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.
87
Gaza 2012
Gaza, scène de l’offensive israélienne
et de la répression du Hamas
Widad Jarbouh
La fin de l’année 2012 a été particulièrement
difficile pour les habitants de la bande de Gaza,
qui souffrent jusqu’à ce jour des répercussions
de la violente offensive israélienne menée contre
le territoire. La machine de guerre israélienne
n’a pas uniquement bombardé les journalistes et
leurs bureaux médiatiques ; leurs familles et leurs
domiciles ont également été pris pour cible. Les
avions de guerre israéliens ont visé précisément
les voitures de journalistes, causant la mort
de trois d’entre eux : le directeur d’Al-Quds
Educational Radio, Mohammad Abou Aysha et
les photographes de la chaîne satellitaire Al-Aqsa,
Houssam Salama et Mohammad Al-Koumi.
Les sièges et bureaux médiatiques n’ont pas
été épargnés non plus par les avions de guerre
israéliens, qui les ont bombardés plus d’une fois ;
tel était par exemple le cas des tours Shawa et
Al-Shourouk qui comprennent plusieurs bureaux
de presse. Le travail de certaines institutions
médiatiques a par conséquent été arrêté, à
l’instar de la chaîne Al-Quds, qui a été contrainte
de suspendre ses émissions. 21 journalistes
ont été blessés alors qu’ils couvraient l’attaque
ou à l’intérieur de leurs bureaux, comme le
photojournaliste Khodor Al-Zahar, qui a été
amputé de la jambe et atteint d’éclats d’obus
dans le dos ; d’autres journalistes ont souffert de
brûlures ou de troubles respiratoires aigus.
Les familles et les domiciles des journalistes
n’ont pas été ménagés durant le conflit : les
avions israéliens ont bombardé la résidence du
caméraman de la BBC, Jihad Al-Machharaoui ;
son fils a été tué et d’autres membres de sa
famille ont été blessés. Huit sites d’information
palestiniens ont été piratés par les autorités
israéliennes dans une tentative de les empêcher
de couvrir l’attaque.
Les violations ne se sont pas limitées aux jours
de l’offensive. En mai, les forces israéliennes
avaient ouvert le feu sur une équipe de la chaîne
Iqra’ ; ses membres avaient été encerclés dans
88
une maison pendant trois heures avant d’être
relâchés.
Sur le plan interne, l’écrivain Mahmoud Abou
Rahmé a été poignardé suite à un article critiquant
la politique de la résistance. Les services de
sécurité du mouvement Hamas ont procédé à
l’arrestation de cinq journalistes durant l’année,
leur portant diverses accusations, notamment
celle de travailler pour le compte de « parties
suspectes à Ramallah » ; c’est notamment le cas du
photographe Mohammad Al-Zaanoun qui a filmé
les citoyens dans les files d’attente devant une
station d’essence dans le quartier Al-Chouja’iya
de Gaza. Cinq journalistes et un groupe de
jeunes militants et blogueurs ont également été
convoqués pour « incitation aux manifestations
devant le siège de l’Autorité de l’énergie ».
Les services de sécurité ont entravé le travail
de nombreux journalistes, les ont empêchés de
couvrir les événements et les ont roués de coups,
notamment lorsqu’il était question d’atteinte au
« prestige » du gouvernement destitué. L’exemple
le plus flagrant a été l’agression de l’équipe de la
chaîne satellitaire Al-Quds, alors qu’elle couvrait
les difficultés rencontrées par les citoyens et
la congestion dans la salle d’attente au point de
passage de Rafah. Les membres de l’équipe,
à savoir le correspondant Saleh Al-Natour, le
caméraman Al-Ghani Billah Rouqa et le cadreur
assistant Dia’ Aboul-Aoun ont été empêchés de
filmer, et le photographe de la chaîne satellitaire
Palestine Today, Ismaïl Badeh, a été agressé lors de
la couverture d’un incendie et des manifestations
contre les coupures d’électricité.
Le gouvernement destitué du Hamas a rendu
deux décisions marquantes cette année : la
première interdisant aux journalistes palestiniens
de coopérer avec les médias israéliens, sachant que
nombre d’entre eux travaillent au sein de chaînes
et de journaux israéliens, à l’instar de la Dixième
chaîne et des quotidiens Haaretz et Maariv, et la
seconde interdisant l’accès aux sites érotiques sous
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
peine de poursuites judiciaires. Mais cette dernière
décision a été appliquée de manière arbitraire et
plusieurs sites d’information ont été bloqués « par
mégarde ».
Quant à la vie culturelle dans la bande de Gaza,
elle demeure en perpétuel déclin en l’absence de
maisons d’édition ; cela a poussé les écrivains
et les poètes à s’installer à l’étranger, dans une
tentative de faire parvenir leurs œuvres à un plus
grand nombre de lecteurs. Mais la violation la
plus dangereuse a certes été la destruction de la
Galerie culturelle par les bulldozers du ministère
de l’Intérieur ; celle-ci a été rendue en ruines ainsi
que la plate-forme des activités culturelles et les
aires des repos connues sous le nom Al-Quds, et
réservées aux rencontres et séminaires, en plus de
l’espace « Bethléem » consacré à l’art et au cinéma.
De même, les services de sécurité ont fait irruption
lors de la cérémonie de clôture du Festival de
littérature palestinienne à Dar Al-Bacha, après que
les agents de sécurité ont coupé volontairement
le courant lors du séminaire principal portant
sur la répression des libertés ; ils ont par ailleurs
demandé aux participants de quitter la salle sous
prétexte que les organisateurs ne disposaient pas
de permis.
Au milieu des défis quotidiens que les journalistes
et intellectuels doivent relever pour faire face aux
violations dont ils sont victimes, la relance de la vie
culturelle et la promotion de la liberté d’expression
totale, sans compromis ni restrictions, restent plus
que jamais nécessaires pour favoriser la naissance
d’une société libre et démocratique, qui réponde
aux aspirations du peuple palestinien.
Le fil des exactions
Janvier
13/1 Agression du militant des droits de l’homme Mahmoud Abou Rahmé à coups de
couteau après sa publication d’un article critique à l’égard de la résistance.
15/1 Le Hamas interdit à 13 jeunes hommes et femmes de participer à un
télé-crochet.
Février
6/2 La sécurité du Hamas interroge le photographe Maali Abou Samra sur sa
couverture de la visite du responsable du Fatah Nabil Chaath à Gaza.
Mars
8/3 9/3 21/3 22/3 La sécurité du Hamas agresse plusieurs journalistes lors de la couverture
d’un mariage collectif et interpelle le correspondant de Sky News Arabia
Mohammad Al-Machharawi.
Le journaliste Mo’men Al-Charafi blessé au dos par un éclat d’obus lors d’un
bombardement israélien sur Gaza.
La police perturbe le tournage d’un reportage de BBC Arabic sur les
coupures d’électricité à Gaza.
Les services de sécurité convoquent plusieurs blogueurs qui ont participé
au sit-in contre les coupures d’électricité.
89
Gaza 2012
Le fil des exactions
26/3 La police du Hamas empêche le caméraman Mahmoud Al-Zaanoun de
filmer les files d’attentes devant les stations d’essence.
28/3 Des membres des brigades Al-Kassam séquestrent le correspondant de
l’agence Wafa Sami Abou Salem et deux journalistes suédoises durant le
tournage d’un reportage sur les orangeraies de Gaza.
Avril
4/4 La sécurité du Hamas harcèle le blogueur Mohannad Abdel-Bari et l’oblige
à retirer un article de son blog.
Mai
1/5 7/5 9/5 Les forces israéliennes tirent sur une équipe de la chaîne Iqra’ et la
séquestrent pendant trois heures.
La police du Hamas empêche une équipe d’Al-Quds TV de tourner un
reportage à l’hôpital Al-Chifa’.
La sécurité du Hamas perturbe l’organisation du Festival de la littérature
palestinienne et agresse un artiste égyptien de la troupe Escanderella.
Juin
10/6 13/6 17/6 20/6 La sécurité du Hamas arrête le journaliste Mohammad Qoneita.
La sécurité du Hamas agresse le journaliste Wissam Nassar alors qu’il
filmait la cérémonie de promotion à l’académie de police.
La sécurité du Hamas convoque le journaliste Yahya Al-Madhoun deux
jours de suite à propos d’un article dans lequel il a critiqué les déclarations
du ministre de l’Intérieur.
La sécurité du Hamas agresse l’équipe de la chaîne Al-Quds lors du tournage
d’un reportage au point de passage de Rafah.
Juillet
18/7 31/7 90
Le poète Mohammad Sleiman interpellé suite à sa participation à une
manifestation contre les coupures d’électricité.
Agression du journaliste Yahya Rabah, membre du mouvement Fatah, au
centre-ville de Gaza.
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
Août
9/8 22/8 28/8 Cambriolage de la compagnie de production « Fadl Chanaa Médias ».
Le ministère de l’Intérieur du Hamas annonce la fermeture de la Fondation
Fikra pour les beaux-arts..
La police du Hamas confisque les équipements du réalisateur
Abdel-Rahman Amran lors d’un tournage sur la côte de Khan Younes.
Septembre
16/9 25/9 Le site du centre Al-Mizan pour les droits de l’homme piraté.
Agression du photographe Ismaïl Badeh lors de la couverture de l’incendie
d’une maison au camp de réfugiés de Breij.
Novembre
6/11 13/11 14/11 14/11 15/11 16/11 17/11 18/11 19/11 20/11 21/11 La police féminine du Hamas agresse la journaliste Samia Al-Zubeidi.
Le service d’investigation du Hamas interpelle le journaliste Seifiddin
Shahin lors d’un sit-in dénonçant la division palestinienne.
Le correspondant de Palestine TV blessé lors des bombardements israéliens.
Le domicile du caméraman Jihad Al-Machharawi touché par les
bombardements israéliens, tuant son fils.
L’aviation israélienne bombarde le domicile du journaliste Sami Al-Ajrami et
blesse sa fille.
Le correspondant de la radio Al-Quds et de la télévision Palestine Today
Muthanna Al-Najjar blessé lors des bombardements israéliens.
Huit sites d’information palestiniens couvrant l’attaque sur Gaza piratés.
L’aviation
israélienne
bombarde
plusieurs
bureaux
d’institutions
médiatiques à Gaza et blesse sept journalistes.
L’aviation israélienne bombarde le domicile de la famille de la journaliste
Asma Al-Ghoul, correspondante du Centre SKeyes à Gaza.
Les journalistes Mohammad Abou Aysha, Mahmoud Al-Koumi et Houssam Salama
tué par des tirs de l’aviation israélienne sur leurs véhicules.
Les bureaux d’institutions médiatiques à Gaza touchés pour la seconde
fois par l’aviation israélienne.
Décembre
7/12 9/12 La sécurité du Hamas empêche le correspondant d’Al-Jazeera de couvrir la
rencontre entre Khaled Mechaal et Ismaïl Haniyeh.
La théâtre Al-Mis’hal annule le concert de l’artiste Rim Talhami sous
prétexte que le concert n’a pas reçu l’aval du ministère de la Culture.
91
Cisjordanie 2012
Les journalistes entre le marteau de l’armée israélienne
et l’enclume des services de sécurité palestiniens
Widad Jarbouh
En 2012, les violations israéliennes contre les
journalistes palestiniens ont gagné en ampleur, en
raison de la forte présence des journalistes lors des
événements qui ont marqué l’année en Cisjordanie.
Les forces israéliennes ont poursuivi leur « chasse »
aux journalistes et aux photographes à coups de
grenades assourdissantes, de gaz lacrymogène
et de balles en caoutchouc, pour les empêcher
de rapporter les abus des soldats. 36 journalistes
ont souffert d’asphyxie aiguë et de brûlures lors
de la couverture de manifestations pacifiques,
notamment devant la prison d’Ofer ; en tête de
liste, les journalistes Haroun Amayra et Nasser
Al-Chouyoukhi et les photographes Mouhib
Al-Barghouti et Ahmad Maslah. Les forces
israéliennes ont par ailleurs confisqué et souvent
détruit les équipements et le matériel technique
de plusieurs journalistes. D’autres ont été détenus
pendant de longues heures, comme le journaliste
Ali Obeidat. Les soldats ont même forcé certains
d’entre eux à se déshabiller, comme les deux
photographes de l’agence Reuters, Yousri Al-Jamal
et Ma’moun Wazouz, avant de lancer vers eux une
grenade assourdissante.
Les autorités israéliennes ont poursuivi leurs
arrestations : neuf journalistes ont été arrêtés
puis relâchés après avoir payé des amendes, à
l’exception du journaliste Charif Al-Rajoub, qui
se trouve toujours dans la prison d’Ofer, et du
journaliste Amer Abou Arfeh, dont la détention
administrative a été renouvelée pour la troisième
fois cette année sans aucun justificatif légal. L’armée
israélienne a fait violemment irruption dans les
bureaux des stations de télévision Watan et AlQuds Educational TV, causant de graves dégâts
et confisquant les équipements. Des colons
israéliens ont ouvert le feu sur le correspondant
de la station de radio Voix de la Palestine, Nizar
Al-Samoudi et sur le photographe Seif AlDahleh. Les artistes palestiniens n’ont pas été
épargnés non plus : les autorités israéliennes ont
interdit à certains artistes d’entrer à Jérusalem
pour participer à la pièce « Le magicien d’Oz »,
conduisant à l’annulation des représentations.
92
Plusieurs sites d’information palestiniens ont
été attaqués par des pirates israéliens, dans
une tentative d’empêcher la publication et la
documentation des violations israéliennes à
l’encontre des palestiniens. Les sites de l’agence
Wafa et de Palestine News Network ont été piratés
plus d’une fois.
Sur le plan interne, le nombre de violations contre
les journalistes liées au conflit inter-palestinien a
diminué, en raison de la réconciliation partielle
entre les mouvements Fatah et Hamas. Mais les
cas de harcèlement et de poursuites contre les
journalistes qui ont manifesté leur opposition
à l’Autorité palestinienne par le biais des
réseaux sociaux, notamment Facebook, ou par
la publication d’articles, ont particulièrement
augmenté. Seize personnes ont été arrêtées
cette année pour « diffamation » contre des
personnalités de l’Autorité palestinienne, pour
« publication de fausses informations » ou pour
« calomnie ». Le journaliste Youssef Al-Shayeb a
été arrêté après avoir publié un rapport accusant la
mission diplomatique palestinienne en France de
corruption, et le tribunal a refusé à trois reprises la
demande de son avocat de le libérer sous caution.
Il a alors décidé d’entamer une grève ouverte de
la faim, ce qui a abouti à une détérioration de son
état de santé ; il a par la suite été hospitalisé. De
même, la journaliste Ismat Abdel-Khalek a été
accusée d’« incitation aux conflits confessionnels
et à la violence » et d’« appel à la dissolution de
l’Autorité palestinienne », après avoir critiqué
le président Mahmoud Abbas sur sa page
Facebook ; elle a également entamé une grève de
la faim jusqu’à sa libération. Tous les journalistes
ont été relâchés après avoir payé une amende,
mais les procès de certains sont toujours en cours
devant les tribunaux palestiniens, même après la
fin de l’année 2012.
Les journalistes Walid Khaled et Mohammad
Mona ont été arrêtés par les services de sécurité
palestiniens puis soumis à des interrogatoires,
directement après avoir été libérés des prisons
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
israéliennes. Par ailleurs, 14 autres journalistes
ont été arrêtés, à l’instar du journaliste Khaled
Amayra, qui a été convoqué trois fois en une
semaine. De même, Chadi Zamaara et Shahed
Bani Odeh ont été interpellés suite à des
commentaires qu’ils ont publiés sur Facebook.
Les services de sécurité palestiniens ont entravé
le travail des journalistes lors de la couverture
d’événements publics ou de manifestations. Ils leur
ont confisqué leur matériel et les ont souvent roués
de coups ou bien forcés à quitter les lieux, certains
plus d’une fois comme le journaliste Asiad Amarneh
et l’écrivaine Lama Khater, qui a été agressée par la
police féminine, lors de sa participation à un sit-in
pour la libération des détenus politiques.
L’année 2012 a donc pris fin avec les violations
israéliennes continues contre la liberté
d’expression. La scène médiatique et culturelle a
connu une amélioration relative sur le plan interne,
après que la Palestine a accédé au rang d’État
observateur à l’ONU. Le besoin de consolider la
démocratie s’impose, dans le but de renforcer les
libertés, notamment médiatiques et culturelles, sur
l’ensemble des territoires palestiniens.
Le fil des exactions
Janvier
5/1
La Sécurité préventive palestinienne (SPP) convoque le journaliste Khaled Amayra
trois fois en une semaine.
22/1
Le tribunal militaire israélien convoque le journaliste Youssef Abou Jaas.
23/1
Le site Internet du Rassemblement national des familles des martyrs de Palestine piraté.
27/1
Le photographe Mohammad Atieh blessé par une grenade lacrymogène israélienne
durant une manifestation à Nabi Saleh.
27/1
Le journaliste Mouhib Al-Barghouti atteint d’une balle à la jambe durant une
manifestation à Bilin.
27/1
Le journaliste Haroun Amayra atteint à la jambe par une grenade lacrymogène
durant une manifestation à Kfar Qadoum.
31/1
La sécurité palestinienne arrête le journaliste Rami Samara et le relâche après quelques
heures.
31/1
Les services de renseignement palestiniens en Cisjordanie détiennent le journaliste
Youssef Al-Chayeb pendant huit heures.
Février
3/2
Les journalistes empêchés de couvrir une manifestation hostile à la colonisation et au
mur de séparation à Nabi Saleh et une équipe de Palestine TV interpellée.
5/2
Les forces israéliennes arrêtent le journaliste Sohaib Al-Assa et le photographe Amr
Halayka après avoir fait irruption dans leurs domiciles.
8/2
Le journaliste Amine Abou Wardé condamné à la détention administrative pour 140
jours.
10/2
Les forces israéliennes blessent le photographe Ahmad Mosleh, le caméraman de la
chaîne turque TRT et le photographe du New York Times durant leur répression
d’une manifestation à Nabi Saleh.
93
Cisjordanie 2012
Le fil des exactions
11/2
Le journaliste Issam Al-Rimawi blessé par une grenade lacrymogène ; les
photographes Mohammad Turkman et Bernard Arnat ainsi que les reporters Sara
Al-Adra et Arine Al-Rinawi atteints de troubles respiratoires lors d’affrontement
près de la prison d’Ofer.
12/2
Le journaliste Odai Hreibat arrêté et battu par les forces israéliennes avant d’être relâché.
21/2
Le photographe Nasser Al-Chouyoukhi atteint au pied par une grenade lacrymogène
israélienne.
29/2
La SPP confisque la caméra et les cartes de presse d’une équipe de la chaîne Al-Aqsa
TV à Birzeit.
29/2
Les forces israéliennes font irruption dans les bureaux des chaînes Watan TV et
Al-Quds Educational TV et saisissent leurs équipements.
Mars
2/3
6/3
7/3
9/3
15/3
16/3
17/3
22/3
28/3
30/3
Le site Internet de Radio Bethléem 2000 piraté par des pirates israéliens.
Le tribunal israélien d’Ofer condamne le photographe Hamza Burnat à 18 mois
de prison.
Les services de renseignement palestiniens détiennent le journaliste Asiad Amarneh
pendant cinq heures.
Des soldats israéliens agressent le journaliste Samer Hamad.
La correspondante de la chaîne Al-Quds Linda Chalach et son caméraman Rami
Jahajiha atteints de troubles respiratoires durant leur couverture d’un sit-in devant
la prison d’Ofer.
Agression du photographe Moussa Al-Chaer et destruction de la lentille de sa
caméra durant une manifestation à Maassara.
La journaliste palestinienne Shahed Bani Odeh convoquée par les services
de renseignement palestiniens.
Le journaliste Youssef Al-Chayeb convoqué suite à un article dans lequel il a dénoncé
la corruption au sein de la mission diplomatique palestinienne en France.
La journaliste Ismat Abdel-Khalek condamnée à 15 jours de prison pour atteinte
à des dignitaires palestiniens.
Le photographe Najib Charawna atteint de troubles respiratoires durant une manifestation
à Bilin.
Avril
1/4 2/4
94
La SPP fait irruption dans le bâtiment du Forum éducatif et séquestre le journaliste
Tarek Khamis pendant deux heures.
La SPP arrête l’administrateur de la page Facebook « Le peuple veut la fin de
la corruption » Jamal Abou Rihan.
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
3/4 6/4
15/4
Les forces israéliennes arrêtent le journaliste Mohammad Mona à son domicile
à Naplouse.
Le journaliste Ahmad Daghlas atteint d’une grenade lacrymogène à la tête durant
une manifestation à Nabi Saleh.
Le tribunal israélien d’Ofer condamne le journaliste Sohaib Al-Assa à quatre mois
de prison puis le relâche sous caution.
Mai
1/5
Le photographe Nasser Al-Chouyoukhi atteint d’une pierre à la tête devant la prison
d’Ofer.
2/5
Les services de renseignement palestiniens convoquent le journaliste Ahmad Melhem.
6/5
Le photographe Hadhifa Srour blessé lors d’une marche de solidarité avec
les détenus palestiniens dans les prisons israéliennes.
11/5
Les forces israéliennes agressent le journaliste Ajwad Jaradat et les photographes
Alaa Badarneh et Jaafar Achtieh durant une manifestation à Kfar Qadoum.
17/5
Les forces israéliennes arrêtent le directeur de la chaîne Al-Assir Bahaa Moussa à son
domicile et saisissent du matériel de retransmission.
18/5
Le photographe Chamekh Al-Jaghoub atteint de troubles respiratoires aigus lors
d’une manifestation à Kfar Qadoum.
21/5
Les services de renseignement palestiniens convoquent le journaliste Chadi Zamaara.
22/5
Les forces de sécurité palestiniennes empêchent les journalistes de couvrir la visite
de la top model Naomi Campbell à l’Eglise de la Nativité.
27/5
Piratage du site de l’agence d’information Wafa et diffusion d’informations hostiles
à l’Autorité palestinienne.
27/5
La SPP convoque le journaliste Sohaib Al-Assa.
Juin
3/6
5/6
6/6
6/6
14/6
26/6
Les forces israéliennes arrêtent le journaliste Charif Al-Rajoub à son domicile.
Les forces israéliennes interpellent le journaliste Asiad Amarneh et le détiennent
pendant deux heures durant une manifestation commémorant la défaite arabe
de 1967.
La SPP interdit au journaliste Asiad Amarneh de prendre des photos durant un sit-in
des parents de détenus politiques.
Le tribunal militaire israélien condamne le journaliste Raëd Al-Charif à dix mois
de prison.
Des inconnus font irruption dans le bureau du correspondant du journal Al-Quds
à Bethléem Najib Farraj.
Les forces de sécurité palestiniennes entravent le travail du journaliste Ata Farhat
lors de la visite d’une délégation du Golan à Bethléem.
95
Cisjordanie 2012
Le fil des exactions
27/6
30/6
Le photographe Abdel-Ghani Al-Natché empêché de couvrir un sit-in des parents des
prisonniers politiques.
Le journaliste Mohammad Jaradat battu par des policiers palestiniens.
Juillet
1/7
1/7
17/7
30/7
Les journalistes Saëd Houari, Ahmad Aoudé, Ahmad Mosleh, les journalistes Issam
Al-Rimawi et Mahmoud Hreibat battus par la police palestinienne durant un sit-in
de solidarité avec Mohammad Jaradat à Ramallah.
Les forces israéliennes détiennent le journaliste Ali Obeidat durant trois heures.
Les services de renseignement palestiniens font irruption dans le domicile de l’écrivaine
Lama Khater et arrêtent son époux.
La SPP à arrêtent l’éditorialiste Issam Chawar à Qalqilya..
Août
8/8
14/8
15/8
17/8
28/8
Tirs de colons israéliens sur le journaliste Nizar Al-Samoudi.
Les services de renseignement palestiniens confisquent du matériel technique appartenant
au journaliste Asiad Amarneh.
La reporter de la chaîne Al-Mayadeen Nisrine Selmi et le caméraman Fadi Abou Zanat
blessés par des jets de pierres au check-point de Qalandia.
Des soldats israéliens agressent les photographes Nidal et Jaafar Achtieh, Fares Fares,
Odai et Nouh Qadoumi à Kfar Qadoum.
Le directeur de Radio Bethléem 2000 Georges Kanawati menacé de mort.
Septembre
18/9
20/9
23/9
La SPP arrête le directeur du journal Felesteen Walid Khaled et le directeur du Centre Ahrar
pour les droits de l’homme Fouad Al-Khafach.
Le journaliste Sami Al-Assi détenu par les services de renseignement palestiniens pendant
quatre jours.
La SPP à Naplouse arrête le journaliste Mohammad Mona.
Octobre
10/10
14/10
14/10
22/10
96
Les forces israéliennes arrêtent le journaliste Mohammad Al-Tamimi à son domicile.
Les forces israéliennes arrêtent le militant des droits de l’homme Ayman Karaja à Ramallah.
La sécurité palestinienne interdit au correspondant de la chaîne Al-Aqsa Tarek Abou Zeid
de couvrir un sit-in de solidarité avec le journaliste Walid Khaled.
La SPP arrête le journaliste et blogueur Mohammad Thabet et le relâche deux jours
plus tard.
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
Novembre
3/11
7/11
7/11
13/11
14/11
14/11
14/11
19/11
20/11
20/11
21/11
26/11
La SPP arrête les journalistes Sami Al-Saï et Iyad Srour.
Le journaliste Nasser Achtieh atteint au pied par une grenade assourdissante israélienne.
Les forces israéliennes agressent une équipe de la chaîne Watan à Silfit.
Des policières de la SPP agressent l’écrivaine Lama Khater.
La police palestinienne entrave le travail du correspondant de la chaîne Al-Aqsa Khalil
Sohaib Al-Assa et le photographe de l’agence New Media Iyad Abou Chalbak dans un
hôpital d’Hébron.
Les forces israéliennes entravent le travail d’une équipe de Palestine TV au nord
de Ramallah durant la commémoration du 24e anniversaire de la déclaration de l’Etat
de Palestine.
Des inconnus font irruption au siège de la Radio Al-Ghad, agressent le journaliste
Mohammad Nassar et le menacent de mort.
La SPP interpelle le réalisateur Tarek Youssef et l’interroge pendant trois heures.
Le site de l’agence Palestine News Network piraté par des pirates israéliens.
Le correspondant de Palestine TV Ali Dar Ali atteint à la poitrine par une balle en
caoutchouc israélienne.
Le journaliste Hammouda Hassan agressé par des agents de sécurité durant une marche
de protestation contre la visite de la Secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton.
Un tribunal de Ramallah interdit aux reporters de prendre des photos durant le procès du
journaliste Youssef Al-Chayeb.
Décembre
6/12
12/12
13/12
13/12
15/12
18/12
18/12
24/12
Les services de renseignement palestiniens arrêtent le journaliste Mohammad Awad
à Ramallah.
Des soldats israéliens agressent les photographes de l’agence Reuters Yosri Al-Jamal et
Mamoun Wazouz et lancent vers eux une grenade lacrymogène.
Les forces israéliennes empêchent les journalistes Nasser Al-Chouyoukhi, Ammar Awad,
Abdel-Hafiz Al-Hachlamoun et Hazem Badr de couvrir les affrontements avec des
Palestiniens durant les funérailles d’un jeune homme tué à Hébron par l’armée israélienne.
Des forces israéliennes font irruption dans le domicile de l’écrivaine Lama Khater à Hébron.
Le photographe Seif Al-Dahla essuie des tirs d’un colon après avoir été relâché par les
forces israéliennes.
Les forces israéliennes empêchent les journalistes de couvrir les exactions de colons
contre des familles arabes au sud de Bethléem.
La SPP arrête le caméraman de la chaîne Al-Aqsa Ahmad Al-Khatib.
Le correspondant de Radio Bethléem 2000 Anan Chéhadé empêché de couvrir la messe
de Noël à la Place de la Nativité.
97
Territoires de 1948
Les journalistes palestiniens victimes de l’oppression
et des politiques racistes israéliennes
Firas Talhouk
En 2012, les violations des autorités israéliennes
contre les libertés de la presse et de la culture dans
les Territoires de 1948, sont venues s’ajouter à
leurs violations continues des droits de l’homme.
Israël érige un mur de séparation entre l’État d’un
côté, et la transparence, la diversité des opinions
et la liberté d’expression de l’autre, dans une
tentative de contenir les effets des révolutions et
des changements dans les pays arabes voisins.
Pour cacher ses pratiques anti-démocratiques,
les autorités israéliennes n’ont trouvé pour seul
moyen que de recourir à la violence, à l’oppression
et aux abus pour museler les journalistes et les
intellectuels palestiniens. Le recours aux grenades
assourdissantes et lacrymogènes, aux balles en
caoutchouc, aux matraques a été particulièrement
fréquent.
Israël
transforme
chaque
année
la
commémoration de la Nakba en un exercice de
répression et de violence contre les journalistes.
Lors de la couverture des événements dans
la région d’Al-Aissawiya à Jérusalem, un
soldat israélien a roué de coups la journaliste
palestinienne Diala Jweihan ; une fois au sol,
ses collègues soldats l’ont piétinée. Des colons
ont brutalement agressé le journaliste Rami
Othman, lui arrachant son œil de verre après
l’avoir arrêté ; ils ont également agressé le
journaliste Saïd Al-Kak avant de lui casser les
dents et la caméra.
Egalement en 2012, le photographe de la
chaîne Hona Al-Quds (Ici Jérusalem) Amjad Abou Arfeh a été atteint d’une balle en
caoutchouc au dos, le photographe de l’agence
Reuters Ammar Awad a été atteint d’une balle
similaire au pied et le photographe de l’agence
Associated Press Bernard Arnat a été grièvement
blessé. Des policers ont tiré une balle en
caoutchouc sur le photographe Mahmoud Alyan,
sur le journaliste Saïd Al-Kak, alors qu’il couvrait
98
un sit-in de protestation à la Port de Damas et
sur le photographe Mahfouz Abou Turk. Les
soldats israéliens se sont servis de chevaux pour y
piétiner les journalistes.
Des extrémistes israéliens ont menacé de mort
le journaliste Ziad Abou Hablé en raison de
ses articles exposant la discrimination et le
racisme auquel fait face la minorité arabe, ainsi
que le directeur et propriétaire du journal et site
Baladna en raison de la publication d’un article.
Des inconnus ont également menacé de mort
le journaliste Hamad Oueidat en raison de son
travail comme correspondant pour la chaîne
iranienne Press TV.
La répression a également pris la forme
d’arrestations, de procès administratifs et de
verdicts iniques qui ont conduit à la détention
prolongée de nombreux journalistes, à
l’éloignement forcé de plusieurs, dans un
climat de racisme contre les minorités arabes.
L’exemple le plus flagrant est celui du rédacteur
en chef du site Baladee Imad Al-Merhi, soumis au
confinement à domicile depuis plus de 20 mois.
Par ailleurs, l’ordre de fermer la Société d’études
arabes et la Maison de l’Orient a été renouvelé
pour la vingtième fois et le tribunal de Nazareth
a condamné le directeur de l’association Hurriyat,
Mohammad Kanaaneh, à 15 mois de prison. La
justice israélienne a par ailleurs pris la décision
de disculper l’armée dans la mort de la militante
américaine Rachel Corrie, qui a péri sous les
chenilles d’un bulldozer de l’armée israélienne en
mars 2003.
La campagne menée contre la langue arabe a
été un autre exemple du racisme israélien. La
municipalité de Tel Aviv a refusé d’insérer la
langue arabe dans son logo et l’Université de Haïfa
n’a pas hésité à ôter le nom arabe de l’université
du sigle officiel. De plus, des musées israéliens ont
supprimé les informations en langue arabe mises à
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
la disposition de leurs visiteurs, contrevenant ainsi
à leur obligation légale et la société des chemins
de fer israélienne a refusé de recourir à la langue
arabe pour ses annonces vocales dans les stations
et les trains, sous prétexte que l’utilisation d’une
langue supplémentaire conduirait à un « vacarme
sonore ». Par ailleurs, le directeur de la sécurité
de la compagnie aérienne israélienne a empêché
l’artiste palestinien Shreidi Jabarin d’embarquer à
l’aéroport de Berlin et lui a interdit de retourner au
pays, alors que les autorités israéliennes ont détruit
un forum culturel dans le quartier de Selwan.
La crise syrienne a eu des répercussions sur les
journalistes et les artistes arabes. Des partisans du
régime syrien ont lancé une violente campagne
contre la chanteuse Rim Al-Banna et la journaliste
Sana’ Lahab a reçu des menaces de groupes antirégime, suite à sa position réservée à l’égard de la
révolution syrienne.
Ainsi, Israël, prétendant être le « seul Etat
démocratique au Moyen-Orient », n’est plus
en mesure de promouvoir cette image. En
effet, de plus en plus d’artistes et d’intellectuels
internationaux décident de boycotter Israël suite
aux violations perpétrées contre les journalistes
et à la politique raciste menée à l’encontre de la
minorité arabe. La romancière américaine Alice
Walker a refusé de faire traduire en hébreu son
livre « La couleur pourpre », l’artiste indien Zakir
Hussein a répondu à la demande de boycott,
annulant ainsi deux concerts prévus en Israël,
l’artiste britannique Peter Brooke a annulé sa
participation au festival international du théâtre
Cameri en Israël et le groupe de jazz britannique
Portico Quartet a annulé sa participation à une
soirée de musique de jazz à Eilat.
Il est désormais difficile d’ignorer les difficultés
auxquelles font face les journalistes et les artistes
arabes dans les Territoires de 1948. Les moyens
utilisés par Israël pour convaincre le monde
qu’il est menacé au milieu de régimes répressifs,
sont de moins en moins efficaces. Les autorités
israéliennes s’évertuent à opprimer ceux qui
essaient de révéler la véritable identité du régime
et les souffrances de la minorité arabe. C’est ainsi
un « mur de dissimulation » que les autorités
israéliennes semblent également ériger.
Le fil des exactions
Janvier
17/1
20/1
31/1
Un tribunal de Jérusalem ordonne l’expulsion de deux étudiants arabes qui
ont refusé d’assister à une rencontrer avec le président israélien Shimon
Pérès.
La police israélienne arrête le directeur et le photographe du Centre
d’information de Wadi Helwé.
Les services de renseignement israéliens interdisent au journaliste Rassem
Obeidat d’entrer en Cisjordanie pour une durée de sept mois.
Février
13/2
14/2
18/2
Les autorités israéliennes détruisent un centre culturel à Selwan.
Le photographe de l’agence Associated Press Bernard Arnat atteint à la tête
lors d’un affrontement entre des soldats israéliens et des jeunes du village
d’Al-Aissawiya.
Les autorités israéliennes interdisent l’accès à Jérusalem à des acteurs de la
pièce de théâtre « Le magicien d’Oz ».
99
Territoires de 1948
Le fil des exactions
19/2
20/2
24/2
25/2
Un policier israélien interpelle les photographes Nader Bibers et Toufic
Saliba à la Porte des Immondices à Jérusalem.
Un tribunal de Jérusalem condamne le journaliste Mahmoud Abou Ata
pour rassemblement dans un lieu interdit.
Les journalistes interdits d’accès à l’Esplanade des mosquées et le
photographe Amjad Abou Arfeh atteint d’une balle en caoutchouc dans
le dos.
Le photographe Ammar Awad atteint d’une balle en caoutchouc au pied.
Mars
30/3
Les forces israéliennes attaquent les journalistes à la Porte de Damas et
blessent trois d’entre eux.
Avril
2/4
Les forces de sécurité israéliennes investissent le siège de l’agence Hona
Al-Quds (Ici Jérsulaem), empêchent la tenue de la cérémonie d’inauguration
et arrêtent deux employés.
17/4
Le ministère israélien de l’Education interdit l’usage d’un livre d’éducation
civique présentant la version palestinienne de la Nakba et de la création de
l’Etat d’Israël.
Mai
14/5
15/5
20/5
20/5
L’Université de Haifa interdit la tenue de deux expositions et d’une activité
culturelle en commémoration de la Nakba.
La journaliste Diala Jweihan battue par un soldat israélien et piétinée par
plusieurs autres.
La police israélienne perturbe le travail des journalistes lors d’une
manifestation pacifique contre la politique de colonisation.
Des policiers israéliens agressent le journaliste Rami Othman et lui
arrachent son œil de verre.
Juin
13/6
La police israélienne arrête le directeur du Club des détenus Nasser Qaws et
l’ordonne d’annuler un événement de solidarité avec les prisonniers palestiniens.
Juillet
9/7
100
La police israélienne arrête le journaliste Ibrahim Al-Husseini et le
photographe Ayman Alyan et leur interdit de filmer à la Porte des
Immondices.
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
Août
16/8
La police israélienne convoque le photographe Amjad Abou Arfeh et l’accuse
d’avoir entravé le travail d’un policier il y a deux ans.
Septembre
1/9
La journaliste Sana’ Lahab menacée par des inconnus en raison de sa
position réservée à l’égard de la révolution syrienne.
8/9
La police israélienne agresse la journaliste Diala Jweihan durant un sit-in
de solidarité avec les détenus palestiniens en grève de la faim.
14/9
Le journaliste Saïd Al-Kak blessé lors de la dispersion d’une manifestation
à la Porte de Damas.
18/9
Le photographe Mahmoud Alyan atteint d’une balle en caoutchouc
israélienne lors d’affrontements au camp de réfugiés de Chaafat.
19/9
Coups de feu sur le siège du site d’information Panet et du journal
Panorama à Taïbeh.
19/9
Le domicile du journaliste Lotfi Issa essuie des coups de feu.
20/9
Un tribunal de Nazareth condamne le président de l’association Hurriyat
(Libertés) Mohammad Kanaaneh à 15 mois de prison.
27/9
Le rédacteur-en-chef du site Baladee Imad Al-Merhi condamné à sept mois de
prison.
Octobre
1/10
1/10
2/10
2/10
5/10
7/10
31/10
Le journaliste Hamad Oueidat reçoit des menaces en raison de son travail
de correspondant pour une chaîne iranienne.
Des fondamentalistes israéliens agressent le photographe Ata Oueissat et
l’atteignent d’une pierre à la tête.
La police israélienne interdit aux journalistes l’accès à l’Esplanade des
mosquées et interpellent nombre d’entre eux.
La police israélienne arrête le journaliste Wissam Hammoudeh et lui
interdit l’accès à l’Esplanade des mosquées pendant 15 jours.
La police israélienne attaque les journalistes présents sur l’Esplanade des
mosquées, blesse quatre et expulse deux d’entre eux.
La police israélienne interdit à l’équipe de Press TV de tourner à la Porte
des Lions.
La police israélienne arrête le journaliste Iyad Al-Rifaï à son domicile
à Anata.
101
Territoires de 1948
Le fil des exactions
Novembre
8/11
Le directeur du journal Baladna menacé de mort suite à un article qu’il
a publié concernant le département des impôts à Daliat Al-Carmel.
14/11
Le journaliste Saïd Al-Kak battu par des manifestants commémorant
la mort de l’ancien président palestinien Yasser Arafat.
18/11
La police israélienne fait irruption au théâtre Al-Hakawati et empêche
la tenue d’un festival.
19/11
La police israélienne atteint le photographe Mahfouz Abou Turk d’une balle
au cou lors de la couverture des affrontements près du check-point de
Qalandia.
20/11
La police israélienne entrave le travail des journalistes couvrant
les manifestations d’étudiants arabes à l’Université hébraïque de Jérusalem.
27/11
Des extrémistes juifs menacent le journaliste Ziad Abou Hablé de mort
suite à ses articles dénonçant la discrimination et le racisme à l’égard des
citoyens arabes.
Décembre
4/12
102
La police israélienne arrête le directeur du Club des détenus Nasser Qaws.
conclusion
Journalistes et intellectuels unis dans la tragédie
Youssef El-Hachem
En 2012, les violations se sont poursuivies dans les quatre pays couverts par le Centre SKeyes pour la
liberté de la presse et de la culture, à savoir le Liban, la Syrie, la Jordanie et la Palestine. La violence a
atteint son apogée et les journalistes ont été pris pour cible par tous les moyens possibles. D’une part,
le rythme des violations a considérablement augmenté, et celles-ci ont pris différentes formes, et de
l’autre, il semble qu’aucune des recommandations, proposées dans notre rapport annuel de 2011, n’ait
été prise en considération par les autorités publiques et les professionnels des médias. De plus, aucun
mécanisme n’a été mis en œuvre pour empêcher que les violations ne gagnent en ampleur et pour punir
les coupables.
Au regard des événements tragiques au sein des quatre pays de la région,, la question principale qui se
pose est la suivante : qui protège les journalistes et les intellectuels ? Le seul moyen pour ce faire serait
la mise en place d’une dynamique de cohésion et d’entraide qui favorisera leur union, d’abord au sein
d’un même pays, ensuite au niveau régional et finalement à travers le monde, si possible bien sûr. Cette
dynamique permettrait de comparer rapidement l’état des libertés médiatiques et culturelles d’un pays
à un autre et d’assurer un suivi quotidien des cas les plus importants. Elle permettrait également de
consolider les liens de solidarité avec tout journaliste, écrivain, correspondant ou photographe, exposé
à une situation susceptible de porter atteinte à sa liberté, à sa sécurité ou à sa vie. Cette dynamique, qui
fait partie des exigences du Printemps médiatique arabe, devrait voir le jour, d’autant que plus rien n’est
aujourd’hui impossible avec les progrès technologiques.
Il convient de documenter, de transmettre et de suivre les agressions, menaces et actes de violence dont
les journalistes sont victimes, tout en accordant une attention particulière aux violations perpétrées
contre le corps médiatique et culturel féminin, en ce qu’elles constituent une atteinte flagrante aux droits
de la femme. De même, il est nécessaire de dénoncer toute agression menée contre les journalistes
locaux, arabes ou étrangers. Pour cela, l’union des journalistes contre tout ce qui risque de mettre leur
vie, liberté ou sécurité en péril, s’impose.
De plus, cette solidarité devrait s’appliquer à la presse écrite et audiovisuelle d’une part, et de l’autre, aux
nouveaux médias liés à Internet, y compris les réseaux sociaux. Au cours de l’année 2012, les menaces et
poursuites lancées suite à des informations et opinions diffusées sur ces réseaux ont notamment augmenté.
De nombreuses complications sécuritaires, politiques et militaires ont eu lieu au cours des derniers mois
de l’année 2012, constituant ainsi un fardeau supplémentaire pour le travail journalistique en Syrie, en
Palestine, au Liban et en Jordanie. Les chiffres sont indéniablement effrayants, surtout que des dizaines de
journalistes ont péri dans l’exercice de leur devoir professionnel.
87 journalistes, artistes, militants des droits de l’homme et citoyens journalistes ont trouvé la mort en
Syrie, au moment ou le régime a multiplié la violence et les actes de répression. De plus, des dizaines de
journalistes syriens, arabes et étrangers ont été victimes de détention arbitraire, d’enlèvement et de torture ;
plusieurs sont, jusqu’à ce jour, portés disparus. Les blocages répétés du réseau Internet ont, plus d’une fois,
empêché la transmission d’informations. À Gaza, trois journalistes ont été tués et plus de vingt ont été
blessés lors de l’offensive israélienne, en plus de la destruction de nombreuses institutions médiatiques. Au
Liban, le photographe Ali Shaaban a été tué par les balles des forces syriennes, à la frontière syro-libanaise.
S’il est vrai, selon le dicton populaire, que la souffrance unit, qu’attendent donc les journalistes et
intellectuels de Palestine, de Jordanie, du Liban et de Syrie pour s’unir face à l’oppression, aux meurtres,
aux exécutions et à la torture ?
Journalistes et intellectuels du monde arabe... unissez-vous ! Sinon le pire reste à venir.
103
Statistiques
Les violations des libertés de la presse et de la culture… en chiffres
1- Journalistes, intellectuels et militants des droits de l’homme tués
Journalistes
Ecrivains et artistes
Militants des droits de l’homme
Citoyens journalistes
49
2
11
25
Syrie
3
1
Gaza
Liban
Aucun journaliste, intellectuel ou militant des droits de l’homme n’a été tué en Jordanie, en Cisjordanie et dans
les Territoires de 1948 en 2012, alors que le Liban est redevenu une scène où les journalistes perdent leur vie. Le
caméraman Ali Shaaban a été tué à la frontière libano-syrienne par l’armée syrienne en avril. Dans la bande de Gaza,
trois journalistes ont été tués quand leurs véhicules ont été ciblés par les avions militaires israéliens durant l’attaque
du mois de novembre ; il s’agit de Mohammad Abou Aysha, Mahmoud Al-Koumi et Houssam Salama. La Syrie a
été de loin l’endroit le plus dangereux pour les journalistes, les écrivains, les militants des droits de l’homme et les
citoyens journalistes ; 87 y ont perdu la vie en 2012, comparé à 14 en 2011, soit une augmentation de 521%.
Les quatre derniers mois de l’année ont été particulièrement meurtriers en Syrie ; c’est durant cette période que 50%
des journalistes, intellectuels et citoyens journalistes tués en 2012 ont perdu la vie, comme indiqué dans le graphe
suivant :
104
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
Le nombre de journalistes et d’intellectuels tués en Syrie par mois
Journalistes
Ecrivains et artistes
Citoyens journalistes
Militants des droits de l’homme
9
4
1
1
2
Janvier
9
1
1
5
5
2
1
2
2
Février
Mars
4
3
6
5
Avril
2
3
Mai
Juin
2
1
Juillet
Août
3
1
2
3
2
2
3
Septembre Octobre Novembre Décembre
Les forces rebelles syriennes ont été également impliquées dans l’assassinat de journalistes pro-régime, à partir
de juin, avec l’attentat contre le siège de la chaîne Al-Ikhbariya et particulièrement lors des trois derniers mois
de l’année. Cependant, le nombre de journalistes, intellectuels et citoyens journalistes tués par les forces progouvernementales est resté bien plus élevé.
Les parties responsables de la mort de journalistes et d’intellectuels en Syrie
Inconnus
3%
Rebelles 16%
Forces pro-régime 81%
105
Statistiques
2- Peines de prison contre les journalistes, intellectuels et militants
des droits de l’homme
Tribunaux israéliens
Tribunaux palestiniens
2
2
Cisjordanie
2
Territoires de 1948
Aucune peine de prison n’a été prononcée à l’encontre de journalistes, d’écrivains et d’artistes au Liban, en Jordanie
et dans la bande de Gaza en 2012. En Syrie, les peines prononcées par les tribunaux militaires et les cours d’exception
ont été si nombreuses qu’il a été difficile de les quantifier, vu la violence des événements en Syrie et le fait que la
plupart de ces décisions sont restées secrètes ou n’ont été rendues publiques que bien plus tard. Pour cette raison, le
graphe ci-dessus ne représente que les peines prononcées en Cisjordanie (deux par des tribunaux israéliens et deux
par des tribunaux de l’Autorité palestinienne) et dans les Territoires de 1948 (deux par des tribunaux israéliens).
106
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
3- Arrestations de journalistes, intellectuels et militants des droits de
l’homme
Territoires
de 1948;
12
Liban; 9
Cisjordanie; 25
Gaza; 5
ie; 3
Jordan
Syrie; 80
Le nombre de journalistes, artistes et citoyens journalistes arrêtés en 2012 a diminué de 42% par rapport à 2011 dans les
quatre pays surveillés par le Centre SKeyes. Au Liban néanmoins, leur nombre a augmenté de cinq en 2011 à neuf en 2012,
et en Jordanie, trois ont été arrêtés en 2012 comparé à un seul en 2011. A Gaza, le nombre d’arrestations a diminué de 13
à cinq et dans les Territoires de 1948 de 29 à 12. Le nombre d’arrestations officielles en Syrie a baissé de 157 en 2011 à 80
en 2012, mais cette année a vu une augmentation fulgurante du nombre de journalistes et de citoyens journalistes portés
disparus, qui ne peuvent figurer dans le graphe ci-dessus.
En Cisjordanie spécifiquement
Journalistes arrêtés en
Cisjordanie
9
16
par l’Autorité
palestinienne
0
2
4
6
8
10
12
14
16
18
En Cisjordanie, neuf journalistes, intellectuels et militants des droits de l’homme ont été arrêtés par les forces
israéliennes en 2012 (15 en 2011), alors que 16 ont été arrêtés par les services de sécurité liés à l’Autorité palestinienne
(huit en 2011).
107
Statistiques
4- Agression de journalistes, intellectuels et militants des droits de l’homme
Acteurs non étatiques
Services officiels
Forces israéliennes
25
38
38
2
4
17
Liban
Jordanie
15
10
8
2
2
Gaza
Cisjordanie
2
Territoires de 1948
En 2012, le Liban a été le pays du Proche-Orient où il y a eu le plus grand nombre d’agressions physiques contre
des journalistes, photographes et militants civiques, avec une augmentation de 14,5% par rapport à 2011 ; 63 cas
ont été recensés en 2012 et 55 en 2011. Dans les détails, il y a eu une forte augmentation du nombre de journalistes
et de militants agressés par les forces de sécurité et l’armée libanaise, passant de quatre en 2011 à 25 en 2012, et
une diminution des cas d’agression par des acteurs non étatiques (manifestants, militants politiques ou inconnus),
de 51 cas en 2011 à 38 en 2012. La situation s’est également dégradée en Cisjordanie, avec une augmentation des
agressions de 37 cas en 2011 à 48 en 2012 (soit une hausse de 29,7%). Une amélioration notable a été enregistrée
dans la bande de Gaza, avec une diminution des agressions de 60 en 2011 à 16 en 2012 (soit une baisse de 73,3%),
dans les Territoires de 1948, de 43 agressions en 2011 à 17 en 2012 (soit une baisse de 60,5%) et en Jordanie, de 35
agressions en 2011 à 19 en 2012 (soit une baisse de 45,7%).
La Syrie n’est pas incluse dans ces statistiques vu la difficulté de quantifier tous les cas de blessures et d’agressions
en 2012.
108
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
5- Menaces proférées contre les journalistes, intellectuels et militants
des droits de l’homme
10
4
2
1
Liban
Jordanie
2
Gaza
Cisjordanie
Territoires de 1948
Dix journalistes et artistes libanais ont reçu des menaces de mort ou d’agression physique en 2012, contre onze
en 2011 ; quatre dans les Territoires de 1948 en 2012 contre deux seulement en 2011. La Jordanie a connu une
amélioration notable avec une baisse du nombre de menaces : onze en 2011 et une seule en 2012, soit une diminution
de 90,9%.
6- Matériel technique, bureaux de presse et centres artistiques attaqués
Territoires de 1948; 4
Liban; 3
Syrie; 2
Cisjordanie; 5
Jordanie; 5
Gaza; 4
109
Statistiques
7- Censure contre les arts et la culture
Livres
Expositions et installations artistiques
Représentations artistiques
Cinéma
Emissions de télévision
3
6
3
1
1
1
Liban - censure
officielle
1
Liban - censure
non officielle
1
2
1
1
Jordanie
2
Gaza
1
Territoires de
1948
L’année 2012 a connu une certaine amélioration au niveau de la censure officielle sur les arts et la culture au Liban,
passant de 11 cas de censure totale ou partielle en 2011 à sept en 2012, soit une amélioration quantitative de 36,4%.
Trois films ont été partiellement censurés en 2012 et il n’y a eu aucune interdiction prononcée contre un film ou
une pièce de théâtre ; cependant, trois DVD du réalisateur Pierre Dawalibi n’ont pas pu être importés pour des
raisons administratives. Le développement négatif a été la recrudescence de la censure imposée par des acteurs non
étatiques notamment religieux ou politiques, qui a touché des séries ou des publicités télévisées, des expositions ou
des concerts. Une amélioration a également été enregistrée en Cisjordanie ; aucun cas de censure n’y a été recensé
en 2012.
Cependant, ce graphe ne permet pas de comparer l’ampleur de la censure dans la région ou de classer les pays selon
le degré de respect des libertés culturelles, étant donné que les films, livres ou séries télévisées censurés dans un pays
ne l’étaient pas dans d’autres. Un bon outil de comparaison présenterait l’attitude des autorités à l’égard de la même
œuvre dans chacun des pays ; un tel cas ne s’est pas présenté en 2012.
110
La liberté de la presse et de la culture - Liban, Syrie, Jordanie et Palestine
8 - Sites Internet piratés
Cisjordanie;
Gaza; 9
4
Jordanie; 7
Syrie; 6
Liban; 43
L’année 2012 a connu une forte augmentation du nombre de sites Internet libanais piratés, passant de 17 cas de
piratage en 2011 à 43 en 2012, soit une hausse de 153%. De même dans la bande de Gaza, avec neuf cas en 2012
contre un seul en 2011, et en Cisjordanie, avec quatre cas en 2012 contre deux en 2011. En Syrie, ce nombre a
baissé de dix à six, soit une diminution de 40% et il n’y a eu aucun changement dans le nombre de sites piratés en
Jordanie entre 2011 et 2012
111