L`Opinion__03/06/2015_page 1
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Thibault Lanxade invité de la matinale mercredi 3 juin 2015 — N° 513 1,70 € sipa press L’injustice grecque Si la situation des Grecs n’était pas aussi tendue, nul doute qu’ils souriraient de l’instant. Celui où, parmi le chœur des créanciers, s’élève la voix de François Hollande pour demander à la Grèce de faire davantage d’économies sur ses dépenses publiques et réduire le poids de la fonction publique. Celui où Michel Sapin leur explique qu’il leur faut enfin réformer leurs retraites. Celui où Pierre Moscovici les tance pour nonrespect de la parole donnée à la Commission européenne. Bien sûr, la France n’est pas la Grèce, et il est naturel de tout tenter dans la dernière ligne droite des négociations pour éviter une catastrophe type « Grexit ». Surtout, personne ne songerait à élaborer pour nous un scénario aussi dramatique que pour nos voisins du grand Sud de l’Europe. Et puis, nous sommes un pays trop grand, trop riche, trop indispensable à l’Europe. Trop incontournable, en somme, même si la réalité n’est pas glorieuse : notre dépense publique continue à augmenter (plus 10 milliards d’euros en 2014) ; notre déficit public dérape toujours (comme en 2013) ; notre endettement s’est aggravé (au-delà des 2 000 milliards d’euros) ; le chômage bat tous les mois des records (1 000 chômeurs de plus chaque jour ouvré). Et cela en dépit de tous nos engagements les plus formels. C’est peut-être ça, le plus choquant, le plus injuste pour tous ces pays – souvent les plus petits – dont on exige d’immenses efforts : voir que les grands piliers de l’Europe peuvent passer au travers de la règle, et que la Commis- sion européenne, si forte avec eux, les faibles, est si faible avec les forts. Alexis Tsipras a beau être un démagogue englué dans ses promesses électorales et Yanis Varoufakis un butor de la diplomatie, ils doivent bien discerner ce déséquilibre qui fait douloureusement boiter l’Europe. Nicolas Beytout @nicolasbeytout t Dans un ouvrage dont l’Opinion publie les bonnes feuilles, Eric Woerth, nouveau responsable du projet des Républicains, expose des mesures chocs pour redresser le pays Le manuel du réformateur à l’usage des Républicains Idées Débarrassé de toutes les poursuites judiciaires depuis sa relaxe dans l’affaire Bettencourt, Eric Woerth a été nommé mardi délégué général au projet des Républicains. Pilier du programme économique de la droite pour 2017, il sort le 10 juin, avec le think tank La Boîte à Idées, un essai intitulé «Une crise devenue française, quelle politique économique pour redresser la France?». L’Opinion en publie en exclusivité les bonnes feuilles. Objectif de l’ouvrage: « Orienter le débat politique dans le bon sens ». Raphaël Legendre Un pour cent de croissance, 5,6 millions de chômeurs, une dépense publique en constante augmentation comme le taux de prélèvements obligatoires qui frôle désormais 45 % du PIB, une dette passée en dix ans de 1 000 à 2 000 milliards d’euros… Le triste bilan de la France en 2015 reflète la « politique des petits pas », omniprésente dans le logiciel politique de nos dirigeants, droite et gauche confondues ces vingt dernières années. Par manque de courage politique ? « Non, par manque de conviction et de préparation technique en amont pour y arriver », affirme Maël de Calan, coanimateur de la Boîte à Idées. Pour y remédier, ce think tank de droite co-signe avec Eric Woerth un essai intitulé Une crise devenue française, quelle politique économique pour redresser la France ?, dont l’Opinion publie en exclusivité les bonnes feuilles. Une réponse à nos élites « dont le désintérêt pour la chose économique me frappe chaque jour un peu plus », regrette le président de la commission des Finances à l’Assemblée nationale, Gilles Carrez. « Je voulais écrire un essai approfondi pour rentrer dans les détails des grandes problématiques économiques de manière pédagogique, tout en faisant un certain nombre de propositions », explique Eric Woerth, nommé mardi délégué général au projet des Républicains. Liant théorie économique et pistes de réformes, l’ouvrage veut renforcer l’épaisseur idéologique d’une droite au sein de laquelle beaucoup d’élus considèrent encore que la mondialisation est un danger, que la dépense publique a des effets positifs sur la croissance et que le chômage en France est davantage conjoncturel que structurel. « Sur nombre de questions économiques essentielles, beaucoup de décideurs ne sont pas au clair, et ne peuvent donc l’être dans leurs ambitions programmatiques », note Maël de Calan. « Si intuitivement ils sont plutôt pro-business, il n’y a pas un parlementaire de droite sur dix qui comprend le rapport entre innovation, capital et croissance », confirme plus abrupt un élu de l’opposition. Avant de jeter les bases du programme économique des Républicains pour 2017, l’ouvrage vise donc à réorienter le débat politique « dans l l l Page 2 belgique : 1,80€ – allemagne : 2,20€ – Uk : 1,80£ – suisse : 3,20 chf Baptême douloureux pour Les Républicains à l’Assemblée nationale M 00118 - 603 - F: 1,70 E 3’:HIKKLB=]UV\UU:?k@g@k@d@a"; Pataquès En arrivant dans la salle des conférences de presse, Christian Jacob affichait mardi matin des traits tendus. Le chef de file des députés de l’opposition est sorti excédé de la conférence des présidents de groupe à l’Assemblée nationale. Une réunion « très houleuse », selon lui. Il reproche au président du groupe socialiste, Bruno Le Roux, d’avoir expliqué lors de ce huis clos hebdomadaire « [qu’ils ne devaient] pas s’appeler Les Républicains ». « J’ai menacé, j’étais à deux doigts de quitter la conférence », a-t-il répété devant les journalistes. « Ca m’arrive rarement de me fâcher, je l’ai fait ce matin. » Christian Jacob contre Bruno Le Roux. « Du théâtre politique ! », commentait un cadre de l’Assemblée nationale. Pas question pour le député-maire de Provins que les députés jusqu’alors UMP se fassent appeler « LR ». Du coup, l’Assemblée a décidé de rebaptiser tous les autres groupes en développant leur nom. Ainsi le groupe SRC devient le groupe Socialiste, républicain et citoyen ; le groupe UDI le groupe Union des démocrates et indépendants, le Des « pastilles Ségolène » dures à avaler Les propositions des députés contre le djihadisme La ministre de l’Ecologie impose des vignettes sur les performances écologiques des véhicules. Les constructeurs grognent Page 4 Outre l’augmentation des moyens, un rapport ouvre des pistes pour prévenir la radicalisation Page 3 groupe GDR, Gauche démocrate et républicaine… Des appellations qui rendent peu lisibles les documents officiels du Palais Bourbon. Dès mardi après-midi, le changement de nom était effectif. Le sujet suscitait quelques rires nerveux dans les couloirs. « Quand Claude Bartolone appellera les Républicains dans l’hémicycle, nous nous lèverons tous », ironisait Bruno Le Roux. Quatre Billet. Miss Vignette et M. Normal Quitte à le blesser, autant le lui dire : Laurent Fabius n’est pas aussi sexy que Ségolène Royal. Aussi grâce doit être rendue aux impératifs du protocole qui, paraît-il, ont conduit la ministre de l’Ecologie à accueillir les monarques espagnols au côté du président de la République, par ailleurs son ex. Ce fut une image merveilleuse que ce couple sur le perron de l’Elysée, elle toute fiérote, lui satisfait. Miss Vignette et M. Normal donnaient une telle impression de glamour que les larmes en venaient aux yeux. Le roi d’Espagne n’était peut-être pas leur cousin mais c’était tout comme, tant leur fierté était manifeste. Nous étions remués par ces retrouvailles troublantes. Voilà qui fera taire les mauvaises langues : le quinquennat ne sera pas un échec puisqu’il aura permis ça. Michel Schifres [email protected] groupes sur six ont en effet dans leur nom le terme « républicain ». Les écolos et les centristes sont les seuls à ne pas porter l’appellation. Au Sénat, la création du groupe des Républicains, également actée mardi matin, a été moins tumultueuse. Les dénominations des autres partis sont mêmes restées identiques. « On est plus consensuels », glisse-t-on au groupe socialiste, avant d’ajouter : « Ca pose quand même le problème de l’inégalité de traitement. » Caroline Vigoureux t @ CaroVigoureux Mobilisation générale pour sauver le soldat grec Le 5 juin, Athènes doit régler 300 millions d’euros au FMI. Ses créanciers tentent de trouver une porte de sortie Page 7