la danse contemporaine
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la danse contemporaine
LA DANSE CONTEMPORAINE De Keersmaeker, Anne Teresa Anne Teresa De Keersmaeker, née le 11 juin 1960 à Malines en Belgique, est une danseuse et chorégraphe belge flamande. Elle est une figure majeure de la danse contemporaine belge et mondiale qui s'est imposée au début des années 1980 grâce à la volonté de renouveler le lien intense entre danse et musique En 1983, elle crée la compagnie Rosas au sein de laquelle elle développe depuis son langage chorégraphique propre avec plus de 35 chorégraphies à son actif à ce jour. Anne Teresa De Keersmaeker prend la direction chorégraphique du théâtre de La Monnaie à Bruxelles de 1992 à 2007 et a fondé en 1995 une des écoles de danse contemporaine les plus importantes, P.A.R.T.S.. Anne Teresa De Keersmaeker passe son enfance avec ses deux sœurs à Wemmel où son père était fermier et sa mère professeur Elle a fait ses études secondaires à Bruxelles où elle commence par faire de la musique (de la flûte traversière dont elle continue toujours la pratique) avant de prendre ses premiers cours de danse, à sa demande, à l'âge de 10 ans. Elle suit ensuite des cours de ballet classique à l'École Lilian Lambert de Bruxelles où elle fait la connaissance de ses futurs partenaires de création artistique Michèle Anne De Mey et son frère le musicien Thierry De Mey Pendant sa formation de 1978 à 1980 à l'École Mudra (fondée par Maurice Béjart) elle assiste entre autres aux cours du musicien et pédagogue Fernand Schirren qu'elle avait rencontré plus tôt chez Lambert7 et qui constitue une personne essentielle dans son apprentissage de l'analyse musicale, de la structure, et du rythme. C'est à Mudra qu'elle fait la rencontre de Fumiyo Ikeda qui sera l'une de ses interprètes les plus proches. Elle part ensuite deux ans aux États-Unis, sur une bourse de la Fondation belge de la vocation, pour étudier à la Tisch School of the Arts de la New York University où elle découvre la danse postmoderne américaine. Durant cette période américaine, elle suit les cours de l'Experimental Theater Wing et du Department of Performance Studies, et est en contact avec de nombreux mouvements artistiques new-yorkais8. En autres, la découverte de la musique de phase, dite musique minimaliste, de Steve Reich que lui avait fait découvrir Thierry De Mey sera décisive dans l'orientation de ses compositions chorégraphiques tout au long de sa carrière. Ainsi, après avoir obtenu un vif succès avec sa pièce Fase (1982), un duo inspirée des compositions Violin Phase (1967), Piano Phase (1967), Come Out (1966) de Reich, elle crée la Compagnie Rosas en 1983. Fase deviendra une pièce essentielle du répertoire contemporain et toujours dansée ponctuellement par De Keersmaeker 25 ans plus tard. Les pièces Fase et Rosas danst Rosas, datant de l'année suivante, seront fortement soutenues par Hugo De Greef, fondateur du Kaaitheater, qui la fait entrer dans le réseau de financement institutionnel et lui permet de subvenir aux productions de sa jeune compagnie par le Théâtre de la Ville à Paris, le Hebbel Theater de Berlin, le Festival d'Avignon, et la Brooklyn Academy of Music de New York qui co-produisent et programment ses créations. Avec Fase, elle renoue le lien en partie distendu entre danse et musique depuis les travaux de Merce Cunningham et John Cage et dès lors l'ensemble de son œuvre est intimement liée à une utilisation presque radicale de la musique (qu'elle soit classique, contemporaine, jazz, musique du monde, folk musique) comme support premier de son discours chorégraphique énergique, rigoureux, souvent épuré mais malgré tout très émotionnel. Sa danse se développe ainsi sur des bases de géométries scéniques (cercles, courtes spirales, diagonales impeccables) et sonores extrêmement strictes, et en adéquation permanente. À ce titre, la musique est très souvent jouée en direct lors des représentations notamment par l'Ensemble Ictus avec lequel la compagnie collabore étroitement. De 1992 à 2007, de Keersmaeker est chorégraphe en résidence à la Monnaie, l'opéra national à Bruxelles. Elle y crée de nombreuses œuvres présentées dans le monde entier. en 1995, elle fonde avec la Monnaie, l'école de danse P.A.R.T.S. Ses chorégraphies témoignent de l'association d'un sens aigu de la composition architecturale et d'une théâtralité prononcée, en constante évolution. Cette expression très personnelle lui apporte de nombreuses récompenses, dont le Samuel H. Scripps American Dance Festival award (2011). Dès ses premières chorégraphies, Anne Teresa de Keersmaeker se concentre sur les rapports entre la musique et la danse. Elle fait appel à des compositions très diverses, datant de la fin du Moyen Âge jusqu'au XXe siècle, et se tourne vers des genres aussi différents que le jazz, la musique indienne traditionnelle et la musique pop. Elle sollicite également la collaboration d'artistes plasticiens pour ses dernières productions, comme « The Song » (2009), et le diptyque « En Atendant » (2010) et « Cesena » (2011). Elle a aussi travaillé avec Boris Charmatz pour sa toute dernière création, « Partita 2 » (2013). En 2013, pour fêter le trentième anniversaire de « Rosas danst rosas », Anne Teresa De Keersmaeker, en collaboration avec FABULEUS, a lancé le projet Re : Rosas. Il s'agit d'une invitation à créer et filmer sa propre version de la fameuse scène des chaises de « Rosas danst rosas ». Une vidéo compilant les milliers de vidéos reçue est désormais disponible en ligne. De Mey, Thierry Thierry De Mey, né en 1956, est compositeur et réalisateur de films. L'intuition du mouvement guide l'ensemble de son travail, lui permettant d'aborder et d'intégrer différentes disciplines. Le postulat préalable à son écriture musicale et filmique veut que le rythme soit vécu dans le(s) corps et qu'il soit révélateur du sens musical pour l'auteur, l'interprète et le public. Il a développé un système d'écriture musicale du mouvement, à l'œuvre dans certaines de ses pièces où les aspects visuels et chorégraphiques sont d'importance égale au geste producteur de son : "Musique de tables" (1987), "Silence must be !" (2002), "Light Music" créé à la Biennale Musiques en scène de Lyon en 2004. Une grande partie de sa production musicale est destinée à la danse et au cinéma. Pour les chorégraphes Anne Teresa De Keersmaeker, Wim Vandekeybus et sa sœur Michèle Anne De Mey, il fut souvent bien plus qu'un compositeur, mais aussi un précieux collaborateur dans l'invention de « stratégies formelles » pour reprendre une expression qui lui est chère. Ses principales réalisations et compositions sont "Rosas danst Rosas", "Amor constante", "April me, Kinok" (chorégraphies A. T. De Keersmaeker) ; "What the body does not remember" et "Les porteuses de mauvaises nouvelles", "Le poids de la main" (chorégraphies de W. Vandekeybus), "Dantons Töd" (dir. Bob Wilson), "Musique de tables", "Frisking" pour percussions, un quatuor à cordes, "Counter Phrases", etc. Film / 1997 / 54' Rosas danst Rosas est l'adaptation cinématographique du spectacle du même nom datant de 1983. Les enregistrements ont été réalisés à l'école RITO de l'architecte Henry Van de Velde, située à Louvain. Dans Rosas danst Rosas, la répétitivité de la musique et du mouvement, amorcé dans Fase, est plus amplement développée. Thierry De Mey et Peter Vermeersch ont composé la musique simultanément et en interaction avec la chorégraphie. Rosas danst Rosas, ce sont quatre danseuses très complices et cinq chapitres débordant d'intense énergie physique. Dans cette machine de corps, l'énergie est tempérée par une série de mouvements quotidiens très reconnaissables : l'abstraction se transforme alors en une gamme de petits récits émotionnels concrets que le spectateur reconnaît et qui le touche. Analyse d’un extrait de Rosas danst Rosas (0 à 3mn 57) Problématique : «Quels éléments de la musique et de la danse traduisent le monde d’aujourd’hui ?» http://www.numeridanse.tv/fr/video/1191_rosas-danst-rosas Au début, des bruits de pas, une porte qui grince, des personnes qui se déplacent. Le bruit envahit l’espace. Puis le silence. Puis un bruit de corps qui se déplace sur une chaise, un frottement. Tous ces bruits sont déjà de la musique. Enfin, deux sons, sur deux hauteurs, qui se déroulent de manière continue sur 4 temps, tels un ostinato. Pas d’instrument, plutôt un son électronique ressemblant au tic tac d’une horloge. Est-ce le temps qui passe inexorablement ? Puis, au fur et à mesure que se développe la chorégraphie, d’autres sons viennent se superposer au premier, un claquement de mains, un son plus grave et sourd, un son métallique, qui interviennent de manière non régulière, aléatoire. Les bruits engendrés par les déplacements des différents membres des danseurs et certaines interjections, des respirations viennent s’encastrer dans cette construction en couches sonores. Au collage de 6 mouvements chorégraphiques correspond le « collage » musical. N’oublions pas que la musique a été composée en même temps que la chorégraphie, elles sont donc inextricablement liées .Anne Teresa de Keersmaeker a beaucoup travaillé avec des compositeurs de musique contemporaine, comme Steve Reich, l’un des innovateurs de la musique répétitive. Et l’on retrouve ce côté répétitif de la musique, qui ne s’arrête jamais, sans pause , et qui se déroule horizontalement , suivant un mouvement de spirale , entraînant dans son déroulement des sons nouveaux .A 2mn 45, on perçoit un changement de timbre dans le rythme qui devient plus fort, plus dense . Au tic tac imperturbable se superpose un rythme irrégulier, qui va amener à 3mn 08 à un nouveau changement, avec l’ajout de clarinettes, une nouvelle couleur, plus chaude, qui contrebalance le timbre « froid » des sons électroniques. Elles jouent une cellule mélodique répétitive dans l’aigu puis le grave, sur un rythme toujours irrégulier. A noter qu’à ce moment les danseuses sont debout et évoluent en se déplaçant horizontalement. L’utilisation de la musique électronique est voulu : une musique neutre, « mécanique », peutêtre à l’image de notre vie d’aujourd’hui, mais « humanisée » par le timbre plus chaud des clarinettes. http://www.rosas.be/fr/anne-teresa-de-keersmaeker http://fr.wikipedia.org/wiki/Anne_Teresa_De_Keersmaeker Et, pour aller plus loin : «Vortex Temporum » Spectacle coréalisé avec le Centre de Développement Chorégraphique de Toulouse / Midi-Pyrénées Il va y avoir du tourbillon et du vertige, à l'œil comme à l'oreille avec cette nouvelle proposition de la chorégraphe flamande. Anne Teresa De Keersmaeker, habituée à plonger dans les subtilités de la musique contemporaine, s'attaque cette fois à Vortex Temporum, grande œuvre de maturité du compositeur français Gérard Grisey. Dans Vortex Temporum, la puissante architecture de la musique et sa richesse des timbres déploient une harmonie spectrale, basée sur la nature acoustique du son. Sa haute qualité motrice invite au tournoiement et à la spirale - figure récurrente dans l'art de Rosas. De Keersmaeker a composé sa chorégraphie comme Grisey avait composé une écoute : chaque détail compte, qu'il soit visuel ou sonore, qu'il touche à notre perception du mouvement, des textures d'ensemble ou de l'espace. Dans un univers et une lumière qui révèlent toutes les subtilités du noir, l'orchestre Ictus, présent sur le plateau, fait se côtoyer les gestes des musiciens et les mouvements des danseurs, on y déménage le piano et les instruments pour en varier le timbre dans l'espace. Le son circule littéralement dans une dynamique spatiale précise qui offre au spectateur l'expérience d'un temps tourbillonnant et feuilleté. Les danseurs, excellents comme d'habitude, sont particulièrement à l'aise dans ce vocabulaire qui se décline comme un abécédaire du style De Keersmaeker. Vortex Temporum se présente comme une œuvre d'art, pensée, agencée et exécutée avec brio. Une fois de plus Anne Teresa De Keersmaeker se révèle brillante dans ce qui ne pourrait être qu'un exercice de très haute tenue car, à la maîtrise, elle ajoute la grâce. Annie Bozzini