Les types de tawhîd (monothéisme) et les types de shirk
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Les types de tawhîd (monothéisme) et les types de shirk
Les types de tawhîd (monothéisme) et les types de shirk (associationnisme) par ’Abd al-Rahmân Ibn Hassan1 Traduit de l’arabe par Amine Chérif-Zahar Au nom d’Allâh, le très clément, le très miséricordieux Louanges à Allâh et que le salut soit sur ses serviteurs ; Sachez qu’Allâh a créé les hommes afin qu’ils lui rendent un culte sans lui associer quiconque [ou quoi que ce soit] dans ce culte. « Je n'ai créé les djinns et les hommes que pour qu'ils M'adorent » (Al-dhariyât, 56). Et l’adoration, c’est [la mise en pratique de ce qu’implique] le tawhîd ( monothéisme), car c’est l’objet des querelles qui ont opposé les prophètes de Dieu à leur peuples : « Nous avons envoyé dans chaque communauté un Messager, [pour leur dire]: «Adorez Allâh et écartez-vous du Tâghût (tout ce qui est adoré en dehors d’Allâh) » (Al-nahl, 36). Le monothéisme est défini selon trois paradigmes : L’affirmation de l’unicité d’Allâh dans ses actes (tawhîd al-rubûbiyya), l’affirmation de l’unicité d’Allâh dans le culte (en se sens qu’il est le seul qui doit être adoré) (tawhîd al-ulûhiya) et enfin l’affirmation de l’unicité d’Allâh quant à ses noms et ses attributs (tawhîd al-asmâ’ wa-ssifât). Quant au tawhîd al-rububiyya, c’est un type de tawhîd que les incroyants du temps du prophète n’ont pas nié sans que cela ne les aient fait compter parmi les croyants ou leur aient épargné que le prophète ne les combatte ou ne décrète que leurs sangs et leurs biens ne sont pas sacrés. C’est le fait d’attester qu’Allâh n’a point de semblable ni d’égal dans ses actes. « Dis : « Qui vous attribue de la nourriture du ciel et de la terre ? Qui détient l'ouïe et la vue, et qui fait sortir le vivant du mort et fait sortir le mort du vivant, et qui administre tout ? » Ils diront : «Allâh». Dis alors : «Ne le craignez-vous donc pas ? » (Yûnus, 31), « 84. Dis : «A qui appartient la terre et ceux qui y sont ? si vous savez». 85. Ils diront : «A Allâh». Dis : « Ne vous souvenez-vous donc pas ? » 86. Dis : « Qui est le Seigneur des sept cieux et le Seigneur du Trône sublime ? » 87. Ils diront : [ils appartiennent] «A Allâh». Dis : «Ne craignez-vous donc pas ? » 88. Dis : « Qui détient dans sa main la royauté absolue de toute chose, et qui protège et n'a pas besoin d'être protégé ? [Dites], si vous le savez ! » 89. Ils diront : «Allâh». Dis : «Comment donc se fait-il que vous soyez ensorcelés ? » [au point de ne pas croire en Lui] » (Al-Mu’minûn, 84-89). Les versets dans ce sens sont abondants et trop connus pour nécessiter d’être rappelés. Le second paradigme du monothéisme, c’est le tawhîd al-ulûhiya. C’est l’objet de toutes les disputes dans les temps anciens et moins anciens. C’est l’interprétation de la foi en l’unicité d’Allâh par les actions des mortels tels la supplication (du‘â’), le fait de s’obliger d’observer un culte dans un but de rapprochement (nadhr), le sacrifice 1 Grand docteur d’Arabie, petit fils de Muhammad Ibn Abd al-Wahhâb (1193-1285 de l’hégire). (al-nahr), l’espoir (al-radjâ’), la crainte (al-khawf), le fait de mettre sa confiance (tawakkul), l’amour (al-hub), la peur (al-rahba), le repentir (al-inâba) etc. Pour chacune de ces formes de culte, il existe des versets qui attestent qu’il ne doit être rendu qu’à Dieu. Voici un verset qui témoigne que seul Allâh doit être imploré : « Et votre Seigneur dit : « Appelez-Moi, Je vous répondrai. Ceux qui, par orgueil, se refusent à M'adorer entreront bientôt dans l'Enfer, humiliés » (Ghâfir, 60). [Sachez que] le fondement de l’adoration, c’est le fait de rendre un culte exclusivement à Allâh [dans le seul but de plaire à Allah et de se rapprocher de lui], et de le rendre conformément à la loi de Muhammad. « Les mosquées sont consacrées à Allâh : n'invoquez donc personne avec Allâh » (Al-djinn, 18), « Et Nous n'avons envoyé avant toi aucun Messager à qui Nous n'ayons révélé : «Point de divinité en dehors de Moi. Adorez-Moi donc » (Al-anbiyâ’, 25), « A lui l'appel de la Vérité ! Ceux qu'ils invoquent en dehors de Lui ne leur répondent d'aucune façon; semblables à celui qui étend ses deux mains vers l'eau pour la porter à sa bouche, mais qui ne parvient jamais à l'atteindre. L'invocation des mécréants n'est que vanité » (Al-ra‘d, 14), « C'est ainsi qu'Allâh est Lui le Vrai, alors que ce qu'ils invoquent en dehors de Lui est le faux; c'est Allâh qui est le Sublime, le Grand » (Al-Hadjdj, 62), « …Prenez ce que le Messager vous donne; et ce qu'il vous interdit, abstenez-vous en… » (Al-hashr, 7), « Dis : «Si vous aimez vraiment Allâh, suivez-moi, Allâh vous aimera alors et vous pardonnera vos péchés. Allâh est Pardonneur et Miséricordieux » (Âl-Imrân, 31). Quant au troisième paradigme, c’est la tawhîd al-asmâ’ wa-ssifât (l’attestation de l’unicité d’Allâh en ses noms et attributs) : « 1. Dis : «Il est Allâh, Unique. 2. Allâh, Le Seul à être imploré pour ce que nous désirons. 3. Il n'a jamais engendré, n'a pas été engendré non plus. 4. Et nul n'est égal à Lui » (Al-ikhlâs), « C'est à Allâh qu'appartiennent les noms les plus beaux. Invoquez-Le par ces noms et laissez ceux qui profanent Ses noms : ils seront rétribués pour ce qu'ils ont fait. » (Al-a‘râf, 180), « Il n'y a rien qui Lui ressemble; et c'est Lui l'Audient, le Clairvoyant. » (Al-shûrâ, 11). Par opposition au monothéisme se définit le shirk (associationnisme ou polythéisme). Il est de trois sortes : le shirk akbar (le plus grand associationnisme), le shirk asghar (le plus petit associationnisme) et enfin le shirk khafiyy (l’associationnisme non apparent). Voilà que le Coran énonce relativement au grand shirk : « Certes Allâh ne pardonne pas qu'on Lui donne quelqu'associé. A part cela, Il pardonne à qui Il veut. Mais quiconque donne à Allâh quelqu'associé commet un énorme péché » (Al-nisâ’, 48), « …Alors que le Messie a dit : «Ô enfants d'Israël, adorez Allâh, mon Seigneur et votre Seigneur». Quiconque associe à Allâh (d'autres divinités) Allâh lui interdit le Paradis; et son refuge sera le Feu. Et pour les injustes, pas de secoureurs ! » (Almâ’ida, 72). On dénombre quatre types de shirk akbar : - le premier type, l’associationnisme dans l’invocation (shirk al-du‘â’) : Ce type est attesté par le verset : « Quand ils montent en bateau, ils invoquent Allâh Lui vouant exclusivement leur culte. Une fois qu'Il les a sauvés [des dangers de la mer en les ramenant] sur la terre ferme, voilà qu'ils [Lui] donnent des associés » (Al-‘ankabout, 65). - le second type, l’associationnisme dans l’intention (al-niyya), la volonté (al’irâda) et la décision d’exécuter son intention (al-qasd) : Le verset suivant en rend compte : « Ceux qui veulent la vie présente avec sa parure, Nous les ré- tribuerons exactement selon leurs actions sur terre, sans que rien leur en soit diminué » (Hoûd, 15). - le troisième type, l’associationnisme dans la soumission (al-tâ‘a): La preuve en est ce verset : « Ils ont pris leurs rabbins et leurs moines, ainsi que le Christ fils de Marie, comme Seigneurs en dehors d'Allâh, alors qu'on ne leur a commandé que d'adorer un Dieu unique. Pas de divinité à part Lui ! Gloire à Lui ! Il est au-dessus de ce qu'ils [Lui] associent » (Al-tawba, 31). L’interprétation, qui ne prête point de doute, de ce verset, c’est que le fait de s’être désigné des ‘arbâb (traduit ici par seigneurs) veut dire qu’ils ont obéis aveuglément à leurs rabbins et à leurs moines en ce qu’ils leur ont rendu licite ce qui, de par la loi divine, était interdit, non qu’ils les ont adorés. C’est ainsi que le prophète l’a interprété à ‘Adiyy (un chrétien islamisé) qui était venu lui dire : nous ne les adorons point. Le prophète lui répondit que l’adoration qu’ils ont observée à l’égard de leurs seigneurs, c’est l’obéissance dans la transgression des préceptes divins. - le quatrième type : l’associationnisme dans l’amour (le fait d’aimer autre qu’Allâh du même amour qu’on porte pour Allâh ou davantage). Sa preuve, ce verset du Coran : « Parmi les hommes, il en est qui prennent, en dehors d'Allâh, des égaux à Lui, en les aimant comme on aime Allâh… » (Al-Baqarah, 165). Le second type de shirk, le shirk asghar (le petit associationnisme) : c’est le riyâ’ (ostentation). Voici le verset qui le démontre : « Dis : «Je suis en fait un être humain comme vous. Il m'a été révélé que votre Dieu est un Dieu unique ! Quiconque, donc, espère rencontrer son Seigneur, qu'il fasse de bonnes actions et qu'il n'associe dans son adoration aucun à son Seigneur » (Al-kahf, 110). Le troisième type de shirk, le shirk khafiyy (l’associationnisme non apparent) : Voilà un hadîth qui fait foi de preuve sur ce genre de shirk : Le prophète a dit : « Le shirk dans cette communauté est aussi invisible que les traces des pas d’une fourmi noire sur un rocher noir dans une nuit sombre ». L’absolution de cette manifestation de shirk consiste à implorer Allâh par ces paroles que le prophète a enseignées : « Je vous implore seigneur afin que vous m’épargniez de commettre un quelconque acte d’associationnisme que je sais qu’il en est un, et j’implore votre miséricorde pour les péchés que je pourrais commettre sans savoir que se sont des péchés ». Quant au kufr (impiété), il en existe deux sortes : 1 - un kufr qui exclut son auteur de la sphère de l’islam et dont on décerne cinq types : - le kufr induit par le fait de démentir [la vérité] : « Et quel pire injuste que celui qui invente un mensonge contre Allâh, ou qui dément la Vérité quand elle lui parvient ? N'est-ce pas dans l'Enfer une demeure pour les mécréants ? » (Al‘ankaboût, 68). - le kufr induit par le fait de refuser de se soumettre par orgueil même en attestant que c’est la vérité : « Et lorsque Nous demandâmes aux Anges de se prosterner devant Adam, ils se prosternèrent à l'exception d'Iblis qui refusa, s'enfla d'orgueil et fut parmi les infidèles » (Al-baqarah, 34) - le kufr induit par le fait de douter [de la religion]: « 35. Il entra dans son jardin coupable envers lui-même [par sa mécréance]; il dit : «Je ne pense pas que ceci puisse jamais périr, 36. et je ne pense pas que l'Heure viendra. Et si on me ramène vers mon Seigneur, je trouverai certes meilleur lieu de retour que ce jardin. 37. Son compagnon lui dit, tout en conversant avec lui : «Serais-tu mécréant envers Celui qui t'a créé de terre, puis de sperme et enfin t'a façonné en homme 38. Quant à moi, c'est Allâh qui est mon Seigneur; et je n'associe personne à mon Seigneur ? » (Al-kahf, 35-38) - le kufr induit par le fait de se détourner de la vérité : « …Ceux qui ont mécru se détournent de ce dont ils ont été avertis » (Al-Ahqâf, 3). - le kufr induit par l’hypocrisie : « C'est parce qu'en vérité ils ont cru, puis rejeté la foi. Leurs cœurs donc, ont été scellés, de sorte qu'ils ne comprennent rien » (Al-Munâfiqûn, 3). 2 – et un kufr de second ordre qui n’exclue pas son auteur de la sphère de l’islam : c’est le kufr induit par le fait de ne pas reconnaître les bienfaits d’Allâh. « Et Allâh propose en parabole une ville : elle était en sécurité, tranquille; sa part de nourriture lui venait de partout en abondance. Puis elle se montra ingrate aux bienfaits d'Allâh (kafarat bi-‘an’umi-llâh). Allâh lui fit alors goûter la violence de la faim et de la peur [en punition] de ce qu'ils faisaient ». (Al-nahl, 112) [Il reste enfin] le nifâq (hypocrysie): il est de deux sortes : un nifâq i’tiqâdî (une hypocrisie touchant la foi) et un nifâq ’amalî (une hypocrisie touchant les actions) : Quant au premier, on en distingue six types : 1 – accuser le prophète de mensonge, 2 – accuser sa loi ou quelques préceptes de la loi d’être faux, 3 – détester le prophète, 4 – détester tout ou partie de la loi qui lui a été révélée, 5 – afficher de la satisfaction si la religion du prophète accuse une défaite et 6 – afficher son malheur si, au contraire, la religion du prophète connaît le succès. L’auteur d’un de ces six cas demeurera éternellement au plus bas fond du Feu. Quant au nifâq ‘amalî, il est de cinq sortes induites par le hadîth : « Le signe de l’hypocrite, ce sont ces trois choses : Quant il parle, il ment ; quant il promet, il ne tient pas sa promesse ; quant on lui confie quelque chose, il ne la rend jamais » [et dans d’autre hadîth-s les compléments suivants] « quant il se dispute, il est ordurier ; quant il scelle un pacte, il ne le respecte pas ». Nous prions Allâh de nous préserver de l’hypocrisie ou de faire scission [au prophète et à la communauté des croyants] ou encore d’avoir de mauvaises mœurs. Texte original publié dans « al-Djâmi‘ al-farîd »