Ornithobactériose
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Ornithobactériose
Ornithobactériose Mise à jour : 26.08.09 Jean-Luc Guérin, Cyril Boissieu et Léni Corrand L’ornithobactériose est une maladie bactérienne très contagieuse affectant la dinde, découverte récemment (1993) et d’importance économique grande dans la filière française. L’agent de la maladie et son pouvoir pathogène L’agent étiologique est Ornithobacterium rhinotracheale (ORT), bactérie de la famille des Flavobacteriaceae. C’est une bactérie d’aspect pléomorphe, de type coque Gram négatif, de 1-3 µm sur 0.2-0.9 µm. Cette bactérie est identifiée et détectée dans le monde entier. On recense actuellement environ une douzaine de sérotypes, de pathogénicité variable. Le sérotype le plus rencontré est le type A. La pathogénicité de la bactérie est très dépendante des facteurs environnementaux d’élevage des animaux. Elle est souvent associée à d’autres infections bactériennes. ORT est sensible aux désinfectants usuels. Les données épidémiologiques Les hôtes principaux sont les dindes et les poulets, mais plusieurs espèces sont sensibles. Les animaux adultes présentent souvent une forme plus sévère de la maladie. Les troubles sont plus fréquents chez des dindes de plus de 14 semaines, mais des cas sont signalés sur des animaux plus jeunes (dès 11 jours). Chez les poulets, la maladie touche des animaux de 20 à 50 jours. La maladie se rencontre de plus en plus souvent et elle est devenue maintenant une dominante pathologique dans la filière dinde. On la trouve dans le monde entier ; en France, les cas d’ornithobactériose sont situés essentiellement en Bretagne et Pays de Loire en élevage de dinde ; les isolements sont encore faibles en poulet. La transmission se fait surtout par voie aérogène, et par l’eau. La transmission verticale semble possible. Des enquêtes épidémiologiques révèlent la présence d’ORT dans de nombreux élevages sans forme clinique systématique associée : il existe un portage asymptomatique. Les oiseaux sauvages peuvent être considérés comme réservoirs potentiels. Les manifestations cliniques de la maladie Les signes cliniques sont variables, selon la concomitance d’une infection secondaire et des facteurs environnementaux prédisposants (ventilation mal effectuée, surdensité, mauvaise hygiène). ORT est principalement responsable d’une pathologie de type respiratoire, mais peut provoquer des retards de croissance, des pathologies locomotrices, de la mortalité et des chutes de ponte. Chez les poulets de chair Les poulets sont léthargiques, boivent et mangent moins, connaissent une chute du gain de poids ; on observe un exsudat nasal et des éternuements, un œdème de la tête, avec ou non des signes respiratoires, et parfois une mort soudaine. On observe aussi parfois de la paralysie. La mortalité est de 2 à 10%. Chez les poules pondeuses et les reproducteurs La maladie s’exprime souvent au pic de ponte, ou juste avant l’entrée en ponte. On observe une augmentation de la mortalité, une baisse de la consommation et des signes respiratoires légers. On peut retrouver une chute de ponte et des œufs déformés et moins gros. Chez les dindes Les jeunes sont moins touchés, par contre la maladie est sévère chez les adultes, avec 15-20% de mortalité, voir parfois 50%. Les dindes sont en détresse respiratoire, toussent (toux grasse), éternuent ; on observe de l’exsudat nasal et des sinus enflés. La ponte diminue et les œufs sont de mauvaise qualité. On observe parfois de la paralysie. ORT a été isolé dans des cas de ténosynovite, chez des sujets ne se déplaçant pas, et présentant une baisse de croissance et des articulations gonflées. Lésions On observe des lésions de l’appareil respiratoire : sinusite, trachéite musocale, pneumonie souvent unilatérale avec hépatisation, aérosacculite avec exsudat muqueux. Chez le poulet, on retrouve des œdèmes sous-cutanés de la tête, des ostéomyélites et des encéphalites. Chez les dindes, on peut avoir une splénomégalie, de l’arthrite et de l’ostéomyélite. Lors de ténosynovite, on constate un gonflement uni- ou bilatéral de l’articulation tarso-métatarsienne, avec un écoulement séreux puis séropurulent à l’excision ; on observe aussi un œdème des gaines tendineuses autour de l’articulation, ainsi que des tissus musculaires et sous-cutanés adjacents. Le diagnostic Les signes cliniques et lésionnels ont peu de valeur diagnostique. Le diagnostic de certitude est établi grâce au diagnostic de laboratoire. Diagnostic direct Le diagnostic met en jeu de la bactériologie avec culture sur gélose au sang en atmosphère microaérophile, à partir de prélèvements de trachée, poumon et sacs aériens. Il faut préciser que l’on suspecte Ornithobacterium rhinotracheale, car les colonies sont petites et peuvent facilement être masquées par d’autres bactéries (Proteus, Coli). De plus il s’agit d’un diagnostic tardif, avec un délai de 2-3 jours pour les résultats bactériologiques, suivi de 24 heures pour l’antibiogramme. La détection par PCR peut être mise en œuvre. Des techniques immunohistochimiques sont décrites. Diagnostic indirect La sérologie est possible en utilisant le test d’agglutination sur lame ou le test ELISA. Cependant, la séropositivité d’un lot est fréquente et ne permet pas le diagnostic. Il faut réaliser un suivi sérologique pour mettre en évidence une séroconversion. Diagnostic différentiel : RTI, E. coli, Pasteurella, Riemerella, Haemophilus, Chlamydophila, BI, SIGT. Toutes les causes de ténosynovite. La prévention et le contrôle de la maladie Comme il s’agit d’une maladie très contagieuse, un protocole strict de nettoyage et désinfection s’impose. De même, la conduite en bandes de même âge est préférable. Contrôle médical La sensibilité de l’ORT aux antibiotiques est variable. La plupart des souches isolées en France sont sensibles à l’amoxycilline, la spectinomycine et au ceftiofur, et sont souvent résistantes à la colistine. Dans tous les cas, un antibiogramme est nécessaire. Le traitement doit être maintenu au moins 4 jours. Vaccination Des autovaccins à adjuvant huileux se sont révélés efficaces sur les dindes. En pratique : • • • Maladie respiratoire et locomoteur de la dinde, parfois du poulet ou de la poule pondeuse Importance croissante en France depuis sa découverte récente, de par sa contagiosité forte et sa sensibilité variable aux traitements antibiotiques Diagnostic de laboratoire et antibiogramme indispensables