Injections sous-cutanées d`eau distillée ou d`eau pure et de leurs

Transcription

Injections sous-cutanées d`eau distillée ou d`eau pure et de leurs
ASSOCIATION
POUR
FRANÇAISE
DES
L'AVANCEMENT
CONGRES
DE
\
'
SCIENCES
NANTES
1875
INJECTIONS
SOUS-GUTANËES
D'EAU
DISTILLÉE
ODD'EAUPUREET DE LEURSBONSEFFETSTHÉRAPEUTIQUES
PAR
M. LE Dr LÉOPOLD LAFITTE
AncieninternedesHôpitauxdePariset du BureauCentral,
Élèvede l'Écolepratiquede la Faculté,
MédecininspecteurdesEnfantsassistéset de la Sociétéprotectricede l'Enfancede la Gironde,
MédecindesCheminsde fer d'Orléanset desCharentesà Coutras(Gironde),
Membrecorrespondant
de laSociétéde Médecine
pratiquede Paris,
Titulairede la Sociétéde Médecineet de Chirurgiede Bordeaux,
Médecinconsultantà Saint-Sauveur
(Hautes-Pyrénées).
PARIS
AU
SECRÉTARIAT
76,
rue
DE
L'ASSOCIATION
de Rennes.
Association
Mm
jour
l'avancement
des
Sciences
M. LE Dr LÉOPOLD LAFITTE
MédecinconsultantauxeauxdeSaint-Sauveur(Hautes-Pyrénées).
D'EAUDISTILLÉE
OU D'EAUPUREET DELEURSBONS
DESINJECTIONS
SOUS-CUTANÉES
EFFETSTHÉRAPEUTIQUES
— Séancedu 20 août 1875.—
Ce n'est pas le récit d'un procédé de thérapeutique
inconnu que je
•viens vous faire aujourd'hui, Messieurs, beaucoup même d'entre vous
le connaissent
enpeut-être, mais comme beaucoup aussi, peut-être
core, n'y ajoutent pas l'importance que je lui crois mériter ou peuvent
l'ignorer, j'ai cru devoir profiter de l'occasion que me fournit ce congrès pour le rappeler ou le vulgariser.
D'ailleurs, dans un temps comme le nôtre, où le courant des idées
médicales n'est pas beaucoup tourné vers la thérapeutique, mais bien
vers les recherches histologiques, micrographiques
ou physiologiques,
l'utilité
est
dont
incontestable, immense, mais ne profite pas immédiaet
absolument
tement
ou toujours à l'art de guérir, je pense qu'il est
bon, lorsqu'un clinicien ou un praticien trouve dans le dédale incommensurable des ressources, tant anciennes que modernes, mais plus ou
moins efficaces, que nous pouvons opposer aux maladies qui nous tourmentent ou nous tuent, un remède ou un procédé qui agit, calme ou
guérit à coup sûr et sans danger; je pense, dis-je, non-seulement qu'il
est bon de le proclamer, mais encore que c'est un devoir pour lui de le
répandre partout par tous les moyens possibles.
Sous l'empire de cette idée, dernièrement, je communiquais à la Société de médecine et de chirurgie de Bordeaux, ville aux environs de
laquelle j'exerce la médecine, une relation plus étendue dont je n'ai
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SCIENCESMEDICALES
plus le manuscrit, sur le sujet qui va m'occuper devant vous ; une
commission fut alors nommée pour répéter longtemps et souvent mes
expériences ; je ne connais pas encore le résultat, mais je ne doute
pas qu'il ne soit analogue en tous points à ceux obtenus par moi.
Voici donc, Messieurs, quelques souvenirs recueillis et classés à la
hâte depuis ce matin, et enfin l'exposé du procédé dont il s'agit.
Au moment de quitter Paris il y a trois ans, je vis dans le service du
docteur Tardieu, M. Dieulafoy, mon ancien préparateur à l'internat et
mon ami, qui le suppléait, guérir ou soulager d'une façon miraculeuse
et immédiate un jeune garçon boucher atteint de rhumatisme articulaire aigu et généralisé dans toutes les articulations, au moyen de
quelques injections d'eau ordinaire poussées à l'aide de la seringue
de Pravaz, au niveau de la plupart des articulations malades. Ce jeune
homme, garçon fort, vigoureux, ne pouvait, un instant auparavant,
faire le plus léger mouvement. Il souffrait énormément et poussait
même des cris sérieux lorsqu'il voulait soulever un membre ou qu'un
de nous le lui soulevait ou le lui remuait. Les injections faites, sa figure,
qui tout à l'heure était le reflet désolé de toutes les douleurs qu'il éprouvait, même au repos, devint tout à coup reposée et souriante, et, mieux
que tout cela, le malade se leva et fit mouvoir, sans manifester de douleur appréciable, ses membres raides, gonflés et sensibles avant les injections.
Depuis, je n'entendis plus parler de cethomme que mon départ m'empêcha de revoir, et nulle part ailleurs que dans le dictionnaire de Jaccoud
à l'article « douleur », et encore seulement à la fin, en quelques lignes
comme à la dérobée, je ne vis de relation de faits analogues ; MM. Potain et Dieulafoy, les premiers expérimentateurs et inventeurs aussi, je
crois, de ce procédé, le citèrent dans cette fin d'article que beaucoup
de praticiens ont pu ne pas avoir occasion' de lire, et dont beaucoup,
par conséquent, peuvent ne pas avoir occasion de profiter.
Quoi qu'il en soit, l'expérience faite sur le jeune homme de l'HôtelDieu me frappa, je me promis de la renouveler le cas échéant, lequel ne
tarda pas à se présenter, vous allez le voir :
Vers le mois de septembre 1872, en effet, je fus appelé à 11 kilomètres
de mon domicile, près de Goutras, pour aller donner mes soins à une
bonne femme qui, me disait-on, depuis deux jours était courbée dans
son foyer, .pleurait, criait, et souffrait tellement qu'elle ne voulait même
prendre aucune nourriture pour ne pas être obligée de faire le plus
léger mouvement. Sans autre renseignement et à tout événement, j'emportai ma seringue et je partis.
La femme Ghallon fut trouvée, à mon arrivée, assise sur une chaise,
la tête appuyée sur un des chenets de son foyer ; elle me déclara souf-
Dr L. LAFITTE. — INJECTIONSSOUS-CUTANÉESD'EAU DISTILLÉE 3
frir des reins horriblement, depuis deux jours, comme on me l'avait effectivement annoncé. Elle avait beaucoup de fièvre, le ventre dur et
mais rien de plus ;
ballonné. Elle avait un lumbago très-douloureux,
sa fièvre n'était qu'une conséquence de ce lumbago, et le ballonnement du ventre résultait d'une constipation qui durait depuis plus longtemps encore que l'attaque rhumatismale.
A l'aide de quelques hommes, mais non sans assister à des scènes déchirantes et grotesques de la part de la malade ou des 'assistants, je
pus enfin faire hisser la femme Ghallon sur son lit. Je lui découvris les
reins et lui injectai sous la peau 8 grammes d'eau pure, soit le contenu
de quatre seringues de Pravaz. Aussitôt, j'ordonnai à la femme de se
lever, de descendre de son lit seule et de faire quelques pas dans la
chambre. Un refus formel accueillit mon avis, et il me fallut insister
beaucoup pour la convaincre et me faire obéir. J'obtins enfin son consentement, et à l'étonnement de tout le monde, la femme Challon se
leva, descendit et marcha sans l'aide de personne. Ce fait frappa tellement les bons paysans qui assistaient à l'événement, leurs yeux, en me
regardant, devinrent tellement effarés, singuliers, que je me demandai
un instant s'ils allaient me faire un bon ou un mauvais parti. Je prescrivis à la femme Ghallon un grand bain tiède d'une demi-heure, après
le bain, 45 g. d'huile de ricin, et quand je revins le lendemain, vive,
alerte, contente, elle circulait librement et vaquait aux soins de son
ménage sans paraître se rappeler les souffrances de la veille et ses
manifestations bruyantes.
Depuis, maintes et maintes fois, j'eus occasion d'employer celte méthode dans les maladies les plus diverses, mais où l'élément douleur
jouait un rôle important, et toujours le succès est venu sanctionner
mes tentatives. Le succès n'a pas toujours été définitif comme dans
l'observation ci-dessus, quoiqu'il l'ait été bien souvent, mais toujours
un soulagement énorme et rapide suivait les injections, et quand les
étais quitte pour recommencer, exactement
douleurs reparaissaient,j'en
comme s'il s'était agi d'injections raorphinées. J'ai expérimenté dans
plusieurs sciatiques névralgies frontales, faciales, du cuir chevelu,pleurodynies, toujours mêmes bons effets. J'ai même été jusqu'à agir ainsi
pour calmer les douleurs atroces que causait chez une femme un gros
abcès chaud de la région parotidienne en voie de formation, formation
que tous les calmants internes ou externes avaient en vain combattu.
Là encore, je soulageai ma malade, à mon grand étonnement, car je
m'attendais plutôt à une exacerbation de douleur en injectant dans des
tissus déjà distendus, un liquide qui allait augmenter encore cette distension et la pression de dedans en dehors qu'ils subissaient.
Je pourrais citer plus en détail, comme je l'ai fait pour la première,
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SCIENCESMEDICALES
les observations fort nombreuses des malades et des maladies traités
par cette méthode, mais je ne pensais pas faire cette communication
aujourd'hui, et, pris à l'improviste il n'y a que quelques instants, je
n'aurais pas même eu le temps de l'écrire. D'ailleurs, ce qui est le plus
important, c'est de savoir que l'élément douleur sera désormais attaoù vous le rencontrerez
dans
qué et terrassé par vous partout
votre carrière, et quelle qu'en soit la cause, par ce moyen simple, facile
et d'une innocuité parfaite.
N'allez pas craindre, comme on l'a observé avec les injections de
morphine quelquefois, ou de narcéine, ou d'aconitine, ou d'atropine,
soit des phlegmons, soit des abcès limités, superficiels, profonds et
étendus, jamais je n'ai observé ces accidents, et Dieu sait les grammes
d'eau que j'ai ajoutés à ceux des tissus de mes clients, depuis que ji
pratique ce procédé. Jamais le plus petit accident, jamais le plus petit
mécompte, au point de vue de la santé générale, quelquefois dans des
cas très-rebelles, des résultats insignifiants, mais jamais d'accidents à
regretter comme avec la morphine, dont je parlerai tout à l'heure. Il
faudrait, je crois, pratiquer des injections sur tout le corps et décoller
toute la peau pour avoir quelque complication à déplorer. Au moment
même de l'injection, il se produit un sentiment de brûlure assez intense
chez le sujet, que chacun traduit suivant sa susceptibilité ou ses appréhensions, mais qui s'évanouit aussitôt. La bosselure, résultat de l'injection, disparaît tantôt au bout de quelques minutes, tantôt au bout
de quelques heures, quelquefois elle laisse une petite induration à sa
place qui persiste quelques jours, mais elle n'est pas douloureuse le
moins du monde. D'autrefois il se produit, sitôt après l'injection, au
lieu d'une bosselure circonscrite, une boursouflure de la peau autour de
au
l'endroit injecté, qui s'étend à plusieurs centimètres, ressemblant
soulèvement de l'urticaire, et avec une coloration livide qui pourrait
effrayer et aurait plus d'une fois effrayé le malade s'il y avait pris
garde, mais cette boursouflure ne signifie rien, sinon sans doute que le
lacis de la peau est plus ou moins serré chez l'un ou chez l'autre, et
laisse par conséquent plus ou moins facilement le liquide injecté faire
comme la tache d'huile ou se répandre comme une hèmorrhagie interstitielle des capillaires dans l'ecchymose, par exemple, à la suite d'une
contusion. J'ai même remarqué que la douleur de l'injection était
moins vive lorsque ce phénomène ne se produisait pas que dans les cas
où l'eau injectée forme une bosselure peu étendue mais plus élevée. Il
serait maintenant intéressant d'expliquer comment l'eau simple, ce liquide devenu désormais médicament que nous trouvons tout préparé
et abondamment préparé dans le grand laboratoire de la nature, produit de si merveilleux effets, car l'eau pure, je ne l'ai peut-être pas en-
D'EAU DISTILLÉE
Dr L. LAFITTE. — INJECTIONSSOUS-CUTANÉES
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corc dit, l'eau pure produit exactement les mêmes effets que l'eau distillée, et doit même lui être préférée, puisqu'il est bien plus facile de
se la procurer. Le processus, en effet, à l'aide duquel l'état normal
est rappelé, la douleur chassée et le calme reparu, est tout bouleversé. Tous les bons effets constatés avec la morphine, lorsque la solution injectée en contenait, étaient jetés sur son compte, mais là il n'y
en a plus, et pourtant le soulagement existe, et il existe souvent complet, immédiat et indéniable. Gomment cela se fait-il ? Quelques praticiens, et entre autres le Dr Bonnemaison, professeur de clinique chirurgicale à Toulouse, avec lequel j'en causais récemment, avaient, à ce
qu'il m'a dit, il y a déjà longtemps, constaté le fait relaté dans ses leçons cliniques, et déclaré, avec beaucoup d'autres sans doute, qu'on
doit tout attribuer, dans ce cas, à l'impression morale ressentie par le
malade à la vue de l'opération qu'il allait subir. Cette opinion peut
être vraie dans les cas où on tombe chez un malade pusillanime qui
tremble à l'idée d'une piqûre d'épingle, mais j'ai fait souvent la piqûre
sans prévenir le malade, sans qu'il me voie, sans qu'il se doute de ce
que j'allais faire, et les mêmes bons effets se sont toujours produits. Ce
n'est donc pas l'impression morale qu'il faut invoquer, hormis quelques
exceptions. J'ai pensé que tout ce cortège de consolants symptômes
pouvait être attribué à la paralysie des anses terminales des filets nerveux sensitifs, par suite de la compression qu'ils subissaient par le liquide injecté, se créant une place là où il n'y en avait pas, ou à la situation subite de ces mêmes filets nerveux dans un milieu liquide inaccoutumé qui, par absorption, par imbibition, comme vous voudrez, les
rendait impropres à ressentir ou à conduire la douleur. Donc, dans un
cas, compression d'un filet nerveux agissant comme agirait sa section,
dans l'autre, perte de sensibilité du nerf, perte de cette propriété inhérente à lui-même, par suite de sa présence momentanée dans un milieu
rationliquide,'; telles seraient, je crois, les raisons pathognomoniques
nelles que l'on peut invoquer; telles sont, dans tous les cas, celles auxquelles, jusqu'à nouvel ordre, je dois me rallier pour expliquer ce curieux et merveilleux phénomène tout à la fois.
Je suis maintenant tout naturellement
amené à parler des injections de morphine, qui ont précédé les injections d'eau simple, qui sont
les soeurs aînées, et je ne puis faire autrement que de les comparer.
Que fait donc la morphine en injections sous-cutanées?
Pour rénous
dirons
ou
pondre vite,
qu'elle agit, n'agit pas
agit trop, c'est-à-dire
ne
fait
tue
ou
tuer.
qu'elle soulage,
rien,
peut
D'habitude, sur un sujet
dont la susceptibilité n'est pas connue, c'est-à-dire
sur celui auquel,
pour la première fois, on applique ce moyen, comme on a toujours une
certaine appréhension, on injecte d'abord une faible dose, 1, 2 ou 3 cen-
6
SCIENCESMÉDICALES
tigr. au plus, dans une solution aqueuse, et voici quels phénomènes se
produisent, comment ils se succèdent :
S'il est d'une impressionnabilité
ordinaire, en dehors de la sensation
de brûlure, inévitable résultat mécanique de l'injection elle-même, de
la présence brusque et forcée, comme je l'ai dit, d'un liquide étranger
dans les tissus où il se fait une place, avec deux centigr. l'action se produit immédiatement. Elle consiste, comme on le sait aussi, d'abord en
une anesthésiê loco dolenti assez complète, souvent accompagnée d'un
sentiment de congestion du côté du cerveau, d'un léger trouble du côté
de la vision, comme si une gaze légère passait devant les yeux ; d'une
légère moiteur sur tout le corps, principalement sur les fosses temporales, la paume des mains, et, pour une durée qui varie entre trois et
huit heures , l'effet attendu désiré est produit, le malade devient tranquille, il a à peine conscience de la douleur qu'il ressentait avant l'injection.
S'il est dur à l'action de ce sel à cette dose, il ne ressent rien que la
douleur de la piqûre jointe à celle qu'on voulait combattre, il faut recommencer de nouveaux frais, augmenter prudemment et modérément
la dose, jusqu'à production de l'action désirée. On se heurte souvent
contre son indocilité éveillée par le souvenir de la sensation désagréable
et infructueuse que vous lui avez occasionnée, et vous avez perdu du
terrain dans la considération de votre malade. Mais s'il est, comme il
arrive malheureusement
trop souvent, comme il m'est arrivé à moimême, d'une sensibilité inouïe, extraordinaire, à Faction de ce médicament, il se produit aussitôt des symptômes d'empoisonnement qui
n'ont rien de plaisant pour le malade et pour le médecin.
Tel supportera gaillardement % 3, 4, S, 6 centigr. et même, chose
prodigieuse, un gramme de chlorhydrate, comme je l'ai vu, de mes
propres yeux vu, en 1872, chez un malade, pendant ma dernière année
à l'Hôtel-Dieu ; tel autre sera bouled'externat
chez M. Hérard,
versé avec 1 centigr. Cet homme, auquel je fais allusion, âgé de SOans
environ, avait une tumeur abdominale généralisée, dont le caractère, la
forme et lieu précis d'élection n'ont, de mon temps du moins, jamais
bien été diagnostiqués ; il avait cependant, pour être fixé là-dessus,
couru tous les services hospitaliers cliniques ou non, médicaux ou
chirurgicaux, et comme de temps à autre il souffrait horriblement, il
s'injectait de la morphine. Au bout de peu de temps, les doses médicales
ne lui suffirent plus, et il était arrivé sans inconvénient et pour obtenir un soulagement relativement faible jusqu'à s'injecter le gramme
dont j'ai parlé. Comme Mithridate, il était habitué au poison, mais
il arrivera qu'un beau jour il y aura des accumulations non élidéfinitivement.
minées qui l'empoisonneront
Mais, pour en rêve-
D'EAU DISTILLÉE 7
Dr L. LAFITTE. — INJECTIONSSOUS-CUTANÉES
nir à mon sujet principal, il peut arriver encore dans les injections morphinées que la solution employée soit ancienne,
qu'elle
de
la
lumière
dans
des
flacons
de
verre
ait été exposée à l'influence
blanc mal bouchés, circonstance
qui favorise sa décomposition, ou
qu'elle vienne de préparateurs différents plus ou moins consciencieux,
l'un fraudant, l'autre ne fraudant pas, plus ou moins habiles ou fidèles,
à suivre les procédés opératoires adoptés, etc., etc., etc., comme
M. Lande, médecin à Bordeaux, vient de le constater cet hiver dans
son service à l'hôpital, à propos du chloral et d'une tétanique. La morsous l'influence de milieux atphine elle-même se décompose-t-elle
mosphériques accidentels ou permanents ? Je n'en sais rien. Il y a là
un quid ignotum que je serais heureux d'éclaircir ; quoi qu'il en soit,
on ne peut toujours nier que les accidents observés tiennent au médicament et non à l'individu lorsque, à dose médicale, avant la possibilité de toute espèce d'accumulation, nous les observons tout à coup
en changeant notre solution pour une autre nouvelle mêmement titrée
mais provenant d'une source nouvelle. Je ne suis pas précisément chimiste quoique docteur, et je n'ai jamais cherché à vider cette question
de chimie par moi-même, car il est probable que j'aurais travaillé en
vain, mais il y a des chimistes de par le monde, peut-être même au milieu des auditeurs qui m'écoutent, et je leur soumets cette petite question. Je leur soumets la difficulté, et en attendant la solution, je leur
soumets aussi mes petites injections d'eau simple, mon petit moyen
inoffensif de faire toujours du bien et jamais de mal, car le plus grand
mal qu'on puisse faire c'est de ne rien faire du tout.
Cela dit, messieurs, faut-il faire le procès en règle aux injections de
morphine, dire qu'elles ne valent rien et les autres tout ? Non; je trouverais trop de contradicteurs ou d'adversaires et je ne dirais pas ce que
je pense. Depuis le signal et l'exemple donnés, il y a une quinzaine
d'années, je crois, par M. Béhier, elles sont passées dans le domaine de
la saine pratique et tiennent une place imposante dans la science ; peutêtre ont-elles été trop à la mode pendant un moment où on entendait
de tous côtés de petites personnalités nerveuses ou agacées, s'écrier à
tout propos: « Docteur, docteur, vite une injection, je souffre, j'ai ma
névralgie, etc., etc. » Mais, à part cela, elles ont rendu, rendent journellement et rendront, employées par des mains expérimentées, des services importants et ce serait mal à moi de les battre en brèche. Quand
une méthode est bonne, en trouverait-on
une meilleure, ce n'est pas
une raison pour oublier, renier ou critiquer l'ancienne outre mesure,
comme croient devoir le faire certains écrivains, non, certainement.
Ce procédé n'est ni juste ni logique, le progrès est prompt ou lent, mais
quelle que soit sa marche, je suis de ceux qui pensent qu'on doit tou-
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SCIENCESMÉDICALES
jours respecter les étapes par lesquelles il passe, en se rappelant que
le progrès d'aujourd'hui n'est que le résultat de celui d'hier, que nous
mangeons aujourd'hui le pain et la viande parce que nous avons bu le
lait de notre mère autrefois.
Ceci posé, messieurs, cette comparaison établie entre deux procédés
à peu près égaux, bons tous les deux, mais dont l'un à mon sens et au
sens de tous, je l'espère, est bien meilleur, puisque l'un est toujours
bon sans être jamais dangereux comme l'autre, puis-je hardiment conseiller de préférer l'eau simple à la morphine ? Cette dernière, en effet,
ressemble trop à une dame qui a ses moments non raisonnes de trop
grosse humeur ou de trop vive tendresse à l'égard de ceux qu'elle aime
ou qu'elle n'aime pas, et force toujours le médecin à être en accord de
trémolo, quand il s'approche d'elle, ou lui demande un service ? Je le
crois avec vous, n'est-ce pas, et c'est ce que je fais. En tous points
d'ailleurs, ce procédé n'est-il pas (pour terminer, permettez-moi cette
en conformité avec l'heure, par exemple,
comparaison humouristique)
à laquelle nous vivons ? Nous sommes dans un siècle de survie, où
tout se fait à la vapeur ou à l'électricité, où ces deux forces nouvelles
et puissantes bouleversent les deux mondes, comme les vents et les
orages bouleversent notre atmosphère. La machine humaine est presque toujours à son maximum de tension ; un fil, d'un bout de l'univers
à l'autre, transmet notre pensée aussi vite qu'elle a jailli de notre cerveau ; avec une rapidité inimaginable une bulle de vapeur transporte
nos personnes sous toutes les latitudes et sur deux éléments; nous
vivons vite, nous passons vite, nous agissons vite, et puisque nous nous
tuons vite aussi, accueillez avec moi, messieurs, ce procédé de guérison
rapide, nous pourrons montrer ainsi que la médecine, sans cesse accusée de ne pas suivre le progrès, de se traîner toujours, comme une
phthisique à l'automne, derrière les autres sciences, a aussi dans certains cas ses moyens de guérir viter—-^
Nantes.—Imp. VincentForestet EmileGrimaud,placedu Commerce,i.
ASSOCIATION
POUR
L'AVANCEMENT
EXTRAIT
VOTÉS
FRANÇAISE
DES
SCIENCES
DES STATUTS ET RÈGLEMENT
PAR L'ASSEMBLÉE
GÉNÉRALE
DU 27 AOUT 4.874.
STATUTS.
ART, h,. — L'Association se compose de membres fondateurs et de membres
ordinaires : les uns et les autres sont admis, sur leur demande, par le Conseil.
ART.5. — Sont membres fondateurs les personnes qui auront souscrit, aune
époque quelconque, une ou plusieurs parts du capital social: ces parts sont de
500 francs.
ART. 7. — Tous les membres jouissent des mêmes droits. Toutefois les noms
des membres fondateurs figurent perpétuellement en tête des listes alphabétiques,
et les membres reçoivent gratuitement pendant toute leur vie autant d'exemplaires
des publications de l'Associalion qu'ils ont souscrit de parts du capital social.
RÈGLEMENT.
ART.ler. — Le taux de la cotisation annuelle des membres non fondateurs est
fixé à 20 francs.
ART. 2. — Tout membre a le droit de racheter ses cotisations avenir en versant
une fois pour toutes la somme de 200 francs. Il devient ainsi membre à vie.
La liste alphabétique des membres à vie est publiée en tête de chaque volume,
immédiatement après la liste des membres fondateurs.
Les souscriptions sont reçues :
Au SECRÉTARIAT,
76, rue de Rennes;
Chez M. MASSON,
trésorier, 17, place de l'École de Médecine.
Les souscriptions des membres fondateurs peuvent être versées en une seule
fois, ou en deux versements de chacun 250 francs.
—Irap.
4.
Nantes.
Vincent
Forest
etEmUo
Grimaud,
place
ducomniorco,

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