Visite de la Plateforme TGV Coliposte à Cavaillon

Visite de la Plateforme TGV Coliposte à Cavaillon
Le 8 juillet dernier, le Cluster Paca
Logistique a organisé avec Le
Groupe La Poste une visite de la
Plateforme TGV Coliposte à
Cavaillon. Nous avons été accueillis
par Mohamed Chenkir, directeur du
site, et Patrice Leduc, directeur
régional.
Filiale de GéoPost, Coliposte est spécialiste du transport de colis (moins de 30 kg) de
l’entreprise au particulier (BtoC – 80 % de sa clientèle, Amazon étant le 1er chargeur de France) et du
particulier au particulier (CtoC) en 48 heures. Avec 270 millions de colis transportés en 2012,
Coliposte est leader en France et numéro 2 en Europe. Concernant le e-commerce, depuis 2004, les
flux traités ont été multipliés par 3, d’où une croissance très nette des volumes, en dépit d’un
fléchissement de la part de marché détenue (environ 65 % actuellement) suite à l’arrivée de
nouveaux concurrents. Ces flux issus du e-commerce impliquent une organisation amont très
importante afin de livrer efficacement 1,5 millions de colis par jour : la gestion spécifique du pic de
Noël, qui peut atteindre 2,5 millions de colis quotidien, est arrêtée dès le mois de juillet. La principale
difficulté dans la gestion de l’activité vient de l’imprécision des prévisions fournies par les chargeurs
en matière de volumes à traiter : 1 jour de pluie peut facilement se traduire plusieurs camions
supplémentaires !
Face à l’émergence de
nouveaux acteurs de la distribution,
Coliposte maintient sa position en
valorisant son expertise du dernier
kilomètre, la relation de confiance
entretenue avec ses clients, une
offre de service complète et un
savoir-faire
international.
Ses
principaux concurrents en termes
d’entreprises sont les postes
« nationales », du type DHL et UPS.
Le dernier kilomètre représente la
force de frappe de tous les messagers. Nos interlocuteurs signalent que 85% de leurs livraisons sont
réussies lors du premier passage, puis 7 à 8 % supplémentaire au deuxième passage.
Depuis 2 ans, Coliposte se positionne également dans le domaine des points relais en utilisant 2
réseaux : les 10.000 bureaux de poste et 8.000 points « Pick-up », ce qui lui permet de bénéficier du
premier réseau de proximité en France (7.000 points relais pour la Redoute). Une augmentation de
15% des volumes traités via les point relais a été observée sur 2 ans. Les points relais amènent à
trouver des partenariats innovants avec les commerces : avec Système U, Coliposte bénéficie de
l’ouverture le dimanche. Le commerce de proximité n’est pas en reste, puisque des partenariats ont
été initiés avec entre Le Groupe La Poste et des boulangeries qui peuvent devenir des relais dans des
zones ou les flux ne justifient pas le maintient d’un bureau de poste.
Les augmentations de flux en points relais ne sont pas sans poser problème à certains bureaux de
postes, dont ce n’est pas l’activité première. Cependant, précise Hélène Renard, 2.000 bureaux de
Poste ont été rénovés et réorganisés, limitant l’attente à 3 minutes. Les boites logistiques Cityssimo,
auxquelles on accède avec des cartes gratuites se développent actuellement en France : vingt-sept à
Paris, deux à Lyon, et une à Aix en Provence. Elles sont principalement utilisées par des étudiants,
adeptes des nouvelles technologies et des horaires souples. Si le destinataire a 15 jours pour retirer
les colis, le taux moyen d’enlèvement dépasse à peine 1 jour. La problématique de ce genre de
dispositif reste le prix élevé du foncier dans les grandes villes, mais des opportunités de partage
d’espace peuvent être trouvés avec les bureaux de poste : l’objectif est de multiplier par 2 les points
Cityssimo d’ici 15 ans.
Acteur international, Coliposte peut également traiter les colis sous douane sur certaines
plateformes. Par ailleurs les clients frontaliers peuvent incorporer directement certaines
plateformes : Lille pour l’Angleterre et le Benelux, Toulouse pour la péninsule ibérique, et Cavaillon
pour l’Italie.
La Plateforme de Cavaillon
Coliposte possède 14 plateformes en France, qui voient passer des flux colis 6 jours sur 7, traitant à la
fois les flux à l’arrivée et au départ. Coliposte s’engage à livrer sous 48h : les colis arrivent donc sur
une plateforme en J+1, pour être livrés en J+2. La plateforme de Cavaillon couvre la région ProvenceAlpes-Côte d’Azur, ainsi que l’Hérault et la Corse ; elle est approvisionnée chaque jour par 175
camions à l’arrivée, 165 camions au départ, et par un TGV postal.
Une Trieuse Paquets à Grand Débit, comprenant 2 îlots et 622 plateaux sur 900 m de carrousels,
permet en moyenne le tri de 7 000 à 10 000 colis par heure, avec des pics à 300 000 colis par jour en
période de pointe (un point haut à 405 000 aurait même été atteint !). Les colis arrivent par tapis
roulant et passent par un opérateur, qui, si le code barre est illisible, entre manuellement le code à 5
chiffres correspondant. La machine effectue le contrôle poids-volume et attribue au colis 1 à 3
plateaux, qui basculeront automatiquement au dessus du chariot correspondant à sa destination. Si
un plateau est défaillant, il se déprogramme automatiquement et sera changé à la pause.
Les colis arrivent sous forme de palette, mais également sous forme de vrac : le gain de place obtenu
avec ce mode a permis une diminution des émissions allant presque du simple au triple sur le site
puisqu’un conteneur de 33 m3 contient en moyenne 1 600 colis alors qu’en vrac la charge atteint
5 000 colis. Le vrac est déchargé directement par le mouvement d’un tapis roulant se trouvant à
l’intérieur même du camion, et est réceptionné par le tapis roulant de la plateforme. L’utilisation de
ce processus est un acquis pour transporteurs et chargeurs, au point qu’Amazon envoie
régulièrement des agents observer les processus de déchargement pour améliorer ses emballages.
Cependant la Poste n’a pas d’emprise sur un facteur : la mauvaise adaptation du volume des
emballages par rapport au contenu. Une zone de la plateforme est dédiée aux colis hors-format,
donc « non-mécanisables ». Ceux-ci sont traité manuellement avec le vrac : chargés en dernier, ils
permettent de bloquer le chargement, et seront déchargés en premier à l’arrivée
La sécurité des colis est également un point important, les accès sont donc très contrôlés, les
remorques suivies par GPS et scellées pendant le transport d’un site à un autre, où elles sont prises
en charge par des caméras. La plateforme de Cavaillon fait travailler en moyenne 220 personnes avec
des pics à 700. La zone de réparation des colis reflète cette préoccupation : seul le personnel autorisé
y a accès, et tout le processus de réparation est filmé. Cette manutention est effectuée par des
postiers mais aussi par des personnels d’ESAT.
Sorti de Paris entre 19 et 20h et arrivant après 23h, le TGV repart chaque matin de Cavaillon à 3h20,
alors que l’activité continue encore sur la plateforme. Il effectue au retour « l’ouverture des voies » à
une vitesse limite de 160 km, obligatoire après les réparations de nuits effectuées sur les voies, et
n’est alors pas chargé de colis, mais de chariots de manutention et de retours de presse, jusqu’à son
retour le lendemain soir.