CATHEDRALE NOTRE DAME de STRASBOURG

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CATHEDRALE NOTRE DAME de STRASBOURG
CATHEDRALE NOTRE DAME de STRASBOURG
24 février 2007
Bénédiction de la nouvelle cloche
Homélie du Chanoine Bernard Eckert
Dans les deux lectures, il était question d’annoncer, de proclamer, d’inviter. Bien sûr, c’est
à des cœurs d’hommes que cette mission est confiée mais ces hommes ont besoin
d’instruments pour appeler, pour se signaler, pour convoquer. Un de ces instruments est
là devant nous : cette magnifique cloche, un instrument qui nous rattache à une longue
histoire humaine d’artisans et d’artistes. Je n’ai pas à vous faire l’historique des cloches
qui nous mènerait fort loin.
Oui, dans les églises chrétiennes, l’usage des cloches nous ramène à une longue
tradition. La cloche nous rappelle que nous avons des racines. Ceux qui ont eu la chance
d’assister à la coulée se sont aperçus qu’il y avait un vieux et ancien savoir faire.
Cette tradition est également rattachée à nos ancêtres lointains par les noms qui sont
gravés sur cette cloche et qui vont être évoqués tout à l’heure, nom d’apôtres des
premiers temps du Christ qui sont partis annoncer la Bonne Nouvelle et nom d’un
évangéliste, lui aussi parti en mission. Oh oui, la cloche est porteuse d’une longue et belle
tradition !
Et puis, cette cloche va être suspendue dans le beffroi. Le beffroi a toujours été à la
frontière entre l’église et la ville. La cloche est une voix dans la ville. Une ville d’aujourd’hui
bien vivante, bruyante, agitée, comme il se doit, pour certains sans doute un peu trop …
alors, au milieu de ce bruit, la cloche veut être une voix de calme et de paix. La cloche
n’est pas un bruit, elle est un chant.
Une cloche ne sonne jamais pour agresser, une cloche ne sonne jamais contre quelqu’un.
Je suis malheureux de cette espèce de malédiction qui pèse sur notre belle cloche de dix
heures à laquelle on prête tant de mauvaises intentions, c’est affligeant et c’est faux. Les
historiens sérieux l’ont démontré : Francis Rapp, pour ne citer que le plus éminent et bien
d’autres. Je crois que cela tient du même genre d’ histoires que le lac en dessous de la
Cathédrale, le rayon vert, les yeux crevés de l’horloger … et tout ce que vous voudrez.
C’est indéracinable. C’est une calomnie, une cloche ne sonne jamais contre quelqu’un,
une cloche annonce toujours quelque chose de beau, elle annonce de grands
événements. Certains doivent sans doute s’en souvenir encore : les cloches de la
libération de Strasbourg !
La cloche aussi, il n’y a pas si longtemps, était un secours. Elle sonnait l’alarme, elle
appelait les pompiers. Là-haut, sur la plateforme, il y a encore la maison du gardien qui
veillait toute la nuit et quand il y avait danger de feu, sonnait la cloche, pour aider, pour
sauver, pour guérir.
La cloche fait de nous des êtres qui ont un rythme de vie. Les cloches rythment notre
journée. Tout doucement à sept heures du matin, une autre, plus fort, à midi. Puis notre
nouvelle cloche sonnera tous les soirs à dix-neuf heures. Elle rythme notre journée, la
cloche. Nous sommes des être de rythme, notre vie a besoin de respirations.
La cloche est la voix de la communauté chrétienne, elle appelle à la prière, elle dit aux
chrétiens que c’est l’heure de l’assemblée : « Allez, venez, on se réunit ici ». La cloche
marque aussi de façon différenciée les grandes étapes de l’année. « Les cloches ont
sonné » dit-on, mais qui parmi vous sait qu’elles ne sonnent pas toujours de la même
façon : il y a les sonneries du temps ordinaire, écoutez donc ! Il y a les sonneries du
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carême, des fêtes : leurs combinaisons sont variées. Elles ont un message différencié à
délivrer, et avec nos douze cloches assemblées différemment à chaque occasion, la
palette de l’expression est large.
La cloche souligne également les temps forts de nos célébrations. Une de nos plus belles
cloches, le deuxième bourdon, sonne les dimanches et fêtes au moment de la
consécration, écoutez-le, il est admirable ce deuxième bourdon ! D’autres soulignent
l’imposition des mains sur un nouvel ordonné, la consécration d’un nouvel autel …
Les cloches soulignent les événements importants de nos communautés chrétiennes.
Quand l’annonce, cette fois officielle, de la désignation du nouvel Archevêque sera
connue, toutes nos cloches vont sonner tout ce qu’elles pourront donner, n’est ce pas ?
La cloche accompagne aussi les étapes importantes de la vie de chacun d’entre nous, par
exemple quand vous passerez ici pour la dernière fois… La cloche nous accompagne
jusqu’au bout dans notre vie.
Que vais-je dire encore pour conclure ?
La cloche est une œuvre d’art, une œuvre d’artiste, et comme toutes les œuvres d’art, elle
est destinée à toucher chacun d’entre nous dans ses fibres les plus nobles. Un homme qui
n’a pas de fibres nobles est imperméable à toute œuvre d’art. Ainsi elle nous appelle à
ouvrir nos fibres les plus profondes à la plus belles des œuvres d’art dont nous sommes
capables : la foi, la foi pour mieux vivre, la foi pour vivre plus complètement, la foi qui peut
enrichir et rendre féconde la vie de tout jeune, de tout homme, de toute femme et de tout
gosse. Toute œuvre d’art est porteuse d’un message humain et spirituel. Regardez celle
pour laquelle nous sommes réunis cet après-midi. La cloche, œuvre d’art, va dire
doucement, harmonieusement, majestueusement, en toute beauté : « Tu entends ? Tu
m’entends ? Toi qui es dehors, prends ta décision, viens, entre ici, tu trouveras, si tu es
assoiffé, quelque chose de beau, de grand qui saura élever ton cœur, ton corps et ton
esprit ».
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