Comment défiscaliser gagnant - Média
Transcription
Comment défiscaliser gagnant - Média
N° P587 Comment défiscaliser gagnant S ’il y a bien un sujet qui fait, non seulement, couler beaucoup d’encre mais aussi déplacer nombre de vendeurs de tout poil à cette saison, c’est la défiscalisation. Car, reconnaissons-le, s’il y a bien une chose dont nous ne nous acquittons qu’en gémissant, c’est la déclaration de revenus. Et la vraie question à cette époque automnale, c’est : — que dois-je signer pour payer moins d’impôts ? Si vous avez médité sur mon premier conseil (Supplément “Patrimoine” n° P585), vous savez que vous n’êtes pas à l’abri d’une signature trop rapide sans réelle lecture approfondie et quasiment aucun calcul. C’est exactement là que vous guettent les conseillers en défiscalisation ou bien votre banquier/ assureur. Voire les deux ! Le tout, appuyé par de grandes campagnes publicitaires insistant sur le délai restreint pour profiter encore de cette fabuleuse opportunité qu’ils vous offrent pour payer moins d’impôts ! “Signez vite, bientôt il sera trop tard !”. On les entendrait presque dire “Signez vite, il n’y en aura pas pour tout le monde !”. Grotesque me direz-vous ? Et pourtant le piège est mis en place, et il fonctionne bien, très bien même. Pourquoi ? Parce que tout est fait pour vous faire oublier trois aspects fondamentaux que vous avez, souvent vous-même, occultés dès le départ. A savoir : 1. Ce n’est pas la réduction d’impôts qui est votre véritable but. Votre but est d’obtenir un gain. 2. Pour enregistrer une certaine réduction d’impôt plus tard (au mieux l’année suivante), il vous faut dépenser tout de suite beaucoup plus et immobiliser cette somme en général pendant plusieurs années. 3. L’État ne fait jamais de cadeaux sans une contrepartie, généralement un aléa, qu’il ne veut pas assumer lui car… justement trop risqué (c’est-à-dire avec un gain potentiellement très important, mais une faible probabilité de l’obtenir entièrement : bref, un des grands principes du racolage…). FautFaut-il vous détourner des défiscalisations ? Non, évidemment. Mais avant de foncer tête baissée vers le premier produit que l’on vous propose, réfléchissez : Reprenons le premier point - A part quelques irréductibles anti-impôts qui en font un véritable sacerdoce, le but de chacun n’est pas en soi de payer moins d’impôts. Il s’agit plutôt d’assu- rer l’avenir des siens en cas d’accident, de préparer sa retraite, de faire fructifier un capital, etc. En effet, si tel était votre seul but, le moyen le plus simple et le plus efficace de l’atteindre serait tout simplement de moins travailler ! Or, tout le monde se rend bien compte que cela impliquerait également une baisse du revenu net réellement disponible après impôts sur le revenu. Sans vouloir enfoncer une porte ouverte, cela permet de mettre en relief une évidence que l’on oublie parfois : plus nos impôts sont élevés, plus nous disposons cependant d’argent à la fin du mois, et cela même si les impôts augmentent ! Vous devez donc déterminer dans un premier temps votre objectif afin de mettre en place une stratégie pour y parvenir. C’est seulement dans les choix de solutions adaptées à votre stratégie que l’on choisira la meilleure solution parmi plusieurs. Meilleure ne voulant pas dire celle qui vous fait payer le moins d’impôts, ou même parfois celle qui rapporterait le plus. Meilleure veut dire celle ayant optimisé le compromis entre avantages et inconvénients en tenant compte de vos contraintes et sensibilités personnelles, en particulier votre parfaite adhésion à la solution préconisée. Deuxième point - Le candidat à la défiscalisation tient à éviter une sortie d’argent (sous forme d’impôts à payer) dont il n’obtiendra rien en retour (du moins, c’est son impression). Pour cette économie certaine, bien que non immédiate, il est donc prêt à miser de grosses sommes — quatre fois plus par exemple dans le cas des FCPI/FIP, puisque ce placement financier est investi sur des jeunes, voire très jeunes entreprises, ouvre droit à une réduction d’impôt de 25 % des sommes investies. Il est même prêt — ou obligé — dans la majeure des cas à s’endetter pour réaliser l’opération, car il ne dispose pas nécessairement de la trésorerie exigée ! A court terme, une opération de défiscalisation est donc très souvent une très mauvaise affaire pour la tré- sorerie. Il est donc primordial de s’assurer que votre équilibre budgétaire pourra supporter sans dommage cette baisse de la trésorerie, ou ce nouvel emprunt. Troisième point - Que ceux qui pensent qu’un produit défiscalisant est souvent une bonne affaire, se souviennent que Noël est surtout un joli conte pour enfants. Avez-vous déjà vu l’État faire un cadeau désintéressé ? Si l’opération était source de faciles et constantes plus-values, expliquez-moi pourquoi l’État, le premier, ne se réserverait pas une telle opportunité ! Et cela, peu de vendeurs vous le diront ou vous l’expliqueront. F.S. Mon analyse simplifiée des FCPI et FIP Défiscalisez avec des FCPI/FIP bien choisis Les FCPI/FIP sont un produit intéressant pour ceux qui ont du temps devant eux (généralement 8 ans) et qui sont prêts à prendre des risques. Les sorties anticipées étant rarement possibles, je vous conseille de bien mesurer les implications du blocage de votre investissement par rapport à la stratégie patrimoniale que vous avez mise en place. Une fois ceci vérifié, il est alors tout à fait possible d’y souscrire à condition de les choisir avec soin. Je vous livre ci-contre quelques pistes faciles à vérifier avant de signer — car issues d’un premier niveau d’analyse accessible à tous. Vous pourrez ainsi éliminer les produits les moins intéressants et regarder de plus près ceux qui en valent vraiment la peine. Un dernier piège à éviter : les frais de souscription. Il est tellement facile d’appâter le client en lui faisant miroiter une offre exceptionnelle de baisse des frais ! Ne vous laissez pas déstabiliser par cette fausse économie. Ces frais serviront à rémunérer le travail de conseil de votre intermédiaire. Il vérifiera avec vous l’intérêt d’une telle opération pour vous, vous expliquera les différences entre les FCPI/FIP qu’il vous propose, répondra à vos questions et assurera le suivi de votre placement. A trop vouloir économiser sur ce poste, vous obligez votre intermédiaire à faire de même et donc à rogner sur le temps qu’il vous accorde pour bien vous conseiller et vous suivre. Est-ce vraiment là votre intérêt pour quelques euros ? En matière de défiscalisation, l’important n’est pas de se croire gagnant, mais de finir gagnant ! Frédéric Ségoura [email protected] En tête de tous les hits parades à cette saison, c’est bien sûr le FCPI (Fonds Com mun de Placement dans l’Innovation) et son petit frère, le FIP (Fonds d’Investissement de Proximité). Ces placements sont très proches des SICAV que vous connaissez mieux. L’argent est collecté par divers investisseurs. Chacun se partageant le résultat à la hauteur de son investissement. Le FCPI est plus risqué que le FIP car il est investi à 60 % dans des sociétés non cotées à caractère innovant, alors que le deuxième, bien que toujours investi dans les mêmes proportions en sociétés non cotées, est investi dans des PME française déjà matures en phase de développement ou de transmission. Dire que l’un des deux placements affiche un risque moindre, cela veut dire que l’on a moins de risques de pertes, mais également moins de risques de gagner. La réduction d’impôt sur le revenu étant limité à 25 % des versements effectués dans la limite de 12 000 € pour un célibataire et 24 000 € pour un couple (soit une économie respective d’impôt sur le revenu de 3 000 et 6 000 €), la modulation du risque entre les deux fonds peut se faire en optimisant la répartition des sommes. Exemple : au lieu d’investir 6 000 € (pour un couple) sur un FCPI (choix effectué en fonction du montant investi sur lequel le risque désire être pris), on peut investir 9 000 € sur un FIP. La quantité de risque pris reste à peu près la même mais l’économie d’impôt est supérieure de 50 % ! Mais le plus difficile reste, bien sûr, de savoir quel FCPI choisir, car ils ne se valent pas tous, loin de là. Combien d’entre vous ont souscrit 6, 12 voir 24 000 € par an sans comparer les offres ni même lire la notice d’information ? Voici mes conseils. Les produits à éviter Ces produits étant jeunes, on dispose de très peu d’historique (3 ans environ). Or, ces placements étant constitués de 60 % d’entreprise non cotée, il est particulièrement difficile d’avoir une visibilité sur la valeur liquidative de sortie au terme. De plus, la partie cotée a subi de plein fouet la baisse des marchés financiers du début des années 2 000, ce qui n’arrange pas les performances de certains fonds. On trouve néanmoins des performances honorables chez certains. Il y a deux grandes catégories de gestionnaires de la partie cotée. Ceux qui prônent un investissement sur un fonds peu risqué (à dominante monétaire ou obligataire) et ceux qui prônent une gestion action active grâce aux meilleurs fonds disponibles sur le marché. L’argument des premiers est de vouloir quasi-garantir la partie cotée afin de faire courir très peu de risque à l’investisseur. Les 40 % cotés deviendront à coup sûr l’équivalent des 50 % initiaux en 8 ans, à raison de + 3 % l’an de rendement. Avec la réduction d’impôt, on se retrouve déjà à 75 %. Ainsi, même si les 60 % non cotés descendaient jusqu’à 25 % en 8 ans (soit une baisse de 58 % !), l’épargnant ne serait pas perdant en capital (hormis les différents frais d’ouverture et de tenue de compte, et l’inflation). Ce qui devrait quand même rassurer bon nombre d’investisseurs. A contrario, les espoirs de gains sont, du même coup, assez fortement amputés. Puisque la partie cotée repose sur des fonds peu rentables, il y a peu d’espoir de faire un placement vraiment intéressant. Pour un placement long terme (généralement 8 ans) c’est quand même un peu dommage ! Je vous déconseille donc de choisir un tel FCPI/FIP. Les produits gagnants ? Tournez-vous plutôt vers une partie cotée à gestion active connue et reconnue. On retrouve des grands noms de la gestion comme DNCA, Carmignac, La Financière de l’Echiquier, Richelieu Finance, SG Adequity, Tocqueville Finance... qui ont réussi à faire plus de 50 % de hausse sur les 5 dernières années dans un marché en baisse de 30 % de date à date ! Sur 8 ans, on peut raisonnablement espérer que la hausse de la partie cotée ainsi activée ajoutée à l’économie d’impôt vous permettra de reconstituer la quasitotalité du capital investi (il faudrait pour cela un rendement de + 8 % l’an — sur un tel horizon, c’est une assez forte probabilité avec ces gestions qui ont fait leurs preuves par mauvais temps boursiers — afin que les 40 % deviennent 75 %, les 25 % à combler résultant de l’économie d’impôt). Or, on peut tout de même espérer que toutes les sociétés non cotées choisies ne feront pas faillite ! Enfin, pour finir, surtout si vous profitez à plein du système (couple investissant 24 000 €), n’oubliez pas de vous diversifier en investissant, au minimum, chacun dans un FCPI différent. Que ceux qui n’auraient pas cette capacité d’épargne immédiatement se rassurent. Il existe également un très bon FCPI multigestionnaire qui permet de se diversifier avec un seul car il est, en fait, constitué de 3 FCPI différents. Il permet de verser moins sans prendre le risque du monoproduit décevant. F.S. [Réf. P300] Attention : les textes ci-dessus sont protégés par un copyright Etes-vous pour le photoco… pillage ? Ami lecteur. Notre Lettre spécialisée est largement photocopiée et dupliquée. D’un côté, cela montre à quel point sa qualité est appréciée et son utilité reconnue. Rien d’étonnant à cela : c’est la seule publication spécialisée réellement indépendante destinée aux médecins dans ce domaine. C’està-dire sans aucun recours à la manne publicitaire directe, ou plus insidieuse, indirecte. Et d’un autre côté, la duplication sans autorisation de notre Lettre, outre qu’elle est illégale, nous prive des ressources financières correspondantes et, au final, vous prive d’informations décisives en matière de gestion. Notre indépendance et la qualité de cette Lettre reposent sur nos seuls lecteurs abonnés. C’est-à-dire sur ceux qui sont prêts à mettre le prix dans de l’information de qualité, hautement rentable. Pour les autres, opportunistes et adeptes du photoco-pillage, voici quelques rappels utiles, afin de leur éviter la surprise d’une citation en justice au titre du Code de la propriété intellectuelle par notre service juridique… Lecteurs individuels : la reproduction de tout ou partie de la présente Lettre n’est autorisée qu’en vue d’un usage exclusivement personnel et individuel. La duplica- tion par mailing-liste est notamment strictement interdite. Lecteurs institutionnels (Ordres des médecins, Syndicats, Associations professionnelles, Enseignants du 3ème cycle, etc.) et sociétés commerciales (presse médicale, sites Internet, etc.) : les contenus de la présente Lettre sont protégés : il est interdit de les reproduire intégralement ou partiellement sur quelque support que ce soit, y compris les sites Internet, sans autorisation expresse de Média-Santé (art. L 122-4, L 122-5 et L 335-3 du Code de la propriété intellectuelle – Ce délit est puni de 3 ans de prison et 300 000 € d’amende.