Comment mettre en place un code de communication

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Comment mettre en place un code de communication
Comment mettre en place un code de communication ? Les pistes
pour une approche progressive.
Proposer un environnement visuel riche en pictogrammes
Il s’agit de créer un « bain d’images » en décorant de pictogrammes :
les lieux (sur les murs, les portes (des toilettes, du bureau des différents professionnels,
la cantine), au dessus des lavabos : les différentes actions à réaliser et les objets nécessaires
(laver-essuyer/lavabo-savon…), à l’entrée de l’établissement (bonjour), à la sortie (partir)…)
les objets, les meubles…
Afin que l’enfant prenne l’habitude de s’intéresser à ces informations visuelles.
Le but n’est pas d’apprendre la signification des images mais de familiariser à leur lecture et
de montrer leur intérêt : c’est l’imprégnation.
L’adulte près de l’enfant désigne les pictogrammes à disposition en même temps qu’il parle,
demande, explique.
Au fil des expériences, l’enfant deviendra peut-être capable de désigner (plus ou moins
spontanément mais sans faire une situation d’exercice) ce que l’adulte explique.
On amène progressivement l’enfant à exploiter les affichages pour se faire comprendre de
l’adulte qui verbalise, interprète.
Proposer à l’enfant son propre classeur de communication
Le classeur de communication doit être organisé et non surchargé. Il doit contenir des
éléments simples de vie quotidienne :
 Des photos de personnes : personnel soignant, des membres importants de sa
famille,
 Des photos des lieux dans lesquels il se rend : classe, bureau d’orthophonie…,
cantine…
 Des photos de ses activités : piscine…
 Des photos de ses centres d’intérêt : ses jouets, les animaux, les aliments…
 Insérer également des pictogrammes permettant d’exprimer les besoins
essentiels : Manger, boire, toilettes…
 Et les états émotionnels : être content, être triste, être en en colère…
 Les autres ressentis : avoir mal…
Le classeur s’enrichira peu à peu que ce soit en terme de nombre d’images ou de degré
d’abstraction. Cela dépendra du comportement de l’enfant.
Dans tous les cas :
 des pictogrammes soigneusement rangés, classés contextuellement en suivant la
logique de l’enfant. Pour cela, donner un classeur avec intercalaires ou feuilles de couleurs
différentes pour chaque thème, sur lesquels on aura écrit le nom du thème en
pictogrammes.
 constance de présentation (ne pas déplacer les pictogrammes)
 des pictogrammes utiles pour l’enfant (pas seulement en fonction du niveau
lexical, mais aussi selon l’enfant : ce qu’il a le désir et le besoin de dire). On doit tenir compte
de la fréquence d’utilisation de certains concepts qui est propre à chaque enfant.
 Pour s’orienter vers une efficacité conversationnelle et plus uniquement
communicationnelle, on peut s’appuyer sur les listes de fréquence des mots en fonction de
l’âge.
Fiche pratique : liste de fréquence des mots (annexe 8, p193).
Ici sont insérées des photos illustrant un classeur de communication. Il contient une
explication d’utilisation adressée aux interlocuteurs, puis des pictogrammes du communimage. Il est utilisé par une enfant IMC de type choréo-athétosique de 10 ans.
Favoriser l’utilisation du code
L’apprentissage de l’utilisation du classeur, du code passe par différentes étapes, qui
peuvent être plus ou moins longues, selon les enfants.
Cette approche progressive passe par :
 une exploration passive,
 une exploration plus ou moins active,
 en favorisant l’intentionnalité de communiquer.
Exploration passive du classeur
L’adulte explore le classeur devant l’enfant, tourne les pages, verbalise ce qu’il voit. L’adulte
doit attirer l’attention de l’enfant sur le cahier, les images (en lui parlant de lui, l’enfant).
L’enfant peut lui aussi tourner les pages et poser des questions sur les images qu’il voit
(« c’est quoi ? »…)
Exploration plus ou moins active : rendre l’enfant acteur
Au fil du temps et de la découverte du classeur, nous pourrons poser des questions fermées
de manière à ce que l’enfant se sente concerné et puisse donner son avis (réponse par
oui/non) « qu’est-ce que tu as fait ? Tu es allé à la piscine (en désignant le pictogramme) ? »
…
On amène l’enfant à devenir plus acteur, capable de désigner lui-même en lui posant des
questions plus ouvertes « Que veux-tu faire ?, que veux-tu raconter ? ».
Remarques : l’enfant ne pouvant désigner aura besoin de la main d’une tierce personne et
répondra par « oui/non ». Son lexique pictographique sera plus riche que les autres car il a
moins de moyens simples (corporels) pour s’exprimer. Pour cet enfant, l’acquisition de
l’autonomie sera de parvenir à se faire comprendre avec l’aide d’autrui.
Précéder et favoriser l’intentionnalité de communiquer
Afin de faciliter la mise en place et la compréhension du tableau, on pourra élaborer une
sorte de journal, un « cahier de vie » dans lequel on écrit par succession de pictogrammes ce
que l’enfant (ou l’adulte si l’enfant est encore passif) a décidé de raconter à propos de lui,
d’un événement de groupe auquel il a participé…On y ajoute également des objets retraçant
l’activité, à condition que l’enfant les reconnaisse (ticket, papier de bonbon, ordonnance…).
L’aspect chronologique donne à l’enfant les moyens de se construire des points de repère.
En se relisant avec l’adulte, l’enfant vit sans le vouloir des échanges qui le concernent et qui
lui procurent du plaisir.
Que ce soit passivement ou activement, il y a établissement de la communication à partir de
ce moment.
Points essentiels
Se servir de situations de vie
«Parler» en pictogrammes afin que ce langage prenne sens,
Créer une communauté linguistique en privilégiant la prise en charge de groupe.
Apprentissage de la langue avec le code
La présentation du code contribue à structurer le langage. Une classification par classes
grammaticales (noms, verbes…) est intéressante à ce moment-là. Il ne s’agit pas de modifier
le matériel déjà mis en place. Souvent le premier classeur reste à la disposition de l’enfant.
En revanche ce changement peut se faire lors de l’apprentissage d’un nouveau code ou d’un
nouveau support (par exemple, lors du passage à un code sur ordinateur, sur synthèse
vocale…)
Comme on produit des feed-back pour corriger (parfois implicitement ou explicitement) le
langage de l’enfant parlant, l’adulte proposera des reformulations en utilisant le code (et en
verbalisant) pour l’enfant non-parlant. Il pourra lui montrer comment il aurait pu dire plus
facilement en désignant de telle ou telle façon sans insister.
Attention cependant à ne pas faire de l’utilisation du code un moment d’apprentissage, de
corrections permanentes. Il faudra distinguer les moments de véritable communication et
les situations de travail.
situation d’échange réel : on ne force pas l’enfant à utiliser tout ce qu’il a appris, à
refaire mieux, du moment qu’il sait se faire comprendre. Il faut garder en tête que la
communication par désignation représente un coût cognitif et ergonomique important. Dans
ces situations, c’est le désir de communiquer qui doit être entretenu.
Situations d’apprentissage, limitées dans le temps : on pourra travailler l’enrichissement
lexical et syntaxique (code pictographique), la conscience phonologique ou encore
l’orthographe (codes écrits) avec le code à partir de consignes précises, demander de
recommencer...tout en proposant des situations de jeux.
Remarques : Le classeur de communication, à long terme, n’est pas l’outil idéal pour la
construction syntaxique. En effet, l’enfant, par économie dans les situations naturelles,
désignera un pictogramme pour exprimer une phrase. L’utilisation de la synthèse vocale,
plus tard, révèle souvent un langage de type télégraphique.