Correspondance entre José Joaquim da Maia et Thomas Jefferson

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Correspondance entre José Joaquim da Maia et Thomas Jefferson
Correspondance entre José Joaquim da Maia et Thomas Jefferson (1786-­‐1787) « Je suis brésilien et vous savez que mon infortunée patrie souffre d’un terrible esclavage, devenu chaque jour plus insupportable depuis votre glorieuse indépendance, car les barbares portugais ne reculent devant rien pour nous rendre malheureux dans la crainte que nous suivions vos pas. Comme nous savons que ces usurpateurs, contre les lois de la nature et de l’humanité, ne pensent à rien sinon à nous abattre, nous avons décidé de suivre l’admirable leçon que vous venez de nous donner ; de briser nos chaînes et de faire revivre notre liberté qui est entièrement morte sous les coups de la force, qui est l’unique droit dont les Européens peuvent se prévaloir sur l’Amérique. Nous recherchons une puissance qui puisse donner la main aux Brésiliens, certains que l’Espagne soutiendra le Portugal et que nous ne pouvons parvenir seuls à ce but malgré toutes les ressources dont nous disposons pour nous défendre. Or, il ne serait pas prudent de nous y risquer si nous ne sommes pas certains de vaincre. Ceci étant, votre nation, Monsieur, nous est apparue la plus propre à nous prêter secours, non seulement parce qu’elle nous a donné l’exemple, mais encore parce que la nature nous a fait habitants d’un même continent et, par conséquent, compatriotes, d’une certaine manière. De notre côté, nous sommes prêts à vous donner tout l’argent nécessaire et nous saurons toujours prouver notre reconnaissance envers nos bienfaiteurs. Monsieur, voici, peu ou prou, le résumé de ma requête. C’est pour mener à bien cette tâche que je suis venu en France, ne pouvant me rendre en Amérique sans faire naître des soupçons de la part de ceux qui l’auraient appris. Il vous revient maintenant de juger de ces intentions et de voir si cette requête est recevable. Au cas où vous souhaiteriez consulter votre nation à ce sujet, je suis en condition de vous donner toutes les informations que vous jugerez nécessaires. » José Joaquim de Maia (Montpellier, 21 novembre 1786) « J’ai bien pris soin de vous faire comprendre, durant tout le temps de notre conversation, que je ne dispose ni des instructions ni de l’autorité nécessaire pour traiter de ce sujet et qu’il ne m’est permis que de vous communiquer mes idées personnelles. À mes yeux, la situation dans laquelle nous nous trouvons ne nous permet pas, en tant que nation, de prendre part à une guerre quelle qu’elle soit. Il est de nos intérêts, en outre, de cultiver les liens d’amitié avec le Portugal, avec lequel nous maintenons un commerce prospère. Une révolution victorieuse au Brésil ne pourrait pas, toutefois, ne pas nous intéresser. La perspective de gains financiers pourrait mener de nombreuses personnes à soutenir le parti des révolutionnaires et des raisons plus pures pourraient gagner l’adhésion de certains de nos officiers, dont le corps compte plusieurs excellentes unités. […] » Thomas Jefferson (mars 1787) Source : Documentos históricos brasileiros, Rio de Janeiro, Mec/Fename, 1976, p. 87-­‐88.