Nouvelle maquette
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scènes magazine à la comédie de genève : yvonne, princesse de bourgogne photo © Isabelle Meister ISSN 1016-9415 261 / avril 2014 s o m m a i r e 66 cinéma 8 9 10 11 11 12 13 14 18 18 19 20 21 cine die / raymond scholer cinémas du grütli / christian bernard sous la loupe : nebraska / christian bernard festival international du film oriental / david leroy hommage : alain resnais / serge lachat brèves : de toutes nos forces / serge lachat entretien : luciano barisone / catherine graf nyon : visions du réel / christian bernard les films du mois / christian bernard, émilien gür, serge lachat brèves : dans l’ombre de mary, diplomatie, un week-end à paris / serge lachat brèves : les sorties dvd / christian bernard ciné-club universitaire : pierre clémenti / émilien gür cinémathèque suisse en avril / raymond scholer entretien : julie bertucelli / christian bernard théâtre 22 22 23 24 25 26 tournée : invisibles / rosine schautz théâtre du loup : la puce à l’oreille / rosine schautz casino-théâtre, genève : l’étourdi / laurence tièche théâtre de carouge : la double inconstance comédie : yvonne, princesse de bourgogne / romeo cini opéra 28 28 30 31 32 33 34 36 36 37 38 38 39 39 40 41 42 grand théâtre : un théâtre éphémère / pierre-rené serna chronique lyonnaise / frank langlois meyrin : le crocodile trompeur / pierre-rené serna scala : lucia di lammermoor & il trovatore / frank fredenrich madrid : brokeback mountain & curra vargas / p.-r. serna zurich : aida / éric pousaz strasbourg : le vaisseau fantôme / éric pousaz toulouse : la favorite / françois lesueur londres : la fille du régiment / frank fredenrich nice : semele / françois jestin monte-carlo : l’elisir d’amore / françois jestin lyon : le comte ory / françois jestin avignon : le dernier jour d’un condamné / françois jestin marseille : colomba / françois jestin mémento en tournée : l’enlèvement au sérail / bernard halter musique 44 44 45 46 47 48 49 50 51 portrait : le trio zimmermann / pierre jaquet portrait : leonidas kavakos / beata zakes cully jazz : la modernité poétique / frank dayen entretien : arie van beek / martine duruz encarts : gli angeli / abdullah ibrahim new trio / andreas scholl / manfred honeck agenda genevois / martina diaz entretien : ching-lien wu /martine duruz kléber-méleau : cédric pescia & guests / yves allaz 261 / avril 2014 52 53 54 55 56 57 agenda romand / yves allaz lucerne : festival avant pâques / emmanuèle rüegger casino de montbenon : le piano à l’honneur / yves allaz portrait : murray perahia / serene regard entretien : fabrizio chiovetta / christian bernard lausanne : concert de la fondation résonnance / chr. bernard spectacles 58 58 58 59 spectacles onésiens / firouz-elisabeth pillet théâtre am stram gram / firouz-elisabeth pillet marionnettes de genève en avril 60 danse 60 61 62 tournée : ballett zurich / emmanuèle rüegger annecy : drums and digging / bertrand tappolet les printemps de sévelin : may b à pully / stéphanie nègre livres 63 63 expositions 64 64 éditions art & fiction : pénurie / françoise-hélène brou 65 66 68 70 70 71 71 72 72 73 73 ariana : terres d’islam / françoise-hélène brou zurich : de matisse au cavalier bleu / emmanuèle rüegger berne : la collection stefanini / régine kopp fondation de l’hermitage : le goût de diderot / f.h. brou mémento beaux-arts : france yerres : caillebotte à yerres au temps de l’impressionnisme mémento beaux-arts : ailleurs florence : pontormo et rosso mémento beaux-arts : suisse romande berne : women par tom wood mémento beaux-arts : suisse alémanique zurich : 1900 - 1914, expédition bonheur paris 74 74 76 78 80 82 83 84 84 85 86 87 88 88 89 89 musée d’orsay : gustave doré / régine kopp centre pompidou : henri cartier-bresson / christine pictet grand palais : bill viola / régine kopp opéra : zauberflöte de répertoire / pierre-rené serna chronique des concerts / david verdier comédie française : le songe d’une nuit d’été / d. verdier au jeu de paume : robert adams / christine pictet au jeu de paume : mathieu pernot / christine pictet au châtelet : l.a. dance project / stéphanie nègre sélection musicale d’avril / françois lesueur opéra de paris : mademoiselle julie & fall river legend / s. nègre mémento théâtre odéon europe, ateliers berthier : tartuffe mémento expositions musée jacquemart-andré : de watteau à fragonard 90 les mémentos ABONNEZ-VOUS! Découvrez chaque mois dans nos pages : L’actualité culturelle d’ici et d’ailleurs Cinéma Concerts Livres Opéra Critiques Danse Expositions Théâtre Entretien Avant-Premières Mémento Scènes Magazine - Case postale 48 - 1211 Genève 4 Tél. 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Ê tre un lanceur d’alerte à l’ère du numérique comporte des risques. Et le monde entier le sait depuis que l’analyste militaire américain Bradley Manningle et le fondateur de Wikileaks, Julian Assange, en 2010 ainsi que l’ex-agent de la NSA, Edward Snowden, dernièrement, en ont fait les frais. Depuis, dans notre mémoire collective, la liberté d’expression 2.0 rime avec Wikileaks et la surveillance globale avec National Security Agency. Julian Assange et Edward Snowden ont radicalement changé notre perception d’Internet, nous propulsant dans une jungle bardée d’inconnues où deux extrêmes s’affrontent: liberté d’expression versus contrôle de l’information. Car, c’est bien de cela qu’il s’agit à l’heure où la prise de parole démocratique est possible et qu’elle n’est plus détenue par une minorité. Cette prise de parole s’accompagne de craintes et principalement de celles des gouvernements, d’où leur volonté de surveillance accrue et de contrôle de ce nouveau système horizontal. Et cette surveillance n’incrimine pas uniquement les États-Unis. Aujourd’hui, notamment grâce à Edward Snowden, nous savons que Facebook, Google, Yahoo!, Apple, Microsoft, Skype - pour ne citer que les plus connus - emmagasinent toutes sortes de données sur tout un chacun. Et que ces mêmes acteurs livrent d’office toutes ces informations rassemblées aux ÉtatsUnis ainsi qu’aux autres gouvernements qui en feraient la demande, faisant fi de la protection de la vie privée. La formule officielle pour justifier la cybersurveillance étatique, est : la lutte contre la cybercriminalité (terrorisme, pédophilie, piratage). Mais la réalité se révèle toute autre lorsque la liberté d’expression et la vérité sont bafouées sur l’autel de la sécurité. Partant d’un document secret divulgué par Snowden, le documentaire suédois Snowden Documents and Sweden de Frederik Laurin, Sven Bergman et Joachim Dyfvermark, amène à nous interroger sur la liberté d’expression, le droit à l’information et les moyens déployés par un État pour contrôler un individu. Internet perturbe les entreprises, des contenus peuvent y être acquis gratuitement. Se posent alors les questions de copyright et de droit d’auteur. Mais Internet perturbe aussi les gouvernements en permettant aux gens de créer une nouvelle forme de société sans frontière, ni limite. Les autorités ne sont pas habituées à un système où la prise de parole publique est aussi facile et libre. Cela remet parfois en cause leur autorité. C’est pourquoi, les gouvernement et les grandes entreprises se regroupent pour essayer de restreindre Internet et lutter contre ces changements. Sous couverts d’interceptions légales, la pratique de la surveillance est comme son nom l’indique : légale. Mais ce qui est légal, est-il moralement justifiable? D’autant que la cybersurveillance est un marché des plus lucratifs pour les entreprises qui commercialisent les technologies de surveillance massive. Et là où l’argent règne, bien souvent la morale s’efface. TGT/SCENES MAGAZINE scènes magazine case postale 48 - 1211 Genève 4 Tél. (022) 346 96 43 de France 00-41-22 346 96 43 www.scenesmagazine.com e-mail : [email protected] c i n é le cinéma au jour le jour Cine Die 64e Berlinale Compétition 6 De belle tenue, la compétition offrait une dizaine d’œuvres fortes : hélas, le jury, dans cet état second que les Allemands appellent « in geistiger Umnachtung », a donné l’Ours d’Or à un film chinois médiocre : Black Coal, Thin Ice de Yinan Diao. En 1999, au nord de la Chine, des morceaux de cadavre sont découverts dans des bennes de charbon à des centaines de kilomètres de distance. L’enquête policière aboutit à une fusillade qui, par sa rapidité, sa sécheresse, son décor et son issue (cinq morts dont deux policiers) fit dresser les oreilles au plus blasé des spectateurs. Le policier survivant, Zhang, est suspendu et l’affaire classée. Cinq ans plus tard, des crimes similaires se reproduisent et Zhang, décidé à racheter son échec, se met à espionner une employée de nettoyage à sec qui semble être au centre de moult trafics. C’est alors que le film, à force de pérégrinations erratiques, d’actions inexpliquées, de messages politiques obscurs, de gestes illisibles, perd notre intérêt et se vit comme une progression fatigante à travers la mélasse d’un récit indéchiffrable. Y a-til une corrélation entre la présence du joaillier TESIRO de Nanjing parmi les sponsors du festival et le fait que le cinéma chinois ait remporté encore deux autres prix ? m a mener à guérir son petit frère de son autisme apparent : à l’âge de 4 ans, il n’a pas encore prononcé un mot. Station 1 : « Jésus est condamné à mort » : lorsque le jeune et gentil père Weber explique à ses jeunes ouailles qui préparent leur confirmation qu’ils sont les soldats de Jésus, que la vraie foi a été subvertie par le Concile Vatican 2 et qu’ils doivent constamment éviter de succomber ou de laisser succomber leurs prochains aux tentations, Maria a déjà choisi son destin : elle veut se rapprocher de Dieu par la mortification. Elle est prête pour la station numéro deux : « Jésus porte sa croix ». En l’occurrence, celle qu’incarne sa mère, une virago d’une sévérité monstrueuse. En trouvant pour chaque station une scène adéquate du quotidien de Maria, scène qu’il filme le plus souvent frontalement sans bouger la caméra, Brüggemann souligne le dogmatisme qui contrôle le destin de Maria. Et la passion avance, inexorable. Le sentiment religieux : une pathologie de l’esprit ? Die Geliebten Schwestern de Dominik Graf raconte en 3 heures le ménage à trois que menait apparemment pendant 13 ans (à partir de 1787) le poète Friedrich Schiller avec les deux sœurs Caroline von Beulwitz (puis von Wolzogen) et Charlotte von Lengefeld (qu’il épousa en 1790). Pour qu’une relation amoureuse nous tienne en haleine sur une durée aussi épique, il faut d’abord que les acteurs soient à la hauteur ! Le rôle du fougueux, mais malingre et délicat dramaturge est tenu à la perfection par Florian Stetter (le père Weber de Kreuzweg), celui de la douce Charlotte par une jeune actrice de 22 ans venue de la télévision, Henriette Confurius (qui fait oublier en deux secondes Adèle Exarchopoulos), alors que Allemands En ce qui nous concerne, le fait marquant de la Berlinale, c’est l’éclatante santé du cinéma allemand avec la révélation d’un cinéaste immense, Dietrich Brüggemann et la confirmation du talent de Dominik Graf, objet d’une rétrospective au festival de Rotterdam l’année passée. Kreuzweg de Brüggemann a eu le prix du meilleur scénario, mais aurait mérité aussi l’Ours d’or et des prix d’interprétation. En 14 plansséquences, introduits par les textes décrivant les 14 stations du chemin de croix du Christ, l’auteur illustre le calvaire d’une jeune fille de 14 ans, Maria, élevée dans une famille d’intégristes catholiques où la moindre entorse à la règle entraîne correction verbale ou châtiment : toute velléité d’ouverture au monde, comme par exemple chanter du soul ou du gospel, est signe de soumission au Mal et de fornication avec le Diable. En se sacrifiant par un renoncement exemplaire aux plaisirs des sens (nourriture y comprise), la pauvrette espère gagner les faveurs du Tout-Puissant et l’a- Lea van Acken et Florian Stetter dans «Kreuzweg» a c t Henriette Confurius, Florian Stetter et Hannah Herzsprung dans «Die Geliebten Schwestern» Hannah Herzsprung assume avec brio le personnage de la scandaleuse et adultérine Caroline, que Schiller aida à rédiger le roman à succès Agnes von Lilien (1796/7). Les acteurs secondaires sont de la même eau, depuis Claudia Messner (Madame von Lengefeld, qui a recours, avec le naturel typique de l’époque, au français pour faire passer des messages devant les domestiques) à Michael Wittenborn (Knebel, son fidèle administrateur, au franc-parler réjouissant) en passant par Ronald Zehrfeld (Wolzogen, l’ami de Schiller qui lui rapporte les nouvelles catastrophiques de la Révolution française et met une sourdine sur le Sturm und Drang). Ces personnages interagissent dans une langue châtiée qui est très sensible aux chavirements du cœur sans pour autant négliger la logique de l’esprit. S’il y a un film auquel fait penser le film de Graf, c’est bien Les deux Anglaises et le Continent (1971), mais sans l’amidon pesant de la mise en scène truffaldienne. u a l i t é c i n é m a Américain Ivo Pietzcker et Luise Heyer dans «Jack» Jack de Edward Berger avance sur le terrain cher aux Dardenne et à Ken Loach : Jack, 10 ans, s’occupe de son cadet de 6 ans lors des absences répétées et imprévisibles d’une mère irresponsable, mais aimante. On ne sait rien du père. Lorsque le petit frère, Manuel, a un accident sous la surveillance de Jack, les services sociaux mettent l’aîné dans un internat et laissent le petit chez la maman. A la suite d’une brimade, Jack s’enfuit du centre d’accueil, récupère Manuel chez une voisine et essaie de rentrer à l’appartement. Mais il n’a pas de clé. Et la mère ne rentre pas. Pendant des jours, les deux gamins errent dans Berlin, dormant dans une voiture abandonnée, chipotant pour se nourrir, écumant les clubs où ils pourraient rencontrer leur mère. Pour Jack, ce sera une leçon définitive. Le message n’est pas le même que chez Loach. Zwischen Welten de Feo Aladag rompt une lance pour la présence de la Bundeswehr en Afghanistan : son héros contrevient aux ordres pour sauver la sœur de son interprète afghan. Aladag accumule peut-être trop de clichés de la vie militaire (lorsque les soldats font la fête en se déguisant en femmes, on se croit dans un film des années cinquante), mais au moins elle a tourné dans le pays même, alors que les Américains ou les Français tournent leurs fictions sur les Talibans au Maroc. Anglais Dans Boyhood, Richard Linklater rend tangible ce que grandir signifie. Filmant pendant 39 jours répartis sur 12 ans, Linklater tient un journal de la vie ordinaire, de la banalité du quotidien, de l’identité qui se forge peu à peu. Tout a été vu et revu : le père divorcé qui essaie de garder le contact avec les enfants qu’il voit sporadiquement, les ados qui se rebiffent, les parents qui apprennent à lâcher du lest, mais rarement l’itinéraire de l’enfance à l’université a été plus cohérent et plus convaincant. Cela est d’autant plus admirable qu’il s’agit d’enfances « normales » (au sens du président français), sans dysfonctions à épingler et dramatiser. Les rôles principaux sont tenus par les mêmes acteurs : Patricia Arquette et Ethan Hawke pour les parents, Lorelei Linklater, la fille du réalisateur, et Ellar Coltrane pour les gosses : ce sont (exception faite de documentaires comme la série Up de Michael Apted) les plus longs rôles de l’histoire du cinéma. Comédie scandinave 2 comédies sur 23 films en compétition : notre société n’aime guère le rire, déconsidéré parce que trop léger, une perte de temps futile en ces temps sérieux de crise économique qui n’en finit pas et de massacres interreligieux qui reprennent de plus belle. Pourtant, quel baume pour l’esprit que la douceur élégante et la bienveillance cosmopolite de The Grand Budapest Hotel, point culminant des recherches poétiques de Wes Anderson. Kraftidioten, satire suédo-dano-norvégienne de Hans Petter Moland, n’en a bien sûr pas la richesse iconique et référentielle, mais quand même de la suite dans les idées comme le suggère son titre « international » In Order of Disppearance. Stellan Skarsgard, ayant manifestement survécu à Nymph()maniac, joue un conducteur de chasse-neige dans la petite ville norvégienne de Beitostolen. Ayant découvert que son fils Ingvar a été « suicidé » par « overdose » par des trafiquants de drogue Paul Greengrass a trouvé son successeur, il s’appelle Yann Demange. Dans son film ’71 (dont le titre se réfère à la 3e année de la guerre menée par la Provisional IRA pour libérer l’Ulster de la Grande-Bretagne), il suit pendant une nuit l’odyssée d’une recrue britannique blessée et terrifiée, abandonnée dans un quartier catholique labyrinthique de Belfast, qui essaie de rejoindre sa caserne. L’IRA veut le tuer, parce qu’il a été témoin de l’assassinat d’un camarade par deux de ses tueurs, les paramilitaires protestants veulent le faire taire, parce qu’il les a vus fabriquer des bombes et les deux côtés sont prêts à s’arranger sur son dos : seul son lieutenant veut le retrouver sain et sauf. Haletant et sans concession aux ultras : les crétins des deux bords en prennent pour leur grade. Quant à la crédibilité des détails (vêtements, coiffures, accents), on dirait que ‘71 a été tourné à l’époque. Stellan Skarsgard (d) dans «Kraftidioten» mécontents, il décide de le venger en remontant patiemment la filière. Comme le caïd local ne se doute pas qu’un père de famille lambda puisse décimer ses troupes, il suppute que les Serbes sont coupables et se laisse entraîner à un acte irréfléchi. D’où l’entrée en scène d’un Bruno Ganz truculent en parrain serbe. La racaille internationale va savoureusement s’entretuer selon un rite vaguement tarantinien, mais l’humour noir est impayable. La scène où un truand balkanique explique à ses acolytes les avantages des prisons norvégiennes (« on te refait même les dents aux frais de l’Etat ») vaut son pesant d’or. Au mois prochain Raymond Scholer Ronald Zehrfeld et Mohsin Ahmady dans «Zwischen Welten» a c t u a l i t é 7 c i n é m a les cinémas du grütli Mohammad Rasoulof, films noirs Un film de résistance iranien et des chefs-d’œuvre du film noir sont à l’affiche en avril. 8 «Les manuscrits ne brûlent pas» de Mohammad Rasoulof En sélection officielle, dans la section Un certain regard à Cannes l’année dernière, Les Manuscrits ne brûlent pas de Mohammad Rasoulof dénonce frontalement la répression des intellectuels par le régime. Le film est basé sur une histoire réelle, connue de tous les Iraniens: dans les années 90 un bus transportant des écrivains iraniens vers l’Arménie a manqué basculer dans le vide sur une route de montagne du nord de l’Iran. L’échec de ce faux accident destiné à éliminer d’un seul coup une partie de l’intelligentsia a transformé les passagers en témoins d’autant plus gênants qu’ils pouvaient écrire le récit de cette tentative d’élimination. Mohammad Rasoulof raconte comment les Services iraniens sont partis à la chasse aux manuscrits, recourant, le cas échéant, à la torture et à l’assassinat. Pendant les 50 premières minutes du film, deux histoires sont racontées en parallèle : d’un côté deux hommes en voiture avec un prisonnier dans le coffre qu’ils doivent tuer en maquillant le meurtre en suicide. On ne sait pas exactement qui ils sont. L’un deux attend un versement pour que son fils malade soit opéré. De l’autre des écrivains victimes de la censure, l’un deux subissant des pressions pour qu’il remette son manuscrit racontant l’histoire du car. Et soudain, un récit en voix off relie les deux histoires : le tueur dont le a fils est malade conduisait le car. Qu’il soit montré par Rasoulof comme un être humain, tout en étant capable de torturer sans état d’âme, offre un apercu troublant sur la banalité du mal qui n’est pas le moindre intérêt du film. Le film a pu être tourné en majeure partie en Iran grâce au parti pris de discrétion adopté (scènes en voiture, dans des appartements, dans les montagnes). Mais la clarté de la dénonciation du régime le condamne à n’être vu qu’hors d’Iran. En guise de générique de fin, un carton prévient que, pour des raisons de sécurité, les noms des participants au film resteront inconnus. Rasoulof, privé de son passeport et vivant en Allemagne précise : «Tous ceux qui apparaissent à l'écran sont maintenant hors du pays». Films noirs Les 26 et 27 avril, week-end d’hommage à François Guérif, créateur en 1986 de Rivages/ Noir, célèbre collection de romans noirs et de romans policiers (plus de 900 titres à ce jour) ayant publié tout James Ellroy, Jim Thompson, David Goodis. Grand connaisseur du film noir, il sera là pour présenter quatre adaptations pour le cinéma de titres majeurs de la collection. Une occasion rare de voir Out of the Past, archétype du film noir tourné en 1947 par c t u a Jacques Tourneur, avec Robert Mitchum en privé rattrapé par son passé, Jane Greer en tueuse au visage d’ange, Kirk Douglas en méchant très méchant, sans oublier Rhonda Fleming. Conformément à la loi du genre, dès la deuxième moitié du film on n’y comprend plus rien, mais c’est superbe. La loi du Milieu (Get Carter, 1971) est le premier film de fiction du documentariste Mike Hodges tourné au moment où la GrandeBretagne découvre l'IRA, les agressions racistes et homophobes, la crise des villes du Nord de l'Angleterre aux mains d'élus locaux corrompus. D’où le climat délétère du film. Michael Caine, star n’ayant jamais renié ses origines prolétaires, accepte le rôle principal d’un personnage pourtant très antipathique. Il y voit, dit-il, “mon double distordu si j’avais mal tourné pendant mon adolescence”. Les Arnaqueurs (The Grifters) est un film américain du Britannique Stephen Frears, peutêtre son meilleur, sorti en 1990, adapté du roman homonyme de Jim Thompson. Récit d’une descente aux enfers, c’est plus une tragédie qu’un polar. Tout le monde trompe tout le monde dans ce trio infernal drogué à l’arnaque, formé d’un petit malfrat (John Cusack), pris dans la toile de deux prédatrices, son amante (Annette Bening) et sa mère (Angelica Huston). Transferts, inceste, domination, désir, répulsion: tout y passe dans un étourdissant tourniquet de névroses. Egalement un grand film sur le rêve américain ramené à l’accumulation de billets verts. Réalisé en Louisiane en 2009 par Bertrand Tavernier, le méconnu Dans la brume électrique, suit un anti-héros joué par Tommy Lee Jones qui n’est pas sans rappeler le flic joué par Philippe Noiret dans Coup de torchon, autre film de Tavernier adapté du roman noir de Jim Thompson 1 275 âmes. Ici comme là on retrouve un justicier attaché à combattre le Mal. Et il y a de quoi faire pour Dave Robicheaux, ancien lieutenant de police au service du shérif local pour retrouver un psychopathe auteur de meurtres sexuels. Chemin faisant, c’est le crime organisé, la magouille politique, la perversion sexuelle, la cupidité qu’il rencontrera. Face à lui, John Goodman incarne un mafieux libidineux coupable de détourner les fonds d'Etat destinés aux reconstructions des maisons détruites par le cyclone Katrina. Actuel. Christian Bernard l i t é c i n é m a sous la loupe Nebraska Film indépendant nommé 6 fois aux Oscars, 5 fois aux Golden Globes, avec son acteur principal, Bruce Dern, 76 ans, sacré meilleur acteur à Cannes en 2013, Nebraska est le type même du film susceptible de plaire à l’industrie comme au cinéphile. Bonne nouvelle : c’est pour d’excellentes raisons. Dès le premier plan, le charme du grand écran et du noir et blanc opère : sur fond de grand ciel on est au bord d’une route fréquentée à la lisière de Billings, Montana, où chemine un homme âgé et échevelé. Un piéton étant comme chacun sait une étrangeté au pays de l’automobile, une voiture de police s’arrête. A l’agent qui l’interroge gentiment (on est dans le Midwest) le vieil homme répond qu’il est en route pour Lincoln, Nebraska. Sauf que Lincoln est à plus de 1000 kilomètres. On fait ainsi bien pendue. Le temps de constater également qu’il n’a jamais fait grand chose pour ses fils, que ce soit l’aîné Ross, un journaliste TV (Bob Odenkirk, l’interprète de l'avocat véreux Saul Goodman dans la série Breaking Bad) ou le cadet David (Will Forte) intelligent mais un peu perdu dans un emploi de vendeur en-dessous de ses capacités. David, cédant à l’idée fixe de son père d’aller chercher son gain, décide de l’accompagner pour un voyage de quelques jours, direction le Nebraska, et le road movie peut «Nebraska» avecDavid (Will Forte), Woody (Bruce Dern), Ed (Stacy Keach) © Ascot Elite connaissance avec Woody Grant (Bruce Dern), vieillard déboussolé mais visiblement têtu, déterminé à aller chercher le gros lot d'un million de dollars qu’il est persuadé d’avoir gagné comme annoncé dans un courrier. On reste un peu à Billings, le temps de constater que Woody le taiseux n’est pas particulièrement sympathique, qu’il est prompt à lever le coude (“tu boirais aussi si tu étais marié à ta mère“, lance-t-il à son fils), qu’il pèse de tout son poids sur les épaules de sa femme, Kate, une femme décidée à la langue a c t u commencer. Ce sera la traversée du Wyoming, du South Dakota (arrêt au memorial du Mont Rushmore que Woody juge “pas fini”), régions que les Américains ne connaissent en général que pour les avoir survolées et qui leur font dire, si d’aventure ils les traversent en voiture: “Mais comme c’est plat !”. Le sens profond de ce voyage se précise lorsqu’ils s’arrêtent à Hawthorne, petite ville du Nebraska où Woody n’est pas retourné depuis des âges, bien qu’il y soit né, qu’il y ait tenu un garage, qu’il y ait construit de ses mains une a l i t maison, aujourd’hui en ruines, et que ses frères y vivent toujours avec leurs familles : ce voyage permet un retour vers le passé pour Woody (et son fils) avec le dévoilement d’une histoire personnelle et familiale avec ses secrets, qui explique le ressentiment qui l’habite. Pour Alexander Payne, c’est l’occasion de faire le portrait, à travers les frères, tantes et cousins, d’une Amérique pauvre et isolée, sans grand avenir entre bière et télévision. Le portrait est d’une infinie justesse, le regard de Payne n’étant ni sentimental, ni idéalisant, ni cruel, ni cynique (contrairement à celui des frères Coen dans Fargo). L’arrivée de Woody dans la petite ville est un événement accueilli avec simplicité et gentillesse (“Nous sommes heureux que tu sois venu pour partager la grande nouvelle!”) qui entraîne photos et interview pour le journal local. Mais si chacun fête “le millionaire” qui offre force tournées générales, bien vite apparaît chez certains l’envie d’en profiter. Ce sera le cas de son ancien associé (Stacy Keach) réclamant le remboursement d’une dette peut-être imaginaire, ou des deux inénarrables cousins jumeaux plus inquiétants de bêtise. Ce dévoilement de la nature des uns et des autres va s’étendre à Woody et surtout à son fils David qui trouvera la voie de la réconciliation avec le père dans une dernière partie dont on se gardera de dévoiler les péripéties. Plus encore que celle de Bruce Dern, la performance de Will Forte impressionne dans un rôle tout en retenue. Si Nebraska est une comédie pleine de répliques très drôles, de gags chaplinesques (une influence revendiquée par Payne) et de situations cocasses à la Buñuel (autre influence reconnue), c’est aussi le portrait intime (Payne a grandi dans le Nebraska) d’un monde vieillissant frappé par la pauvreté. “Je voulais montrer les différents visages des pauvres. Ce n’est pas le sujet du film, mais je voulais que ça soit présent, à l’arrière-plan”, dit-il, ajoutant : « Je fais des films de fiction avec la sensibilité d’un documentariste ». S’il peut être rapproché du seul film sobre et apaisé de David Lynch Une histoire vraie (The Straight Story, 1999), qui raconte la traversée du territoire américain en tondeuse à gazon par un vieil homme, Nebraska peut l’être encore plus justement de La Dernière séance (The Last Picture Show), le portrait d’une Amérique en crise réalisé en 1971 par Peter Bogdanovich. Connaîtra-t-il le même destin de film-culte ? Christian Bernard é 9 c i n é m a aux cinémas du grütli Festival International du Film Oriental La neuvième édition du FIFOG, le Festival International du Film Oriental, se déroule à Genève, aux cinémas des Grütli, à Versoix, Lausanne et en France-Voisine du 4 au 13 avril. La thématique du « corps dans tous ses états » ambitionne de décliner le corps physique et le corps social, malmenés, brimés, contraints, mais aussi libérés ou aspirant à l’être. 10 Lover » du vétéran Abdel Abdulhamid, des films syriens, déprogrammés des festivals de Dubaï et du Caire, en raison du soutien des réalisateurs au régime de Bashar Al-Assad. A noter que leur soutien a été fait au début 2011, avant la tournure radicale des événements. On regardera aussi avec grand intérêt « Round Trip », financé par la France, de Meyar Al Roumi, cinéaste syrien opposant. Cette programmation a le mérite de refléter ainsi les contradictions du cinéma syrien qu’elle complète par le documentaire « Not Who We Are » de Carol Mansour sur cinq femmes syriennes réfugiées au Liban. Cette édition bénéficie de parrainage de Tahar Ben Jelloun, Goncourt 1987 pour La Nuit Sacrée. Une centaine de films, tous genres confondus, fictions, documentaires et courts métrages, exploreront les diversités et interrogeront les frontières entre l’Orient et l’Occident à travers des œuvres inédites ou peu connues en Suisse. Une sélection large de films d’Algérie, Irak, d’Iran, Tunisie, Liban, Maroc, Egypte, Jordanie ; Bengladesh, Syrie, Afghanistan, une intrigante coproduction Lybie-Syrie-Qatar mais aussi Croatie, France et USA (avec « La Jarre », un film d’animation). On suivra notamment avec intérêt les films syriens. A noter la présence de « Once Again », « Mon Dernier Ami » de Joud Saïd et « The «Femme écrite» de Lahcen Zinoun On évitera par contre « Behind Closed Doors », film marocain sans saveur de Mohammed Bensouda, qui traite du harcèlement sexuel dans les milieux d’affaire. Quant à « Affreux, cupides et stupides », farce tunisienne, tendance Benny Hill, d'Ibrahim Letaief, il rappelle que le cinéma oriental, comme ailleurs, a vocation de divertissement, même si, ici, la farce est forcée et l’agitation confondue avec le rythme. Sur cent films, il y aura sans doute de quoi trouver son bonheur ou intérêt. David Leroy www.fifog.com Aux Cinémas du Grütli du 4 au 13 avril 2014. «Asfouri» de Fouad Alaywan a c t u a l i t é c i n é m a hommage Alain Resnais, clap de fin Alain Resnais, mort le 1er mars dernier, a fait l’objet de très nombreux hommages qui tous ont essayé de définir sa spécificité. Qu’on me permette de lui rendre à mon tour hommage en évoquant ce qui restera dans ma mémoire de ce grand cinéaste. tés. Je crois pouvoir y distinguer aujourd’hui (mais cela changera peut-être demain), trois grands mouvements : au départ, lié à la question de la mémoire, un regard politique sur le monde. Après un documentaire sur les camps qui fut l’un des premiers après la guerre (Nuit et Brouillard), des films sur les traces indélébiles de cette guerre (Hiroshima mon amour, L’Année dernière à Marienbad), ou de la guerre d’Algérie (Muriel), ou encore de celle d’Espagne (La Guerre est finie). Puis, sa réflexion porte sur la création artistique (avec le formidable Providence) avant de se consacrer à l’observation de l’homme un peu à la manière de l’éthologue Henri Laborit (Mon Oncle d’Amérique), avec ce que cela suppose de désillusions pour un humaniste. Mais attention, regarder l’homme comme on regarde le rat ne débouche chez Resnais sur aucun cynisme ni sur aucune amertume. Il prendra juste le parti de s’amuser et de nous amuser devant le spectacle de notre cerveau reptilien en action avec tout ce que cela suppose de travail de « camouflage » de notre cortex ! Toute la dernière partie de son œuvre est donc consacrée à l’observation amusée de nos « faiblesses » qui sont comme « sublimées » par l’incessant travail formel (un véritable travail d’orfèvre dans le montage, souvent renforcé par un sens musical très sûr dans tous les genres) du cinéaste qui s’appuie par ailleurs sur une « famille » d’actrices et d’acteurs que l’on retrouve de film en film et qui satisfont son goût du théâtre ou plutôt d’une « théâtralité » qui donne souvent un aspect « distancié » à ses films. Mais derrière l’amusement causé par nos vaines agitations plane toujours l’ombre de la mort, parfois franchement mise en scène comme dans son avant-dernier film Vous n’avez encore rien vu. Un titre qui résume parfaitement la position de cet artiste tout au long de sa production. Et un film qui contient juste ce qu’il faut d’autodérision pour indiquer que Resnais savait bien ne pas pouvoir échapper à une mort qui a donc fini par vaincre ce cinéaste éternellement « jeune »… Serge Lachat DE TOUTES NOS FORCES Alain Resnais On l’a dit et redit, Resnais est inclassable. Non seulement il n’appartient à aucune école (ni à la Nouvelle Vague, ni au cinéma « moderne »), mais il n’a pas de descendant ni d’héritier direct ! Inclassable, il l’est parce qu’il faisait à chaque coup un film différent du précédent, même si l’on retrouve, au gré de son parcours, des thèmes récurrents et des préoccupations constantes. Mais auteur, il ne l’était pas du tout dans la perspective de ses collègues de la Nouvelle Vague : rien d’autobiographique dans son cinéma, ni, plus surprenant, de scénarios dont il serait l’auteur (il a toujours préféré solliciter les écrivains ou les auteurs dramatiques). Et pourtant, indéniablement, on reconnaît immédiatement un film de Resnais… Comme toujours après un décès, c’est-à-dire après le point final d’une œuvre, on relira celle-ci avec un regard rétrospectif qui permettra peut-être d’en discerner de mieux en mieux les grandes articulations et les subtili- a c t u a l de Nils Tavernier (France-Belgique, 2013) avec Jacques Gamblin, Alexandra Lamy, Fabien Héraud… Paul Amblard est un mécanicien sur les remontées mécaniques et les téléphériques de haute montagne. Pour cet ancien champion de triathlon, sa mise au chômage est vécue comme une terrible déchéance. D’autant plus qu’à domicile, il est confronté au handicap - qu’il n’a jamais vraiment accepté - de Julien, son fils de presque 18 ans, plein de charme, de fougue et de désirs, mais condamné se déplacer en chaise roulante. Voyant son père partir à la dérive, Julien réussit non sans peine à le persuader de participer ensemble à l’ « Ironman » de Nice, un triathlon particulièrement difficile. On l’aura compris, les immenses efforts de préparation, les limites à repousser souderont définitivement la famille et rendront leur dignité au fils comme au père. Sujet délicat que Nils Tavernier traite avec finesse et justesse dans la première partie du film (scènes à l’école des handicapés, conflits familiaux, passage difficile à l’âge adulte…), même si l’on ne peut pas ne pas penser à « Intouchable ». Malheureusement la deuxième partie (surtout la course, interminable et sans vrai suspense) lorgne trop du côté de « Rocky » et du film de « rédemption » à l’américaine. Dommage. Serge Lachat i t é 11 c i n é m a nyon, visions du réel Année “anniversaire 20/45“ exceptionnelle Célébration d'un double anniversaire, 45 ans d'existence, 20 sous le nom internationalement connu de Visions du Réel. Entretien avec Luciano Barisone, son directeur. Le public du festival n'a cessé d'augmenter depuis 2011, et pour ce double anniversaire vous réservez des surprises au public et aux professionnels, dans l'accueil d'abord... 12 Ce double anniversaire est l'occasion de donner de nouvelles impulsions au festival. Il y a désormais 6 espaces de projections avec le nouvel espace de La Colombière. Par ailleurs, tout le Village du Réel a été réaménagé, avec des containers sur 2 étages, soit 200 mètres carrés, avec des terrasses, pour se retrouver par tous les «The Optimists» temps. L'ambiance unique du festival permet les rencontres et le networking. Les publics se mélangent, aussi pendant les soirées, avec une petite fête d'ouverture, un concert à la Salle communale, une soirée RTS, la soirée officielle d'anniversaire du 29 en présence de Ruth Dreifuss, membre du comité d'honneur et ancienne présidente de la Confédération, et une fête de clôture en collaboration avec Paléo festival. Et encore, parmi d'autres, la projection de courts métrages sur les murs du château. Vous offrez une nouvelle section, Grand Angle, le prix Maître du Réel, les e Sesterces Il fallait ouvrir le festival également à un public moins familier du documentaire. Avec Grand Angle nous avons en préouverture, The Optimists, l'épopée d'une équipe de volleyball de femmes d'un certain âge - la doyenne a 90 ans en recherche d'une équipe adverse pour disputer un vrai match... La soirée d'ouverture accueille une comédie, Love and Engineering, un informaticien bulgare présente à ses collègues son système infaillible pour séduire les femmes... Signe des temps ? Plusieurs films traitent de l'amour cette année. Samedi soir ce sera la première en Suisse de 20'000 Days on Earth, autour de Nick Cave, dimanche As the Palaces burn avec du hard rock. Toujours dans le domaine de la musique, avec The Punk Singer jeudi. Mercredi un mélo sur fond hollywoodien, Farewell to Hollywood, une jeune fille souffrant d'une maladie incurable aimerait faire du cinéma. Vendredi The Creator of the Jungle, l'incroyable histoire d'un Catalan, génie de l'architecture qui a détruit et reconstruit 3 fois une vraie ville en bois. Pour la première fois, le festival décerne le prix Maître du Réel. Être un cinéaste du réel signifie s’engager à fond dans la représentation artistique de la réalité (humaine, sociale, politique), tout en ayant comme but idéal de contribuer à améliorer cette même réalité. Le prix ira cette première année au Suisse Richard Dindo, l’un des plus célèbres réalisateurs de documentaires de Suisse et d’Europe. n t r e Son œuvre - 34 films - a déjà fait l'objet de nombreuses rétrospectives. On se souvient peut-être de Arthur Rimbaud, une biographie (1991), Ernesto « Che » Guevara, le journal de Bolivie (1994). Dindo est une figure unique et indépendante dans le panorama du cinéma contemporain ; il sait parler à l’intelligence du spectateur avec une vision à la fois originale et sensible de la réalité. La masterclass que donnera le cinéaste est une belle occasion de revisiter son approche. Nyon renoue avec son passé romain en décernant ses nouveaux trophées, les sesterces, œuvres de l'artiste Bernard Bavaud, Le sesterce d'or sera pour les meilleurs longs, moyens et courts métrages, celui d'argent pour les meilleurs films (Suisse, Regards neufs, Prix du public). Et les cadeaux d'anniversaire Traces du futur... Nous avons sélectionné 150 réalisateurs, leur demandant de nous envoyer, en cadeau d'anniversaire, un film de maximum 3 minutes sur une trace du futur qu'ils détectent dans leur réalité quotidienne. Ces films seront projetés avant les séances, et aussi sur les murs du Château. On retrouve comme chaque année la compétition des longs, moyens et courts, les Ateliers et le Focus Vous verrez énormément de films remarquables dans les compétitions. Les ateliers nous permettent de découvrir les questionnements de l'Américain Ross McElwee, qui enregistre depuis 35 ans sa vie et celle de ses proches dans la Caroline du Nord d'aujourd'hui. Pierre-Yves Vandeweerd quant à lui, oscille entre l'ici et l'ailleurs, le proche et le plus lointain, sa famille en Belgique, et les habitants de territoires africains qu'il connaît de l'intérieur. Son dernier film, Les tourmentes, est en compétition. Depuis de nombreuses années le Focus, à l'interface et le marché, a donné une grande visibilité à la Suisse. Dans les festivals, les partenaires nous recherchent, ils connaissant l'importance de Nyon pour les projets futurs. Le Focus est dédié cette année à la Tunisie, un pays en transition qui, depuis plusieurs années, avec des réalisateurs et producteurs brillants et engagés, offre une production prometteuse. Nous découvrirons 16 de leurs films. Gageons que ce festival, l'un des plus importants au monde, fera à nouveau le plein de spectateurs enthousiastes et suscitera des projets lumineux pour les années à venir. Catherine Graf Festival Visions du Réel, du 25 avril au 3 mai, Nyon. Pour un suivi du festival dès le 27 avril, « http://catherineavucatherineecrit.blogspot.fr/ » t i e n c i n é m a grands festivals internationaux. Au total, une dizaine de films récents seront projetés – en première suisse, européenne et même internationale – dans le cadre de cette section non compétitive. nyon, visions du réel Double anniversaire 2014 marque un double anniversaire : la 20ème édition de Visions du Réel et les 45 ans d'existence du Festival international de cinéma de Nyon. L’occasion d’introduire quelques innovations. Richard Dindo sera à l’honneur de cette édition qui se déroulera du 25 avril au 3 mai 2014. Unique festival du cinéma documentaire en Suisse, Visions du Réel jouit d’une renommée internationale. Il est l’un des plus importants festivals dans le domaine du documentaire de création. Fondé en 1969 sous le nom de « Festival international de cinéma documentaire de Nyon », le Festival est rebaptisé « Visions du Réel » en 1995 lors de sa reprise en main par Jean Perret. Il réunit chaque printemps à Nyon, pendant plus d’une semaine, un large public de cinéphiles et de professionnels de la branche (près de 30'000 personnes). Pour répondre à l’augmentation croissante du public, le Festival comptera cette année une nouvelle salle de projection d’une capacité de 160 places à la salle de la Colombière, à 3 minutes du Village du Réel. Prix Maître du Réel à Richard Dindo « Fêter un double anniversaire est l’occasion de donner de nouvelles impulsions au Festival; le lancement du Prix Maître du Réel en est l’exemple », souligne Luciano Barisone, Directeur du Festival. Ce prix, attribué à un cinéaste du réel de renommée mondiale, est décerné cette année au grand réalisateur suisse Richard Dindo qui aura 70 ans cette année. Cinq de ses films documentaires (sur la vingtaine que compte sa filmographie) seront projetés. En parallèle, il donnera une leçon de cinéma ouverte au grand public le 30 avril. Le Sesterce d’or Prix Maître du Réel – récompensant l’ensemble de sa carrière – lui sera attribué le 29 avril 2014, dans le cadre de la soirée d’anniversaire officielle du Festival. En prolongement du Festival, signalons que La Cinémathèque suisse organise une rétrospective Richard Dindo dans le courant du mois de mai. Par ailleurs, les Ateliers, moment traditionnellement fort de VdR, seront consacrés à l’Américain Ross Mc Elwee et au Belge Pierre-Yves Vandeweerd. Cartes postales Des cinéastes – sélectionnés à Visions du Réel lors des vingt éditions précédentes – marqueront l’anniversaire du Festival avec la réalisation de courts métrages d’une durée d’environ 3 minutes – des “cartes postales” comme les appelle Luciano Barisone – qui seront diffusés avant les séances de projection des films longs métrages et projetés en soirée sur les murs du Château de la ville de Nyon. Grand Angle : best of des festivals du monde a c t u a l Retour aux sources pour les Grands Prix du Festival: les meilleurs longs, moyens et courts métrages recevront désormais le Sesterce d’or et le Sesterce d’argent, dénominations déjà utilisées dans le passé par le Festival, rappelant les origines romaines de Nyon. Focus sur la Tunisie La Tunisie sera au centre du FOCUS organisé pour la quatrième année consécutive par Visions du Réel et son Marché du film avec le soutien de la Direction du développement et de la coopération DDC. L’objectif visé: explorer la production de films documentaires du pays et stimuler la collaboration internationale dans les domaines de la co-production et de la distribution. Le Festival a sélectionné 5 projets de films documentaires de création en provenance de la Tunisie, le projet le plus prometteur recevant le Prix visions sud est, doté d’un montant de 10'000.- francs. Une soirée officielle d’anniversaire, au Théâtre de Marens le 29 avril 2014, sera organisée sous le haut patronage de Ruth Dreifuss, Ancienne Présidente de la Confédération et actuelle membre du comité d’honneur du Festival, soirée suivie d’une fête à laquelle tous les festivaliers sont conviés. Christian Bernard Cette nouvelle section Grand Angle offrira l’opportunité de découvrir des films documentaires de cinéastes renommés, à l’affiche d'autres Richard Dindo «Ernesto « Che » Guevara, le journal de Bolivie». Suisse, France // 1994 // 94’ Le Sesterce : nouveau trophée pour les Grands Prix Le programme complet du Festival sera annoncé le 7 avril 2014. Rens http: www.visionsdureel.ch Richard Dindo «Genêt à Chatila». Suisse, France // 1999 // 99’ i t é 13 c i n é m a Les films du mois WATERMARKS Trois lettres de Chine de Luc Schaedler en collaboration avec Markus Schiesser (Suisse, 2013) 14 Sélectionné en 2013 à Locarno (Semaine de la critique), ce film est une nouvelle preuve de la vitalité et de la qualité du cinéma documentaire d’Outre-Sarine. En 2011 Luc Schaedler a voyagé plusieurs mois en en Chine, pays où il se rend régulièrement depuis plus de 20 ans, en compagnie de Markus Schiesser, un sinologue vivant en Chine depuis 12 ans, marié à une Chinoise et parlant couramment la langue. Il en résulte ce reportage, prenant l’eau comme fil conducteur, sur les bouleversements passés et présents affectant la société chinoise. Les trois lettres du titre sont expédiées successivement d’une région du Nord de la Chine frappée de sécheresse où le paysan sans avenir n’a que la perspective de travailler dans les mines de charbon à ciel ouvert ; d’une région apparemment idyllique du Sud humide de la Chine, celle des rizières, séjour de nombreux lettrés, mais où les familles des propriétaires ont vu passer la déferlante des Gardes Rouges ; de la mégapole de Chongqing, enfin, au bord du Yangtse, dont les eaux polluées font de la pêche, activité traditionnelle, une activité à haut risque. Nous avons immédiatement le sentiment d’être avec les gens, dans leur environnement, partageant leur vie qu’ils évoquent face à la caméra ou en voix off. Cette proximité, pour ne pas dire cette intimité partagée, est manifestement le résultat de la confiance accordée à cet intervieweur parlant Chinois et parfaitement au fait de la patience requise pour la gagner. Elle est également due à la qualité des cadrages et à l’extrême attention portée aux détails de l’envi- a ronnement quotidien, y compris sonores. La première lettre nous en apprend beaucoup sur les relations de famille dans ce milieu rural hostile où il faut amener l’eau par camion pour faire boire les quelques moutons survivants. Faut-il rester ou partir ? Les enfants n’ont pas d’avenir autre que d’être travailleurs migrants, autrement dit pas d’autre choix qu’entre le Charybde de la sécheresse et le Scylla des mines de charbon. Pourtant le fils ne rêve que de rester là avec ses parents pour s’occuper d’eux et parce qu’il y est heureux, alors que la belle fille à laquelle il est heureusement marié depuis 10 ans, rêve d’un appartement dans la ville minière où ils ont dû migrer, malgré les salaires de misère, la pollution et la séparation d’avec leur enfant. Comme elle le dit, elle choisit un rêve réaliste pour ajouter aussitôt « je n’ai pas de rêve ». Dès ce premier volet, comme dans les suivants, on est frappé par la simplicité et la douceur des « personnages », leur faculté d’acceptation mais en toute lucidité. Ces mêmes qualités se retrouvent, dans la 2ème lettre intitulée Un passé inassimilé, chez ce descendant d’une ancienne famille de lettrés qui possédait la totalité des maisons vieilles de 300 ans du village, toujours là mais taguées à l’effigie de Mao. Il faut l’entendre évoquer le passage de la Révolution Culturelle, synonyme pour les siens de dépossession, d’autodafés, de morts. Comme il faut entendre l’actuel responsable du village, les réhabilitations de l’ère Den Xiaoping étant intervenues entre temps, valoriser le maintien des traditions tels les enterrements, pour dépasser les haines et ressouder la société. Le 3e lettre intitulée Un avenir chancelant nous transporte à la lisière d’une mégapole au bord du Yangtse. Ici aussi, quel avenir pour ce couple de pêcheurs victimes de la pollution du fleuve ? Portrait étonnant de leur fille, marginale de 19 ans vivant seule en ville, qui s’habille et se rêve en garçon. Lorsque la mère raconte comment ils ont adopté ce bébé abandonné (en payant une amende…) et que leur fille s’interroge sur le pourquoi de cet abandon (« estce parce que j’étais l’enfant d’un couple illégitime, ou alors une fille, ou parce que mes parents étaient trop pauvres ? »), on admire ce qui apparaît être la réussite de ce reportage plus instructif que bien des fictions : l’inscription des destins individuels dans les réalités socio-économiques de la Chine d’hier et d’aujourd’hui (ou l’inverse). Christian Bernard «Watermarks» © Xenix films c t u a l i t é c i n é m a « ZZ ». La farce policière s’accom- ThE MONUMENTS MEN pagne donc d’un de George Clooney, avec George Clooney, Matt double-fond poli- Damon, Bill Murray… (USA, 2013) tique. Voilà un film à l’affiche prometteuse: Mais attention, George Clooney, Matt Damon, Bill Murray, John l’univers de Wes Goodman, Jean Dujardin, Cate Blanchett. Anderson reste rarement une distribution d’un tel Pourtant ludique et enfantin. niveau n’aura paru aussi sous-utilisée. Il faut dire On se croirait dans qu’on a affaire ici, malgré un sujet apparemment une aventure de neuf au cinéma, exception faite du film de Tintin et le côté carFrankenheimer Le Train, à un film de guerre holtoonesque imprèlywoodien de plus, reprenant sans le moindre gne tout le film : «The Grand Budapest Hotel» avec Igor (Schlase), Zero (Revolori), Madame D. (Swinton), M. Gustave (Fiennes) © Twentieth Century Fox Film Corp. risque la formule et les poncifs du genre. maquettes, décors Les « Monuments Men » étaient dans la peints, univers ThE GRAND BUDAPEST rose-bonbon… Et bien sûr aussi personnages réalité un groupe d’approximativement 345 homhOTEL extrêmement « simples » avec les bons et les mes et femmes de 13 nations, formant la de Wes Anderson, avec Ralph Fiennes, Tilda méchants, même si le dialogue, à l’écouter atten- Monument, Fine Arts, and Archives section de Swinton, Jeff Goldblum, Adrien Brody, Willem tivement, laisse passer quelques allusions à déco- l’US Army dont la mission était la protection Dafoe,… der. Mais le rythme effréné du récit laisse fort puis, à la fin de la guerre, la localisation et la peu de temps pour décoder ces allusions ou les récupération des biens culturels volés par les Merveille d’histoires emboîtées, le film de références artistiques (Gustave substitue au Nazis. Beaucoup d’entre eux étaient dans le civil Wes Anderson réussit le tour de force de ne tableau de la Renaissance une œuvre d’Egon responsables de musées, historiens de l’art, archi(presque) jamais perdre son spectateur dans les Schiele que Dmitri détruit dès qu’il la voit!). tectes etc. Pour les besoins de son film, Clooney différents temps et dans les différents lieux évoA propos de références, on a fait remarquer choisit de suivre six d’entre eux dans ce qui se qués. Mais c’est dire aussi qu’il est quasiment que le film s’inspire d’un texte de Stefan Zweig, révèle rapidement un parcours ultra balisé en impossible de faire un résumé de ce film. Disons, que le film dégage un parfum lubitschien ou cha- terre connue : Maison-Blanche, Normandie, pour faire simple, qu’en ouverture un écrivain plinien. C’est vrai, mais en même temps la portée Paris, Ardennes, Remagen, Château de nous affirme que l’inspiration compte bien moins n’est pas la même : en décrivant un monde qui Neuschwanstein, pour finir dans une mine de sel dans la création artistique qu’une oreille attentive s’effondre et la montée du nazisme, Chaplin, près d’un lac autrichien où Hitler avait fait cacher aux propos des gens. Surtout lorsque Monsieur Lubitsch et Zweig sont des « lanceurs d’alerte » ce qu’il destinait au futur plus grand musée Mustapha, le propriétaire du « Grand Budapest visionnaires. En affublant son personnage du d’Europe, « son » musée, à Linz la ville où il Hotel » propose de raconter comment, de simple méchant d’attributs SS (adoucis en ZZ !), Wes avait grandi. groom, il est devenu concierge, puis propriétaire Anderson ne fait que revenir sur un itinéraire Ce commando aurait-il eu pour mission de du lieu. Mais pour cela, il doit raconter l’histoire balisé, un peu comme Spielberg dans Indiana faire sauter un pont plutôt que de sauver des de Monsieur Gustave, mythique concierge de l’é- Jones et la dernière Croisade. chefs-d’œuvre de la peinture européenne, que tablissement au début des années 30. Sans cesse Mais peut-être ne faut-il pas trop demander l’histoire aurait été racontée de la même manière. à l’écoute de ses clients qu’il cherche à satisfaire à un cinéaste fidèle avant tout à son univers, Rien ne manque à l’appel de formes usées jusau mieux, Monsieur Gustave incarne l’idéal du d’ailleurs revigorant dans son refus de tout natu- qu’à la corde : multiples saynètes pour rendre les concierge. Jusqu’à prodiguer des « attentions » à ralisme. Peut-être ses clientes les plus âgées, dont la richissime aris- faut-il déguster ses tocrate Madame D. films comme les A la mort soudaine de celle-ci, il se décou- confiseries de vre héritier d’un tableau de la Renaissance que la Mendel’s dans ce famille de la défunte, Dmitri D en tête, n’entend film, en apprécier lui laisser sous aucun prétexte. A partir de là l’humour et s’amuser s’engage une folle course poursuite dans les à reconnaître (ce n’est alpes enneigées de la Zubrowka, pays imaginaire pas évident vu la qu’on peut situer à l’extrême est de l’Autriche. vitesse du récit) la Aidé de son groom, le tout jeune Zero pléiade d’acteurs célèMoustapha, que Monsieur Gustave initie au bres qui défilent, parmétier de concierge et à bien d’autres choses fois pour quelques encore, l’heureux héritier réussit à cacher le secondes seulement, fameux tableau et à échapper à ses poursuivants sous nos yeux. «The Monuments Men» © Warner Bros-20th Century Fox Serge Lachat qui se révèlent aussi membres influents du parti a c t u a l i t é 15 c i n é m a 16 personnages proches ; relance de l’intérêt par la poursuite de l’objet toujours manquant, en l’occurrence une Vierge à l’enfant dont Clooney fait son affaire personnelle ; suspense final lorsqu’il s’agit de vider la mine de ses trésors alors que les Russes arrivent… sans oublier la reprise des clichés les plus éculés (Anglais flegmatiques, Français plutôt désagréables mais alliés quand même, (et puis Paris, le vin, l’amour !), les Américains héroïques et victorieux). Le problème est que tout cela donne un sentiment de déjàvu, et en moins bien. Car rien ne fonctionne vraiment dans ce film appliqué et languissant, surtout pas les scènes destinées à nous convaincre de la noblesse du combat mené ou à nous faire réfléchir sur le nœud « moral » formulé par Roosevelt et repris en canon : une œuvre d’art vaut-elle le sacrifice d’une vie humaine ? Dommage car on aurait aimé en apprendre davantage sur ce qui est advenu des œuvres volées par les Nazis. En s’en tenant à laisser entendre que les Russes gardaient tout, que les Français ont tout récupéré, et que les Américains ont restitué à leurs propriétaires cinq millions d’objets volés, The Monuments Men donne surtout le sentiment que le film sur le sujet est encore à faire. Christian Bernard WEEK-ENDS d’Anne Villacèque (France, 2013) avec Karin Viard. Noémie Lvovsky, Jacques Gamblin… A l’ouverture du film, une scène montre qu’un rien peut faire fondre le vernis social : un imbroglio pour une place de parking révèle que la charmante Christine (Karin Viard) cache un pitbull ! Christine que l‘on retrouve ensuite dans une magnifique demeure de la campagne normande où elle passe ses week-ends depuis belle lurette avec Jean (Jacques Gamblin), son mari et leurs enfants. Dans la maison d’en-face, un couple d’amis, Sylvette (Noémie Lvovsky) et Ulrich (Ulrich Tukur) et leurs enfants. Les deux filles aînées ont le même prénom. Un monde de paix et de confort dans une Normandie au climat difficile, mais à la beauté confondante. La tendresse a remplacé la passion, mais les deux couples semblent devoir vieillir ensemble. Sauf que Jean quitte sa famille pour refaire sa vie ailleurs. A partir de là, tout se déglingue; Christine se sent trahie et n’a qu’une idée : pourrir la vie de Jean. Et le bel équilibre amical se met lui aussi à boiter : comment se comporter devant le couple détruit ? qui faut-il « soutenir » ? comment intégrer la nouvelle amie a «Week-Ends» © Agora films de Jean lorsqu’il vient passer le week-end avec elle ? comment ne pas avoir peur, pour Sylvette, de vivre semblable trahison… Le film, sans être un monument d’originalité, offre quelques notations psychologiques fines (la difficulté pour la « nouvelle » à trouver ses marques dans l’univers des amis) et dessine assez bien un univers « bobo » qui, derrière son apparente décontraction, cache bien des peurs et bien des mystères, et derrière son apparente générosité beaucoup d’égoïsme et de cruauté. Le cinéma d’Anne Villacèque sent l’influence de Truffaut, mais on le souhaiterait parfois plus inquiétant, plus proche de Chabrol… Serge Lachat AIMER, BOIRE ET ChANTER d’Alain Resnais (France, 2014) avec Sabine Azéma, André Dussolier, Hippolyte Girardot, Sandrine Kiberlain, Michel Vuillermoz… Pour son dernier film (cette fois on en est sûr, malheureusement), Alain Resnais nous entraîne, adaptant Life of Riley de son vieux complice Alan Ayckbourn, dans le Yorkshire pour un de ces chassés-croisés qu’il prisait tant. Enfin, dans le Yorkshire ou n’importe où, puisque seuls quelques plans de campagnes et de routes sinueuses renvoient à un réel anglais, le reste se déroulant sur des scènes de théâtre, devant des décors en cartons et des toiles peintes, et avec des dessins de Blutch pour marquer les changements de lieux. Théâtralité renforcée encore par des cartons qui indiquent la progression du temps et des saisons vers l’inéluctable. Car c’est bien de mort qu’il est encore une c t u a fois question ! Comme un pendant moins sombre et moins funèbre que Vous n’avez encore rien vu (2012), le film nous donne à voir une danse macabre sur fond de mort annoncée. En effet, au début du film se répand la nouvelle qui devait rester secrète (secret médical oblige) de la mort dans les six mois d’un certain Georges que nous ne verrons jamais dans le film (à l’instar du vieillard acariâtre et injurieux joué par Claude Rich dans Cœurs (2006), mais n’entendrons pas non plus. Simplement, l’annonce de sa mort imminente va déclencher une série de réactions dans trois couples de ses amis, 6 personnages qui se croisent déjà pour les répétitions d’une pièce de théâtre et qui n’auront de cesse de vouloir embellir la fin de vie de George. En fait, l’annonce du prochain décès de George, un vrai séducteur comme le révèlent les dialogues, va surtout déclencher chez les personnages féminins, qui ont par ailleurs déjà eu une liaison (ou un mariage) avec lui, un irrépressible désir de « s’occuper » de lui. Désir renforcé par l’intégration de Georges dans le casting de la pièce répétée où il semble exceller ! Les 3 femmes vont donc être entraînées dans une rêverie amoureuse (George semble leur avoir promis à toutes 15 jours de vacances à Ténérife !) qui fait le désespoir des maris ou amant en place. Comédie vaudevillesque qui amuse au contraire les spectateurs qui retrouvent le Resnais qui se moque gentiment de ses personnages toujours prêts à se raconter des histoires (dans tous les sens de l’expression) et à confondre leurs rêves et la réalité ! Et qui les fait « surjouer », renforçant ainsi la théâtralité déjà soulignée par le décor. Jusque et y compris dans la cérémonie funèbre ! l i t é c i n é m a Quant à la petite taupe (artificielle elle aussi !) qui sort à quelques reprises la tête de son trou pour regarder les humains s’agiter, même si le cinéaste dit qu’ « il ne faut en aucun cas y voir quelque symbole ou message que ce soit », je ne peux m’empêcher d’y reconnaître le regard « d’en-bas » d’un Resnais mi-amusé mi-détaché… Mais que dire de l’image en noir-et-blanc d’un crâne ailé qui ferme le film ? Serge Lachat DERNIèRE VALSE Impossible de ne pas ressentir Aimer, Boire et Chanter comme le film avec lequel Alain Resnais prend congé de nous tous (même si l’on sait qu’il travaillait jusqu’à tout récemment à un nouveau film). Lecture influencée par sa récente disparition ? En partie seulement, tant il est manifeste que ce George n’ayant que quelques mois à vivre, invisible mais vivant, marionnettiste autour de qui tout s’organise, est un double de lui-même délibérément choisi par Resnais. Comme il a choisi de clore le film sur l’enterrement silencieux de George dont on est prêt à parier qu’il n’est pas dans la pièce d’Alan Ayckbourn. Et comment ne pas voir l’aspect réflexif de la dernière image du film, celle d’une tête de mort ailée déposée sur le cercueil (des ailes qui disent sans doute cette façon bien à lui de dire légèrement des choses graves, notamment à propos du couple…)? Comment ne pas voir que le mot FIN s’éloigne en point de fuite et qu’avec le triomphant Sachons aimer, boire et chanter, chanson qui éclate sur le générique de fin, Resnais nous offre son dernier mot en forme de mot d’ordre hédoniste. Bel adieu! Le titre du film Aimer, Boire et Chanter est celui d'une valse de Strauss Fils associée au castelet habité par George, mais c’est aussi celui de la chanson écrite par Boyer (sur une musique de Strauss Fils) que l’on entend sur le générique de fin: en un raccourci malicieux, Resnais nous donne un ultime exemple de l'éclectisme de ses goûts musicaux entre grande musique (ce que sont à n’en pas douter les valses de Strauss) et chanson populaire. On sait que les musiques des films de Resnais ont toujours témoigné de son immense culture, allant, par exemple, des partitions relevant du sérialisme écrites pour Muriel ou L’Amour à mort par Werner Henze à la chanson de variété (On connaît la chanson). Elles témoignent surtout, là encore, de sa grande liberté dans les fonctions qu’il leur assigne: ells servent tour à tour de ponctuation, de mise à distance, de support d’un discours. Ainsi la partition de Hans Eisler pour Nuit et brouillard, jamais redondante ni illustrative, est un manifeste en faveur de l’écart et du contrepoint significatif (les fameux pizzicati sur les images des défilés SS ou la discrète transposition du Deutschland über Alles sur les images des déportés) sans s’interdire l’émotion (le grand thème lyrique de la fin). Nuit et brouillard ne serait pas ce qu’il est sans la partition de Hans Eisler, mais c’est bien le sens proprement musical avec lequel Resnais monte images et musique qui en fait le chef-d’œuvre qu’il est. Cela vaut aussi bien sûr pour On connaît la chanson, chef-d’œuvre de montage réalisant la performance d’intégrer 36 extraits de chansons des années 30 à nos jours dans un continuum fluide. Et cela vaut pour Aimer, Boire et Chanter. «Aimer, boire et chanter» avec Hippolyte Girardot, Sabine Azéma © Filmcoopi a c t u a l i Regarder et écouter ce dernier film, c’est avoir la preuve éclatante qu’Alain Resnais sera resté jusqu’à la fin le grand monteur qu'il a toujours été. Christian Bernard JE TE SURVIVRAI de Sylvestre Sbille Joe est un agent immobilier sans scrupules. Le but de sa vie est de construire un terrain de golfe sur son immense domaine. Le seul obstacle à ce projet est le petit cabanon dans lequel vit sa voisine dont l'âge est déjà bien avancé, qui forme une enclave dans sa propriété. Rien ne peut convaincre la vieille dame de quitter les lieux. Résolu à faire partir celle-ci coûte que coûte, Joe descend un dimanche matin dans le puits qui alimente en eau la cabane de sa voisine, dans le but d'endommager le système de canalisation. Quand il essaie de remonter, un des cordages de l'échelle se casse et Joe tombe au fond du puits. La seule personne qui lui permettrait d'en sortir est précisément sa voisine, qu'il déteste et qui le lui rend bien. Celle-ci refuse d'abord de l'aider, puis, au fil des jours, une certaine complicité se noue entre ces deux êtres que tout oppose à première vue. A la fin du film, la vielle femme aide Joe à sortir du puits et celui-ci, qui s'est rendu compte que l'argent n'est pas tout dans la vie, devient un gentil voisin. La question que je me suis posée en sortant de la séance de projection est la suivante : qui, aujourd'hui, peut et veut bien encore croire à ce genre de gentilles fables où tout finit bien, où le méchant se rend compte que ce qu'il fait est mal, etc., etc. ? En ces temps d'infortunes économiques et politiques, il est difficile de se projeter dans le monde faussement naïf que nous offre le film de Sylvestre Sbille et de croire à sa résolution morale qu'on sentait venir dès le premier plan. Je te survirai n'a rien à nous apprendre, ni sur le monde, ni sur le cinéma. La seule question que pose ce film est celle de son destinataire : à qui s'adresse-t-il donc ? Sylvestre Sbille supposet-il que ses spectateurs seront plongés dans un profond sommeil qui les empêchera de se rendre compte de l'irritable fausseté de son film et de l'idéologie qu'il veut nous assener, à savoir que tout va bien dans le meilleur des mondes ? Ce que beaucoup de critiques, dont André Bazin et Serge Daney sont les champions, ont demandé au cinéma, c'est d'enrichir notre vision de la réalité. Sylvestre Sbille devrait y songer : cela éviterait à son film de connaître le même destin que son personnage et de toucher le fond du trou. Emilien Gür t é 17 c i n é m a DANS L’OMBRE DE MARY DIPLOMATIE UN WEEK-EN A PARIS de Volker Schloendorff, avec André Dussolier, de Roger Michell (G-B, 2013), sénario d’Hanif (SAVING MR. BANKS) 18 de John Lee Hancock (USA, 2013), avec Tom Hanks, Emma Thompson, Paul Giamatti… P.L. Travers, l’auteure anglaise de Mary Poppins, vieillissante et désabusée, se débat dans des difficultés financières de plus en plus menaçantes. Seule solution : accepter de vendre enfin ses droits à Walt Disney qui rêve depuis une éternité de porter ce livre à l’écran. Elle finit donc par céder et par s’envoler pour la Californie où Disney lui prépare un accueil qu’il croit royal. Mais c’est sans compter avec les préjugés culturels de l’Anglaise qui va se battre pied à pied et rendre la vie impossible aux scénaristes et aux compositeurs de la partie musicale. En effet, elle refuse absolument de voir son livre devenir une comédie musicale, de même qu’elle refuse qu’y soient glissés quelques passages en dessin animé. Le film se fera-t-il ? Comme tout le monde sait que Disney a fait de Mary Poppins un triomphe, il n’y a pas vraiment de suspense. Aussi l’intérêt de Saving Mr. Banks, au-delà de la découverte de l’auteure anglaise, réside dans le portrait avantageux de Disney en amoureux fou du cinéma et en homme intelligent plutôt qu’en simple ogre financier. De quoi faire tomber quelques préjugés, à moins que Tom Hanks réussisse à nous faire prendre les vessies pour des lanternes… Nils Arestrup Adaptation d’une pièce à succès de Cyril Gely, ce film est bien du « théâtre filmé » (on est dans un quasi huis-clos), mais le sujet est si fort et les comédiens si exceptionnels et si finement saisis par la caméra de Schloendorff qu’on oublie cette dimension théâtrale. Les troupes de Leclerc sont aux portes de Paris, et les troupes américaines pas loin derrière. Le général von Choltitz sait que la bataille est perdue, mais avant de se retirer avec le reste de ses hommes, il se prépare à détruire la ville sur les ordres d’Hitler. Arrive le consul de Suède Nordling qui veut le persuader de renoncer à ce geste. Au gré d’un dialogue d’une subtilité exceptionnelle, nous voyons von Choltitz fléchir, puis se raidir dans sa posture d’officier allemand obéissant (il est le dernier d’une lignée de militaires), réfuter les arguments de Nordling pendant que celui-ci met au point une stratégie argumentative qui joue sur la raison, les sentiments, le regard futur de l’Histoire,… Au-delà de son sujet historique et des professions de foi philosophiques, Schloendorff montre, appuyé sur deux comédiens au sommet de leur art, que la diplomatie est bien une façon de poursuivre la guerre avec d’autres moyens que les armes. Kreishi, avec Jim Broadbent, Lindsay Duncan, Jeff Goldblum… Nick et Meg, un couple britannique sexagénaire, est à Paris pour fêter ses trente ans de mariage. Occasion de faire le point et de mesurer ce qui les attend maintenant que les enfants ont quitté la maison parentale. Mais avant le tête-à-tête amoureux, Nick avoue qu’il vient de se faire virer de son université où il enseignait la littérature pour une remarque jugée blessante à l’égard d’une étudiante. Meg ayant pris une retraite anticipée, voilà qui annonce de futures difficultés financières. Ils décident néanmoins de redécouvrir les plaisirs culinaires de Paris et de voir si leur amour a résisté au temps. Avec brio, Kureishi (on se rappelle sa collaboration avec Frears pour My Beautiful Laundrette et Sammy and Rosie get laid) montre ce vieux couple encore amoureux malgré le vieillissement, l’usure des habitudes, les blessures mal refermées, les frustrations, le sentiment d’avoir raté leur vie (renforcé au milieu du film par la rencontre d’un ancien étudiant de Nick devenu écrivain à succès)… Comme souvent dans le cinéma anglais, les dialogues sonnent vrai dans la bouche de comédiens exceptionnels et révèlent les êtres dans toute leur complexité. Les sorties DVD sonnage qu’est le meurtrier (Leo McKern) pour ne pas être découvert, à refuser in fine sa condamnation dès lors qu’elle reposera sur une manipulation des apparences. Un grand film sur la fragilité des preuves, proche de L’Invraisemblable vérité de Fritz Lang réalisé une année auparavant. ET ENCORE TEMPS SANS PITIE (TIME WIThOUT PITY ) DVD de Joseph Losey (G.B., 1957) La seconde moitié des années 50 a vu la réalisation de films importants dénonçant la peine de mort. L’angle d’attaque le plus fréquent était l’erreur judiciaire condamnant à une peine irréversible un innocent. Immense succès à l’époque de I Want to Live de Robert Wise avec Suzan Hayward dans le rôle d’une prostituée exécutée pour un meurtre qu’elle n’avait pas commis. Dès lors, l’exécution de “vrais” coupables pouvait paraître implicitement justifiée. Plus radical, Losey dans Temps sans pitié dénonce la peine de mort en toute circonstance. En racontant les 24 heures dont dispose un père ancien alcoolique (Michael Redgrave) pour prouver l’innocence de son fils avant sa pendaison pour le meurtre de sa petite amie, Losey donne un tour de vis dialectique supplémentaire : il amène le spectateur, pourtant témoin des manœuvres du sinistre per- a Serge Lachat NEBRASKA BLU-RAY + DVD + COPIE NUMERIQUE d’Alexander Payne (USA, 2013) Voir critique p. 9j80 DALLAS BUYERS CLUB GEANT (GIANT) BLU-RAY BLU-RAY + DVD de George Stevens (USA, 1957) de Jean-Marc Vallée (USA, 2013) Voir SM de mars 2014, p. 12 Troisième et dernier film de James Dean, sorti un an après sa mort, devenu culte. En 3h21, racontant l’histoire d’une famille sur plus de vingt-cinq ans, George Stevens livre un grand film critique et pessimiste sur les changements socio-économiques affectant le Texas des années 50, entre ranch et pétrole. Un éclairage sans concession sur le rêve américain, la course à la réussite, les conflits de classes et de générations, sans oublier le racisme ou la différence de sexe, thèmes encore peu traités à l’époque. Avec Elizabeth Taylor, Rock Hudson, Carrol Baker… GRAVITY 3D BLU-RAY + DVD + COPIE NUMERIQUE d’Alfonso Cuaron (USA, 2013) Voir SM de déc.2013-janv. 2014 p.13 LA VIE D'ADELE (ChAPITRE 1 ET 2) DVD ou BLU-RAY d’Abdellatif Kechiche (France, 2012) Voir SM de novembre 2013, p.15-16 Christian Bernard c t u a l i t é c i n é m a ciné-club universitaire, cycle « Pierre Clémenti, la liberté à tout prix » Du 7 avril au 23 juin, le ciné-club universitaire de Genève met à l'honneur Pierre Clémenti, acteur et réalisateur qui s'illustra entre autres chez Bertolucci, Pasolini et Buñuel. Rencontre avec Marco Sabbatini, organisateur du cycle, et Ana Luisa Castillo, membre du comité de programmation du ciné-club. L'idée du cycle organisé par Marco Sabbatini est de rendre hommage à Pierre Clémenti sous toutes ses facettes, y compris celle de réalisateur, dont les films « underground » commencent tout juste à être redécouverts. Mais qui est Pierre Clémenti ? Si ce nom est aujourd'hui moins connu que celui de Jean-Pierre Léaud ou d'Alain Delon, acteurs issus de la même génération auxquels Pierre Clémenti a parfois été comparé, celui-ci demeure un acteur mythique des années 60, une véritable icône dont « le visage à lui seul résume une époque », comme l'affirme Marco Sabbatini. « C'est un acteur qui crève l'écran ! Sa présence énigmatique et magnétique s'est révélée très subversive. » Pourquoi donc l'aura de ce nom s'est-elle amoindrie au fil des ans ? « C'est un acteur qui n'a jamais vraiment pensé en terme de carrière. Il choisissait les films dans lesquels il jouait pour ce qu'ils pouvaient lui apporter dans ses propres recherches intellectuelles, même s'il a joué dans quelques films alimentaires. » Ainsi, il s'est toujours refusé aux rôles de jeunes premiers auxquels sa beauté extraordinaire semblait le destiner. Son injuste emprisonnement à Rome au début des années 70 a également bouleversé sa carrière. Le 24 juillet 1971, l'acteur, accusé de détenir des stupéfiants, est arrêté par les carabiniers italiens et condamné à deux ans de prison, avant d'être relâché après 18 mois d'incarcération, faute de preuves. « Pierre Clémenti a vécu cette expérience comme un traumatisme. Alors qu'il était déjà fragile avant cet épisode, son e n t r incarcération l'a encore plus affaibli. Cela se ressent dans son parcours d'acteur, dans lequel, après cet événement, on n'arrive plus vraiment à saisir de ligne claire. » « Ce qui est essentiel chez lui, c'est qu'il a vécu comme il a pensé. Il a Clémenti à l'Europe, Benjamin ou les mémoires d'un puceau de Michel Deville, très belle comédie érotique dans laquelle Pierre Clémenti apparaît aux côtés de Michel Piccoli, Michèle Morgan et Catherine Deneuve, Partner de Bertolucci, le film le plus expérimental de son réalisateur dans lequel Pierre Clémenti a le rôle (doublement) principal, Porcherie de Pasolini, dans lequel l'acteur apparaît plus énigmatique que jamais, Les cannibales de Liliana Cavani, Le pont du Nord de Jacques Rivette, La cicatrice intérieure de Philippe Garrel, film mythique à la pureté incroyable, et Wheel of Ashes de Peter Emanuel Goldman, sublime tableau de Paris en 1968, une rareté projeté pour la première fois en Suisse. Les trois dernières séances seront consacrées aux réalisations de Pierre Clémenti, qui procèdent pour la plupart d'une démarche autobiographique et révèlent le monde intérieur qu'abrite l'énigmatique visage de Pierre Clémenti. « Ses films anticipent l'art vidéo. Il filmait son entourage avec une caméra qu'il avait acquise. Le montage était une opération primordiale, qui pouvait parfois s'étaler sur plus de dix ans. Il est d'ailleurs d'une complexité hallucinante, et reflète tout à fait la force de vie de Pierre Clémenti. » Son fils, Balthazar Clémenti, sera présent lors de la dernière séance du cycle, le 23 juin. Pierre Clémenti vécu jusqu'au bout son envie d'être libre », déclare Ana Luisa Castillo. Il faut donc absolument redécouvrir Pierre Clémenti, cet acteur qui fut aussi réalisateur, poète, peintre et musicien et qui voulut réconcilier l'art et la vie, sans jamais se laisser étiqueter ! Propos recueillis par Emilien Gür Cycle « Pierre Clémenti, la liberté à tout prix », du 7 avril au 23 juin. Tous les lundi à 20h à l'Auditorium Arditi Plus d'informations sur le site des activités culturelles de l'université de Genève : http://a-c.ch/ A découvrir Le programme du cycle s'annonce de haute tenue. Ce sera l'occasion de visionner Belle de jour de Buñuel, le film qui a révélé Pierre e t i e n 19 c i n é m a Kiarostami, dont le petit gamin misogyne et phallocrate est peut-être devenu entretemps un mari doux et amoureux : c’est en tout cas à souhaiter. avril à la Cinémathèque suisse Marin Karmitz et MK2 20 Le centre de gravité de la programmation d’avril est l’hommage à Marin Karmitz, créateur des sociétés MK2 Production (110 films depuis 1967) et MK2 Diffusion (dont on fête justement les 40 ans et dont le catalogue comprend 300 titres selon IMDb, Le Voyage dans la Lune (1902) de Georges Méliès étant le plus ancien). A l’instar d’un éditeur de livres prestigieux, Karmitz s’est en effet attaché entre autres à rendre accessibles des œuvres qui ont marqué l’histoire du cinéma, depuis certains muets de Chaplin à Dies Irae (1943) de Dreyer. Très souvent, il a produit des films qu’il distribue ensuite dans ses propres salles ou en DVD, reproduisant ainsi la chaîne de production verticale qui avait été le gage de succès de Hollywood. Il permet ainsi l’éclosion d’œuvres de cinéastes exigeants, fussent-ils étrangers (Yilmaz Güney, Ruy Guerra, Lucian Pintilie, Vitaly Kanevsky) ou français. Les dix-sept films choisis par la Cinémathèque essaient de refléter la grande diversité du catalogue MK2. À commencer par un documentaire de Karmitz lui-même, Coup pour Coup (1971), où des ouvrières du textile, lasses des brimades et du surmenage, séquestrent leur patron. Un petit regard en arrière sur les conditions du travail en usine peu après mai 68. Le Mur (1983) est un cri de colère de Yilmaz Güney contre les sévices subis par les enfants dans les prisons turques. Equivalent de The Beggar’s Opera de John Gay, Opera do Malandro (Ruy Guerra, 1986) narre les amours contrariées d’un gangster et de la fille d’un patron de cabaret dans le Rio de la Seconde Guerre mondiale. Taxi Blues (Pavel Lounguine, 1990), tourné à Moscou peu avant la fin de l’Union Soviétique, plonge dans les bas-fonds moscovites (où alcoolisme, marché noir et débauche révèlent un délabrement de mœurs symptomatique du déclin de la société communiste) pour nous raconter l’amitié trompée d’un chauffeur de taxi solitaire pour un saxophoniste sur la voie du succès. Lucian Pintilie adapte en 1991 le roman Balanta / Le Chêne de Ion Baiescu avec un tantinet de lourdeur didactique : en route pour trouver une place aux cendres de son père, colonel de la Securitate, Nela se heurte aux mille et une mésaventures d’un pays ravagé par l’ordre et la répression selon Ceausescu. Mon Oncle d’Amérique (1980) de feu Alain Resnais éclaire le comportement de trois personnages à la lumière des expériences faites sur les rats par Henri Laborit, dans le but de délimiter ce qui pourrait découler de pulsions inconscientes. I Want to go Home (1989) sur la réception des comics en France est un autre film rare de Resnais, qui était un passionné de BD. Scénarisé par Jules Feiffer (le dialogue intérieur est inséré dans l’image sous forme de bulles dessinées par lui), le film est un savoureux portrait des intellectuels parisiens qui se piquent de culture populaire. D’autres cinéastes qui sont (sur)représentés par deux films sont Claude Chabrol, Krzysztof Kieslowski et Abbas Kiarostami, avec des œuvres bien connues. Karmitz sera présent le 3 avril à la projection de Ten (2002) de Un hommage tout au plus. Pourquoi ces films-là plutôt que d’autres ? D’abord on se dit qu’ils ont certainement une valeur iconique, comme Raiders of the Lost Ark (S. Spielberg, 1981) avec le chapeau d’Indiana Jones. Mais de quel chapeau se souvient-on dans C’era una volta il West (Sergio Leone, 1968) ? Puis on se rend vite compte que bien des titres ont été montrés par la Cinémathèque, il n’y a pas si longtemps. Les programmateurs se reposent un peu sur leurs lauriers ! A quand donc: « Chemises et cinéma », « Cafignons et 7e Art » ou « Lingerie et Négligés » (pour les séances de minuit) ? histoire Permanente du cinéma : 1964 (suite) Le thriller politique Seven Days in May de John Frankenheimer sur un coup d’Etat militaire contre le président des Etats-Unis passe régulièrement sur TCM, tout comme Man’s Favorite Sport, la comédie désopilante de Howard Hawks sur la supériorité éclatante des femmes. Mais les deux films de l’Est méritent d’être redécouverts par les nouvelles générations. L’Âge des Illusions est le premier long métrage d’Istvan Szabo: il évoque les rêves d’indépendance et les pérégrinations amoureuses d’un jeune ingénieur de télévision, en porte à faux avec la rigueur du carcan communiste. La Passagère d’Andrzej Munk traite de la culpabilité d’une ancienne kapo d’Auschwitz dont la mémoire ruse par une sélectivité lacunaire. Tourné sur les lieux mêmes d’Auschwitz-Birkenau et achevé par Witold Lesiewicz, Munk étant décédé en plein tournage dans un accident de voiture. Raymond Scholer Rock Hudson dans «Mans’Favorite Sport» «La Passagère» d'Andrzej Munk a Chapeaux et cinéma, une rétrospective c t u a l i t é c i n é m a découvrant leur commune humanité par delà les différences de langues, d’accents, de destins. Qu’ils se découvrent plus forts d’être ensemble, après tout ce qu’ils ont vécu, c’est une utopie réalisée. entretien Julie Bertucelli Qels sont vos projets ? Révélée au grand public en 2002 par Depuis qu’Otar est parti (César de la meilleure première œuvre et Grand Prix de la Semaine de la Critique à Cannes), la réalisatrice du très beau La Cour de Babel récemment sorti (voir Scènes Magazine, mars 2014) répond à nos questions. Une fiction sur ma famille, et aussi un documentaire. Mais je m’occupe activement de la défense des droits d’auteur dans l’audio-visuel depuis que j’ai été élue à la tête de la Société civile des auteurs multimédia (Scam) l’été dernier. En ce moment je fais la promotion de La Cour de Babel qui sort dans 12 salles à Paris, ce qui est plutôt exceptionnel pour un documentaire. Le soutien médiatique est là, les enfants seront à la télévision. On verra si le film tient ou s’effondre. Mais ce qui me tient le plus à cœur est qu’il passe dans les circuits scolaires pour trouver son public naturel, et qui représente l’avenir. Propos recueillis par Christian Bernard Jean-Louis Bertuccelli «La Cour de Babel» © Agora films L’effet de réel puissant du film, le naturel évident des élèves, conduisent à s’interroger sur les conditions du tournage. La Cour de Babel a impliqué un tournage au long cours. Quand on vient deux fois par semaine en moyenne sur une année, comme je l’ai fait, on parvient à se fondre dans la vie de la classe. J’étais là pour certains moments particuliers comme le départ d’une élève mais je n’ai jamais rien provoqué et j’ai sans doute manqué de grands moments. J’ai dû tourner une centaine d’heures. Il y avait 25 élèves dans la classe, comment en êtes-vous venue à distinguer certains d’entre eux, à les constituer en personnages à part entière ? Tous les enfants ont été filmés, mais certains, une dizaine, sont davantage suivis parce qu’ils changent plus visiblement au contact du groupe, à un âge où l’on peut beaucoup changer en une année. Mais il faut bien sûr construire une dramaturgie, une tension, et ça se fait au montage, travail considérable pour ramener plus de cent heures d’images à une heure trente. Il est rapidement devenu évident que les élèves devaient toujours être présents. Je n’ai rien gardé des conseils de classe par exemple, car je ne voulais pas de discours extérieur sur eux. e n t r Les élèves ne sont pas les seuls personnages du film Bien sûr, les parents, les accompagnants, les tuteurs, sont aussi des personnages, sans oublier la prof qui est le personnage central même si on la voit peu et plutôt à la fin. Elle est une pédagogue extraordinaire, incroyablement encourageante. Ainsi le film réalisé par les élèves est exigeant et ils ont de quoi être fiers du résultat. Une telle activité sera sans doute pour eux inoubliable. Comment en êtes-vous venue à vouloir faire ce film ? Le thème de l’exil, du deuil est déjà présent dans mes précédents films. J’ai toujours été sensible à la richesse humaine des exilés. Il faut entendre certaines phrases définitives des élèves, d’une incroyable maturité acquise à travers les épreuves surmontées. Il faut constater aussi leur volonté de s’intégrer. Je crois à la richesse d’une société ouverte aux identités multiples. J’ai moi-même des origines italienne, belge et russe et ce n’est pas un hasard si j’ai été l’assistante d’Otar Iosseliani, Krzysztof Kieślowski ou Ritty Panh, réalisateurs venus en France et qui m’ont fait connaître leurs pays. Alors oui, je ne pouvais pas ne pas vouloir filmer cette classe d’élèves venus de tous les continents et e t i e Le lendemain du jour où Julie Bertucelli nous accordait cette interview, on apprenait le décés brutal de son père, le 5 mars au soir, à Paris, à l’âge de 71 ans. Formé d’abord comme ingénieur du son, il réalise en 1969 son premier long-métrage, Remparts d’argile qui obtient le prix Jean-Vigo en 1970. Dans ce beau film tourné dans le sud de l’Algérie, contemplatif, presque sans dialogue, rythmé de chants berbères, Bertucelli se place du côté des révoltés, ouvriers exploités mais aussi de Rima, jeune femme solidaire de leur combat. Les années 70 verront ses plus grandes réussites : Paulina 1880, film en costumes adapté du roman de Pierre-Jean Jouve avec Maximilian Schell, Michel Bouquet, Sami Frey, On s'est trompé d'histoire d'amour, coécrit et interprété par Coline Serreau, et son plus grand succès public, Docteur Françoise Gailland, avec Annie Girardot, François Perrier, JeanPierre Cassel et Isabelle Huppert. Le cœur résolument à gauche, il s’attaque violemment aux multinationales (déjà) dans L’Imprécateur, adapté d’un roman de René Victor Pilhes, prix Femina en 1974, au casting somptueux: Jean Yanne, Michel Piccoli, Jean-Pierre Marielle, Jean-Claude Brialy, Michael Lonsdale, Marlène Jobert, Christine Pascal… Par la suite sa carrière se tournera davantage vers la télévision. Christian Bernard n 21 t h é â r e tres, le généreux déçu par son fils, le taciturne meurtri par la guerre d'Algérie, l'ex-beau parti qui se souvient de l'avoir été... et Martin, jeune homme inquiet - muni pour tout bagage d’un vague coffret et des quelques derniers mots d’une mère qui cachait de lourds secrets… - que la piste du père inconnu mène jusqu'à ces vieillards, en tournée Invisibles Sur le plateau, cinq têtes blanchies, cinq hommes ‘rescapés’ des Trente Glorieuses, immigrés chibanis1 jamais rentrés au pays. Forcés de rester en France pour avoir le droit de toucher leur retraite, ils se souviennent, ils vivent en communauté de destin, ils parlent, ils content la vie sur les chantiers, la vie sans les femmes, leur vie en rien donnée. Ni donnée à voir, ni donnée à entendre, ni même simplement considérée… 22 t Nasser Djemaï, dont le père a quitté l’Algérie dans les années soixante, met en mouvement et en mots l’histoire de ces travailleurs invisibles, venus accomplir une seule et unique mission: travailler pour faire vivre une famille qu’ils ne verront que de sept en quatorze. Abdelmalek Sayad, le défunt compagnon d’enquêtes de Bourdieu, avait le premier mis en exergue ces présences transitoires : « Le séjour qu’on autorise à l’immigré est entièrement assujetti au travail, seule raison d’être qu’on lui reconnaisse ». Travailleurs, renchérit Nasser Djemaï, qui ont vécu une double tragédie, une ‘double absence’ comme disait encore Sayad : plus attendus nulle part, ils sont les apatrides de leur propre vie, elle-même devenue continent à géographies variables, car faite d’allers et retours impromptus et parfois improbables. « La première fois que mon père est venu en France, son obsession était de payer une maison à son père… Je suis né en France, j'ai un frère et une sœur nés au pays ; ma mère me racontait que ma grande sœur, à force de pleurer, commençait à perdre la vue. » Porté essentiellement par cinq formidables acteurs, le spectacle tourne autour de cinq personnages : le sage qui gère les papiers pour les au- Chœur antique Souvent assis à la table en Formica pour une partie de dominos sans enjeu véritable sauf celui de tuer le temps point par point, ou alignés face public sur des chaises comme des fruits façon nature morte, ils parlent, se confient, et d’un coup, c’est un un chœur antique qui martèle et déclame. Une voix de l’intérieur, de l’intime surgit. Et émeut durablement. La mise en scène simple et précise est dépouillée, à l'image de ces oubliés de l'Histoire. Les dialogues dans une langue qui mêle l’arabe au français - authentique poésie spontanée du quotidien - sont souvent teintés d'humour, même s’ils évoquent l'absence douloureuse de liens familiaux, l’atroce solitude (« Si tu veux vivre, il faut oublier la famille »), l'indépendance ‘en question’ de l'Algérie voire la lente disparition d’un autre monde possible (« La santé, les papiers, la mosquée, c'est tout ce qu'il reste ») dans un jour-après-jour qui se répète inlassablement, infatigablement. Et qui vieillit comme les hommes de cette histoire. Nourrie des témoignages que Nasser Djemaï a recueillis dans les maisons de travailleurs et les cafés sociaux, aux portes des mosquées ou dans les foyers Sonacotra de piètre réputation, la pièce oscille entre théâtre documentaire et politique, mais très finement. Car Invisibles fait surtout œuvre conservatoire, œuvre de mémoire au sens moins galvaudé, moins habituel, et peut à la faveur de ce ‘sens’ nouveau, être vue par les trois générations dites issues de l'immigration.... et bien entendu aussi par ceux qui ne sont pas les descendants de cette histoire. Car, comme le dit Djemaï : « Ce n'est pas qu'une histoire de Chibanis. Invisibles est une histoire universelle qui raconte la quête du fils à la recherche de son père, évoque les travailleurs de l'ombre, l'Histoire de la France, traite de la question de la vieillesse et de la pauvreté… » Histoire, en dernière analyse, d’une recherche sur soi, sur les autres, sur un passé qui n’en finit pas de se dépasser. Et de nous dépasser. Rosine Schautz 1 Chibani signifie en arabe maghrébin « vieux, vieillard, vieil homme » ou « cheveux blancs ». Ces termes désignent les travailleurs immigrés, généralement maghrébins, mais également originaires d'Afrique sub-saharienne, devenus retraités immigrés. Ils sont également parfois appelés vieux migrants ou immigrés âgés. Ayant fait l'objet d'un statut particulier, les Chibanis se trouvent souvent, au moment de leur retraite, lésés par rapport aux personnes de nationalité française ayant exercé le même emploi. On estime entre 800 000 et 850 000 les personnes relevant de ce « statut de précarité » avéré, dont 350 000 ont plus de soixante-cinq ans. Tournée : Invisibles de et m.e.s. Nasser Djemaï - Salle CO2 – La Tour-de-Trême, 5 avril 2014 - Théâtre Benno Besson – Yverdon-les-Bains, 8 avril 2014 - Théâtre de Vevey –11 avril 2014 «Invisibles» © Philippe Delacroix a c t u a l i t é t h é â t r e Remettez le boîtier et retournez la montre : c’est une pièce de Feydeau vue de la salle – les heures passent, naturelles, rapides, exquises… » disait son ami Sacha Guitry. théâtre du loup La puce à l’oreille Le ‘boîtier’ renversé ? Vu le succès rencontré lors de la création du spectacle en 2012, L’Autre Compagnie reprend sa Puce à l’oreille au Loup. Un vaudeville haut en couleurs à ne pas manquer ! Feydeau : une vie, un genre renouvelé Georges Feydeau, fils présumé de l’écrivain Ernest Feydeau et de Léocadie Boguslawa Zalewska ou, selon les dires de cette dernière, ‘quelques jours’ dans un palace tout proche de la Gare Saint-Lazare, le Grand Hôtel Terminus. Ce lieu devint finalement son domicile pour… une dizaine d’années ! On apprendra en effet que Chandebise, bourgeois notable du boulevard Malesherbes, a des problèmes de puissance et que pour y remédier, il porte des bretelles spéciales ( !) qu’il n’ose montrer à sa femme… Deuxième rebondissement: Chandebise a un parfait sosie, le valet Poche. La ressemblance entre les deux sera ainsi le principal ressort comique de la pièce. De nombreux quiproquos1 s’ensuivent pour le plus grand bonheur du spectateur qui sait d’entrée de jeu qu’il s’agit de deux personnages distincts, et qui par là-même a toujours une avance de compréhension par rapport aux personnages figurés sur scène. «La Puce à l’oreille» Photo Emmanuelle Bayart fils de Napoléon III ou encore du duc de Morny - mater semper certast ! - puisait son inspiration dans sa vie nocturne dissipée qui le menait invariablement chez Maxim’s. Là, en compagnie de quelques amis de hasard, il jouait à des jeux d’argent, prenait de la cocaïne, trompait son épouse avec des femmes et des hommes et… écrivait. En 1909, après une violente dispute avec sa femme qui avait pris un amant (égalitarisme quand tu nous tiens !), il quitta incontinent le domicile conjugal et, prétextant les encombres inhérents à un déménagement, s’installa pour a c t u C’est précisément à la suite de cette séparation qui se mua en divorce que Feydeau revivifia le genre du vaudeville. Il creusa les caractères des personnages de ses comédies de mœurs, et peignit avec panache la médiocrité des existences bourgeoises, petites-bourgeoises diraiton peut-être aujourd’hui, existences qu’il sut sans relâche tourner en ridicule, mais jamais en ricanement. « Faites sauter le boîtier d’une montre et penchez-vous sur ses organes : roues dentelées, petits ressorts et propulseurs… C’est une pièce de Feydeau qu’on observe de la coulisse. a l Raymonde Chandebise, horriblement jalouse de nature, croit que son mari VictorEmmanuel, directeur de la Boston Life Company, la trompe. C’est son inactivité sexuelle qui lui a mis « la puce à l’oreille ». Elle a l’idée alors de lui adresser une fausse lettre pour l’inviter à l’Hôtel du Grand Minet, à Montretout (nom qui en dit long), où toute une série de rendez-vous galants et de traquenards laissent plusieurs couples dans de beaux bras et de sales draps. Raymonde croit pouvoir confondre son mari en lui brandissant sous le nez des bretelles oubliées au fameux hôtel et livrées le matin même par la poste. Premier malentendu ! i t Comédie d’équivoques à consommer sans modération tant il est bon de rire en se découvrant si ‘beaux’ en ces miroirs… Rosine Schautz Théâtre du Loup. La Puce à l’oreille Georges Feydeau Mise en scène Julien George 1er au 20 avril 2014 1 De quid pro quo, litt. ‘une chose à la place d’une autre’. CQFD ! é 23 t h é â t r e naïve de son jeune maître, éternel adolescent. Avec l’aide de mon équipe j’ai conçu l’espace comme une machine à jouer, une sorte d’arène avec des portes. La durée de la représentation sera plus courte, une heure de moins que celle de Molière, soit une heure trente. casino-théâtre, genève L’Étourdi La Cie Marin et Confiture, la Cie qui étale la culture ont collaboré à cette adaptation aussi décoiffante que virtuose de L’Étourdi de Molière, sa première farce, en vers et en cinq actes. Très peu connue, cette pièce puise au répertoire de la commedia dell’arte et présente une intrigue de structure classique que l’on retrouvera plus tard dans les Fourberies de Scapin. Elle offre surtout un rôle de choix à Philippe Cohen qui interprète Mascarille, le valet ingénieux et inventif, fourbum imperator comme il s’auto-proclame. Vous avez pensé au Menteur de Goldoni en montant la pièce ? Il est vrai que le Menteur et Mascarille inventent – ou s’inventent – des mondes, qu’ils jouent sur le secret. Mascarille menace d’abandonner après chaque échec du stratagème mis en place mais ce qu’il aime, c’est imaginer et être maître du jeu. Il reproche à plusieurs reprises à son Entretien avec François Marin, le metteur en scène de cette création au théâtre de Valère qui se jouera sur la scène du Casino Théâtre de Genève du 1er au 13 avril 2014. 24 Après des mises en scène de textes d’auteurs contemporains, vous vous confrontez cette fois à une pièce de Molière à la fois classique et très peu connue. Qu’est-ce qui vous a séduit dans ce texte ? Quand Philippe Cohen – que je connais depuis trente ans et qui avait vu ma mise en scène du Menteur de Goldoni à Kléber-Méleau - m’a proposé de mettre en scène L’Étourdi, j’ai commencé par lire attentivement la pièce qui m’a fasciné par l’ingéniosité et l’obstination du personnage central face à la naïveté gaffeuse du fils de famille dont il sert les intérêts amoureux. La pièce présente également l’attrait de la nouveauté en ce sens qu’étant méconnue, elle conserve sa fraîcheur, contrairement aux grandes pièces classiques dont on a toujours en tête les mises en scène précédentes, ce qui peut être inhibant. Sur les treize stratagèmes imaginés par Mascarille, j’ai donc suggéré à Philippe Cohen que nous en retenions onze. Il fallait ensuite rendre accessible au public la complexité et la recherche de la langue du 17e siècle afin de rendre l’intrigue limpide. C’est ce qu’a fait avec brio Philippe Cohen. On se souvient de son Toubib à l’insu de son plein gré, adaptation brillante du Malade imaginaire, les deux versions se succédant. Cette fois, les scènes seront jouées en français contemporain ou sous-titrées, grâce à la présence de deux traducteurs. C’est donc à la fois et simultanément un travail de réécriture, de traduction, d’adaptation pédagogique. Nous sommes constamment sur plusieurs niveaux : la présentation de l’objectif (rendre la pièce compréhensible), le jeu lui-même, les e «L’Étourdi» avec Julien Opoix (L'étourdi) et Philippe Cohen (Mascarille) interruptions des traducteurs (par exemple pour remplacer courroux par colère, etc.). Faire rire n’est jamais tâche aisée. Comment avez-vous conçu la mise en scène ? Pour amuser, il faut une grande exigence dans le travail et L’Étourdi adapté par Cohen est particulièrement difficile à jouer car il y a différents niveaux de langage et des mises en abîme. En effet, le texte original se double d’une fable sur l’administration rêvée ou fantasmée qui déborde sur l’artistique. Les difficultés administratives sur scène font écho à celles rencontrées par la compagnie Confiture, en déficit de reconnaissance officielle bien que plébiscitée par le public. Les traducteurs y jouent plusieurs rôles. C’est donc complexe et ce doit être enlevé, léger, pétillant, à l’image de Mascarille, personnage brillant et jamais découragé, qui rebondit après chaque échec provoqué par la balourdise n t r e maître son imaginative, voulant garder la main sur les stratagèmes et vise plus l’échafaudage du mensonge que sa réussite. En somme, il veut briller avant de servir les amours de son maître. Vos projets pour la suite… ? La saison 2014-2015 sera très chargée, entre reprises et création. La Cie Marin, qui existe depuis quinze ans, se porte bien. D’après les propos recueillis par Laurence Tièche « L’Étourdi (en traduction simultanée) » au Casino Théâtre dans le cadre de l’abonnement Confiture, du 1er au 13 avril 2014. Réservation 022/793.54.45 ou [email protected] t i e n Théâtre de Carouge « La double inconstance » de Marivaux - mise en scène de Philippe Mentha Jusqu’au 6 avril 2014 ( location 022/343.43.43 - [email protected] ) t h é â t r e qu’il contient intrinsèquement et pas forcément de lui appliquer MES propres visions ou interprétations et MA propre sensibilité. Et il faut dire une chose très importante aussi : le théâtre est un art collectif. Je me suis occupée de la mise en scène mais tous les artistes ont vraiment beaucoup apporté au spectacle, ils enrichissent grandement mes décisions de par leurs expériences. la comédie de genève Yvonne, Princesse de Bourgogne Yvonne, Princesse de Bourgogne, qui s’est joué du 27 février au 8 mars à la Grange de Dorigny, arrive en territoire genevois à La Comédie du 8 au 11 avril sous la direction de Geneviève Guhl, avant de prendre son envol pour Sion puis Fully. 26 Witold Gombrowicz, auteur polonais du début du siècle dernier, écrit en 1938 Yvonne, Princesse de Bourgogne, une farce qui se veut parodie des héros shakespeariens. La pièce qui ne se jouera pour la première fois qu’en 1957 à Varsovie, conte les mésaventures du prince Philippe qui décide d’épouser Yvonne, fille de basse naissance, pour la seule raison qu’elle ne lui inspire rien, si ce n’est le dégoût le plus profond. Cette acte de révolte immature, le prince voulant se libérer des attentes que la société et la royauté lui impose, ne sera pas sans conséquences pour la vie de cour. Entre complot et coup de sang, la présence d’Yvonne et son apathie sans issue fera plus que donner un grand coup dans la fourmilière : le chaos généré par ce mariage grotesque fera office de boîte de Pandore qui ne laissera rien ni personne indemne au sein du château. Entretien. Pourquoi avoir choisi ce texte ? G.G. : Initialement je voulais faire la Princesse au Petit Pois, et de fil en aiguille je suis tombée sur cette celle-ci, tout à fait atypique. Ce n’est pas que je tenais absolument à faire une histoire de princesse, mais dès la lecture de la pièce j’ai été très intéressée à la mettre en scène. J’ai d’emblée eu un pressenti positif par rapport à ce qui se trouvait dans ce texte, son potentiel. Avant de commencer le processus de mise en scène d’une pièce, c’est tout un parcours qui se met en branle et, guidé par son ressenti, des choses se révèlent au fur et à mesure que le travail avance, car il est évident qu’au départ j’étais loin de connaître la pièce dans ses moindres recoins ! Les intuitions, les sensations qu’elle m’évoquait à la première lecture se sont confirmées depuis. J’ai été attirée par l’étrangeté de la pièce, qui est à la conjonction de beaucoup de mondes et d’univers, et le fait qu’elle ne paie pas de mine, avec sa trame assez simple mais e Yvonne, Princesse de Bourgogne, fable philosophique sur l’esthétisme et le caractère prédéfini de la place sociale des acteurs. Est-ce qu’une de ces dimensions vous a plus intéressée que l’autre ? qui se révèle très complexe et poétique. C’est cette dualité qui m’a beaucoup plu chez Yvonne,… Le thème principal de la pièce est celui de la révolte immature, de l’impulsivité propre à la jeunesse. Avez-vous ressenti une résonance particulière avec votre travail ? J’ai découvert ce thème en commençant à travailler sur Gombrowicz, en effet c’est un sujet récurrent de son œuvre, un matériel très intéressant sur lequel travailler, surtout d’après la vision qu’en avait l’auteur. Il la revendiquait comme une valeur et non comme une tare, ce qui est une démarche intéressante pour son époque comme pour la nôtre. Selon lui, l’immaturité est une denrée souple, qui ne s’est pas encore vu rigidifiée par le passage de l’enfance à l’âge adulte. Ainsi, il la considère comme une fraîcheur et comme un trait de caractère à part entière, non pas comme un manque de maturité. Il passe outre le caractère purement négatif de la définition de l’immaturité, « un manque de maturité » pour en faire quelque chose d’entier et de singulier. Pour moi cela à fait écho. Comment avez-vous abordé le texte afin de le mettre en scène ? Avez-vous apportez un plus à la pièce à travers votre sensibilité artistique ? Je me suis focalisée sur la traduction de Constantin Jelenski et Geneviève Serreau, plus ancienne, plutôt que sur celle d’Yves Beaunesne, qui m’intéressait moins car elle avait l’air de signifier que l’ancienne était désuète. Or elle n’est aucunement désuète, la langue est très belle et me parlait beaucoup plus que celle de Beaunesne. Faire une œuvre tient au fait de créer une mise en scène qui soit intéressante évidemment, mais j’ai toujours le souci de révéler un texte et ce n t r e L’esthétisme est une façade intéressante que j’ai développée. Gombrowicz parle beaucoup de « l’anarchie de la forme » dans son œuvre. Il compare l’esthétisme à quelque chose de protéiforme, et donc très éloigné de l’usage qu’on en fait actuellement, qui voudrait que l’on tende à ressembler à une seule forme de cet esthétisme prédéfini par l’époque. La forme étant une des grandes préoccupations de l’auteur, je me suis beaucoup attardée sur cet aspect dans ma mise en scène, notamment à travers les costumes. Le social et le philosophique se recoupent selon moi. Ainsi Yvonne,… est une dénonciation sociale sous forme philosophique, à travers cette problématique de l’esthétisme et des carcans de beauté, et poétique d’un problème social. Mais le philosophique est une manière de parler plus de l’humain que du social. A mon avis, Gombrowicz se voyait plus comme un philosophe, un humaniste qu’un engagé politique. C’est la vision que j’ai choisie de poursuivre dans mon spectacle. Propos recueillis par Romeo Cini Yvonne, Princesse de Bourgogne de Geneviève Guhl, d’après le texte de Witold Gombrowicz - Du 8 au 11 avril. La Comédie de Genève, relâche lun, mar-ven 20h, mer-jeu-sam 19h, dim 17h (loc. : 022/320.50.01 / [email protected]) - le 2 mai 2014 au Théâtre de Valère Sion - les 9-10 mai 2014 à la Belle Usine Fully page ci-contre : «Yvonne, Princesse de Bourgogne» photos © Isabelle Meister t i e n « Yvonne, Princesse de Bourgogne » de Gombrowicz - mise en scène de Geneviève Guhl o p é r salle provisoire pour le grand théâtre Nouvel air lyrique à Genève Le Grand Théâtre de Genève doit fermer, pour travaux, de juillet 2015 à août 2017. Une salle de remplacement s’imposait donc, pour pouvoir accueillir deux saisons de la maison lyrique genevoise. C’est chose faite et contrat signé ce 4 mars dernier, à Paris en présence de la presse, à la Comédie-Française. Car c’est du Théâtre éphémère de la Comédie-Française qu’il s’agit. 28 Cette présentation parisienne a été faite par les soins de Muriel MayetteHoltz, administratrice de la Comédie-Française, Tobias Richter, directeur du Grand Théâtre, Lorella Bertani, présidente de la Fondation du Grand Théâtre, Rémy Pagani, conseiller de la Ville de Genève, et Daniela Liengme, architecte chargée du projet. Résumons ce projet. La Comédie-Française avait fait bâtir, sous la colonnade qui donne accès aux jardins du Palais-Royal, derrière le bâtiment de son historique théâtre, un Théâtre éphémère destiné à recevoir ses spectacles pendant la fermeture (pour travaux également) de sa salle Richelieu durant toute l’année 2012. C’est ce théâtre, démonté et réaménagé, qui va voyager à Genève, pour devenir durant deux saisons la salle de spectacles lyriques de la ville. Un théâtre en bois Le Théâtre éphémère est un théâtre entièrement construit en bois. Son acoustique, adaptée au théâtre parlé, se révèle tout autant judicieuse pour la voix chantée comme pour les instruments. C’est entre autre, et entre autres choix et possibilités, ce qui a décidé Tobias Richter et son équipe à se porter acquéreurs du bâtiment. Il sera entièrement réinstallé à Genève, mais subira aussi quelques transformations : une fosse sera créée (bien évidemment), la capacité a a pas trop cher ”. Le budget prévu (6’800’000 francs suisses) est ainsi financé par les mécènes, dont le mécène principal et le plus important : le Cercle du Grand Théâtre. Le Bâtiment des Forces motrices restera quant à lui dans son activité, mais ses 940 places n’auraient pu accueillir un public suffisant, ni sa technique, des productions élaborées. Tobias Richter s’est plu aussi à évoquer quelques références : le Théâtre de Carouge, ou la Grange de Verbier, très proches dans leur aspect, ou alors, projet beaucoup plus ancien, le théâtre en bois envisagé à Genève du temps de Rousseau, et encouragé par lui. C’est Muriel Mayette-Holtz qui trouve ce joli mot : “ c’est un lieu de vie et de fête, Theatre ephemere © Christophe Raynaud de Lage / collection Comedie-Francaise sera portée de 750 places actuellement à 1200 places. Le cadre de scène sera élargi. Il est prévu également de mettre en place une climatisation (qui n’existe pas dans la salle actuelle du Grand Théâtre). Six mois de démontage du bâtiment, et un an de remontage, devraient mener à juillet 2015, et à son inauguration genevoise. L’ouverture au public interviendra en septembre 2015, pour le début de saison. Un théâtre porte-bonheur un théâtre qui a une âme, un théâtre porte-bonheur ”. Ce à quoi Richter ajoute : “ à nouvel espace, nouvel esprit et nouvelles créations ”. Emplacement ? Reste une question qui taraude, on imagine, tous les Genevois : où ce théâtre sera-t-il implanté ? Il semble, après plusieurs autres possibilités, que le choix soit entre la Place des Nations ou la Caserne des Vernets. Le tout proche avenir nous dira ce qu’il en est… L’origine de ce choix ne s’est toutefois pas fait en un jour. Comme le souligne Tobias Richter, il a fallu, après avoir envisagé plusieurs hypothèses, “ minimiser les pertes et les coûts, opter pour un lieu efficace et en même temps c t u a Pierre-René Serna l i t é IRRÉSISTIBLE DE FABRICE ROGER-LACAN MISE EN SCÈNE CLAUDE VUILLEMIN ÉQUIPE ARTISTIQUE FRANÇOIS NADIN MADELEINE PIGUET RAYKOV ÉLÉONORE CASSAIGNEAU DAVIDE CORNIL, CHARLOTTE FERNANDEZ PIETRO MUSILLO, KATRINE ZINGG PRODUCTION LE POCHE GENÈVE THÉÂTRE LE POCHE (Comédie sa rca sti q u e ) www.lepoche.ch / 022 310 37 59 / location Service culturel Migros 24 MARS > 13 AVRIL 2014 CRÉATION VISUELLE JEAN-MARC HUMM, LA FONDERIE / PHOTOGRAPHIE AUGUSTIN REBETEZ LE POCHE GENÈVE EST SUBVENTIONNÉ PAR LA VILLE DE GENÈVE (DÉPARTEMENT DE LA CULTURE) LA RÉPUBLIQUE ET CANTON DE GENÈVE. IL EST GÉRÉ PAR LA FONDATION D’ART DRAMATIQUE (FAD) PARTENAIRES MEDIAS : LEPROGRAMME.CH & NOUVELLES Madeleine Piguet Raykov, comédienne François Nadin, comédien o p é r a second tour des élections municipales, le 30 mars, permettra d’y voir plus clair… sur les scènes lyonnaises Chronique lyonnaise Steve V de Roland Auzet et Fabrice Melquiot Passons à l’encre fraîche, au Théâtre de la Renaissance (les 14, 15, 17 et 18 mars), à Oullins, et en collaboration avec l’Opéra de Lyon et avec le remarquable festival biennal Serge Dorny et l’Opéra de Lyon 30 L’Opéra de Lyon vit en ce moment au rythme, troublé, de son patron : à la tête de cette institution depuis 2003, Serge Dorny a, ces deux dernières années, tenté trois fois d’en partir. S’il ne fut pas retenu pour diriger l’Opéra national de Paris puis le Festival de Salzbourg, il l’emporta, en septembre 2013, au poste d’intendant du Semperoper à Dresde et commença aussitôt à y œuvrer. Ce théâtre, qui est un des plus anciens d’Allemagne, comprend, en son sein, un opéra, un ballet et un orchestre (la fameuse Staatskapelle de Dresde). Son intendant doit s’entendre avec son General-musikdirector, Christian Thielemann, tant les contrats de ces deux patrons ont de zones de recouvrement. Soudain, le 24 février dernier, dans un Le rappeur Oxmo Puccino © Mondino communiqué singulièrement dur, la ministre de la culture de Saxe annonça que le contrat de Serge Dorny était rompu. Comprendre les motifs de ce divorce n’est pas aisé : « Mésentente avec l’équipe artistique et administrative », à en croire la partie saxonne ; et « Si j’avais eu une claire connaissance de la nature et du périmètre des pouvoirs de chacun, j’aurais décliné la proposition », affirme Serge Dorny. Une certitude, ce dernier reprend ses fonctions lyonnaises, dont il avait pris soin de ne pas démissionner. Mais trois tentatives de sortie n’ont-elles pas trop manifesté, aux personnels de l’Opéra de Lyon et aux membres de son conseil d’administration, que leur patron leur avait déjà dit « au revoir » ? Assurément, l’après Fabrice Melquiot a c t u a Musiques en scène : la création de l’opéra Steve V (King Different). Prononcez « Steve five » tant le livret, écrit par le virtuose Fabrice Melquiot (l’actuel directeur du théâtre Am Stram Gram, à Genève), entrelace deux souverains inventifs : Henry V selon Shakespeare ; et Steve Jobs, le fondateur d’Apple. Le compositeur Roland Auzet y exalte ses deux singularités : des styles dissemblables, y compris le multimédia, l’électronique et le rap (avec le concours d’Oxmo Puccino) ; et, plus important, son « écriture du plateau » (soit : écrire directement le plateau et créer depuis/sur/avec le plateau). Une vivifiante source de frictions et de vie. Et, au-delà de Steve V, des regrets : parce que les élus locaux lui ont été chiches en moyens financiers et en confiance artistique, Roland Auzet ne poursuit pas sa passionnante mission dans ce Théâtre de la Renaissance où il a réalisé trois riches saisons vouées au théâtre musical. Frank Langlois l i t é o p é r a théâtre forum meyrin Le Crocodile trompeur Après avoir été créé au Théâtre des Bouffes du Nord à Paris en mars 2013, le spectacle le Crocodile trompeur revient. Il s’agit d’un arrangement d’après Didon et Énée de Purcell. Le “ Crocodile ” en question venant de mots du livret, allusion aux fameuses “ larmes ” du reptile. Didon et Énée se retrouve ainsi réécrit pour petite formation de jazz, ou apparenté, avec l’appoint de solistes vocaux ; acteurs-chanteurs, d’un bon niveau de choristes ou de solistes professionnels, dont Marion Sicre, pour cette troupe d’occasion. Cette référence hautement culturelle s’insère dans une sorte de pièce parlée, dont les tirades, inventées pour la circonstance, tiennent du délire improvisé. La mise en scène de Samuel Achache et Jeanne Candel s’accorde à cette tonalité, amusante parfois et surprenante souvent, avec un aspect bricolo parmi un amoncellement d’objets hétéroclites. Les amateurs de musique ou de théâtre peuvent se laisser surprendre, mais les grands enfants, que nous sommes tous, sont ravis. Pierre-René Serna «Le Crocodile trompeur» © Victor Tonelli Théâtre Forum Meyrin Les 29 et 30 avril : Le Crocodile trompeur - Didon et Énée d'henry Purcell, mix entre théâtre et musique, m.e.s. Samuel Achache & Jeanne Candel Location : 022/989.34.34 «Le Crocodile trompeur» © Victor Tonelli a c t u a l i t é 31 o p é r a milan hauts et bas à la Scala Lucia di Lammermoor sur la scène milanaise, c'est une longue histoire qu'il ne vaut guère la peine de rappeler, la nostalgie pouvant être mauvaise conseillère. 32 Mais si l'on a pu être tenté de consulter l'incontournable liste des grandes voix ayant interprété le trio composé de Lucia, Enrico et Edgardo à la Scala dans le passé, c'est que le choix de l'interprète du rôle-titre en ce mois de février 2014 incitait à s'interroger sur les « casts » offerts actuellement. Cela se justifiait d'autant plus que le prétexte habituellement invoqué par la direction actuelle était l'envie de proposer des mises en scènes novatrices et des choix de directeurs musicaux talentueux. Or, ni la production made in Metropolitan Opera de Mary Zimmerman – d'un classicisme tout à fait honorable par ailleurs, mais sans guère d'inventivité -, ni la direction musicale sans grand éclat de Pier Giorgio Morandi ne pouvaient prétendre de rester dans les mémoires. De manière assez amusante, tout mélomane ayant assisté aux reprises parisiennes de la spectaculaire et originale Lucia di Lammermoor conçue par Andrei Serban pouvait se dire qu'après tout, le directeur de l'Opéra de Paris Nicolas Joel que d'aucuns considèrent comme étant plus traditionnel dans ces choix pouvait en l'occurrence en remontrer au « progressiste » Stéphane Lissner, d'autant que la première distribution parisienne comprenait une Patrizia Ciofi sublimée par le rôle et superbement entourée par Vittorio Grigolo et Ludovic Tézier. On retrouvait tout de même Vittorio Grigolo à Milan pour quelques instants de brio faisant oublier la banalité d'une représentation sans âme ni passion, d'autant que Massimo Cavaletti incarnait un Enrico manquant d'épaisseur dramatique. Faisant sans doute partie de ces artistes ayant gagné quelques concours grâce à une voix ne manquant pas d'un certain charme, la soprano russe Albina Shagimuratova s'affirmerait certainement dans le «Il Trovatore» © Brescia/Amisano – Teatro alla Scala répertoire du 18e siècle, à l'exclusion de Gluck. Mais Lucia ? Certes, elle sait faire apprécier des pianissimi séduisants, mais la voix manque de souffle, de puissance et surtout, elle semble rester « hors » du personnage, plus somnambule (sic) qu'amante trahie. Alors, sans remonter aux calendes grecques, on se prend à songer son seulement à « la » Ciofi, mais malgré tout à Natalie Dessay – qui avait triomphé à de nombreuses reprises au Met précisément dans cette même mise en scène – ou encore à Annick Massis, émouvante interprète du rôle. Mais peut-être est-ce désormais ainsi – et au prix fort, 250 euros la place au parterre – que l'on distrait les touristes (« once in a lifetime at the Scala »?) un dimanche après-midi à Milan... ? Il Trovatore Mais de fait, on retrouvait deux jours plus tard une distribution plus en rapport avec les habitudes du lieu avec un Trovatore plus homogène à défaut d'être mémorable. Certes, on restait dans le genre « grand opéra » avec une autre reprise (un choix ou une contrainte budgétaire ?), celle de la production de Hugo de Ana créé en décembre 2000 proposant une succession de décors imposants, de la scène aux cintres dans des tonalités plutôt sombres. Menant avec vivacité et des variations de tempi appropriées l'Orchestre et l'excellent Chœur de la Scala, Daniele Rustioni s'avérait un maître d'œuvre musical convaincant, tandis que les interprètes étaient au bénéfice d'une mise en place certes plutôt traditionnelle mais néanmoins efficace dans le cadre imposant qui leur était offert. La Leonora de Maria Agresta pouvait ainsi séduire tant par ses qualités vocales, la précision et l'expressivité étant au rendez-vous, que par son jeu très crédible. Elle était fort bien entourée par Marcelo Alvarez, dont la noblesse du chant et la stature adéquate s'imposaient sans peine avec toutefois une tendance à forcer parfois les effets au détriment de l'émotion ; face à lui, le Conte di Luna de Franco Vassallo offrait une prestation assez neutre, manquant parfois de couleurs, tandis que l'Azucena d'Ekaterina Semenchuk faisait apprécier un beau timbre mais son interprétation aurait été sans doute plus notable avec un surcroît de dramatisation. Frank Fredenrich «Lucia di Lammermoor» © Brescia-Amisano / Teatro alla Scala a c t u a l i t é o p é r a à madrid Brokeback Mountain et Curros Vargas Le hasard de la programmation lyrique à Madrid fait se coïncider deux ouvrages a priori dissemblables, mais qui tout bien considéré recèlent des affinités. Le premier est une création mondiale qui fait courir toute la presse internationale spécialisée, Brokeback Mountain, commande du Teatro Real au compositeur Charles Wuorinen (né en 1938). Le second, au Teatro de la Zarzuela, est une autre forme de création, qui elle aussi suscite toutes les attentes et convoque les passions : une zarzuela, comme de juste, mais ressortie du purgatoire, Curro Vargas de Ruperto Chapí (1851-1909), et mise en scène par les soins de Graham Vick. «Brokeback Mountain» © Javier del Real Fils du Far West L’opéra de Wuorinen hérite d’un vieux projet, dans les temps brefs où Gerard Mortier convoitait la direction du New York City Opera, en 2007, avant de s’en démettre pour prendre en main les destinées de l’Opéra de Madrid. Il s’agit donc d’une commande à replacer dans son contexte d’origine : celui d’un opéra devant s’inscrire dans le pays qui l’accueillait. D’où un compositeur et un sujet venus des États-Unis ; d’après le célèbre roman d’Annie Proulx, qui a donné lieu dix ans plus tard à une pellicule cinématographique tout aussi célèbre, sorte de western mais où les deux cow-boys et personnages principaux sont des gays. Une réplique du Puccini de La Fianciulla del West, revue par notre époque. La musique dont Wuorinen sertit son opéra ne se signale toutefois guère par son originalité, dans un langage post-sériel et une constante déclamation vocale héritière de a c t u Wozzeck ou de Pelléas déjà entendus par ailleurs. Mais elle sait trouver, dans son atonalité, un ton théâtral qui évoque au mieux le propos, voguant de confidences, conflits, lamentations, paroxysmes ou introspections. Passé quelques rapides moments de flottements, la conviction dramatico-musicale finit ainsi par tout emporter. Les moyens mis en œuvre pour la servir au Teatro Real y contribuent pour beaucoup. Le baryton Daniel Okulitch porte le héros principal, Ennis del Mar, tiraillé entre ses aspirations réelles et la triste réalité de sa fin esseulée, avec une présence irradiante, nourrie à un legato lisse : du belcanto atonal ! Le ténor Tom Randle, son compagnon à la scène Jack Twist, s’égare dans des faussetés initiales, qu’explique une tessiture tendue, pour ensuite mieux s’affirmer vocalement, en phase avec son destin tragique. Parmi les seconds rôles, Hannah Esther Minutillo et la toujours jeune Jane Henschel livrent une juste participation. L’orchestre maison et le chœur, réduit à quelques interventions finales, distillent une partition méticuleusement écrite avec tout le soin qu’il se doit, sous la direction attentive de Titus Engel. Quant à la mise en scène d’Ivo van Hove, elle illustre une action claire, entre projections d’un Ouest de légende et fourre-tout domestique, apte à une intelligence immédiate de ce livret en anglais signé de la romancière elle-même. Bien visé ! D’amour et de mort Au Teatro de la Zarzuela, le défi est autre, mais aussi du même ordre. Puisque Curro Vargas, qui n’avait plus été représenté depuis 1984 (en ce même théâtre), a nécessité tout un travail de reconstitution à l’appui d’une récente partition critique éditée pour l’occasion. S’ajoute le désir louable de respecter intégralement la zarzuela de Chapí, telle qu’elle fut créée en 1898, sans nulle coupure. Soit trois heures quarante de représentation! Une belle ambition, qui allie recherches, rigueur et innovation. Ce qui est tout à l’honneur de Paolo Pinamonti, directeur du a l i t Théâtre de la Zarzuela. On lui sait gré d’avoir fait appel à Graham «Curro Vargas» Vick, met© Fernando Marcos teur en scène au renom international, et par là de montrer combien le répertoire de la zarzuela peut viser à l’universel. Et Curro Vargas le corroborerait d’abondance : par son sujet, éternel, d’amour tragique, dans une Andalousie immémoriale sur fond d’intolérance sociale et religieuse; par sa musique, d’une exigence savante, son orchestration pointilliste échafaudée comme du Stravinsky avant l’heure, et une vocalité emportée oscillant de chromatismes torrides en ensembles échevelés. Du grand Chapí ! compositeur qui égale les plus grands, tous genres confondus. Vick choisit à juste raison de planter l’action à notre époque actuelle. Les costumes et les postures sont donc ceux d’aujourd’hui, et les personnages rappellent ceux que l’on peut croiser dans les rues de Paris, de Londres ou de Madrid : bobos, babas, gendarmes, notables, secrétaires et hommes d’affaire, ordinaires et de tous les jours. Le décor se résume à quelques éléments symboliques, un olivier, un calvaire, un lit, un bureau, sur un plateau tournant se détachant d’une image de campagne sereine. La vérité des sentiments et des situations, sans falbalas, dans une précision de jeu d’acteurs de chaque instant. De ce drame ainsi mis à nu, exsude toute la force de l’œuvre. Andeka Gorrotxategi incarne le rôle-titre dans un registre de ténor léger d’une belle régularité, qui sait aussi trouver les accents déplorés ou exacerbés conformes à son fatal personnage. Saioa Hernández possède quant à elle l’ampleur, qui aurait mérité quelques nuances dans son douloureux aria d’entrée, mais trouve graduellement l’impact d’une Soledad campée ardemment jusqu’à sa mort ultime (par les mains de Curro, luimême occis par Mariano – que de sang !). Mariano revient à Joan Martín-Royo, avec une tension de baryton frémissant, à laquelle la mezzo Milagros Martín, vétérane du répertoire zarzuelero, donne une vive réplique pour Doña Angustias. Alors que le chœur préparé par Antonio Fauró, qui a la part belle et complexe, éclate de vigueur ou s’épanche en subtilités ; et que l’orchestre fourmille de mille détails sous la battue énergique de Guillermo García Calvo. Un sans faute ! Et une splendide réparation d’un ouvrage comme neuf. Pierre-René Serna é 33 o p é r a opéra de zurich Une Aida embourgeoisée Aida est l'opéra le plus joué aux Arènes de Vérone, ... et peut-être aussi au Théâtre d'Avenches. Longtemps, la scène du triomphe avec ses trompettes, son ballet et ses incessants défilés de guerriers et d'animaux de tous ordres ont suffi à attirer les foules. 34 Moore est une Aida au chant soyeux, magnifiquement étale sur toute la tessiture et particulièrement brillant dans les moments où la puissance de l'émission le dispute au poli brillant du son. Aleksandrs Antonenko, qui fut Samson à Genève il y a deux saisons, brille en Radamès grâce à son timbre infatigable mais toujours capable de filer un son avec subtilité lorsque la situation l'exige, comme dans le duo final par exemple. L'Amneris d'Iano Tamar est parfois à la peine dans le médium où la voix semble devenir excessivement anguleuse, mais celle-ci retrouve toute la vaillance nécessaire pour faire un sort aux débordements rageurs de ses impré- Aujourd'hui, cet opéra est surtout admiré pour l'intimisme de ses dernières scènes; aussi la tentation est-elle grande d'axer toute la production sur la musique éthérée du final. C'est ce qu'a tenté Tatjana Gürbaca à Zurich : sa mise en scène transplante toute l'action dans un décor unique représentant un salon au mobilier moderne et impersonnel appartenant à quelque apparatchik du pouvoir dans une république bananière. Aida fait bien sûr partie du personnel de maison et passe son temps à nettoyer la saleté que les propriétaires de l'appartement s'amusent à étaler partout pour l'humilier chaque «Aida» avec Iano Tamar (Amneris), Latonia Moore (Aida) et Aleksandrs Antonenko (Radamès) © Monika Rittershaus jour un peu plus. La scène du triomphe se déroule en coulisses, tandis que intentions du compositeur. Et 'on' ne nous épar- cations dans sa grande scène du IV. Andrzej Radamès se vautre sur un canapé pour regarder gne ni la simulation de copulation plus ou Dobber, un Amonasro à l'émission musclée et une série TV dont on ne voit que les pâles moins lascive, de mises à mort brutales et de retentissante, Rafal Siwek, un Ramfis aux surreflets sur les parois blanches de cette pièce libations qui se veulent joyeuses, car 'on' sait prenantes rodomontades caverneuses, et Pavel d'apparat. Pendant le ballet, le guerrier victo- que, quand 'on' a le pouvoir, tout est permis. Au Daniluk, un Roi plein d'autorité vocale naturelle rieux s'endort tout simplement car rien ne se bout de trente minutes au maximum, le specta- complètent cette distribution de grande classe. passe sur le plateau... La dernière scène dans le teur moyen se demande s'il n'aurait pas mieux Les chœurs et l'orchestre sont dirigés par souterrain fatal se joue aussi dans ce même lieu fait de rester chez lui à écouter une version disun Fabio Luisi énergique, privilégiant un son improbable qu'une pluie de gravats tombés du cographique de référence... En tous les cas, une large et fougueux. Sa battue permet pourtant à plafond a transformé en champ de ruines. Aida chose est sûre : la lassitude s'installe vite dans la musique de se développer harmonieusement et Radamès meurent tranquillement en esquis- l'auditoire, comme l'ont prouvé les huées qui dans l'auditorium relativement petit de l'Opéra sant quelques pas de danse tandis qu'Amneris se ont accueilli le team de ce travail scénique inepzurichois sans que les effets de masse ne soient tient debout à coté d'eux et les contemple sans te en fin de représentation. systématiquement gommés : l'auditeur ne peut sourciller... que rester abasourdi devant un art aussi Les regrets sont d'autant plus forts que la consommé d'équilibrisme sonore... (2 mars) On le comprend : il s'agit là d'une de ces musique est magnifiquement servie. Les quatre régie 'conceptuelles' dont on se demande à chanteurs principaux feraient honneur à une Eric Pousaz chaque instant quelle est la nature du rapport grande scène internationale et présentent de qu'elle entretient avec le livret original ou les leurs personnages des portraits aboutis. Latonia a c t u a l i t é ENFANCE & SORTILÈGES Du 5 avril au 18 mai 2014 laFERME de laCHAPELLE laFERME de laCHAPELLE SAISON 2013—2014 CORINNE DE BATTISTA ALEXANDRA DUPREZ KEIKO MACHIDA AVRIL JE 3 – GODOT EST ARRIVÉ de Patrick Ruggirello Comédie MA 8 – LA CONVERSATION de Jean D’Ormesson ME 16 – THE TEMPEST REPLICA danse – à Monthey MAI VE 2 – YVONNE, PRINCESSE DE BOURGOGNE de Witold Gombrowicz ME 14 & JE 15 – LE REVIZOR sous chapiteau GALERIE LA FERME DE LA CHAPELLE 39, ROUTE DE LA CHAPELLE | CH -1212 GRAND-LANCY WWW.FERMEDELACHAPELLE.CH Ville de Lancy République et canton de Genève Théâtre des Marionnettes de Genève MIGROS L-CLA E R U T L U C T N E -POUR-C 014 au Saison 2013/2 SSICS Victoria Hall Mardi 29 avril 2014 à 20 h ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE LA BBC Sakari Oramo (direction) Leonidas Kavakos (violon) Johannes Brahms Concerto pour violon et orchestre, op. 77 NE M’APPELEZ PLUS JAMAIS MON PETIT LAPIN VOYAGE EN POLYGONIE Dès 3 ans Jusqu’au 13 avril 2014 Périple au pays des formes pour une remise en forme. Dès 4 ans 30 avril au 18 mai 2014 Un petit lapin aux grandes oreilles se révolte pour mieux grandir. tmg nnett mario Dieter Ammann* «Boost» pour orchestre Edward Elgar Variations pour orchestre «Enigma», op. 36 *Compositeur suisse Billetterie: Service culturel Migros Genève, Rue du Prince 7, Tél. 022 319 61 11 Stand Info Balexert et Migros Nyon-La Combe. www.culturel-migros-geneve.ch es Rue Rodo 3 – Genève 022 807 31 07 www.marionnettes.ch Organisation: Service culturel Migros Genève www.culturel-migros-geneve.ch www.migros-pour-cent-culturel-classics.ch o p é r a opéra du rhin, strasbourg Un Vaisseau fantôme qui prend l'eau Mettre en scène Wagner suscite de nos jours les imaginations les plus folles. Nicolas Brieger à Strasbourg a eu l'idée de replacer le sujet dans l'Allemagne du 20e siècle et mélange arbitrairement les références à la Shoah autant qu'à la partition du pays en deux blocs antagonistes pendant les années de la guerre froide. 36 Ainsi Senta meurt-elle dans une sorte de chambre à gaz au moment où elle espère sauver le Hollandais alors que son équipage s'est auparavant transformé en rats (le dernier Lohengrin bayreuthien semble avoir fait des émules en Alsace !) et que lui-même disparaît discrètement par une sortie dérobée. Les fileuses ne sont que des mémères promenant béatement leur progéniture dans des pousses-pousses surdimensionnés et les marins des employés de bureau en goguette enclins à pincer les fesses de leurs congénères féminines. Bref, on l'a compris : pour les ensorcèlements et la grandeur du mythe, il fallait changer de théâtre. Du côté de la musique, cela n'allait pas franchement mieux. Dès le lever du rideau, un pilote privé de tout aigu digne de ce nom donnait le ton : Wagner, le musicien, ne serait pas à la fête non plus. Il a fallu ensuite supporter les longs errements époumonés d'un Hollandais - Jason Howard - à la tessiture mitée, franchement dépassé par les exigences du rôle dans le duo central de l'ouvrage et les coassements d'une Mary que rien ne destinait à se présenter sur un plateau d'opéra digne de ce nom. Heureusement, l'honneur était sauvé par la Senta au soprano radieux de Ricarda Merbeth : cette artiste a su faire sien cet emploi d'une difficulté d'exécution redoutable et semble en négocier les difficultés avec une aisance qui la prédestine aux plus hauts honneurs dans ce répertoire. Sans atteindre de tels sommets, Kristinn Sigmundsson campe un Daland solide au grave profond mais parfaitement clair d'émission alors que Thomas Blondelle s'attire toutes les sympathies avec son Erik bien chantant, peut-être un brin trop robuste cependant pour brosser avec succès le portrait d'un amoureux passionné dont les élans lyriques paraissent ici fort terre-à-terre. A la tête d'un Philharmonique strasbourgeois de grande classe, Marko Letonja propose de la partition une lecture trop scolaire; les scènes chorales manquent de punch alors que l'accompagnement des solistes rend surtout sensibles les enchaînements musicaux parfois maladroits d'un compositeur qui cherche encore à se forger un langage vraiment personnel. Eric Pousaz Mulhouse, 20 février théâtre du capitole, toulouse La Favorite A Toulouse, retour en grâce de l'original français d'une œuvre longtemps négligée, La Favorite de Donizetti, défendue par une équipe artistique solide et inspirée. Une reprise de ce spectacle s'impose. «La Favorite» avec Kate Aldrich (Léonor de Guzman), Yijie Shi (Fernand) © Patrice Nin Maintenue au répertoire dans une traduction italienne non satisfaisante, La Favorite semblait être passée de mode. La partition n’atteint certes pas les sommets de la trilogie Tudor ou de Lucia di Lammermoor, mais Donizetti, habile faiseur et mélodiste-né, sait tirer parti d'un livret aux évidentes faiblesses dramatiques signé Royer et Vaëz. Après le cuisant échec parisien de l'an dernier (production de Valérie Nègre au TCE), le Capitole a eu la bonne idée de confier l'ouvrage à Vincent Boussard et au chef Antonello Allemandi. Après avoir ressuscité Hamlet à Marseille en 2010, le metteur en scène signe un spectacle à l'esthétique très soignée qui souligne constamment les oppositions entre l’austérité de l'Eglise espagnole et l'exubérance de la cour de Castille. Aux sols miroitants et aux espaces aux lignes épurées propres à la vie monastique, répondent les couleurs flamboyantes et les étoffes inondées de lumières du palais d'Alphonse XI, où se nouent et se dénouent les intrigues. Tels des papillons piqués sur des cadres, les personnages de ce drame, victimes de la passion qui les unit et finira par les détruire, semblent placés dans «Le Vaisseau fantôme» avec Ricarda Merbeth © Alain Kaiser / ONR a c t u a l i t é o p é r a des écrins pour être observés à la loupe. Si la direction d'acteur peut paraître limitée en dehors des scènes de foule élégamment maîtrisées, les éclairages magnifiques de Guido Levi et les costumes éblouissants de Christian Lacroix, travaillés comme les toiles impressionnistes de Joaquin Sorolla, sont un véritable enchantement pour le spectateur. La présence dans la fosse d'Antonello Allemandi est un atout pour l'Orchestre du Capitole qui répond avec précision aux connaissances, au goût mais également aux intuitions musicales du maestro pour cet opéra composé en 1840, entre La fille du régiment et Linda di Chamounix. Divinement habillée, la mezzo américaine Kate Aldrich, aussi belle à voir qu'à entendre, campe une formidable Favorite, séduisante et passionnée, crédible jusque dans les atermoiements de son cœur, que rend plus perceptible encore la tessiture «La Fille du Régiment» avec Patrizia Ciofi (Marie) et Juan Diego Florez (Tonio) volcanique de son personnage. Eternel péni© Catherine Ashmore tent, voyageur sans patrie contraint à errer avec pour seul viatique une valise éclairée de l’intérieur (jolie idée), le dans cette version, mais elle avait déjà été la partenaire du ténor péruvien Fernand du jeune ténor chinois Yijie Shi est une plaisante découverte, tant les dans une production signée par Emilio Sagi. Et de fait, s'il serait vain de qualités de timbre, la souplesse de l’instrument et l’engagement sont promet- tenter une comparaison entre les deux cantatrices, il convient de relever teurs. Comme au TCE, Ludovic Tézier interprète avec une aisance peu com- que « la » Ciofi confirmait qu'elle n'avait rien à envier sur la plan de l'aimune le beau rôle d'Alphonse XI, monarque tiraillé entre le cœur et la raison, sance en scène à la pétulante Natalie Dessay dont les qualités d'actrice ne soumis malgré ses prétentions au poids de l'Eglise. Vocalement à la peine, sont plus à souligner. Prenant à bras le corps son incarnation de vivandièGiovanni Furlanetto n'est pas le mieux armé pour restituer la puissance de re sans gêne, elle s'insère avec une évidente facilité dans le dispositif scéBalthazar, Alain Gabriel (Don Gaspar), Marie-Bénédicte Souquet (Inès) et le nique inventif et drolatique imaginé par la décoratrice Chantal Thomas, Choeur du Capitole venant compléter cette distribution que l'on espère vive- tandis que les intentions de jeu désirées par le metteur en scène Laurent Pelly n'ont pas été trahies dans ce « revival » signé par Christian Räth. ment retrouver. François Lesueur Avec son timbre plus corsé en comparaison avec celui de Natalie Dessay, Patrizia Ciofi offre une interprétation riche en émotions, rivalisant Représentation du 4 février 2014 d'aisance avec son partenaire, lequel triomphe à nouveau sur la scène londonienne quelques mois après un épisode rossinien (La Donna del Lago) très apprécié. Toujours aussi à son affaire lorsqu'il s'agit caractériser un rôle à londres comique, Juan Diego Florez livrait une fois de plus une version d'anthologie du rôle de Tonio, faisant preuve d'une facilité déconcertante lorsqu'il se lançait à l'assaut de cet Everest du registre des ténors, autrement dit ce « Ah ! mes amis » qu'il distille désormais avec un indéniable brio suscitant l'enthousiasme bien mérité du public. Partenaire habituel du duo, Pietro Une cantatrice applaudie à son entrée en scène ? La chose Spagnoli était décidément un Sulpice bien chantant et fort pittoresque comme il se doit, Ewa Podles étant plus en demi-teinte dans le rôle de n'est pas fréquente, mais compréhensible lorsqu'il s'agit Marquise de Birkenfeld. Les Chœurs et l'Orchestre placés sous la direction d'un retour, celui de Dame Kiri Te Kanawa qui a régné précise d'Yves Abel servaient parfaitement cette version que le public londurant plus de deux décennies jusqu'en 1997 sur la scène donien semble particulièrement apprécier à en juger par les rires spontanés de Covent Garden, dans un rôle lui convenant à merveille, qui soulignaient ironiquement certains aspects franchouillards de cette Fille celui de la duchesse de Crackentorp qu'elle interprète du régiment dont le livret a été remanié avec pertinence par Agathe avec l'élégance et la classe qui l'ont toujours caractérisée. Mélinand, complice habituelle de Laurent Pelly. Et on ne saurait passer sous Mais malgré l'aspect émouvant de ce come-back, l'intérêt de cette silence, car cela n'est pas si fréquent, la qualité de la diction française, qu'il troisième reprise de la Fille du régiment à Londres dans la désormais clas- s'agisse de Juan Diego Florez ou de Patrizia Ciofi. Certes, le propos de l'œusique version Pelly / Thomas / Mélinand applaudie également au vre n'a rien de mémorable, mais les aspects comiques des situations ne peuMetropolitan à New York, à l'Opéra de Vienne et à l'Opéra Bastille à Paris, vent que bénéficier de cette qualité de prononciation... même outre-Manche. résidait avant tout dans les retrouvailles du duo composé par Juan Diego Frank Fredenrich Florez et Patrizia Ciofi. Cette dernière prenait le relais de Natalie Dessay Retour de la Fille a c t u a l i t é 37 o p é r a à nice Semele L’Opéra de Nice propose un spectacle de qualité, tout à fait crédible musicalement, même si la mise en scène peut être diversement appréciée. 38 Le premier maître d’œuvre de la réussite globale est le chef George Petrou, qui parvient à produire un joli son baroque, plein de vivacité et de précision dans les attaques, sans s’aventurer toutefois jusqu’à l’urgence et la nervosité, terrains à risque pour garder la qualité technique. Certains tempi paraissent ainsi plutôt sages, mais on imagine les nombreuses séances de travail de l’Orchestre Philharmonique de Nice, dont le cœur de répertoire est a priori beaucoup plus Verdi et Gounod qu’Haendel et Rameau. Les choristes ne semblent pas avoir fait les mêmes efforts, plus concentrés sur la puissance et la dynamique deleurs interventions, au détriment de la cohérence collective et du raffinement de la ligne. La distribution vocale n’atteint pas à l’exceptionnel mais sonne agréablement dans son ensemble, à commencer dans le rôle-titre par Hélène Le Corre, très joli grain de voix fruitée, dotée d’une musicalité impeccable, qui ravit les oreilles lors de son réveil élégiaque du début du II. Dans le rôle limité d’Iris, Anne-Florence Marbot fait valoir puissance et assurance, alors que Mary-Ellen Nesi est simplement correcte en Ino et insuffisante en Juno où l’instrument s’assombrit et se détimbre dans le grave (elle parle !), en contradiction avec ses intentions scéniques agressives. Le contreténor Xavier Sabata (Athamas) chante élégamment avec une voix bien assise, dommage que son rôle soit si réduit, mais on se console en écoutant son air brillamment exécuté « Despair no more will wound me » en fin d’opéra. La basse Denis Sedov (Cadmus – Somnus) possède désormais un instrument bien abimé, et il doit veiller avec précaution à la stabilité de son émission. Quant au ténor Valerio Contaldo (Jupiter – Apollo), le timbre est peu séducteur ce qui rend son « Where’er you walk » beaucoup moins inoubliable que ses airs plus fleuris, où la cadence des vocalises est stimulante. La production très Regietheater de Jakob Peters-Messer fonctionne, avec des idées plus amusantes que foncièrement originales ; on pense en particulier à la même ambiance de la production de Robert Carsen imaginée il y a quelques années pour le festival d’Aix-en-Provence. En début de représentation, un cadre doré avec rideau tiré laisse uniquement la possibilité d’une mise en espace à l’avantscène. Lorsque le cadre remonte dans les cintres, un espace en boîte jaune et Hélène Le Corre (Semele) © Jaussein a c t blanche qui part en fuite vers le fond de plateau est le lieu des tendres relations entre Semele et Jupiter. Malheureusement ce n’est pas exactement la sensualité qui y est convoquée, mais quelques tics de mise en scène qui deviennent un peu envahissants : un caméraman qui passe et repasse, des figurants qui envoient quelques gros ballons, c’est charmant… surtout lorsque l’un d’entre eux roule jusque dans la fosse d’orchestre, et se fait attaquer par certains archets ! Au III, Jupiter (coupe de cheveux à la John Galliano) est un designer qui fait défiler ses mannequins, puis Semele s’éveillant parmi ses nombreuses boîtes à chaussures, essaie les paires les unes après les autres. François Jestin haendel : SEMELE – le 16 février 2014 à l’Opéra de Nice à monte-carlo L’Elisir d’Amore Une représentation charmante pour l’œil, mais bien tristounette pour l’oreille ! Adrian Sampetrean (Dulcamara) © Opéra de Monte-Carlo Fréquentant plus régulièrement le répertoire baroque, notamment Vivaldi et Bach qu’elle défend avec sa formation de chambre Orfeo 55, la contralto et chef d’orchestre Nathalie Stutzmann est bien peu convaincante dans ce chefd’œuvre du buffo donizettien. Le discours musical manque souvent de nerf, secoué par moments par des accélérations mal à propos qui mettent en difficulté les chœurs, d’ailleurs soucieux avant tout de se faire entendre ce soir plutôt que d’œuvrer à l’homogénéité et la joliesse du son. La direction musicale des cantilènes est plus appréciable, mais cela ne rattrape pas l’ensemble. Une bonne partie de la distribution vocale semble également égarée dans ce répertoire, à commencer par le Nemorino de Stefan Pop. Si sa stature peut évoquer Pavarotti au premier coup d’œil, la voix se situe à des années-lumière du timbre solaire de Big Luciano : le medium est nourri, mais les aigus sont resserrés, étriqués, le son est opaque, engorgé, et le volume insuffisant, même dans la petite salle Garnier. La soprano Mariangela Sicilia (Adina) dispose quant à elle d’une belle voix puissante, mais c’est la technique qui pèche : quelques vocalises sont bien savonnées, et elle perd plusieurs fois la justesse de l’intonation au cours de la soirée. La basse Adrian Sampetrean (Dulcamara) chante de manière maîtrisée, mais on aimerait l’entendre dans un autre opéra, tant son manque de vis comica est criant dans ce personnage. Le baryton George Petean (Belcore) s’en sort mieux, avec une projection et des possibi- u a l i t é o p é r a lités d’extension vers l’aigu assez spectaculaires, mais le bagage belcantiste paraît tout de même limité, ne serait-ce que dans la gestion du souffle ou encore les passages de chant sillabato. Pour ce qui est de la réalisation visuelle, en provenance de l’Opéra de Lausanne, l’enthousiasme arrive principalement des décors plein de poésie de Christian Taraborrelli. Parmi les blés et coquelicots qui prennent toute la hauteur du cadre de scène, à côté d’une roue de tracteur géante, les villageois sont transformés en Lilliputiens, comme Belcore qui débarque sur le plateau après avoir roulé dans une boîte de conserve. La mise en scène confiée à Adriano Sinivia ne s’écarte pas du jeu d’acteurs d’un classique Elisir, sans parvenir malheureusement à déclencher le rire ou le sourire dans l’auditoire, qui n’applaudit que très mollement. François Jestin Donizetti : L’ELISIR D’AMORE – le 28 février 2014 à Monte-Carlo – Salle Garnier à lyon Le Comte Ory On attendait avec gourmandise la nouvelle production de Laurent Pelly dans un ouvrage qui convient a priori idéalement à ses talents, mais au final le résultat est parfois inégal. avec la sensation récurrente de déjà-vu (par exemple le salon du II semble un copier-coller du 2ème acte de La Fille du régiment réglée par Pelly), c’est généralement drôle et le metteur en scène sait se renouveler. Il faut signaler toutefois quelques traits excessifs, comme la Comtesse qui, au cours de son duo avec Ory, relève sa jupe et s’assoit sur la cuvette des WC pour faire un petit pipi, ou plus tard certains gestes explicitement sexuels lors du torride trio final. Pour ce qui est de la partie vocale, le ténor Dmitry Korchak (Ory) alterne entre points forts et faiblesses : la voix est projetée vaillamment, les traits d’agilité passent la plupart du temps, mais quelques aigus sont à la limite, il perd trop souvent la justesse (en particulier il chante vraiment faux plusieurs passages en première partie de l’acte II), et la diction est perfectible. La soprano coloratura Désirée Rancatore (Adèle) garde une excellente maîtrise de la virtuosité et du suraigu. Après son apparition marquante à l’Opéra de Marseille l’année dernière dans Cléopâtre de Massenet, Antoinette Dennefeld est la révélation de la soirée dans le rôle d’Isolier : impeccable élocution, puissance, agilité, aisance en scène… décidément une jeune chanteuse déjà au sommet. Les « clés de fa » sont un peu moins marquantes : Patrick Bolleire (le Gouverneur) est une basse sonore qui perd de ses moyens lorsque la partition fleurit, sans doute meilleur dans des emplois plus monolithiques, et le baryton Jean-Sébastien Bou (Raimbaud) fait valoir de superbes qualités de français et de timbre, mais se montre en panne d’abattage dans son grand air du II. Doris Lamprecht est une Dame Ragonde caricaturale aux graves caverneux, et les chœurs sont sans reproche, dynamiques et compréhensibles. La direction musicale de Stefano Montanari est intéressante et particulièrement vivante, sinon toujours convaincante. Le chef apporte sa touche personnelle tant au rythme qu’au volume orchestral ; on aime les cordes qui respirent amplement, mais moins les passages répétés qui imitent une fanfare. François Jestin Rossini : LE COMTE ORY – le 1er mars 2014 à l’Opéra de Lyon à avignon Le dernier jour d’un condamné «Le Comte Ory» – Acte 1 © Stofleth « Ah c’est moderne ! » s’esclaffent mes voisines au lever de rideau, et il faut reconnaître que la transposition est assez osée. Dans une salle des fêtes – ou salle omnisports, avec la présence d’un panier de basket-ball –, les villageois arrivent en portant sodas, gâteaux et Tupperware en guise de présents pour le faux ermite (vrai Comte Ory), en l’occurrence un fakir indien, barbe et chevelure jusqu’à la taille. L’auditoire écoute avec attention le discours du vieux « sage » sur l’estrade, puis les femmes déroulent leur tapis de sol pour pratiquer un peu de yoga (position du lotus uniquement !). On est un peu moins emballé par le grand air d’entrée de la Comtesse Adèle, bourgeoise au bord de la crise de nerfs dont les soubresauts répétés et forcés évoquent rapidement la poupée Olympia des Contes d’Hoffmann. A l’acte II, les traits de génie de Pelly, qui signe aussi les décors et costumes, sont indéniables, comme lorsque les appartements de la Comtesse glissent transversalement sur le plateau (cuisine, salon, chambre et salle de bain / cabinet de toilette), ou quand Adèle et ses suivantes paraissent comme des clones bon chic bon genre, portant les mêmes habits (jupe marron stricte, gilet rose, collier de perles). Même a c t u a l Une soirée électrisante à Avignon, pour la première française en version scénique de l’opéra conçu par les trois frères Alagna, créé en concert en 2007 à Paris. «Le dernier jour d’un condamné» © Studio Delestrade i t é 39 o p é r a 40 Au Théâtre des Champs-Elysées il y a 7 ans, le garde des Sceaux abolitionniste « historique » Robert Badinter prononçait un discours d’introduction, mais c’est ce soir sur un accompagnement de violon seul que la comédienne Catherine Alcover dit des extraits de textes de Victor Hugo (Les Châtiments, l’Année terrible, …). Badinter rappelait alors que la peine de mort reste à combattre dans de trop nombreux pays, en pointant du doigt les Etats-Unis, « plus grande démocratie au monde », paradoxe bien mis en exergue par l’ouvrage. Le plateau est en effet divisé en deux parties : à jardin le personnage du roman éponyme d’Hugo vit ses derniers instants en 1828 dans une cellule grise, sombre et poussiéreuse, tandis qu’à cour c’est dans un environnement de faïence blanche ornée de quelques tags qu’une femme attend la sentence finale. Comme Indra Thomas en 2007 au concert, c’est une autre soprano noire américaine, Adina Aaron, qui tient le rôle de la condamnée « de notre époque », et la présence des USA sur une moitié de scène semble évidente. La production de Nadine Duffaut, créée en 2009 à l’Opéra de Debrecen en Hongrie, a le double mérite de la force et de la sobriété, avec un tout petit bémol pour ce qui concerne le choix des séquences filmées pendant l’intermezzo en début de deuxième partie. A la toute fin de l’opéra, les deux condamnés franchissent ce mur invisible qui les enfermait, pour un échange des exécutions : guillotine pour Adina Aaron et injection létale pour Roberto Alagna. Le ténor français remporte un très vif succès dans ce rôle écrit sur mesure par son frère compositeur David : très investi scéniquement, Roberto est dans une forme vocale éblouissante, avec une diction toujours aussi prodigieuse et un volume assez considérable dans cette salle plus petite que les lieux qu’il fréquente habituellement (Met, Bastille, Théâtre antique d’Orange, …). Dans le second rôle, Adina Aaron ne convainc pas d’emblée, avec une qualité de français juste correcte, la chanteuse étant peu sollicitée dans ses meilleurs notes. C’est en deuxième partie que ses moyens de spinto verdien peuvent se déployer plus largement, en particulier pendant son grand air chanté avec émotion. Se détachent ensuite le très vigoureux baryton-basse Christian Helmer (un friauche), doué d’une projection vocale insolente, ainsi que la basse mordante Eric Martin-Bonnet (l’aumônier), mais l’ensemble de la distribution est à louer, jusqu’au rôle le plus modeste. Placée sous la baguette du chef Balàzs Kocsàr, la musique composée par David Alagna est pleine d’ampleur, de souffle, illustre en permanence les états d’âme et les situations, souvent démonstrative et tirant vers un style vériste. Au bilan final, on se dit que la partition, entendue et « vue » dans cette production avignonnaise, prend soudain une dimension supplémentaire. François Jestin Alagna : LE DERNIER JOUR D’UN CONDAMNE – le 12 mars 2014 à l’Opéra Grand Avignon à marseille Colomba La création mondiale de l’opéra Colomba, d’après la nouvelle de Prosper Mérimée, ne restera pas parmi les spectacles les plus marquants vus ces dernières années à Marseille. Le livret de Benito Pelegrin, en un prologue, 4 actes et un épilogue, suit assez fidèlement l’œuvre originale, en laissant toutefois de côté les premières scènes des préparatifs de l’embarquement à Marseille. Le rideau se lève donc a c t «Colomba» © Dresse directement sur le pont du voilier qui vogue vers la Corse, rendu visuel très réussi du metteur en scène Charles Roubaud par le biais des projections vidéo (de Julien Ribes) de la Méditerranée en fond de plateau. La production est du reste très jolie à regarder, qu’il s’agisse des décors sobres et efficaces conçus par Emmanuelle Favre ou des somptueux costumes réalisés par Katia Duflot. Mais ce qui manque surtout à la soirée, c’est de trouver un rythme qui maintienne l’intensité de l’action : les 6 scènes de la première partie sont en effet entrelardées de 4 précipités, trop longs pour maintenir toute tension dramatique. Il est bien dommage à cet égard que le compositeur Jean-Claude Petit n’ait pas écrit de musique de liaison entre les tableaux successifs, à la manière d’un Britten ou de Poulenc dans Dialogues des Carmélites. La partition s’écoute agréablement, l’orchestration est professionnelle et les mélodies sont bien léchées, mais sans plus. C’est-à-dire que la musique n’est que trop rarement enivrante – on relève tout de même les très belles 20 premières mesures de l’acte I, de bonnes impressions dans la 3ème scène de l’acte II, et les parties a capella du chœur et de Colomba –, mais elle ne parvient pas à étonner l’auditeur, ni à le sortir d’un certain abattement qui gagne rapidement. La pièce s’apparente d’ailleurs souvent à une conversation en musique, et une oreille habituée aux partitions de Richard Strauss perd de son attention ce soir. Dirigée par Claire Gibault, la distribution vocale est aussi inégale, avec une nette domination de la partie féminine, à commencer par Marie-Ange Todorovitch, sonore et bien-disante, plus corse que nature dans ses habits noirs et en mission pour une mortelle vendetta. La soprano Pauline Courtin (Lydia) dispose d’un joli timbre agile et piquant, mais reste parfois un peu sourde en raison d’une écriture un brin trop grave pour ses moyens. Pas de reproches en revanche à Lucie Roche (Miss Victoria) ni Cécile Galois (la servante), voix bien placée même lorsqu’elle parle. Côté hommes, le timbre serré, peu puissant, ni spécialement agressif du ténor Jean-Noël Briend, n’est pas le meilleur atout pour défendre le rôle d’Orso, frère vengeur de Colomba, tandis que chez Jean-Philippe Lafont le style et la projection de plus en plus « bruts de décoffrage » conviennent à peu près à l’emploi du colonel anglais Nevil, joué certainement par le baryton français avec une plus grande bonhomie méridionale que ne l’avait imaginée Mérimée ! Mention Bien également à l’expressif Francis Dudziak (le Préfet), à Cyril Rovery (Giocanto Castriconi), Bruno Comparetti et Mikhael Piccone (les Barricini Fils). Quant à Barricini Père, maire de Pietranera, le bien-nommé Jacques Lemaire, voix acide et trop peu assurée… mais heureusement souvent inaudible !, n’est tout simplement pas au niveau d’une scène comme l’Opéra de Marseille, et sa présence décrédibilise l’ensemble. François Jestin Petit : COLOMBA – le 11 mars 2014 à l’Opéra de Marseille u a l i t é m é m e n t o genève toulouse Grand Théâtre (022/418.31.30) s Götterdämmerung (MetzmacherDorn) – 23, 26, 29 avril Théâtre du Capitole (05.61.63.13.13) s Les Pigeons d’argile (CeccheriniClément) – 15, 18, 20, 22 avril lausanne monte-carlo Opéra (021.315.40.20) s Il Barbiere di Siviglia (Vieu-Sinivia) – 27, 30 avril Opéra (00.377.98.06.28.28) s Ernani (Callegari-Grinda) – 22, 25, 27, 29 avril zurich Opernhaus (044.268.66.66) s Aida (Luisi-Gürbaca) – 1er avril s Les Contes d’Hoffmann (LuisiAsagaroff) – 2 avril s La Dame de pique (BelohlavekCarsen) – 6, 11, 13, 16, 27 avril s Andea Chénier (Santi-Asagaroff) – 12, 15, 27 avril s Salomé (Altinoglu-Bechtolf) – 19, 21, 26, 29 avril paris o p é r a s Die Zauberflöte (Repusic-Krämer) – bologne Teatro Communale (39/051.617.42.99) s Eugène Onéguine (Shokhakimov- Trelinski) – 1er, 2, 3, 4, 5, 6, 8, 9 avril milan Teatro alla scala (39/02.720.03.744) s Les Troyens (Pappano-McVicar) – 8, 12, 16, 22, 26, 30 avril parme a m s t e rd a m Teatro Regio (39/05.21.20.39.93) s Les Pêcheurs de perles (FournillierSparvoli) – 2, 4, 6 avril Opera (31.20.62.55.456) s Lucia di Lammermoor (RizziWagemakers) – 3, 6 avril * Arabella (Albrecht-Loy) – 11, 13, 17, 20, 23, 25, 27 avril ro m e bruxelles venise La Monnaie (32/70.23.39.39) s Au Monde (Davin-Pommerat) – 1er, 3, 4, 6, 8, 9, 11, 12 avril Teatro dell’opera (39/06.48.16.02.55) s Maometto II (R.Abbado-Pizzi) – 1er, 3, 5, 6, 8 avril Teatro La Fenice (39/041.24.24) s La Bohème (Bignamini-Micheli) – 19, 22, 24, 27, 29 avril 11 avril s La Traviata (Korsten-Friedrich) – 19, 27 avril s Parsifal (Kober-Stölzl) – 5, 18, 21 avril s Carmen (Finzi-Schuhmacher) – 10, 13 avril s Les Troyens (Daniel-Pountney) – 2, 6 avril s Rigoletto (Rizzi Brignoli-Bosse) – 12, 20, 26 avril s L’Elisir d’amore (Rizzi Brignoli- Brook) – 25, 30 avril Staatsoper (49/30.20.35.45.55) s Tannhäuser (Barenboim-Waltz) – 12, 16, 20, 27 avril s Simon Boccanegra (BarenboimTiezzi) – 13, 17 avril s Le Vin herbé (Ollu-Mitchell) – 22, 24, 26 avril s Le Nozze di Figaro (MouldsLanghoff) – 3, 6 avril Champs-Elysées (01.49.52.50.50) b a rc e l o n e vienne s Otello (Spinosi-Caurier/Leiser) – 7, Liceu (34.934.85.99.13) Staatsoper (43/1514447880) 9, 11, 13, 15, 17 avril s Kitège (Pons-Tcherniakov) – 13, 16, s Rigoletto (Lopez-Cobos-Sequi) – s Oedipus Rex (Gatti) – 24 avril 22, 26, 30 avril 1er, 4, 8, 10 avril Komische Oper (49/30.47.99.74.00) s Il Barbiere di Siviglia (Malgoires Madama Butterfly (Darlingtons Serse (JunghänelSchiaretti) – 28, 29 avril Herheim) – 4, 11 avril Châtelet (01.40.28.28.40) s Die Zauberflöte s Into the woods (Abel(Poska-Kosky) – 3, 13, 17, Blakeley) – 1er, 2, 4, 5, 6, 8, 21, 25 avril 10, 12 avril s Carmen (NanasiOpéra National Baumgarten) – 9, 16, 19, (08.92.90.90) 27 avril Bastille : s Iphigénie en Tauride s Die Zauberflöte (Jordan(Junghänel-Kosky) – 1er, Carsen) – 1er, 6, 10, 13, 15 6 avril avril s Les Contes s La Bohème (Oren-Miller) – d’Hoffmann (Milton4, 7, 11 avril Rheinhardt ) – 5, 12, 24, s Tristan und Isolde (Jordan30 avril Sellars) – 8, 12, 17, 21, 25, 29 avril s I Capuletti e I Montecchi new york (Campa-nella-Carsen) – 24, Metropolitan Opera 26, 30 avril (00.1.212.362.60.00) Garnier : s La Sonnambula s L’Italiana in Algeri (FrizzaMeagan Miller sera Ariane lors des représentations d’ «Ariane auf Naxos» données en avril au (Armiliato-Zimmermann) Staatsoper de Vienne Serban) – 2, 4, 7, 9, 12, 17, – 1er avril 21, 23 avril s La Bohème (Ranzani-Zeffirelli) – 2, madrid Gielen) – 5, 9, 14 avril 5, 10, 14, 18 avril avignon Teatro Real (34/90.224.48.48) s Lohengrin (de Billy-Homoki) – 12, s Madama Butterfly (ArmiliatoOpéra-Théâtre (04.90.82.81.40) s Lohengrin (Haenchen-Hemleb) – 3, 16, 20, 25, 28 avril Minghella) – 4, 9, 12, 15, 19 avril s Tancrède (Schneebeli-Tavernier) – 6, 7, 10, 11, 13, 15, 17, 19, 20, 22, 24, s Ariadne auf Naxos (Boder-Bechtolf) s Andrea Chénier (Noseda-Joel) – 5, 11, 13 avril 27 avril – 15, 19, 22 avril 8, 12 avril lyon s Der Rosenkavalier (Welser-Mösts Arabella (Auguin-Schenk) – 3, 7, 11, Opéra National (08.26.30.53.25) l o n d re s Schenk) – 23, 27, 30 avril 16, 19, 24 avril s Peter Grimes (Ono-Oida) – 10, 13, ROH (0044/207.304.4000) s L’Elisir d’amore (Garcia Calvos I Puritani (Mariotti-Sequi) – 17, 22, 15, 19, 22, 24, 26 avril s Die Frau ohne Schatten (BychkovSchenk) – 29 avril 26, 29 avril s The Turn of the screw (Ono- Guth) – 2 avril Theater an der Wien (43/15.88.85) Carrasco) – 11, 16, 18, 23, 27, 29 avril s Faust (Benini-McVicar) – 4, 7, 11, s Messiah (Rousset-Guth) – 14, 17, s La Cenerentola (Luisi-Lievi) – 21, 25, 28 avril mulhouse 14, 17, 22, 25 avril 19, 22, 24, 26 avril s Cosi fan tutte (Levine-Koenig) – 23, Opéra National du Rhin s La Traviata (Ettinger-Eyre) – 19, 21, 26, 30 avril (03.89.36.28.28) 24, 26, 30 avril berlin s Le Roi Artus (Lacombe-Warner) – Deutsche Oper (49/30.343.84.343) 11, 13 avril s Don Giovanni (Layer-Schwab) – 4 avril a c t u a l i t é 41 o p é r a en tournée Qu'est-ce qui distingue à vos yeux l'exercice consistant à diriger un Singspiel plutôt qu’un opéra sans dialogues parlés ? L’Enlèvement au Sérail Le chef d’orchestre Benjamin Pionnier dirigera l’Enlèvement au Sérail que propose le Théâtre de Bienne Soleure ce printemps. Plus de vingt représentations de cette nouvelle production du Singspiel de Mozart sont à l’agenda de diverses villes de Suisse du 11 avril au 4 juin. 42 La biographie musicale du chef invité par l’institution lyrique de Bienne Soleure atteste d’une polyvalence rare : Benjamin Pionnier étudie le piano, le chant, la clarinette, la contrebasse, l'écriture et la direction de chœur. Il se perfectionne en piano auprès de Brigitte Engerer. En direction d'orchestre, il étudie d’abord en France puis en Grande-Bretagne auprès de George Hurst. Au bénéfice de diverses distinctions, Benjamin Pionnier devient l’assistant de nombreux chefs de renom, notamment James Levine à New York, au MET et au Carnegie Hall. Il prend part à de nombreux festivals comme pianiste ou chef d’orchestre. Conseiller artistique pour l’Opéra de Nice de 2006 à 2010, il occupe le poste de directeur artistique et directeur général de la musique à l’Opéra National de Slovénie à Maribor jusqu'en 2013. Entretien. Le Singspiel imbrique totalement les dialogues parlés et les numéros chantés, il est donc nécessaire de prendre cela en compte pour une cohérence de l'œuvre et de la représentation. Encore plus que dans un autre type d'ouvrage, je recherche la théâtralité, tant pour les lignes vocales que pour les parties instrumentales. Par exemple, dans les choix des tempi, des dynamiques ou de l'articulation, il m'apparaît indispensable de considérer l'air, le duo ou l'ensemble, non seulement pour son écriture musicale mais surtout dans la globalité de la scène, de la situation ou même de l'état d'esprit du personnage. Cette union entre texte et musique, loin d'être réductrice, nous offre une palette très vaste de couleurs et de possibilités d'expressions qui est particulière au genre du Singspiel et qui en accentue la proximité entre l'interprète et l'auditeur. Pour ce qui a trait à L'Enlèvement au Sérail, quels aspects de la musique vous apparaissent comme les plus intéressants, comme les plus difficiles à rendre ? Il y a dans cet ouvrage une fraîcheur toute particulière associée à une maîtrise de l'outil dramatique. La difficulté, autre que celle de rester le plus fidèle possible à une écriture très précise, évidemment, est peut-être dans la gestion de ces deux aspects. Tout comme le drame se nourrit de la comédie qui le précède, la musique ne doit pas aller caricaturer une situation ou donner dans un pathos extrême. Dans cet ouvrage, trouver le juste équilibre des intentions et des dynamiques est un travail passionnant et délicat. Heureusement que le Singspiel nous en donne les clés ! Vous avez une activité lyrique très soutenue, notamment pour l'année en cours. Souhaitez-vous donner une tournure presque exclusivement lyrique à votre carrière ? Il s'agit, pour cette saison, d'un hasard de calendrier, mes saisons passées ont été très fournies tant en lyrique qu'en symphonique. Cette saison est presque exclusivement lyrique, la prochaine s'annonce davantage symphonique. J'aime garder cette possibilité de m'exprimer artistiquement dans le lyrique comme dans le symphonique. La démarche artistique est la même quel que soit l'ouvrage. Propos recueillis par Bernard Halter L’enlèvement au Sérail par le Théâtre de Bienne Soleure, du 11 avril au 4 juin 2014. Direction musicale Benjamin Pionnier. Mise en scène : Georg Rootering Avec Rosa Elvira Sierra, Anna Gössi, Christian Baumgärtel, Konstantin Nazlamov, Martin Weidmann, Thomas Mathys. Réservation et renseignements : www.tobs.ch/fr/theatre-lyrique La tournée fera escale : - Samedi 26 avril 2014 à 20h + dimanche 26 avril à 15h, à la Salle des Fêtes du Lignon, Vernier - le 18 mai au Théâtre de Vevey Benjamin Pionnier e n t r e t i e n L’ENLÈVEMENT AU SÉRAIL SINGSPIEL EN TROIS ACTES DE MOZART PAR LE THÉÂTRE ORCHESTRE BIENNE SOLEURE TOBS SAMEDI 26 AVRIL — 20h DIMANCHE 27 AVRIL — 15h SALLE DES FÊTES DU LIGNON Place du Lignon 16 — Vernier Service de la culture — 022 306 07 80 www.vernier.ch/billetterie NOUVELLE PRODUCTION 3 ÈME J O U R N É E D U F E S T I VA L S C É N I Q U E DER RING DES NIBELUNGEN EN 3 ACTES E T U N P R O LO G U E GÖTTERDÄMMERUNG R I C H A R D WA G N E R DIRECTION MUSICALE INGO METZMACHER MISE EN SCÈNE DIETER DORN DÉCORS & COSTUMES JÜRGEN ROSE GUNTHER SIEGFRIED JOHN DASZAK JOHANNES MARTIN KRÄNZLE BRÜNNHILDE PETRA LANG HAGEN JEREMY MILNER ALBERICH JOHN LUNDGREN GUTRUNE EDITH HALLER W A LT R A U T E M I C H E L L E B R E E D T CHOEUR DU GRAND THÉÂTRE DIRECTION CHING-LIEN WU ORCHESTRE DE LA SUISSE ROMANDE 23.04>02.05.2014 WWW.OPERA-LAUSANNE.CH T 021 315 40 20 SAISON1314 WWW.GENEVEOPERA.CH +41(0)22 322 5050 m u s i q le trio zimmermann dans la cité du bout du lac Des individualités idéalement associées Fondé en 2007, par son violoniste, le Trio Zimmermann s'est spécialisé dans le répertoire méconnu pour cordes. Un univers à (re)découvrir bientôt au Conservatoire de Genève. 44 Trois Stradivarius pour un trio ! Excusez du peu. Mais la qualité de l'ensemble ne s'arrête pas à ces caractéristiques instrumentales. A l'origine, il y a Frank Peter Zimmermann. Ce violoniste allemand, né en 1965, est considéré à juste titre comme un des plus grands du moment. Sa discographie est pléthorique et la critique a salué son enregistrement récent, paru chez BIS, des concertos de Hindemith et Brett Dean. Son immense expérience lui permet de mettre en valeur le jeu très sûr de ses deux associés. A ses côtés figure Antoine Tamestit, un altiste français né en 1979 qui a étudié au Conservatoire de Paris dans la classe d'alto de Jean Sulem. Il a ensuite été l'élève de Jesse Levine et du Quatuor de Tokyo à l'Université Yale, puis de Tabea Zimmermann à Berlin. C'est en remportant, en 2000, le premier prix du «Concours international d'alto Maurice Vieux», qu'il a lancé sa carrière, une carrière qui l'amène, au gré des concerts, à jouer en chambriste. Il enseigne aussi au conservatoire de Paris. Sur la troisième chaise joue Christian Poltéra. Ce violoncelliste - qui a vu le jour à Zurich en 1977 - a étudié auprès de Heinrich Schiff à Vienne, et a collaboré avec de nombreux orchestres symphoniques. Ses collaborations en musique de chambre sont nombreuses elles aussi. Visiblement, c'est un boulimique du contact humain ! Ce musicien a acquis une visibilité dans le monde musical en remportant c'était en 2004 - le prix Borletti-Buitoni Award et en recevant le prix de la BBC «New Generation Artist». Une autodiscipline ! Tous ont des carrières spécifiques, mais ils s'attachent à inscrire sur leur agenda annuel plusieurs mois de collaborations mutuelles. Pour préparer leurs concerts, ils organisent des ses- a u e cordes implique forcément une complicité particulièrement forte : la musicalité ne peut que rimer avec amitié. Et sans nul doute cette dimension très humaine compte dans son attachement à ces partitions. Mais leur travail n'est jamais dilettante : Malgré - ou à cause - de leurs conditions de travail particulières, les interprètent s'imposent de jouer longuement un opus avant de le graver sur CD. Par quels mots les caractériser ? Souffle ? Virtuosité ? Individualités ? et aussi et surtout Trio Zimmermann © Mats Backer sions de préparation, planifiées très à l'avance, qu'ils intensifient avant de partir en tournée, une ou deux fois par année. Les artistes insistent sur l'extrême nécessité d'une bonne planification pour pouvoir poursuivre ce qui représente pour eux une aventure esthétique et personnelle. Pourquoi le trio et pas le quatuor à cordes, au répertoire plus fourni encore ? Antoine Tamestit qui avait a croisé des interprètes jouant en trio déjà au Conservatoire, est devenu sans nul doute le centre de gravité du groupe. Mais surtout le quatuor demande une disponibilité exclusive, tandis que le trio, au répertoire plus limité, autorise plus de liberté, plus de collaborations externes, qui ne peuvent qu'enrichir les artistes quand ils se retrouvent pour jouer. Plus solistique, le trio offre, pour les musiciens, davantage de place à l'imagination et à la personnalité de l'interprète. Pour Frank Peter Zimmermann, une telle façon de conjuguer les c t u a une capacité à se produire ensemble, sans faire disparaître les personnalités respectives. En somme, ils jouent comme une magnifique formation en miniature... alors que - paradoxe - les interprètes disent apprécier la place laissée à l'individu dans un tel répertoire ! A vérifier bientôt à Genève ! Pierre Jaquet Disques parus chez BIS Conservatoire de musique de Genève le 16 avril 2014 à 20h. Frank Peter Zimmermann, violon - Antoine Tamestit, alto - Christian Poltéra, violoncelle Ludwig van Beethoven: Trio à cordes n° 1 en mi bémol majeur op. 3 (le groupe a enregistré récemment des trios chez Bis) - Anton Webern: Triosatz op. posth. - Wolfgang Amadeus Mozart: Divertimento en mi bémol majeur KV 563 l i t é m u s i q u e maisons de disques — et les mélomanes contemporains aux oreilles bien tempérées — auraient certainement banni une telle expérimentation en la jugeant de mauvaise qualité. leonidas kavakos aux concerts migros A la recherche de l’authenticité Modeste et… revendicateur Fin avril 2014, le soliste natif d’Athènes se produira en Suisse, avec le prestigieux orchestre de la BBC, sous la baguette du violoniste et chef finlandais Sakari Oramo (Philharmonique Royal de Stockholm), spécialiste de Mahler, Bruckner et Elgar. Les origines cross-over Leonidas Kavakos est ce qu’on pourrait appeler «un violoniste de la troisième génération». Son grand-père jouait déjà dans un groupe folklorique, du violon et du luth. Son père faisait partie du même ensemble, mais avait été envoyé au conservatoire pour apprendre les principes de la musique classique. De cette période Leonidas rapporte une anecdote amusante : en voyant son fils répéter ses gammes et arpèges avec l’instrument placé sur l’épaule — alors que dans la musique traditionnelle on l’appui contre la poitrine —, le doyen des Kavakos aurait arrêté de pratiquer, «afin de ne pas perturber» son fiston, désormais «plus instruit». Mais cela n’a pas empêché le père Kavakos d’évoluer dans le monde du cross-over et de pratiquer aussi de la musique de chambre avec sa femme, pianiste de formation. Dans cet environnement propice pour le petit Leonidas, le violon a été tout d’abord un jouet avant de devenir une passion et un gagne-pain. Avec le temps, son père est devenu son premier professeur, plutôt strict et exigeant. Les deux personnalités se sont parfois affrontées, au point de devoir dissocier famille et formation, un peu au détriment de la musique folklorique, ce que Leonidas regrette parfois encore. Il a pourtant gardé de cette première période formatrice un goût pour l’improvisation et une certaine spontanéité qui le guident vers la recherche d’une authenticité. Le profil Depuis le milieu des années 80, le nom de Leonidas Kavakos commence à conquérir les scènes internationales et le public. C’est à cette a c t u époque qu’il se fait remarquer en remportant deux compétitions prestigieuses : les Concours Sibelius (en 1985), et Paganini, trois ans plus tard. A partir de ce double fait marquant, il n’est pas difficile de saisir le profil du jeune musicien: si ses origines méditerranéennes — et les grandes écoles — le rapprocheraient plutôt de la chaleur et de la vivacité — voire d'une certaine folie — du compositeur (et violoniste !) italien, il semble également pencher vers le lyrisme, vers une certaine mélancolie propres à l’univers nordique — que l’on retrouve aussi dans le folklore popu- Leonidas Kavakos laire de sa Grèce natale. Si la tentation de cataloguer les musiciens en deux catégories, les techniciens et les lyriques, est parfois encore de mise, le violoniste y trouve «son parfait milieu». Les classiques révisés par un Kavakos fidèle à ses racines surprennent justement par une approche qui s’échappe des classements stéréotypés. « Un musicien traditionnel n’a pas besoin de se rendre mélancolique pour jouer un morceau triste », prétend-il. Il irait même jusque vouloir reproduire « la justesse approximative » de la musique folklorique dans des œuvres inspirées par la musique populaire, comme la Troisième Sonate de Enescu; idée à laquelle il doit renoncer, car les a l i t Soliste réputé, il accorde une place privilégiée à la musique de chambre, qu’il pratique en excellente compagnie, surtout dans les festivals. C’est un habitué, entre autres, de Salzbourg et de Verbier. De par son activité de violoniste, il exerce également la fonction de chef d’orchestre, en dirigeant notamment l’Accademia Nazionale di Santa Cecilia de Roma et le Symphonique de Vienne (là encore, deux phalanges aux profils nationaux bien marqués, pour ne pas dire contrastés). Touche-à-tout, l'homme ne semble pas avoir de répertoire privilégié: son objectif est d’honorer toujours la partition et son concepteur. S’il admet volontiers que sans les interprètes, la musique n’aurait pas pu exister, il tire sa révérence aux auteurs des notes, « car nul musicien n’est plus grand que le compositeur ». Dans l’interprétation, le concertiste attache une extrême importance au choix de l’instrument, qu’il traite avec le plus grand respect: «pour moi, un violon a toujours été un mystère». Il attribue d’ailleurs à son Stradivarius « des qualités magiques ». A ce propos, il lance une revendication presque d’ordre social : alors que des instruments de qualité extraordinaire reposent encore dans des vitrines, pire encore, dans les coffres de collectionneurs millionnaires, de nombreux artistes talentueux n’y ont pas d’accès… « La personne la mieux qualifiée pour posséder un Stradivarius, c’est un violoniste !» conclut le musicien. Beata Zakes Tournée de Leonidas Kavakos dans le cadre des Concerts Migros «Pourcent Culturel»: 29 avril au Victoria hall, Genève; mais aussi à Zurich Saint-Gall et Berne Programme à Genève: Johannes Brahms (1833-1897) Concerto pour violon et orchestre en ré majeur, op. 77 Dieter Ammann (1962*) «Boost» pour orchestre (20002001) - Edward Elgar (1857-1934) Variations pour orchestre sur un thème original «Enigma», op. 36 Billets en ligne: www.migroslabilletterie.ch Tél. +41 22 319 61 11 é 45 m u s i q u e cully jazz festival du 4 au 12 avril Cully : la modernité poétique David Murray, Thomas Dutronc, Emily Loizeau, Marc Ribot, Emile Parisien, Medeski, Martin & Wood… Cully, dans le Lavaux, ce n'est pas seulement l'air du lac qui remonte à travers les feuilles de vignes. Ni ce festival de jazz pointu qui nargue son grand frère de Montreux d'à peine quelques encablures. C'est aussi une expérience de correspondances sur le mode poétique baudelairien : "les parfums, les couleurs et les sons se répondent". 46 Dans son application à définir le voyant, Rimbaud l'écrivait aussi : « il faut arriver à l'inconnu à travers le dérèglement de tous les sens ». C'est un peu l'expérience que promet l'affiche du 32e Cully Jazz Festival : on y hume et entonne, on écoute avec un semblable discernement et on finit inévitablement par être touché. Cette envie d'exploration poétique se retrouve chez Avishai Cohen, lorsque, se remémorant les airs que sa maman lui chantait, il gratte sa contrebasse en exhalant l'air d'Israël tout en prenant de plus en plus goût à la chanson (“Kumi Venetse Hasadeh“). Avec son dernier album, Almah, il observe la polysémie de la mère vierge (“A Child is born“, “Southern Lullaby“) et explore toutes les pistes, musicales, d'une possible réconciliation entre classique (“Kefel“) et jazz contemporain (“Shlosre“). Youssef prolonge la magie du vent d'une voix et d'un oud. Le luth arabe, et pourquoi pas le ngoni ? Cette guitare malienne a désormais valeur de symbole d'unité nationale. Bassekou Kouyaté est un des meilleurs interprètes de cet instrument traditionnel. La preuve en famille, puisqu'il est accompagné sur scène de sa femme (chanteuse) et de deux de ses fils (eux aussi joueurs de ngoni). A Mali, malin et demi. Pour un autre concert, Kouyaté accompagne son compatriote chanteur et guitariste Salif Keita pour une soirée de concert intitulée “Mali, on t'aime“. En tendant l'oreille, on pourra y percevoir Samba Diabaté, un griot de Bamako, aux côtés du jembiste suisse Vincent Zanetti. Cette inspiration se trouve également chez le pianiste Randy Weston, ici en duo avec un compagnon de longue date, le saxe Billy harper. Généreux et militants, ils remontent aux racines du blues, en Afrique. Comme eux, jadis, l'homme aux semelles de vent avait été appelé par le Harar, l'éthiopienne oasis, tout aussi une escale que le Lavaux. Le trompettiste français Ibrahim Maalouf accompagne aussi Rimbaud dans ses errements. Ses deux derniers albums, le vent (Wind) et les illusions (Illusions), inscrivent littérairement cette puissance du souffle musical. Celui-ci est si grand que, à Cully, Maalouf a demandé à trois autres trompettistes de rejoindre sa formation. Dans sa continuité, Dhafer Et s'il n'y avait pas besoin d'aller jusqu'en Afrique pour trouver les derniers poètes ? Le a Et les poètes suisses ? Olivia Pedroli © Yann Mingard Cully Jazz a tôt découvert des artistes talentueux dans nos montagnes. Les Zurichois de Rusconi, par exemple, qui ont même cherché la liberté du côté de la réinterprétation de Sonic Youth ; “The assault of holy music“. Ou alors le Genevois Leo Tardin, qui se défait pour le coup de son Grand Pianoramax et revient, plus intime, aux seules touches de son piano : “Que voudrais-tu de moi, doux Chant badin ?“ (Verlaine). Ou encore la chanteuse neuchâteloise Olivia Pedroli, qui, dans le silence religieux du Temple, offrira sa voix en offrande. “La Nature est un temple où de vivants piliers / Laissent parfois sortir de confuses paroles“ (Baudelaire). Alors que le Fribourgeois Stefan Aeby réconciliera le hiatus de son nom en touchant les noires et les blanches. “A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles…“ Il n'est donc pas que le slameur (et licencié philosophe) Saul Williams à pouvoir s'autoproclamer barde dans cette cuvée très poétique du Cully Jazz. Ayons donc toujours à nos oreilles les fondateurs de la poésie moderne en écoutant ceux “… Qui chantent les transports de l'esprit et des sens“ (Rimbaud). Frank Dayen Cully Jazz Festival, du 4 au 12 avril : www.cullyjazz.ch. Ibrahim Maalouf © Denis Rouvre c t u a l i t é m u s i q u e prochains concerts à la tête de l’ocg Arie van Beek Arie van Beek donne quelques précisions sur la suite de la saison de l’Orchestre de Chambre de Genève. Il s’arrête d’abord un premier point fort : Golgotha, oratorio de Frank Martin qui aura lieu le 2 avril à la Cathédrale de Lausanne et le 3 avril à la Cathédrale de Genève. L’un des ingrédients de chaque saison de l’OCG est en effet la présence d’un compositeur suisse. Oratorio de la Passion, Golgotha est une alternative aux Passions de J.-S Bach pour cette période de l’année. Arie van Beek apprécie particulièrement le style de Frank Martin, « étalé » dans cette œuvre mais jamais ennuyeux, et tout à fait adapté aux voix, celles des solistes comme celles du chœur. La distribution comprendra les chanteurs suivants : Joëlle-Aurélie Masson, soprano ; Nora Sourouzian, alto ; Raphaël Favre, ténor ; Benoît Capt, baryton et Alexandre Diakoff, basse. Ils seront entourés par les chœurs Laudate Deum, et Pro Arte de Lausanne. lequel sept instrumentistes ont un rôle de soliste, le concerto de Frank Martin pour 7 instruments à vent, timbales, batterie et orchestre, et la symphonie No 8 en fa majeur de Beethoven. Ainsi Frank Martin se trouve encadré par ses deux maîtres. Mais ce n’est pas tout. Comme chaque saison, L’OCG crée une pièce commandée. Il s’agit cette année de Tombeau, une sinfonia d’une durée de cinq minutes ( !) pour orchestre de chambre du compositeur et saxophoniste suisse Kevin Juillerat (né en 1987). La commande dépend de la programmation et non de contingences financières, comme on pourrait le croire au vu de la brièveté de l’œu-vre. Second point fort, le concert du 6 mai au Bâtiment des Forces Motrices, qui réunira un concerto brandebourgeois de J.-S Bach dans Le troisième événement auquel Arie van Beek prendra part est une rencontre public/orchestre qu’il présentera et dirigera le 3 mai à 17h au Studio Ansermet. Au cours d’une première rencontre il avait raconté l’histoire de la direction d’orchestre de Monteverdi à aujourd’hui. A l’origine de l’exercice, les compositeurs dirigeaient eux-mêmes leur musique. Ce n’est qu’au début du XIXe siècle que la séparation se fit et que les chefs d’orchestre proprement dits apparurent. Il avait aussi expliqué la façon de manier les diverses baguettes ou bâtons et commenté la position debout des chefs au début du XIXe, qui succéda à la position assise adoptée jusque là, généralement au clavecin. Deux spectateurs, une dame et un jeune garçon, ont même pu se mettre au pupitre à la place du chef pendant quelques instants ! La deuxième rencontre sera dédiée à la danse et plus exactement à la danse Nora Sourouzian participera aux représentations de l’oratorio «Golgotha» à Lausanne et Genève à trois temps, menuet et valse. Arie van e n t r e t i e Arie van Beek © Gregory Batardon Beek, avec l’aide d’un petit groupe de danseurs, organisera le spectacle sur des musiques de Jean-Sébastien et Jean-Chrétien Bach, Mozart et Sibelius. Saison 2014-2015 Il faudra attendre la conférence de presse le 30 avril pour avoir des informations complètes. Une création importante est prévue, un opéra de Michael Levinas, Le Petit Prince, que le public entendra pour la première fois à Lausanne, puis à Lille, au BFM à Genève (janvier), à Paris et peut-être à Liège. Au moment où nous écrivons ces lignes, Arie van Beek se trouve à Rotterdam où il accompagne des danseurs avec l’Ensemble de Doelen, dont il est le chef permanent, un concert de musique contemporaine, avec au programme Gavin Bryars, Ian Wilson et Steve Martland. Des noms peu connus de la majorité, qui a priori ne sont pas susceptibles d’attirer les foules, même s’il s’agit de partitions tout à fait « écoutables » par tout un chacun. Heureusement, les Néerlandais sont intelligents : dans l’une des séries d’abonnements possibles, UN concert est offert. Et, je vous le donne en mille, lequel ? –Justement celui-ci ! D’après des propos recueillis par Martine Duruz n 47 m u s i q u e Genève et Monthey Victoria hall, Genève Gli Angeli Abdullah Ibrahim «La Passion selon Saint Mathieu» est l’un des plus grands chefs-d’œuvre de l’histoire de la musique. Pièce la plus célèbre de Bach, elle est le témoignage le plus éclatant de son génie, de sa capacité à émouvoir et à interpeller en même temps. On ne présente plus le célèbre pianiste de jazz et compositeur sudafricain Abdullah Ibrahim, qui s’est fait connaître autant pour son incroyable talent que pour son engagement contre l’apartheid. Sa musique est d’ailleurs intimement liée à la lutte pour la défense des peuples sud-africains contre l'apartheid, à l'histoire de la musique noire. L’ensemble Gli Angeli et son chef Stephan MacLeod proposent cette œuvre idéale pour la période pascale, avec, parmi les solistes, le ténor Werner Güra et les sopranos Aleksandra Lewandowska et Maria Christina Kiehr. Cette «Passion selon Saint Mathieu» fascine toujours autant public et musiciens, en raison de sa beauté, de son message religieux, mais aussi de la densité de son propos et de ses dimensions inhabituelles, soit deux Werner Güra © Monika Rittershaus chœurs et deux orchestres ainsi qu’un chœur d’enfants, qui tous permettent et obligent une spatialisation de la musique et du propos. 48 C’est sa rencontre avec Duke Ellington, un jour de 1965 à Zurich, qui a décidé de son destin. En effet, le jazzman remarque le pianiste et sa femme chanteuse lors d’un concert et les invite à jouer au sein du Ellington Orchestra. Ce coup de pouce permettra à Abdullah Ibrahim de signer avec une grande marque de disques, et de débuter une carrière auréolée de succès. A Genève, Abdullah Ibrahim et son New Trio offriront une prestation mélangeant les musiques traditionnelles de son pays, l’esprit du blues et des ambiances oscillant entre Monk et… Ellington ! Abdullah Ibrahim © Manfred Rinderspacher . samedi 5 avril à 19h30 au Victoria Hall de Genève Billetterie Ville de Genève . dimanche 6 avril à 17h au Théâtre du Crochetan, Monthey . Mardi 15 avril à 20h30 Billetterie / lun.-vend. 14h-18h / +41 (0)24 475 79 09 Location : Fnac, TicketCorner, La Poste, Service culturel Migros Bâtiment des Forces motrices, Genève Victoria hall, Genève Andreas Scholl Manfred Honeck Le Concert Prestige no.4 du Geneva Camera est intitulé «La voix d’un ange». Et pour cause : le soliste en sera le célèbre contre-ténor Andreas Scholl. Très connu pour ses incursions dans le monde baroque, une musique particulièrement adaptée à sa voix, il chante sous la direction de chefs renommés comme René Jacobs, Philippe Herreweghe, William Christie, John Eliot Gardiner... Le chef d’orchestre australien Manfred Honeck a débuté sa carrière comme altiste; après sa formation à l’Académie de Musique de Vienne, il a été membre du Vienna Philharmonic et du Staatsoper de Vienne pendant plus de dix ans. C’est cette expérience qui influence grandement sa manière de diriger et qui contribue à forger son style particulier. Manfred Honeck a de nombreuses charges au titre de chef d’orchestre invité; il travaille en effet avec des orchestres majeurs tels que le Gewandhausorchester de Leipzig, la Staatskapelle de Dresden, le Royal Concertgebouw Orchestra, le London philharmonic Orchestra, ou Manfred Honeck © Felix Broede l’Orchestre de Paris. Andreas Scholl © Decca / James McMillan A Genève, il participera à la création mondiale d’une pièce pour contreténor et ensemble commandée par le Geneva Camerata au jeune compositeur Matan Porat, avant de conclure en chantant des extraits d’opéras de George Friedrich Händel. Nul doute que la soirée se révèlera céleste ! . Le 10 avril 2014 : 20h00 Lors des concerts des 2 et 3 avril, Manfred Honeck assurera la direction de l’Orchestre de la Suisse Romande dans un programme dédié à la Symphonie no 9 en ré majeur de Gustav Mahler. Billetterie : [email protected] - +41 22 310 05 45 www.fnac.ch& 1heure avant le début de la représentation au guichet du BFM a c t . Mercredi 2 et jeudi 3 avril à 20h00 u a l i t é m u s i q u e scènes de mars Agenda genevois La tétralogie s’achève au mois d’avril, sur la scène du Grand Théâtre, avec la représentation de sa troisième journée et dernier volet, Le Crépuscule des Dieux, du 23 avril au 2 mai. L’Orchestre de la Suisse Romande, toujours dirigé pour cette épopée par Ingo Metzmacher, accompagnera le Siegfried de John Daszak, le Gunther de Johannes Martin Kränzle et la Brünnhilde de Petra Lang – tandis que Dieter Dorn signe Antoinette Dennefeld © Stephane Kindler la mise en scène. Toujours pour honorer Wagner, le chœur du Grand Théâtre chantera des extraits des Musique de Genève proposeront la Passion selon grands opéras du maître au Victoria Hall le 27 St.Mathieu de JS Bach au Victoria Hall, avec les avril prochain, accompagné à l’orgue par Diego solistes Werner Güra et Maria Cristina Kiehr, Innocenzi, et sous la battue de Ching-Lien Wu. entre autres. En outre, dans le cadre des célébrations du La Geneva Camerata, avec David bicentenaire de l’entrée de Genève dans la Greilsammer à la baguette, sera au BFM le 10 Confédération organisées par le Festival Steps, le ballet du Grand Théâtre se réunira avec le Béjart Ballet Lausanne, le Ballet Zürich et le Ballet Basel, chaque troupe proposant une chorégraphie propre. Le florilège est à ne pas manquer au Bâtiment des Forces Motrices, du 25 au 30 avril. L’Orchestre de la Suisse Romande propose deux concerts remarquables les 2 et 3 avril, puisque Manfred Honeck jouera la Symphonie No 9 de Mahler. Ne manquons pas aussi la venue le 29 avril au Victoria Hall de l’Orchestre Symphonique de la BBC, avec le violoniste Leonidas Kavakos, qui interprétera le Concerto pour violon de Brahms ; la soirée, dirigée par Sakari Oramo, se poursuivra avec les Variations pour orchestre sur un thème original «Enigma» d’Elgar. L’Orchestre de Chambre de Genève propose pour sa part, le 3 avril, une soirée Pâques à la Cathédrale SaintPierre ; Arie van Beek y dirigera Golgotha et Oratorio de la Passion de Frank Martin. Le 29 avril, Sakari Oramo sera à la tête de l’Orchestre Symphonique Le 5 avril, Gli Angeli Genève ainsi que de la BBC © Adrian Burrows la Maîtrise du Conservatoire Populaire de a c t u a l i t avril avec la « voix d’un ange » : celle du contreténor Andreas Scholl, qui chantera notamment des extraits d’opéras de Haendel et une nouvelle pièce pour contreténor et ensemble, créée pour l’occasion. On retrouvera ces musiciens à la Comédie de Genève le 14 avril pour un concert prestige autour du “Minotaure“, ainsi qu’à l’ouverture du Festival Électron au Palladium, le jeudi 17 avril, où le Concerto pour deux pianos en do mineur de Bach côtoiera la création mondiale Électro et orchestre de Tristano. Les amateurs de musique contemporaine pourront aussi retrouver la soprano Salomé Kammer et l’Ensemble Contrechamps le dimanche 6 avril au Musée d’Art et d’Histoire, dans l’exploration du chant musical. Le 15 avril, au Studio Ernest-Ansermet, l’ensemble rendra hommage à Emmanuel Nunes, récemment décédé. Côté récital, remarquons la venue de Murray Perahia au Victoria Hall dans le cadre des concerts Caecilia, le 11 avril. Au programme : Suite française No 4 de Bach, Sonate pour piano No 23 de Beethoven, Papillons de Schumann et des œuvres de Chopin. Dans la série Jazz Classics, l’Abdullah Ibrahim New Trio sera le 15 avril au Victoria Hall, pour que les musiques du Cap s’entremêlent aux ambiances de Duke Ellington. En musique de chambre enfin, le Trio Zimmermann sera le 16 avril au Conservatoire de la Place Neuve pour interpréter des œuvres de Beethoven, Webern et Mozart, tandis que l’Ensemble de musique de l’OSR vous réveillera le dimanche 13 avril au BFM avec des œuvres de Leclair, Fasch, Couperin et Zelenka. Rappelons également les concerts agendés par le Festival Vernier Classique, dont celui du Quatuor de Genève avec le pianiste Didier Puntos le 13 avril. Et, dans le cadre de la Tribune des Jeunes Musiciens d’Espace 2, signalons le récital de la mezzo-soprano Antoinette Dennefeld et du pianiste Lucas Buclin, le 27 avril au Studio Ernest Ansermet. Martina Díaz é 49 m u s i q u e au c(h)œur de la cité Ching-Lien Wu Depuis 2001, Ching-Lien Wu occupe avec enthousiasme et compétence le poste de chef des chœurs du Grand Théâtre de Genève. Vous avez eu peut-être la chance d’entendre les superbes résultats qu’elle a obtenus de ses chanteurs dans le Nabucco du mois de mars. Jusqu’en 2012, elle a aussi été, pendant dix ans, à la tête du Motet de Genève. Entretien. 50 Diplômée de l’École Normale de Taïwan, elle a poursuivi ses études au Conservatoire Supérieur de Musique de Lyon et reçu en 1987 le premier prix de direction de chœur. Dès 1989 les engagements se succèdent. Elle est d’abord chef de chant à l’Opéra de Nantes, puis chef des chœurs assistante au Théâtre du Capitole de Toulouse, puis chef des chœurs à l’Opéra National du Rhin à Strasbourg. Elle est également invitée durant cette période aux opéras de Montpellier, Rouen et Shanghai tout comme à Radio France pour préparer oratorios et ouvrages lyriques. Elle a suivi des cours de direction d’orchestre avec J.-S Béreau, Helmut Rilling, M. Gielen et P. Boulez. Mais pourquoi la frêle et volontaire dame de Taïwan s’estelle retrouvée un jour à … Lyon, alors que son intention était de mettre le cap sur les Etats-Unis ? Eh bien tout simplement parce qu’elle a appris que le gouvernement franChing-Lien Wu çais offrait une bourse pour aller étudier la direction de chœur et d’orchestre dans cette ville. Elle connaissait la France à travers sa musique, ses peintres, sa mode, son cinéma, mais n’avait que peu de notions de la langue. Après un cours de français intensif de six mois elle débarqua dans ce pays, où elle fut surprise surtout par la mentalité, différente de ce dont elle avait l’habitude. En particulier, elle fut frappée par l’attitude des enfants vis-à-vis de leurs parents, des élèves par rapport à leurs professeurs, des jeunes envers les personnes âgées. A Taïwan, la tradition du respect des parents et de la hiérarchie est enco- e re vivante. En France, ce n’est pas vraiment le cas. D’autre part l’intérêt individuel et non celui du groupe passe en premier. Il y a pourtant un avantage dans la société française : le regard des autres semble moins pesant, la liberté plus grande : c’est ce qui lui a plu. Un travail dans le détail Combien de temps faut-il pour préparer une œuvre d’envergure ? Cela dépend, répond Ching-Lien Wu. Pour les Meistersinger par exemple, ou pour le contemporain on peut avoir besoin de six mois, et même plus pour Peter Grimes ! Les choristes professionnels commencent bien sûr par un déchiffrage. Ils ne sont pas censés travailler leurs partitions à la maison. Ensuite on laisse mûrir, et puis on reprend le travail. Si l’œuvre n’est pas trop ardue il n’est pas nécessaire de séparer les voix, comme pour Nabucco, où le plaisir de chanter en italien est immédiat. Les 41 choristes de 10 nationalités se plient volontiers à ses exigences, reconnaissent l’utilité d’une oreille extérieure et les bénéfices de son expérience. Elle les aide à trouver leur place dans un ensemble, sans renoncer à leur personnalité. Avec les complémentaires, il faut travailler d’une autre façon puisqu’ils ne maîtrisent pas toujours la technique. Mais ils connaissent la partition à la première répétition, ce qui permet de se concentrer sur l’effet vocal proprement dit. La disposition des choristes sur scène a son importance et l’un des principes de base est de ne jamais mettre deux voix puissantes côte à côte. Pour obtenir un équilibre il faut aussi tenir compte du décor, qui joue un rôle acoustique non négligeable. Tout cela se discute avec le chef et le metteur en scène. La langue peut aussi être un problème ; Ching-Lien Wu reçoit alors l’aide d’un coach, tchèque pour Rusalka par exemple, et transmet au chœur ce qu’elle a appris et exercé avec lui. Pour le russe il y a heureusement des choristes n t r e dont c’est la langue maternelle. Finalement le plus dur c’est… l’anglais !! Et que se passe-t-il lorsque le chef d’orchestre découvre le résultat de la préparation du chœur ? Evidemment ce n’est pas toujours pareil. Parfois le chef change tout dans l’interprétation. Il faut accepter, même si cela n’est pas cohérent. Ensuite on en discute. D’autres chefs changent tout à la première répétition, pour revenir à ce qui était fait au début. Pas grave, mais deux semaines de perdues ! Cela arrive rarement : la plupart du temps il y a collaboration des parties concernées. Mise en scène et direction d’orchestre Ching-Lien Wu se dit fort attirée par la mise en scène. Elle a fait ses premiers pas en 1999, remplaçant, sans aucune expérience préalable, le metteur en scène pressenti pour le Barbier de Séville à Taïpei. Elle s’est aperçue que son point de vue n’était plus le même : les reprises par exemple sont un problème pour le metteur en scène alors qu’elles ne le sont pas pour le coach musical. Quant à la direction d’orchestre elle a eu régulièrement l’occasion de s’y adonner avec les formations accompagnant le Motet, l’Orchestre de la Suisse Romande, l’Orchestre de Chambre de Genève ou l’Orchestratus Genevensis (orchestre composé selon les besoins du concert). Elle aime particulièrement les grands oratorios qui offrent tant de possibilités à l’instrument qu’elle préfère : la voix. Mais le dimanche 27 avril 2014 à 17h au Victoria Hall, c’est l’orgue de Diego Innocenzi qui soutiendra le Chœur du Grand Théâtre, dans des extraits des Meistersinger, Lohengrin, Götterdämmerung, Tannhäuser et Parsifal. Au milieu de cet hommage à Wagner, une surprise : Drei Gesänge zu Tristan und Isolde de Clytus Gottwald, spécialiste des arrangements pour chœur d’œuvres célèbres des XIXe et XXe siècles. Cette œuvre difficile requiert 16 voix a cappella, dont des soprani à l’aise sur les contre-ut dièse et autres contre-ré ! On rappellera ici que Ching-Lien Wu a été en 1996 l’assistante de Norbert Balatsch au Festival de Bayreuth ; Wagner, elle connaît. Ching-Lien Wu garde toujours à l’esprit un conseil qui lui a été donné il y a de nombreuses années : Ecoute d’abord avant de vouloir imposer ton point de vue. Parfois ce qui est proposé est meilleur que ce à quoi tu avais pensé ! D’après des propos recueillis par Martine Duruz t i e n m u s i q u e théâtre kléber-méleau, à renens Cédric Pescia et ses invités La 8e édition des Rencontres Musicales de l’Ensemble enScène avec Cédric Pescia aura lieu du 29 avril au 4 mai, dans le cadre accueillant du théâtre de Philippe Mentha, situé dans l’ancienne usine à gaz de Renens-Malley. Six concerts centrés sur le piano, chacun consacré à un compositeur différent, de Beethoven à Stockhausen, confiés à des musiciens proches de Cédric Pescia, qui interviendra lui-même dans quatre programmes, en solo ou en formation de chambre. Le concert inaugural, le mardi 29 avril à 20h, verra Cédric Pescia associé à quatre mains à Philippe Cassard. Deux artistes qui se connaissent bien, qui ont l’habitude de jouer ensemble et qui ne manqueront pas de ravir le public de Kléber-Méleau dans un programme alléchant, entièrement consacré à Franz Schubert. pour violon et piano, l’autre pour violoncelle et piano – et le célèbre Trio op. 97 « à l’Archiduc ». Les interprètes en seront les membres du Trio Stark, constitué de Nuri Stark au violon, Monika Leskovar au violoncelle et Cédric Pescia au piano. Un trio aux affinités musicales reconnues. La soirée du vendredi 2 mai devrait rallier Le lendemain, mercredi 30 avril à 19h, tous les suffrages des amateurs de musique Alexander Melnikov présentera les 24 moderne. Elle mettra les pianistes Severin von Préludes et Fugues op. 87 de Dmitry Eckardstein et Cédric Pescia, plus un techniChostakovitch. Une somme pianistique, écrite cien de l’IRCAM, aux prises avec l’une des pardans les 24 tonalités majeures et mineures, titions emblématiques de la seconde moitié du conçue dans l’esprit de Bach, et qui apparaît XXe siècle : Mantra pour deux pianos de bien comme le pendant moderne du Clavier Karlheinz Stockhausen, une œuvre inspirée de bien tempéré. Ce vaste cycle dont la durée la mystique orientale, basée sur une formule d’exécution avoisine les 2h 30 promet d’être mélodique unique de treize notes réparties en défendu de main de maître par le pianiste russe, quatre sections, dilatée ou contractée de toutes digne émule du grand Sviatoslav Richter dont il les façons possibles, avec une aide informatisée. fut le protégé à ses Une assistance qui repodébuts. Son enregistresait à l’origine, en 1970, ment de ces 24 Préludes sur des jeux de cymbales et Fugues, chez antiques, deux woodHarmonia mundi en blocks et deux modula2010, fut même considéteurs en anneaux. ré par le BBC Music Magazine comme faiContraste saisissant sant partie des « 50 enrele lendemain, samedi 3 gistrements les plus mai, avec le récital que le importants de tous les pianiste henri Barda temps. » consacrera à quelquesLes trois concerts unes des plus belles suivants auront lieu à inspirations poétiques de nouveau à 20h. Celui du Maurice Ravel : la jeudi 1er mai sera consaSonatine, les Valses cré à Beethoven, avec nobles et sentimentales, Severin von Eckardstein deux sonates - l’une Jeux d’eau, Gaspard de a c t u a l i t Cuarteto Casals © Felix Broede la nuit, la Pavane pour une infante défunte et le Tombeau de Couperin. « Mais qui est donc Henri Barda ? » se demanderont certains. Un pianiste et pédagogue français né au Caire il y a 73 ans, devenu professeur au Conservatoire, puis à l’Ecole Normale de Paris, qui enseignait à ses élèves « juste que la musique est dans la distance entre une note et une autre » et confiait en septembre 2012 au quotidien Libération : « Je n’ai jamais vu la musique comme un chemin vers la gloire, mais comme un voyage à l’intérieur de moi » Belle leçon d’humilité de la part d’un artiste tenu en haute estime par ses pairs. Le concert de clôture de ces Rencontres Musicales 2014 aura lieu le dimanche 4 mai à 17h 30. Reconnu comme l’un des meilleurs quatuors en activité, le Cuarteto Casals, de Barcelone, jouera deux grandes œuvres de Robert Schumann, le Quatuor à cordes No 1 op.41/1 et, avec le concours de Cédric Pescia, le Quintette pour piano et cordes op.44. Ces deux partitions seront précédées de l’interprétation, par Cédric Pescia, des « treize petits trucs », selon les propres termes de Schumann, que constituent les délicates miniatures des Kinderszenen. Yves Allaz Location : Théâtre Kléber-Méleau - 021 625 84 29 www.kleber-meleau.ch [email protected] Renseignements : www.ensemble-enscene.ch [email protected] é 51 m u s i q u e Au Théâtre de Beaulieu, le 11, est programmé un grand gala Tchaïkovski par la troupe du Théâtre académique municipal de Kiev. A Morges, le 6 au Théâtre de Beausobre, Le Goût du Sel, comédie musicale de Guy-Franc̈ois Leuenberger sera créée par le Conservatoire de Lausanne, sous la conduite de Maxime Pitois. A Nyon, le 6, à la Salle Cortot de la Villa Thomas, Marie-Claire Bettens et Laura Mendy, viole de Période pascale oblige : les deux Passions de Bach sont gambe et clavecin, proposent une « escapade musicale en Italie et en de retour, la Saint-Jean et la Saint-Matthieu, à côté Angleterre au 17e siècle. » d’autres grandes œuvres, tout aussi de circonstance, A Pully, le 1er avril à l’Octogone, le Quatuor Sine Nomine est l’hômais plus rares, de Martin, Gounod, Biber et te de Pour l’Art. Haydn, Bartok et Beethoven sont au programme. Charpentier. A Lausanne, à Romainmôtier, mais aussi A Lutry, le dimanche des Rameaux, les Concerts Bach accueillent à Vevey, Monthey ou St-Ursanne. l’Ensemble Vocal de St- Maurice, l’Ensemble Fratres et des solistes, avec à leur tête Pascal Crittin, pour la Messe en Si mineur de J.S. Bach. A Vevey, les deux derniers concerts d’Arts et Lettres de la saison sont A Lausanne, l’Opéra met à l’affiche Il Barbiere di Siviglia de confiés, le 12, à Mira Glodeanu, violon baroque, et l’Ensemble Ausonia, Gioacchino Rossini du 27 mars au 7 avril, dans la mise en scène d’Adriano qui joueront des Sonates du Rosaire et les Mystères douloureux de la Sinivia, avec Annalisa Stroppa (Rosina), Giorgio Passion de Biber, ainsi que le 29, au Hindemith Caoduro (Fiagaro), Edgardo Rocha (Almaviva), String Trio, qui interprétera des œu-vres de avec l’OCL, sous la direction musicale de Carlos Schubert, Hindemith et Mozart (le sublime Vieu. Le 6 avril, il accueille dans ses murs le Divertimento K.563). concert-spectacle que l’Ensemble Art-en-Ciel A Montreux, le 6, au Château du Chätelard, d’Isabelle Meyer consacre à Antonio Vivaldi (Les Vivian Berg, hautbois baroque, et Brian Franklin, Quatre Saisons) et à Astor Piazzolla (Las Cuatro viole de gambe, joueront des pages de Haendel et Estaciones Portenas), avec les danseurs Patricia de Heinichen. A l’Auditorium Stravinski, le 24, au Carrazco et Pablo Linares. concert de gala clôturant la 50e édition (24 au 26 Les 7 et 8 avril, l’Orchestre de Chambre de avril) du Montreux Choral Festival, Luc Lausanne, conduit par Kazuki Yamada, donnera Baghdassarian conduira solistes, chœurs et orchesson 8e concert d’abonnement, avec le concours du tre dans le Requiem de Mozart. jeune violoniste Fumiaki Miura, soliste de A Romainmôtier, le 6, Michel Corboz et son l‘Introduction et Rondo capriccioso, puis du 3e Ensemble Vocal de Lausanne ont mis à leur proConcerto de Saint-Saëns. Au mëme programme, la gramme le Motet sur des thèmes grégoriens de Symphonie No 5 « Réformation » de Mendelssohn. Maurice Duruflé, ainsi que Les sept paroles du Le 2 avril à la Salle Métropole, le concert Christ sur la croix et la Messe de Requiem de Fumiaki Miura © Koichi Miura Découvertes de l’OCL, avec Debora Waldman à sa Charles Gounod. Le Vendredi-Saint, l’Ensemble tête et en partenariat avec La Manufacture (Haute Ecole de Théâtre de Vocal Bis et des solistes, dont Simon Jordan en évangéliste, avec à leur Suisse Romande), verra la création mondiale du Jeu des Sept Clefs de tête Olivier Piguet, interpréteront la Passion selon Saint- Jean BWV 245 Richard Dubugnon. Un conte musical pour enfants. de J.S. Bach. Le 8 avril, toujours au Métropole, le 8e Entracte du Mardi des musiEn Valais, à Monthey, au Théâtre du Crochetan, le 6 avril, ce sont les ciens de l’OCL sera consacré au Trio à cordes D.471 de Schubert et au forces jumelées de l’Ensemble Gli Angeli de Genève (direction Stephan Quintette pour hautbois et cordes d’après le quaMacLeod) et du Chœur Chante la Vie (direction tuor K.423 de Mozart. Karine Barman) qui présenteront, avec le ténor A la Cathédrale, Golgotha de Frank Martin Werner Gu ̈ra en évangéliste et des solistes réputés, sera interprété le 2 avril par l’Orchestre de la Passion selon Saint Matthieu de J.S. Bach. Chambre de Genève, les chœurs Laudate Deum et A Sierre, le 6, à l’Ho ̈tel de Ville, le Quatuor Pro Arte et des solistes, sous la conduite d’Arie Carmina interprétera des quatuors de Haydn, de van Beek. Les 16 et 17, la Passion selon SaintDebussy et de Schumann. Matthieu de Bach aura pour interprètes un groupe A Neuchâtel, le 3 avril au Temple du Bas, le de solistes, dont Michael Nowak en évangéliste, le Schweizer Klaviertrio jouera deux chefs-d’œuvre Chœur Vivace, l’Ensemble Vocal de la Côte, la du répertoire : le Trio op.97 « à l’Archiduc » de Maîtrise du CVPMDT de Genève et l’Ensemble Beethoven, et le Trio op. 66 de Mendelssohn. Fratres, sous la conduite de Christophe Gesseney. A La Chaux-de-Fonds, le 4, au Théâtre, Il Concerts d’orgue le Vendredi- Saint et le jour de Giardino Armonico et Giovanni Antonini, à l’enseiPâques. A la Salle Paderewski, les Concerts de gne de « La Morte della ragione » ont inscrit 14 Montbenon annoncent deux récitals de piano : compositeurs à leur programme, de Heinrich Isaac celui de Jean-Franc̈ois Antonioli le 11, celui de et Josquin Desprez à Henry Purcell, en passant par Mira Glodeanu © Jérémie Kerling Paul Coker le 15 avril. Clément Janequin et Samuel Scheidt. Le 29, au scènes d’avril Agenda romand 52 a c t u a l i t é m u s i q u e Temple Allemand, I Madrigali Notturni associera des compositions de la Renaissance à des œuvres de la compositrice Katharins Rosenberger, sous les éclairages de Christa Wenger, la lumière étant un élément essentiel du spectacle de ce groupe de chanteuses. A Bienne, le 30 avril, titré Cellissimo, le 8e concert de l’Orchestre symphonique Bienne-Soleure, sous la direction de Kaspar Zehner, sera bien sûr dédié au violoncelle, avec notamment la Bachiana brasileira No1 pour 8 violoncelles de Heitor Villa-Lobos et Dialogues cellestes pour 2 violoncelles et orchestre de Fabian Müller, avec Antonio Meneses et PiChin Chien en solistes. Au Stadttheater, le 11, première de Die Entführung aus dem Serail de Mozart, suivie de représentations le 13, le 16 et le 21, et nouvelles représentations, le 15 et le 25, de Figaro, une création de Christian Henking. Dans le Jura, le Vendredi-Saint à la Collégiale de St-Ursanne, les Grands Motets pour la Semaine Sainte de Marc-Antoine Charpentier seront donnés, sous la direction de Sébastien Daucé, par l’Ensemble Correspondances, magnifique formation de chanteurs et instrumentistes formée à Lyon en 2008, spécialisée dans l’interprétation du répertoire sacré du Grand Siècle. Julian Rachlin A Fribourg, le 4 avril au Théâtre de l’Equilibre, les Hollandais du Trio Storioni donneront la 3e soirée de leur intégrale des trios avec piano de Beethoven, dont le fameux Trio op.97 « à l’Archiduc ». Au mëme endroit, le 11, l’Orchestre de Chambre fribourgeois, avec Chiara Banchini à la direction et au violon, interprétera des pages des fils de Bach et des frères Haydn, dont un Concerto pour violon de Michael, le cadet, et la Symphonie No 15 de l’aîné, Joseph. Le 16, l’Orchestre de Chambre de Lausanne sera à l’Equilibre avec Julian Rachlin, au violon et à la direction, pour l’Ouverture des Noces de Figaro de Mozart, le Concerto en mi mineur et la Symphonie en la majeur « Italienne » de Mendelssohn. A La Tour-de-Trême le 6, et à Romont le 26 avril, l’Orchestre de Chambre fribourgeois, cette fois-ci sous la direction de son fondateur Laurent Gendre, accompagnera dans les deux villes un trompettiste, dans l’une Jean-Franc̈ois Michel dans le Concerto de Haydn, dans l’autre Didier Conus dans celui de Hummel, la 4e Symphonie de Beethoven ou la Symphonie No 38 « Prague » de Mozart complétant le programme. Yves Allaz lucerne festival L’après Abbado Le Festival avant Pâques qui se déroulera du 5 au 13 avril, rendra hommage à Claudio Abbado le dimanche 6 avril, avec un concert du Lucerne Festival Orchestra, la phalange fondée par le très regretté chef italien. Au programme de ce concert exceptionnel la symphonie inachevée de Schubert, jouée sans chef d’orchestre, le concerto pour violon et orchestre À la mémoire d’un ange, d’Alban Berg, avec Isabelle Faust, et le final de la symphonie no 3 de Gustav Mahler dirigé par Andris Nelsons. Le chef letton dirigera également Parsifal de Richard Wagner, le samedi 12 avril. Cette version concertante sera interprétée par l’orchestre et le chœur de la Radio bavaroise. C’est Bernard Haitink qui ouvrira le festival le 5 avril, avec le Chamber Orchestra of Europe. Ils joueront deux symphonies de Schumann, la 1ière et la 4ème, et Gautier Capuçon se joindra à eux pour interpréter le Concerto pour violoncelle du même compositeur. Le 6 avril en matinée aura lieu un concert d’orgue et trompette. Martin Lücker et Reinhold Friedrich donneront vie à des partions de divers compositeurs, de Tomaso Albinoni à Paul Hindemith en passant par Johann Sebastian Bach et Franz Liszt. Gustavo Dudamel est un invité régulier du Festival avant Pâques. Cette année il dirigera l’orchestre de la Radio bavaroise dans la 6ème symphonie de Beethoven, la Pastorale, et Le Sacre du printemps de Stravinsky. Le festival avant Pâques propose toujours également des concerts de musique sacrée. Le mardi 8 avril le chœur britannique “Stile Antico“ interpétera de la musique vocale de la Renaissance provenant de toute l’Europe sur le thème de la passion et de la résurrection du Christ. Le mercredi 6 avril, András Schiff dirigera son orchestre la Cappella Andrea Barca et le chœur Balthasar Neumann qui donneront la Missa Solemnis de Beethoven. Le lendemain, la Jeune Philharmonie de la Suisse centrale et le Chœur Académique de Lucerne interpréteront l’oratorio Belshazzar de Händel. À la baguetAndris Nelsons © Marco Borggreve te, Marcus Creed. Et le chœur de la Radio bavaroise clôturera le festival le dimanche 13 avril avec la Petite Messe solennelle de Gioachino Rossini. Au piano, Yaara Tal et Andreas Groethuysen, à l’harmonium, Max Hanft. Du vendredi 11 au dimanche 13, on aura la possibilité d’assister au Master class de direction d’orchestre données par Bernard Haitink. Le Lucerne Festival a par ailleurs commandé une œuvre au jeune compositeur italien Riccardo Panfili qui sera créée par l’ensemble Human Rights Orchestra et les élèves du Lycée Reussbühl le samedi 12 avril. Emmanuèle Rüegger a c t u a l i t é 53 m u s i q u e casino de montbenon, lausanne Le piano à l’honneur A l’enseigne de Fortepianissimo, les Concerts de Montbenon proposent un cycle printanier de cinq récitals de piano pour clore leur 33e saison à la Salle Paderewski. La deuxième soirée de la série verra le retour sur scène du pianiste Paul Coker, tenu longtemps absent des salles de concert. 54 Jean-François Antonioli ouvrira les feux le vendredi 11 avril avec un programme de musique française comportant, entre autres, l’unique Sonate de Dutilleux, dont le pianiste lausannois est de longue date l’interprète privilégié. Le mardi 15 avril, Paul Coker, à une et deux mains, jouera des pages de Bach, Scriabine, Mersson, Wagner et Brahms, reprenant à cette occasion une partie du contenu d’un magnifique CD paru en 2012 chez Doron Music. En mai, Brigitte Meyer mettra son talent au service de Haydn et de Mendelssohn, alors qu’en juin, le jeune Louis Schwizgebel et Sergei Babayan, illustre tiulaire d’une classe de piano au Cleveland Institut of Music, mettront un terme aux festivités. Music, sacré « meilleur musicien de l’année ble de cette situation, sans renoncer pour autant à reprendre un jour son activité de soliste, il entre-prend alors la transcription pour la main gauche de grandes partitions comme celle de la Mort d’Isolde de Richard Wagner, à partir de la propre transcription de Liszt pour les deux mains, ou celle de l’imposante Fantaisie chromatique et Fugue BWV 903 de J.S.Bach. Paul Coker transcrit aussi, à partir de la version pour piano à deux mains de Busoni, le très beau choral de Bach Nun komm der Heiden Heiland, ainsi que, retravaillant l’adaptation qu’en avait faite Brahms au piano, la fameuse Chaconne de la Partita en ré mineur pour violon seul, de Bach également. Louis Schwizgebel Le retour de Paul Coker Le récital de Paul Coker mérite de retenir tout particulièrement l’attention des mélomanes lausannois, tant pour l’originalité des œuvres programmées que pour la personnalité de leur interprète, tenu très longtemps éloigné des salles de concert en raison de graves ennuis de santé qui l’ont empêché pendant de longues années de poursuivre son activité de pianiste concertiste. La carrière de Paul Coker avait pourtant débuté sous les meilleurs auspices. Né à Londres en 1959, il n’avait que 20 ans quand Yehudi Menuhin le choisit pour remplacer sa sœur Hephzibah, malade, dans ses tournées à travers le monde. Une collaboration qui dura une dizaine d’années, marquée par plus de deux cents concerts, en duo ou avec orchestre. Entré à 9 ans à la Yehudi Menuhin School de sa ville natale, diplômé du Royal College of a 1978 » en Angleterre, Paul Coker compta notamment, parmi ses nombreux partenaires, des violonistes comme Pierre Amoyal et Joshua Bell, et des violoncellistes comme les frères Demenga et Steven Isserlis. Il forma en 1990 le Trio Coker-Stuller-Brown et enregistra de nombreux disques, dont de très belles sonates de Schubert et celles pour violoncelle et piano de Beethoven. Les vingt dernières années Professeur à la Yehudi Menuhin School de Londres durant plusieurs années, Paul Coker enseigne depuis 1995 à la Haute Ecole de Musique de Genève, sur le site de Neuchâtel, où il réside. Il y a une vingtaine d’années, Paul Coker a connu des problèmes de santé qui l’ont contraint à mettre provisoirement un terme à sa carrière de soliste. Tirant le meilleur parti possi- c t u a Ces chefs-d’œuvre, dans les arrangements de sa main, figurent en bonne place dans le programme que Paul Coker présentera le 15 avril à Montbenon, à côté de pièces écrites spécialement pour la main gauche, de Scriabine et de Boris Mersson, le compositeur et chef d’orchestre suisse d’origine russe disparu en novembre dernier. Un concert qui compte beaucoup pour cet artiste qui donnera ce jour-là un premier récital public attendu depuis des années. Yves Allaz Lausanne Casino de Montbenon Salle Paderewski e-mail : [email protected] SMS : 076 570 40 72 l i t é m u s i q u e victoria hall, genève Murray Perahia Dans la série Les grands interprètes de l’agence Caecilia, Murray Perahia sera en récital au Victoria hall de Genève le 11 avril 2014. L’occasion d’entendre le pianiste new-yorkais dans la musique de Bach, Beethoven, Schumann et Chopin. Blessé au pouce il y a quelques années et contraint à une longue période d’inactivité musicale, Murray Perahia en a profité pour se plonger corps et âme dans la musique de Jean Sébastien Bach. Comme il le dit lui-même, cette étude a influencé essentiellement sa vision et son interprétation de Chopin - ce « classiqueromantique » dont la musique lui est chère. Par ailleurs, cette curiosité musicale apparaît chez Perahia dans son désir constant de retrouver l’esprit des œuvres à travers les liens qui les unissent. Murray Perahia joue depuis plus de trente ans sur les scènes du monde entier et il est deve- nu un des pianistes les plus reconnus de notre temps. Celui qui a travaillé notamment avec Mieczyslaw Horszowski et Vladimir Horowitz a également étendu sa collaboration artistique avec Rudolf Serkin, Pablo Casals, et les membres du quatuor à cordes de Budapest. Son affinité avec la musique de Bach est manifeste dans ses enregistrements des concertos pour clavier de Bach et le Concerto brandebourgeois n ° 5 avec l'Academy of St. Martin in the Fields. Son enregistrement des Variations Goldberg de Bach a également reçu deux nominations Grammy et remporté en 2001 le prix Grammophone du meilleur enregistrement instrumental ; de même, son enregistrement des Suites anglaises de Bach a remporté également un Grammy ainsi que plusieurs prix décernés par le magazine Grammophone pour son interprétations des ballades de Chopin. Du maître polonais il a également enregistré l’intégrale des Etudes de l’op. 10 et op. 25 – intégrale pour laquelle il a reçu le prix du Meilleur Soliste Instrumental Performance 2003. Son rayonnement artistique lui vaut enfin le titre de Chevalier Commandeur Honoraire de l'Ordre de l'Empire britannique, remis par Sa Majesté la Reine d'Angleterre, en reconnaissance de ses services exceptionnels rendus à la musique. Le récital du 11 avril au Victoria Hall permet donc à Murray Perahia d’interpréter des œuvres majeures des grands compositeurs de l’histoire. Sa prédilection pour la musique de Bach et de Beethoven est à l’origine d’un programme conséquent avec les partitions de la Suite française n° 4 BWV 815 et de la Sonate n° 23 « Appassionata ». La seconde partie du récital met à l’honneur la musique romantique avec Robert Schumann et ses Papillons ainsi que trois Etudes, le premier Nocturne, op. 62 et le Scherzo n° 2, op. 31 de Chopin. Un récital prometteur pour ouvrir ce printemps musical genevois. Serene Regard 11 avril : Les Grands Interprètes. Murray Perahia, piano (Bach, Beethoven, Schumann, Chopin). Victoria hall à 20h (Service culturel Migros, 022/319.61.11, Stand Info Balexert, Migros Nyon-La Combe) Murray Perahia a c t u a l i t é 55 m u s i q u e avons choisi le Liederkreis op.39 qui contient parmi les plus grandes réussites en la matière, ainsi qu'une sélection de mélodies isolées. Il y a tant de joyaux dans les recueils de Lieder de Schumann qu'il est très difficile d'en choisir certains et de renoncer à d'autres. festival vernier classique Fabrizio Chiovetta Programmé pour trois concerts dans le cadre du Festival Vernier Classique, le pianiste genevois, dont un enregistrement d’œuvres de Schubert sorti en 2013 a été très remarqué, répond aux questions de Scènes Magazine. 56 Né à Genève, Fabrizio Chiovetta étudie avec Dominique Weber, Paul BaduraSkoda et John Perry. Ses enregistrements comprennent des œuvres de Schumann et Schubert. Il donne de nombreux concerts en Europe, Amérique du Nord, Asie et Moyen-Orient, aussi bien en récital qu’en musique de chambre. Egalement improvisateur, il collabore avec des musiciens de divers horizons (Piano Seven, Anna Prucnal, Masako Hayashi, Levon et Grégoire Maret). Fabrizio Chiovetta enseigne le piano à la Haute Ecole de Musique de Genève. Dans le cadre du Festival, outre un récital, vous allez donner deux concerts avec comme partenaires le violoncelliste henri Demarquette pour l’un, la soprano Charlotte Müller-Perrier pour l’autre. Comment avez-vous été amené à ces choix ? Les organisateurs du Festival Vernier classique m'ont donné carte blanche pour trois concerts. J'ai donc naturellement proposé un récital solo, mais j'affectionne également la musique de chambre et le Lied. J'ai entendu à plusieurs reprises Henri Demarquette, un des violoncellistes actuels qui me plaît le plus. Son jeu sobre, intelligent et sensible m'attire énormément et je suis enchanté de me produire avec lui à Vernier. Ce sera notre première collaboration. J'ai joué il y a trois ans avec la soprano Charlotte MüllerPerrier dans le cadre des Concerts de Musique de Chambre de l'Orchestre de Chambre de Lausanne. Avec des membres de cet ensemble, nous avons interprété des oeuvres de Schostakovich et Chausson. Nous nous sommes entendus à merveille et avons tout de suite évoqué l'idée de travailler un programme en duo, mais l'occasion ne s'est pas présentée. L'an dernier, nous avons partagé l'affiche lors d'un e Vous avez bien sûr des projets Fabrizio Chiovetta concert Mozart au Victoria Hall: je jouais un Concerto pour piano alors qu'elle était soliste dans la Messe en Ut mineur. Elle a été bouleversante, et nous avons à cette occasion à nouveau exprimé le désir de travailler ensemble. J'ai enregistré un disque Haydn (Sonates et Variations) qui paraîtra dans quelques mois chez Claves Records et prévois d'enregistrer prochainement un disque Bach. Pour ce qui est des concerts, je jouerai à Venise début mai, en récital, ainsi qu'avec la violoncelliste Cecilia Tsan. Le lendemain j'accompagnerai la soprano Céline Laly au Festival Les Athénéennes. Un peu plus tard, ce sera un récital nocturne (concert à 22h30 éclairé à la bougie) au Festival Cully Classique le 27 juin, avec notamment la Sonate D960 de Schubert. A la rentrée nous nous retrouverons avec les violonistes Sarah et Deborah Nemtanu, dans un programme Haydn, Shostakovich, Dvorak pour un concert où je me produirai au piano ainsi qu’à l'accordéon, instrument que je pratique également. Propos recueillis par Christian Bernard Parlez-nous des choix du programme Pour mon récital solo, j'ai choisi des oeuvres tardives de Beethoven (Bagatelles op.126) et Brahms (Intermezzi op.117). Ce sont des pages très concentrées, intimes, méditatives. Après cette première partie au contenu dense et spirituel, j'interpréterai l'Ouverture Française en si mineur de J.S.Bach. C'est une suite de danses de grande envergure, un immense chef-d'œuvre moins fréquenté par les pianistes que les Partitas. Brahms et Beethoven seront également présents dans le récital avec violoncelle, avec deux sonates incontournables du répertoire pour violoncelle et piano. Il y a quelques mois j'ai assisté à un concert de Henri Demarquette et Boris Berezovsky au Théâtre des Champs-Elysés. Ils ont entre autre admirablement joué la Sonate de Britten, pour laquelle j'ai eu un véritable coup de coeur, et j'ai dès lors eu très envie de jouer cette oeuvre avec Henri. La musique de Schumann me touche profondément. J'ai d'ailleurs choisi ce compositeur pour mon premier enregistrement solo. Schumann était très attaché à la poésie, et sa fibre littéraire s'épanouit à merveille dans ses Lieder. Nous n t r e Festival Vernier classique – Salle des fêtes du Lignon Programme TRIO GUARNERI DE PRAGUE le 4 avril 2014 à 20h00 Haydn: Trio avec piano n° 39 en sol majeur op. 88 n°2 Hob. XV.25, dans le style tzigane Chostakovitch: Trio avec piano n° 2 en mi mineur op. 67, Dvorák: Trio avec piano n° 4 op. 90, B 166, Dumky FABRIZIO ChIOVETTA le 6 avril 2014 à 16h00 Bach, Ouverture française BWV 831 Brahms, Intermezzi op.117 Beethoven, 6 Bagatelles op.126 FABRIZIO ChIOVETTA & hENRI DEMARQUETTE (violoncelle) le 11 avril 2014 à 20h00 Beethoven, Sonate n.3 en la majeur op. 69 Brahms, Sonate n.1 en mi mineur op.38 Britten, Sonate en do majeur op.65 FABRIZIO ChIOVETTA & ChARLOTTE MüLLER-PERRIER (soprano) le 12 avril 2014 à 20h00 Schumann, Liederkreis op.39 | sélection de Lieder QUATUOR DE GENèVE le 13 avril 2014 à 16h00 De Vienne à Prague: horizons d’Europe centrale Haydn: Quatuor opus 76 n°5, Janecek: Quatuor n°1 (« Sonate a Kreutzer »), Dvorák: Quintette avec piano opus 81. t i e n m u s i q u e à la salle paderewski lausanne Concert de la Fondation Résonnance Mardi 24 juin à la salle Paderewski du casino de Montbenon, un concert organisé par Elizabeth Sombart offrira à la pianiste l’occasion de présenter le travail réalisé en Roumanie par la Fondation qu’elle préside. La première partie du concert est dédiée en effet à de jeunes prodiges roumains suivis par la filiale Résonnance de Roumanie depuis sa création en 2012. Agés de 8 à 12 ans, ils sont actuellement huit à bénéficier gratuitement de la pédagogie mise au point par Elizabeth Sombart. Trois d’entre eux feront le voyage de Lausanne. “Il faut à tout prix leur éviter d’entrer dans le système qui transforme les enfants prodiges en bêtes de cirque” s’enflamme la pianiste dont on sait le refus qu’elle a très tôt opposé à l’esprit de compétition, pour suivre un chemin de liberté. Le concert permettra en outre d’entendre deux interprètes proches d’Elizabeth Sombart et du chef d’orchestre Jordi Mora. Il s’agit de la pianiste Pilar Guarné, responsable de Résonnance Espagne, dont on se souvient peutêtre de la venue au Théâtre de Beaulieu à Lausanne ou au Bâtiment des Forces Motrices de Genève, et du pianiste Jean-Claude Dénervaud, directeur du Centre International de la Pédagogie Résonnance et professeur des Masterclass de piano et de musique de chambre. Ils seront rejoints par une élève du contreténor français Vincent Aguettant, professeur des Masterclass de chant du CIEPR. Elizabeth Sombart clôturera le concert dans un programme naturellement consacré à Chopin, puisqu’elle prépare actuellement les deux Concertos du compositeur qu’elle enregistrera fin mai à Londres avec le Royal Philarmonic Orchestra, le disque devant être disponible dès le mois de septem-bre. Concerts des Masterclass Fidèle à son idéal d’offrir des concerts Résonnance dans les lieux où la musique n’est pas, la Fondation propose, d’ici à l’été, plusieurs concerts donnés par les participants aux Masterclass. Pour les Masterclass de piano avec Elizabeth Sombart, le 7 avril à 14h30 au Home Salem à St-Légier; pour le chant avec Vincent Aguettant, le 5 mai à 16h30 au Domaine de la Gottaz à Morges; pour la musique de chamber avec Jordi Mora, le 20 juin à 15h. à la Fondation Clémence à Lausanne. Christian Bernard Elizabeth Sombart a c t u a l i t é 57 s p e c t a c l e s spectacles onésiens Bassekou Kouyaté Comme la saison a été dense et intense, le mois d’avril ne proposera qu’un seul spectacle mais quel spectacle ! Le 11 avril, place à Bassekou, un musicien malien au talent incroyable, et le plus connu des maîtres de Ngoni – le luth des griots, l’ancêtre du banjo. 58 Sa musique balance entre rock et tradition, imprégnée de la culture mandingue, mais bien ancrée dans le monde contemporain. Ce virtuose est accompagné de son épouse, merveilleuse chanteuse, de ses fils, joueurs de ngoni, et soutenu par d’excellents percussionnistes. Bassekou Kouyaté est né en 1966 à Garana et son groupe est connu sous le nom de Ngoni ba. Fervent militant pour la paix, Bassekou enrage de ce qui se passe dans son pays : « Le Mali est une terre de musique, pas une terre de guerre et d’islamisme » rappelle-t-il avec véhémence. Bassekou Kouyaté a commencé à l'âge de douze ans à jouer le Ngoni. A la fin des années 80, il s'installe à Bamako, la capitale. Son premier album, Segu Blue, a été publié à l'échelle internationale en 2007 par Out Here dossiers et distribué au Royaume-Uni par Music bonne distribution. L'album a été produit par Lucy Duran. Il est également apparu sur un certain nombre d'albums par Toumani Diabaté [2] et a joué dans plusieurs pays européens. En 2010, Kouyaté a été Bassekou Kouyaté en famille a en tournée avec Béla Fleck. La femme de Kouyaté, Amy Sacko, est également une artiste solo réussie et chante dans son groupe. Son père, Mustapha Kouyaté, était un joueur de ngoni et sa mère Yagaré Damba était une chanteuse de louanges. La tradition musicale est donc bien ancrée dans la famille de l’artiste qui l’a transmis à ses enfants. Ses dernières compositions sont marquées du sceau de la colère contre la guerre qui a éclaté au Mali pendant l’enregistrement de son dernier album. Intense et pourtant joyeuse, sa musique lance des messages forts et pacifiques à l’attention de ses compatriotes qui veulent l’entendre. Ce sont des compositions ou des morceaux traditionnels, dont l’histoire prend une dimension plus poignante dans le contexte de crise confessionnelle qui sévit dans le pays : par exemple, Sinaly est un chant d’hommage à Sinaly Diarra, un roi de Ségou au XIXe siècle, résistant à l’islamisation, dont le courage donna lieu à de nombreuses louanges. Segu Jajiri rappelle l’histoire d’un guerrier de Ségou, musulman et buveur occasionnel de bière traditionnelle de millet. Dans Kele Magni, Amy Sacko lance un appel à la paix en duo avec la diva de Tombouctou Khaïra Arby et dans Jama Ko, il est question d’unité entre chrétiens, musulmans, animistes, plus largement “un Mali un et indivisible“, leitmotiv du répertoire de Bassekou Kouyaté. Sur la plupart des morceaux, le ngoni est branché sur c t u a une pédale wah-wah et le son presque distordu, frisant quelques fois la saturation : «c’est moi qui en ai eu l’idée, car les enfants d’aujourd’hui aiment la guitare électrique». Malgré les coupures d’électricité, l’inquiétude croissante, le manque d’informations, Bassekou Kouyaté poursuit ses enregistrements entre le studio Bogolan et sa maison, livrant des morceaux imprégnés de la grande tradition griotique dont il est l’un des fiers représentants, mais surtout des messages de paix, de fraternité et réconciliation à l’attention des Maliens comme des autres auditeurs. Des messages à découvrir et réentendre à Onex le 11 avril 2014 ! Firouz-Elisabeth Pillet www.spectaclesonesiens.ch Théâtre Am Stram Gram ASG proposera deux spectacles au mois d’avril : Ventrosoleil, du 1er au 5 avril, une création d’ASG avec Contrechamps. Néla, c’est la fille de Mo le Boucher, un boucher dans tous les sens du terme, y compris les pires. Un jour, Néla se réveille avec un pied en moins. Pas pratique quand on veut voyager. Ajoutez au tableau un vieux chat aux yeux de fée, Ventrosoleil, qui est toujours là où l’on espère qu’il sera. Voici une fable douce-amère sur les héritages difficiles et le désir d’ailleurs, la nécessité de rêver et de poursuivre ses rêves sans s’arrêter en chemin. Cousine de l’Alice de Lewis Carroll, Néla, la protagoniste de la pièce, affronte le monde avec l’aplomb, ténacité et force. Du 8 au 15 avril, ASG reçoit PAN ! (La Compagnie) avec La petite fille aux allumettes; la compagnie souhaite demander à des groupes d’enfants de 5 à 12 ans, dont les voix si vivantes viennent soulever des forces de vie, s’il est raisonnable de laisser à un adulte le soin de choisir la fin de l’histoire... Pour déjouer le désarroi et la tristesse que ressentent les jeunes lecteurs quand ils comprennent la fin du conte d’Andersen, PAN ! propose un questionnement autour de cette œuvre. Et le résultat, c’est Andersen, la fatalité en moins, les questions en plus ; rien n’est édulcoré du conte original, car le XXIe siècle n’est pas moins dur que le XIXe, mais l’humour bouscule, la tendresse renverse. Firouz-Elisabeth Pillet www.amstramgram.ch l i t é Théâtre des Marionnettes de Genève Location : 022 / 807.31.07 Jusqu’au 13 avril : « Voyage en Polygonie » (© Phil Journe) Du 30 avril au 18 mai : «Ne m’appelez plus jamais mon petit lapin» (© Cédric Vincensini) d a n s tournée Le Ballett Zurich en Suisse romande Pour la première fois, la plus grande compagnie alémanique vient en Suisse romande, dans le cadre du Festival Steps du Pour-cent culturel de la Migros. On pourra voir le triptyque Notations le 26 avril 2014 au Grand Théâtre de Genève, le 3 mai au Théâtre du Jorat à Mézères et le 10 mai au Théâtre du passage à Neuchâtel. À Genève, cet événement s’insère dans la manifestation helveticdanse, un minifestival des grandes compagnies suisses. 60 La compagnie alémanique a joui d’une réputation internationale avec son directeur et chorégraphe Heinz Spoerli (de 1996 à 2012). Son successeur, l’Allemand Christian Spuck, ancien chorégraphe du Ballet de Stuttgart, a relevé brillamment le défi. Sa version très inspirée de Roméo et Juliette se joue à guichets fermés depuis l’automne 2012. Ses adaptations des pièces de Büchner Léonce et Lena ainsi que Woyzeck on fait un triomphe. Le Ballett Zurich compte une cinquantaine de danseurs si l’on ajoute le Junior Ballett à la compagnie principale. Cela lui permet de proposer des grands ballets du répertoire comme Le Lac des cygnes (dans la version de Heinz Spoerli). Le niveau technique de ses danseurs e Max Richter, est prometteur. La pièce médiane consistera en une chorégraphie de Marco Goecke sur la très belle partition d’Arnold Schönberg La Nuit transfigurée. Il sera intéressant de voir comment le chorégraphe allemand réputé pour son style fait de mouvements menus et répétitifs a réagi à cette musique lente. Une autre création, celle de Christian Spuck, complète la soirée. Il dit s’être inspiré des poèmes de Shakespeare, dont il veut rendre l’atmosphè- est très élevé, comparable aux meilleures compagnies européennes. Parmi les premiers solistes, on compte Katja Wünsche et William Moore, des danseurs étoiles du Ballet de Stuttgart venus avec Christian Spuck. Les anciens solistes, tels Yen Han, Arman Grigoryan ou Filipe Portugal n’ont pas à craindre la comparaison. La soirée proposée par le Ballett Zurich se compose de trois pièces, trois créations, très différentes. Il y aura en ouverture de ce triptyque une pièce de Wayne McGregor, un chorégraphe anglais attaché entre autre au London Royal Ballet, dont le style se caractérise par la rapidité et la virtuosité. Son choix musical, en l’occurrence Vivaldi Recomposed du compositeur Christian Spuck © Judith Schlosser re sur le 1er mouvement de la 8e symphonie de Philip Glass. En échange, les Zurichois pourront apprécier le Ballet du Grand Théâtre de Genève, toujours dans le cadre du Festival Steps, dans leur maison d’opéra, l’Opernhaus, le 9 mai 2014. Emmanuèle Rüegger 26 avril : Festival Steps. Notations, 3 pièces de Wayne Mc Gregor, Christian Spuck & Marco Goecke, dir. Christian Spuck, Ballett Zurich. BFM à 19h30 Location : 022/322.50.50 et www.geneveopera.com/ «Notations», Ballett Zurich © Bettina Stoess a c t u a l i t é d a n s e bonlieu : au cœur silencieux des rêves et cauchemars Drums and Digging Evoquant les restes du Palais de Mobutu incarnant ses rêves meurtriers de toute puissance et de retour à une forme de « pure africanité », le chorégraphe et danseur congolais Faustin Linyekula imagine pour Drums and Digging une plongée intime et historique en mêlant danse et théâtre pour susciter, comme il le relève, « des espaces d’apaisement, de suspension face au poids du quotidien ». « C’est encore moi… Je suis un raconteur d’histoires. Cela fait plus de dix ans que je promène mes histoires sur le routes de la danse contemporaine… je ne veux plus raconter des misères… Pour qui veut raconter l’histoire du Congo d’hier et d’aujourd’hui, que trouve-t-on si ce n’est des histoires de ruines ? », entend-on de la bouche de Linyekula à l’orée de la pièce. L’opus est fondé sur l’impossibilité de ramener au jour des histoires de guerre, de violences faites aux corps, tout en ne pouvant s’en émanciper face à la globalisation de l’indifférence et le silence assourdissant de l’immense majorité de la communauté internationale. « Tout malheur est supportable si l’on en fait un conte ou si on le raconte », écrit la philosophe Hannah Arendt. Mêlant histoire tragique et présent de ce qui est la République Démocratique du Congo (RDC), Drums and Digging est scandée de tambours accompagnant les corps dansant sur fond de creusement physique et mémoriel. Dans une perspective chère au philosophe allemand Walter Benjamin, d’un passé exploré, arpenté comme la terre que l’on ne cesse de retourner, le spectacle a été créé suite à des périples et séjours sur les ruines d’une histoire qui travaille encore les temps présents et dans le village d’enfance de Linyekula, Obilo. « En 2011, il y eut un voyage vers lieu originel, où j’ai vécu jusqu’en 1982 avec mon père instituteur. Emprunter les danses rituelles devient un moyen de chercher, en passant par des chemins ancestraux, comment les Anciens, en des temps difficiles, esquissent par leurs danses et musiques des espaces de respiration hors de l’urgence quotidienne. » Au fil de Drums…, Linyekula, seul d’abord, puis aidé de deux danseurs, et rejoint enfin par toute la troupe, construit, comme un mobile rappelant les complexités d’une entreprise suédoise de mobilier. une architecture éphémère en bois conçue par Bärbel Müller. A la racine de cette démarche d’installation mémorielle et plasticienne, il y a l’idée d’intérieur domestique comme construction identitaire propre à son créateur et, a c t u partant, son habitant. Il serait en constante évolution, voire en quelque sorte « dressé » par le fait de vivre et évoluer dans cet espace. Ce lieu ou non lieu est peut-être le squelette du palais du Maréchal Président Mobutu à Gbadolite, site éloigné de la capitale, dont le dictateur se méfiait, pour faire le choix d’une Cour en exil dans « le pays réel ». L’une des interprètes, la comédienne Véronique Aka Kwadba, est la petite nièce de Mobutu. Elle se remémore la munificence d’utopie passée de l’édifice. Soit l’étoffe d’un rêve et la racine d’un régime autoritaire absolu, ubuesque de terreur et soutenu par les puissances occidentales. L’idéologie politique de l’authenticité et de l’africanité prônée par Mobutu s'est noyée dans le sang de la dictature tropicale. On en retrouve un possible écho dans ce déploiement de danseurs en « costumes traditionnels » devant, hier, les réminiscences d’un squelette de Palais sanctuaire pillé dans la jungle ou aujourd’hui un laboratoire d’échanges chorégraphiques, Les Studios Kabako, mêlant les gestes artistiques que Linyekula anime à Kisangani. Flâner parmi les ruines Les marches sur le plateau, les stations et stases successives des interprètes, les tentatives successives de la communauté dansante à tracer la figure du cercle, les sinuosités aussi d’une colonne vertébrale humaine progressant telle une chaîne d’ADN spiralée, marquent le vivant de l’histoire, mais aussi l’oubli. L’atmosphère peut rappeler, de loin en loin, Baudelaire qui a utilisé le mot flâneur pour caractériser l'artiste dont l'esprit est indépendant, passionné, impartial, « que la langue ne peut que maladroitement définir ». Pour le parfait flâneur, pour l'observateur passionné, c'est une immense jouissance que d'élire domicile dans le nombre, dans l'ondoyant, dans le mouvement, dans le fugitif et l'infini. Sous l'influence de Georg Simmel, le philosophe allemand Walter Benjamin a développé cette notion et, après lui, beaucoup d'autres penseurs ont aussi travaillé le concept de « flâneur » a l i t «Drums and Digging» © A. Poupeney que semble prolonger Linyekula. Ce qui n’empêche nullement de se souvenir, en creux, que la RDC connait depuis les années 90, le conflit le plus meurtrier depuis la fin de la Seconde Guerre Mondiale avec peut-être 10 millions de morts, tout en provoquant le moins d’indignation et d’interrogations possibles. Le travail de création s’est ainsi déroulé dans une région ayant traversé jusqu’à aujourd’hui massacres et crimes contre l’humanité. L’artiste explique en entretien pour la création de Drums… au dernier Festival d’Avignon « qu’après le génocide de 1994 au Rwanda, plus de deux millions de Hutus se sont réfugiés en RDC. Lors de la marche triomphale de Kabila pour prendre le pouvoir à Kinshasa en 1997 avec l’aide de l’armée rwandaise, celle-ci s’est par endroits attaquée aux réfugiés ». Avec cette pièce de groupe, une question reste d’une grande acuité pour l’artiste : «Comment marcher vers moi-même, vers mon peuple, avec mon sang en feu et mon histoire en ruine?» Extraits de Mémoire du vent, les mots du poète syro-libanais Adonis ouvrent le solo, Cargo ciselant les lignes de corps effilées de son interprète et créateur. Faustin Linyekula y abordait, par sursauts incantatoires, le thème d’une identité poétique et humaine. Bertrand Tappolet Drums and Digging. Bonlieu Annecy. 17 et 18 avril 2014. Rens. www.bonlieu-annecy.com é 61 d a n s e Créé en 1981, May B s’inscrit dans l’esprit du théâtre dansé et nous montre un groupe d’humains. Voyageurs rescapés d’une apocalypse, vêtus de haillons ou fardés de poudre, où poseront-ils leurs valises ? Aucune recherche de beauté dans les attitudes ou d’harmonie dans les mouvements, leurs gestes sont ceux de la vieillesse, de la jalousie, de la déchéance. l’octogone, pully May B May B est l’une des toutes premières œuvres de Maguy Marin. Si ces dernières créations – Salves, Faces - ont été assez controversées, May B est une pièce incontournable, à voir ou revoir le vendredi 4 avril 2014. Les traits de la médiocrité humaine n’échappent pas à l’œil de la chorégraphe qui nous en offre même un florilège. Pitié et répulsion, c’est ce que peuvent nous inspirer ces pauvres hères. May B est une pièce fascinante qui annonce la nondanse. On pense à Samuel Beckett. On est dans l’absurde. Dans un lieu où l’enfer c’est les autres. Stéphanie Nègre 62 Vendredi 4 avril à 20h30 à l’Octogone de Pully Informations et réservations : www.theatre-octogone.ch «May B». Photo Bricagea Les Printemps de Sévelin, programmés du 13 mars au 5 avril, offriront encore en avril quelques spectacles qui méritent le déplacement. Coup d’œil sur la programmation : - Les mardi 1er et mercredi 2 avril à 19h, une sélection de courts spectacles est proposée sous le label “Les Quarts d’Heure“ ; on pourra y découvrir - Flashdanse de Rébecca Balestra - Itmar de Géraldine Chollet - One Man Show Danse et Marionnettes de Jean-Nicolas Dafflon - Last Plays#1 de Lucie Eidenbenz - Les Deux de Guillaume Guilherme - Pièce pour une surface de Violetta Perra - What If. Part I de Sundora & Dgendu (soit dorotea Lecka et Gerald Durand) Comme l’intitulé le laisse supposer, chaque pièce a une durée de 15 minutes. a - le jeudi 3 avril à 20h30, Clément Layes présente un solo primé et merveilleusement drôle, Allege, dans lequel il associe la philosophie au comique chaplinesque pour parler de liberté, d’entraves et de l’absurdité de la vie. Sans cesser de maintenir un verre d’eau en équilibre sur la tête. Durée : 45 minutes. A l'issue du spectacle, à 21h30, Jasna Layes Vinovrski discutera avec le public. Un moment libre, d'échange et de partage autour de la création. - le vendredi 4 avril : place à May B à L’Octogone (voir ci-dessus). A 21h45, rencontre avec Maguy Marin. A noter également le samedi 5 avril, de 14h30 à 17h30, une masterclass autour de May B, animée par Jeanne Vallauri interprète de la Compagnie Maguy Marin - le samedi 5 avril à 19h : retour de Clément Layes avec Things that surround us, en compagnie de Ante Pavic et Vincent Weber Rés. : 021/620.00.11, [email protected] c t u a «Le récital des postures» présenté par la chorégraphe Yasmine Hugonnet lors de la première semaine du festival l i t é l i v r e éditions art & fiction Pénurie Après une première collaboration très remarquée en 2010 *, l’écrivain Jérôme Meizoz et le peintre Zivo, réitèrent cette belle expérience du dialogue entre littérature et arts visuels avec la publication de Pénurie, un texte illustré paru récemment aux éditions art & fiction. Dans ce deuxième opus, l’écrivain a choisi la forme épistolaire, en témoigne l’incipit : « Si cette lettre par chance parvient jusqu’à toi ». Le texte remis à Zivo a été retranscrit intégralement à la plume et rehaussé de dessins ; encre noire pour le texte, encres colorées pour les espaces imagés. Le récit évoque un climat de catastrophe naturelle ou de guerre : « Tu sais que les frontières sont fermées depuis quinze jours. Le gouvernement s’est doté des pleins pouvoirs, il a mobilisé l’armée et le couvre-feu étouffe les villes », amenant abruptement le thème de la pénurie « Dans la foulée on a rationné les carburants et l’électricité ». En quinze lignes, le décor est dressé. La sobriété des signes noirs et l’absence de couleurs caractérise cette ouverture, contrastant avec un lexique puissamment suggestif : « couvre-feu, soupe populaire, première nécessité, armée ». La temporalité du récit situe l’action en hiver, mais l’auteur insère en contrepoint des séquences du passé dont le lyrisme bucolique donne relief à l’épaisseur dramatique du présent de la narration : « L’automne dernier nous avons eu droit encore à toutes les splendeurs. Les vignes filtraient une lumière de vitrail. Une saison de figues charnues, énormes, d’abricotier surchargés. » Art & Fiction Créée en 2000 à Lausanne, art&fiction est une association composée principalement d’artistes-plasticiens animés par le désir de se lancer dans une aventure éditoriale. Au fil du temps et des succès rencontrés auprès du public et des professionnels de l’édition, la démarche considérée d’abord comme une sorte de jeu ou de défi s’est transformée en une activité professionnelle à part entière. Aujourd’hui art & fiction produit et diffuse des publications conçues par des artistes ou des écrivains et sont destinées à mettre en évidence quelques articulations originales entre texte et image Cherchant à s’affranchir des règles établies, les publications se distinguent par leur petit format, le soin apporté à leur fabrication et dans a c t u Le chromatisme devient plus vigoureux à l’évocation des personnages évoluant dans un anonymat collectif de bon petit peuple brechtien, pas de noms pro-pres ou d’individuations mais des fonctions: paysans, bûcherons, artisans, cantonnier, élus du peuple, soldatesque, malades, parents et enfants. L’unique personnage du récit doté d’un nom, ou plutôt d’un surnom, est le « Baron rouge », une allusion au fameux pilote de l’aviation allemande lors de la première Guerre mondiale, Manfred von Richthofen. Cette figure héroïque surgit sous la forme d’un tableau qui tel une relique énigmatique « orne le bureau électoral depuis des décennies … Le Baron rouge trône en protecteur muet, comme si son aura seule préservait l’harmonie du lieu. » Cet épisode baigne par ailleurs dans des tonalités rouge sang. Par la suite, les relations sociales se tendent, les villageois pointent du doigt des boucs émissaires : gitans, étrangers, travailleurs agricoles africains : « C’en est assez … de la cohabitation avec tous ces étrangers qui peu à peu imposent leurs habitudes et les signes de leur religion », le récit résonne alors de relents fascistes et xénophobes, résultante incontournable de l’économie le choix des matériaux. Art & fiction participe ou organise une quinzaine d'événements par année: expositions, lectures, vernissages, performances, librairies éphémères, rencontres et participe à des salons généralistes ou spécialisés en Suisse et à l'étranger. Installé depuis 2006 dans les locaux de l’avenue de France à Lausanne, le collectif a établi en 2007 un deuxième siège à Genève. Avec plus de 120 titres : livres d'artistes auto-édités (collection Varia), collections de li-vres d'artistes (Pacific, ShushLarry, Sonar, Document, Re: Pacific.), livres d'artistes collectifs (Mode de vie), tous entièrement conçus, impri- a l i t Une page de «Pénurie» illustrée par Zivo de crise. De là on bascule dans le registre de la méfiance, de la dénonciation, de la censure, du grand nettoyage. Le propos pour être essentiellement poétique se double d’une authentique dimension socio-politique, voilà comment un petit livre illustré de dessins approximatifs et fragiles peut se profiler comme une parabole en mots et en images, révélatrice de peurs et d’angoisses aussi ancestrales qu’actuelles. Françoise-Hélène Brou * Jérôme Meizoz & Zivo, Fantômes, Editions d’en-bas, 2010 Jérôme Meizoz et Zivo, Pénurie, Editions Art & Fiction coll. RE-PACIFIC, 2013, Lausanne. més et reliés en Suisse, Art & fiction explore, revisite et redéfinit la tradition du livre d’artiste. Mêlant intimement littérature et arts visuels, chaque publication est un événement esthétique qui interpelle la production industrielle du livre autant qu’il appelle un public élargi à s’approprier une démarche hors de toute logique élitaire. Membres du comité: Christian Pellet, Stéphane Fretz, Laurent Delaloye, Sofi Eicher, Pascale Favre, Philippe Fretz, Alexandre Loye, Céline Masson, Jérôme Stettler, Claudius Weber, Noëlle Corboz, Julia Sorensen, Marie-Claire Grossen. é 63 e x p o s i t i o n s musée ariana, genève Terres d’Islam Dépositaire d’une collection de plus de 700 pièces de céramique islamique du IXe au XXe siècle provenant d’achats et de dons successifs, le Musée Ariana n’avait jusqu’alors pas encore fait d’étude approfondie sur cette collection conséquente. La présente exposition propose de combler cette lacune. 64 Le fonds couvre une période de douze siècles d’histoire s’étendant dans une large aire géographique, de la Transoxiane, l’Iran, la Turquie, la Syrie, l’Égypte jusqu’à l’Espagne. La base de la collection a été rassemblée par le fondateur du Musée Ariana, Gustave Revilliod. En 1934, suite à la décision de regrouper à l’Ariana toute la céramique contenue dans les collections publiques de la Ville de Genève au Musée Ariana (à l’exception de la céramique antique), la céramique orientale du Musée d’art et d’histoire a également rejoint la collection qui s’est continuellement enrichie jusqu’à aujourd’hui. L’histoire, plusieurs fois millénaire, de la céramique reste cependant peu connue du grand public. Les pièces les plus anciennes, datant du paléolithique, étaient constituées de terre séchée au soleil et donc extrêmement fragiles, puis la maîtrise du feu et de la cuisson ont permis la fabrication de pièces plus résistantes, d’abord «Plaque de revêtement» Kâshân (Iran), fin du XIIIe – début du XIVe siècle. Pâte siliceuse, décor moulé et peint en bleu et au lustre métallique. H. 29.2cm Collection Musée Ariana, Ville de Genève Photo Mauro Magliani & Barbara Piovan a façonnées à la main puis au tour. Si la céramique chinoise est universellement connue pour la porcelaine, inventée sous la dynas«Coupe» tie des Han de l'est (entre l’an 25 et 220 Iran oriental ou Transoxiane, fin du Xe ou XIe siècle Terre cuite, décor peint et sgraffite sous glaçure après J.-C.), beaucoup ignorent que la preD 31,5 cm. Collection Musée Ariana, Ville de mière porcelaine européenne n’a été proGenève. Photo Mauro Magliani & Barbara Piovan duite qu’en 1709. Suite à la découverte d’un gisement de kaolin (une argile blanche, aiguière, coupe, plat, vases, etc… à quoi s’ajoufriable et réfractaire, indispensable dans le pro- te une seconde catégorie d’éléments liés à l’arcessus de vitrification), un alchimiste du nom de chitecture islamique comme les carreaux de Johann Friedrich Böttger, actif à la manufactu- revêtement ornant les murs des palais et mosre de Meissen en Saxe, met au point une authen- quées. L’originalité de l’iconographie islamique tique porcelaine. Puis il faudra attendre 1768 triomphe dans les décors géométriques, symépour que la porcelaine soit produite en France, triques ou rayonnants, reflétant le goût du peudans les ateliers de la manufacture de Sèvres. ple arabe pour la rigueur mathématique, mais Tout aussi méconnue est la longue guerre indus- aussi dans les motifs calligraphiés. Notons au trielle que se livrèrent les nations afin de percer passage que le principe selon lequel l’Islam les secrets de fabrication de la porcelaine dont n’autorise pas la représentation de la figure la commercialisation se développait, depuis la humaine est tout relatif ; en effet maints décors Chine et le Japon, à une échelle mondiale. Une laissent une large place aux cavaliers, soldats, manne qui obsédait les empereurs, rois et prin- animaux et oiseaux de toutes sortes, associés ces de l’Occident et du Moyen Orient, lesquels souvent à de luxuriants décors végétaux. A cet organisèrent fréquemment de vastes manœuvres égard la richesse ornementale, en lien avec la d’espionnage industriel pour s’approprier cette diversité de la nature, caractérise les productions orientales par leur polychromie chatoyantechnologie. te, un éclat subtil des lustres métalliques brun, La porcelaine chinoise arrive dans la sphè- rouge ou ocre, une brillance exceptionnelle des re d’influence de l’islam autour des années 618- glaçures turquoise, vertes ou bleues. 907, grâce à des commerçants arabes qui comLa présentation de la collection qui met en mencent à naviguer et à s'installer dans les ports chinois. Dès le IXe siècle, la porcelaine devient évidence autant de pièces phares et chefs-d’œuun produit recherché dans tout le Moyen Orient, vre que de spécimens plus courants est compléincitant alors les potiers locaux, incapables de tée par une section chronologique et didactique reproduire la blanche porcelaine, à mettre au ainsi que par la publication d’un beau catalogue point des produits de substitution comme la dont chaque chapitre est rédigé par un spéciafaïence, une simple terre cuite recouverte d’une liste du domaine « Terres d’Islam. Les collecglaçure opaque, mise au point au IXe siècle en tions de céramique moyen-orientale du Musée Mésopotamie. Les techniques se développeront Ariana à Genève, 5 Continents, Milan, 2014 ». Françoise-Hélène Brou au cours des siècles en Iran, dans la Turquie ottomane, en Egypte et en Espagne, conservant cependant l’influence des prototypes venant de Terres d’islam, l’Ariana sort de ses réserves II. Musée Chine. Les objets céramique se divisent en deux Ariana, 10 Avenue de la Paix Genève, jusqu’au 31 août groupes : d’abord les ustensiles de type bol, 2014 c t u a l i t é expos ition kunsthaus zurich De Matisse au Cavalier bleu Le début du vingtième siècle était caractérisé par une effervescence artistique aussi bien en France qu’en Allemagne. Nombreux furent les échanges entre les deux pays. Le Kunsthaus de Zurich présente jusqu’au 11 mai une exposition très riche sur les peintures qui ont provoqué cette émulation ou qui en furent le fruit. la forme est à sa plénitude ». En cela la palette de Fauves se dénote radicalement des tons mélangés des impressionnistes, pointillistes et des divisionnistes. Le chef de file, Matisse, dira quant à lui : « Le fauvisme est venu du fait que nous nous Kees van Dongen «Modjesko, chanteur placions tout à fait loin des couleurs d’isoprano», 1908 mitation et qu’avec Huile sur toile, 100 x 81,3 cm les couleurs pures The Museum of Modern Art, New York, don de M. et Mme Peter A. Rübel, 1955 © Kees van Dongen nous obtenions des Estate / 2013 ProLitteris Zurich réactions plus fortes. » Les qua-tre règles des Fauves reprises mer des émotions, et ceci à travers des couleurs par les peintres allemands vives. D’où leur nom d’expressionnistes. Ils sont : utiliser les couleurs proposent à Matisse de se joindre à eux, mais le pures, simplifier les for- peintre français refuse poliment. À Munich, Wassily Kandinsky, Alexej mes, abolir la perspective Jawlensky et Marianne Werefkin fondent cinq et supprimer les ombres. ans plus tard le Cavalier bleu qui se situe dans la même mouvance. August Macke et Franz Évolution L’année 1905 est Marc se joignent bientôt à eux. En plus des importante des deux côtés Fauves, ils seront aussi influencés par le cubisdu Rhin : à Paris, au Salon me naissant. Malheureusement, la première d’Automne, l’exposition guerre mondiale mettra fin à ces échanges et à de toiles d’Henri Matisse cette effervescence artistique. Franz Marc et et de Kees van Dongen August Macke mourront au combat. aux couleurs pures et violentes posées en aplat font L’exposition du Kunsthaus de Zurich illusscandale. Le critique tre toute cette évolution, de Van Gogh à August Louis Vauxcelles parle Macke, dans un chassé-croisé entre la France et pour la première fois de l’Allemagne. On peut y admirer des toiles qui Fauves. La même année à viennent de loin (par exemple du Museum of Dresde, en Allemagne, Modern Art de New York) ou des peintures quatre étudiants en archi- rares de collections privées. Cette exposition ira tecture dont Ernst Ludwig ensuite à Los Angeles puis à Montréal. Kirchner et Karl SchmidtEmmanuèle Rüegger Rottluff fondent le grouMarianne Werefkin «L’arbre rouge», 1910 pe Die Brücke. Ils ne veuTempera auf Papier auf Karton, 75,5 x 56,5 cm Ascona, Fondazione Marianne Werefkin, lent plus peindre des Museo Comunale d’Arte Moderna impressions mais expri- Ce qui caractérise aussi bien les Fauves que les peintres de l’Expressionnisme allemand est l’utilisation des couleurs. Cela remonte à Van Gogh et à son enthousiasme pour les joies dynamiques des tons les plus crus. De Gauguin, ils ont pris la technique des grands aplats. Pour Cézanne « quand la couleur est à sa puissance, a c t u a l i t é 65 expos ition musée des beaux-arts de berne : la collection stefanini Sésame, ouvre-toi La nouvelle exposition du Musée des Beaux-Arts de Berne, consacrée aux chefsd’œuvre de la Fondation pour l’art, la culture et l’histoire met l’art suisse à l’honneur et rend en même temps hommage à un collectionneur, qui s’apprête à fêter ses quatre-vingt-dix ans. Jusqu’à présent, il n’avait jamais accepté de montrer ses trésors. Exception faite d’une première présentation de quelques œuvres en 2007/08 au Musée Oskar Reinhart à Winthertour. 66 Créée en 1980, cette fondation, qui réunit 8000 œuvres d’art, parmi lesquelles on trouve aussi bien des peintures, des aquarelles, des dessins, des sculptures que du mobilier, des costumes, des armes, des objets d’arts décoratifs, des cristaux voire même des édifices historiques, est la volonté d’un homme, Bruno Stefanini, dont la fortune s’est faite dans l’immobilier. Directeurs de musée ou commissaires d’exposition, tous connaissent le nom de ce collectionneur, sans lequel aucune des grandes expositions monographiques d’artistes suisses, que ce soit Ferdinand Hodler, Giovanni Segantini, Augusto Giacometti, Cuno Amiet, Arnold Böcklin, Johann Heinrich Füssli ou Félix Vallotton, n’aurait pu se réaliser. « Du point de vue quantitatif, rappelle le directeur Matthias Frehner, la Fondation est la plus grande collec- tion, qui ait jamais été réunie en Suisse par une seule et même personne ». Contrairement à certains autres collectionneurs d’art suisse, chez qui l’intérêt de collectionner de l’art suisse caresse leur fibre patriotique, Bruno Stefanini, qui a commencé à collectionner modestement – un premier tableau de Robert Zünd est acquis au début des années 1950 - puis plus frénétiquement, poursuit d’autre buts. Il se sent investi d’une mission de salut public puisqu’il acquiert des œuvres que la plupart des musées, faute de moyens, ne pouvaient plus faire entrer dans leurs collections, empêchant de ce fait que ces œuvres ne soient vendues à l’étranger, où le virus pour l’art suisse a entre-temps contaminé de riches amateurs européens ou américains toujours en quête de pépites artistiques. L’idée d’une telle exposition titillait le Giovanni Giacometti «Soleil d’hiver à Maloja», 1926 Huile sur toile, 90 x 120 cm. Stiftung fur Kunst, Kultur und Geschichte, Winterthur a c t u a directeur depuis cinq ans mais ses diverses requêtes s’étaient soldées par un refus. Son obstination a fini par payer et c’est à un événement de grande envergure qu’il nous convie, repris à la fin de l’été à la Fondation Gianadda. Dans cette entreprise, à laquelle ont également collaboré deux autres commissaires, Isabelle Messerli, conservatrice de la Fondation Stefanini et Valentina Locatelli, attachée au Musée des Beaux-Arts de Berne, il importait avant tout de montrer et de décortiquer sa passion pour l’art. Processus de création Stefanini n’est pas un collectionneur qui guette le chef-d’œuvre absolu, capable d’attendre des années pour l’acquérir, une stratégie d’acquisition caractérisant cet autre grand collectionneur de Winthertour, Oskar Reinhart. Ce qui l’intéresse bien plus, c’est le processus de création. Comprendre les mécanismes et les évolutions artistiques, comment les peintures arrivent à leur point d’orgue, en passant par des esquisses et des études, comment ces peintures peuvent être retravaillées par l’artiste. Aussi la collection compte-t-elle beaucoup de carnets d’esquisses, de dessins, de lettres, de peintures inachevées. C’est aussi ce qui a servi de fil conducteur à l’exposition. Mais dans cette caverne d’Ali Baba, aux 8000 trésors, il a fallu faire des choix, puis ordonner et montrer un sens. Un défi brillamment relevé par les commissaires, qui ont opté pour un parcours thématique, où la quarantaine d’artistes sélectionnés interviennent dans les différentes sections : paysage, nature morte, histoire, portrait, scènes de genre, nus. Un exercice d’autant plus difficile qu’il a fallu intégrer des objets de collection, qui ne sont pas des œuvres d’art. Dans le hall d’entrée, le visiteur est accueilli par les peintures de paysages. Les unes familières comme ces vues sur le lac Léman signées Hodler qui occupent tout un mur, ou celles que Félix Vallotton consacre à la représentation de l’eau Plage, ciel mauve (1903), Marée montante le soir (1915), La Risle près Berville (1924) ou ce Soleil d’hiver à Maloja de Giovanni Giacometti (1926) de veine impressionniste, ou encore Le Verger (1906) de Cuno Amiet. D’autres moins connues mais non moins intéressantes comme La Tonnelle (1908) d’Edouard Vallet, La Gelée blanche (1925) d’Adolph Dietrich. Mais le regard du visiteur est avant tout happé par une somptueuse pièce d’orfèvrerie, milieu de table surdimensionné ayant appartenu aux Romanov et que Stefanini l i t é expos ition acquit en 1984 dans une vente aux enchères de la galerie Koller à Zurich. Là aussi, Stefanini se distingue des collectionneurs d’aujourd’hui entourés pour la plupart de cohortes de conseillers, puisqu’il ne déléguait à personne et assistait lui-même aux ventes. Autoportraits Dans la première salle consacrée aux autoportraits, et pour symboliser ce genre, les commissaires ont habilement intégré un autre magnifique objet de la collection, un miroir doré ayant appartenu à la reine Hortense de Beauharnais. Dans cette galerie figurent plusieurs autoportraits de Ferdinand Hodler, celui de 1873 dans lequel il se réfère à la peinture hollandaise, celui dit à Néris (1915), au regard pénétrant, un autre (1914) impressionnant par son caractère d’esquisse mais aussi L’Historien (1886) qui fait partie d’un cycle de peintures d’histoire et auquel Hodler prête ses traits. Tout aussi intéressant l’Autoritratto (1909) de Giovanni Gicometti dans lequel il expérimente la décomposition impressionniste de la lumière, tandis que celui de son cousin au deuxième degré Augusto Giacometti décompose, telle une mosaïque, sa surface peinte en particules isolées de couleurs. A travers le prisme de la Nouvelle Objectivité, des artistes comme les frères Aurèle et Aimé Barrault. Alice Bailly ou l’autodidacte Adolf Dietrich ne cherchent plus la subjectivité mais figent leurs portraits dans la vérité. Des artistes qui se sont peints eux-mêmes mais qui ont aussi peint des portraits de leur entourage. A ce titre, l’éventail de portraits s’étend du milieu du 18° siècle jusqu’au début du 20° siècle. En témoignent le très beau pastel de JeanEtienne Liotard de Marie-Thérèse (1762), ou le tableau très mélancolique d’Arnold Böcklin, Angela Böcklin avec un voile noir (1854), ou encore dans la tradition du portrait de la Renaissance, Rittratto maschile (1880/82) de Giovanni Segantini, auxquels s’ajoutent ceux peints par Ferdinand Hodler et Albert Anker. Dans l’art suisse, l’enfant devient un thème pictural au début du 19° siècle, auquel le collectionneur n’a pas été insensible. Quelques très belles œuvres, chargées d’un fort potentiel émotionnel, ont pu être réunies dans une autre section du parcours. Plusieurs toiles d’Albert Anker dont la Jeune Fille se coiffant (1887) qui a c t u scandale. Poursuivant son parcours, le visiteur ne manquera pas de s’intéresser aux positions majeures du symbolisme suisse représentées dans une autre section, depuis les précurseurs Johann Heinrich Füssli et Arnold Böcklin jusqu’aux créations d’Ernest Biéler, d’Augusto Giacometti, de Cuno Amiet, qui ouvrent sur l’Art nouveau. Sans oublier Ferdinand Hodler et Giovanni Segantini dont le célèbre triptyque des Alpes La vita, La natura, La morte (1898/99) en dépôt musée Segantini de Saint-Moritz, a été exceptionnellement prêté. Le genre de la nature morte auquel Jean-Baptiste Siméon Chardin a rendu ses lettres de noblesse a également entraîné les artistes suisses à réévaluer ce genre. Albert Anker l’a pratiqué à titre privé, puisant son inspiration dans les milieux paysans ou bourgeois. Section plaisante, d’où se détache les Trois pommes sur une nappe blanche (1907/08) de Giovanni Cuno Amiet «Enfant dans la verdure», 1900 Huile sur toile, 46 x 32 cm Giacometti, qui s’est approprié la touStiftung fur Kunst, Kultur und Geschichte, Winterthur che de pinceau de Van Gogh. Dans la © M. u. D. Thalmann, Herzogenbuchsee, Kanton Bern peinture de genre, où les artistes dépeia une valeur d’icône, complétée par des œuvres gnent la vie quotidienne, les peintres suisses ont de Cuno Amiet, Enfant dans la verdure été très féconds. Que ce soit Albert Anker avec (1900/02), d’Alice Bailly, Petite Fille aux La Sieste (1879), ou Ferdinand Hodler, avec En mains jointes (1911). Comment ne pas songer barque pour l’église (1879/80), Ernest Biéler au Douanier Rousseau, lorsqu’on voit les pein- avec Saviésannes le dimanche (1904), Frank tures d’Adolf Dietrich. Son Ideli avec une peti- Buchser avec son étonnant et ironique Art te tresse devant le jardinet (1926), ou son Student ; or, Rising Taste (1869). Comment ne Garçonnet au chaton (1927) peuvent être rap- pas interpréter, au centre de la section consacrée prochés des œuvres d’un autre peintre suisse, le à la représentation des animaux et placé dans Bâlois Niklaus Stoecklin, très présent dans la une vitrine, le costume d’amazone de l’impéracollection, qui appartient lui aussi à ce courant trice Elisabeth d’Autriche, comme un clin d’œil surréaliste de la part des commissaires ? Quant du nouveau réalisme. aux amateurs d’histoire, ils trouveront en fin de parcours de quoi satisfaire leur imaginaire, en Symbolisme suisse Contrairement au rôle que le nu joue dans contemplant Les Bourbakis (1871) d’Albert les académies à l’étranger, le thème ne sera Anker, Napoléon III à la frontière suisse de Karl abordé en Suisse qu’avec Ferdinand Hodler et Girardet, General Sherman’s Party (1867) de Félix Vallotton. Leur prédécesseur Arnold Frank Buchser. Que la peinture suisse ne soit pas du goût Böcklin n’ayant peint des nus que dans le cadre idéalisé de l’Arcadie. Avec Nuddo femminile de tous, soit ! Mais telle que la sélection a été (1884/86) de Giovanni Segantini, où le corps est faite pour cette première grande présentation exhibé sans pudeur, Demi-nu féminin assis d’œuvres provenant de cette Fondation pour (1883) de Karl Stauffer-Bern, d’où émane un l’art, la culture et l’histoire, elle a de quoi puissant érotisme, mais aussi plusieurs nus de convertir même les plus réfractaires. Régine Kopp Hodler peints de manière naturaliste, des www.kunstmuseumbern.ch Baigneuses peintes avec un réalisme cru par Félix Vallotton, le nu devient pour les artistes un jusqu’au 24 août 2014 champ d’expérimentation, à fort parfum de a l i t é 67 expos ition fondation de l’hermitage, lausanne Le goût de Diderot Dans le cadre des célébrations du tricentenaire de la naissance de Denis Diderot (1713-1784), la Fondation de l’hermitage consacre une exposition au célèbre philosophe français et, en particulier, à sa relation à l’art. Une sélection d’œuvres de l’époque permet de découvrir l’évolution de son goût, de son regard et de son esthétique. 68 De 1759 à 1781, Denis Diderot a écrit au total neuf Salons et deux traités théoriques, cependant son goût pour les arts remonte bien avant la rédaction du premier Salon. Dans la phase préparatoire du projet de la grande Encyclopédie, Diderot s’intéresse, dès les années 1740, aussi bien à l’esthétique d’art et aux arts plastiques qu’aux procédés techniques utilisés par les différents artistes. Les connaissances acquises lui permettent de formuler le fameux article « Beau » de l’Encyclopédie, en 1750. Quelques années plus tard, son ami Frédéric Melchior Grimm, directeur de la revue Correspondance littéraire, lui commande la rédaction des Salons, des comptes rendus critiques des expositions officielles de l’Académie des Beaux-Arts qui avaient lieu tous les deux ans dans le Salon Carré du Louvre à Paris. Diderot prend cette tâche très au sérieux et se consacre pleinement à cette nouvelle carrière de salonnier. Sa pratique dans le domaine qu’il fait sien sort rapidement du cadre traditionnel, en effet parallèlement à ses nombreuses lectures sur l’art, il continue de se familiariser avec le savoir-faire et le lexique des peintres et des sculpteurs, il fréquente assidûment leurs ateliers, les observe travailler et converse avec eux. Outre ce rapport de proximité avec les artistes, l’écrivain se pose en adversaire de l’enseignement académique, qu’il juge mécanique et maniéré, il préconise une observation « plus sincère et scrupuleuse de la nature » (Diderot, Essais sur la peinture, Salons de 1759, 1761, 1763, Hermann, 1984). Sur le plan littéraire, Diderot utilise une situation d’énonciation originale qui le distingue des autres critiques : la structure dialogique. Ainsi, face au narrateur qui expose sa vision subjective, ses textes s’adressent-ils à de multiples destinataires, en premier lieu à Frédéric Grimm, le commanditaire Jacques Philippe de Loutherbourg «Marine avec naufrage», 1769, huile sur toile, 97 x 131 cm. Château-Musée, Dieppe © Ville de Dieppe - Château-Musée / B. Legros a c t u a des Salons, ou encore aux artistes et aux critiques eux-mêmes. Enfin Diderot insiste sur la nécessité d’établir des rapports entre les diverses activités intellectuelles et artistiques pour « envisager l’artiste dans ses rapports ambigus mais souvent déterminants avec la société en général et les institutions politiques en particulier » (Diderot, Essais sur la peinture, Salons de 1759, 1761, 17, op.cit.). Cette forme de critique d’art radicalement nouvelle suscite l’intérêt de l’opinion publique, notamment en Allemagne où Goethe et Schiller saluent l’originalité de Diderot, non sans y apporter quelques réserves. Structure Articulé autour d’ensembles thématiques, le parcours développe trois idées qui structurent le goût et l’esthétique du philosophe : la question de la vérité, la poésie en peinture et la magie de l’art. Tout en retraçant la grande aventure des Salons, l’exposition déploie une section dédiée à la culture visuelle de Diderot qui met à l’honneur certains des plus grands artistes français du XVIIIe siècle : Chardin, Boucher, Vernet, Falconet, Greuze, Robert, Houdon, David. La modernité de Diderot se révèle dans sa confrontation avec la célèbre comparaison d’Horace « ut pictura poesis » (la peinture est comme la poésie, Art poétique, v. 361) principe qui, depuis la Renaissance, définit la peinture en fonction de critères qui sont ceux des arts poétiques, affirmant de ce fait la supériorité du poète sur le peintre. Convaincu dans un premier temps par la formule, Diderot va progressivement changer d’opinion. Ce sont les natures mortes de Chardin, les paysages de Vernet ou de Loutherbourg qui vont ébranler sa foi en la suprématie poétique ; car face à ces chefs-d’œuvre, l’écrivain prend conscience que la littérature n’a pas affaire au visible de la même manière que la peinture et admet qu’elle a ses limites lorsqu’elle tente de « faire voir ». Ainsi de Salon en Salon, la critique de Diderot creuse-t-elle un espace autonome où l’art pictural ne concurrence plus le poème mais bien le réel et où il n’est pas un art d’imitation mais de création, effaçant les frontières entre l’art et la vie : « Ô Chardin! Ce n’est pas du blanc, du rouge, du noir que tu broies sur ta palette : c’est la substance même des objets, c’est l’air et la lumière que tu prends à la pointe de ton pinceau et que tu attaches sur la toile. » (Salon de 1763). Cette intuition géniale, partagée avec G.E. Lessing qui formule la même distinc- l i t é expos ition Dmitri-Grigorievitch Levitski «Portrait de Denis Diderot, philosophe et littérateur français», 1773, huile sur toile, 58 x 83 cm. Musées d’art et d’histoire, Genève © Musées d’art et d’histoire, Ville de Genève / Yves Siza fectionné le langage de la critique d’art, le faisant accéder à un genre littéraire élevé, mais accessible à tous. Non sans pertinence, Jean Starobinski a relevé chez Diderot un trait spécifique, et donc absolument novateur, de sa méthode d’analyse : une approche qui n’est pas seulement visuelle mais aussi tactile et acoustique : la peinture, observe Starobinski, devient d’une certaine manière pour Diderot un « spectacle total », quelque chose qui établit une « résonance imaginaire » entre tous les sens et les facultés sensibles et intellectuelles. (Jean Starobinski, « Diderot descripteur: Diderot rêve et raconte la passion de Corésus », in Cahiers du Musée National d’Art Moderne, Paris, 1988). Regrets En écho à cette idée de « spectacle total », on relèvera que l’exposition ne joue pas assez avec l’étonnante polyvalence de Diderot, ni avec sa prescience sur l’évolution des arts. Alors que ses textes signent la rupture avec la tradition académique baroque-rococo et anticipent sur les nouvelles sensibilités naturalistes, néo-classique et romantiques, sans parler de ses visions matiéristes ou oniriques préfigurant l’impressionnisme, le symbolisme et même l’abstraction, on regrette que de tels parallèles n’aient pas été mieux exploités, par exemple en intégrant quelques œuvres choisies de ces périodes. Mises à part quelques salles du premier étage (Chardin, Hubert Robert, Loutherbourg, Vernet), la présentation générale offre un académisme de bon aloi, sinon une distance froide (la partie des sculptures), loin de la sensibilité flamboyante de l’écrivain-philosophe. Françoise-Hélène Brou Le goût de Diderot, Greuze, Chardin, Falconet, David. Fondation de l’hermitage, 2 route du Signal, Lausanne. Jusqu’au 1er juin 2014. tion entre arts plastique et poésie dans son Laokoon (1766), met fin à la confusion formelle art/poésie héritée de l’Antiquité. Diderot, pour autant, est-il le précurseur ou l’initiateur de la critique d’art au sens moderne ? Certains le contestent arguant que ce ne fut jamais par pur intérêt esthétique, ni pour construire une critique d’art autonome et spécialisée que le philosophe se dédia à cette activité, on invoque aussi le motif que sa méthode n’est qu’une attitude typiquement encyclopédique : soit celle de renouveler la façon commune de penser, et enfin que la critique diderotienne s’inscrit dans un plus vaste mouvement comptant de nombreux critiques d’art, plus ou moins talentueux que Diderot, qui écrivent sur des expositions publiques. Pourtant, grâce à ses connaissances et à son érudition « encyclopédique », Diderot a enrichi et per- Jean-Baptiste Siméon Chardin «Le panier de pêches, raisin blanc et noir, avec rafraîchissoir et verre à pied», 1759. Huile sur toile, 38,5 x 47 cm. Musée des Beaux-Arts, Rennes © RMN-Grand Palais (musée des Beaux-Arts de Rennes) / Patrick Merret a u c t a l i t é 69 expos itions FRANCE Bordeaux Musée des Arts Décoratifs : De l’inl time ou l’art de vivre au quotidien aux XVIIIe et XIXe siècle. Jusqu’au 19 mai Baux-de-Provence Carrières de lumières : Klimt et l Vienne. Un siècle d’or et de couleurs. Jusqu’au 4 janvier 2015 Biot Musée en franc e contemporain : Ericka Beckman Works 1978-2013 / Philippe Decrauzat - «Notes, Tones, Stone» / Blair Thurman. Jusqu’au 4 mai. l Musée de Grenoble : La pointe et l’ombre. Dessins nordiques du Musée de Grenoble. Jusqu’au 9 juin cœur et d’épée en Europe. 18021850. Du 19 avril au 21 juillet. Giverny Musée des impressionnismes : L’Impressionnisme et les Américains. Jusqu’au 29 juin. l Le Havre Musée d’Art moderne André l l national Fernand Léger : Fernand Léger, reconstruire le réel. 1924-1946. Jusqu’au 2 juin Malraux : Le siècle d’or de la peinture danoise - une collection française. Jusqu’au 11 mai. Lens Carcassone Le Louvre : Voir le Sacré. Musée des Beaux-Arts de l l Carcassonne : Corot dans la lumière du Nord. Jusqu’au 21 mai. Evian Palais Lumière : Joseph Vitta. l 70 Passion de collection. Jusqu’au 1er juin. Grenoble Magasin-Centre national d’art l Jusqu’au 21 avril. Lille Musée d’Art moderne : Meret l Oppenheim. Rétrospective. Jusqu’au 1er juin. Lyon Musée des beaux-arts : L'Invention du Passé - Histoires de l Marseille Centre de la Vieille Charité : l Visages, Picasso, Magritte, Warhol. Jusqu’au 22 juin. l MuCEM : Splendeurs de Volubilis - Bronzes antiques du Maroc et de Méditerranée. Jusqu’au 25 août. Des artistes dans la cité. Jusqu’au 8 septembre. Le Monde à l’envers Carnavals et mascarades d’Europe et de Méditerranée. Jusqu’au 25 août. Metz Centre Pompidou-Metz : Paparazzi ! Photographes, stars et artistes. Jusqu’au 9 juin. l Montpellier Musée Fabre : François-André Strasbourg Musée d’Art Moderne et l Contemporain : Doré & Friends. Jusqu’au 25 mai. Thonon Musée du Chablais (Château l de Sonnaz) Le Léman en question. Jusqu’au 9 novembre. Toulon Hôtel des Arts : Domus Mare l Nostrum - Habiter le mythe méditerranéen. Jusqu’au 11 mai. Yerres Propriété Caillebotte : Caillebotte à Yerres, au temps de l’impressionnisme. Du 5 avril au 30 juillet. l l AILLEURS Vincent, 1746-1816, un peintre entre Fragonard et David. Jusqu’au 11 mai. Bologne Sèvres Palazzo Fava : «La Jeune fille à la Musée de la Céramique : l l Picasso céramiste et la Méditerranée. Jusqu’au 19 mai perle». L’Age d’or de la peinture hollandaise. Jusqu’au 25 mai. Yerres Caillebotte à Yerres au temps de l'impressionnisme Pour la première fois, près de 40 chefs-d’œuvre de Gustave Caillebotte vont être présentés dans sa propriété yerroise, où ils ont été peints. Ce grand rendez-vous de l’impressionnisme est d’autant plus exceptionnel que ces œuvres n’ont, pour la plupart, jamais ou très peu été exposées au public. Les plus grands musées du monde se sont associés à cet événement culturel majeur de l’année 2014. Ainsi, près de 40 tableaux issus des collections de la National Gallery de Washington, du Art Museum de Milwaukee, de l’Indiana University Art Museum de Bloomington, du Musée des Beaux-Arts de Rennes et des Musées d’Orsay et Marmottan Monet à Paris seront présentés aux côtés des œuvres prêtées par la famille même de l’artiste et par des collectionneurs privés. Gustave Caillebotte a 12 ans lorsque ses parents s’installent dans la propriété yerroise qui sera leur résidence d’été. De 1875 à 1879, il peindra quelques-uns des tableaux les plus importants dans cette propriété familiale. Ce lieu a été fondamental dans l’inspiration de l’artiste, lui offrant aussi bien des motifs à peindre avec le parc, la rivière, le potager que des sujets de composition avec l’activité des canotiers et les loisirs de la rivière. C’est à ce moment que se définit le style de Caillebotte, fait de sujets modernes représentés d’une façon nouvelle et qui l’ont fait devenir l’un des peintres impressionnistes les plus originaux. Les tableaux qu’il a réalisés dans la propriété familiale d’Yerres constituent une partie essentielle de la révolution artistique apportée par les impressionnistes. Ce sont ces œuvres qui seront montrées, à Yerres, sur les lieux mêmes qui les ont inspirés et où ils ont été peints. Gustave Caillebotte «Pêche à la ligne», 1878 Huile sur toile, 157x113 cm. Collection particulière. Courtesy Comité Caillebotte, Paris a . A voir du 5 avril au 20 juillet 2014 g e n d a expos itions en europe Palazzo Strozzi, Florence Pontormo et Rosso Le Palazzo Strozzi présente une importante exposition entièrement dédiée à deux maîtres du Maniérisme, à savoir Jacopo da Pontormo et Rosso Fiorentino, deux peintres qui étaient sans nul doute les plus originaux et les plus anticonventionnels adeptes d’une nouvelle façon d’interpréter l’art dans le XVIe siècle italien, que Giorgio Vasari appelait la “manière moderne“. Ils sont tous deux nés en 1494, au début d’une période troublée par des heurts religieux et politiques qui devaient mener à un changement fondamental des équilibres entre les états et à la perte de l'harmonie dans l'art qui avait été une caractéristique de la transition du 15ème aux 16ème siècles. En explorant le travail de ces deux représentants florentins du «Maniérisme» - baptisé ainsi par les critiques du 20ème siècle -, cette exposition de référence, forte d’une sélection d’environ 80 œuvres réunies pour la première fois - peintures, fresques, dessins et tapisseries, représentant 70% de la production des artistes -, a pour but de suivre à la trace le développement chronologique que Giorgio Vasari a identifié comme le début de la «manière moderne» et qui trouve ses racines, autant pour Pontormo que pour Rosso, dans leur relation avec Andrea del Sarto. Jacopo Carrucci, dit Pontormo (1494-1557) «Double portrait d’amis», 1523-1524 Huile sur panneau; 88.2 x 68 cm. Venise, Fondation Giorgio Cini, Galerie du Palais Cini . A voir jusqu’au 20 juillet 2014 A noter que la Fondation Mapfre, Madrid, présente des dessins de Pontormo jusqu’au 11 mai. Londres Bruxelles British Museum : Vikings. Jusqu’au Palais des Beaux-Arts : Zurbarán. l l Maître de l’âge d’or espagnol. Jusqu’au 25 mai. Michaël Borremans. Jusqu’au 3 août Ferrare Palazzo dei Diamanti : Matisse. La l silhouette. La force de la ligne, l’émotion des couleurs. Jusqu’au 15 juin Florence CCC Strozzina : Contexte familial. l Portaits et expériences de familles d’aujourd'hui. Jusqu’au 20 juillet l Galleria del Costume : Le chapeau entre art et extravagance. Jusqu’au 18 mai. l Palazzo Strozzi : Pontormo et Rosso. Des chemins divergents du Maniérisme. Jusqu’au 20 juillet. Forli Musée San Domenico : Liberty. l Un style pour l’Italie moderne. Jusqu’au 15 juin. 22 juin. Hommes sages de l'est. Les traditions zoroastriennes en Perse et au-delà. Jusqu’au 27 avril. l Courtauld Gallery : Paysages romantiques de Grande-Bretagne et d’Allemagne. Jusqu’au 27 avril. l Estorick Collection of Modern Italian Art : Giorgio de Chirico Mythe and Mystère. Jusqu’au 11 mai l National Gallery : Véronèse Magnificience de la Renaissance à Venise. Jusqu’au 15 juin. Etrange beauté - maîtres de la Renaissance allemande. Jusqu’au 11 mai l Royal Academy of Art : Renaissance Impressions - Gravures sur bois en clair-obscur - Coll. Georg Baselitz & Albertina. Jusqu’au 8 juin. l Tate Modern : Henri Matisse - les papiers découpés. Du 17 avril au 7 septembre l Victoria & Albert Museum : L’art perdu de l’écriture. Jusqu’au 30 juin. Madrid Francfort Fondation Mapfre : Pontormo, Städelmuseum : Emil Nolde, l l rétrospective. Jusqu’au 15 juin a g dessins & Picasso Jusqu’au 11 mai. l Musée du Prado : Les Furies. De e n 71 Giovan Battista di Jacopo, dit Rosso Fiorentino (14941540), «Portrait d’un homme», vers 1524 Huile sur panneau; 88.7 x 67.9 cm. Washington, D.C., National Gallery of Art, Samuel H. Kress Collection Titien à Ribera. Jusqu’au 4 mai. Rubens - Le Triomphe de l'Eucharistie. Jusqu’au 29 juin l Musée Thyssen-Bornemisza : Cézanne. Jusqu’au 18 avril. Darío de Regoyos (1857-1913). Jusqu’au 1er juin Nuoro Musée Man : Robert Capa - Une vie l finement en dehors du feu. Jusqu’au 18 mai. Ravenne Musée d’art de la Ville : Le charme l de la fresque. Chefs-d’œuvres détachés de Pompeï à Giotto et de Corrège à Tiepolo. Jusqu’au 15 juin. Rome Galerie d’art contemporain : À tral vers Rodin. La sculpture italienne au XXe siècle. Jusqu’au 18 mai. l Museo Fondazione Roma : Hogarth, Reynolds, Turner. La peinture anglaise à l’aube de la modernité. Du 15 avril au 20 juillet l Palazzo Cipolla : Modigliani, Soutine et les artistes maudits. La collection Netter. Jusqu’au 6 avril. l Scuderie del Quirinal : Frida Kahlo. Jusqu’au 13 juillet. d a Rovigo Palazzo Roverella : L’obsession norl dique. Böcklin, Klimt, Munch et la peinture italienne. Jusqu’au 21 juin. Turin l La Veneria Reale : Splendeurs des cours italiennes : les Este. Jusqu’au 6 juillet. Venise Fondation Querini Stampalia : l Haris Epaminonda. Jusqu’au 18 mai l Palazzo Fortuny : Les amazones de la photographie. De la collection de Mario Trevisan. Jusqu’au 14 juillet. l Palazzo Grassi : Irving Penn & L’illusion des lumières. Du 13 avril au 31 décembre. l Peggy Guggenheim Collection: Themes & Variations. The Empire of Light. Jusqu’au 14 avril. Vienne Albertina Museum (Albertinapl.) l Naissance d’une collection. De Dürer à Napoléon. Jusqu’au 29 juin. l Belvedere : Vienna - Berlin. L’Art de deux villes. Jusqu’au 15 juin. Rita Vitorelli. Jusqu’au 6 avril expos itions en Genève Lausanne Art & Public (Bains 37) Franz Collection de l’Art brut (Bergières 72 l l West. Jusqu’au 11 avril. l Bibliothèque d’art et d’archéologie (Promenade du Pin) Les livres de photographes - Un musée de papier pour l’image. Jusqu’au 31 mai. l Blancpain Art Contemporain (Maraîchers 63) Sarah Burger / Pascal Danz. Jusqu’au 2 mai. l Blondeau & Cie (Muse 5) Adel Abdessemed. Jusqu’au 3 mai l Cabinet d’Arts graphiques (Promenade du Pin 5) Not Vital. Jusqu’au 13 avril. l Centre d'Art Contemporain (Vieux-Grenadiers 10) Robert Overby & Nicole Miller. Jusqu’au 27 avril. l Centre de la Photographie (Bains 28) Clemens Klopfenstein & Christiane Grimm. Du 3 avril au 25 mai. l Fondation Bodmer (Cologny) Alexandrie la Divine. Du 5 avril au 31 août. l Galerie Foëx (Évêché 1) Philippe Deléglise & Vincent Fournier. Du 15 avril au 14 juin. l Galerie Bärtschi (rte des Jeunes 43) Fabian Marti. Jusqu’au 16 mai. l Galerie S. Bertrand (Simplon 16) Sam Kaprielov. Jusqu’au 5 avril. l Galerie Patrick Cramer (VieuxBillard 2) Antonio Saura. Jusqu’au 17 mai. l Galerie Anton Meier (Athénée 2) Roger Chappellu. Jusqu’au 26 avril l Galerie Skopia (Vieux-Grenadiers 9) Thomas Huber. Jusqu’au 10 mai. l Galerie Turetsky (Grand-Rue 25) Alexandre Joly. Jusqu’au 3 mai. l Mamco (Vieux-Granadiers 10) Cycle Des Histoires sans fin, séquence printemps 2014. Jusqu’au 18 mai. l Milkshake Agency (24, Montbrillant) Sabrina Biro. Du 8 avril au 11 mai. l Musée Ariana (Av. Paix 10) Terres d’Islam - L’Ariana sort de ses réverves II. Jusqu’au 31 août l Musée d’art et d’histoire (Ch.Galland 2) Corps et Esprits. Regards croisés sur la Méditerranée antique. Jusqu’au 27 avril. l Musée Barbier-Mueller (J.-Calvin 10) Découvrez les Baga. Jusqu’au 4 mai. l Musée Rath (pl. Neuve) Humaniser la guerre? CICR - 150 ans d'action humanitaire. Du 29 avril au 20 juillet. l Xippas Art Contemporain (Sablons 6) Michael Scott. Du 2 avril au 17 mai. 11) Véhicules. Jusqu’au 27 avril l Fondation de l’Hermitage (2, rte Signal) Le goût de Diderot. Greuze, Chardin, Falconet, David.... Jusqu’au 1er juin l Mudac (pl. Cathédrale 6) Le verre vivant. Acquisitions récentes de la collection d'art verrier. Jusqu’au 16 novembre. l Musée cantonal des beaux-arts (pl. Riponne) Giacometti, Marini, Richier. La figure tourmentée. Jusqu’au 27 avril. l Musée de l’Elysée (Elysée 18) Philippe Halsman, Etonnez-moi ! Jusqu’au 11 mai. Chaux/Fonds Musée des beaux-arts : L’art l belge entre rêves et réalités. Chefs-d’œuvre du Musée d’Ixelles. Jusqu’au 1er juin s uis s e Enjeux. Jusqu’au 31 août. Fribourg Espace Jean Tinguely-Niki de Prangins Saint Phalle : Corps en jeu / la colMusée national suisse : «Papiers l l lection du MAHF. Jusqu’au 24 août. Lens / Crans Fondation Pierre Arnaud l : Divisionnisme. Jusqu’au 22 avril. Martigny Fondation Pierre Gianadda : La l Beauté du corps dans l'Antiquité grecque. Jusqu’au 9 juin. l Fondation Louis Moret (Barrières 33) Parole d’objet. Jusqu’au 13 avril l Le Manoir de la Ville : Show Showed Shown. Jusqu’au 13 avril Neuchâtel l Centre Dürrenmatt (Pertuis du Saut 74) Le labyrinthe poétique d'Armand Schulthess. Jusqu’au 3 août. l Musée d'art et d'histoire (espl. Léopold-Robert 1) Argent - Jeux - découpés. Scherenschnitte. Silhouette. Paper cuts». Du 11 avril au 28 septembre. Romont VitroMusée : Le monde sous l verre de Fride WirtlWalser. Jusqu’au 20 avril. Vevey Alimentarium : Délices d’artisl tes. L’Imaginaire dévoilé des natures mortes. Jusqu’au 30 avril. l Musée Jenisch : Manon Bellet / L’onde d’une ombre. Jusqu’au 1er juin l Musée suisse de l’Appareil photographique (Grand Place) Bernard Dubuis, Tant et temps de passages. Jusqu’au 30 août. Galerie Th 13, Berne Women par Tom Wood La Fondation d’entreprise Hermès organise à la Galerie TH13 une exposition des photographies de Tom Wood, un figure marquante de la photographie anglaise des années 70, aux côtés de Chris Killip, Martin Parr ou Paul Graham. Cet artiste a arpenté Liverpool pendant de longues années, l’appareil rivé à l’œil, comme pour ne rien perdre du temps qui passe, comme si l’envie le tenaillait d’enfermer la vie dans cette petite boîte noire. Son attitude face à l’agitation de cette cité, son attention de tous les instants aux passants et passantes lui ont valu d’être surnommé «photie man» par les habitants de Liverpool. Tom Wood s’attache au quotidien de sa cité d’adoption, se révélant un promeneur attentif à ses semblables et suscitant leur attention, mais en conservant toujours, lorsqu’il capte l’intimité de ses contemporains, une réserve de “gentleman“. Le photographe ne joue pas le rôle d’un simple observateur du monde qu’il parcourt, mais en fait partie, intégrant une part de luimême dans chacun de ses clichés. Le travail de Tom Wood se rattache, par certains aspects, à la “Street Photography“ telle que pratiquée aux Etats-Unis à la même période; pour autant, le photographe ne se reconnaît pas dans la tradition de la photographie documentaire. Selon lui, la photographie ne peut se réduire à sa fonction informative. «Seacombe ferry», 1985 © Tom Wood moyen format, de la pose à l’instantané. Les portraits de femmes qui sont présentés à la galerie TH13 sous le titre «Women» représentent un condensé de l’écriture photographique développée par Tom Wood depuis trente ans; le photographie y pratique allègrement les mélanges, passant d’une décennie à une autre, de la couleur au noir et blanc, du format 24x36 au . A découvrir jusqu’au 14 juin 2014 a g e n d a expos itions OUTRE SARINE Aarau Aargauer Kunsthaus : Veronika l Spierenburg - Prix Culturel Manor 2013 & Matthias Wyss. Jusqu’au 21 avril Bâle Cartoon Museum (St. Albanl Vorstadt 28) Le monde selon Plonk & Replonk. Jusqu’au 22 juin. l Fondation Beyeler (Riehen) Odilon Redon. Jusqu’au 18 mai. l Kunsthalle : Vivian Suter. Du 6 avril au 1er juin. Georgia Sagri. Du 13 avril au 8 juin. l Kunstmuseum (St. Alban-Graben 16) Les masques intriguées - James Ensor. Du musée royal d'Anvers et dans les collections suisses. Jusqu’au 25 mai. Kasimir Malewitsch - Le monde comme nonfiguration. Jusqu’au 22 juin l Museum für Gegenwartskunst (St. Alban-Rheinweg 60) Le Corbeau et le Renard. Révolte de la langue avec Marcel Broodthaers. Jusqu’au 17 août. l Cartoonmuseum (St. AlbanVorstadt 28) Le monde selon Plonk & Replonk. Jusqu’au 22 juin. l HMB - Museum für Musik / Im Lohnhof (Im Lohnhof 9) pop@bâle. La musique pop et rock depuis les années 1950. Jusqu’au 29 juin. l Musée Tinguely (Paul SacherAnlage 1) Objets ludiques. L'Art des possibilités. Jusqu’au 11 mai. l Schaulager (Ruchfeldstr. 19, Münchenstein) Paul Chan - Selected Works. Du 12 avril au 19 octobre. l Spielzeug Welten Museum : Marilyn privée: l'être humain derrière le concept Monroe. Jusqu’au 6 avril. Bienne CentrePasqu’Art (fbg Lac 71-75) l Barbara Probst & Telling Tales. Jusqu’au 6 avril. l PhotoforumPasqu’Art : Beat Schweizer & Thomas Kneubühler. Jusqu’au 20 avril. Riggisberg Abegg-Stiftung : L’enveloppe et l la parure / Les tissus du Moyen Âge dans le culte des reliques. Du 27 avril au 9 novembre. Warth Kunstmuseum Thurgau : Joseph l Kosuth. L’existence et le monde. Jusqu’au 24 août. Surfaces. Nouvelle photographie de la Suisse. Jusqu’au 24 août. Deposit, projet de Yann Mingard. Jusqu’au 25 mai. l Fotostiftung Schweiz (Grüzenstr. 45) Iren Stehli - Si près, si loin. Jusqu’au 25 mai. l Kunstmuseum (Museumstr. 52) Gerhard Richter - Lignes et verre. Jusqu’au 20 avril. Gerhard Richter Travaux sur papier de la collection. Jusqu’au 27 juillet. l Museum Oskar Reinhart (Stadthausstr. 6) Les peintres de Winterthur à travers les siècles. Jusqu’au 1er juin. l Villa Flora (Tösstalstr. 44) Chefsd’œuvre de la collection Hahnloser / Jaeggli : Bonnard, Van Gogh, Vallotton.... Jusqu’au 27 avril. Weil / Rhein Zurich Vitra Design Museum : Konstantin Haus Konstruktiv l Grcic - Panorama. Jusqu’au 14 septembre. Winterthur Fotomuseum (Grüzenstr. 44) l l : Victor Vasarely – La redécouverte du peintre. Jusqu’au 18 mai. l Kunsthalle : Ed Atkins - Slaves et Tatares. Jusqu’au 11 mai. g Kunsthaus (Heimpl.1) De Matisse au Cavalier bleu - l’expressionnisme en Allemagne et en France. Jusqu’au 11 mai. Alberto Giacometti. Jusqu’au 25 mai. l Landesmuseum : 1900-1914. Expédition Bonheur. Jusqu’au 13 juillet. Contes, magie et Trudi Gerster. Jusqu’au 11 mai. l Museum Bellerive (Augustinergasse 9) Henry van de Velde – Intérieurs. Jusqu’au 1er juin. l Museum für Gestaltung (Austellungsstr. 60) Galerie : Vintage – Design with a History. Jusqu’au 6 avril. Halle : Affiches d'artistes japonais - Fleurs de cerisier et ascétisme. Jusqu’au 25 mai. l Museum Rietberg (Gablerstr. 15) Art de la Côte d’Ivoire. Jusqu’au 1er juin. Baldaquins pour la déesse. Art textile en Inde. Jusqu’au 13 avril. Un jardin secret - Peinture indienne de la collection Porret. Jusqu’au 29 juin. l 1900 - 1914. Expédition Bonheur Jusqu’au début de la Première Guerre mondiale, rares sont les personnes qui se doutent qu’une catastrophe va s’abattre sur l’Europe et le monde entier. On croit vivre «l’âge d’or de la sécurité», selon la formule de l’écrivain Stefan Zweig. Cette époque est marquée par les avant-gardes artistiques, le dépassement des rôles traditionnels attribués aux sexes, les inventions révolutionnaires, une prospérité croissante, l’exploration de l’inconscient et la certitude illusoire que la paix va durer. Tout semble possible. La nouveauté déclenche un sentiment d’euphorie. Mais au-delà des apparences, la peur et l’incertitude dominent aussi les esprits. l a s uis s e Musée National, Zurich Berne Centre Paul Klee (Monument im Fruchtland 3) Le Voyage en Tunisie. Klee, Macke, Moilliet. Jusqu’au 22 juin. l Musée des Beaux-Arts (Hodlerstr. 8-12) Anker, Hodler, Vallotton... Chefs-d’œuvre de la Fondation pour l’art, la culture, l’histoire. Jusqu’au 24 août. Rétrospective Germaine Richier. Jusqu’au 6 avril. Hieronymus Grimm (1733-1794), illustrateur et caricaturiste. Jusqu’au 21 avril. Markus Raetz. Estampes et sculptures. Jusqu’au 18 mai. en Egon Schiele «Die Jungfrau», 1913. Crayon et couleurs opaques sur papier, Graphische Sammlung der ETH Zurich © Graphische Sammlung der ETH Zurich. L’exposition montre cette alternance entre enthousiasme et difficulté à faire face aux événements, ce qui n’est pas sans rappeler l’époque actuelle. Elle réunit des objets d’intérêt culturel et historique appartenant aux collections du Musée national suisse ainsi que des œuvres provenant de musées et de collections particulières de premier plan. On peut ainsi y admirer des tableaux de Vassily Kandinsky, Pablo Picasso, Egon Schiele ou encore Ferdinand Hodler provenant du Centre Pompidou à Paris, de la Fondation Beyeler à Riehen ou du Aargauer Kunsthaus d’Aarau. . A voir jusqu’au 13 juillet 2014 e n d a 73 p a r musée d’orsay Gustave Doré La programmation de cette rétrospective très complète, consacrée à Gustave Doré (1832-1883) ne fait que rendre justice à artiste surdoué, protéiforme : dessinateur, caricaturiste, illustrateur, aquarelliste, peintre, sculpteur. 74 S’il a produit plus de dix mille planches de dessins, devenant ainsi « le plus illustre des illustrateurs », et de ce fait pionnier de la bande dessinée, son emprise sur la mémoire collective est indiscutable et connu. Ce qui l’est moins, c’est son œuvre de peintre et de sculpteur et c’est aussi là le mérite de cette exposition d’introduire le visiteur, connaisseur des dessins et caricatures de Doré, dans son univers pictural, pittoresque et sublime, méditatif et dramatique. Les commissaires de l’exposition Paul Lang, directeur adjoint et conservateur en chef au musée des Beaux-Arts du Canada et Edouard Papet, conservateur en chef au musée d’Orsay, ont fait sur le plan scientifique ce qu’il y a de mieux. Par contre, nous partagerons peut-être moins leur conception du parcours, coupé en deux : au rez-de-chaussée dans deux salles, les tableaux monumentaux et les lourdes sculptures, disons qu’il s’agirait d’une mise en bouche, au cinquième étage, l’exposition à proprement parler, les plats de résistance. i s Registre différent pour ces deux œuvres religieuses que sont dans La Maison de Caïphe (1875) mais aussi L’Ange de Tobie (1865), traitées dans le goût orientaliste. La deuxième partie de l’exposition, allant de la caricature au paysage, ravira plus d’un visiteur, à condition de se montrer patient, car, dans toutes les vitrines qui réunissent des merveilles de dessins, d’aquarelles, de xylographies, de lavis, le diable est caché dans le détail. A l’heure où les journaux commencent à être bon marché, les illustrations se multiplient pour refléter les mutations politiques et sociales. Déjà enfant, Gustave Doré montrait une forte inclination au pastiche, dont témoigne son Album de dessins (1840/1842), Le danger de patiner. Un talent, qui convaincra rapidement le grand patron de la presse illustrée parisienne, Charles Philipon. Qu’il caricature les artistes, Trois artistes incompris et mécontents (1851) ou Une pépinière de rapins, de croutons et d’apprentis Raphaël (1850), les bourgeois amoureux de hauts lieux balnéaires, Les Bains de mer (1850/1855), ou plus savoureux pour les visiteurs suisses, Enfin je pénètre dans ce bienheureux Oberland Bernois, qu’il croque les gourmands, sa plume est toujours incisive. A l’heure où la Crimée fait aujourd’hui la une de la presse, on se rend compte qu’il n’y a rien de bien nouveau sous le soleil puisqu’en pleine Renouveau Dans cette première partie s’intitulant “Gustave Doré intime et spectaculaire“, une première surprise attend le visiteur : Entre Ciel et Terre (1862), une œuvre énigmatique, de petite taille, où l’on voit un batracien attaché à un cerf volant sur le point d’être rattrapé par une cigogne avec la cathédrale de Strasbourg en arrière-plan (Doré est né à Strasbourg). Symboliserait-il une image cruelle des aléas de l’existence ? De format plus imposant, ses toiles représentant des saltimbanques, aux couleurs symbolistes, marquent son amitié et son intérêt pour le monde forain. Lui-même endossant volontiers l’habit de clown. Un talent qui se lit aussi dans son Pierrot grimaçant. Doré vint tard à la sculpture et les critiques ne furent pas très tendres avec lui. Alors que La Parque et l’Amour (1877) de tradition classique par le sujet, montre une grande maîtrise du sculpteur autodidacte, la violence épique de La Gloire étouffant le Génie (1878), exprime les tourments créateurs de l’artiste. En catholique pratiquant, Doré entreprit nombre d’œuvres religieuses. En 1866, il s’adonne à l’illustration de la Sainte Bible, qui va marquer le renouveau de l’art religieux. Jamais on n’avait tant « imaginé » la Bible et ses gravures de la Passion du Christ ne sont pas sans rappeler les effets de clair-obscur des eaux-fortes de Rembrandt. Dans l’œuvre monumentale et spectaculaire du Christ quittant le prétoire (1874/1880), c’est un tour de force par le format de l’œuvre et le foisonnement des personnages, d’une puissance théâtrale et dramatique, qui n’a pas échappé à ses contemporains, comme Emile Zola ou Théophile Gautier. a c Gustave Dore «Pauvresse à Londres», 1869 Lavis, plume et rehauts de gouache blanche, 46,3 x 30,6 cm Strasbourg, Musee d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg © Photo musees de Strasbourg t u a l i t é p Gustave Dore «Pierrot grimaçant», sans date Aquarelle et rehauts de gouache blanche sur traits de crayon, 64,2 x 50,5 cm Strasbourg, Musee d’Art Moderne et Contemporain de Strasbourg © Photo musees de Strasbourg a r i Paris (1870), Le Rhin allemand (1870/1871), Episode du siège de Paris (1871) baignent dans des tonalités sombres ou de grisailles. Amoureux de paysages en tant que voyageur infatigable, passionné d’alpinisme, parcourant la France, la Suisse, le Tyrol et l’Ecosse, Doré est tout aussi amoureux de paysages en tant que peintre. Dès les années 1860, il aborde ce genre avec succès. Rien dans la nature ne semble échapper à cet œil curieux et le spectacle de la nature, un torrent tumultueux, un ciel menaçant, la lumière suivant l’orage, des paysages crépusculaires inspirent des constructions harmoniques qui évoquent celles d’un Caspar David Friedrich. Son Ascension du Mont Cervin de 1865 correspond à la même époque à la disparition tragique d’alpinistes dans la descente du ce sommet, un événement qui a développé l’imagination des illustrateurs. Que ce soit Torrent dans les collines (1881), Loch Lochmond (1875), Collines d’Ecosse (1875), il est fasciné par l’Ecosse « d’une grandeur sauvage et d’une solitude désolée ». En guise de conclusion au parcours, les commissaires ont voulu montrer combien cet artiste était visionnaire et que ses illustrations furent une source d’imagination pour péplums et films d’aventures. De Vie et Passion de Jésus Christ de Ferdinand Zeccha produit par Pathé en 1902 à King Kong ou au Seigneur des anneaux jusqu’à Harry Potter, la dette visà-vis de Doré est immense. Il suffit de visionner quelques-unes des projections de ces films pour s’en convaincre. Un prodigieux artiste du XIX° siècle dont on a peut-être oublié un peu vite qu’il a embrassé en virtuose tous les domaines de la création et que le visiteur pourra redécouvrir, pour son plus grand plaisir ! Régine Kopp Jusqu’au 11 mai 2014, www.musee-orsay.fr guerre de Crimée, qui scellait l’alliance de la France et de la GrandeBretagne, face à la Russie, Doré lançait un pamphlet très féroce, riche de cinq cent dessins satiriques, intitulée Histoire dramatique et caricaturale de la Sainte Russie. Une relation à l’actualité, qui anticipe une forme de démocratisation de la culture, qui caractérise aussi le rapport aux classiques, puisque Doré s’est mesuré aux plus grands textes : Dante, Rabelais, La Fontaine, Perrault, Balzac mais aussi Cervantès, Milton, Shakespeare dont plusieurs éditions sont présentées, agrémentées de nombreuses illustrations et aquarelles. Beaucoup de visiteurs se remémoreront avec émotion des visions inoubliables, souvent violentes des Contes de Perrault, qui ont par la suite marqué le monde cinématographique. Misère à Londres Mais son talent, il le met aussi au service de son activité de reporter, rendant compte par la plume et le crayon de la réalité de la Londres victorienne, de sa misère urbaine. Il représente aussi bien l’ombre des bas-fonds londoniens comme dans Scène de la rue à Londres (1870), Pauvresse à Londres (1869), que la lumière des champs de course, Le Grand Derby (1870). Pour exposer ses œuvres à Londres, il n’hésite d’ailleurs pas à y cofonder une galerie. De la même façon, il se rend à plusieurs reprises en Espagne, terre sauvage et pittoresque, en vue de l’illustration du Don Quichotte qui doit le distinguer de celle de ses prédécesseurs. Son Guitariste (1870) et ses Mendiants de Burgos (1875) montre non seulement une grande empathie, séduit par la noblesse naturelle des mendiants et « la splendeur des guenilles castillanes ». Toute une section est consacrée à la guerre de 1870 et au siège de Paris, qui inspire à Doré un ensemble d’œuvres au caractère réaliste. Il peint des ambiances nocturnes et embrasées pour raconter les drames de la guerre et de la défaite, qui le touchent personnellement : Scène de bombardement de a c t u a l s Gustave Dore «Joyeuseté», dit aussi «À saute-mouton», vers 1881. Bronze, 36,5 x 27 x 17 cm. Paris, musee d’Orsay © Musee d’Orsay, Dist.RMN-Grand Palais / Patrice Schmidt i t é 75 p a r i s centre pompidou henri CartierBresson « Laissons les photos parler d’elles-mêmes et pour l’amour de Nadar, ne laissons pas des gens assis derrière des bureaux rajouter ce qu’ils n’ont pas vu. » (h.C-B) 76 Comment appréhender une œuvre aussi magistrale et surtout déjà universellement décrite en long en large et en travers que celle du photographe Henri Cartier-Bresson (1908-2004) ? Deux générations de photographes et photojournalistes ont été appelés à le prendre comme exemple avec la formule de « moment décisif », sans compter l'absence totale de pose, de recadrage, de retouche, la construction géométrique de l’image à travers les taches d’ombre et de lumière… et l’usage du Leica. C’était un artiste qui se lança dans la photographie en 1930. En effet le dessin et la peinture qu’il pratiquait depuis son plus jeune âge et qu’il avait travaillés chez le peintre André Lhôte, lui donnèrent à jamais le sens de la construction des images, une approche très graphique de la composition, une mise en place très précise des événements (c’est-à-dire des sujets mobiles) dans l’espace. Cette construction visuelle instantanée crée des rapports humains intemporels. Ce sont ces qualités qui font de lui un photographe outrepassant le simple travail d’illustrateur, chez qui le propos seul est le fil conducteur, contrairement à l’artiste pour qui la photo est le résultat d’une expérience visuelle fugace. Une œuvre forte « Le sujet ne consiste pas à collecter des faits car les faits en eux-mêmes n’offrent guère d’intérêt. L’important est de choisir parmi eux, de saisir le fait vrai par rapport à la réalité profonde ».(H C-B) Etonnamment, c’est en visionnant avec attention la vidéo de son film, réalisé pendant la guerre d’Espagne, Victoire de la Vie, décrivant la prise en charge des blessés dans des hôpitaux de campagne, que l’on comprend la force de l’ensemble de l’œuvre de Cartier-Bresson : c’est à travers les visages et les expressions des protagonistes, infirmières et blessés, leurs postures et attitudes, que se dévoilent souffrances et détermination. Face à la force qui se dégage des séquences, les mots prononcés par le commentateur deviennent réducteurs, insignifiants, désuets, et surtout inutiles. De même, pour H.C-B, les légendes des photos a aussi sont réductrices et il les rejetait à la fin de ses albums sous forme de notations de circonstances et non de commentaires pour ne pas gêner la contemplation immédiate de la seule image. « La photographie est pour moi la reconnaissance simultanée dans une fraction de seconde, d’une part de la signification d’un fait, et de l’autre d’une organisation rigoureuse des formes perçues visuellement qui expriment ce fait ». Ainsi naît le fameux « moment décisif ». Celui-ci implique énormément de patience dans l'attente de la rencontre de toutes les conditions qui, pour l’artiste, incitent la photo. De plus, c’est par sa grande discrétion, voire une complète fonte dans l’environnement immédiat, que HCB parvenait à saisir frontalement ses sujets tout en étant ignoré d’eux. Ceci à tel point que jamais il ne figurait sur une photo prise par d’autres et ne se montrait que derrière son Leica : autant le public connaissait ses photos publiées partout, autant il ignorait à quoi pouvait bien ressembler le photographe… Trajectoire Clément Chéroux, commissaire de l’exposition, décrit le parti qu’il a pris de montrer la trajectoire de l’artiste sous forme chronologique, en en fragmentant les étapes au gré des différents stades de sa trajectoire professionnelle et de l’histoire du monde qu’il a traversée depuis 1930. Les tirages noir et blanc sont tous d’époque. En effet, il avait un total mépris pour la couleur qui disait-il se contente d’identifier les choses, alors que le noir et blanc les sublime. C’est entre 1930 et 1934 qu’il fait ses premiers voyages, en Afrique, en Europe de l’Est, en Italie et en Espagne. On retrouve les photos de cette période, magnifiques et mondialement connues… Il est encore sous l’influence de son expérience de peintre ayant côtoyé les surréalistes, surtout par leur attitude : esprit subversif, engagement politique, croyance dans la nécessité de « changer la vie ». Ses reportages d'alors portent sur le Front populaire, les premiers congés payés ; dans le couronnement de Georges V, ce sont les spectateurs et leurs attitudes qui sont photographiés, et non le carrosse du souverain : c’est cette prise de position que l’on retrouvera par la suite dans la majorité de ses reportages où l’événement est présenté tel que vu et vécu par ceux qui y assistent, à nous de comprendre à travers leurs physionomies ce qui se passe hors-champs. Entre 1935 et 45, il se tourne vers le cinéma : en 1935 aux Etats-Unis, puis avec Jean Renoir à Paris en 1936 jusqu'à la guerre où, prisonnier pendant trois ans, il s’évade pour rejoindre un groupe de résistants communistes. Il documente et photographie Oradour-sur-Glane, la libération de Paris et le retour des prisonniers d’Allemagne. 1957 est une année cruciale : Son exposition au MOMA de New York qui le consacre comme photographe universellement reconnu, et surtout la création de l’agence coopérative Magnum Photos avec Robert Capa, David Seymour, ce qui George Hoyningen-Huene : Henri Cartier-Bresson, New York, 1935 The Museum of Modern Art, Thomas Walther. Collection, Purchase, oriente alors sa démarche vers le reportage New York © George Hoyningen-Huene : © Horst / Courtesy-Staley / et le travail pour les magazines alors aviWise Gallery / NYC. Credit photographique : © 2013. Digital image, des de photographies. The Museum of Modern Art, New York / Scala, Florence c t u a l i t é p a r i s entre autres. Ces photographies sont devenues des références. A partir des années 1970, HC-B. abandonne Magnum et les commandes de reportages pour ne se consacrer qu’au dessin. L’exposition nous en montre une série, des autoportraits dessinés à la façon de son ami Giacometti. Bien entendu il continue à photographier, mais libéré des contraintes narratives, il retourne à ses premières approches, purement plastiques. Il s’occupe de valoriser ses archives, à gérer ses expositions, publier des livres sur son travail, et surtout, en 2003, crée avec son épouse Martine Franck, la Fondation Henri «Premiers congés payés, bords de Seine, France, 1936» Cartier-Bresson, bel espace où Épreuve gélatino-argentique, tirage réalisé en 1946. Collection Fondation Henri Cartier-Bresson, Paris sont gardées ses archives et © Henri Cartier-Bresson / Magnum Photos, courtesy Fondation Henri Cartier-Bresson organisées de nombreuses A partir de ce moment, il couvre les principaux événements mar- expositions de photographes contemporains du monde entier. quants de l’époque : assassinat et funérailles de Gandhi, les derniers jours « En photographie la création est la courte affaire d’un instant, (…) du Kuomingtang (d’ où une photo bien connue de Chinois se bousculant On fait de la peinture tandis que l’on prend une photo » devant une banque pour échanger leurs billets contre quelques grammes Christine Pictet d’or), la Russie après la mort de Staline, Cuba en 1963, la France de mai 68. Toutes les photos de ces reportages accrochées et bien séparées les unes des autres dans la chronologie des faits, nous font revivre les épiso- Centre Pompidou. Jusqu’au 9 juin 2014 des qui ont marqué l'environnement d’alors. De la même façon que de retour d’Afrique, tout jeune, il se défendait d’avoir eu un œil d’anthropologue ou en quête de folklore, dans ses reportages des années 50-60, il se refusait d’être reporter de l’Histoire et de l’actualité. « La vie n’est pas une suite d’histoires que l’on découpe en quartiers comme une tarte aux pommes. » Pour lui, il n’existe pas une seule manière de raconter l’histoire, mais rendre compte de la vie en posant des questions. Les personnages inclus dans le cadre se présentent souvent comme si l’objet de la photo était horschamps, leurs regards souvent dirigés dans la même direction, questionnant tout en montrant explicitement une même préoc«Foule attendant devant une banque pour acheter de l’or pendant les derniers jours du Kuomintang, cupation. Shanghai, Chine, decembre 1948» Très marquants aussi ses Épreuve gélatino-argentique, tirage réalisé dans les annees 1960 Collection Fondation Henri Cartier-Bresson, Paris portraits d’artistes et d’écri© Henri Cartier-Bresson / Magnum Photos, courtesy Fondation Henri Cartier-Bresson vains : Matisse, Giacometti a c t u a l i t é 77 p a r i s grand palais : bill viola La magie des images Célébré à travers le monde comme le pionnier de cet art qu’est devenue la vidéo, Bill Viola peut enfin se réjouir d’une rétrospective en France. Un Grand Palais qui s’enflamme sous la puissance des images vidéo, diffusées par plus de trente écrans et des heures d’images. Ce sont quatre décennies de l’œuvre de Viola qui sont représentées dans l’exposition et tous les genres de son œuvre font partie du parcours. Il vous faudra donc beaucoup de temps si vous décidez de voir les vingt pièces in extenso. 78 Mais cela importe peu à l’artiste, car pour lui, le temps n’est pas de l’argent. Il voit son exposition comme un voyage, chacun emportant ce qu’il veut. Le voyage que nous propose l’artiste, et qu’il a conçu en étroite collaboration avec sa femme Kira Perov, est un itinéraire organisé autour des trois questions métaphysiques, les plus fondamentales et auxquelles chaque époque tente de trouver une réponse : qui suis-je, où suis-je, où vais-je ? Dans ses vidéos, il interroge les grandes questions de la métaphysique et ses images n’ont d’autre ambition que de donner à voir une autre perception de ces questions, car de réponse, à la vie et à la mort, il n’y en point. Lors de la conférence de presse, c’est un Bill Viola d’humeur métaphysique que beaucoup ont découvert. « Il y a deux choses éternelles, dit-il, ceux qui ne sont pas encore nés ou qui viennent après nous et les morts, au milieu il y a ceux qui vivent en ce moment. Et la chose la plus importante est de laisser quelque chose derrière soi, car nous vivons de ce que les anciens ont laissé. Et la créativité existe dans chaque être vivant ». Mais ce qui distingue Bill Viola de beaucoup d’autres vidéastes et qui fait de lui un authentique artiste, c’est son talent de peintre, une palette qui inscrit ses images dans l’histoire de l’art, où il croise les plus grands maîtres, de Goya à Jérôme Bosch en passant par Giotto. Structure du “voyage“ Trois sections rythment le parcours, scénographié par Bobby Jablonski et Gaëlle Seltzer, sur deux niveaux du Grand Palais : « Je suis né en même temps que la vidéo », « Le paysage est le lien entre notre moi extérieur et notre moi intérieur » et « Si les portes de la perception étaient ouvertes, alors tout apparaîtrait tel quel-infini » William Blake. C’est une vidéo couleurs de ses débuts, 1977/79, qui accueille le visiteur, The Reflecting pool (Le bassin miroir). Les fondamentaux de l’artiste y sont déjà présents, et l’on voit un homme qui sort d’une forêt, puis saute dans un bassin rempli d’eau. Le temps semble s’arrêter et l’on assiste à une scène presque immobile, où les seuls changements se limitent aux reflets et aux ondes de la surface de l’eau. La vidéo lui sert à sculpter le temps, elle ne l’arrête pas mais le déroule. Poursuivant le voyage, le visiteur entre dans une salle obscure, remplie de voiles sur lesquelles sont projetées des images d’un homme et d’une femme qui s’approchent et s’éloignent de la caméra sur fond de paysages nocturnes : The Veiling / Les Voiles (1995). Le polyptique vidéo en noir et blanc projeté sur quatre petits écrans, Four Hands / Quatre mains (2001) qui présentent quatre paires de main, appartenant à quatre âges différents et effectuant des gestes prédéfinis, est très bouleversant. Des gestes familiers et étranges qui décrivent à la fois une chronologie correspondant aux actes accomplis à un moment donné et aux grands cycles de la vie humaine. L’écoulement du temps se lit dans le très caravagesque polyptique en couleur sur cinq écrans, Catherine’s Room (2001) qui nous fait assister aux rituels quotidiens d’une femme seule dans sa chambre, où seule une petite fenêtre dans le mur ouvre sur l’extérieur. Une œuvre qui peut faire penser à Fin de Partie de Samuel Beckett, car là aussi le sujet est l’inéluctable fuite du temps et la seule ouverture sur l’extérieur est une petite fenêtre dans un mur. L’action se déroule le plus souvent ralentie à l’extrême. C’est aussi le cas dans The Quintet of the Astonished (2000), où l’on assiste à une lente montée de l’énergie émotionnelle de cinq personnes debout, serrées les unes contre les autres. Le son n’est jamais illustratif dans l’œuvre de Bill Viola mais toujours actif. Comme dans l’installation The Sleep of reason (1988), qui occupe une salle. On regarde l’écran du moniteur montrant en gros plan un homme endormi, quand tout à coup de grandes images colorées recouvrent les murs et l’espace se remplit d’un bruit fort et inquiétant de gémissements et de hurlements. Puis tout s’arrête pour recommencer quelques instants plus tard. Choc émotionnel Bill Viola «Going Forth By Day» (detail), 2002 « First Light » (panneau 5) installation video sonore, cycle de cinq projections 36 minutes, performeurs : Weba Garretson, John Hay Collection Pinault. Photo Kira Perov a c t u a Avec l’installation Going Forth by Day (2002), le visiteur retient son souffle et le choc émotionnel est garanti. Le titre reprend la traduction du titre original du Livre des Morts des anciens Egyptiens : Livre pour sortir au jour, et l’artiste explore les thèmes de l’individualité, la société, la mort, la renaissance. Se retrouvant au l i t é Bill Viola «Four Hands» (detail), 2001 polyptique video noir et blanc sur quatre ecrans plats LCD poses sur une planche horizontale, 23 minutes, performeurs : Blake Viola, Kira Perov, Bill Viola, Lois Stark Bill Viola Studio, Long Beach, EtatsUnis. Photo Mike Bruce, courtesy Anthony d’Offay, Londres centre d’un univers sonore et visuel avec des projections sur tous les murs, le spectateur est libre de s’y déplacer pour regarder les projections individuellement ou prendre du recul et voir l’œuvre dans sa totalité. Une installation qui s’apparente à une véritable superproduction avec plus de cent vingt techniciens pour le tournage, cascadeurs et spécialistes d’effets spéciaux et pas moins de deux cents acteurs et figurants. Bill Viola recourt donc à une technologie sophistiquée, utilisant tous les types de caméras, caméras de vidéosurveillance, vieille caméra de surveillance militaire ou caméra à haute définition numérique. Il s’enthousiasme quand de nouvelles techniques apparaissent car elles lui ouvrent de nouvelles voies de création. C’est aussi dans ce sens qu’il dit que lui et la vidéo ont grandi ensemble. Il entre en 1969 à l’université, alors que les premières vidéos portables venaient de sortir sur le marché deux ans auparavant. Et crée dès 1972 ses premières vidéos, devient l’assistant d’exposition pour Nam Jum Paik. Mais plus que du côté de la technologie, c’est l’expérience du désert, puis ses voyages en Asie, au Ladakh et surtout à Florence, où il retient la leçon des maîtres du Quattrocento, qui forgeront son œuvre. S’ajoute l’appropriation des textes de grands philosophes et mystiques de toutes obédiences, chrétiens, bouddhistes, soufis, hindouistes. Dans cette magistrale installation immersive qu’est Going Forth by Day (2002), composé en cinq parties (Fire Birth, The Path, The Deluge, The Voyage, First Light), le visiteur doit entrer a c t u physiquement dans la lumière de la première image. Les cinq séquences visuelles, de trentecinq minutes chacune, sont projetées en boucle, directement sur les murs, à la façon de fresques italiennes. Un style esthétique, qui pousse le spectateur à une pratique de la méditation, qui consiste à concentrer son regard pour aller plus loin dans la perception d’un sujet. En 2004, Bill Viola entreprend une collaboration avec le metteur en scène Peter Sellars pour un nouveau Tristan et Isolde de Richard Wagner, repris pour la circonstance en avril à l’Opéra Bastille. Tristan’s Ascension (2005), projetée sur un grand écran vertical, est également une des étapes de ce voyage, qui décrit l’ascension de l’âme dans l’espace après la mort, au moment où elle se réveille et se trouve emportée par une chute d’eau. Sur une dalle en pierre repose le corps d’un homme, une petite pluie tombe qui devient déluge, le corps se soulève, entraîné par l’eau puis disparaît en haut de l’écran et peu à peu la pluie cesse, le calme revient. Le voyage métaphysique prend tout son sens dans la troisième et dernière étape. Man Searching for Immortality/Woman Searching for Eternity (2013) est un diptyque poignant, dans lequel un homme et une femme nus semblent avancer vers nous, une petite lampe à la main, à la recherche de signes de dégradation sur leur corps, constatant qu’ils sont toujours en vie, ils éteignent leur lampe et disparaissent progressivement. En 2013, Bill Viola crée la série des Water Portraits, The Dreamers, immergeant des acteurs a l i t dans un réservoir en plexiglas rempli d’eau. Le son de l’eau envahit l’espace tandis que la pièce se remplit progressivement de rêves. Les éléments naturels, le feu et surtout l’eau sont constitutifs de son imaginaire. Mais l’eau a été pour Bill Viola une expérience particulièrement douloureuse, puisqu’à l’âge de six ans, il faillit se noyer dans un lac, d’où son oncle l’a tiré in extremis. Il raconte que cette noyade manquée lui a ouvert la vision d’un monde féerique, qui ne cesse de le hanter depuis. Que la vidéo ait acquis ses lettres de noblesse artistiques, la chose est entendue. Et Bill Viola en est son représentant universel, le plus noble. A ceux qui doutent de la haute puissance artistique de ce médium, il leur suffit de faire un tour au Grand Palais ! Sinon, à partir du 11 avril 2014, le Musée des Beaux-Arts de Berne a eu l’ingénieuse idée de programmer une exposition de neuf œuvres de Bill Viola, des années 1977 à 2008, dans les salles du musée mais aussi à la Cathédrale de Berne. Les amateurs d’art n’échapperont donc pas ce printemps à la magie des images de Bill Viola. Régine Kopp Grand Palais : Jusqu’au 21 juillet 2014 www.grandpalais.fr Musée des Beaux-Arts de Berne : du 12 avril au 20 juillet 2014, www.kunstmuseumbern.ch Bill Viola «The Dreamers» (detail) 2013 installation video sonore, sept ecrans plasma verticaux, quatre canaux stereo, en continu; performeuse : Madison Corn. Collection Pinault. Photo Kira Perov é 79 p a r i s opéra Zauberflöte de répertoire La nouvelle production de la Flûte enchantée à la Bastille suscite l’enthousiasme du public. Il est vrai qu’elle peut séduire, quand bien même, et pour cela peut-être, elle ne bouleverse rien. d’unité. Mais la disposition en rang d’oignon étalée sur la vaste largeur de la scène, si elle ne manque pas d’allure visuellement, ne facilite guère la cohésion musicale d’un ensemble qui alors ne saurait constituer un bloc étanche. Saluons, enfin, le beau geste de Nicolas Joel, directeur de l’Opéra de Paris, qui prend la parole en début de soirée pour dédier le spectacle à Gerard Mortier, son prédécesseur dans la fonction, tristement disparu peu de jours avant. Pelléas et Butterfly 80 Opéra Bastille : «La Flûte enchantée» avec Pavol Breslik (Tamino) et Julia Kleiter (Pamina) Crédit : Opéra national de Paris / Agathe Poupeney La mise en scène de Robert Carsen, créée l’an passé à Baden-Baden, se révèle bien sage. L’accent est mis sur le message initiatique, faisant défiler des projections de forêts passant par les quatre saisons, des costumes virant peu à peu du noir d’ébène au blanc immaculé (bien entendu !), et des situations que le singspiel de Mozart appelle. La surprise n’est donc pas au rendezvous. Admettons. Ne serait-ce que pour la beauté des images et des éclairages, les plans largement conçus en adéquation avec l’espace de la Bastille (et du Festspielhaus de Baden). Musicalement, l’effet serait un peu du même ordre. Philippe Jordan prend des tempos lents, dans une sonorité précise mais étale. On est loin de la vivacité et des couleurs acérées auxquelles les restitutions baroqueuses nous ont habituées – et qu’un orchestre conventionnel dans une grande salle n’est pas exactement à même de toujours assumer. Question d’oreille aussi, pour un auditeur d’aujourd’hui, plus coutumier d’une autre lecture, plus fraîche peut-être. Le plateau vocal est quant à lui sans tache, parfaitement choisi jusqu’au moindre rôle. Retenons Pavol Breslik, Tamino de beau legato ; Daniel Schmutzhard, Papageno pétulant et bien a placé ; Julia Kleiter, Pamina joliment belcantiste ; et Sabine Devieilhe, Reine de la Nuit qui s’acquitte sans faillir de sa dangereuse coloratoure. Le seul véritable accroc viendrait du chœur, que l’on a connu dans de meilleurs jours (surtout ces derniers temps), manquant ici singulièrement Pelléas et Mélisande fait son retour à l’Opéra-Comique, sur les lieux de son baptême, dans la mise en scène de Stéphane Braunschweig vue en 2010. Peu de changements côté scénique, avec ce plateau nu illustré d’un phare, modèle réduit puis géant, dans une pénombre de circonstance. On note toutefois quelques incongruités, dont nous n’avions pas souvenir, comme Arkel sur sa chaise roulante, de laquelle il s’échappe régulièrement pour vaquer aux quatre coins du plateau. Musicalement, la grande variante vient de la direction et de l’orchestre, confiés à Louis Langrée et à l’Orchestre des Champs-Élysées. Les timbres, moins nets qu’il y a quatre ans avec Gardiner et son Orchestre révolutionnaire et romantique, dispensent néanmoins un joli velouté. Autres changements, dans la distribution vocale cette fois : Laurent Alvaro triomphe véritablement en Golaud, incarnation pathétique comme il est peu ; alors que Jérôme Varnier donne sa dimension caverneuse à Arkel. Phillip Addis, Karen Vourc’h et Dima Bawab reviennent, ayant encore approfondi leur Pelléas, Mélisande et (petit) Yniold. Surtout le premier, Opéra-Comique : «Pelléas et Mélisande» © Opéra-Comique / Elisabeth Carecchio c t u a l i t é Opéra Bastille : «Madama Butterfly», vue d'ensemble © Elisa Haberer / Opéra national de Paris dont on ne voit guère actuellement de concurrent pour ce rôle dont l’intensité réside dans sa tessiture ambiguë. Excellente, comme toujours, Sylvie Brunet, pour Geneviève. En ce lieu consacré entre tous, l’opéra de Debussy se rattache ainsi plus que jamais à son époque : celle du vérisme. Parlant de vérisme, justement, Madama Butterfly, presque exact contemporain de Pelléas, n’y verse précisément pas. Par son sujet, bien plus audacieux que larmoyant, avec le combat (féministe et libertaire) de l’héroïne contre les conventions ; comme par son traitement, où les sentiments sont tus, restent intérieurs (sans aucun des sanglots d’un Golaud !), suggérés par une musique diaphane mais toujours mélodique. Et quelle inspiration musicale ! La reprise de la production de Robert Wilson à la Bastille répond à ces attentes. Sublime ! n’hésitons pas, tout comme l’œuvre. Un plateau vocal idéal, dominé par Svetla Vassileva dans un rôle-titre irradiant, bien secondée par un Teodor Inlicai, Pinkerton de classe. Et une direction d’orchestre hautement inspirée, par les mânes du génie de Puccini transmises par un Daniele Callegari investi comme peu. Quant à la mise en scène, elle constitue, à l’instar du reste, un des plus beaux moments d’opéra qui soient. Craintes fondées Le compositeur Hèctor Parra semble avoir le vent en poupe. Tout du moins si l’on en juge par Te craindre en ton absence, sa dernière œuvre scénique, qui fait courir toute l’intelligentsia parisienne aux Bouffes du Nord. Mais au compositeur espagnol né en 1976 et établi à Paris, viennent se joindre d’autres noms qui lui disputent la vedette : la romancière Marie NDiaye, Prix Goncourt en 2009, Georges Lavaudant, metteur en scène qu’il n’est plus besoin de présenter, a c t u ainsi que l’Ensemble Intercontemporain et l’Ircam. Une espèce de réunion au sommet pour ce monodrame, ou plutôt “mélologue”, pour reprendre la terminologie (melólogo) de Tomás de Iriarte, autre Espagnol, inventeur à la fin du XVIIIe siècle de cette forme théâtrale qui mêle musique et texte déclamé par un récitant. La musique de Parra ne mérite que des éloges, dans son écriture à la fois complexe, savante et séduisante, sans nulle agression pour les oreilles. Sauf que la sauce avec la partie déclamée ne prend pas. En raison essentiellement du texte, prétendument poétique mais bien plutôt incompréhensible. D’un côté, la musique, qui se suffit à ellemême, excellemment transmise par les douze instrumentistes d’un Intercontemporain scintillant et l’écho vaporeux de la technique électroacoustique (réalisée par Thomas Goepfer), sous la direction ferme de Julien Leroy ; et de l’autre, un récit monocorde, assez bien dit par Astrid Bas mais plaqué. Le plateau de scène se résume pour sa part à quelques lumières, des citations du texte projetées et un sol jonché de plumes. Bien peu, pour un spectacle qui ne l’est pas exactement. le du Grand Opéra ne convient pas à Félicien David (1810-1876), une tentative qu’il ne renouvellera d’ailleurs pas. Mais le quatrième et dernier acte vient (presque) tout racheter, dans une ardeur véritable, un entremêlement de passions, de voix et d’orchestre assez saisissant. Cette histoire tarabiscotée de conflit entre chrétiens et païens dans la Rome antique (avec Satan en personne !), prend alors son sel, dans le prétexte de la catastrophe annoncée, cette destruction par les laves de la cité impie. On ne peut, également, que saluer la peine que se donnent les interprètes : une Véronique Gens parfaite, comme toujours, d’une projection nerveuse et intense ; un Edgaras Montvidas très en voix, ténor qui s’annonce pour une belle carrière ; un Nicolas Courjal ardent, tout comme Julien Véronèse ; une Philharmonie de Bruxelles (dite “ Brussels Philharmonic ”) et un Chœur de la Radio Flamande de bon aloi. Le tout sous la battue énergique dont Hervé Niquet est coutumier. Il n’en reste pas moins, si l’on peut louer le travail de restauration de la partition par les soins de l’équipe du Palazzetto Bru Zane, que l’on se demande s’il valait vraiment la peine de ressortir de l’oubli un opéra aussi bancal. Le Villi ou le génie déjà fait Devant le tout premier opéra de Puccini, on ne peut qu’être ébahi par la maîtrise, la richesse, l’invention, la maturité musicale et dramaturgique de ce musicien de 26 ans. On comprend le flair des puissantes éditions Ricordi, qui n’ont pas hésité à éditer aussitôt la partition à la création de l’opéra (en 1884), comme la réaction immédiate de Verdi, dans une lettre célèbre au jeune compositeur. Mais il est vrai que Le Villi a tout pour dérouter : son sujet, campé dans une Allemagne fantastique, avec ses fantômes, ces Travaux d’hercule On ne sait, pour cette résurrection d’Herculanum à l’Opéra royal de Versailles, s’il faut admirer ou se lamenter. Car tout commence assez mal : une musique flonflon mais tonitruante, un livret plan-plan qui aligne ses poncifs, pour cet opéra créé en 1859 sur la scène lyrique impériale et officielle parisienne. À croire que la formu- a l Bouffes du Nord : «Te craindre en ton absence» © Luc Hossepied i t é 81 p a r i “ Villi ” qui reviennent la nuit châtier les humains fautifs ; sa découpe, en deux actes brefs (ou un seul dans la version originale) ; sa musique, enfin, avec ses échos de Mendelssohn dansants comme les elfes, la place importante dévolue à l’orchestre et au chœur, son lyrisme prenant. Au Théâtre des Champs-Élysées, réparation est vigoureusement rendue. Le Chœur de Radio France, puissant et juste, prouve une fois encore combien il est actuellement au mieux de sa forme vocale. L’Orchestre national de France lui répond d’un même élan, rutilant et incisif, sous la baguette innervée de Luciano Acocella. Les trois s chanteurs s’acquittent avec brio des trois seuls rôles : Ermonela Jaho allie sûreté de la projection à une ligne ductile et à un jeu d’estrade irrésistible (qui imite à la perfection les tics, expression ravageuse et longues mains croisées sur la poitrine comprises, de la Callas); Àngel Òdena, bien connu dans le répertoire de la zarzuela, possède un timbre de baryton aguerri ; et Thiago Arancam dispense une franchise de ténor clair et de circonstance. Chostakovitch lyrique Pierre-René Serna Vibrante et vive comme aux jours de cataclys- chronique des concerts Festival Présences 82 Après une incartade du côté d'Aix-en-Provence et des métissages avec les musiques méditerranéennes, le festival Présences-Radio France reprend ses quartiers dans les salles parisiennes. Cette année, le thème Paris-Berlin célèbre le cinquantième anniversaire du Traité de l’Élysée. On trouve parmi les compositeurs allemands des noms aussi divers que Bauckholt, Borowski, Dohmen, Eggert, Henze, Koch, Lachenmann, Mainka, Maintz, Mundry, Platz, Poppe, Rihm, Schneller, Schöllhorn, Schreier, Stahnke, Thomalla, Weill, Widmann, Zapf et Zimmermann. Côté français, la représentation ne faiblit pas avec en première ligne André, Boulez, Cavanna, Cendo, Combier, Drouin, Hervé, Lévy, Manoury et Pécou. Rendez-vous phare de la création contemporaine, il permet de prendre le pouls musical, à la fois des têtes d'affiche et des jeunes pousses prometteuses. L'impression générale incline à la confirmation des premiers et un bilan mitigé du côté des seconds. La musique de Fabien Lévy (né en 1968) peine à imposer un style et une pensée. On demeure en deçà du simplement correct, quand il ne s'agit pas tout bonnement d'inculquer au public une leçon lénifiante d'histoire et de morale (Après tout, pour 6 chanteurs et 6 instrumentistes et électronique). De la même manière, Oliver Schneller (né en 1966) ne se distingue guère d'une modernité déjà entendue chez Ligeti ou Messiaen. Dans WuXing/Water, l'influence de Gérard Grisey nous vaut les meilleurs moments tandis que le clarinettiste et compositeur Jörg Widmann (né en 1973) trouve dans Elegie (2006) les moyens d'une musique ardente et dynamique, dans laquelle a me guerrier qui l’ont vu naître, telle surgit à Pleyel la Septième Symphonie dite “ Leningrad ” (du nom de la bataille), par Valery Gergiev et son Orchestre du Mariinski. Le Concerto pour violon n°2 du même Chostakovitch, forme une première partie de concert méditative sous l’archet d’Alena Baeva, propre à préparer la puissance qui va suivre. Ou quand le lyrisme peut être aussi affaire de voix des instruments. Philippe Manoury l'instrument soliste attire à lui le reste de l'orchestre dans une extraordinaire spirale vertueuse. On retiendra le concert donné à Pleyel avec un Philharmonique de Radio-France porté à incandescence par la battue précise et acérée du chef allemand Peter Hirsch. Au programme, la création française deux mouvements de sa symphonie Nähe fern, hommage explicite à l'art symphonique de Brahms et Richard Strauss. Le flux orchestral est toujours fermement canalisé et met à l’œuvre une science de l’orchestration et un contrepoint de couleurs qui forcent l’admiration. Le concerto pour deux piano Zones de turbulences de Philippe Manoury est transcendé par l'interprétation impeccable du duo GrauSchumacher. L'écriture très virtuose contrôle la moindre parcelle de son, composant un portrait sonore d'une rare intensité. La très rare version de chambre de l'opéra Die Soldaten de Bernd Aloïs Zimmermann est ensuite donnée par une équipe de chanteurs, tous issus des dernières c t u a productions majeures de l'ouvrage et déjà entendus à Salzbourg et Zurich. Cette version de concert, très fragmentaire, a le mérite de rendre copte de l'extraordinaire tension d'une œuvre majeure du XXe siècle. Un tout autre univers nous attend à Versailles pour l'ouverture de l'année Rameau. Pour son 250e anniversaire, les programmateurs ont mis à l'honneur l'œuvre pour clavier du compositeur français. Le clavecin retrouve in loco les couleurs qui ont fait son succès dans les salons du Grand Siècle. La virtuosité et l'expressivité de Kenneth Weiss éclate de mille feux dans un choix de transcriptions de danses tirées d’opéras célèbres de Rameau (transcriptions dont certaines sont l'œuvre du claveciniste). On goûte le jeu précis et les envolées lyriques du musicien américain, enchaînant les suites des Indes Galantes, Castor et Pollux, Dardanus et Pygmalion. Le lendemain, c'est à Blandine Rannou d'enchanter le public dans la prestigieuse galerie des Cotelle du Grand Trianon. Les Nouvelles Suites de 1728 expriment sous ses doigts le génie du style français, baigné par la rigueur des partitions contemporaines de Jean-Sébastien Bach. La journée se termine avec l'ensemble Amarillis, constitué d'interprètes féminins parmi lesquelles Héloïse Gaillard au hautbois, Alice Piérot au violon, Marianne Muller à la viole de gambe et Violaine Cochard au clavecin. Deux rares cantates, Le Berger fidèle et Orphée, sont interprétées avec une fougue élégiaque par le jeune ténor Mathias Vidal. On oublie rapidement les atours convenus de ces sujets artificiellement bucoliques. Ces petits opéras de salon s'accommodent fort bien d'accents tragiques et cette musique décoche une série de flèches ardentes à travers des airs brillants qui laissent s'épancher les passions si chères au baroque. David Verdier l i t é p comédie française Le Songe d'une nuit d'été Athènes est en émoi. Rendez vous compte : hermia, promise à Démétrius par son père Egée refuse cet amour arrangé et se jette dans les bras de Lysandre. La belle héléna pendant ce temps soupire d'amour pour Démétrius et la situation semble dans l'impasse… a r i s C'est sans compter l'intervention facétieuse des êtres imaginaires qui rôdent dans les bois enchantés qui environnent la scène. Obéron, le roi des elfes, ordonne à Puck de cueillir une pensée d'amour, fleur magique dont le suc répandu sur les yeux d'un personnage pendant son sommeil a la propriété de le faire succomber d'amour pour celui ou celle qu'il aperçoit en ouvrant les yeux. Malheureusement, le lutin est gaffeur et se trompe de victime, entraînant une série de confusions, plus hilarantes les unes que les autres. C'est ce contexte improbable et éminemment réjouissant que la mise en scène de Muriel Mayette-Holtz souligne avec brio. Le burlesque cède pour un temps à la réflexion philosophique autour de ces histoires de pollens aphrodisiaques. Au-delà de la métaphore éclate une vision vivifiante et bon enfant des rapports amoureux et du jeu de la séduction. Fées et elfes grimacent et se contorsionnent, tandis que Bottom (excellent Jérémy Lopez) est transformé en âne ithyphallique. Le premier degré du sentiment n'est pas à confondre avec la vulgarité mais côtoie de manière explicite le fantasme, donné à voir avec une liberté qui ne distingue pas entre le ludique et lubrique. Une faim de théâtre Les acteurs prennent un plaisir évident à montrer ce qu'il y a de sérieux et de dérisoire dans ses inclinations dictées par le hasard et les changements de situations. Cette faim de théâtre dévore littéralement une troupe investie et bien décidée à emporter le public dans une spirale de bonne humeur. Mention spéciale au cortège de joyeux drilles dans l'interlude comique de Pyrame et Thisbé. L'absurdité du second degré et la parodie baroque font rire aux larmes. Malgré un décor plutôt froid, jouant la carte de l'abstraction (la forêt !) et du symbolisme, l'intrigue garde un rythme soutenu. L'administratrice générale n'hésite pas pour cela à introduire dans sa mise en scène une bonne dose de caf'conc, histoire d'entraîner le public dans un humour parfois potache mais jamais déplacé (les tics nerveux d'Obéron…). La traduction de François-Victor Hugo s'accommode parfois de passages improvisés, dans lesquels les acteurs donnent libre cours à leur imagination du moment. L'humour pince sans rire de Laurent Lafitte place son Démétrius au premier rang des amoureux versatiles, suivi de près par la jolie et zézayante Adeline d'Hermy (Héléna) qui redéfinit très explicitement ce que le verbe lutiner signifie. Sébastien Pouderoux (Lysandre) et Suliane Brahim (Hermia) expriment l'essence d'un badinage avec gestes et regards obligés, sous l'œil de l'impayable Christian Hecq en Obéron à la masculinité quasi néandertalienne… Martine Chevallier est une Titania grand style, parfait contrepoids au Puck intenable et farceur de Louis Arene. Selon la formule consacrée : à voir et revoir (sans retenue) de 9 à 99 ans. David Verdier Comédie Française, Salle Richelieu Location 01.44.58.15.15 Le Songe d’une nuit d’été jusqu’au 15 juin «Le Songe d’une nuit d’été» © Christophe Raynaud de Lage a c t u a l i t é 83 p a r i s musée du jeu de paume Robert Adams « Le paysage est pour nous l’endroit où nous vivons. De sorte que si nous en avons fait mauvais usage, nous ne pouvons pas le rejeter sans nous rejeter nous-mêmes » Robert Adams 84 Né à Orange (New Jersey) en 1937, Robert Adams grandit dans le Wisconsin, puis dans le Colorado où il réside plus de trois décennies avant de s’installer en Oregon. Depuis ses débuts en photographie, au milieu des années 1960, Adams est considéré par beaucoup comme l’un des chroniqueurs les plus importants et les plus influents de l’Ouest américain. L’exposition « Robert Adams : l’endroit où nous vivons » reflète l’intérêt ancien d’Adams pour la relation souvent tragique entre l’homme et la nature ainsi que sa quête d’une lumière et d’une beauté rédemptrices au sein de paysages dégradés. Ses images se distinguent par leur sobriété et leur lucidité, mais aussi par un mélange de déploration et d’espoir. Avec plus de deux cent cinquante tirages choisis parmi vingt et une séries distinctes, cette rétrospective réunit pour la première fois les diverses facettes d’un corpus considérable. Composée et articulée en concertation avec le photographe lui-même, cette exposition offre un récit intime et cohérent de l’évolution de l’Ouest des États-Unis à la fin du XXe siècle et au début du XXIe siècle, mais aussi un regard stimulant sur la complexité et les contradictions de notre société contemporaine mondialisée. Au cours des ans, Adams se livre à un plaidoyer saisissant en faveur d’une approche humaniste de la photographie : Nous faire voir la richesse esthétique de notre environnement naturel et nous rappeler à notre obligation citoyenne de le protéger. Banales ou éclatantes, ses images font une juste part à la complexité et aux contradictions de la vie moderne. Formé dans les années 60, Robert Adams suit la tradition des beaux paysages en noir et blanc, surtout de l’Ouest américain, le plus souvent de petit formats (beaucoup n’excèdent pas 15 x 15 cm), tirages précis réalisés par lui-même. Son travail s’apparente au registre documentaire. Il se consacre peu à peu à montrer la transformation de l’environnement par l’activité humaine, en particulier par ses photographies austères et nuancées de l’aménagement suburbain dans le Colorado de la fin des années 1960 et du début des années 1970. A travers l’exposition, l’on passe d’un lieu à l’autre, de régions pratiquement désertes (les Plaines) et de croisements d’autoroutes, des proliférations commerciales et résidentielles (Summer nights, Colorado) à un paradis naguère verdoyant, aujourd’hui noyé sous la pollution urbaine (Printemps de Los Angeles). Ainsi nous sont montrées les relations de plus en plus dégradées entre l’homme et la nature. Une vision plus lyrique apparaît dans ses paysages de forêts, de vues de l’Oregon et de l’Etat de Washington (the Pacific). Néanmoins notre regard est porté vers le problème de la déforestation du Nord-Ouest Pacifique (Turning Back, retour en arrière, 1999-2003) puissant cri d’alarme, au plus fort de son œuvre : « Y a-t-il des jours ou des lieux auxquels on puisse se raccrocher dans notre monde qui se dégrade ? Y a-t-il, en cet instant, des scènes de la vie dont on n’ait pas à se plaindre ? Y a-t-il matière à éprouver de la joie ou de la sérénité, ne serait-ce qu’occasionnellement ? A-t-on des raisons d’arborer de temps en temps un sourire sans ironie ? » Robert Adams. Christine Pictet Musée du Jeu de Paume. Jusqu’au 18 mai 2014 musée du jeu de paume : la traversée Mathieu Pernot Dans une exposition, l’accrochage, lorsque le spectateur en est inconscient, est déjà important, mais lorsque celui-ci en tient compte dans son évaluation critique du travail, il est primordial. C’est cela qui fonctionne à merveille au jeu de Paume dans l’exposition du travail de Mathieu Pernot. En effet, chacune de ses séries est montrée sous forme d’installations. Chacune complètement différente des autres selon l’option visuelle choisie par l’artiste pour faire passer son message. D’une multiplicité de tout petits formats taille photomaton à des images géantes, chaque série est sur le plan scénographique différente voire opposée, mais l’ensemble n’en a que plus de force. Le propos général de Mathieu Pernot dans ce qu’il nomme « la traversée » est la vulnérabilité de certaines populations (entre autres les tziganes) à travers des personnages qu’il suit au cours des quelque 20 années de cette « traversée ». Au départ, une série de photomatons, réalisée entre 1995 et 1997 avec des enfants gitans dans la commune d’Arles, pour s’achever sur leurs portraits pris en 2013 dix-sept ans plus tard. Ces mêmes Robert Adams a c t u a l i t é p a r i s au théâtre du châtelet L.A. Dance Project Le L. A. Dance Project de Benjamin Millepied était de retour à Paris et sur la scène du Châtelet du 5 au 8 mars 2014. Installé à Los Angeles, ce collectif artistique associe des compositeurs, des plasticiens et des danseurs issus de grandes compagnies américaines ou canadiennes. La première édition proposait des classiques de la danse contemporaine – Cunningham, Forsythe -, le programme de cette année comporte trois pièces récentes dont une création mondiale. Mathieu Pernot personnages se retrouvent dans la série Les Hurleurs : une grande installation où les sujets ont l’air de s’interpeller d’un cadre à l’autre. Dans tous les cas, ce nomadisme d’images et de sujets souligne un souhait d’éviter un récit de l’histoire à sens unique. Toute l’exposition nous parle des problèmes de la société contemporaine : Des migrations et de l’exil: Les Migrants, simples formes étendues sur le sol tels des gisants, doublé des Cahiers afghans, pages de cahiers de récits d’un réfugié exilé en France. De l’urbanisme incluant Implosions : suivi de la démolitions de grands ensembles de banlieues s’écroulant dans des nuages de poussière, magnifiques tirages exprimant une volonté de faire table rase de tout un pan de notre mémoire. Le Meilleur des mondes : cartes postales agrandies des grands ensembles dont les trente glorieuses étaient si fières; les Fenêtres : sur fond de ruines modernes, les paysages presque romantiques apparaissent tels des trompe-l’œil. De l’enfermement, dans Panoptique : espaces vides de prisons désaffectées. Et surtout dans Un camp pour les bohémiens où à partir de documents du Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation à Lyon, et des Archives départementales des Bouches-du-Rhône, l’auteur retrace l’origine et le fonctionnement du camp pour les bohémiens (1930-1942) : il retrouve quelques internés et confronte leurs souvenirs avec les archives produites par l’administration de l’époque. Et finalement, dans la série Le Feu, produite spécialement pour l’exposition, Mathieu Pernot remet en scène un rituel pratiqué chez les Roms qui consiste à faire brûler la caravane d’un défunt. Christine Pictet Musée du Jeu de Paume. Jusqu’au 18 mai 2014 Mathieu Pernot, né en 1970 à Fréjus, vit et travaille à Paris. Après des études d’histoire de l’art à la faculté de Grenoble, il entre à l’École nationale de la photographie d’Arles, d’où il sort diplômé en 1996. Son œuvre s’inscrit dans la démarche de la photographie documentaire mais en détourne les protocoles. Il écrit : « Il y a une question spécifiquement photographique dans le fait de montrer des populations vivant à la marge. Comment photographier les “invisibles”, comment faire une image de ceux qui revendiquent une forme d’opacité ? Comment inscrire ces images à la fois dans l’histoire de la photographie et dans celle de ces communautés invisibles ». Mathieu Pernot, Les Prisons photographiques. a c t u a l La soirée démarre par Morgan’s last chug d’Emanuel Gat. Les danseurs courent, sautent, virevoltent. Chacun joue sa partie avec virtuosité mais sans que quelque chose se passe vraiment sur scène. Une pièce sans grande surprise où tous les codes du chorégraphe israélien sont présents. Ceux qui l’apprécient, apprécieront sans doute. Changement d’ambiance avec Peripheral stream, première mondiale d’Hiroaki Umeda. Artiste venu à la danse après des études de photographie, Hiroaki Umeda propose une œuvre conceptuelle originale. Vêtus de noir, les danseurs évoluent sur scène au milieu d’une projection vidéo qui enveloppe le sol et le fond de la scène. Les ronds concentriques et les lignes droites projetées, noirs et blancs forcément, sculptent l’espace et jouent avec notre rétine. Dans cet espace géométrique obsédant, les danseurs se livrent à un bel exercice de style néoclassique. Peripheral stream est une œuvre d’art vivante qui aurait toute sa place dans un musée. D’ailleurs, l’un des projets de Benjamin Millepied est de sortir le ballet des salles et de le présenter dans des environnements inhabituels. Troisième œuvre présentée, Closer est un classique de Benjamin Millepied. Sur Mad Rush, solo pour piano de Philip Glass, un couple nous emporte pour vingt minutes de passion amoureuse. Avec ses portés d’une grande harmonie, ce pas de deux est une variation sur l’attirance. La musique répétitive souligne la force de l’amour de ces deux êtres qui se retrouvent immuablement après la séparation. Benjamin Millepied montre son talent de chorégraphe avec des enchaînements impeccablement fluides. La «Peripheral stream». Photo MN Robert soirée s’achève avec Murder ballades de Justin Peck, créé, tout comme Morgan’s last chug, en septembre dernier à la Maison de la danse de Lyon. Justin Peck est actuellement soliste au New York City Ballet. Ce ballet pour six danseurs est plein d’énergie et de couleurs, avec pour toile de fond les écrans du plasticien Sterling Ruby. Les scènes de groupe où références classiques et gestuelle contemporaine se mêlent sont bien enlevées. La relève de George Balanchine et de Jérôme Robbins semble assurée. Stéphanie Nègre i t é 85 p a r i s Chronique musicale d’avril 2014 86 Malgoire et réglé par Christian Schiaretti avec L'Opéra Bastille reprend une nouvelle fois, Juan-Antonio Sanabria (Almaviva), Sergio et nous ne nous en plaindrons pas, la merveilleuGallardo (Bartolo), Joan Martín-Royo (Figaro), se production de Tristan und Isolde réalisée en Ruth Rosique (Rosine), Marie-Camille Vaquié 2005 par Peter Sellars et le vidéaste Bill Viola du (Berta), La Grande Ecurie et la Chambre du Roy, 8 avril au 4 mai : à cette occasion, Philippe l'Ensemble Vocal de l’Atelier Lyrique de Jordan sera dans la fosse et dirigera Robert Dean Tourcoing. Smith (Tristan) et Violeta Urmana (Isolde), qui Les 2 et 3 avril l’Orchestre de Paris dirigé aura du mal à faire oublier Waltraud Meier, par Paavo Järvi jouera Salle Pleyel, Webern, légendaire Isolde en 2005 et en 2008, entourés Beethoven et Mahler avec Radu Lupu au piano par Franz Josef Selig (Marke), Jochen et la soprano Katija Dragojevic. Le 11, place à Schmeckenbecher (Kurwenal) et Janina Baechle l’Orchestre Philharmonique de Radio France et à (Brangäne), orchestre et chœur de l'Opéra natioson chef Myung-Whun Chung qui dirigera la nal. Symphonie n° 2 «Résurrection» de Mahler avec Du 24 avril au 23 mai, reprise de l'inusable les voix de Christina Landshamer (soprano) et production des Capulets et des Montaigus de de Marie-Nicole Lemieux (contralto). Le 15 Bellini conçue par Robert Carsen, avec au pupiplace à l’Amsterdam Baroque Orchestra & Choir tre Bruno Campanella et une distribution renouet à Ton Koopman qui conduira Hana Blažíková, velée : Paul Gay (Capellio), Ekatrina Siurina Maarten Engeltjes, Tilman Lichdi, Jörg Katija Dragojevic © Emelie Joenniemi (Giulietta), Karine Deshayes (Romeo) et Charles Dürmüller, Klaus Mertens et Falko Hönisch dans Castronovo (Tebaldo). La Passion selon saint Matthieu de Bach. Le Chœur et l’ensemble Le cycle Convergence se poursuivra le 3 avril avec Die Schöne orchestral les Arts Florissants placés sous la direction de Paul Agnew Müllerin de Schubert chantée par le ténor Pavol Breslik accompagné par interpréteront le 19 un plein programme Purcell. A ne pas manquer le 27, le pianiste Ami Katz (Amphithéâtre). Puis la mezzo Janina Baechle Leylâ et Majnûn ou l'Amour mystique, Oratorio mundi de Armand Amar, accompagnée par Markus Hadulla (piano) exploreront le domaine de la avec Nacer Khemir (conteur), le chef Didier Benetti et les chanteurs nuit, en suivant un parcours inédit à travers le lied (Schubert, Schumann, Gombodorj Byambajargal, Enkhajargal Dandarvaanchig, Salar Aghili, et Mendelssohn, Wolf, Berg, Pfitzner…), la mélodie française (Gounod, Ariana Vafadari, une curiosité. Hahn, Debussy, Ravel, …) et russe (Moussorgski, Silvestrov) le 14 avril. Les 5, 6 et 7 avril le public pourra découvrir à l’Opéra-Comique le Enfin le 23, Nicolas Stavy (Piano), Andrea Soare (Soprano), Julie nouveau spectacle de Jacques Osinski dirigé par Marc Minkowski à la tête Pasturaud (Mezzo-soprano) et le Chœur de des Musiciens du Louvre-Grenoble et chol’Opéra national de Paris sous la baguette de régraphié par Jean-Claude Gallotta, dipPatrick Marie Aubert interpréteront Les tyque composé de L’Histoire du Soldat de Chansons normandes et Les Heures dolenStravinsky avec le récitant Johan Leysen, tes de Gabriel Dupont et La Damoiselle Alexandre Steiger (Le Soldat), Arnaud élue de Debussy. Simon (Le Diable), suivi de L’amour sorSur la scène du TCE le 6 avril, retour cier de De Falla, avec Olivia Ruiz dans le du ténor Rolando Villazón accompagné par rôle de Candelas. le Kammerorchesterbasel dirigé par Florian Récital Brahms à l’Auditorium du Donderer dans un programme d'airs de Musée d’Orsay le 10 avril avec une exécuconcert de Mozart (Cycle Les Grandes tion de Die schöne Magelone, par le baryton Voix). Opéra à partir du 7, avec l'Otello de Edwin Crossley-Mercer et le récitant Luc Rossini qui inaugurera le Festival Rossini : Schiltz, avec au piano Eric Schneider. Jean-Christophe Spinosi dirigera l'Ensemble Sur la scène du Châtelet, 4ème producEdwin Crossley-Mercer © Julien Benhamou Matheus, Moshe Leiser et Patrice Caurier tion d’une œuvre de Stephen Sonheim du assureront la reprise de leur mise en scène, tandis que la distribution sera 1er au 12 avril, avec Into the woods comédie musicale tirée de Cendrillon, tenue par John Osborn (Otello), Cecilia Bartoli (Desdemona), Edgardo dirigée par David Charles Abell, mise en scène par Lee Blakeley avec Rocha (Rodrigo), Barry Banks (Iago), Peter Kalman (Elmiro) et Liliana dans le rôles principaux Kimy Mc Laren (Cendrillon), Leslie Clack (Le Nikiteanu (Emilia) ; dernière le 17 avril. Le 8, Jonas Kaufmann passera narrateur) et Nicholas Garrett (Le boulanger) et les musiciens de par Paris pour chanter Die Winterreise de Schubert avec Helmut Deutsch, l’Orchestre de Paris. Le 9 avril, récital de la soprano June Anderson un récital Les Grandes voix. Le 24, le 80ème anniversaire de l'Orchestre accompagnée par Jeff Cohen : au programme une sélection d’airs et de National de France permettra d'enten-dre Daniele Gatti diriger Oedipus mélodies de Fauré, Debussy, Poulenc, Gershwin, Kern et Weill. Rex de Stravinsky avec Nikolaï Andrei Schukoff (Œdipus), Sonia Ganassi A l’Opéra Royal du Château de Versailles le 5 avril, exécution (Jocaste), Georg Zeppenfeld (Tirésias), Benjamin Bernheim (Le Berger), concertante de Tamerlano de Haendel par Xavier Sabata (Tamerlano), John Relyea (Créon, Le Messager) et Pierre Arditi (récitant), précédé par Max Emanuel Cencic (Andronico), John Mark Ainsley (Bajazet), Sophie Métaboles de Dutilleux. Puis enfin les 28 et 29 avril, suite du Festival Karthäuser (Asteria), Ruxandra Donose (Irene), Pavel Kudinov (Leone), Rossini avec Le Barbier de Séville placé sous la direction de Jean-Claude l’ensemble Il Pomo d’Oro dirigé par Maxim Emelyanychev. a c t u a l i t é p a r i s à l’opéra de paris hommage Birgit Cullberg et Agnes De Mille sont deux pionnières de la danse du 20ème siècle. L’Opéra de Paris leur rendait hommage du 21 février au 13 mars avec deux tragédies, Mademoiselle Julie de la première qui fait son entrée au répertoire, et Fall river legend de la seconde. «Pelléas et Mélisande» à l'Opéra Comique en juin 2010 © Elisabeth Carecchio La Salle Gaveau recevra le 29 avril la soprano Sabine Devieilhe et les musiciens de l’ensemble Les Ambassadeurs dirigé par Alexis Kossenko pour un programme Rameau et Vivaldi. Ailleurs en France : Tours redonne sa chance à Bérénice de Magnard dans une mise en scène d'Alain Garichot avec Jean-Yves Ossonce à la baguette (4 au 8 avril). Vu et entendu : somptueuse reprise de la production de Pelléas et Mélisande signée Stéphane Braunschweig à l'Opéra Comique le 17 février, avec le couple originel Phillip Addis et Karen Vourc'h rejoint par Laurent Alvaro, spectaculaire Golaud couvés par un Louis Langrée exceptionnel. Agnes De Mille a grandi à Hollywood entre un père dramaturge et un oncle, Cecil B. De Mille, réalisateur. Chorégraphe de formation académique, elle va créer aussi bien des comédies musicales pour Broadway que des pièces classiques pour l’American Ballet Theatre. Œuvre Créée en 1948, Fall River Legend raconte l’histoire d’une jeune fille de bonne famille accusée du meurtre à la hache de son père et de sa belle-mère. Le ballet utilise le principe du retour en arrière avec une première scène montrant l’accusée devant la potence. Le déroulé du drame qui la conduira à commettre l’irréparable s’enchaîne ensuite. Au milieu de ce huis clos dramatique, quelques scènes de fêtes populaires reprennent les codes du cabaret et sont des bouffées d’oxygène. L’intérêt du ballet repose pour beaucoup sur l’interprétation de l’héroïne. Laëtitia Pujol est remarquable. Elle réussit à faire passer la souffrance de la petite fille persécutée mais aussi la fascination pour la violence, d’abord intériorisée puis libérée. Créé en 1950, Mademoiselle Julie s’inspire directement de la pièce d’August Strindberg. Son auteur, Birgit Cullberg est une grande dame de la danse européenne, formée chez Kurt Joos et mère de Mats Ek. Mademoiselle Julie est son premier grand succès. Elle joue sur les codes de la danse classique pour ce ballet où la psychologie est très présente. Aurélie Dupont est une Julie de grande classe, jeune héritière fière et provocante puis femme humiliée. Nicolas Le Riche qui incarne Jean, le domestique Aurelie Dupont et Nicolas Le Riche dans «Mademoiselle Julie» séducteur, n’est pas © Anne Deniau / Opéra national de Paris en reste et livre une performance exceptionnelle à quelques mois de la retraite. Besogneux avec ses maîtres, il se libère parmi les paysans. Leurs jeux de séduction dans la cuisine est plein de suspens. Tour à tour victimes et bourreaux, ils donnent vie à ce fait divers d’une société figée dans ces codes. François Lesueur Stéphanie Nègre La danse en avril L’Opéra de Paris propose, du 18 au 22 avril, les soirées Jeunes danseurs qui permettent de découvrir les membres du corps de ballet dans des extraits de répertoire habituellement dévolus aux premiers danseurs ou aux étoiles. Au Théâtre de la ville, trois affiches retiennent l’attention : D’après une histoire vraie de Christian Rizzo du 9 au 11 avril, Booty lootin de Wim Vandekeybus du 14 au 25 avril et Vortex temporarum de Anne-Teresa de Keersmaeker avec l’ensemble musicale Ictus. a c t u a l Au Théâtre de Chaillot, le mois débute avec, du 3 au 5 avril, Penthésilées…, de Catherine Diverres, et se poursuit avec, du 9 au 18 avril, Cendrillon de Thierry Malandain par le Ballet Biarritz (voir Scènes magazine n°255). Le Théâtre des Gémeaux, à Sceaux, invite le CCN La Rochelle avec The Roots de son directeur Kader Attou le 29 et 30 avril. Stéphanie Nègre i t é 87 p r ANTOINE (01.43.38.74.62) Le Bossu de Notre-Dame de et m.e.s. Olivier Solivérès - jusqu’au 25 avril ARTISTIC ATHÉVAINS (rés. 01.43.56.38.32) u Chat en poche de Feydeau - m.e.s. Anne-Marie Lazarini - jusqu’au 27 avril u L'homme Atlantique de Marguerite Duras - m.e.s. et jeu Viviane Théophilidès - du 14 avril au 11 mai ATELIER (loc. 01.46.06.49.24) u Femme non-rééducable de Stefano Massini - Mémorandum théâtral sur Anna Politkovskaïa - m.e.s. Arnaud Meunier - jusqu’au 28 mai ATHÉNÉE - LOUIS-JOUVET (loc. 01.53.05.19.19) u Le Faiseur de théâtre de Thomas Bernhard - m.e.s. Julia Vidit - jusqu’au 12 avril BOUFFES DU NORD (loc. 01.46.07.34.50) u The Valley of Astonishment - m.e.s. Peter Brook et Marie-Hélène Estienne - du 29 avril au 31 mai CARTOUCHERIE - THÉÂTRE DE L’ÉPÉE DE BOIS (loc. 01.43.28.36.36) u Lear, Conte à rebours de Philippe Dormoy - m.e.s. Hassane Kassi u 88 a i s Kouyaté - du 1er au 13 avril COLLINE (rés. 01.44.62.52.52) u Liliom de Ferenc Molnár - m.e.s. Galin Stoev - jusqu’au 4 avril u Une femme de Philippe Minyana m.e.s. Marcial Di Fonzo Bo - jusqu’au 17 avril COMÉDIE DES CHAMPS-ÉLYSÉES (01.53.23.99.19) u Ensemble et séparément de Françoise Dorin - m.e.s. Stéphane Hillel - avec Jean Piat et Marthe Villalonga - jusqu’au 13 avril COMÉDIE FRANÇAISE SALLE RICHELIEU (01.44.58.15.15) u Un chapeau de paille d’Italie d’Eugène Labiche - m.e.s. Giorgio Barberio Corsetti - jusqu’au 13 avril u Andromaque de Jean Racine m.e.s. Muriel Mayette-Holtz - jusqu’au 31 mai u Le Songe d’une nuit d’été de Shakespeare - m.e.s. Muriel MayetteHoltz - jusqu’au 15 juin u Le Misanthrope de Molière - m.e.s. Clément Hervieu-Léger - du 12 avril au 17 juillet STUDIO-THÉÂTRE (01.44.58.98.98) u L’île des esclaves de Marivaux m.e.s. Benjamin Jungers - jusqu’au 13 avril VIEUX-COLOMBIER (01.44.39.87.00) Othello de Shakespeare - m.e.s. Léonie Simaga - du 23 avril au 1er juin GUICHET MONTPARNASSE (01.43.27.88.61) u Lettre d'une inconnue de Stefan Zweig - m.e.s. William Malatrat - jusqu’au 5 avril LA REINE BLANCHE (http://www.theatreonline.com) u Le bal des crapules de Luc Chaumar - m.e.s. Corinne Boijols jusqu’au 14 juin LE CENTQUATRE (01.42.33.09.92) u L'Art de la fugue de et m.e.s. Yoann Bourgeois - du 8 au 12 avril NOUVEAUTÉS (01.47.70.52.76) u Le Placard de et m.e.s. Francis Veber - avec Elie Semoun et Laurent Gamelon - jusqu’au 29 juin ODÉON EUROPE (01.44.85.40.40) ATELIERS BERTIER u Tartuffe de Molière - m.e.s. Luc Bondy - jusqu’au 6 juin PÉPINIÈRE THÉÂTRE (01.42.61.44.16) u Le cercle des illusionnistes de et m.e.s. Alexis Michalik - jusqu’au 3 mai u POCHE-MONTPARNASSE (01.45.48.92.97) u État de siège de Albert Camus m.e.s. Charlotte Rondelez - jusqu’au 27 avril u Histoires d'hommes de Xavier Durringer - m.e.s. Christophe Luthringer - jusqu’au 27 avril ROND-POINT (0.892.701.603) u Paroles gelées d’après Rabelais m.e.s. Jean Bellorini - jusqu’au 4 avril u Occident de Rémi De Vos - m.e.s. Dag Jeanneret - jusqu’au 6 avril u Love and Money - de Dennis Kelly m.e.s. Blandine Savetier - jusqu’au 6 avril u Golgota - spectacle de Bartabas du 14 avril au 11 mai THÉÂTRE LABORATOIRE (01.43.40.79.53) u L’Adieu à l’Automne de Jon Fosse - m.e.s. Elizabeth Czerczuk - jusqu’au 12 avril TRISTAN BERNARD (01.45.22.08.40) u Mangez-le si vous voulez de Jean Teulé - m.e.s. Jean-Christophe Dollé, Clotilde Morgiève - jusqu’au 30 avril Odéon - Théâtre de l’Europe / Berthier 17e Tartuffe Après avoir signé il y a peu une adaptation de «Tartuffe» en version allemande qui a rencontré beaucoup de succès au printemps 2013 à Vienne, Luc Bondy revient aujourd'hui à l'original pour explorer les mécanismes intimes, familiaux et sociaux qui rendent possible le succès de l'imposture, tout en nous mettant sous les yeux, entre farce et terreur, le portrait génial d'un incroyable aveuglement. Quelle mouche a piqué ce bon monsieur Orgon ? Et qu'est-ce donc qui irrite à ce point madame Pernelle, sa vénérable mère ? Car elle est furieuse et le fait savoir. D'Elmire, sa nouvelle belle-fille, jusqu'à ses petitsenfants et à la fidèle servante Dorine, tout le monde en prend pour son grade. Tous, à en croire la mégère, tous sans exception sont pourris de vices bien peu chrétiens. Pire encore, ils se refusent à reconnaître les vertus du bon Tartuffe et à profiter des conseils du saint homme... Mais au fait, qui est-il, ce monsieur Tartuffe ? Que veut-il, que vaut-il ? Nul doute que Luc Bondy saura rendre toute la saveur du verbe de Molière pour le plus grand plaisir des spectateurs. . A voir jusqu’au 6 juin 2014 «Tartuffe», photo de répétition © Thierry Depagne a g Location 01.44.85.40.40 ou sur le site du théâtre e n d a b e a u x - a r t s Musée Jacquemart-André De Watteau à Fragonard, les « Fêtes galantes » La peinture française du XVIIIe siècle et ses maîtres sont à l’honneur au Musée Jacquemart-André. Le temps de l’insouciance y est célébré grâce à la réunion d’une soixantaine d’œuvres, essentiellement des peintures provenant d’importantes collections, le plus souvent publiques, françaises, allemandes, anglaises ou encore américaines. Le terme de « fête galante » désigne un genre pictural qui éclôt au début du XVIIIe siècle, pendant la Régence (1715-1723), autour de la figure emblématique de Jean-Antoine Watteau (1684-1721). Dans des décors champêtres à la végétation luxuriante, Watteau met en scène le sentiment amoureux : danseurs, belles dames ou bergers s’adonnent à des divertissements ou à des confidences. À la suite du maître, Nicolas Lancret (1690-1743) et Jean-Baptiste Pater (1695-1736) s’approprient les codes de la fête galante, qu’ils font évoluer. Ils ancrent ces scènes imaginaires dans la réalité en y reproduisant des lieux, des œuvres d’art ou des détails aisément reconnaissables par leurs contemporains. Les artistes les plus créatifs, comme François Boucher (1703-1770) et Jean-Honoré Fragonard (17321806), donneront à leur tour une vision très personnelle des plaisirs de la fête galante. La poésie et la légèreté qui se dégagent de leurs œuvres s’accompagnent d’une recherche d’élégance et de raffinement propres à l’esprit rococo qui s’épanouit au siècle des Lumières, maniant avec brio les lignes courbes et les couleurs claires. Nicolas Lancret (1690-1743) «Baigneuses et spectateurs dans un paysage (Les Plaisirs du bain)» Avant 1725, huile sur toile, 97 x 145 cm. Paris, Musee du Louvre, Departement des peintures, collection du baron Edmond de Rothschild (1926-1997); dation en paiement de droits de mutation, 1990 © RMN-Grand Palais (musee du Louvre) / Jean-Gilles Berizzi Bibliothèque Nationale l DESSINS FRANÇAIS DU XVIIE SIÈCLE. Collections du département des Estampes et de la photographie – jusqu’au 15 juin Centre Pompidou l HENRI CARTIER-BRESSON – jusqu’au 9 juin l BERNARD TSCHUMI, RÉTROSPECTIVE – du 30 avril au 28 juillet Cité du cinéma, St.Denis l STAR WARS IDENTITIES – jusqu’au 30 juin Ecole sup. des beaux-arts l LE PAYSAGE À ROME ENTRE 1600 ET 1650 – jusqu’au 2 mai Fondation Cartier pour l’art contemporain l AMÉRICA LATINA 1960-2013, photographies – jusqu’au 6 avril Fondation Custodia l DE BOSCH À BLOEMAERT : Dessins néerlandais des XVe et XVIe s. du Museum Boijmans Van Beuningen de Rotterdam – jusqu’au 22 juin Grand Palais l BILL VIOLA – jusqu’au 21 juillet l MOI, AUGUSTE, EMPEREUR DE ROME – jusqu’au 13 juillet l ROBERT MAPPLETHORPE – jusqu’au 13 juillet a g Hôtel de Ville l XX – jusqu’au Institut du Monde arabe l « VOUÉS À ISHTAR. SYRIE, JANVIER 1934, ANDRÉ PARROT DÉCOUVRE MARI » – jusqu’au 4 mai Jeu de Paume l ROBERT ADAM - L’endroit où nous vivons – jusqu’au 18 mai l MATHIEU PERNOT - La Traversée – jusqu’au 18 mai La Maison Rouge l IL ME FAUT TOUT OUBLIER - Berlinde de Bruyckere et Philippe Vandenberg – jusqu’au 11 mai l L’ASILE DES PHOTOGRAPHIES Mathieu Pernot et Philippe Artières – jusqu’au 11 mai Maison de l'Amérique latine l GEGO. POÉTIQUE DE LA LIGNE, coll. Mercantil, Venezuela – jusqu’au 14 mai Maison de Victor Hugo l L’ÂME A-T-ELLE UN VISAGE ? L’Homme qui rit, de Gwynplaine au Joker – du 17 avril au 31 août Musée des arts décoratifs l SECRETS DE LA LAQUE FRANÇAISE : LE VERNIS MARTIN – jusqu’au 8 juin l DE LA CHINE AUX ARTS DÉCORATIFS – jusqu’au 29 juin e n Le thème de la fête galante a tout naturellement trouvé sa place au Musée Jacquemart-André, dont la collection de peintures françaises du XVIIIe siècle, réunies par Nélie Jacquemart et Édouard André, est l’un des joyaux. . Jusqu’au 21 juillet 2014 Musée Cernuschi l OBJECTIF VIETNAM - Photos de l’Ecole française d’ExtrêmeOrient – jusqu’au 29 juin Musée Cognacq-Jay l LE TRAIT EN LIBERTÉ : FRANÇOISANDRÉ VINCENT, DESSINS (1746 1816) – jusqu’au 29 juin Musée Dapper l INITIÉS, BASSIN DU CONGO & MASQUES DE ROMUALD HAZOUMÈ – jusqu’au 6 juillet Musée Jacquemart-André l DE WATTEAU À FRAGONARD, LES FÊTES GALANTES – jusqu’au 21 juillet Musée du Louvre l NEW FRONTIER III - Portraits anglo-américains à l’heure de la Révolution – jusqu’au 28 avril l LE CIEL EST PAR-DESSOUS LE TOIT… Dessins pour les plafonds parisiens du Grand Siècle – jusqu’au 19 mai l LE TRÉSOR DE L’ABBAYE DE SAINTMAURICE D’AGAUNE – jusqu’au 16 juin Musée du Luxembourg l JOSÉPHINE – jusqu’au 29 juin Musée Maillol l LE TRÉSOR DE SAN GENNARO – jusqu’au 20 juillet d a Musée Marmottan-Monet l LES IMPRESSIONNISTES EN PRIVE. 100 chefs-d’œuvre de collectionneurs – jusqu’au 6 juillet Musée de l’Orangerie l LES ARCHIVES DU RÊVE, DESSINS DU MUSÉE D'ORSAY : CARTE BLANCHE À WERNER SPIES – jusqu’au 30 juin Musée d’Orsay l GUSTAVE DORÉ (1832-1883) – jusqu’au 11 mai l VINCENT VAN GOGH / ANTONIN ARTAUD. LE SUICIDÉ DE LA SOCIÉTÉ – jusqu’au 6 juillet Musée Rodin l MAPPLETHORPE / RODIN – du 8 avril au 21 septembre Musée Zadkine l VOYAGE DANS L'ANCIENNE RUSSIE – jusqu’au 13 avril Petit Palais l CARL LARSSON - L’imagier de la Suède – jusqu’au 7 juin l PARIS 1900, LA VILLE SPECTACLE – Du 2 avril au 17 août Petit de Tokyo l L’ÉTAT DU CIEL [partie 1] – jusqu’au 7 septembre. Pinacothèque l LE MYTHE CLÉOPÂTRE – dès le 10 avril 89 m é m e n t o GENEVE concerts 90 u 2.4. : Série Répertoire. OSR, dir. Manfred Honeck (Mahler). Victoria Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) u 3.4. : Concert de soirée No. 5. PÂQUES. L’OCG, dir. Arie Van Beek, Joëlle-Aurélie Masson, soprano, Nora Sourouzian, alto, Benoît Capt, baryton, Jérémie Brocard, basse, Chœur Laudate Deum (Martin). Cathédrale de Genève à 20h (loc. 022/807.17.90 / [email protected] ou www.ticketportal.com) u 3.4. : Série Grands Classiques. OSR, dir. Manfred Honeck (Mahler). Victoria Hall à 20h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) u 5.4. : GLI ANGELI GENÈVE & MAÎTRISE DU CONSERVATOIRE POPULAIRE DE MUSIQUE DE GENÈVE, dir. Stephan MacLeod. Avec Werner Güra, ténor, Tobias Berndt, basse, Aleksandra Lewandowska et Maria Cristina Kiehr sopranos, Meg Bragle et Pascal Bertin altos, Emiliano Gonzalez Toro et Valerio Contaldo ténors, Stephan MacLeod et Matthew Brook basses (JS Bach, Passion selon saint Matthieu BWV 244. Victoria Hall à 19h30 (loc. Espace Ville de Genève, Grütli, Genève Tourisme, Cité Seniors, Centrale Billetterie T 0800 418 418) u 6.4. : CANTABILE MA NON TROPPO. Salomé Kammer, soprano & Solistes de l’Ensemble Contrechamps (Rihm, Lachenmann, Ferneyhough). Musée d’art et d’histoire de Genève à 11h (billetterie ouverte 45 min. avant le concert / ou rés. sur : www.contrechamps.ch/) u 9.4. : Hors-Série. L'OCO-MOTION POP & PLUG. L’OCG, dir. Philippe Béran (Chansons françaises et anglosaxonnes). Victoria Hall à 19h (loc. 022/807.17.90 / [email protected] ou www.ticketportal.com) u 10.4. : Concert Prestige n°4. LA VOIX D'UN ANGE. Geneva Camerata, dir. David Greilsammer, Andreas Scholl, contreténor (Mendelssohn, Boccherini, Johann Christian Bach, Porat, Haendel). BFM à 20h (loc. www.genevacamerata.com ou FNAC) u 11.4. : Les Grands Interprètes. MURRAY PERAHIA, piano (Bach, Beethoven, Schumann, Chopin). Victoria Hall à 20h (Service culturel Migros, 022/319.61.11, Stand Info Balexert, Migros Nyon-La Combe) u 13.4. : Festival Vernier Classique. QUATUOR DE GENÈVE & DIDIER PUNTOS, piano (Haydn - Quatuor à cordes opus 76 n°5 / Janacek - Quatuor no. 1 «Sonate à Kreuzer» / Dvorak Quintette avec piano opus 81). Salle des Fêtes du Lignon à 16h u Dimanche 13.4. : Amarcordes. MICHEL KIENER, clavecin ( JS Bach, Intégrale des Partitas pour clavecin II). Château de Dardagny 18h (réservation sur : www.amarcordes.ch/) u 13.4. : Musique sur Rhône. ENSEMBLE DE MUSIQUE DE CHAMBRE DE L’OSR (Leclair, Fasch, Couperin, Zelenka). BFM, salle Théodore Turettini à 11h (Tél. 022/807.00.00 / [email protected]) u 14.4. : Concert Prestige n°4. LE MINOTAURE, Michel Derville, récitant (Kapsberger, Sciarrino, Gesualdo, Vivaldi, Couperin, Comas ). Comédie de Genève à 19h30 (loc. www.genevacamerata.com ou FNAC) u 15.4. : HOMMAGE À EMMANUEL NUNES. Ensemble Contrechamps, dir. Clement Power. Isabelle Magnenat, violon (Nunes, Amaral). Studio Ernest-Ansermet à 20h / 19h : préconcert (billetterie ouverte 45 min. avant le concert / ou rés. sur : www.contrechamps.ch) u mardi 15.4. : Jazz Classics. ABDULLAH IBRAHIM NEW TRIO. Victoria Hall à 20h30 (loc. 0900.800.800 / Ticketcorner) u 16.4. : Les Grands Interprètes. TRIO ZIMMERMANN. Conservatoire de Musique à 20h (loc. Service culturel Migros Genève, Stand Info Balexert, Migros Nyon-La Combe) u 17.4. : K&K PHILHARMONIKER, K&K OPERNCHOR, dir. Georg Kugi (les plus beaux chœurs d’opéra). Victoria Hall à 20h (loc. Ticketcorner, T 0900 800 800, La Poste, Manor, CFF, Globus) u 17.4. : Concert d’ouverture du festival Electron. GENEVA CAMERATA, dir. David Greilsammer, FRANCESCO TRISTANO, piano & DJ (JS Bach, Tristano - création mondiale). TBA à 20h u 26.4. : ORCHESTRA SINFONICA AMADEUS & CORO SINFONICO AMADEUS, dir. Marco Raimondi. BARBARA POST soprano (Rossini, Verdi). Victoria Hall à 20h (spectacle gratuit) u 27.4. : CHŒUR DU GRAND THÉÂTRE, dir. Ching-Lien Wu, DIEGO INNOCENZI, orgues (Bicentenaire Richard Wagner). Victoria Hall à 11h (loc. Espace Ville de Genève - Pont de la Machine, Grütli, Genève Tourisme, Cité Seniors) u dimanche 27.4. : Tribune des Jeunes Musiciens d’Espace 2. DUO a g ALMAGE / Antoinette Dennefeld, soprano Lucas Buclin, piano (Melodies de Debussy, Faure, Honegger, Duparc, Hahn, Bizet, Ravel, Grieg, Liszt, Schubert...). Studio Ernest Ansermet, Radio Television Suisse, à 17h (Concert gratuit. Entrée libre dans la limite des places disponibles.) u 29.4. : Migros-pour-cent-culturelclassics. ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE LA BBC, dir. SAKARI ORAMO, LEONIDAS KAVAKOS, violon (Brahms, Ammann, Elgar). Victoria Hall à 20h (loc. SCM 022/319.61.11) théâtre u Jusqu’au 6.4. : BIENTÔT VIENDRA LE TEMPS de Line Knutzon, m.e.s. Sophie Kandaouroff. Le Grütli, Petite Salle (2ème étage), à 20h, dim à 18h. Relâche lun (billetterie : [email protected] / 022/888.44.88) u Jusqu’au 6.4. : LA DOUBLE INCONSTANCE de Marivaux, m.e.s. Philippe Mentha. Théâtre de Carouge, Salle François-Simon, mar, mer, jeu et sam à 19h / ven à 20h / dim à 17h (billetterie : 022/343.43.43 - [email protected]) u Jusqu’au 6.4. : CABARET LEVIN #3 de Hanokh Lein, m.e.s. Hervé Loichemol et Nalini Menamkat. La Comédie de Genève, relâche lun, mar-ven 20h, mer-jeu-sam 19h, dim 17h (loc. : 022/320.50.01 / [email protected]) u Jusqu’au 13.4. : FAISONS UN RÊVE de S. Guitry, m.e.s. Anthéa Sogno. Théâtre du Crève-Cœur, Cologny (rés. 022/786.86.00) u Jusqu’au 13.4. : VOYAGE EN POLYGONIE de et m.e.s. François Parmentier, dès 3 ans. Théâtre des Marionnettes, mer à 15h, sam à 17h, dim à 11h et 17h (réservations 022/807.31.07) u Jusqu’au 13.4. : IRRÉSISTIBLE de Fabrice Roger-Lacan, m.e.s. Claude Vuillemin. Le Poche-Genève, lun et ven à 20h30, mer-jeu-sam à 19h, dim à 17h, mardi relâche (rens./rés. /loc. 022/310.37.59) u Jusqu’au 16.4. : L’ANNIVERSAIRE de Harold Pinter, m.e.s. Jean-Gabriel Chobaz. Théâtre Alchimic, mar et ven à 20h30; mer, jeu, sam et dim à 19h (rés. 022/301.68.38 / www.alchimic.ch - loc. Service culturel Migros) u 1, 2, 4, 5.4. : VENTROSOLEIL de Douna Loup, m.e.s. Joan Monpart, La Comédie de Genève Cabaret Levin La Comédie de Genève poursuit son exploration des écrits d’une figure majeure du théâtre israélien contemporain, à savoir Hanokh Levin, dont l’œuvre est indissociable d’une critique acerbe de la réalité politique, sociale et culturelle de l’État d’Israël. Après la présentation de «Shitz» en février, un nouveau Cabaret Levin prend place entre mars et avril, dans la mise en scène de Nalini Menamkat. À la Comédie, on entre par la grande porte, on grimpe les marches et on se retrouve au Cabaret... quelques tables de bistrot, un piano et de quoi boire un verre. C’est l’occasion de rire, chanter… et de se dire joyeusement ses quatre vérités. Les plus touchantes et les plus inavouables. C’est que l'humour d'Hanokh Levin est féroce. Il a l’art de mettre le doigt sur nos points les Nalini Menamkat plus « sensibles »… De l’intime au politique, il dévoile notre humanité dans toute sa noirceur, mais aussi sa fragilité, son entêtement, son aspiration à la grandeur. L’accompagnement musical est servi par Lee Maddeford et Daniel Perrin, sous les lumières de Laurent Junod; quant à la scénographie et aux costumes, ils ont été imaginés par Roland Deville. . Jusqu’au 6 avril Billetterie : T. + 41 22 320 50 01, ou en ligne e n d a m dès 7 ans. Théâtre Am Stram Gram, mar + ven à 19h, mer à 15h, sam à 17h (Loc. 022/735.79.24 et Service Culturel Migros) u Du 1er au 13.4. : L'ETOURDI EN TRADUCTION SIMULTANÉE de Molière, m.e.s. François Marin. Au CasinoThéâtre, mar-ven à 20h, mer-jeu-sam à 19h, dim à 17h, relâche lun (rés. 022/793.54.45 ou [email protected]) u Du 1er au 18.4. : C'EST UNE AFFAIRE ENTRE LE CIEL ET MOI par L’agence Louis-François Pinagot et Christian Geffroy Schlittler. Théâtre SaintGervais, Salle Marieluise Fleisser, 2ème sous-sol - grande salle, marjeu-sam à 19h, mer-ven à 20h30, dim 6.4. à 18h (loc. 022/908.20.20 ou www.saint-gervais.ch) u Du 1er au 20.4. : LA PUCE À L'OREILLE de Georges Feydeau, par L'Autre compagnie, m.e.s. Julien George. Théâtre du Loup, mar+jeu+sam à 19h, mer+ven à 20h, dim à 17h (rés. 022/301.31.00) u Du 3 au 16.4. : MISTERIOSO 119 de Koffi Kwahulé, m.e.s. Cédric Dorier. Le Grütli, Grande salle (sous-sol), mar-jeu-sam à 19h, mer-ven à 20h, dim à 18h. Relâche lun ([email protected] / 022/888.44.88) u 4.4. : 10 ANS DE MARIAGE, de Alil Vardar. Théâtre du Léman à 20h30 (loc. www.theatreduleman.com) u Du 7 au 13.4. : 100'000 TIROIRS ET DES POUSSIÈRES!... de et par Philippe Vauchel. Théâtre en appartement (hors abonnement) - Création. (infos: 022/343.43.43 - [email protected]) u Du 8 au 10.4. : HAMLET BABYLONE, création pluridisciplinaire inspirée par les textes de Shakespeare et H. Müller. Concept, m.e.s. Dmytro Kostiumynskyi. Le Galpon, du mar au jeu à 20h (rés. au 022/321.21.76 au plus tard 2 heures avant le début de l’événement - mail : [email protected]) u Du 8 au 11.4. : YVONNE, PRINCESSE BOURGOGNE de Witold DE Gombrowicz, m.e.s. Geneviève Guhl. La Comédie de Genève, relâche lun, mar-ven 20h, mer-jeu-sam 19h, dim 17h (loc. : 022/320.50.01 / [email protected]) u 8, 9, 12, 13, 15.4. : LA PETITE FILLE AUX ALLUMETTES d'après Hans Christian Andersen, m.e.s. Julie Annen, dès 6 ans. Théâtre Am Stram Gram, mar à 19h, mer à 15h, sam + dim à 17h (Loc. 022/735.79.24 et Service Culturel Migros) u 9.4. : Midi Théâtre! - PUPPET TRAP, conception David Depierraz et Laurence Iseli. Espaces "bar" de la Petite et de la Grande salle à 12h a g é m e Théâtre du Grütli Misterioso-119 Le metteur en scène Cédric Dorier présente ainsi « Misterioso-119 » de Koffi Kwahulé : « Inspirée du célèbre morceau de jazz signé Thelonius Monk, cette pièce est une énigme théâtrale. L’auteur nous offre une partition composée de 16 tableaux et d’un nombre d’interprètes féminines à détermin- n t o alpins. UN PEU DEDANS, UN PEU PLUS BAS d’après Samuel Beckett. Opéra pour deux voix et orchestre de chambre. Musique Bruno De Franceschi. Avec Clara Brancorsini et Andrea de Luca & Orchestre Frequenze Nomadi Chamber orchestra of Umbria. Le Galpon, ven et sam à 20h (rés. au 022/321.21.76 au plus tard 2 heures avant le début de l’événement - mail : [email protected]) danse «Misterioso-119» © Mario Del Curto er. Que raconte-t-il ? Qui raconte quoi ? Dans quels méandres de la psyché humaine l’auteur veut-il nous conduire ? Plonger dans cet univers qui est aussi un condensé d’humanité, c’est à la fois tenter de percer les ressorts secrets de l’écriture et construire sa propre orchestration. Douze femmes incarcérées doivent créer un spectacle de danse. Émerge alors, sur un mode alternativement drôlatique et dramatique, un réseau inextricable de complexes, de fantasmes et de frustrations. Une passionnante aventure s’amorce… » . Du 3 au 16 avril 2014 Réservation : 022 / 888.44.88 ou reservation©grutli.ch (rés. sur www.grutli.ch) u dimanche 15.4. : Les Théâtrales. THÉ À LA MENTHE OU T’ES CITRON ? de Danielle Navarro-Haudecœur et Patrick Haudecœur, m.e.s. Patrick Haudecœur. Avec Marie Lenoir, Urbain Cancelier, Eliza Maillot, Bernard Fructus, Guillaume Laffly, Michel Lagueyrie, Marina Valleix. BFM à 20h30 (Rés. 022/364.30.30 ou points de vente Fnac) u Du 29.4. au 1.5. : TROIS HOMMES DANS UN BATEAU, SANS OUBLIER LE CHIEN, d’après Jerome K. Jerome, m.e.s. Nathalie Sandoz, création théâtrale. Le Galpon, ven et sam à 20h, dim à 18h (rés. au 022/321.21.76 au plus tard 2 h avant le début de l’événement - mail : [email protected]) u Du 29.4. au 4.5. : LES 39 MARCHES de John Buchan et Alfred Hitchcock, m.e.s. Philippe Cohen. Au CasinoThéâtre, mar-ven à 20h, mer-jeu-sam à 19h, dim à 17h, relâche lun (rés. 022/793.54.45 ou [email protected]) u 29.4. au 11.5. : DÉSIR SOUS LES ORMES de Eugene O’Neill, m.e.s. Guy Pierre Couleau. La Comédie de Genève, relâche lun, mar-ven 20h, e n mer-jeu-sam 19h, dim 17h (loc. : 022/320.50.01 / [email protected]) u Du 30.4. au 17.5. : MERCEDES-BENZ W 123 par la Compagnie ad-apte et Marie Fourquet. Théâtre SaintGervais, Salle Isidore Isou, 7ème étage - L’Atelier, mar-jeu-sam à 20h30, mer-ven à 19h (loc. 022/908.20.20 ou www.saint-gervais.ch) u Du 30.4. au 18.5. : NE M'APPELEZ PLUS JAMAIS MON PETIT LAPIN! d'après Grégoire Solotareff, m.e.s. LaureIsabelle Blanchet, dès 4 ans. Théâtre des Marionnettesmer à 15h, sam à 17h, dim à 11h et 17h (réservations 022/807.31.07) opéra u 23, 26, 29.4. et 2.5. : GÖTTERDÄMMERUNG de Richard Wagner, OSR, dir. Ingo Metzmacher, m.e.s. Dieter Dorn. Grand Théâtre de Genève à 19h30, dim à 15h (billetterie : 022/322.50.50 et www.geneveopera.com/) u Les 24 et 26.4. : Carrefours trans- d a u Du 1er au 6.4. : Carrefours transalpins. LUMIÈRE, création chorégraphique de Pascal Gravat, Compagnie Quivala. Le Galpon, du mar au sam à 20h, dim à 18h (rés. au 022/321.21.76 au plus tard 2 avant le début de l’événement - mail : [email protected]) u 5.4. : GALA TCHAIKOVSKI, avec Le Lac des Cygnes, Casse-noisette, La Belle au bois domant.... Théâtre académique municipal de Kiev. Théâtre du Léman à 20h (loc. www.theatreduleman.com) u Du 8 au 13.4. : SWAN LAKE RELOADED, de Fredrik Rydman. Théâtre du Léman à 20h30, le 13 avril à 15h (loc. www.theatreduleman.com) u 9.4. : ADC. EEEXEECUUUTIOOOONS !!!, chor. La Ribot / OBJETS RE-TROUVÉS chor. Mathilde Monnier. Par le Ballet de Lorraine. BFM à 20h30 (Billets : www.adc-geneve.ch & 1h avant le début au guichet du BDFM) u 25.4. : Helveticdanse. GLORY de Haendel, chor. Andonis Foniadakis, dir. Philippe Cohen, BALLET DU GRAND THÉÂTRE. BFM à 19h30 (loc. : 022/322.50.50 et www.geneveopera.com/) u 26.4. : Festival Steps. NOTATIONS, 3 pièces de Wayne Mc Gregor, Christian Spuck & Marco Goecke, dir. Christian Spuck, BALLETT ZURICH. BFM à 19h30 (loc. : 022/322.50.50 et www.geneveopera.com/) u 28 et 29.4. : Helveticdanse. BÉJART BALLET LAUSANNE, direction Gil Roman. CANTATE 51 – SYNCOPE – BHAKTI III – BOLÉRO. BFM à 19h30 (loc. : 022/322.50.50 et www.geneveopera.com/) u 30.4. : Helveticdanse. ABSOLUT DANSA de JS Bach, chor. Johan Inger, dir. Richard Wherlock, BALLET BASEL. BFM à 19h30 (loc. : 022/322.50.50 et www.geneveopera.com/) 91 m é m divers u Du 3 au 13.4. : INTRODUCING SHAFFTER & STAUFFER, par Marius Schaffter et Gregory Stauffer. Théâtre de l’Usine (rés. 022/328.08.18 ou www.theatredelusine.ch) u 6.4. : Laboratoire spontané. LA BRIOCHE DES MIOCHES de Sandra Korol, m.e.s. Jean Liermier, dès 5 ans. Théâtre Am Stram Gram à 10h (Loc. 022/735.79.24 et Service Culturel Migros) u Du 24 au 27.4. : Stimul-Us 2 Week-end de performances. RIDEAU! création-performance par Yann Marussich / OPUS QUARANTE CENTIMÈTRES par Brice Catherin. / NOIR APPARENT par Adaline Anobile & Rudy Decelière. / SÉRENDIPITÉ par Pauline Simon / YOU ARE NOT ALONE par Kim Noble. Théâtre de l’Usine (rés. 022/328.08.18 ou www.theatredelusine.ch) 92 LAUSANNE concerts u 2.4. : LE JEU DES 7 CLEFS, OCL, dir. Debora Waldman, Comédien de La Manufacture, Richard Dubugnon, musique. Salle Métropole à 17h (Billetterie de l’OCL: Tél. 021/345.00.25) u 6.4. : VIVALDI & PIAZZOLLA - LES HUIT SAISONS, dir. et violon Isabelle Meyer Ensemble Art-en-Ciel (Vivaldi, Piazzolla). Opéra de Lausanne (loc. 021/315.40.20, lun-ven de 12h à 18h / en ligne : www.opera-lausanne.ch) u 7 et 8.4. : O.C.L., dir. Kazuki Yamada, FUMIAKI MIURA, violon (Saint-Saëns, Mendelssohn Bartholdy). Salle Métropole à 20h (Billetterie : 021/345.00.25) u 8.4. : Les Entractes du mardi. BEAT ANDERWERT, hautbois, CATHERINE SUTER GERHARD, violon, ELI KARANFILOVA ET NADA ANDERWERT, alto, JOËL MAROSI, violoncelle (Schubert, Mozart). Salle Métropole à 12h30 (Billetterie de l’OCL: Tél. 021/345.00.25) u 13.4. : Les Concerts J.S. Bach de Lutry. MESSE EN SI MINEUR DE J.S. BACH. Ensemble vocal de St-Maurice & Ensemble Fratres, dir. Pascal Crittin. Solistes : BRIGITTE FOURNIER, BARBARA ERNI, MICHAEL FEYFAR, STEFAN IMBODEN. Temple de Lutry à 17h (Billets : Hug Musique, GrandPont 4, ou à l'entrée dès 16h le e n t jour du concert / rés. Point I, Quai G. Doret, 1095 Lutry, Tél. 021 791 47 65) u du 29.4. au 4.5. : RENCONTRES MUSICALES AVEC CÉDRIC PESCIA. Théâtre Kléber-Méleau (rés. 021/625.84.29). Avec : - Mardi 29 à 20h : PHILIPPE CASSARD, piano, CÉDRIC PESCIA, piano (Schubert) - Mercredi 30 à 19h : ALEXANDER MELNIKOV, piano (Chostakovitch – Intégrale des Préludes et Fugues) - jeudi 1er à 20h : TRIO STARK (Beethoven) - vendredi 2 à 20h : SEVERIN VON ECKARDSTEIN, piano, CÉDRIC PESCIA, piano (Stockhausen) - samedi 3 à 20h : HENRI BARDA, piano (Ravel) - dimanche 4 à 17h30 : CUARTETO CASALS & CÉDRIC PESCIA, piano (Schumann). théâtre u Jusqu’au 6.4. : OCCUPÉ-BESETZT de Catherine Favre. Pulloff théâtres, mer + ven à 20h, mar, jeu + sam à 19h, dim à 18h (réservations 021/311.44.22 ou www.pulloff.ch) u Du 2 au 13.4. : LE RÊVE PENCHÉ de Myriam Boucris, m.e.s. Myriam Boucris, Denis Correvon, dès 3 ans. Le petit théâtre, me à 15h / sa et di à 11h, 15h et 17h (rés. www.lepetittheatre.ch) o u 3, 4 et 6.4. : LES PÈRES de Julie Annen. Espace culturel des Terreaux, jeu à 19h, ven à 20h, dim à 17h (loc. http://www.terreaux.org/) u Du 3 au 11.4. : DE NOS JOURS [NOTES ON THE CIRCUS] d’Ivan Mosjoukine. Vidy-Lausanne, salle Charles Apothéloz, mar-jeu-sam à 19h, ven à 20h30, dim à 17h30 (rés. 021/619.45.45 - www.billetterievidy.ch) u Du 4 au 13.4. : TRANSMISSION de Christophe Jaquet - The National Institute (CH), création. L’Arsenic, ma, je 21h / me, sa 19h / ve 20h30 / di 18h ([email protected] / 021/625.11.36) u 5.4. : 10 ANS DE MARIAGE, de Alil Vardar. Théâtre de Beaulieu à 20h30 (loc. 0901 566 500, www.ticketcorner.ch / www.fnac.ch) u Du 8 au 10.4. : RAVISSEMENT de et m.e.s. Mélanie Rullier et Estelle Rullier. L’Arsenic, ma, je, 19h / me 20h30 ([email protected] / 021/625.11.36) u 9.4. : SACRILÈGES ou TEMPÊTE DANS UN BÉNITIER, m.e.s. Steve Riccard. Théâtre de Beaulieu à 20h30 (loc. 079 814 83 35 (me au ve de 13h à 17h), www.monbillet.ch) u Du 29.4. au 18.5. : LES DEMEURÉES de Jeanne Benameur, m.e.s. Didier Carrier. Vidy-Lausanne, La Passerelle, à 20h, dim à 18h, relâche lun (loc. 021/619.45.45) u Du 29.4. au 18.5. : HEDDA GABLER d’Henrik Ibsen. Pulloff théâtres, mer Vidy-Lausanne De nos jours Ivan Mosjoukine et ses comédiens proposent un spectacle né du désir enflammé de faire parler le cirque. Il en résulte un spectacle presque divertissant, d’environ quatre vingts notes sur le cirque. Un spectacle sur l’envers des choses, sur la hauteur, sur n’importe quoi, sur le karaoké, sur la chute des choses, sur ‘il est encore temps de réagir!’, sur l’oubli, sur le mariage... «De nos jours» © Ivan Mosjoukine - BD . Du 3 au 11 avril 2014. Salle Charles Apothéloz Réservation : 021 / 619.45.45, www.billetterie-vidy.ch a g e n + ven à 20h, mar, jeu + sam à 19h, dim à 18h (rés. 021/311.44.22 ou sur www.pulloff.ch) u Du 30.4. au 18.5. : PETITE SŒUR d'après Pierre Gripari, m.e.s. Geneviève Pasquier, création, dès 5 ans. Le petit théâtre, me à 17h / sa et di à 14h et 17h (rés. www.lepetittheatre.ch) divers u Du 28.4. au 10.5. : FÉCULE, Festival des cultures universitaires. La Grange de Dorigny (rés. 021/692.21.24) danse u 11.4. : GALA TCHAIKOVSKI, avec Le Lac des Cygnes, Casse-noisette, La Belle au bois domant.... Théâtre académique municipal de Kiev. Théâtre de Beaulieu à 20h (loc. 0900 800 800 , www.ticketcorner.ch, www.fnac.ch) opéra u 15.4. : Conférence Forum Opéra. IL BARBIERE DI SIVIGLIA, Conférencier: Sandro Cometta. Salon Bailly de l’Opéra de Lausanne à 18h45 (billets en vente à l'entrée de la conférence) u 17.4. : Conférence Université. IL BARBIERE DI SIVIGLIA. Conférencier: Luca Zoppelli. Grange de Dorigny à 17h15 (www.unil.ch/lettres) u 25.4. : Midi-récitals - Artistes de LUISA MILLER. Salle de l'Opéra de Lausanne à 12h15 (billets sur place). u 27 et 30.4. et 2, 4, 7.5. : IL BARBIERE DI SIVIGLIA de Beaumarchais, dir. Carlos Vieu, Orchestre de Chambre de Lausanne, m.e.s. Adriano Sinivia. Opéra de Lausanne (Billetterie : 021/315.40.20, lun-ven de 12h à 18h / en ligne et infos : www.opera-lausanne.ch) u 29.4. : Midi-récitals - Artistes du BARBIERE DI SIVIGLIA. Salle de l'Opéra de Lausanne à 12h15 (billets sur place). AILLEURS annecy BONLIEU SCÈNE NATIONALE aux Haras d’Annecy, sauf mention contraire (rens./rés. 04.50.33.44.11 / [email protected]) u Jusqu’au 13.4. : MONSTRATION de Johann Le Guillerm, installation, d a m u Jusqu’au 25.5. : ESCARGOPOLIS par la Compagnie 2 rien merci, Cirque, Installation u 3 et 4.4. Place des Arts / CranGevrier : AU PLUS PRÈS DU MONDE, chor. François Veyrunes, danse u Du 8 au 11.4. : L'INSOMNANTE de et avec Claire Ruffin, m.e.s. Camille Boitel u 17 et 18.4. : DRUMS AND DIGGING, chor. Faustin Linyekula, danse u 23 et 24.4. : PAROLES GELÉES d'après Rabelais, m.e.s. Jean Bellorini et Camille de La Guillonnière annemasse RELAIS CHÂTEAU-ROUGE à 20h30 sauf mention contraire (loc. +33/450.43.24.24) u 1er et 2.4. : LES ENCOMBRANTS FONT LEUR CIRQUE de et m.e.s. Claire Dancoisne u 4.4. : CHRISTINE SALEM et DAVY SICARD, Musique du monde u Du 8 au 10.4. : TROIS RUPTURES de Rémi De Vos, m.e.s. Othello Vilgard u 12.4. : OTTO, AUTOBIOGRAPHIE D’UN OURS EN PELUCHE d'après Tomi Ungerer, m.e.s. Alban Coulaud u 15 et 16.4. : L’ÂGE DES POISSONS de et m.e.s. Charlotte Lagrange u 16.4. : MLF - MAX ET LES FILLES u 18.4. : ENFANTILLAGES 2 par ALDEBERT, Chansons u 23 et 24.4. : LA SECONDE SURPRISE DE L’AMOUR de Marivaux, m.e.s. Alexandra Tobelaim u Du 24 au 26.4. : LES ORANGES d’Aziz Chouaki, m.e.s. Laurent Hatat u 26.4. : MAXI MONSTER MUSIC SHOW, m.e.s. Juliette, freak musical show fribourg THÉÂTRE EQUILIBRE à 20h (billetterie : Fribourg Tourisme 026/350.11.00 / [email protected]) u 8.4. : COMMENT VOUS RACONTEZ LA PARTIE de et m.e.s. Yasmina Reza u 11.4. : ORCHESTRE DE CHAMBRE FRIBOURGEOIS, Concert 4, dir. Laurent Gendre, CHIARA BANCHINI, violon (C.P.E. Bach, J.C. Bach, M. Haydn, J. Haydn) la chaux-fds ARC EN SCÈNES. CENTRE NEUCHÂTELOIS DES ARTS VIVANTS sauf mention contraire (loc. 032/967.60.50 ou www.arcenscenes.ch/) u Du 1er au 4.4. TPR : REQUIEM DE SALON de et m.e.s. Andrea Novicov u 3.4. : JE SUIS VIEUX (PAS BEAUCOUP MAIS DÉJÀ) de Frédéric Recrosio a g é m e n t o Théâtre Forum Meyrin Sfumato Le théâtre Forum Meyrin accueille le chorégraphe Rachid Ouramdane avec une pièce pour sept danseurs pleine de pluie et de brume. Avec cet opus qui se déroule dans un univers dont les repères sont brouillés, le chorégraphe explore le drame des réfugiés climatiques. Oeuvrant en une série de tableaux floutés, où les frontières des corps se diluent, Rachid Ouramdane confronte littéralement ses danseurs au potentiel destructeur de l’eau. Sur des écrans géants, des visages filmés en très gros plan, comme autant de paysages ravagés, racontent la catastrophe d’où ils viennent. Tandis que l’eau qui gicle et ruisselle tout autour des danseurs, on croit deviner la topographie des lieux disparus, effacés. Ici, Ouramdane travaille l’exil et l’humain comme matériaux premiers, avec, toujours, la même question en filigrane : comment se reconstruire après la désolation? . Mardi 8 et mercredi 9 avril à 20h30 «Sfumato» © Jacques Hoepffner Billetterie : 022 / 989.34.34 ou en ligne u 4.4. : IL GIARDINO ARMONICO, dir. Giovanni Antonini (Isaac, Desprez, Janequin, Farina,…). Théâtre à 20h15 u 26.4. TPR : TIM ET LES ZINVISIBLES de Sandra Korol, m.e.s. Michel Toman u 29.4. : SEULE LA MER d'Albert Danon, m.e.s. Denis Maillefer u 29.4. Série Parallèles, : Série Parallèles. MADRIGALI NOTTURNI, dir. Katharina Rosenberger, SVEA SCHILDKNECHT et AGNIESZKA KOWALCZYK, soprano léger, SYLVIA NOPPER, soprano, LESLIE LEON, mezzo-soprano (Willaert, Rore, Rosenberger). Temple allemand à 20h15 martigny u Du 10 au 12.4. : MERCI POUR TOUT de et avec Claude-Inga Barbey, m.e.s. Doris Ittig. Théâtre Alambic, Hôtel-de-Ville 4, à 19h30, sa à 19h (rés./loc. 027/722.94.22) meyrin THÉÂTRE FORUM MEYRIN à 20h30 sauf mention contraire (loc. 022/989.34.34) u 1.4. : A L’ENVERS, une expérience de magie mentale par Scopène u 8 et 9.4. : SFUMATO, chor. Rachid Ouramdane, L'A u 15 et 16.4. : LE SIGNAL DU PROMENEUR par Raoul Collectif u 29 et 30.4. : LE CROCODILE TROMPEUR - DIDON ET ÉNÉE d'Henry Purcell, mix entre théâtre et musique, m.e.s. Samuel Achache & Jeanne Candel e n mézières THÉÂTRE DU JORAT à 20h, dim à 17h, sauf mention contraire (rés. : www.theatredujorat.ch/) u Les 23, 24, 25.4. : LE MALADE IMAGINAIRE de Molière, m.e.s. Jean Liermier. Théâtre de Carouge u 30.4. : SYNTHESIS, création par la Compagnie Lumen monthey THÉÂTRE DU CROCHETAN à 20h (loc. 024/471.62.67) u Du 1er au 3.4. : LIVING-ROOM DANCERS, chor. Nicole Seiler, Danse u 3.4. : J'AVAIS UN BEAU BALLON ROUGE d'Angela Dematté, m.e.s. Michel Didym u 6.4. : LA PASSION SELON SAINT MATHIEU, dir. Stephan MacLeod, Gli Angeli Genève u 11.4. : LA GALERIE DES HALLUCINATIONS d'après des textes du Grand Guignol, m.e.s. Omar Porras u 16.4. : THE TEMPEST REPLICA, chor. Crystal Pite, Kidd Pivot Frankfurt RM, Danse u 30.4. : MISTERIOSO 119 de Koffi Kwahulé, m.e.s. Cédric Dorier morges THÉÂTRE DE BEAUSOBRE à 20h (loc. 024/471.62.67) u 2.4. : LA GALERIE DES HALLUCINATIONS d'après des textes du GrandGuignol, m.e.s. Omar Porras, Teatro Malandro d a u 8.4. : J'AVAIS UN BEAU BALLON ROUGE d'Angela Dematté, m.e.s. Michel Didym u 9.4. : 3 LITS POUR 8 d'Alan Ayckbourn, m.e.s. Jean-Luc Moreau u 29.4. : LA PUCE À L'OREILLE de Feydeau, m.e.s. Julien George neuchâtel THÉÂTRE DU PASSAGE. A 20h, di à 17h (loc. 032/717.79.07) u Du 1er au 5.4. : ANDRÉ de Marie Rémond u 3.4. : MADE IN CHINA de Thierry Debroux, m.e.s. Didier Kerckaert u Du 22 au 27.4. : COMMENT SE DÉBARRASSER D’UN ADO D’APPARTEMENT ? d’après Anne de Rancourt, m.e.s. Jean Chollet u 24 et 25.4. : DOM JUAN de Molière, m.e.s. Gilles Bouillon THÉÂTRE DU POMMIER (tél. 032/725.05.05) u Du 2 au 4.4. : LE MENTALISTE de et m.e.s. Gabriel Tornay. Horaire : meje 20h, ve 20h30 u Du 22 au 27.4. : TROIS HOMMES DANS UN BATEAU, SANS OUBLIER LE CHIEN, d’après Jerome K. Jerome, Cie De Facto, avec le groupe de rock neuchâtelois The Rambling Wheels. Horaire : ma-me-je 20h, ve-sa 20h30, di 17h nyon USINE À GAZ sauf mention contraire (loc. 022/361.44.04) u Du 3 au 5.4. : 120 SECONDES PRÉSEN- 93 m é m e : LA SUISSE de et avec Vincent Kucholl et Vincent Veillon, spectacle n t o TE En tournée J’avais un beau ballon rouge onex Voir Richard Bohringer pour la première fois sur scène avec sa fille Romane représente un événement en soi. Pour Michel Didym, qui adapte une pièce inédite en français, ce choix s’est imposé comme une évidence. Une distribution idéale qui transcende la vérité historique de «Avevo un bel pallone rosso» de la dramaturge italienne Angela Dematté, qui présente la trajectoire fulgurante de la vie de Margherita Cagol, alias Mara, membre des Brigades Rouges. Sous l’angle de l’intime et de la relation Père-Fille, cette pièce traite des points de contact entre histoire familiale et «grande Histoire». SPECTACLES ONÉSIENS, salle communale à 20h30 (loc. 022/879.59.99 ou SCM 022/319.61.11) u 6 et 9.4. : Récrés-spectacle. LE PETIT BONHOMME CARRÉ, Théâtre sans paroles, dès 4 ans u 11.4. : BASSEKOU KOUYATÉ & NGONI BA, Musique du monde plan/ouates ESPACE VÉLODROME, sauf avis contraire (loc. 022/888.64.60) u 4 et 5.4. La Julienne : HARIETTE ET CHAHUT par Entre 2 Caisses et Monique Brun, Concert u 12 et 13.4. La Julienne : YONN par Philippe Campiche, Théâtre «J’avais un beau ballon rouge» Le dialogue entre le père et la fille fait écho à deux visions du monde qui s’entrechoquent. Dans le double espace d’une cuisine et d’une chambre, on assiste à la transformation d’une relation filiale qui plie sous le poids de la radicalisation idéologique, jusqu’à la rupture. pully 94 L’OCTOGONE, à 20h30 sauf mention contraire (loc. 021/721.36.20) u 1.4. Pour l'Art et le Lutrin : CYCLE 2 – QUATUOR SINE NOMINE (Haydn, Bartok, Beethoven) u 4.4. : MAY B, chor. Maguy Marin u 9.4. : LA CONVERSATION de Jean d'Ormesson, m.e.s. Jean Laurent Silvi, Théâtre u 10.4. hors saison : Amdathtra musiques du monde – ESPAGNE, Flamenco sierre LES HALLES à 19h30 (rés./loc. 027/722.94.22) u Du 2 au 4.4. : RHIZIKON, conception / interprétation : Chloé Moglia / OPUS CORPUS, de et par: Chloé Moglia. Horaires : Rhizikon, 2 avril à 19h30 // 3 avril à 19h30 (Opus Corpus) // 4 avril à 19h30 (Opus Corpus) u Du 9 au 19.4. : ON A PROMIS DE NE PAS VOUS TOUCHER, conception Aurélien Patouillard sion THÉÂTRE DE VALÈRE à 20h15, sauf mention contraire (loc. 027/323.45.61) u 3.4. : GODOT EST ARRIVÉ de Patrick Ruggirello, m.e.s. Charles Ribard u 8.4. : LA CONVERSATION de Jean d'Ormesson, m.e.s. Jean-Laurent Silvi u 16.4. Théâtre du Crochetan : THE TEMPEST REPLICA par Kidd Pivot, chor. Chrystal Pite . mardi 1er avril au Théâtre de Vevey . jeudi 3 avril au Théâtre du Crochetan, Monthey . mardi 8 avril au Théâtre de Beausobre, Morges thonon-évian MAISON DES ARTS, ESPACE MAURICE NOVARINA à 20h30, sauf mention contraire (loc. 04.50.71.39.47 ou en ligne : billetterie.mal-thonon.org) u 1.4. / Espace Tully à 20h : RITES de et chor. Denis Plassard, Compagnie Propos u Du 3 au 5.4. / Théâtre du Casino, Evian : LE VAILLANT SOLDAT DE PLOMB d'après Andersen, m.e.s. Tristan Vogt. Horaire : jeu 3 à 9h30 et 14h30 / ven 4 à 14h30 / sam à 10h u 8 et 9.4. / Théâtre du Casino, Evian : GRETEL ET HANSEL de Suzanne Lebeau, m.e.s. Gervais Gaudreault. Horaire : mar 8 à 9h30 et 14h30 / mer 9 à 10h u 11.4. / Théâtre du Casino à 20h, Evian : LA CONVERSATION de Jean d'Ormesson, m.e.s. Jean-Laurent Silvi u 12.4. / Grange au Lac, Evian : SYLVAIN LUC ET STEFANO DI BATISTA QUARTET, Jazz u Du 16 au 18.4. / Port de Rives à 20h, ven à 20h30 : AMORTALE de et m.e.s. Danny Ronaldo, Cirque u 24 et 25.4. / Théâtre du Casino à 20h, Evian : NOUS AUTRES d'Eugène Zamiatine, m.e.s. Patrick Ponce et Dominique Sicilia u 26 et 27.4. / Port de Rives : MOULIN CABOT par la Compagnie 2 rien merci, Cirque. Horaire : sam 26 à 10h et 19h / dim 27 à 15h et 18h a g u Du 28 au 30.4. / Espace des Ursules : C'EST PAS PAREIL de et m.e.s. Ester Bichucher et Denis Fayollat. Horaire : lun 28 à 15h / mar 29 à 9h30 et 15h / mer 30 à 10h vevey THÉÂTRE. À 19h30, dim à 17h sauf mention contraire (rés. 021/925.94.94 ou L@billetterie) u 1.4. : J'AVAIS UN BEAU BALLON ROUGE d'Angela Dematté, m.e.s. Michel Didym, dès 14 ans u 5.4. : Midi, Théâtre! / PUPPET TRAP par la Compagnie Dahlia Production u 11.4. : INVISIBLES de et m.e.s. Nasser Djemaï, dès 14 ans u 12.4. : Arts & Lettres. MIRA GLODEANU, violon baroque, RAQUEL ANDUEZA, soprano. ENSEMBLE AUSONIA (Biber, Sonates du Rosaire Mystères douloureux de la Passion) u 29.4. : Arts & Lettres. HINDEMITH STRING TRIO (Schubert - Hindemith Mozart) villars s/glâne ESPACE NUITHONIE, Salle Mummenschanz à 20h (loc. Fribourg Tourisme 026/350.11.00 / [email protected]) Nuithonie: 026 407 51 51 u 4.4. : LOU par la Compagnie Ovale, m.e.s. Lorenzo Malaguerra, musique e n u 5 et 6.4. : PRIMO TEMPO par La compagnie du Porte-Voix yverdon THÉÂTRE BENNO BESSON sauf mention contraire (loc. 024/423.65.84) u 2.4. : LES LARMES DES HOMMES de Mia Couto, m.e.s. Patrick Mohr u 4.4. : JE SUIS VIEUX (PAS BEAUCOUP MAIS DÉJÀ) par Frédéric Recrosio, m.e.s. Jean-Luc Barbezat u 8.4. : INVISIBLES de et m.e.s. Nasser Djemaï u 26.4. Temple : LE MESSIE de Haendel par le Chœur Novantica de Sion, dir. Bernard Héritier, Brigitte Fournier, soprano, Valérie Bonnard, mezzo-soprano (NN) THÉÂTRE DE L’ECHANDOLE (loc. 024/423.65.84 ou 024/423.65.89 une heure avant le spectacle) u 4.4. : KLEZMIC ZIRKUS, musique u 9 et 10.4. : LE POIDS DU PAPILLON par la Compagnie Mezza-Luna, m.e.s. Hassane Kassi Kouyaté u 23 et 24.4. : OCCUPÉ-BESETZT de Catherine Favre et Yasmine Saegesser, m.e.s. Catherine Favre u 25.4. : JEREM ET EDMÉE FLEURY, chanson u 26 et 27.4. : H2OMMES, théâtre d'objet et ciné concert d a Swan Lake ® John Hogg Danse Théâtre Danse Sfumato Le Crocodile trompeur Didon et Énée Swan Lake Rachid Ouramdane – L’A 8 et 9 avr. à 20h30 Théâtre Le Signal du promeneur Henry Purcell Samuel Achache & Jeanne Candel 29 et 30 avr. à 20h30 Raoul Collectif 15 et 16 avr. à 20h30 forum-meyrin.ch / Théâtre Forum Meyrin, Place des Cinq-Continents 1, 1217 Meyrin Billetterie + 41 22 989 34 34 du lu au ve de 14h à 18h Service culturel Migros Genève / Stand Info Balexert / Migros Nyon-La Combe Le Lac des cygnes Dada Masilo 7 et 8 mai à 20h30