Toitures et façades vertes : la nature au service de la construction
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Toitures et façades vertes : la nature au service de la construction
Construction durable Toitures et façades vertes : la nature au service de la construction L’existence de végétaux sur nos toitures et nos façades est un procédé qui n’est pas neuf dans notre secteur. Connue depuis bien longtemps, la présence de végétaux sur les constructions, comme le lierre et d’autres plantes, fait un retour en force ces dernières années. L’avenir s’annonce vert pour nos bâtiments. D e plus en plus de bâtiments à travers toute l’Europe se retrouvent affublés d’un manteau vert, sur les toits comme sur les façades. L’aménagement de végétaux sur les surfaces de nos toits et nos murs se fait plus nombreux depuis une dizaine d’années suite à la volonté politique d’insérer un plus grand nombre d’espaces verts en zone urbaine. En France, par exemple, la superficie de toitures vertes était de 65.000 m² en 2002. En 2012, l’espace occupé par les plantes sur les toits français se chiffrait à plus ou moins 1.000.000 m², tandis que sur la même période, les façades vertes augmentaient de 10.000 m² par an. L’Allemagne suit également le mouvement, puisque plus ou moins 10 % des nouvelles toitures sont des toitures vertes. Chez nous, à Bruxelles par exemple, un règlement régional de l’urbanisme prévoit que toutes toitures planes de plus de 100 m² doivent se transformer en toiture verte. TYPES DE FAÇADES ET DE TOITURES Chaque construction étant différente, il est nécessaire pour nos entreprises de pouvoir FAÇADE VERTE – Le nombre de bâtiments recouverts de végétaux augmente sans cesse. 36 construction - juin 2015 répondre aux diverses demandes. C’est pour ça que l’on distingue différents types de façades végétalisées. Premièrement, il existe ce que l’on appelle les façades vertes directes et indirectes. Il s’agit, selon la définition du CSTC, de l’utilisation de plantes grimpantes attachées directement sur la surface du bâtiment ou indirectement et supportés par des câbles ou treillis. Les plantes prennent généralement racines dans le sol à la base du bâtiment. On discernera des façades végétales, ce qu’on appelle «Living Wall Systems» (en français: mur végétal). Ce système est composé de Ecoworks est une entreprise active dans le domaine des toitures et façades vertes. Représentée par son Directeur, John Kinnen, et son architecte paysagiste, Yannick Lepage, la société brabançonne était présente lors d’un séminaire organisé le 5 mai dernier par la Cellule Energie-Environnement de la CCB-C. Après presque dix ans d’existence, l’entreprise basée à Vilvorde a pu faire part de son expertise et de ses expériences dans l’aménagement de toitures et façades vertes. «Nous voulons construire une ville plus verte. En 2006, lorsque nous avons créé Ecoworks, nous avions vu qu’il y avait un grand potentiel d’évolution et d’innovation dans ces différents domaines. Au fur et à mesure de notre développement, nous avons acquis l’expérience nécessaire pour fournir un travail de qualité. Comme le prouve le dernier projet sur lequel nous travaillons, c’est surtout le plus important depuis la création de l’entreprise. Il s’agit du jardin vertical qui se situe rue de la Loi pour les institutions européennes», explique John Kinnen. du soleil et les variations de température, ces deux facteurs accélèrent le vieillissement de l’étanchéité. Du point de vue de l’isolation thermique, les effets ne sont pas non plus négligeables. Alors qu’une toiture «normale» peut rapidement monter jusqu’à 70°C, une toiture verte pourra limiter la chaleur jusqu’à 25°C en fonction de ses caractéristiques. Les végétaux préserveront également mieux la toiture contre les effets de la grêle et des pluies acides. On considère, que grâce à l’effet tampon de la végétation, la durée de vie de l’étanchéité d’une toiture verte sera double. VOS INTÉRÊTS ECOWORKS Plus d’infos : www.ecoworks.be Plus d’infos : www.confederationconstruction.be/bruxellescapitale À Bruxelles il est prévu que toutes toitures planes de plus de 100 m² doivent se transformer en toiture verte. AVANTAGES ET INCONVÉNIENTS De tels aménagements ne vont bien entendu pas rester sans conséquence sur le bâti. Notamment au niveau de l’étanchéité du bâtiment. Une toiture verte assurera une meilleure protection de la membrane d’étanchéité contre les rayons Malgré tous les effets positifs que nous avons mis en évidence, on remarquera deux conséquences néfastes, une concernant la construction et l’autre touchant l’environnement. Les racines des plantes présentes sur toitures vertes, principalement intensives, peuvent provoquer des dégâts au niveau de la membrane d’étanchéité, alors que l’eau absorbée sera plus difficilement réutilisable puisqu’elle se chargera en organismes et deviendra donc plus acide. n INFO [email protected] construction - juin 2015 37 PROJETS & ENTREPRISES Du côté des toits, on dissociera les toitures vertes extensives des toitures vertes intensives. Ce sont deux approches bien différentes. La première est composée de plantes permettant un enracinement réduit que l’on pourra, par exemple, comparer à la végétation d’une prairie rocailleuse ou sèche. La végétation se limite à des plantes grasses et des herbes résistantes à la sécheresse ou la recherchant. Vu le faible poids des végétaux utilisés et leur faible enracinement, il n’est pas impératif d’avoir recours à une structure sous-jacente. Il est donc possible, moyennant quelques adaptations minimes, de mettre en place une toiture extensive sur les bâtiments déjà existants. Il est cependant conseillé de faire vérifier la qualité et la stabilité de la structure de la toiture par un spécialiste (bureau d’études, architecte, ingénieur,…). La deuxième consiste en un véritable jardin sur toit. La toiture verte intensive est composée de plantes fleurissantes ou d’herbes, de buissons et parfois même d’arbres. Contrairement aux toitures vertes extensives, l’enracinement y est bien plus profond. Ce qui nécessite une structure portante adaptée et souvent coûteuse. La réalisation d’un tel type de toiture ne peut se faire que sur un projet de nouvelle construction ou de rénovation lourde. L’entretien est également conséquent, puisqu’il exige autant de soin qu’un jardin traditionnel. SECTEUR & MÉTIERS panneaux pré-végétalisés, de modules, des bacs ou sacs végétalisés, qui sont fixés sur un mur porteur ou sur un frame indépendant (cf. CSTC). En plus de rassembler une série d’avantages sur les aspects techniques et constructifs, les toitures et les façades vertes apportent également des bienfaits du point de vue environnemental. L’eau présente en milieu urbain a de plus en plus de mal à être évacuée du fait de l’aménagement de surfaces imperméables. L’eau ne pouvant s’enfoncer dans le sous-sol doit alors se déverser dans les égouts. En trop grande quantité, elle peut alors provoquer des inondations locales. Pour répondre à ce phénomène, les toits et les murs ornés de végétaux peuvent donner une réponse adéquate. En fonction du type de toits ou de façades, elles peuvent garder entre 50 % à 80 % de l’eau lors d’une averse intense. L’air est aussi une problématique au centre des préoccupations, principalement dans les villes où la pollution atmosphérique peut empoisonner la vie de certains. Un assainissement sera garanti par les plantes capables de capter des particules fines, des métaux lourds ou encore des gaz nocifs. On notera encore la possibilité qu’ont les végétaux d’améliorer la biodiversité et nos lieux de vie. DOSSIER Si la construction durable vous intéresse, la CCB-C Cellule Energie-Environnement vous donne rendez-vous chaque mois pour un séminaire autour d’une thématique particulière.