Title: A Sainte-Maxime, on refait le Watergate - Berylinfo

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Title: A Sainte-Maxime, on refait le Watergate
Author: Gérald Andrieu
Date: 3/11/2008 7:00:00
URL: http://berylinfo.free.fr/modules/planet/view.article.php?16066
Un clochemerle version high-tech, un Watergate provençal, c’est ce que vit actuellement la petite
commune varoise de Sainte-Maxime : on a découvert un micro dissimulé dans le bureau du maire.
De quoi polluer durablement le climat politique local...
«Sainte-Maxime, terre d'élégance». C'est en tout cas ce que promet le site internet de l'office de
tourisme de cette petite commune du Var d'un peu plus de 13 000 habitants. Depuis quelque temps,
«l'élégance» semble pourtant avoir déserté la sphère politique locale : courant octobre, un
micro-espion couplé à une caméra a été découvert dans le faux plafond du bureau du nouveau
maire élu sous l'étiquette DVD, Vincent Morisse.
Huggy-les-bons-tuyaus
Pour faire une telle découverte, encore fallait-il penser que les murs de l'hôtel de ville pouvaient
avoir des oreilles. Ce qui a alerté Vincent Morisse? Le fait que des «informations très confidentielles»
se soient retrouvées dans les tracts et les mails d'un prolifique corbeau baptisé du nom de l'indic de
Starsky et Hutch, Huggy-les-bons-tuyaux! Cet oiseau de malheur qui a fait son apparition au mois
d'août n'aime pas seulement les séries télé, il apprécie aussi le cinéma et donne à chacune de ses
missives le titre d'un film : Les Liaisons dangereuses, Prends l'oseille et tire-toi, Ridicule…
Rapidement, le maire de Sainte-Maxime décide de s'adresser à un ancien de la DST pour
inspecter les lieux. Mais le coût exorbitant de l'opération (aux environs de 7 000 euros) le refroidit.
Finalement, c'est un proche passionné de nouvelles technologies qui vient passer au crible les
locaux avec un scanner. Une fréquence suspecte est détectée et le dispositif d'espionnage est
finalement mis à jour.
Directeur de cabinet et maître corbeau
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Reste le fameux corbeau. Une plainte contre X déposée en gendarmerie a depuis permis de
l'identifier. Il s'agit d'Eric Giorsetti. Il était directeur de cabinet de Bernard Rolland, conseiller général
UMP et ancien maire de la commune, battu à plate couture dès le premier tour des municipales.
Mais si Eric Giorsetti reconnaît volontiers être l'auteur de ce qu'il appelle des «pamphlets», il réfute
être à l'origine des écoutes et ne voit dans cette affaire qu'un «amalgame». Alors, si ce n'est pas
grâce à un micro, comment parvenait-il à avoir tant de «bons tuyaux»? «Pendant quinze ans, j'ai été
directeur de cabinet. Des contacts, des informations, j'en ai!» Et l'homme «assume» totalement ses
écrits, à tel point qu'il continue encore aujourd'hui à publier des messages via un blog. Il faut dire
qu'Eric Giorsetti affectionne, lui aussi, les nouvelles technologies. Lors de la campagne municipale, il
n'avait pas hésité à s'approprier le nom de domaine du site de Vincent Morisse (
Avecvincentmorisse.com)!
Mais qu'est-ce qui peut bien pousser l'ancien directeur de cabinet à écrire de tels billets au
vitriol? Aurait-il «la défaite amère» comme le laissent entendre certains observateurs de la vie
politique locale? «Evidemment que ça fait mal de perdre, on a toujours un sentiment d'injustice»,
confie-t-il avant d'expliquer que «si derrière cette défaite, il y avait eu (de la part de la nouvelle
municipalité, ndlr) un respect du travail accompli, (il n'aurait) rien fait.»
Les Experts à Rosny-sous-Bois
Mais si Huggy-les-bons-tuyaux a bien été identifié, l'homme-au-mauvais-micro, lui, n'a toujours
pas de visage. C'est aux enquêteurs de la gendarmerie nationale de lui en donner un. Le dispositif
d'espionnage est aujourd'hui entre les mains des experts de l'Institut de recherche criminelle de
Rosny-sous-Bois (IRCGN). Pour le lieutenant Philippe Haquin qui commande la brigade de
Sainte-Maxime, «la première question à laquelle ils vont devoir répondre, c'est de savoir si le
matériel fonctionnait». Pour l'instant, bien qu'il fut muni d'une pile, personne ne sait en effet si le
dispositif d'écoute était en état de marche. En revanche, la caméra, gênée par le spot derrière lequel
elle était dissimulée, n'a pu enregistrer aucune image. De son côté, Eric Giorsetti aimerait que les
enquêteurs parviennent à répondre à deux autres questions : «la portée et la durée de vie du micro»,
deux éléments qui, selon lui, pourraient permettre de le disculper. Quoi qu'il en soit, il sera bien
difficile de déterminer la provenance du système d'espionnage. La traçabilité de ce genre de matériel
achetable sur le Net est une tâche compliquée. Il reste cependant un espoir de tirer cette histoire au
clair : une date de fabrication et un numéro de série ont été découverts…
En attendant les conclusions de l'expertise, le maire de la commune s'est tourné vers le
ministère de l'Intérieur, espérant pouvoir «bénéficier d'une équipe de la DST» pour inspecter de fond
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en comble les locaux municipaux. Adieu donc «Sainte-Maxime, terre d'élégance». Bonjour à
«Sainte-Maxime, terre sous surveillance»...
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