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Molière (1622-1673). Oeuvres complètes de Jean-Baptiste Poquelin de Molière [avec la Vie de Molière, par Voltaire]. Nouvelle édition. (1874.). 1/ Les contenus accessibles sur le site Gallica sont pour la plupart des reproductions numériques d'oeuvres tombées dans le domaine public provenant des collections de la BnF.Leur réutilisation s'inscrit dans le cadre de la loi n°78-753 du 17 juillet 1978 : *La réutilisation non commerciale de ces contenus est libre et gratuite dans le respect de la législation en vigueur et notamment du maintien de la mention de source. *La réutilisation commerciale de ces contenus est payante et fait l'objet d'une licence. Est entendue par réutilisation commerciale la revente de contenus sous forme de produits élaborés ou de fourniture de service. 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O ciel ! ô disgrâce imprévue ! ô misérable père ! Pauvre Géronte, que feras-tu ? à part. GERONTE, Que dit-il là de moi, avec ce visageaffligé? SCAPIN. personne qui puisse me dire où est le N'y a-t-il Géronte? gneur GERONTE. Qu'y a-t-il, Scapin ? courant sur le théâtre, sans vouloir entendre ni SCAPIN, voir Géronte. Où pourrai-je le rencontrer pour lui dire cette infortune? courant après Scapin. GERONTE, Qu'est-ce que c'est donc? SCAPIN. En vain je cours de tous côtés pour le pouvoir trouver. GERONTE. Me voici. SCAPIN. Il faut qu'il soit caché dans quelque endroit qu'on ne puisse point deviner. arrêtant Scapin. GERONTE, Holà. Es-tu aveugle, que tu ne me vois pas ? SCAPIN. Ah ! monsieur, il n'y a pas moyen de vous rencontrer. GÉRONTE. Il y a une heure que je suis devant toi. Qu'est-ce que c'est donc qu'il y a ? SCAPIN. Monsieur... GÉRONTE. Quoi ? SCAPIN. Monsieurvotre fils... GÉRONTE. Hé bien ? monfils... SCAPIN. Est tombé dans une disgrace la plus étrange du monde. GÉRONTE. Et quelle ? SCAPIN. Je l'ai trouvé tantôt tout triste de je ne sais quoi que vous lui avez dit, où vous m'avez mêlé assezmal à propos; et cherchant à dissiper cette nous nous sommesalles promener sur le tristesse, entre port. Là, autres plusieurs choses, nous avons arrêté nos yeux sur une galère turque assez bien Un équipee. jeune Turc de bonne mine nous a invités d'y entrer, et présenté la main. Nous avons y passé, il nous anous faita mille civilités, nous a donné la collation, où nous avons mangé des fruits les plus excellents qui voir puissent bon vin que nous avons trouse le meilleur duet budu vé monde. GÉRONTE. a-t-il de si affligeantà tout cela? Qu'y SCAPIN. Attendez, monsieur, nous voici. que nous mangions, il a fait mettrey la galèrePendant en et mer; se voyant éloigné du port, il m'a fait mettre dans un esquif, et m'envoie vous dire que, si vous ne lui envoyez par moi tout à l'heure cinq cents écus, il va vous emmener votre fils en Alger. GERONTE. Comment diantre ! cinq cents écus ! SCAPIN. Oui, monsieur , et, de plus, il ne m'adonne pour cela que deux heures. GERONTE. Ah ! le pendard de Turc ! m'assassiner de la façon, SCAPIN. C'est à vous, monsieur, d'aviser promptement aux moyens de sauver des fers un fils que vous aimez avec tant de tendresse. GÉRONTE. diable allait-il faire dans celte gaière? Que SCAPIN. Il ne songeait pas à ce qui est arrivé. GERONTE. va-t'en vite dire à ce Turc que Va-t'en, Scapin, je vais envoyer la justice après lui. SCAPIN. La justice en pleine mer ! vous vous moquez des gens. GÉRONTE. Que diable allait-il faire dans celte galère ? SCAPIN. Une méchante destinée conduit quelquefois les personnes. GÉRONTE. Il faut, Scapin, il faut que tu fassesici l'action d'un serviteur fidèle. SCAPIN. Quoi, monsieur? GÉRONTE. Que tu ailles dire à ce Turc qu'il me renvoie mon fils, et que tu le mettes à sa place, jusqu'à ce que j'aie amassé la somme qu'il me demande. SCAPIN. Hé ! monsieur, songez-vousà ce que vous dites ? et vous figurez-vous que ce Turc ait si peu de sens, que d'aller recevoir un misérable comme moi à la place de votre fils? GÉRONTE. Que diable allait-il faire dans cette galère? SCAPIN. Il ne devinait pas ce malheur. Songez, mon sieur, qu'il ne m'a donné que deux heures. GÉRONTE. Tu dis qu'il demande... SCAPIN. Cinq cents écus. GÉRONTEE. cents écus! N'a-t-il point de conscience? Cinq SCAPIN. Vraiment oui, de la conscienceà un Turc! GÉRONTE. ce Sait-il bien que c'est que cinq cents écus? SCAPIN. il sait Oui, monsieur, que c'est mille cinq cents livres. GERONTE. le Croit-il, traître, que mille cents livres se trouvent dans le pas d'un cheval ?cinq SCAPIN. Ce sont des gens qui n'entendent point raison : GÉRONTE. Mais que diable allait-il faire dans cette galère? SCAPIN. II est vrai; mais quoi ! on ne prévoyait pas le» choses. De grâce, monsieur, dépêchez. GÉRONTE. Tiens, voilà la clef de mon armoire. SCAPIN. Bon. GERONTE. Tu l'ouvriras. SCAPIN. Fort bien. GÉRONTE. Tu trouveras une grosse clef du côté gauche, qui est celle de mon grenier. SCAPIN. Oui. GÉRONTE. Tu iras prendre toutes les bardes qui sont dans cette grande manne, et tu les vendras aux fripiers, pour aller racheter mon fils. SCAPIN , en lui rendant la clef. Eh ! monsieur, rêvez-vous ? Je n'aurais pas cent francs de tout ce que vous dites; et, de plus, von» savezle peu de temps qu'on m'a donné. 385 — GERONTE. allait-il faire dans cette galère ? Maisque diable SCAPIN. Oh! que de paroles perdues ! Laissez là celte galère, et songezque le temps presse, et que vous courez risque de perdre votre fils. Hélas ! mon pauvre maître, peut-être que je ne te verrai de ma vie, et qu'à l'heure que je parle on t'emmène esclave en Alger! Mais le ciel me sera témoin que j'ai fait pour loi tout ce que j'ai pu, et que, si tu manques à être racheté, il ne faut accuser que le peu d'amitié d'un père. GERONTE. Attends, Scapin, je m'en vais quérir cette somme. SCAPIN. Dépêchez donc vite, monsieur ; je tremble que l'heure ne sonne. GERONTE. N'est-ce pas quatre cents écus que tu dis? SCAPIN. Non, cinq cents écus ! GERONTE. Cinq cents écus! SCAPIN. Oui. GERONTE. Que diable allait-il faire dans cette galère? SCAPIN. Vousavez raison : mais hâtez-vous. GERONTE. avait-il d'autre M'y point promenade? SCAPIN. Cela est vrai : mais faites promptement. GERONTE. Ah' maudite galère! à part. SCAPIN, Cette galère lui tient au coeur. GERONTE. Tiens, Scapin, je ne me souvenaispas que je viens justementde recevoir cette somme en or; et je ne croyais pas qu'elle dût m'être si tôt ravie, [tirant sa, bourse de sa poche, et la présentant à Scapin) Tiens va-t'en racheter mon fils. tendantla main. SCAPIN, Oui, monsieur. retenant sa boursequ'il fait semblantde vouCÉRONTE, loir donnerà Scapin. Mais dis à ce Turc que c'est un scélérat. tendantencorela main. SCAPIN, Oui. GERONTE, recommençantla mêmeaction. Un infâme. tendant toujoursla main. SCAPIN, Oui. de même. GERONTE, Un homme sans foi, un voleur. SCAPIN. Laissez-moifaire. de même. GERONTE, Qu'il me tire cinq cents écus contre toute sorte de droit. SCAPIN. Oui. de même. GERONTE, Queje ne les lui donne ni à la mort, ni à la vie. SCAPIN. Fort bien. de même. GERONTE, Et que, si jamais je l'attrape, je saurai me venger de lui. SCAPIN. Oui. , remettant sa bourse dans sa pocheet s'en CIRONTE, allant. Va, va vite requérir mon fils. SCAPIN , courant aprit Gèrontz. Holà, monsieur. GERONTE. Quoi? SCAPIN; Où est donc cet argent? GÉRONTE. Ne te l'ai-je pas donné? SCAPIN. vousl'avez remis dans votre poche. Non, vraiment, GÉRONTE. Ah ! c'est la douleur qui me trouble l'esprit. SCAPIN. Je le vois bien. GÉRONTE. dans cette galère? Ah! Que diable allait-il faireTurc! à tous les diables. maudite galère ! traître de seul. SCAPIN, Il ne peut digérer les cinq cents écus que je lui arrache; mais il n'est pas quitte envers moi ; et je veux qu'il me paie en une autre monnaie l'imposture qu'il m'a faite auprès de son fils. SCENE XII. OCTAVE, LÉANDRE, SCAPIN. OCTAVE. Hé bien! Scapin, as-tu réussi pour moi dans ton entreprise? LÉANDRE. As-tu fait quelque chose pour tirer mon amour de la peine où il est? à Octave. SCAPIN, Voilàdeuxcents pistoles que j'ai tirées de votre père OCTAVE. Ah! que tu me donnes de joie! SCAPIN, à Léandre. Pour vous, je n'ai pu faire rien. LÉANDRE , voulants'en aller. Il faut donc que j'aille mourir ; et je n'ai que faire de vivre, si Zerbinette m'est ôtée. SCAPIN. Holà!holà ! tout doucement. Comme diantre vous liiez vite) LÉANDRE , se retournant. Que veux-tu que je devienne? SCAPIN. Allez, j'ai votre affaireici. LÈANDRE. Ah ! tu me redonnesla vie. SCAPIN. Mais à condition que vous me permettrez, à moi, une petite vengeance contre votre père, pour le tous qu'il m'a fait. LÉANDRE. Tout ce que tu voudras. SCAPIN. Vous me le promettez devant témoin? LÉANDRE. Oui. SCAPIN. Tenez, voilà cinq cents écus. LÉANDRE. Allons-enpromptement acheter celle que j'adore. ACTE. FIN DUSECOND 25