Les figures de style - Site de Michel Balmont

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Les figures de style - Site de Michel Balmont
L E S F IG URE S DE ST Y LE
On nomme figure de style (ou de rhétorique), tous les traits par lesquels le langage s’éloigne de la simple fonction d’information. Elles jouent un rôle important dans l’écriture littéraire.
1) LES ANALOGIES (figures fondées sur la RESSEMBLANCE)
La comparaison rapproche deux éléments qui se ressemblent sur un point.
Ex : Et ma jeunesse est morte ainsi que le printemps (Apollinaire)
en exprimant clairemement :
— le comparé (ma jeunesse)
— le comparant (le printemps)
— l’élément commun (morte)
— la liaison syntaxique (ainsi que)
La métaphore est une analogie dans laquelle ne sont pas exprimés un ou plusieurs des quatre termes
qui sont explicites dans la comparaison.
Ex : Soleil cou coupé (Apollinaire) → comparé-comparant
Dans sa forme la plus ramassée, il ne reste que le comparant :
Ex : Mettez un tigre dans votre moteur (publicité: comparé = essence; élément commun
= puissance) Le mot désignant le comparé est alors remplacé par celui du comparant.
De toute façon, la liaison syntaxique est toujours absente
La personnification est une métaphore qui représente un animal ou un objet inanimé comme s’il
s’agissait d’un être humain.
Ex : L’alambic gardait une mine sombre. (Zola)
L’allégorie est une personnification dans laquelle une réalité abstraite est représentée comme un être
humain.
Ex : La Déroute, géante à la face effarée,
La Déroute apparut au soldat qui s’émeut,
Et, se tordant les bras, cria : Sauve qui peut! (Victor Hugo)
2) LA MÉTONYMIE ET LA SYNECDOQUE (figures logiques)
La métonymie substitue à un terme un élément qui lui est lié par un rapport de CONTACT. On peut
ainsi remplacer :
— le contenu par le contenant
Ex : Boire un verre (= le contenu d’un verre)
— la cause par l’effet, ou l’inverse
Ex : Boire la mort (= boire un poison)
— la chose par le lieu
Ex : Le Pentagone (= le Ministère de la Défense des U.S.A.)
— l’œuvre par son auteur
Ex : Un Balzac (= un roman de Balzac)
— etc.
La synecdoque substitue à un terme un élément qui lui est lié par un rapport d’INCLUSION. On peut
ainsi remplacer :
— la partie par le tout, ou l’inverse
Ex : Une voile (= un bateau)
— le nom de l’objet par celui de la matière dont il est constitué
Ex : Croiser le fer (= des épées qui sont en fer)
— etc.
3) RÉPÉTITION ET SUCCESSION
L’accumulation est le fait de mettre ensemble des mots ou des exptressions placés sur le même plan.
Ex : Adieu veaux vaches, cochons, couvées. (La Fontaine)
L’anaphore est l’emploi répété d’un même mot (ou groupe) en tête d’une partie du texte (vers, phrase).
Ex : Rome, l’unique objet de mon ressentiment,/Rome à qui ton bras vient d’immoler mon amant,/Rome
qui t’a vu naître et que ton cœur adore!/Rome enfin que je hais parce qu’elle t’honore! (Corneille)
L’énumération consiste à énoncer une à une les parties d’un tout.
Ex : Il prit le train, un bateau, une voiture et de nouveau le train.
La gradation est une énumération ordonnée de manière à ce que chaque terme soit plus fort (gradation ascendante) ou moins fort (gradation descendante) que le précédent.
Ex : Je l’aime, je le chéris, je l’adore. (gradation ascendante)
La périphrase consiste à remplacer un terme par une expression qui le définit.
Ex : La Capitale de la France (= Paris)
Le pléonasme consiste à répéter une idée dans des termes différents dans la même expression.
Ex : Monter en haut.
La redondance est un redoublement expressif de l’idée.
Ex : Je le dis bien haut, je l’affirme et je le proclame.
La répétition consiste en la reprise d’un même terme de manière rapprochée.
4) OPPOSITION
L’antiphrase consiste à dire le contraire de ce que l’on pense et que l’on veut faire penser. C’est une forme très
souvent employée dans un but ironique.
Ex : Le courageux général gagna la bataille sous son lit de camp.
L’antithèse rapproche des termes désignant des réalités opposées.
Ex : Lui regarde en avant, je regarde en arrière. (Victor Hugo)
L’oxymore est un cas particulier d’antithèse: les réalités opposées sont étroitement liées par la syntaxe.
Ex : Les frontières de l’illimité (Apollinaire)
Le paradoxe est l’affirmation d’une idée qui va à l’encontre de l’opinion générale.
Ex : Les plus grandes vertus peuvent avoir des conséquences funestes.
5) RENFORCEMENT ET ATTÉNUATION
L’euphémisme atténue une idée désagréable.
Ex : Il nous a quittés (= il est mort)
L’hyperbole met en relief une idée en la présentant de manière exagérée.
Ex : Je suis mort de faim (= j’ai très faim)
La litote dit moins pour faire comprendre plus, souvent au moyen d’une double négation. Il s’agit de faire
comprendre que le contraire de ce qu’on veut dire n’est pas vrai.
Ex : Je ne suis pas mécontent (= je suis très content)
La prétérition consiste à faire semblant de ne pas dire quelque chose que l’on exprime en fait.
Ex : Il est inutile que je vous parle de la grandeur d’âme de monsieur Dupont, de sa générosité et de son
dévouement sans faille. Laissez-moi seulement vous rappeler…
6) SYNTAXE
Le chiasme (du grec chiasma qui signifie « croisement ») effectue un croisement de termes, là où un
parallélisme serait attendu.
Ex : Univers nouveau, ô nouvelle solitude (G. Lapointe)
L’ellipse est la suppression de mots grammaticalement nécessaires.
Ex : Je ne leur fais pas confiance. Trop impulsifs. Faut s’en méfier. (Henri Michaux)
L’inversion consiste à placer des éléments de phrase dans l’ordre inverse de celui auquel on s’attendrait.
Ex : À sa table accoudé, du vin il se versait. (double inversion)
Le parallélisme consiste à faire se succéder des groupes de mots construits sur le même modèle syntaxique.
Ex : Il attendait la guerre/ Elle attendait mon père (Jacques Brel) [On observe ici une répétition, mais ce
n’est pas du tout obligtoire.]
Le zeugme (d’un mot grec qui signifie “attelage”) consiste à réunir à l’intérieur de la même construction deux termes qui, normalement, ne devraient pas être mis sur le même plan.
Ex : Il fut blessé à Verdun, à la fesse droite et à l’improviste.