Ulb BA1 2015 Enonce EXE 4 Hors champ

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Ulb BA1 2015 Enonce EXE 4 Hors champ
les ailes du désir
HORS-CHAMP (CINEMA) ET SPATIALITE : FONDAMENTAL ELEMENTS IN ARCHITECTURE
CINEMA, SPATIALITE & INSPIRATION
PRÉSENTATION GÉNÉRALE
objectifs pédagogiques :
Exploration d’une spatialité liée à une oeuvre dont le champ culturel est
hors de la discipline de l’architecture (cinéma, musique, peinture,
chorégraphie, sculpture, littérature,...). Cette oeuvre ou partie d’oeuvre
devra contenir au minimum un des éléments fondamentaux de composition
spatiale faisant partie de la narration. L’analyse approfondie de cette
oeuvre visera à saisir par l’intermédiaire d’une interprétation argumentée
l’intention de l’auteur, sa coloration et ses dimensions spatiale et
émotionnelle. C’est là le point de départ d’un travail de recherche,
d’expression et de composition spatiale.
L’enjeu pédagogique de ce travail est aussi la cohérence, de l’élément
d’inspiration spatiale extérieur au champ de l’architecture jusqu’à la
matérialisation architecturale d’une spatialité singulière.
Par groupe, les étudiants exploreront une oeuvre de Wim Wenders (Les ailes
du désirs), exploreront son univers à travers une séquence choisie du film.
LES 6 FONDAMENTAUX
La porte, la fenêtre, l’escalier, le toit, le mur et le sol
DÉROULEMENT DE L’EXERCICE
1. Groupe
Les groupes de travail sont ceux formés au sein des différents ateliers en
début de Q1.
2. Le réalisateur, Le film
Un des cinéaste majeur de la modernité cinématographique, Wim Wenders
emmène le spectateur à interroger le rapport du cinéma à la représentation
de l’espace et du monde. En effet, pour Wenders, l’acte de regarder est
décisif : La multiplication des points de vues conduit l’oeil du spectateur
à renouveler sa propre perception du monde et de ses espaces jusque dans
l’expérience du quotidien.
Wenders, est un cinéaste de l’errance, de l’arpentage spatial qui ballade
le spectateur dans l’espace en stimulant l’imaginaire narratif, le désir du
lieu, la redécouverte du paysage et des spatialités de la ville postmoderne à travers la temporalité signifiante de ses personnages.
« Si nous arrivons à améliorer les images du monde, nous pourrions
améliorer le monde. En réalité, l’image est faite par le regard, par la
qualité du regard, sa sincérité, sa tendresse, sa générosité. C’est le
regard qui fait l’image. »
HORS-CHAMP (CINEMA) ET SPATIALITE : FONDAMENTAL ELEMENTS IN ARCHITECTURE
Les ailes du désirs
Durée : 128 minutes.
Noir et Blanc, Couleur.
Pays : Allemagne.
Année : 1987.
Avec : Bruno Ganz, Solveig Dommartin, Otto Sander.
Rapide synopsis :
Des anges s’intéressent au monde des mortels, ils entendent tout et voient
tout, même les secrets les plus intimes. Chose inouïe, l’un d’entre eux
tombe amoureux. Aussitôt, il devient mortel. Un film sur le désir et sur
Berlin, « lieu historique de vérité ».
Après une série de films réalisés aux États-Unis, notamment Paris, Texas
(Palme d’Or à Cannes 1984), Wim Wenders revient dans son pays natal tourner
Les Ailes du désir.
Le titre original, « Der Himmel über Berlin », littéralement « le ciel audessus de Berlin », place Berlin comme l’un des sujets centraux du film,
c’est un film sur cette ville et son histoire . Il pose la question de
l’appartenance. Qu’est-ce être Berlinois, et plus généralement, qu’est-ce
que l’identité allemande ? Les anges recueillent des fragments d’histoire,
conservés dans les mémoires des habitants. Mais l’identité allemande passe
aussi par la langue.
« Als das Kind Kind war… » Le film débute par ce poème de Peter Handke (qui
a également écrit une partie des dialogues, notamment ceux des anges), lui
donnant d’emblée une dimension poétique. Ces mots sont à la fois écrits sur
un carnet et lus en voix off. Wenders rend à la langue allemande sa
dimension poétique et philosophique, elle sera durant tout le film le
véhicule des sentiments et de la réflexion. La poésie apparaît également
par l’image ; Wenders reçoit le Prix de la mise en scène à Cannes 1987 pour
ce film. Les plans sont particulièrement travaillés, les effets de lumière
et de contrastes, orchestrés par le directeur de la photographie Henri
Alekan particulièrement beaux.
Temporalité et intemporalité
La première partie du film oppose l’intemporalité des anges à la
temporalité des adultes. Les anges sont caractérisés par la continuité ;
continuité temporelle, mais aussi de leur connaissance, de leur activité
cognitive, de leur perception et de leur présence. Les hommes en revanche
sont montrés dans la discontinuité de l’espace, du temps et des actes. Le
film montre simultanément la continuité et discontinuité : les plans sont
des fragments de vies humaines, reliés par les mouvements de caméra et la
bande-son, témoignage de la perception continue des anges.
Les mouvements de caméra, lents et doux, très étudiés, souvent en hauteur,
montrent le regard des anges. Plusieurs fois, la scène commence par le
point de vue subjectif d’un ange, avant qu’il n’entre dans le cadre,
transformant le point de vue de l’ange en celui du spectateur. La caméra
agit de la même manière que l’ange, elle est sa conscience et possède tous
ses pouvoirs. Les anges n’ont pas d’action matérielle, ils ne sont que des
témoins ; leur activité consiste à « attester le spirituel, rien que le
spirituel chez les gens » (Damiel). Ils témoignent des instants de grâce,
de beauté dans le quotidien. Leur perception ne se fait qu’à distance, à
travers la vue et l’ouïe. Ils ne disposent pas des autres sens, trop
matériels. Ils ne distinguent pas non plus les couleurs, trop matérielles.
L’espace est pour eux continu, ils ne sont pas affectés par la segmentation
de la ville, incarnée par le Mur de Berlin. De même, leur perception du
temps est continue, ils se souviennent de tous les moments qui précèdent.
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Les hommes en revanche sont montrés dans leur discontinuité, dans leur
isolement. Ils sont pris entre des murs de logements exigus, segmentant
l’espace et le temps. Même lorsqu’ils sont plusieurs dans le même espace,
ils sont isolés les uns des autres par leurs propres pensées. Leur temps
est discontinu, borné par la mort, qui survient brutalement et leurs
actions quotidiennes sont une suite d’éléments ponctués de temps morts.
Lorsque Damiel devient humain, le point de vue devient également humain, la
caméra adopte des qualités humaines. Les mouvements se font plus saccadés,
le cadre devient dynamique, variant suivant les actions des personnages.
Il existe malgré tout des liens entre anges et humains. Les enfants tout
d’abord, qui sont capables de percevoir les anges. Pour Wenders, les
enfants sont capables de porter un regard neuf sur les choses, et
perçoivent en continuité, en cela ils se rapprochent des anges. Le récit
est également une ouverture sur l’intemporel à travers le personnage du
conteur, Homer. Certains lieux sont propices à l’intemporel, et échappent à
la discontinuité propre à l’homme : la bibliothèque, le no man’s land, le
cirque, et la salle de concert. Ce sont des espaces vastes, ouverts, non
bornés, qui s’opposent aux appartements exigus.
L’incarnation
Le passage de Damiel de son existence d’ange à celle humaine est brutal. Sa
première expérience est un choc : l’armure qui lui tombe sur la tête. Du
point de vue technique, le passage est marqué par l’apparition de la
couleur et du bruit : couleurs vives de la fresque peinte sur le Mur, et
bruit de l’hélicoptère. Sa transformation s’effectue pendant la traversée
du Mur de Berlin, quand Cassiel le porte. C’est la dernière fois qu’il peut
traverser un obstacle immatériel. Mais cette transformation était annoncée
dans la première partie du film.
Dès le début du film, Damiel ne se satisfait pas de son existence d’ange,
il voudrait acquérir une matérialité, nouer des relations, « être salué, ne
serait-ce que d’un signe de tête ». Il récite plusieurs fois le poème sur
l’enfance, qui évoque la joie des sensations qu’il ne peut pas éprouver. La
rencontre avec Peter Falk, ancien ange, qui lui décrit les joies de
l’expérience humaine, nourrit ce désir d’être. Mais c’est la rencontre de
Marion, la trapéziste, qui détermine son choix d’une vie humaine. Même
avant sa matérialisation, il a entrepris de se rapprocher d’elle : à la
première rencontre il est à côté du projecteur, au-dessus d’elle, il est
ensuite à mi-hauteur dans les gradins, puis sous elle, sur la piste du
cirque. Ils se rencontrent en rêve, et elle l’appelle : « je voudrais que
tu restes près de moi ».
Damiel humain se heurte à la matérialité, fait l’expérience des obstacles,
du mouvement, mais aussi du temps, quand il découvre que le cirque à quitté
le terrain vague. Il découvre les sensations, le goût du sang, du café, les
couleurs, la joie de marcher, de siffloter. Pour la première fois, il doit
deviner que Marion est au concert, il est dans le doute, l’incertitude.
L’alternance des scènes en couleur et noir et blanc, témoignage des points
de vue respectifs de Damiel et Cassiel, souligne les nouvelles possibilités
de perception de Damiel. La scène du concert de Nick Cave en est un
exemple. Damiel appréhende pleinement les effets de changements de couleur
des projecteurs, alors Cassiel ne voit que son ombre se déplacer sur un
mur.
L’histoire de Damiel correspond au processus de création d’un film, le
choix d’une histoire, d’une temporalité parmi une multiplicité de
possibles. Damiel veut se créer une histoire, et c’est le film lui-même
devient une histoire par le passage du noir et blanc à la couleur. Cette
impression est renforcée par le « nous sommes embarqués » de Marion et le
texte « à suivre », comme un feuilleton. La triple dédicace à Ozu, Truffaut
et Tarkovski n’est pas anodine, ce sont trois réalisateurs qui parviennent
à réconcilier le narratif avec la beauté picturale. Le cirque (nommé en
hommage à Henri Alekan), est également une métaphore pour la création
cinématographique. Wenders raconte qu’avec Les Ailes du désir, il voulait
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filmer à hauteur d’homme. Son but est le même que celui de
la distance, ce qui est un des enjeux de l’art moderne.
trop loin des choses, à un niveau trop intellectuel,
parvenir tout de même à ressentir le monde sans barrières,
près des gens et choses, à raconter des histoires.
l’ange : abolir
Il se considère
mais cherche à
à aller au plus
« Je sais maintenant ce qu’aucun ange ne sait. »
«
Face au temps, à l’espace, à l’amour, à la vie en général, le film présente
trois postures, trois façons de donner du sens à la vie ; Nicole EveraertDesmedt [1] les rapproche des trois modes peircéens d’appréhension des
phénomènes. Il y a celle des anges, faite de spiritualité, de réflexion,
dominée par l’esprit, l’intellectualité. Celle des adultes, dominée par la
matérialité et les sentiments, et celle des enfants, centrée sur
l’instantanéité. Loin de les séparer, le film montre comment des postures
peuvent (et doivent) s’imbriquer. La rencontre finale entre Damiel et
Marion est annoncée par la chanson de Nick Cave, « From her to eternity ».
La scène montre le double mouvement de l’intemporalité vers la temporalité
pour Daniel, et de la temporalité vers l’intemporalité pour Marion, qui
leur permet d’atteindre ensemble l’instantanéité. Le film affirme la
nécessité du spirituel, du désir de sens, figurés par les anges et dans le
même temps l’importance des relations entre les hommes et les femmes, de
l’amour, de l’amitié et de l’importance de vivre les joies et passions de
l’amour.
Fortsetzung folgt.
[1] Nicole Evarert-Desmedt, Un film qui donne des ailes au spectateur : à propos
des Ailes du désir de Wim Wenders, Nouveaux actes sémiotiques, 32-33 1994, PULIM
3. les séquences choisies
Chaque groupe recevra une séquence et un fondamental qui constitueront son
champs exploratoire.
L’analyse et l’interprétation argumentée de cette séquence représente la
base du travail.
La séquence tirée du film (unité de temps et de lieu) contient au minimum
un fondamental d’architecture. Cet élément y tient un rôle principal,
protagoniste tant dans la narration que dans la mise en scène.
100:06:14
Long travelling steadycam dans les appartements
200:16:18
Bibliothèque
301:07:41
Le type sur le toit qui saute
401:12:40
Tour de magie et trapeziste au cirque
501:29:30
"Je vais entrer dans le fleuve »
601:39:55
Interdiction d'entrer sur le tournage
701:50:47
concert Nick Cave et rencontre au bar
802:02:00
Trapeziste « final »
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4. Analyse de la séquence et des intentions du réalisateur
Après avoir visionné et analyser le film, le groupe résumera le film,
exprimera les intentions du réalisateur et mettra en avant une
interprétation argumentée liée aux intentions générales du film. Il les
formulera à travers un texte illustré manifestant clairement leur
interprétation accompagné de schémas explicatifs synthétiques.
-
synthèse du film + positionnement dans le contexte de l’oeuvre de
Wenders
synthèse de la séquence + positionnement dans le contexte du film
Identification des intentions du réalisateur
Définition des dimensions émotionnelles et spatiales de la séquence
et du rôle du fondamental dans les compositions filmique et spatiale
Définition de l’interprétation du groupe par un mot. Ce mot sera le
lien transversal des travaux tout au long de l’exercice.
Cette analyse représente le fil conducteur de l’exercice et sera suivi de
manière cohérente tout au long de celui-ci.
Cette analyse sera présentée sur une ou plusieurs planches A2 (textesillustrations-schémas explicatifs …)
5. Illustration : mise en relation du fondamental et des intentions
Chaque étudiant produira également une planche A2 individuelle illustrant
un des 6 fondamentaux mis en relation avec les intentions du réalisateur.
Chaque groupe mettra alors en évidence les 6 fondamentaux de manière
cohérente et complémentaire.
Il s’agit d’illustrations libres (composition sur format A2).
A partir d’un travail photographique de cadrage et de mise en scène
(plongée, contre-plongée, choix de la focale, choix du cadre et de la
grosseur de plan, mise en scène, flou, netteté, contraste, luminosité,
couleurs, sensibilité, profondeur de champ), les étudiants sont libres
d’intervenir sur la base photographique afin d’exprimer clairement leurs
intentions (montage, collage, incrustation, graphisme, découpage, dessin,
6. un mini-métrage vidéo
Le groupe réalisera un film d’environ 30 secondes qui contiendra au moins
un fondamental (protagoniste de la narration) et dont la mise en scène
permettra de souligner les intentions de départ.
Ce mini-métrage devra raconter une histoire, raconter un lieu avec comme
fil conducteur l’analyse et l’interprétation de la séquence de départ (mot
de synthèse)
Le groupe est libre d’utiliser ou non des acteurs, une bande son, des
accessoires, des effets, ou n’importe quel artifice afin d’arriver à
l’objectif fixé.
Ce travail de mise en scène vidéo sera précédé et préparé par une
proposition construite, écrite et/ou dessinée (scénario, intentions,
construction des plans, storyboard, …)
Une fois réalisée, l’esprit général de la séquence devra souligner les
intentions de départ.
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7. Mise en espace d’une spatialité matérialisée par une maquette
Chaque groupe réalisera une maquette en carton (volume maximum compris dans
40 cm / 40 cm / 40 cm)
matérialisant un espace intégrant les fondamentaux
de composition architecturale en relation avec les intentions mises en
avant par le réalisateur dans la séquence et le film choisis.
Elle répondra de manière cohérente au « mot synthétique » issu du travail
d’analyse. Le volume capable étant fixé, l’échelle reste libre et sera
fixée par le groupe en fonction des dimensions et des intentions qu’il
souhaite imprimer à la matérialisation de cet espace.
Cet espace constitue le support continu d’exploration spatiale, de
manipulation des fondamentaux et des principes d’organisation spatiale au
service d’un processus cohérent de composition prenant sa source dans
l’analyse d’un espace filmé : l’espace « wendersien »
CALENDRIER ET rendu
Mardi 03/02
- Projection du film « Les ailes du Désirs » de Wim Wenders
- Enoncé de l’exercice 04
Vendredi 06/02
- Présentation par groupe des premières propositions :
- A2 analyse
- Maquette
- « Story board » et intentions « vidéo »
Mardi 10/02
- Présentation par groupe de l’évolution des
- A2 analyse
- Maquette
- séquence vidéo
propositions
Vendredi 13/02
- Présentation par groupe de l’évolution des propositions
- A2 analyse
- Maquette
- séquence vidéo
- Présentation par groupe des propositions d’illustrations individuelles A2
du vendredi 13 au jeudi 19/02
- Période de production
Jeudi 19/02 à 12h au RG19 (Flagey)
- remise de tous les documents à exposer :
- A2 d’analyse et d’intentions (par groupe)
- Maquette 40/40/40 (par groupe)
- Séquence vidéo sur clé USB au format Mp4 résolution 1080
(par groupe)
- A2 illustration individuelle (par étudiant)
Vendredi 20/02
- exposition des travaux d’étudiants à Flagey de 9 à 18 h(RG19)
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