El Chapo, parrain mondial de la drogue trahi par

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El Chapo, parrain mondial de la drogue trahi par
El Chapo, parrain mondial de la drogue trahi par son goût du cinéma
Écrit par Libération.fr
Dimanche, 10 Janvier 2016 12:10
Une rencontre avec des producteurs aurait mené la Marine mexicaine à la cachette de Chapo
Guzmán, arrêté vendredi, six mois après une incroyable évasion.
L’homme aux trois arrestations et aux deux évasions. Dans cet énoncé, aux allures de titre de
film, la presse mexicaine a condensé deux décennies de règne de Joaquín «El Chapo»
Guzmán. Arrêté dans son Etat natal du Sinaloa (nord), vendredi à l’aube, le chef du cartel du
même nom a vu sa dernière cavale tourner court lorsque les éléments de la Marine mexicaine
l’ont cueilli, sale et débraillé, dans l’hôtel où il venait de se réfugier, au bord d’une route à la
sortie du port de Los Mochis.
En honneur à l’un de ses nombreux surnoms, le «seigneur des tunnels» sortait justement d’un
tunnel, comme l’ont détaillé les autorités mexicaines: Chapo (le «petit») aurait emprunté le
réseau des égouts pour abandonner la maison de Los Mochis où il s’était réfugié il y a un mois.
Pisté à travers le Sinaloa par la Marine et les services de renseignement américains, il avait été
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repéré dans cette demeure après avoir maintenu des entretiens avec ses avocats et des
professionnels du cinéma dans le but de planifier un film sur sa vie. Non content d’être la
source d’inspiration de milliers de chansons à sa gloire, les célèbres narcocorridos, le baron
vaniteux n’en finit pas d’écrire le scénario de sa propre légende.
Par les égouts
Vendredi à l’aube, alors qu’un affrontement éclatait entre les militaires et la garde rapprochée
du narcotrafiquant, au cours duquel cinq de ses hommes ont péri, Guzmán se sauvait donc par
les canalisations. Une fois revenu à la surface au terme de sa dernière aventure souterraine, le
baron de la drogue, toujours en veine cinématographique, aurait volé une voiture, accompagné
de son plus fidèle lieutenant, Orso Iván Gastélum «El Cholo», avant de se réfugier dans l’hôtel
d’où il fut délogé.
Un tunnel, déjà, lui avait permis de s’extirper de sa cellule de la prison fédérale de «sécurité
maximale» de l’Altiplano, en juillet dernier: un camouflet long de 1,5 kilomètre pour le
gouvernement d’Enrique Peña Nieto, qui avait promis de le recapturer. Le président s’est donc
fendu d’un message jubilatoire sur Twitter vendredi pour annoncer le respect de cet
engagement: «Mission accomplie. Nous le tenons. Je veux informer les Mexicains que Joaquín
Guzmán Loera a été arrêté.» La traque avait mobilisé toutes les forces de sécurité de l’Etat,
militaires et policiers confondus, durant plus de cinq mois. Il fallait laver l’affront.
Complicités de haut niveau
Peña Nieto jouait sa crédibilité dans cette chasse à l’homme. L’évasion de l’Altiplano n’avait pu
être menée à terme sans la participation de certains hauts responsables pénitentiaires. Une
purge eut lieu, sans atténuer pour autant l’évidence de la corruption: trop de complicités à un
trop haut niveau. Les Mexicains, de l’expert en sécurité à l’homme de la rue, en ont gardé un
goût de suspicion: «ils l’ont laissé partir», disent-ils, pour expliquer que le prisonnier le plus
surveillé du pays ait pu se payer un tunnel sophistiqué arrivant droit dans la douche de sa
cellule.
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