la parole aux experts - Handicap International Seminars

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la parole aux experts - Handicap International Seminars
LA PAROLE AUX EXPERTS
Alain Letourmy et Oumar Ouattara
Conseils et recommandations pour améliorer l’accès aux services de réadaptation physique et fonctionnelle des personnes
handicapées dans les pays en développement.
u 26 au 29 octobre 2015 s’est tenu un séminaire organisé
par Handicap International avec le soutien financier du
Ministère des Affaires Etrangères du Luxembourg, à
Antananarivo, à Madagascar. Le thème de ce séminaire
était Comprendre et agir pour un meilleur accès aux soins de
réadaptation. Plus de cinquante personnes originaires de vingt pays
différents, acteurs et décideurs dans le domaine de la réadaptation,
ont assisté à cet évènement. Deux experts en financement de la
santé ont participé activement par le partage de leur savoir et de
leurs nombreuses expériences : le Professeur Alain Letourmy,
Economiste de la santé et chargé de recherche au CNRS, et le
Docteur Oumar Ouattara, Docteur en santé publique et Consultant
en financement de la santé.
D
Le premier message que souhaitent délivrer les experts est simple,
ils recommandent, dès lors que les résultats de l’outil diagnostic
sont connus, de transformer le plus rapidement possible le
diagnostic en plan d’action pays et en plan d’action Handicap
International. L’outil de diagnostic du système économique de la
réadaptation physique et fonctionnelle (RPF) doit servir à améliorer
les plans d’action, à communiquer et à agir concrètement dans le
domaine de la RPF.
Cet outil permet une conscientisation et représente un moyen de
plaidoyer auprès des acteurs et des décideurs de la couverture
sanitaire universelle (CSU). Actuellement, le timing est très
favorable puisque les pays élaborent des stratégies dans leur plan
national de développement sanitaire et décident du contenu du
panier de soins dont l’objectif principal est l’atteinte de la CSU
d’ici à 2030. Ainsi, le maximum de plaidoyers doit être fait auprès
de ces personnes en faveur de l’accès aux soins de réadaptation
physique et fonctionnelle pour les personnes handicapées.
Il existe un double objectif au développement des actions pays. Le
premier est de disséminer l’outil au sein des pays puisque c’est un
moyen d’appréciation du système économique de la RPF. A travers
la dissémination de l’outil, il faut donner plus d’importance à
toutes les questions portant sur le handicap. Ainsi, l’enjeu est de
s’orienter vers les acteurs nationaux les plus importants tels que les
acteurs publics, le milieu professionnel de la réadaptation, et la
société civile (associations de personnes handicapées).
En ce qui concerne Handicap International, les experts préconisent
que la Fédération approche d’autres milieux professionnels tels que
les réseaux d’économistes de la santé ou des conférences
internationales en vue d’acquérir une visibilité internationale dans
ce domaine, et de sensibiliser les professionnels qui interviennent
en faveur de la CSU. L’enjeu est de comprendre que la prise en
charge des soins de réadaptation dans le panier de soins n’apporte
que peu de différences en termes de coûts à l’échelle d’un pays, et
donc ne perturbe pas l’équilibre macroéconomique du système de
financement de la santé.
En parallèle de ces actions pays, il est important que le siège de
Handicap International valorise la démarche d’amélioration de
l’accès financier aux services de la RPF. Cela peut être fait par
l’établissement de liens de réseaux avec les institutions
internationales, et de l’instauration d’une communication avec les
bailleurs.
En ce qui concerne les Fonds d’Equité, les experts prônent la
prudence et recommandent un travail préliminaire de réflexion sur
les conditions de mises en œuvre avant le lancement de ce
dispositif. Le fonds d’équité doit être présenté comme une
expérience pilote, et doit obtenir idéalement le label des Ministères
concernés en les persuadant qu’une extension de ce fonds pourra
être envisagée si les résultats de l’expérience sont satisfaisants. Il
est important que le fonds d'équité s’intègre dans un dispositif
national, et il ne faut pas oublier de prendre en compte la question
du volume de financement nécessaire à la pérennisation du
fonctionnement du fonds d’équité, et ce afin d’éviter les erreurs du
passé (exemple du fonds d’équité Burkinabé où le risque d’un
épuisement rapide du fonds est prééminent en raison de mauvaises
prévisions du volume de financement nécessaire).
En résumé, faites mais faites bien !
Il est recommandé pour les pays où le déploiement de l’outil a déjà
eu lieu (Burkina Faso, Colombie, Laos) d’organiser assez vite un
séminaire interne, une journée et demi maximum, où seront
présentés les résultats de l’outil. Des actions de suivi du séminaire
de Madagascar sont indispensables. Les experts recommandent que
dans le courant de l’année 2016, il y ait deux ou trois pays dans
lesquels on puisse déployer l’outil de diagnostic.
© Handicap International 2015, Domaine Réadaptation, Anna Boisgillot