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Revue des livres A.A. Tikhomirov, « Lučšij drug
nemeckogo Naroda » : Kul’t Stalina v Vostočnoj
Germanii (1945-1961) [Le meilleur ami du peuple
allemand: le culte de Staline en Allemagne de l’Est],
Moskva : ROSSPEN, 2014.
Anna Zadora
Revue d’études comparatives Est-Ouest / Volume 46 / Issue 01 / March 2015, pp 229 - 235
DOI: 10.4074/S0338059915001126, Published online: 01 June 2015
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Anna Zadora (2015). Review of Paul G. Harris 'Europe and Global Climate Change. Politics,
Foreign Policy and Regional Cooperation' Revue d’études comparatives Est-Ouest, 46, pp
229-235 doi:10.4074/S0338059915001126
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A.A. Tikhomirov, « Lučšij drug nemeckogo Naroda » : Kul’t Stalina v
Vostočnoj Germanii (1945-1961) [Le meilleur ami du peuple allemand:
le culte de Staline en Allemagne de l’Est], Moskva : ROSSPEN, 2014.
L’ouvrage d’Aleksej Tikhomirov est une contribution majeure à
l’histoire de l’Europe communiste, du stalinisme et du culte de la personnalité. Il offre une analyse très juste des mécanismes par lesquels
se tissent des liens d’identification au sein d’une nation dont l’honneur
doit être restauré, d’acceptation et de légitimation des régimes nondémocratiques où les citoyens composent avec le régime sans y adhérer véritablement. La réflexion est richement illustrée. Le livre, d’une
grande clarté, frappe par son érudition, oscillant en permanence entre la
conceptualisation et des développements où l’auteur fait le point sur les
dernières recherches historiographiques. L’ouvrage commence par un chapitre introductif où A. Tikhomirov
présente le contexte historique de sa recherche : l’Allemagne de l’Est
qui, quelques années seulement après la machine de propagande nazie
est confrontée à une nouvelle forme d’endoctrinement, orchestré par
un autre parti politique : le Parti socialiste unifié d’Allemagne. L’on
assiste alors à un changement radical de focale : l’ennemi d’hier dans
la propagande nazie – l’URSS de Staline – est devenu le « meilleur ami
du peuple allemand » (p. 7). La nouvelle expression « Führer Staline »,
apparue après 1945, traduit à elle seule un profond changement sémantique au sein de l’espace public : la place occupée par Hitler jusqu’au
8 mai 1945 est désormais celle de Staline. Le statut d’ennemie vaincue
qui caractérise alors l’Allemagne sous-tend la perception négative réciproque des peuples allemand et russe. Dans ce cadre, l’ouvrage questionne la transposition et l’adaptation du culte de Staline en Allemagne
et son impact sur la structure sociale. L’auteur a mobilisé un nombre
considérable d’archives russes et allemandes2 pour analyser la façon
dont le régime a cherché à se légitimer et se consolider, à travers les
2. L’auteur s’appuie sur les documents des 13 archives allemandes et russes, fédérales et locales (Archives d’État de Russie, Archives d’État de Russie de l’histoire
contemporaine, Bildarchive des Bundesarchives Deutschlands Koblenz, Stiftung
Archives der Parteien and Massenorganisationen, Turingisches Hauptsaatsarchiv,
Weimar entre autres). Une grande partie des documents cités ici sont inédits, notamment ceux relatifs à la vie locale, à la réaction des citoyens face à la politique d’endoctrinement. Ces témoignages sont particulièrement intéressants ; on
y trouve des lettres, des réécritures de biographie, comptes rendus des autorités
locales sur les manifestations liées à l’anniversaire de Staline et aux rites de réparation après les émeutes…
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pratiques sociales, les symboles, les mises en scènes, les rites et leur
intégration au niveau individuel. Le premier chapitre, « L’empire du stalinisme : l’URSS et
l’Allemagne de l’Est après 1945 », se penche sur le début de la soviétisation de l’Allemagne de l’Est, dont les enjeux étaient d’ordre à la fois
symbolique et pratique. Le « laboratoire du socialisme » bénéficiait
du soutien économique, militaire et politique de la part de l’URSS, et
cette présence soviétique en Allemagne de l’Est légitimait et renforçait
son influence en Europe centrale et orientale. Cependant, la soviétisation procurait également aux citoyens des formes d’arrangement :
en échange de leur loyauté, ils recevaient des biens matériels et des
privilèges. Dès lors, ils pouvaient conserver une autonomie limitée,
trouver leur place et protéger leurs intérêts, malgré la puissance et
l’omniprésence de la propagande et du contrôle du discours public. Le deuxième chapitre, « Du “Tyran rouge” au “meilleur ami du
peuple allemand” » (1945-1949) », est consacré à la transformation du
rôle de Staline, passant de celui de « vainqueur » à celui de libérateur
du nazisme. L’antinazisme a permis d’unifier les peuples allemand et
soviétique dans la lutte contre l’ennemi commun – Hitler – et de légitimer les liens germano-soviétiques. Le protectorat soviétique trouvait
une justification dans le slogan de Staline : « Les Hitler passent, mais
le peuple allemand reste » ; lequel, en distinguant le peuple allemand
de son ancien guide, aurait octroyé à l’Allemagne le droit à la réhabilitation. Grâce à cela, elle a pu ménager son passé douloureux, se libérer
du sentiment de culpabilité et de honte, restaurer la dignité nationale et
enfin, passer dans le camp des vainqueurs – celui des amis de Staline.
Ainsi, pour l’Allemagne, l’amitié avec Staline était un choix pragmatique permettant l’accès aux ressources économiques et politiques ; tandis que pour l’URSS, le sentiment de culpabilité était un instrument de
pression sur l’Allemagne qu’il fallait savoir « doser » (p. 79). En outre,
Staline représentait le garant de la paix dans le monde. Bien que l’adhésion des citoyens à l’amitié germano-soviétique permît d’accéder à de nombreux privilèges réservés aux fidèles du Parti
socialiste unifié d’Allemagne et malgré l’invasion de l’espace public
par les symboles communistes (portraits, bustes, monuments de Staline, de Marx, de Pieck…), dans les bars et les cuisines, le régime était
contesté. La perception de Staline dépendait de trois facteurs : l’expérience de la vie sous le Troisième Reich, la vague de violences commises par les soldats de l’Armée rouge et les difficultés du quotidien.
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Fondées sur ces éléments, les comparaisons entre les conditions de vie
sous le Troisième Reich et sous le régime soviétique, se faisaient souvent en faveur de la période nazie. Le parti communiste était largement
critiqué pour son incapacité à fournir les biens matériels de base, à
commencer par l’alimentation. Dans cette configuration extrêmement
complexe, les citoyens ont appris à la fois à s’arranger, à s’accommoder et à s’opposer pour survivre et pour trouver une formule personnelle acceptable de positionnement à l’égard de la dictature. Le troisième chapitre, « Le meilleur ami du peuple allemand : les
structures intégratives du culte », est une réflexion sur les modalités
d’exportation du culte de Staline de l’URSS en Allemagne de l’Est.
Elle couvre une période qui commence en 1949, avec la création de la
RDA, saluée par un télégramme de Staline, largement médiatisé. 1949
est aussi l’année de l’ouverture de l’Institut Marx-Engels-Lénine qui
centralisait l’édition des œuvres de Staline. Les concours d’essais et
de dessins d’enfants, les symboles propagandistes, les fêtes étaient
autant de moyens de promouvoir le mythe de Staline « meilleur ami
du peuple allemand ». Il faut souligner que l’image de Staline était
fabriquée en URSS et exportée en Allemagne « clé-en-main », car les
souvenirs du culte d’Hitler étaient encore vivants, et la participation
à la création de celui de Staline pouvait être une source de discrédit.
Qui plus est, le contrôle très rigoureux sur la production des canons du
culte de Staline bloquait la moindre improvisation. Le « régime émotionnel » du culte de Staline avait pour objectif d’alimenter la reconnaissance et l’image positive de Staline et de l’URSS. La création, en
mai 1953, de la ville de Stalinstadt, « la ville de la reconnaissance », a
incarné l’amitié germano-russe. Celle-ci a été poussée à un tel degré
qu’elle donne une image assez juste du « ministère d’amour » que
l’on a souvent prêté aux régimes totalitaires. La production discursive de la reconnaissance au régime était en effet une source importante de la légitimité des régimes. Ceux qui manquaient de manifester leur amour pour Staline, protecteur de la paix, étaient considérés
comme ennemis de toute l’humanité. Au moment de la célébration du
34e anniversaire de la révolution d’Octobre, chaque citoyen recevait
un courrier personnel où le chef du service d’information exposait
cinq raisons de faire confiance à Staline, qui était à la fois un garant
de la paix et un « restaurateur » de la fierté nationale, permettant à
l’Allemagne de passer dans le camp des vainqueurs. La note de Staline
du 10 mars 1952, qui annonçait une proposition de réunification allemande, a été largement médiatisée. Parmi tous les sentiments cultivés
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par les régimes totalitaires et dictatoriaux, la confiance est l’un des
plus importants servant à stabiliser, simplifier, rendre prévisibles et
fiables les liens sociaux. La célébration pompeuse du 70e anniversaire
de Staline en 1949 proposait des modèles comportementaux « clés
en main », des réponses simples à des questions complexes, promettait l’aide des vainqueurs dans le domaine économique avant tout.
Cependant, l’adoption de ces modèles officiels avait des effets sur les
passés individuels : les citoyens réécrivaient leurs biographies pour
expliquer le passé nazi et s’inscrire dans le nouveau projet politique.
Les lettres à Staline et les essais sur le « meilleur ami du peuple allemand » étaient une forme répandue de cette articulation identitaire
qui visait l’intériorisation des mythes de la propagande et la stabilisation du régime. Toutefois, les efforts pour alimenter un sentiment
de confiance à l’égard de Staline, les nombreux rituels autour de son
culte mis en scène selon les scénarios soviétiques n’ont pas produit
l’effet attendu. La mobilisation de la jeunesse était portée par la FDJ et, à travers
elle, par la SVAG3 via les cours, les séminaires, les rencontres autour
des thématiques idéologiques, l’étude de la biographie des œuvres de
Staline et de Lénine. Le travail idéologique visait à transmettre les pratiques, la rhétorique et les émotions conformes aux canons soviétiques.
La radio et le cinéma jouaient un rôle central dans la propagande du
culte de Staline, et les chercheurs s’accordent pour discerner des similitudes dans le « marketing » idéologique déployé par les régimes totalitaires, communiste et nazi. La confiance dans le modèle soviétique et
en Staline personnellement supposait la méfiance à l’égard du monde
occidental. La mise en place de l’identité communiste s’est, de fait,
construite sur l’opposition à cet « autre » qu’était le monde occidental. De surcroît, la loyauté à l’égard de l’idéologie relevait moins d’une
croyance dans les idéologèmes, que de calculs pragmatiques et d’accès
aux privilèges du communisme, comme le fait d’habiter dans les villes
ou des rues « vitrines » du socialisme (Stalinstadt et l’allée Staline).
Pourtant, en dépit de l’endoctrinement général et d’une adhésion apparente, le travail idéologique s’est heurté aux problèmes de la vie quotidienne, à commencer par le déficit de produits alimentaires. 3. La Freie Deutsche Jungend (FDJ) fut officiellement créée le 24 février 1946,
avec l’aval de Moscou et sous le contrôle de l’Administration militaire soviétique
en Allemagne (Sovetskaja voennaja administracija v Germanii – SVAG).
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Le quatrième chapitre, « L’ennemi juré du peuple allemand »,
analyse la contestation du régime. L’insurrection de 1953 fut la première protestation contre le régime communiste. La pression omniprésente du régime obligeait les citoyens à trouver des exutoires – des
moyens d’évacuer le mécontentement et le désaccord. En prenant
pour cible principale les symboles du culte de Staline (les bustes, les
portraits, les œuvres de Staline), l’insurrection a déplacé la forme du
mécontentement, qui est alors passé de la sphère privée vers la sphère
publique. Déboulonner les statues de Staline était le signe d’une perte
de confiance – élément fondamental de légitimation du régime ; défigurer les portraits de Staline auxquels étaient associées des potences et
des guillotines révélait que le régime avait « perdu la face » aux yeux de
la population. L’autodafé des portraits et des ouvrages de Staline était
un rituel d’épuration et de libération, de décharge émotionnelle dans
le cadre de la dictature. Les différentes mises en scène qui détournaient
les symboles soviétiques4 lors de l’insurrection canalisaient la protestation. Les comparaisons entre Hitler – un führer allemand, proche et
compréhensible – et Staline – un dirigeant étranger – étaient souvent
favorables à Hitler, surtout dans le contexte économique tendu de la
période de l’après-guerre.
Le cinquième chapitre, « La politique et les pratiques de la déstalinisation en RDA (1956-1961) », est consacré à la déstalinisation progressive déclenchée par le rapport secret de Khrouchtchev présenté le
25 février 1956. Les dirigeants est-allemands ont été les premiers à
se distancier de Staline redoutant le retour des violences expérimentées en juin 1953. La réaction à ce refus de stalinisation fut pourtant
contradictoire, comme le fait ressortir A. Tikhomirov qui discerne « un
choc et une résistance à la déstalinisation » (p. 231). Les symboles du
culte de Staline décorés et protégés ont été en effet mis en valeur, car
leur destruction aurait signifié une véritable perte de repères – essentiels dans la construction identitaire – et, au-delà, la remise en cause
des dirigeants est-allemands. Néanmoins, l’élaboration d’un référent
de déstalinisation fut aussi un impératif pour les autorités, qui avaient
perdu la ressource politique principale – le monopole rhétorique et
4. Les rituels des cadeaux destinés à Staline à différentes occasions et financés par
des dons populaires étaient singés, un cercueil symbolique fut fabriqué… Ces actes
de protestation étaient souvent réalisés durant la nuit, ce qui a amené les autorités à
introduire les heures de contrôle. D’autres, moins organisés ou ostensibles, tels que
le silence ou les sifflets lors des meetings politiques, étaient également des formes
de protestation exprimant la défiance de la population.
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discursif. Entre la disparition de l’ancien référent et l’élaboration d’un
nouveau, les autorités ont préféré le silence, devenu « la prison discursive » (p. 239). Dans ce contexte, deux groupes se sont formés
au sein du parti : ceux qui prétendaient se distancier de Staline et
ceux qui continuaient de défendre le leader soviétique. L’absence de
discours officiel unifié a stimulé une certaine liberté des débats dans
la société. En 1956, les manifestations de protestation en Pologne et
en Hongrie ont réactivé la protestation en RDA. Les manifestations
de défiance à l’égard du pouvoir (quitter le parti et les organisations
politiques, brûler les symboles du culte de Staline) s’accompagnaient
d’une recherche de nouvelles figures de confiance : Tchetkine, Tellman, Lénine, Ulbricht. La conclusion de l’ouvrage rappelle que l’objectif de la construction
d’un espace discursif unique calqué sur Moscou était un moyen de légitimer le régime. Le cas est-allemand était compliqué par la concurrence
avec le culte de l’ennemi d’hier. L’adhésion de la RDA au projet identitaire imposé par l’URSS permettait de compenser la perte de l’honneur
national, et de passer du camp des vaincus à celui des vainqueurs. L’iconoclasme faisait partie du quotidien des citoyens dans les
régimes autoritaires. De 1945 à 1947, en Allemagne de l’Est, il a permis
une prise de conscience du passé, les premiers symboles soviétiques
représentaient la capitulation, la défaite de l’État et du peuple allemand.
De 1947 à 1953, l’iconoclasme était une tentative de composer avec la
nouvelle réalité soviétisée. Par la suite, il est devenu synonyme de déstalinisation, puis, de 1953 à 1961, la politique officielle d’iconoclasme
a servi à rétablir la fierté nationale allemande, processus orchestré par
Moscou et débouchant sur un consensus illusoire et artificiel où, pour
stabiliser les liens sociaux, d’un côté, l’État avait besoin de la loyauté
des citoyens qui, pour leur part, manifestaient une loyauté, souvent artificielle et mise en scène, pour obtenir des avantages personnels et pour
garder une marge de manœuvre dans leur construction identitaire. Le présent ouvrage offre au lecteur une remarquable analyse des
mécanismes de construction et de déconstruction de la légitimation des
régimes autoritaires. L’articulation et l’ajustement entre les mécanismes
de contrôle politique et les réactions des individus y sont décrits très
finement. Il fait ressortir la complexité du tissage des liens sociaux dans
un contexte où l’intervention politique affecte la vie privée, oblige les
citoyens à « composer » avec le régime politique, à trouver une niche,
une solution, un arrangement, une acceptation minimale sans véritable
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adhésion, ce qui permet de vivre dans le système sans l’approuver
totalement. Les systèmes politiques de certains États postsoviétiques
connaissent à l’heure actuelle des processus semblables. Les grilles
d’analyse et les pistes de réflexion suggérées par un ouvrage portant
sur une période d’histoire allemande spécifique revêtent une pertinence
particulière dans le contexte actuel de la Russie et de certains de ses
satellites ayant pris des virages autoritaires.
Anna Zadora
Chercheure associée, Sage,
Université de Strasbourg
Caroline Moine, Cinéma et guerre froide. Histoire du festival de films
documentaires de Leipzig (1955-1990), Paris, Publications de la Sorbonne, Histoire contemporaine, 2014.
Sous le communisme, le festival international de films documentaires de Leipzig a été un lieu d’échanges internationaux entre les pays
du bloc soviétique, entre les deux Allemagnes, entre l’Est et l’Ouest.
Créé en 1955, il est une des rares institutions culturelles de RDA à survivre à la chute du mur. Dans un ouvrage dense de 453 pages, Caroline
Moine retrace l’histoire de ce festival qui reste aujourd’hui encore un
rendez-vous annuel très prisé du genre documentaire. En s’appuyant
sur des archives et sur des entretiens, l’historienne, qui s’interroge sur
les raisons de son succès et de sa longévité, nous propose de façon très
convaincante une histoire transnationale de la société est-allemande.
Quatre parties composent cet ouvrage, la première est consacrée à la
naissance du festival de Leipzig et sa stabilisation. L’auteure commence
par montrer comment, après la seconde guerre mondiale, le monde
cinématographique est-allemand s’est structuré sous la tutelle soviétique. Au centre du dispositif, la DEFA, société allemande du cinéma,
contrôle la production de films. Le Club des cinéastes, fondé en 1953,
rassemble les professionnels du cinéma. L’Ecole de cinéma de Babelsberg, ouverte en 1954, fournit l’essentiel des réalisateurs et techniciens
de la DEFA. Un ministère de la Culture, créé la même année, chapeaute
le tout. Dans cet édifice, les films documentaires sont du ressort du sec-

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