Gestion du pâturage, anticiper pour prendre les décisions

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Gestion du pâturage, anticiper pour prendre les décisions
Contrôle Laitier
Le logiciel Herb’Avenir
Gestion du pâturage, anticiper
pour prendre les décisions
La gestion de l’herbe est un art difficile. Elle requiert savoir-faire et adaptation rapide pour offrir, toute
la saison, une herbe de qualité aux animaux et cela en maximisant le pâturage. Pour vous y aider,
Herb’Avenir, un nouvel outil informatique a été mis au point par l’INRA et les Chambres d’agriculture
de Bretagne. Ce printemps, tous les techniciens de Contrôle Laitier en seront équipés. Nous sommes
allés voir Jacques Brefort du Cloître Pleyben dans le Finistère, chez qui le technicien Georges Maguet
met en œuvre cette méthode.
ette méthode de prévision avec l’appui d’un
outil informatique est
déjà utilisée dans le Finistère et le
Morbihan. Le nouvel outil, mis au
point par l’INRA et les Chambres
d’agriculture de Bretagne (dans le
cadre de l'Agrotransfert), sera un
moyen de relancer la prévision
de pâturage et de la développer
auprès de tous les adhérents de
Bretagne Contrôle Laitier. Pour
Jacques Brefort, installé depuis
10 ans sur une exploitation de 50
ha, l’herbe pâturée est l’aliment
principal des 40 vaches laitières
puisqu’elle représente 60 % de
la ration avec 45 ares d’herbe par
vache. Le suivi du pâturage est
donc l’action prioritaire lors du
passage du technicien pendant
toute la période d’herbe.
Cela commence par le tour des
16 ha d’herbe avec l’herbomètre
pour en mesurer les hauteurs.
«C’est à cette occasion que l’on
aborde différents points sur la
culture et la gestion de l’herbe»
nous dit le technicien Georges
Maguet. «On apprécie le pourcentage de trèfle. Faut-il apporter de l’azote (lisier) ou attendre
l’action du trèfle ? La pression
de pâturage, avec les refus plus
ou moins écrêtés, amène la discussion sur la hauteur de sortie,
voire sur l’utilisation du gyrobroyeur ou la priorité à la fauche.» Après ce tour de plaine, le
technicien saisit rapidement les
hauteurs d’herbe sur son micro et
lance le calcul des jours d’avance.
«Ce nombre de jours d’avance,
tout seul, n’est pas suffisant »
indique Jacques Brefort ? «je sais
si j’ai plus ou moins d’herbe
devant moi. Ce qui m’intéresse,
c’est de savoir vers où je vais et
c’est là l’intérêt de l’outil informatique car ce n’est pas évident
Deux outils complémentaires pour une bonne gestion du pâturage :
le planning et Herb’Avenir, le logiciel de simulation.
L’exploitation en quelques
chiffres
- 1 UTH, Jacques Brefort
- 50 ha SAU (9 ha maïs, 2 ha
céréales, 33 ha RGA-TB, 4 ha
RGH, 3 ha PN)
- 277 000 litres avec 40 vaches
laitières
- aire paillée avec libre service
maïs
- concentré distribué en salle de
traite
- 7 534 kg de lait par vache à
41g TB et 32,4g TP
- 604 kg de concentré, soit
80 g/kg lait
- 90 ares accessibles au
pâturage
- 45 ares pâturés
- 45 €/1 000 litres de coût
alimentaire
de se projeter dans le mois qui
vient.».
Sécuriser le conseil
«L’évolution du nombre de jours
d’avance permet de fiabiliser le
conseil, que cela soit pour la
fermeture, la fauche ou la réouverture du silo. En plus, cela
permet de donner des dates repères à l’éleveur », rajoute Georges
Maguet. «C’est aussi un outil
pédagogique car souvent la quantité d’herbe fauchée précocement correspond à la quantité de
stocks distribués pendant cette
période.» Pour accompagner le
suivi de l’herbe, Jacques Brefort
utilise le planning de pâturage.
Mars 2007 - N°12
André Coat – Bretagne Contrôle laitier
[email protected]
INFORMATIQUE
EN ELEVAGE
Herb’Avenir : comment ça fonctionne ?
Principe :
- les hauteurs d’herbe mesurées définissent la
quantité d’herbe disponible
- les besoins journaliers du troupeau en herbe
plat unique permettent de calculer le nombre de
jours d’avance (quantité d’herbe divisée par les
besoins)
- pendant la période à venir, la surface en herbe
va produire, en fonction de la pousse, une quantité d’herbe égale, supérieure ou inférieure aux
besoins en herbe du troupeau.
- et au bout de la période on observera une évolution du nombre de jours d’avance à corriger ou
non.
«C’est important pour suivre les
rotations. Je sais qu'avec une
durée de rotation supérieure à
35 jours au printemps, je dois
débrayer la parcelle. Ensuite
vient la simulation qui permet de
décider du nombre de parcelles à
débrayer.» Parfois, la discussion
entre technicien et éleveur est
Les éléments généraux à saisir :
- les parcelles et leurs surfaces respectives
- les conditions de croissance de l’herbe plus ou
moins favorables qui détermineront la pousse (2
niveaux de pousse au printemps, 3 en été et 1 en
automne)
- le troupeau : l’effectif et son niveau de production
pour apprécier l’ingestion
DOSSIER
Les données saisies le jour de l’intervention :
- les hauteurs d’herbe mesurées dans chaque parcelle et la hauteur sortie prévue
- et pour la période à venir : l’effectif vaches, les
fauches si nécessaire, les quantités de concentré et
fourrages complémentaires prévues
serrée : quand la surface à faucher est importante. Ne risque-ton pas de manquer d’herbe par la
suite ? Et là, l’outil informatique
apporte une réponse. Selon que
l’on prend une pousse optimiste ou pessimiste, on observe le
résultat. Cela permet de mesurer
le risque et prendre la décision
la plus adaptée. «Même si c’est
évident qu’il faudra s’adapter
aux aléas de l’année, cet outil
est sécurisant.» rappelle l’éleveur.
C’est une invitation à demander
à votre technicien de l’utiliser
chez vous si la gestion de l’herbe
est pour vous une action importante
Mars 2007 - N°12
Fourrages
herb'evol, Le planning de pâturage informatisé
Quand la souris remplace le
crayon
Au cours des trois dernières années, les Chambres d’agriculture de Bretagne et l’INRA ont mis
en commun leurs compétences sur le pâturage. Cet agrotransfert a permis de produire des outils
informatiques d’aide à la gestion du pâturage tels que le logiciel éleveur Herb’Evol décrit ici et
Herb'Avenir présenté dans l'article précédent. Les éleveurs peuvent s'approprier Herb'Evol par
l’intermédiaire de sessions de formation. L’un d’entre eux nous livre son expérience.
ean-Jacques Déniel est installé en production laitière
à Plabennec depuis une
dizaine d’années. Il mène
un troupeau de 45 vaches
Prim’Holstein sur une exploitation de 68 ha de SAU. Même si
les terres sont plutôt groupées,
le parcellaire présente l’inconvénient d’être coupé par une route.
Seul pour conduire ses animaux,
Jean-Jacques réserve les 12 ha
proches des bâtiments pour le
pâturage des vaches laitières.
Ceci lui permet de disposer de
30 ares d’herbe par vache laitière. Pour gagner en efficacité
dans son travail, l’éleveur a informatisé l’enregistrement de bon
nombre de données techniques
et économiques.
S’approprier
Herb’Evol par la
formation
Dans le Finistère, la diffusion du
logiciel Herb’Evol est proposée
par une formation de deux jours
en salle informatique. En 2006, 15
éleveurs ont suivi le programme
au cours de deux sessions. Parce
que l’efficacité du pâturage est à
la base d’un coût alimentaire performant, Jean-Jacques s’est inscrit
à une des formations. « Je souhaitais disposer d’un outil qui me
permette d’archiver mes calendriers de pâturage, mémoire utile
pour la gestion au quotidien.» Le
pâturage est organisé en 11 paddocks d’environ un hectare, sur
lesquels les animaux séjournent
en moyenne trois jours. En début
Le planning de pâturage apparaît à
l'écran comme sur la version papier
de saison, les repères de gestion
délicates. Alors que les vaches
du pâturage sont assez faciles.
ont du pâturage en plat unique,
«En fait, j’enregistrais le calenles épisodes pluvieux de mai
drier d’alimentation en version
sont parfois difficiles à gérer. «Je
papier pour avoir une trace des
regarde les calendriers des années
évènements imporprécédentes pour me
tants tels que l’arrêt de
remémorer les décila distribution de maïs,
sions prises dans de
Un logiciel
le début des fauches, le
telles conditions. J’ai
utilisé par
nombre de paddocks
plusieurs moyens de
l’éleveur
fauchés». Les vaches
m’adapter. Il m’arrive
ne reçoivent plus de
alors de changer de
maïs à partir de fin
paddock avant le deravril et le premier paddock est en
nier repas que je reviens réaliser
général fauché vers le 10 mai. «Je
le lendemain, surtout si il y a une
n’ai pas pour objectif de récolter
accalmie. Ou bien, je réserve le
de gros rendements en ensilage,
paddock le plus abrité pour les
alors je coupe tôt pour retrouver
jours très pluvieux, sachant que
rapidement le paddock dans le
mon parcellaire dispose de peu
cycle suivant ». Avec 30 ares par
d’abris naturels. »
vache, seuls 2 ou 3 paddocks
sont fauchés en plus de un ou
Le pâturage assisté
éventuellement deux sur les surpar ordinateur.
faces allouées aux génisses.
Avant le passage à l’informatique,
L’historique permet aussi d’aider
Jean-Jacques a utilisé la version
à retrouver des repères pour
papier du planning d’alimentation
gérer les périodes climatiques
Mars 2007 - N°12
Pascal Le Cœur, Chambre d'agriculture du Finistère
[email protected]
ou même un simple calendrier.
La version informatique n’est
pas encombrante et fonctionne
visuellement comme le document
papier. L’éleveur remplit un planning pour l’ensemble de ses lots
d’animaux : les vaches, mais aussi
les deux lots de génisses. Il saisit
les informations environ une fois
par semaine, à savoir, le passage
des animaux dans les paddocks
ou les fauches, mais aussi les
fourrages complémentaires et les
concentrés distribués. «Je n’y note
pas la fertilisation. D’abord parce
qu’elle se résume à un apport de
lisier en sortie d’hiver sur des
prairies qui sont toutes à base de
RGA-TB, mais aussi parce que je
préfère noter la fertilisation de
l’ensemble de mes parcelles de
l’exploitation au même endroit,
qu’elles soient en herbe ou en
culture. Et puis, je note la fertilisation sur mon fichier informatique depuis 2001 et la méthode
me convient bien».
La tenue d’un planning d’alimentation sert à l’éleveur pour la
gestion de l’herbe au quotidien.
C’est la mémoire du pâturage
qui permet de suivre les temps
de repousse dans chaque paddock. « Cela permet d’ajuster la
distribution de maïs en été lorsque le silo est à nouveau ouvert
en juillet, afin de maintenir des
temps de repousse d’environ 30
jours pour favoriser le rendement
des pâtures ».
Après moins d’une année d’uti-
INFORMATIQUE
EN ELEVAGE
L’informatique dans l’exploitation
Depuis 1997, Jean-Jacques Déniel est équipé de matériel informatique.
Ainsi, il gère de plus en plus d’informations liées à l’élevage par cet outil. Il
utilise le programme Alliance lait depuis 2000 qui lui permet de procéder
aux mouvements d’animaux mais aussi suivre les résultats de production
de ses vaches laitières, sans oublier les données liées à la reproduction
du troupeau. L’introduction du cahier sanitaire dans le programme informatique a permis de limiter les enregistrements sur le papier.
Au-delà des logiciels « clé en main », Jean-Jacques a bâti un certain
nombre de fichiers informatiques sur tableur qui lui permettent de gagner
en efficacité dans la saisie des données. La diffusion du plan de fumure
proposé en version papier par les Chambres d’agriculture de Bretagne
l’a conduit à construire une version informatisée sur tableur qu’il juge
bien pratique. Puis, un certain nombre d’outils de synthèse ont permis
de mieux suivre la rentabilité des cultures de vente par l’historique des
produits par culture mais aussi et surtout des postes de charges opérationnelles. Ainsi, l’évolution de la marge apparaît par déduction.
L’éleveur apprécie aujourd’hui que de plus en plus de services, y compris
administratifs, soient réalisés par informatique. C’est le cas des déclarations PAC, grâce au module Télépac, opérationnel depuis peu. Mais
Jean-Jacques estime avoir d’autres projets à mettre en place. Seul sur
son exploitation, la surveillance des animaux, notamment des vêlages et
des chaleurs, pourrait être améliorée. L’internet à distance devrait permettre de répondre à ce besoin lorsque les animaux sont en bâtiment. C’est
le prochain chantier qui sera engagé.
lisation, l’éleveur n’a pas utilisé
tous les modules d’Herb’Evol. Si
l’enregistrement du planning de
pâturage a été réalisé, les fonctions de simulation et de prévision pour le cycle à venir n’ont
pas été utilisées. « Elles sont surtout intéressantes en début de
printemps avant la fermeture du
silo ou avant l’ouverture. Mais
comme j’ai suivi la formation en
juillet, je n’ai pas réalisé de simulations sur cette campagne. Ce
sera pour l’année prochaine. » Par
DOSSIER
contre, la fin de saison de pâturage permet de faire des bilans.
Ainsi, avec l’enregistrement des
séquences d’alimentation apparaît le calendrier fourrager de
l’année. Le dépouillement du
planning par le calcul du rendement des parcelles est immédiat.
« Ceci permet d’évaluer la productivité des différents paddocks
et de prendre les décisions qui
s’imposent lorsque le rendement
fléchit : fertiliser lorsque le trèfle
a disparu ou re-semer la pâture. »
L’utilisation de ce programme est
une aide au pilotage du pâturage
qui peut convenir quel que soit
le système fourrager, l’objectif
étant la valorisation des parcelles
au service de la maîtrise du coût
alimentaire
Où se procurer les outils ?
Herb’Avenir est diffusé gratuitement en
Bretagne.
Herb’Evol est disponible et diffusé dans
le cadre de formations organisées par les
Chambres d’agriculture de Bretagne.
Herb’Evol permet de réaliser un calcul du rendement de chaque paddock. C’est une aide à la
décision pour améliorer les pratiques de conduite des prairies.
Contacts :
Jean Marc Seuret (Bretagne)
02.96.79.21.63
Françoise Guillois, Annette Hurault (35)
02.99.74.11.68
Pascal Le Cœur (29) 02.98.86.41.71
Rémy Hardy (56) 02.97.74.20.39
Mars 2007 - N°12
Pour en savoir
plus, Elevage
Rentabilité
Novembre 2005
page 16 à 18

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