BBaabbyy LLoovvee
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BBaabbyy LLoovvee
A nnie Philippe fait partie de la seconde vague de chanteuses des années 60. Elle se fait connaître juste après France Gall et Michèle Torr mais beaucoup plus tard que Sylvie Vartan, Françoise Hardy et Sheila. Sa petite taille et ses rondeurs avantageuses contrastent avec le look des mannequins à la mode et leur silhouette élancée et filiforme ! Annie attire les regards avec sa beauté naturelle, sa décontraction non feinte et sa plastique, mise en valeur avec l’arrivée des mini-jupes et des pulls moulants. Un entrain indiscutable et une farouche volonté de réaliser ses rêves d’enfant feront le reste sans occulter le facteur chance aidé en cela par des rencontres opportunes. Ba B ab by yL Lo ov ve e DJ AU TWENTY-ONE C’est le 17 décembre 1946 à Ménilmontant qu’Annie Philippe pousse son premier cri, cinquième et dernière enfant d’une famille modeste et unie du 19e arrondissement de Paris. Constatant son goût prononcé pour la danse, son père, courtier en assurances, inscrit sa fille au Châtelet comme petit rat. Elle n’a que trois ans. Elle grandit près de l’avenue Simon-Bolivar et sa maman, qui aime fredonner les airs de Luis Mariano ou d’Edith Piaf, lui transmet le virus de la chanson. Comme elle n’est pas spécialement douée pour les études et surtout les mathématiques, elle laisse tomber après le certificat d’études et saisit la première occasion d’entrer dans le monde des adultes. Un jour, alors qu’elle se promène aux Buttes-Chaumont, on lui fait visiter les studios de télévision. Elle fait ensuite quelques figurations dont un Carte Blanche A Gilbert Bécaud, où elle tient le rôle d’une Bavaroise ! Puis, à 17 ans, Annie se retrouve disc-jockey dans une discothèque de la rue Balzac, le Twenty-One, à proximité des Champs-Elysées (par la suite le Pariscope). Pour pouvoir être employée, une dérogation de ses parents est obtenue. Annie fait danser les clients d’abord l’après-midi puis le soir sur « Georgia On My Mind » de Ray Charles, « Multiplication » de Bobby Darin, « If I Had A Hammer » de Trini Lopez ou encore « I Got You » de James Brown. Parmi ceux-ci, certains sont des musiciens reconnus, tel Paul Mauriat, arrangeur de Charles Aznavour. Surmontant une certaine appréhension, la jeune fille lui demande à passer une audition et le chef d’orchestre lui conseille de préparer quelques chansons et de venir à son domicile, près de la Porte de StOuen, pour les lui présenter. Elle ne se fait pas prier et entonne « A Malypense » de Lény Escudero, « Les Vendanges De L’Amour » de Marie Laforêt et « Laisse Tomber Les Filles » de France Gall. Le résultat n’est pas très probant malgré un timbre de voix intéressant, une sincérité évidente et une bonne dose d’inconscience, apanage de la jeunesse. Paul Mauriat, peu disponible, conseille à Annie Philippe d’aller voir Jean Bernard, le pianiste de Gilbert Bécaud qui en arrive aux mêmes conclusions : il serait sage de prendre des cours de chant ! Ce qu’elle fait avec application chez Jean Lumière. Puis elle retourne voir Paul Mauriat, cette fois convaincu, autant par sa persévérance que par les progrès accomplis. Annie Philippe enregistre le jour même de ses 18 ans, le 17 décembre 1964, ses premières chansons pour Riviera, filiale de Barclay, qui lui signe un contrat. En fait, ce sont ses parents qui signent car elle est mineure. Elle est coproduite par Yzi Spighel, patron du Twenty-One, et par Paul Mauriat qui assure les arrangements et l’accompagnement avec son orchestre. Ce sont eux qui décident du choix des quatre titres. J’AI TANT DE PEINE Ce premier super 45 tours, édité début 1965, propose le dynamique « Vous Pouvez Me Dire » (« He Don’t Want Your Love Anymore ») de Lulu & The Luvvers, adapté par André Salvet et Claude Carrère. « Qu’Il Le Dise » (« Till He Tells Me ») de Ricky Gordon est transposé par Frank Gérald. L’original « Je Chante Et Je Danse », véritable profession de foi, agréablement jazzy, est signé André Salvet et Pascal Groffe. Le seul moment tendre et romantique est « Une Rose », quatrième version française de « Love Me Tender » d’Elvis Presley, après celles d’Yvette Giraud, Tino Rossi et Christian Garros (« L’Amour Qui M’Enchaîne A Toi » en 1957) et avant Johnny Hallyday (« Amour D’Eté » en 1967). Ce dernier choix est fait malgré 20 « Annie Philippe est un western. En couleur et permanent. » C’est ce qu’écrit Eric Vincent dans le numéro de juin 1966 de Salut Les Copains. Et rien n’a changé en 34 ans, Annie est restée la même, gaie, enthousiaste et spontanée malgré les embûches de l’existence. Ses éclats de rire ponctuent constamment une conversation qui n’est jamais banale et son dynamisme est tout à fait communicatif. La jolie blonde aux yeux clairs, pétillants de malice, ne manque ni d’humour ni d’à-propos, mais sa gentillesse, sa convivialité et son sourire cachent une main de fer dans un gant de velours. Annie n’est pas du genre à se laisser marcher sur les pieds, elle a du caractère et une sacrée personnalité ! le scepticisme d’Annie qui considère que, vocalement, cela ne lui correspond pas trop. La pochette est un portrait en noir & blanc avec le nom de la chanteuse en orangé suivi de N°1, ce qui signifie premier disque mais qui laisse supposer une suite. La France découvre un timbre de voix acidulé qui s’inscrit entre Sylvie Vartan et France Gall, mais l’accueil des médias comme du public reste timide. Ces débuts prometteurs engendrent un deuxième disque, pour l’été 1965, qui mène la piquante et séduisante jeune femme tout droit vers la route du succès. « Baby Love » est une excellente reprise du tube des Supremes et, cette fois, la voix est placée, le timbre accroche et on lui donne vraiment sa chance. Si l’original « J’Ai Raté Mon Bac » est influencé par France Gall, « Tout Finit A Saint-Tropez », une superbe ballade écrite (et chantée) par Guy Béart, et « C’Est Loin Domani » (« Forget Domani » popularisé par Frank Sinatra, Connie Francis, Laurindo Almeida et Katynia Ranieri en 1965), du film MGM « La Rolls Royce Jaune », achèvent de convaincre du charme dévastateur d’Annie Philippe. La pochette du disque, en couleurs cette fois, permet aux teenagers de découvrir un joli visage rieur et ouvert. Presse et radios sont alors disposées à la propulser au firmament des jeunes chanteuses françaises. Le troisième super 45 tours confirme pleinement les espoirs avec le to-