Pourquoi coopérer

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Pourquoi coopérer
Pourquoi coopérer ?
Communication de Christian Saout, Président du CISS,
à l’occasion du Congrès de l’Association des directeurs d’hôpital sur le thème :
« Directeurs du public/Directeurs du privé : regards croisés des établissements de santé sur les coopérations »
Institut mutualiste Montsouris, Paris 15e, 21 janvier 2011.
Madame, Monsieur,
Je vous remercie de votre invitation à vous donner le point de vue des patients, même si le Collectif
interassociatif sur la santé rassemble très largement, au-delà des patients, des famillles, des
consommateurs, des personnes handicapées et des personnes âgées.
Pour répondre à votre question « Pourquoi coopérer ? », je partirai des idéaux qui inspirent le CISS et
que vous partagerez, j’en suis sûr. Mais en première intention, permettez-moi de vous dire que d’un
strict point de vue de patients, la réponse à cette question est très simple. Elle tient toute dans le
slogan d’une firme de cosmétiques assez en vue, dans des circonstances malencontreuses ces
derniers mois : « Parce que nous le valons bien ! ».
Mais avant d’aller plus loin, la perversité m’amène à déceler derrière votre question une autre :
« Pourquoi ne pas coopérer ? ».
Parce qu’il y a des raisons à cela, et certains estiment qu’elles peuvent au cas particulier se révéler très
bonnes :
La concurrence, dont on dit qu’elle est parfois saine. Mais franchement, la santé est-elle un secteur
marchand comme les autres ? La formation des prix répond-t-elle aux règles habituellement observées
sur les autres marchés ? A l’évidence, non.
La facilité ou la paresse, comme on veut. Nous savons tous que nous nous croyons, et que nous
sommes parfois, plus efficaces quand nous sommes seuls maîtrisant les tenants et les aboutissants
d’un projet.
La culture ambiante car tout nous pousse à jouer seul ou pour les intérêts de sa catégorie
d’appartenance dans notre société contemporaine. Alors qu’il faudrait « lâcher prise ». Car à quoi va
servir le cycle « Licence-master-doctorat » (LMD) des infirmières si les médecins n’abandonnent pas
un certain nombre de tâches à leur profit pour se concentrer sur le diagnostic et le traitement qui
constitue leur magistère d’excellence ?
ADMD - AFD - AFH - AFM - AFPric - AFVS - AIDES - Allegro Fortissimo – Alliance du Cœur - Alliance Maladies Rares - ANDAR - APF - AVIAM - CSF Epilepsie France - Familles Rurales - FFAAIR - FNAIR - FNAPSY - FNATH - France Alzheimer - France Parkinson - Le LIEN - Les Aînés Ruraux
Ligue Contre le Cancer - Médecins du Monde - ORGECO - SOS Hépatites - Transhépate - UNAF - UNAFAM - UNAFTC - UNAPEI - Vaincre la Mucoviscidose
Le système de santé lui-même qui « ne fait pas système ». Il est plutôt une succession de tesselles
tentant de former une mosaïque sanitaire dont il est apparu, avec la loi portant réforme de l’hôpital et
relative aux patients, à la santé et aux territoires, qu’il convenait de lui donner un maître d’ouvrage.
Les normes juridiques qui constituent un fatras indescriptible que même les directeurs d’agences
régionales de santé issus du corps préfectoral estiment en quantité très largement supérieure aux
règles qui gouvernent le maintien de l’ordre public.
Les mises en cause judiciaires qui se soldent par des partages de responsabilité là où certains
acteurs estiment qu’ils en auraient dû être dégagés.
Sur un tel socle, rien ne nous pousse donc à coopérer.
Je voudrais maintenant répondre à votre question car évidemment il faut coopérer, comme je l’ai dit
tout à l’heure, et je voudrais assortir chaque motif de coopération d’un ou deux exemples, seulement de
façon à respecter le temps qui m’est imparti.
Coopérer, c’est l’exigence de notre temps. Et cet esprit du temps s’impose à nous tous, car nos
concitoyens sont lassés des oppositions inopérantes aux coûts parfois dispendieux. En politique, c’est
entendu, mais dans la période qui s’ouvre il n’est pas sûr que l’on entende beaucoup de discours
convergents …
Dans le domaine qui nous occupe, il est curieux que les professionnels de santé se refusent à cet
esprit du temps, incapables de s’unir dans les territoires, entre eux et avec les autres acteurs
territoriaux (collectivités locales, société civile, associations…) pour prendre leur part du fardeau en
santé publique.
Il est tout aussi curieux de voir que nos pouvoirs publics ont pensé que l’on pouvait gérer la pandémie
annoncée de grippe H1N1 uniquement avec des hôpitaux et des centres de vaccinations, sans
impliquer les médecins généralistes.
Il est encore curieux que l’on ait installé deux centres hospitalo-universitaires à cinquante kilomètres de
distance l’un de l’autre parce que la carte politique, les rivalités urbaines ou la création d’emploi le
réclament. Et je ne dis rien de certains face-à-face publics-privés dans certains endroits.
Coopérer, c’est utile pour les patients, car les maladies d’aujourd’hui sont de plus en plus des
situations chroniques où l’intervention de plusieurs disciplines est indispensable.
Les techniques de soins de demain imposeront encore plus cette coopération, notamment avec les
traitements ciblés aux effets secondaires complexes à gérer qui s’annoncent.
Et en tout état de cause, même l’urgence est le lieu de la coopération.
Coopérer, c’est moins cher. Il est courant de dire que la chirurgie ambulatoire, en dehors du confort
du patient et des gains de sécurité qu’elle apporte, est moins coûteuse qu’une intervention classique.
Mais la progression de la chirurgie ambulatoire repose sur les coopérations, notamment dans la prise
en charge et le suivi en sortie d’intervention.
Coopérer, c’est plus efficace. Qui peut penser que l’on peut aujourd’hui soigner seul ou décider
seul ?
Premier exemple : coopérer, c’est plus efficace dans la décision de santé. Toutes les crises sanitaires
depuis vingt ans montrent qu’elles résultent d’un enchaînement de circonstances dans lequel certains
acteurs ne se sont pas parlés.
ADMD - AFD - AFH - AFM - AFPric - AFVS - AIDES - Allegro Fortissimo – Alliance du Cœur - Alliance Maladies Rares - ANDAR - APF - AVIAM - CSF Epilepsie France - Familles Rurales - FFAAIR - FNAIR - FNAPSY - FNATH - France Alzheimer - France Parkinson - Le LIEN - Les Aînés Ruraux
Ligue Contre le Cancer - Médecins du Monde - ORGECO - SOS Hépatites - Transhépate - UNAF - UNAFAM - UNAFTC - UNAPEI - Vaincre la Mucoviscidose
Deuxième exemple : coopérer c’est plus efficace dans la décision de santé individuelle. Le diagnostic
requiert d’aller au-delà de l’examen clinique si l’on veut l’asseoir avec certitude, le traitement nécessite
d’être prescrit mais aussi d’être accompagné d’actes « éducatifs » si l’on veut sa pleine efficacité.
Coopérer, c’est plus sûr. La sécurité au bloc opératoire ou la sécurité dans les établissements
médicaux sociaux, dont on parle moins, à tort, ne sont pas de ces défis que l’on relève seul. Ils
impliquent tous les acteurs de la communauté soignante et aussi la collaboration de cette communauté
avec les acteurs administratifs au sein de l’entité d’accueil des personnes.
Coopérer, c’est nécessaire pour anticiper les changements de demain et mieux relever les défis
qu’ils recèlent.
Avec la démocratisation de l’accès au génome, la médecine revêtira très souvent un aspect prédictif. Il
conviendra de penser au développement des nouveaux métiers de demain : depuis le conseil en
génomique jusqu’à l’accompagnement des personnes qui mobilisera des approches nouvelles, non
médicales.
Avec les déplacements de population, il faut ajuster les cartes sanitaires en gérant des contradictions
considérables : comment maintenir une réponse de santé quand des médecins ne veulent plus aller à
certains endroits, que le recours à l’incitation et à la contrainte s’avère inopérant ? Il faudra alors peutêtre inventer une gestion de la santé de proximité de demain sur des bases nouvelles avec des
infirmières de LMD, des pharmaciens rendus plus disponibles par une moindre délivrance des
traitements et les associations dont certaines ont démontré leurs savoir-faire.
Coopérer, c’est plus durable.
On s’intéresse peu à cet aspect dans les politiques de santé. A tort. Car la coopération favorise la
compréhension des enjeux de santé par les populations. Or, nous ne progresserons pas en santé
publique, comme en santé tout court, sans que des savoirs a propos de la santé ou du soin soient
partagés par le plus grand nombre. Et il vaut mieux que les acteurs de santé, tous, pouvoirs publics,
agences, professionnels, patients, soient à la manœuvre plutôt que de laisser certains blogs ou
certains lobbys industriels diffuser des messages contre-productifs.
Coopérer, c’est plus démocratique.
Si l’on veut bien accepter qu’une part de l’aspiration démocratique du XXIe siècle tienne dans la
participation de tous au système de santé, alors nous devons coopérer. Dans une partie de mon
aventure militante, celle qui a trait à la lutte contre le sida, à AIDES, c’est bien cela que j’ai observé
dans les pays du Sud : l’implication des sociétés civiles, le plus souvent aux avant-postes dans la lutte
contre le sida, a amené des conceptions nouvelles de la santé, partagées par les pouvoirs publics et la
démocratie associative s’est révélée une école de la démocratie. Les leçons du Sud valent au Nord.
Si l’on veut penser que la démocratie sanitaire élaborée à l’occasion des Etats généraux de la santé a
des vertus salvatrices, pensons que si elle avait pénétré le monde du médicament nous n’en serions
peut-être pas à la crise du Mediator. Ces apports sont pourtant simples à mettre en œuvre :
transparence, contradictoire, indépendance, participation des usagers.
*
C’est sous ces aspects qu’au sein du Collectif interassociatif sur la santé nous approchons le sujet de
la coopération. Nous n’y voyons pas une gêne mais un bien précieux.
ADMD - AFD - AFH - AFM - AFPric - AFVS - AIDES - Allegro Fortissimo – Alliance du Cœur - Alliance Maladies Rares - ANDAR - APF - AVIAM - CSF Epilepsie France - Familles Rurales - FFAAIR - FNAIR - FNAPSY - FNATH - France Alzheimer - France Parkinson - Le LIEN - Les Aînés Ruraux
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