Paraguay: Diversidad linguística en el corazón de América del Sur
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Paraguay: Diversidad linguística en el corazón de América del Sur
Christina Boselli Université Catholique de Asunción PARAGUAY Le Paraguay: diversité linguistique au cœur de l'Amérique du sud NOTA BENE _________________________________________________________ L'accès aux textes des colloques panaméricain et 2001 Bogues est exclusivement réservé aux participants. Vous pouvez les consulter et les citer, en respectant les règles usuelles, mais non les reproduire. Le contenu des textes n'engage que la responsabilité de leur auteur, auteure. Access to the Panamerican and 2001 Bugs' conferences' papers is strictly reserved to the participants. You can read and quote them, according to standard rules, but not reproduce them. The content of the texts engages the responsability of their authors only. El acceso a los textos de los encuentros panamericano y 2001 Efectos es exclusivamente reservado a los participantes. Pueden consultar y citarlos, respetando las pautas usuales, pero no reproducirlos. 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L’action des européens et de leurs descendants peut se voir dans la déforestation subie surtout dans la région orientale. La faune est assez similaire à celle des régions amazoniennes. Ce pays se trouve au cœur de l’Amérique du Sud, du Mercosur et de l’Univers Culturel Guarani, une sorte de Mercosur culturel et linguistique qui se remonte à des siècles en arrière. De ce point de vue, le Mercosur n’est qu’un fait très récent recouvrant de vastes régions qui constituaient l’ancienne nation qui peuplait l’Amérique du Sud avant l’arrivée des espagnols. Une intégration par la langue avait déjà eu lieu autrefois, avec l’utilisation du guarani sur de vastes territoires. La base de la population paraguayenne est constituée par le métissage hispano-guarani, qui a son origine aux environs de 1524, année qui marque l’arrivée des premiers colonisateurs espagnols. A partir de ce moment, l’union des européens avec les femmes indigènes donne lieu, non seulement à un type physique caractéristique, le métis paraguayen, mais aussi à l’utilisation de deux langues : l’espagnol et le guarani. A partir du XIXème siècle, il y a eu plusieurs courants migratoires : des italiens, des français, des syriens, des libanais, des russes, des allemands, des japonais, des chinois et des coréens sont arrivés et ont fondé des colonies et des villes. Leurs descendants se trouvent parfaitement intégrés à la société paraguayenne, qui n’a jamais connu de problèmes de racisme. Certains groupes, notamment les allemands, les chinois et les coréens, ont transmis leur langue maternelle à leurs descendants. Du point de vue linguistique, ils représentent pourtant des minorités. Le voisinage avec le Brésil ainsi que l’importance des échanges économiques mettent en présence le portugais. Mais cette langue est pratiquée seulement dans les régions frontalières, et dans une variété connue actuellement comme « portuñol ». Dans le temps, le portugais n’a jamais été une langue parlée en dehors des régions mentionnées. Au Paraguay, très peu de gens étudient le portugais et le parlent couramment. Peu de paraguayens considèrent le portugais comme une langue à apprendre. En outre, il existe un certain nombre de langues indigènes qui ont survécu, mais qui sont parlées uniquement dans l’étroit contexte de chaque ethnie. La population indigène est constituée par 30.000 individus. 2. Le Paraguay et l’Univers Culturel Guarani La candidature de l’Univers Culturel Guarani comme Patrimoine Oral et Intangible de l’Humanité a été posée à l’UNESCO à Paris en janvier 2001, par les pays membres de la communauté guarani : l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay. Le rayonnement Tupi Guarani, source de l’Univers Culturel Guarani contemporain, a représenté vraisemblablement le processus de dispersion le plus important effectué par une seule culture dans l’Amérique pré-hispanique. A partir d’un épicentre que la mythologie considère l’habitat original, l’Yvy mbyta, le centre de la terre, situé dans le territoire actuel du Paraguay, la population qui habitait la région il y a quelques millénaires a commencé à parcourir l’espace américain, en couvrant une vaste étendue de la forêt sous-tropicale et tropicale, depuis les Caraïbes jusqu’au Rio de la Plata, et du bord oriental des Andes jusqu’à la côte de l’Atlantique. L’Univers Culturel Guarani enfonce ses racines profondes dans la famille linguistique Tupi-Guarani qui habitait autrefois les trois quarts de l’Amérique du Sud. Parmi les langues millénaires du continent, la langue guarani est la seule qui a été déclarée langue officielle d’un pays, le Paraguay, et qui est utilisée couramment par la majorité de la population paraguayenne, dans plusieurs provinces argentines et états brésiliens et dans certaines communautés ethniques de la Bolivie et de l’Uruguay. Ce processus d’expansion n’a pas eu son origine dans l’ambition de conquête, comme il est arrivé avec les hautes cultures andines, mais dans la transhumance de la société guarani, qui parcourait inlassablement le continent à la recherche de l’utopie mythique de l’Yvy marane’y, la Terre sans Mal, comme ils ont continué de le faire de manière sporadique jusqu’au début du XXème siècle, de la main de leurs Karai (prophètes). Au delà des dénominations particulières des dialectes parlés par les diverses ethnies qui font partie de la famille linguistique Tupi-Guarani, le nom générique de Guarani s’est imposé depuis très longtemps, ayant été la « langue générale » parlée sur une vaste géographie. La langue guarani est la référence principale de la culture orale et intangible de la région, surtout au Paraguay où, selon le recensement national de 1992,on peut voir que le 37% de la population (d’environ cinq millions d’habitants) est monolingue guarani. Le 50% est bilingue (guarani-castillan),le 7% monolingue castillan et le 6% restant parle d’autres langues. En Argentine un pourcentage important des habitants du Nord-Est parlent le guarani quotidiennement ou dans ses relations intra-familiales, et on peut dire la même chose des milliers de paraguayens qui habitent la province de Buenos Aires. Dans un pourcentage plus modeste, la langue se maintient, ainsi qu’un nombre de traditions « criollas », chez les habitants des régions de la frontière avec le Brésil et l’Uruguay. On pourrait dire que le nombre de guaranophones dépasse largement, en prenant les cinq pays (le Paraguay, l’Argentine, l’Uruguay, le Brésil et la Bolivie) dix millions de porteurs. Si on tenait compte des autres aspects culturels propres de l’Univers Guarani comme la littérature orale, la musique, les arts ou les traditions culinaires, ce chiffre sera considérablement plus élevé. La langue guarani est l’une de plus anciennes de la région et sa transmission se fait principalement par des moyens oraux. Le guarani charme par sa musique et étonne par sa logique. Un auteur de l’époque le décrit comme suit : « Ce qui est étonnant, insolite, extraordinaire, c’est ce contraste entre le retard matériel des indiens guaranis et la splendeur incomparable de leur langue. Dans d’autres peuples on observe le phénomène inverse : la civilisation matérielle magnifique, mais la langue dure, rustique, ignare ». L’Univers Culturel Guarani a compris un territoire plus importante que son expansion ethnique ou politique. L’importance des noms guaranis dans la nomenclature géographique en vigueur dans des pays comme le Paraguay, l’Uruguay, le Brésil, l’Argentine, la Bolivie et même le Venezuela est évidente. Il n’est pas difficile de découvrir des vestiges de la même origine idiomatique dans la toponymie, et même plus, dans le parler populaire d’autres régions du continent. L’expansion culturelle guarani est antérieure à la conquête, mais c’est pendant la colonisation espagnole qu’elle a acquis un développement plus important. Le guarani avait été fréquemment utilisé pour désigner les villes fondées ; ainsi que pour décrire la faune, la flore, les fleuves, les montagnes et les vallées de la région. 3. Le Paraguay et le Mercosur Le 26 mars 1991, par le Traité d’Asuncion, naît le Mercosur, Marché Commun du Sud, un espace d’environ 200.000.000 d’habitants, un projet d’intégration des peuples de l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay, avec des objectifs larges et divers, ouvert à d’autres adhérents, tels que la Bolivie et le Chili. Dans cet espace d’intégration, suivant une tendance naturelle pour ainsi dire, on a voulu dans un premier moment privilégier les aspects économiques, politiques ou sociaux au détriment de l’aspect culturel, mais l’importance de ce dernier s’avère fondamentale. Une coordination des systèmes éducatifs assurant la mobilité sociale et la formation des ressources humaines est aussi décisive qu’une politique fiscale commune. Dans cette conviction, nous devons accorder que tout projet d’intégration suppose une intégration culturelle simultanée à l’intégration économique, sociale et politique. Avant tout, nous devons tenir compte de la langue, c’est à dire l’instrument linguistique par lequel s’expriment les unités à intégrer. La langue est le véhicule par lequel se transmettent des formes et des contenus, des conduites, des normes et des valeurs. Parmi les sujets qui concernent l’éducation, nous voudrions signaler en particulier la promotion réciproque des langues nationales – dans ce cas l’espagnol et le portugais – par son inclusion dans les curricula de l’enseignement primaire et secondaire, ou dans des cours universitaires, post-diplôme ou de formation permanente. La réunion des organismes d’application des traités a déjà produit une pratique diplomatique et des contacts permanents dont les résultats se sont traduits dans un avancement soutenu de l’intégration culturelle et éducative dans le système créé par le Mercosur (le Mercosur éducatif). De ces organismes compétents, et sur la base des normes fondamentales (Traité d’Asunción et Protocole d’Intentions) émane un ordre juridique composé par des décisions, des résolutions et d’autres normes qui forment le droit éducatif communautaire du Mercosur, en permanente évolution Parmi les propos contenus dans les normes fondamentales du Mercosur, nous pouvons mentionner le suivant : « Diffuser l’apprentissage des langues officielles du Mercosur (espagnol et portugais) par les systèmes éducatifs formels, non formels et informels ». 4. L’espagnol et le guarani : langues officielles du Paraguay L’article 140 de la Constitution Nationale du Paraguay (1992) établit : « Le Paraguay est un pays pluriculturel et bilingue. Les langues officielles sont le castillan et le guarani. La loi établira les modalités d’utilisation de chacune des deux langues. Les langues indigènes, ainsi que celles des autres minorités, font partie du patrimoine culturel de la nation ». L’article 77 dit : « L’enseignement au commencement du processus scolaire sera réalisé en langue officielle maternelle de l’apprenant. L’instruction sera donnée également dans la connaissance et l’utilisation des deux langues officielles de la République. Dans les cas des minorités indigènes dont la langue maternelle ne soit pas le guarani, on pourra choisir l’une des deux langues officielles ». Au Paraguay, l’espagnol ou castillan est une porte de communication et de pénétration culturelle irremplaçable. Le guarani est la nature, le verbe pur. Le bilinguisme répond aux besoins de communication entre deux sociétés L’utilisation de deux langues au Paraguay est aujourd’hui une des caractéristiques de ce pays qui se considère bilingue. Le bilinguisme a été expliqué de manière persistante comme un résultat du métissage. Néanmoins, le castillan paraguayen est envahi de formes linguistiques guaranis. Historiquement, le guarani est le premier substrat, mais pas le seul, dans le dialecte des indiens de la région d’Asuncion. Ce dialecte est devenu vulgaire entre les indigènes et les espagnols, entre les métis et les créoles. Ces innovations on donné lieu à « un processus de convergence par rapport au castillan local, qui a transformé de manière notoire tant son système grammatical que son propre lexique » (Granda 1988 :41). La cohérence nationale est soutenue, dans une grande mesure, par le rôle unificateur tenu, dans les pratiques mentales et culturelles, par la langue guarani. Les jésuites avaient perçu très tôt la richesse de celle-ci et son importance en tant que moyen de communication, traduisant les textes religieux et publiant catéchismes, grammaires et dictionnaires dès le début du dix-septième siècle. Dans les réductions jésuites, le guarani avait été colonisé. Mais en 1768, au moment de l’expulsion des jésuites de leurs missions, un guarani plus proche du guarani originaire classique est resté. Les réductions ont donné au guarani une hiérarchie, un corpus, des écrits qui l’ont transformé en langue indigène généralisée dans un nouveau contexte dans lequel il assumait le meilleur du monde colonial sans laisser de côté quelques institutions du monde indigène. Cette reconnaissance de l’idiome vernaculaire n’avait pas été partagée par ailleurs par les autorités coloniales, et ensuite par les régimes autocratiques du dix-neuvième siècle, qui ont tout fait pour l’extirper des mœurs locales. Au milieu du dix-neuvième siècle, constate Charles B. Manfield « la bonne société affecte de mépriser le guarani ». Après la guerre de la Triple Alliance, les modernisateurs férus des modèles libéraux insistent à imposer la prééminence de la langue espagnole. L’usage de l’idiome indigène est également interdit dans les écoles ainsi qu’au collège national d’Asunción, et le ministre de l’Education le considérera, au début du vingtième siècle, « le grand ennemi du progrès culturel du Paraguay ». Cet ostracisme n’empêche pourtant pas le guarani de demeurer d’usage quotidien et quasi-généralisé dans les campagnes et parmi les couches populaires d’Asunción. Au sein des classes cultivées elles- mêmes, selon le voyageur péruvien Amézaga, « on préfère le guarani pour les relations intimes de famille, comme si cette langue traduisait mieux les sentiments de l’âme ». Cette situation sociale sera favorable pour le développement d’une mutation remarquable, qui se terminera par la réhabilitation de l’idiome vernaculaire. Les premiers écrits littéraires en guarani ont été publiés à partir du début du XXème siècle. Mais le renouveau devient tout à fait évident surtout après 1920. Il se traduit notamment par la fondation de la première Académie de la langue et de la culture guarani et la création en 1923 du cercle Culture Guarani. Le Paraguay est un pays non indigène qui parle une langue indigène dans sa majorité. Mais la langue guarani est loin d’être inoffensive. Elle a une signification et un discours qui ne sont pas pleinement coloniaux. Le guarani a toujours été un refuge, une repaire de la liberté des paraguayens. Car les projections coloniales anciennes et modernes ont toujours été globalisantes et elles ne supportent pas les différences. La langue guarani à l’état pur existe encore au Paraguay. La société rurale, il faut le reconnaître, est la dépositaire principale de cette langue. De l’histoire linguistique se déduit que le guarani paraguayen est très lié à la formation de la population rurale, avec laquelle il a évolué et où on peut trouver ses manifestations les plus authentiques. Malgré sa catégorie de langue officielle, il n’y a pas de dictionnaire guarani-guarani, il n’y a pas d’université en guarani. Il n’y a pas de tribunaux en guarani. Les lois ne sont pas rédigées en guarani. Mais les paraguayens n’ont pas développé pour autant leur autre langue : l’espagnol. Ils sont encore enfermés dans un pauvre espagnol et un guarani presque analphabète. Le castillan paraguayen n’est pas suffisamment large et c’est la langue qui a subi historiquement la réduction la plus importante. Ce n’est pas le guarani qui a été réduit, mais le castillan. Celui qui parle castillan au Paraguay a une langue plus appauvrie que celle des guaranophones. Dans les années quatre-vingt-dix, avec la Réforme Educative, le guarani a réussi à entrer dans l’éducation formelle de manière obligatoire, mais convaincante. Et cela a été très positif. Cela a obligé les paraguayens à prendre une position. On ne peut pas encore mesurer le degré de rejet ou d’acceptation, mais les enfants sont plus ouverts au guarani que leurs parents. La Réforme a donné un rang et une hiérarchie au guarani. Néanmoins, le grand obstacle du guarani se trouve dans le processus d’enseignement. Il y a peu de préparation des enseignants. La plupart d’entre eux se bornent à enseigner des listes de mots en guarani. Paradoxalement, pour connaître le guarani paraguayen parlé aujourd’hui, les grammaires et les dictionnaires, ne sont pas très fiables, n’arrivant pas à systématiser le guarani tel qu’il est, et se situant de ce fait plutôt dans ce qu’il « devrait être ». Avec la prétention d’enseigner un bon guarani, les diverses grammaires actuelles rendent difficilement compte du parler quotidien des paraguayens. Mais malgré tout, le monolingue guarani est encore considéré inférieur et subit de ce fait les manques d’opportunités et d’options de travail. Conscients de ce fait les programmateurs éducatifs et les planificateurs du développement du pays dirigent leurs efforts à surmonter ces limitations. Historiquement, la langue guarani a été traitée – surtout au vingtième siècle – comme variété basse. Le castillan est identifié plus facilement avec le pouvoir politique et culturel. L’élection du guarani pour marquer une relation de solidarité avec des guaranophones n’est pas dépourvue –surtout parmi les politiciens, par exemple – d’une volonté de domination. La particularité de la situation linguistique du Paraguay n’est pas encore bien analysée et elle exige un traitement très nuancé de concepts et d’analyse de la réalité. Et c’est l’un des motifs de la fascination que le cas paraguayen exerce sur les linguistes du monde entier. 5. Les politiques linguistiques au Paraguay A partir des travaux de la Réforme Educative, on a conclu sur la nécessité de récupérer et de mettre l’accent sur l’existence de l’univers des valeurs de la culture guarani, fondamentale pour récupérer le sens de l’équité sociale et pour initier un processus de valorisation culturelle. Le Comité National de Bilinguisme considère que la langue guarani n’est pas seulement une ressource pédagogique, mais un instrument clé prioritaire pour le développement d’une politique d’équité et de démocratie et une référence fondamentale d’identité nationale. En effet, il est nécessaire de considérer la diversité culturelle dans toute sa dimension vis-à-vis du processus d’intégration économique et politique du Mercosur. La consolidation des institutions démocratiques devient un défi pour l’élaboration de politiques publiques concernant l’utilisation des langues majoritaires, du portugais, des langues indigènes et des autres langues parlées dans le pays. La situation actuelle demande une loi établissant les normes pour l’utilisation du guarani en tant que langue officielle dans les divers aspects des activités nationales, comme il a été prévu dans la Constitution Nationale. Cela implique d’abord une planification linguistique adéquate aux nouvelles caractéristiques sociales, culturelles et de population du pays. Le Programme Scolaire d’Education Bilingue (PEEB) donne la priorité à l’étude et à l’utilisation des langues guarani et espagnol comme des instruments de communication qui devraient se projeter dans un point de vue interculturel. Le plan stratégique de la Réforme Educative aspire à ce que toute la population entre 15 et 50 ans puisse lire, écrire et s’exprimer couramment en guarani et en espagnol, ayant développé un sens d’appartenance à sa culture. Cependant le Programme d’Education Bilingue avance avec beaucoup de difficultés. La Constitution Nationale établit que, selon la langue maternelle de l’élève qui entre dans le système éducatif, la scolarisation sera réalisée dans sa langue maternelle. Par conséquent, le PEEB a déterminé un modèle qui contemple deux modalités pour le deux premiers cycles : Guaranophone et Hispanophone, considérant au début la langue maternelle de l’élève pour décider la langue d’apprentissage. A partir du troisième cycle on ne parle plus de modalité, car on suppose que les élèves ont déjà acquis les connaissances linguistiques pour former une seule modalité de bilingues dans les langues majoritaires du pays. L’acceptation de la modalité guaranophone, perçue comme une nécessité par les enseignants et les techniciens du ministère de l’éducation, est majeure dans les zones rurales. Quant aux résultats, même avec les difficultés indiquées, il y a des signes de changement, comme l’éveil des enfants au processus d’apprentissage qui se traduit par une amélioration du rendement académique. Les enfants ont accru leur capacité de participation et d’expression, ils sont moins timides et plus actifs. Quant aux enseignants, ils ne sont pas suffisamment formés pour être de vrais éducateurs bilingues à partir d’une méthodologie adéquate, qui exige des stratégies appropriées pour son utilisation. En effet, le besoin d’écoles pilotes avec des techniciens et des assesseurs spécialisés où les enseignants de guarani peuvent chercher des modèles d’enseignement est évident. Jusqu’à présent le pays dispose de beaucoup d’institutions qui s’occupent d’enseigner le guarani, mais un institut de formation d’enseignants bilingues n’existe pas encore. L’enseignement du guarani et de l’espagnol comme première et deuxième langues, la discussion toujours actuelle sur le type de guarani qui devrait être utilisé dans le processus d’enseignement-apprentissage et une planification linguistique adaptée aux changements socio-culturels et aux besoins du processus d’intégration sont les problèmes principaux du Programme de l’Education Scolaire Bilingue. Sans aucun doute, le sujet du processus enseignement-apprentissage des langues secondes à partir d’une perspective moderne qui soit pratique et attirante constitue encore un des défis du système éducatif. En effet, tenant compte des questions telles que l’intégration régionale, l’utilisation correcte et l’enseignement du portugais devraient être inclus à court terme dans l’agenda éducatif. 6. La diversité linguistique dans le contexte de l’intégration Malgré les difficultés, l’intégration des pays qui forment le Mercosur est en marche dans tous les domaines. Dans celui des langues, les propos et les programmes du Mercosur mettent l’accent sur la diffusion des deux langues officielles : l’espagnol et le portugais. Il faut remarquer qu’ont ne parle pas du guarani, qui est pourtant langue officielle du Paraguay, mais le sujet a déjà été traité dans plusieurs espaces de discussion. Dans la mesure où les relations entre l’Union Européenne seront approfondies dans les années à venir, il est possible d’envisager un accroissement de l’intérêt des étudiants pour les langues européennes autres que l’anglais en vue de la réalisation des études universitaires. Dans ce contexte, la situation du Paraguay est particulière. Nous avons vu que tous les efforts de la Réforme Educative en matière de politique linguistique sont pratiquement concentrés actuellement dans l’enseignement du guarani, et cela pour des raisons plausibles. Cependant cela se passe avec beaucoup de difficultés, entre autres par manque d’assistance pédagogique d’experts en méthodologie de l’enseignement de langues secondes. Nous pouvons dire que l’enseignement d’autres langues, surtout du portugais, bien que mentionné, commence seulement à être traité dans la réforme éducative. En ce qui concerne les autres langues, l’anglais est la mieux placée, tenant compte de son utilisation considérée universelle. L’enseignement du français continue dans certains collèges privés appartenant à des ordres religieux d’origine française et dans certains établissements publics à partir des négociations et avec l’appui de l’ambassade de France au Paraguay. 7. Le portugais dans le Mercosur Au Brésil, en ce qui concerne l’enseignement du portugais/langue étrangère, il y a depuis quelques années un projet au Ministère des Relations Extérieures intitulé « Projet Portugais/Langue Etrangère – Enseignement de la langue portugaise et de la culture brésilienne ». A l’intérieur de ce projet, le sous-projet « Português no Mercosul » a comme objectif la mise en place de l’enseignement-apprentissage du portugais dans les pays du Mercosur, ainsi que celui d’introduire le portugais comme langue de la discipline Langue Etrangère dans le curriculum scolaire de l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay. En ce moment d’intégration économique, culturelle et politique que nous donne le Mercosur, l’enseignement de l’espagnol au Brésil et du portugais dans les autres pays signataires du Traité d’Intégration est un fait indiscutable. Il est urgent que le Brésil, l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay trouvent rapidement des alternatives pour former à court terme des enseignants professionnels pour l’enseignement des deux langues, ce qui est en déficit actuellement dans la région. BIBLIOGRAPHIE Proclamation de chefs-d’œuvre du patrimoine oral et intangible de l’humanité. Présentation de la candidature : « L’Univers Culturel Guarani comme Patrimoine Oral et Intangible de l’Humanité » à l’UNESCO Asunción, janvier 2001 Indios guaraníes y chamanes franciscanos. Las primeras reducciones del Paraguay. Louis Necker Biblioteca Paraguaya de Antropología – Vol. 7 Centro de Estudios Antropológicos Universidad Católica Asunción, 1990 Nación y cultura como contexto del bilingüismo In Realidad Social del Paraguay Bartomeu Meliá CIDSEP – Universidad Católica « Nuestra Señora de la Asunción » Asunción, 1998 « El guaraní es un refugio, un reducto de la libertad de los paraguayos » Bartomeu Meliá Revue « Docente » Année 1, Numéro 1 Asunción, mai 2000 Constitución Nacional de la República del Paraguay La Ley paraguaya S.A, Asunción, 1995 Informe sobre la situación de la educación paraguaya Consejo Nacional de Educación y Cultura Asunción, juin 2000 Los límites de la transición. Economía y Estado en el Paraguay en los años 90. 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