Paraguay: Diversidad linguística en el corazón de América del Sur

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Paraguay: Diversidad linguística en el corazón de América del Sur
Christina Boselli
Université Catholique de Asunción
PARAGUAY
Le Paraguay: diversité linguistique au cœur de l'Amérique du
sud
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1. LE PARAGUAY : DIVERSITÉ LINGUISTIQUE AU CŒUR DE
L’AMERIQUE DU SUD
Cristina Boselli
1. Le pays
Le Paraguay est un pays enclavé situé au centre de l’Amérique du Sud. Il a une
superficie de 406.752 km2 et une population estimée actuellement en 6.000.000
d’habitants. Le climat, sous-tropical, est comparable à celui de Florida. L’été est
particulièrement long, entre octobre et avril. Un réseau très dense de courants d’eau,
alimenté par des pluies abondantes, couvre le pays.
La terre du Paraguay est une des plus fertiles de l’Amérique du Sud. L’action des
européens et de leurs descendants peut se voir dans la déforestation subie surtout dans la
région orientale. La faune est assez similaire à celle des régions amazoniennes.
Ce pays se trouve au cœur de l’Amérique du Sud, du Mercosur et de l’Univers Culturel
Guarani, une sorte de Mercosur culturel et linguistique qui se remonte à des siècles en
arrière. De ce point de vue, le Mercosur n’est qu’un fait très récent recouvrant de vastes
régions qui constituaient l’ancienne nation qui peuplait l’Amérique du Sud avant
l’arrivée des espagnols. Une intégration par la langue avait déjà eu lieu autrefois, avec
l’utilisation du guarani sur de vastes territoires.
La base de la population paraguayenne est constituée par le métissage hispano-guarani,
qui a son origine aux environs de 1524, année qui marque l’arrivée des premiers
colonisateurs espagnols. A partir de ce moment, l’union des européens avec les femmes
indigènes donne lieu, non seulement à un type physique caractéristique, le métis
paraguayen, mais aussi à l’utilisation de deux langues : l’espagnol et le guarani.
A partir du XIXème siècle, il y a eu plusieurs courants migratoires : des italiens, des
français, des syriens, des libanais, des russes, des allemands, des japonais, des chinois et
des coréens sont arrivés et ont fondé des colonies et des villes. Leurs descendants se
trouvent parfaitement intégrés à la société paraguayenne, qui n’a jamais connu de
problèmes de racisme. Certains groupes, notamment les allemands, les chinois et les
coréens, ont transmis leur langue maternelle à leurs descendants. Du point de vue
linguistique, ils représentent pourtant des minorités.
Le voisinage avec le Brésil ainsi que l’importance des échanges économiques mettent
en présence le portugais. Mais cette langue est pratiquée seulement dans les régions
frontalières, et dans une variété connue actuellement comme « portuñol ». Dans le
temps, le portugais n’a jamais été une langue parlée en dehors des régions mentionnées.
Au Paraguay, très peu de gens étudient le portugais et le parlent couramment. Peu de
paraguayens considèrent le portugais comme une langue à apprendre.
En outre, il existe un certain nombre de langues indigènes qui ont survécu, mais qui sont
parlées uniquement dans l’étroit contexte de chaque ethnie. La population indigène est
constituée par 30.000 individus.
2. Le Paraguay et l’Univers Culturel Guarani
La candidature de l’Univers Culturel Guarani comme Patrimoine Oral et Intangible de
l’Humanité a été posée à l’UNESCO à Paris en janvier 2001, par les pays membres de
la communauté guarani : l’Argentine, la Bolivie, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay.
Le rayonnement Tupi Guarani, source de l’Univers Culturel Guarani contemporain, a
représenté vraisemblablement le processus de dispersion le plus important effectué par
une seule culture dans l’Amérique pré-hispanique. A partir d’un épicentre que la
mythologie considère l’habitat original, l’Yvy mbyta, le centre de la terre, situé dans le
territoire actuel du Paraguay, la population qui habitait la région il y a quelques
millénaires a commencé à parcourir l’espace américain, en couvrant une vaste étendue
de la forêt sous-tropicale et tropicale, depuis les Caraïbes jusqu’au Rio de la Plata, et du
bord oriental des Andes jusqu’à la côte de l’Atlantique.
L’Univers Culturel Guarani enfonce ses racines profondes dans la famille linguistique
Tupi-Guarani qui habitait autrefois les trois quarts de l’Amérique du Sud. Parmi les
langues millénaires du continent, la langue guarani est la seule qui a été déclarée langue
officielle d’un pays, le Paraguay, et qui est utilisée couramment par la majorité de la
population paraguayenne, dans plusieurs provinces argentines et états brésiliens et dans
certaines communautés ethniques de la Bolivie et de l’Uruguay.
Ce processus d’expansion n’a pas eu son origine dans l’ambition de conquête, comme il
est arrivé avec les hautes cultures andines, mais dans la transhumance de la société
guarani, qui parcourait inlassablement le continent à la recherche de l’utopie mythique
de l’Yvy marane’y, la Terre sans Mal, comme ils ont continué de le faire de manière
sporadique jusqu’au début du XXème siècle, de la main de leurs Karai (prophètes).
Au delà des dénominations particulières des dialectes parlés par les diverses ethnies qui
font partie de la famille linguistique Tupi-Guarani, le nom générique de Guarani s’est
imposé depuis très longtemps, ayant été la « langue générale » parlée sur une vaste
géographie.
La langue guarani est la référence principale de la culture orale et intangible de la
région, surtout au Paraguay où, selon le recensement national de 1992,on peut voir que
le 37% de la population (d’environ cinq millions d’habitants) est monolingue guarani.
Le 50% est bilingue (guarani-castillan),le 7% monolingue castillan et le 6% restant
parle d’autres langues.
En Argentine un pourcentage important des habitants du Nord-Est parlent le guarani
quotidiennement ou dans ses relations intra-familiales, et on peut dire la même chose
des milliers de paraguayens qui habitent la province de Buenos Aires. Dans un
pourcentage plus modeste, la langue se maintient, ainsi qu’un nombre de traditions
« criollas », chez les habitants des régions de la frontière avec le Brésil et l’Uruguay.
On pourrait dire que le nombre de guaranophones dépasse largement, en prenant les
cinq pays (le Paraguay, l’Argentine, l’Uruguay, le Brésil et la Bolivie) dix millions de
porteurs. Si on tenait compte des autres aspects culturels propres de l’Univers Guarani
comme la littérature orale, la musique, les arts ou les traditions culinaires, ce chiffre sera
considérablement plus élevé.
La langue guarani est l’une de plus anciennes de la région et sa transmission se fait
principalement par des moyens oraux. Le guarani charme par sa musique et étonne par
sa logique. Un auteur de l’époque le décrit comme suit : « Ce qui est étonnant, insolite,
extraordinaire, c’est ce contraste entre le retard matériel des indiens guaranis et la
splendeur incomparable de leur langue. Dans d’autres peuples on observe le phénomène
inverse : la civilisation matérielle magnifique, mais la langue dure, rustique, ignare ».
L’Univers Culturel Guarani a compris un territoire plus importante que son expansion
ethnique ou politique. L’importance des noms guaranis dans la nomenclature
géographique en vigueur dans des pays comme le Paraguay, l’Uruguay, le Brésil,
l’Argentine, la Bolivie et même le Venezuela est évidente. Il n’est pas difficile de
découvrir des vestiges de la même origine idiomatique dans la toponymie, et même
plus, dans le parler populaire d’autres régions du continent.
L’expansion culturelle guarani est antérieure à la conquête, mais c’est pendant la
colonisation espagnole qu’elle a acquis un développement plus important. Le guarani
avait été fréquemment utilisé pour désigner les villes fondées ; ainsi que pour décrire la
faune, la flore, les fleuves, les montagnes et les vallées de la région.
3. Le Paraguay et le Mercosur
Le 26 mars 1991, par le Traité d’Asuncion, naît le Mercosur, Marché Commun du Sud,
un espace d’environ 200.000.000 d’habitants, un projet d’intégration des peuples de
l’Argentine, le Brésil, le Paraguay et l’Uruguay, avec des objectifs larges et divers,
ouvert à d’autres adhérents, tels que la Bolivie et le Chili.
Dans cet espace d’intégration, suivant une tendance naturelle pour ainsi dire, on a voulu
dans un premier moment privilégier les aspects économiques, politiques ou sociaux au
détriment de l’aspect culturel, mais l’importance de ce dernier s’avère fondamentale.
Une coordination des systèmes éducatifs assurant la mobilité sociale et la formation des
ressources humaines est aussi décisive qu’une politique fiscale commune.
Dans cette conviction, nous devons accorder que tout projet d’intégration suppose une
intégration culturelle simultanée à l’intégration économique, sociale et politique.
Avant tout, nous devons tenir compte de la langue, c’est à dire l’instrument linguistique
par lequel s’expriment les unités à intégrer. La langue est le véhicule par lequel se
transmettent des formes et des contenus, des conduites, des normes et des valeurs.
Parmi les sujets qui concernent l’éducation, nous voudrions signaler en particulier la
promotion réciproque des langues nationales – dans ce cas l’espagnol et le portugais –
par son inclusion dans les curricula de l’enseignement primaire et secondaire, ou dans
des cours universitaires, post-diplôme ou de formation permanente.
La réunion des organismes d’application des traités a déjà produit une pratique
diplomatique et des contacts permanents dont les résultats se sont traduits dans un
avancement soutenu de l’intégration culturelle et éducative dans le système créé par le
Mercosur (le Mercosur éducatif).
De ces organismes compétents, et sur la base des normes fondamentales (Traité
d’Asunción et Protocole d’Intentions) émane un ordre juridique composé par des
décisions, des résolutions et d’autres normes qui forment le droit éducatif
communautaire du Mercosur, en permanente évolution
Parmi les propos contenus dans les normes fondamentales du Mercosur, nous pouvons
mentionner le suivant : « Diffuser l’apprentissage des langues officielles du Mercosur
(espagnol et portugais) par les systèmes éducatifs formels, non formels et informels ».
4. L’espagnol et le guarani : langues officielles du Paraguay
L’article 140 de la Constitution Nationale du Paraguay (1992) établit :
« Le Paraguay est un pays pluriculturel et bilingue.
Les langues officielles sont le castillan et le guarani. La loi établira les modalités
d’utilisation de chacune des deux langues.
Les langues indigènes, ainsi que celles des autres minorités, font partie du patrimoine
culturel de la nation ».
L’article 77 dit :
« L’enseignement au commencement du processus scolaire sera réalisé en langue
officielle maternelle de l’apprenant. L’instruction sera donnée également dans la
connaissance et l’utilisation des deux langues officielles de la République.
Dans les cas des minorités indigènes dont la langue maternelle ne soit pas le guarani, on
pourra choisir l’une des deux langues officielles ».
Au Paraguay, l’espagnol ou castillan est une porte de communication et de pénétration
culturelle irremplaçable. Le guarani est la nature, le verbe pur. Le bilinguisme répond
aux besoins de communication entre deux sociétés
L’utilisation de deux langues au Paraguay est aujourd’hui une des caractéristiques de ce
pays qui se considère bilingue. Le bilinguisme a été expliqué de manière persistante
comme un résultat du métissage.
Néanmoins, le castillan paraguayen est envahi de formes linguistiques guaranis.
Historiquement, le guarani est le premier substrat, mais pas le seul, dans le dialecte des
indiens de la région d’Asuncion. Ce dialecte est devenu vulgaire entre les indigènes et
les espagnols, entre les métis et les créoles. Ces innovations on donné lieu à « un
processus de convergence par rapport au castillan local, qui a transformé de manière
notoire tant son système grammatical que son propre lexique » (Granda 1988 :41).
La cohérence nationale est soutenue, dans une grande mesure, par le rôle unificateur
tenu, dans les pratiques mentales et culturelles, par la langue guarani. Les jésuites
avaient perçu très tôt la richesse de celle-ci et son importance en tant que moyen de
communication, traduisant les textes religieux et publiant catéchismes, grammaires et
dictionnaires dès le début du dix-septième siècle.
Dans les réductions jésuites, le guarani avait été colonisé. Mais en 1768, au moment de
l’expulsion des jésuites de leurs missions, un guarani plus proche du guarani originaire
classique est resté. Les réductions ont donné au guarani une hiérarchie, un corpus, des
écrits qui l’ont transformé en langue indigène généralisée dans un nouveau contexte
dans lequel il assumait le meilleur du monde colonial sans laisser de côté quelques
institutions du monde indigène.
Cette reconnaissance de l’idiome vernaculaire n’avait pas été partagée par ailleurs par
les autorités coloniales, et ensuite par les régimes autocratiques du dix-neuvième siècle,
qui ont tout fait pour l’extirper des mœurs locales. Au milieu du dix-neuvième siècle,
constate Charles B. Manfield « la bonne société affecte de mépriser le guarani ».
Après la guerre de la Triple Alliance, les modernisateurs férus des modèles libéraux
insistent à imposer la prééminence de la langue espagnole. L’usage de l’idiome indigène
est également interdit dans les écoles ainsi qu’au collège national d’Asunción, et le
ministre de l’Education le considérera, au début du vingtième siècle, « le grand ennemi
du progrès culturel du Paraguay ».
Cet ostracisme n’empêche pourtant pas le guarani de demeurer d’usage quotidien et
quasi-généralisé dans les campagnes et parmi les couches populaires d’Asunción. Au
sein des classes cultivées elles- mêmes, selon le voyageur péruvien Amézaga, « on
préfère le guarani pour les relations intimes de famille, comme si cette langue traduisait
mieux les sentiments de l’âme ».
Cette situation sociale sera favorable pour le développement d’une mutation
remarquable, qui se terminera par la réhabilitation de l’idiome vernaculaire. Les
premiers écrits littéraires en guarani ont été publiés à partir du début du XXème siècle.
Mais le renouveau devient tout à fait évident surtout après 1920. Il se traduit notamment
par la fondation de la première Académie de la langue et de la culture guarani et la
création en 1923 du cercle Culture Guarani.
Le Paraguay est un pays non indigène qui parle une langue indigène dans sa majorité.
Mais la langue guarani est loin d’être inoffensive. Elle a une signification et un discours
qui ne sont pas pleinement coloniaux. Le guarani a toujours été un refuge, une repaire
de la liberté des paraguayens. Car les projections coloniales anciennes et modernes ont
toujours été globalisantes et elles ne supportent pas les différences.
La langue guarani à l’état pur existe encore au Paraguay. La société rurale, il faut le
reconnaître, est la dépositaire principale de cette langue.
De l’histoire linguistique se déduit que le guarani paraguayen est très lié à la formation
de la population rurale, avec laquelle il a évolué et où on peut trouver ses manifestations
les plus authentiques.
Malgré sa catégorie de langue officielle, il n’y a pas de dictionnaire guarani-guarani, il
n’y a pas d’université en guarani. Il n’y a pas de tribunaux en guarani. Les lois ne sont
pas rédigées en guarani. Mais les paraguayens n’ont pas développé pour autant leur
autre langue : l’espagnol. Ils sont encore enfermés dans un pauvre espagnol et un
guarani presque analphabète.
Le castillan paraguayen n’est pas suffisamment large et c’est la langue qui a subi
historiquement la réduction la plus importante. Ce n’est pas le guarani qui a été réduit,
mais le castillan. Celui qui parle castillan au Paraguay a une langue plus appauvrie que
celle des guaranophones.
Dans les années quatre-vingt-dix, avec la Réforme Educative, le guarani a réussi à
entrer dans l’éducation formelle de manière obligatoire, mais convaincante. Et cela a
été très positif. Cela a obligé les paraguayens à prendre une position. On ne peut pas
encore mesurer le degré de rejet ou d’acceptation, mais les enfants sont plus ouverts au
guarani que leurs parents.
La Réforme a donné un rang et une hiérarchie au guarani. Néanmoins, le grand obstacle
du guarani se trouve dans le processus d’enseignement. Il y a peu de préparation des
enseignants. La plupart d’entre eux se bornent à enseigner des listes de mots en guarani.
Paradoxalement, pour connaître le guarani paraguayen parlé aujourd’hui, les
grammaires et les dictionnaires, ne sont pas très fiables, n’arrivant pas à systématiser le
guarani tel qu’il est, et se situant de ce fait plutôt dans ce qu’il « devrait être ».
Avec la prétention d’enseigner un bon guarani, les diverses grammaires actuelles
rendent difficilement compte du parler quotidien des paraguayens.
Mais malgré tout, le monolingue guarani est encore considéré inférieur et subit de ce
fait les manques d’opportunités et d’options de travail. Conscients de ce fait les
programmateurs éducatifs et les planificateurs du développement du pays dirigent leurs
efforts à surmonter ces limitations. Historiquement, la langue guarani a été traitée –
surtout au vingtième siècle – comme variété basse. Le castillan est identifié plus
facilement avec le pouvoir politique et culturel. L’élection du guarani pour marquer une
relation de solidarité avec des guaranophones n’est pas dépourvue –surtout parmi les
politiciens, par exemple – d’une volonté de domination.
La particularité de la situation linguistique du Paraguay n’est pas encore bien analysée
et elle exige un traitement très nuancé de concepts et d’analyse de la réalité. Et c’est
l’un des motifs de la fascination que le cas paraguayen exerce sur les linguistes du
monde entier.
5. Les politiques linguistiques au Paraguay
A partir des travaux de la Réforme Educative, on a conclu sur la nécessité de récupérer
et de mettre l’accent sur l’existence de l’univers des valeurs de la culture guarani,
fondamentale pour récupérer le sens de l’équité sociale et pour initier un processus de
valorisation culturelle.
Le Comité National de Bilinguisme considère que la langue guarani n’est pas seulement
une ressource pédagogique, mais un instrument clé prioritaire pour le développement
d’une politique d’équité et de démocratie et une référence fondamentale d’identité
nationale.
En effet, il est nécessaire de considérer la diversité culturelle dans toute sa dimension
vis-à-vis du processus d’intégration économique et politique du Mercosur. La
consolidation des institutions démocratiques devient un défi pour l’élaboration de
politiques publiques concernant l’utilisation des langues majoritaires, du portugais, des
langues indigènes et des autres langues parlées dans le pays.
La situation actuelle demande une loi établissant les normes pour l’utilisation du
guarani en tant que langue officielle dans les divers aspects des activités nationales,
comme il a été prévu dans la Constitution Nationale. Cela implique d’abord une
planification linguistique adéquate aux nouvelles caractéristiques sociales, culturelles et
de population du pays.
Le Programme Scolaire d’Education Bilingue (PEEB) donne la priorité à l’étude et à
l’utilisation des langues guarani et espagnol comme des instruments de communication
qui devraient se projeter dans un point de vue interculturel.
Le plan stratégique de la Réforme Educative aspire à ce que toute la population entre 15
et 50 ans puisse lire, écrire et s’exprimer couramment en guarani et en espagnol, ayant
développé un sens d’appartenance à sa culture.
Cependant le Programme d’Education Bilingue avance avec beaucoup de difficultés.
La Constitution Nationale établit que, selon la langue maternelle de l’élève qui entre
dans le système éducatif, la scolarisation sera réalisée dans sa langue maternelle. Par
conséquent, le PEEB a déterminé un modèle qui contemple deux modalités pour le deux
premiers cycles : Guaranophone et Hispanophone, considérant au début la langue
maternelle de l’élève pour décider la langue d’apprentissage.
A partir du troisième cycle on ne parle plus de modalité, car on suppose que les élèves
ont déjà acquis les connaissances linguistiques pour former une seule modalité de
bilingues dans les langues majoritaires du pays.
L’acceptation de la modalité guaranophone, perçue comme une nécessité par les
enseignants et les techniciens du ministère de l’éducation, est majeure dans les zones
rurales.
Quant aux résultats, même avec les difficultés indiquées, il y a des signes de
changement, comme l’éveil des enfants au processus d’apprentissage qui se traduit par
une amélioration du rendement académique.
Les enfants ont accru leur capacité de participation et d’expression, ils sont moins
timides et plus actifs.
Quant aux enseignants, ils ne sont pas suffisamment formés pour être de vrais
éducateurs bilingues à partir d’une méthodologie adéquate, qui exige des stratégies
appropriées pour son utilisation.
En effet, le besoin d’écoles pilotes avec des techniciens et des assesseurs spécialisés où
les enseignants de guarani peuvent chercher des modèles d’enseignement est évident.
Jusqu’à présent le pays dispose de beaucoup d’institutions qui s’occupent d’enseigner le
guarani, mais un institut de formation d’enseignants bilingues n’existe pas encore.
L’enseignement du guarani et de l’espagnol comme première et deuxième langues, la
discussion toujours actuelle sur le type de guarani qui devrait être utilisé dans le
processus d’enseignement-apprentissage et une planification linguistique adaptée aux
changements socio-culturels et aux besoins du processus d’intégration sont les
problèmes principaux du Programme de l’Education Scolaire Bilingue.
Sans aucun doute, le sujet du processus enseignement-apprentissage des langues
secondes à partir d’une perspective moderne qui soit pratique et attirante constitue
encore un des défis du système éducatif.
En effet, tenant compte des questions telles que l’intégration régionale, l’utilisation
correcte et l’enseignement du portugais devraient être inclus à court terme dans l’agenda
éducatif.
6. La diversité linguistique dans le contexte de l’intégration
Malgré les difficultés, l’intégration des pays qui forment le Mercosur est en marche
dans tous les domaines.
Dans celui des langues, les propos et les programmes du Mercosur mettent l’accent sur
la diffusion des deux langues officielles : l’espagnol et le portugais. Il faut remarquer
qu’ont ne parle pas du guarani, qui est pourtant langue officielle du Paraguay, mais le
sujet a déjà été traité dans plusieurs espaces de discussion.
Dans la mesure où les relations entre l’Union Européenne seront approfondies dans les
années à venir, il est possible d’envisager un accroissement de l’intérêt des étudiants
pour les langues européennes autres que l’anglais en vue de la réalisation des études
universitaires.
Dans ce contexte, la situation du Paraguay est particulière. Nous avons vu que tous les
efforts de la Réforme Educative en matière de politique linguistique sont pratiquement
concentrés actuellement dans l’enseignement du guarani, et cela pour des raisons
plausibles. Cependant cela se passe avec beaucoup de difficultés, entre autres par
manque d’assistance pédagogique d’experts en méthodologie de l’enseignement de
langues secondes.
Nous pouvons dire que l’enseignement d’autres langues, surtout du portugais, bien que
mentionné, commence seulement à être traité dans la réforme éducative. En ce qui
concerne les autres langues, l’anglais est la mieux placée, tenant compte de son
utilisation considérée universelle. L’enseignement du français continue dans certains
collèges privés appartenant à des ordres religieux d’origine française et dans certains
établissements publics à partir des négociations et avec l’appui de l’ambassade de
France au Paraguay.
7. Le portugais dans le Mercosur
Au Brésil, en ce qui concerne l’enseignement du portugais/langue étrangère, il y a
depuis quelques années un projet au Ministère des Relations Extérieures intitulé « Projet
Portugais/Langue Etrangère – Enseignement de la langue portugaise et de la culture
brésilienne ». A l’intérieur de ce projet, le sous-projet « Português no Mercosul » a
comme objectif la mise en place de l’enseignement-apprentissage du portugais dans les
pays du Mercosur, ainsi que celui d’introduire le portugais comme langue de la
discipline Langue Etrangère dans le curriculum scolaire de l’Argentine, l’Uruguay et le
Paraguay.
En ce moment d’intégration économique, culturelle et politique que nous donne le
Mercosur, l’enseignement de l’espagnol au Brésil et du portugais dans les autres pays
signataires du Traité d’Intégration est un fait indiscutable. Il est urgent que le Brésil,
l’Argentine, l’Uruguay et le Paraguay trouvent rapidement des alternatives pour former
à court terme des enseignants professionnels pour l’enseignement des deux langues,
ce qui est en déficit actuellement dans la région.
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El Mercosur
Aspectos institucionales y económicos
Augusto M. Morello (Coordinador)
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Las lenguas extranjeras en la enseñanaza
« Lengua y cultura »
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