Le clou dans la planche

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Critique
Palomas Mais Presque Divers
Sur le tuba, l'image
Publié le 30 Juillet 2010
lles sont quatre et, comme leurs nom l'indique, pas
totalement colombes, mais il s'en faut de peu pour les
voir s'envoler avec leurs valises. Elles semblent
arriver d'un pays lointain, ou bien sont peut-être en
partance, en tout cas de passage et plus vraisemblablement
de nulle part et hors du temps. Et donc, par la magie des
paradoxes, être de partout.
Elles ont des allures à mi-chemin entre les films de Perdo
Almodovar et la Dolce Vita de Fellini, agrémentées d'une fine
pincée venue des pays de l'Est. Le mélange est plutôt
surprenant, d'autant plus qu'il est assez rare de croiser un
quatuor de tuba, qui plus est exclusivement féminin. Les
Palomas Mais Presque se posent ainsi sur le parvis de la gare
de Matabiau avec foulards, lunette noires, robes désuètes et
des valises en cartons qui, elles, sont vraiment fatiguées par la
route. Mais surtout elles offrent leurs mélodies, des valses, des
tangos et autres musique à danser. Ainsi qu'une magistrale
reprise de La Paloma sous les yeux écarquillés des voyageurs
de tout poil en cette période d'affluence ferroviaire. Le voyage
à déjà commencé pour ceux qui croisent ces sonorités
veloutées.
Rappelons brièvement que La Paloma est une chanson
composée par l'espagnol Sebastian Iradier autour de 1863.
Cette colombe fut reprise un nombre assez impressionnant de
fois par des artistes variés, même si la dominante se situe
plutôt du côté des chanteurs d'amour – et non de charme – tels
que Tino Rossi, Luciano Pavarotti, Placido Domingo, Elvis
Presley, Jack Lantier, Ivan Rebroff, Dean Martin, Bill Haley,
Maria Callas, Nana Mouskouri et plus récemment Arno. Le liste
ne s'arrête pas là et pourrait paraître infinie. Un nuage entier
de colombes dans le monde de la chanson, un succès sans
cesse confirmé.
Princes et princesses
Mais revenons aux Palomas Mais Presque qui, elles,
distribuent leurs notes avec plaisir aux portes de la gare, dans
cette espace de transit, de l'entre-deux : celui d'où l'on vient et
celui où l'on va, cet espace d'attente et de rencontres
possibles. Un non-lieu où la vie et celle des autres existent
selon les désirs et l'imagination de chacun. Un merveilleux
emplacement pour proposer un autre voyage, celui des
mélodies.
Leurs partitions sont habilement dissimulées derrière les
images de Lucie B., issues de son travail photographique
intitulé Puisque les princes m'impressionnent... Une exposition
que l'on a pu apprécier il n'y a pas si longtemps à l'espace
d'exposition Numériphot. Composée d'images récoltées au fil
des années et des voyages, où les hommes assument enfin
leur statut de prince en devenant réellement charmants, le
temps d'offrir quelques fleurs. Les Palomas Mais Presque ont
fait ce choix des images de princes derrière lesquelles elles
restent parfois dissimulées, comme pour mieux souffler leurs
émotions dans ces tubas auquels elles semblent parfois
murmurer. Appel au souvenir, à l'absent ? Rêve nostalgique
Camille Chalain / Le Clou dans la Planche
Musique
Palomas Mais Presque
Avec Nathalie Guida (petit tuba en mi bémol), Alice
Behague (petit tuba en si bémol), Soledad Zarka
(gros tuba en mi bémol) et Lucie B. (gros tuba en
si bémol).
Le 30 Juillet 2010
Durée : 45 mn.
Divers
Parvis de la gare Matabiau
03/08/2010 21:53
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sourires est une vraie joie, qui éclate comme le scintillement de
leurs instruments, plus où moins polis par le temps tout comme
les valises et qui assument ainsi une esthétique franchement
anachronique.
Les Palomas Mais Presque est donc un quatuor de tubas
sensible et inattendu qui, au détour de lieux atypiques, aime à
faire danser princes et princesses de tous horizons. Un bel
univers et une formation originale qui, si elle gagne encore un
peu en jeu et en rapport au public, devrait pouvoir transformer
toutes les grenouilles de passage et charmer totalement son
auditoire de passants. ||
Camille Chalain
03/08/2010 21:53