hist arts analyse garde meuble - Collège Aumeunier

Transcription

hist arts analyse garde meuble - Collège Aumeunier
© Edouard, collège Aumeunier-Michot
Méthode : analyse d’une image
« Carte d’identité » de l’œuvre :
Titre :
L’ami retrouvé (Reunion)
Date d’exécution : 1989
Lieu de conservation :
Technique utilisée :
film
Nom de l’artiste : J. Schatzberg
(ses dates : 1927- )
Support :
Format :
Description :
Contexte (biographique, historique, culturel)
Adaptation d’un récit de Fred Uhlman (1932-1985), publié en 1971.
En 1988, à New York, Henry Strauss, 72 ans, est préoccupé par des souvenirs que
le spectateur ne peut décrypter. Il décide de se rendre à Suttgart pour régler une
affaire personnelle. Il s’installe à l’hôtel. Sur un écran de télévision, une émission
documentaire intrigue Henri. Il se rend dans un garde-meuble pour y explorer des
objets…
Type d’image (tableau, photographie, affiche, dessin de presse, plan d’un film…)
Scène (unité de lieu et d’action) d’une vingtaine de plans d’une durée de 4 minutes
environ.
Caractérisation de l’ensemble (paysage, nature morte, portrait, scène…)
Scène dite du « garde-meuble » : le spectateur n’a pas tous les éléments pour en
comprendre la signification.
Eléments humains : personnages (nombre, sexe, âge, posture…)
Seul personnage : Henri Strauss
Eléments non humains : décor, objets… :
Lieu unique : le garde-meuble. Nombreux objets explorés par le personnage.
Composition (cadrage et plans, lignes, angles de vue), couleurs, lumière, son…
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Bureau. Interlocuteur anonyme, qui suggère une administration impersonnelle.
Passivité de Henry à qui on donne des ordres.
Déplacement du personnage. Caméra mobile qui suit Henry. Long couloir.
Effet de profondeur qui suggère un labyrinthe. Couleurs sombres (noir).
Dominante rouge.
Henry marche. Musique (fanfare) qui sera reprise tout au long du film
(leitmotiv). Trajet en temps réel jusqu’au bout du couloir, en caméra fixe.
Ascenseur. Travelling vertical descendant. Fin de la musique.
Noir complet de quelques secondes
Nouveaux couloirs qui évoquent des ruines. Effet de profondeur qui suggère
un labyrinthe. Personnage qui sert de guide à Henry. Longue traversée, en
temps réel. Obscurité. Guide silencieux.
- Arrivée devant un « box » (n° 415). Ouverture de de ux portes successives
(clés). Le guide retire une bâche et laisse Henry seul.
- Exploration. Meubles (fauteuils). Tiroir. Gros plan sur des objets (ciseaux) qui
semblent évoquer des souvenirs… Bruitage que le spectateur ne peut
interpréter.
- Caisse dans laquelle Henry fouille. Croix de guerre et épée. Indices d’une
période historique ?
- Papier journal avec une date : 31 janvier 1933. Indice précis (lendemain de la
prise de pouvoir d’Hitler). Les objets appartiennent vraisemblablement à la
famille d’Henry. Ses parents ?
- Nouvelle fouille. Petite boîte dans laquelle se trouve des pièces de collection.
Même bruitage expressif.
- Raccord avec une image en noir et blanc (marche avec un étendard nazi sur
les rives d’un lac). A partir de là débute la deuxième grande partie du film,
sans doute dans les années 1930.
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Interprétation :
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Point de vue
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Externe : le spectateur en sait moins que le personnage (Henry a un projet
précis en tête que le spectateur ignore : que cherche-t-il dans ce garde
meuble ? Quels souvenirs émergent ? )
Interne : trajet en temps réel
Eléments mis en valeur (par la composition ou d’autres moyens) :
Les lieux ont une valeur symbolique : le personnage est à la recherche de son passé.
Les couloirs interminables, la descente dans les sous-sols symbolisent la plongée
dans les souvenirs.
Effets produits : connotations péjoratives ou mélioratives
L’introspection est douloureuse, difficile : le personnage hésite, semble redouter ce
qu’il va trouver… Il s’agit d’évoquer ce long travail psychologique qui consiste à faire
émerger ce que l’inconscient a refoulé (Freud).
« Message » implicite :
La mémoire est double. Elle est d’abord individuelle : les objets personnels évoquent
des souvenirs précis ; le service à thé, le ciseau à moustache, la décoration militaire,
l’épée sont une évocation de la figure paternelle d’Henry ; les pièces de collection
rappellent l’amitié avec Conrad.
La mémoire est également collective, dans le contexte de la montée du nazisme et
de l’antisémitisme. Les couleurs rouge et noire sont celles du drapeau nazi. Les flash
en noir et blanc, au début du film, les images d’archives aperçues à la télévision dans
la chambre d’hôtel évoquent cette époque.
Prolongements (rapprochements avec d’autres oeuvres) :
On peut faire une lecture « psychanalytique » de cette scène, à la lumière des
travaux de Freud et de Jung : Henry tente de « guérir » un traumatisme lié à son
adolescence en Allemagne dans les années 30 (amitié brisée et mort de ses
parents).
On peut aussi réinterpréter certains mythes antiques de ce point de vue : Thésée
guidé par Ariane dans le labyrinthe, les innombrables descentes au Enfers (Ulysse,
Orphée…)