Deux femmes à la tête des prisons
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Deux femmes à la tête des prisons
LUNDI 28 NOVEMBRE 2011 BW SUDPRESSE Brabant wallon Faits divers Deux femmes à la tête des prisons Le Brabant wallon compte deux établissements pénitentiaires et non des moindres, Ittre et Nivelles. Ces deux prisons ont le point commun d’être dirigées par des femmes. Deux femmes de conviction et de caractère que nous avons eu l’occasion de rencontré pour faire un portrait croisé et notamment faire tomber les préjugés sur la place des femmes en prison. llPortrait llPortrait Elle est en poste depuis trois ans Elle est en poste depuis un an Véronique DIRECTRICE DE LA PRISON DE NIVELLES > Etat civil 47 ans, trois enfants. > Formation Une licence en criminologie à l’UCL. > Premier contact avec la prison “Un peu par hasard. Par rapport à mes études, je voyais un peu ce qui s’ouvrait. J’ai postulé et, en 1988, quand je suis arrivée à Jamioulx”. > Parcours “J’ai donc commencé à Jamioulx en 1988. Treize ans et trois enfants plus tard, je me suis retrouvée à Andenne où j’étais coordinatrice du régime détenus. J’y suis restée 7 ans avant de rejoindre en 2008, la prison de Nivelles comme chef d’établissement”. > Chiffres Nivelles c’est 235 détenus pour 192 places ainsi que plus de 200 membres du personnel. Lebrun DIRECTRICE DE LA PRISON D’ITTRE > Etat civil Mariée, 43 ans, trois enfants. > Formation À l’origine, une formation d’assistance sociale. Ensuite une licence en criminologie et une autre en sociologie. > Premier contact avec la prison “Lors d’un stage à la prison de Lantin. J’ai tout de suite su que c’était cela que je voulais faire”. > Parcours “Je ne suis pas rentrée tout de suite car, il a fallu attendre les examens du Selor. Je suis entrée en fonction comme adjointe à Mons en ’99. Ensuite, j’ai été à Namur, comme adjointe toujours, en mars 2001. En janvier 2002, je devenais chef d’établissement. Depuis le 15 novembre 2010, je suis à Ittre”. > Chiffres Ittre: 444 détenus pour 400 places et 350 membres du personnel. ITTRE “L’humain est “Le côté femme passionnant” joue au début” Nivelles a connu des évasions spectaculaires. Véronique Dumonceau a une b longue carrière pénitentiaire derrière elle. Elle est à Nivelles depuis 2008 comme chef d’établissementmaiselleacommencéen1988 en entrant à la prison de Jamioulx. “ Àl’époque,j’étaisl’unedespremiè- resfemmesdanscemondequiest,il faut le dire, encore très machiste. Il faut un peu s’imaginer le climat de l’époque. J’étais jeune et il fallait faire ses preuves tout de suite ”, se souvient-elle. Ce choix d’entrer dans le monde pénitentiaire peut paraître surprenant a priori mais s’explique facilement. “ Je suis entrée un peu par opportunismedanscettecarrièremais je n’ai jamais eu d’appréhension ou decrainteau momentdemerendre en prison. Tout au long de mon parcours, ce qui m’a toujours intéressé c’est le côté humain. C’est ce qui est passionnantdanscemétier ”.Unmétier qui devient malheureusement deplusenplusadministratif.“ Nous sommes aujourd’hui plus dans le management. Depuis que je suis à Nivelles, je m’occupe essentiellement de l’administratif, du budgétaire, de l’infrastructure mais aussi des ressources humaines ”. Pour la directrice de la prison de Nivelles, le fait d’être une femme n’est l BELGA un handicap en prison. Loin de là. “C’est l’expérience qui fait gagner Ittre est une maison de peines. Il n’y a que des condamnés.l BELGA ValérieLebrunaconnu uneasb cension fulgurante au sein de ladirectiondesétablissementspéni- encrédibilité.Mapremièrenonrentrée de préau à Jamioulx, par exem- tentiaire. Elle se retrouve aujourple, j’étais trop jeune. En prison, le d’hui à la tête de l’une des plus granrespect cela doit se mériter, se ga- des prisons du pays. Pour elle, le fait gner ”. d’être une femme est anecdotique. Bien que femme de caractère, Véro- “ J’aitoujoursétéétonnéequel’onse nique Dumonceau affiche d’autres poselaquestion.Pourmoic’estplus cordes à son arc pour se faire respec- unequestiondepersonnalitéquede ter.“ Entantquefemme,nousavons sexe. Que l’on soit un homme ou d’autres armes que l’autorité. On une femme, nous avons un métier peut bien sûr être autoritaire mais très difficile. C’est un poste de pouparfois en les surprenant simple- voir que nous exerçons et nous le ment avec une attitude qu’ils n’at- faisons dans un monde qui a une tendant pas on peut aussi obtenir structure vraiment pyramidale. des résultats ”. Quandnous donnonsun ordrequel Malgré la tension ambiante dans qu’il soit, il sera exécuté. Pour occunos prisons, pour Véronique Du- perunetellefonction,ilfautunéquimonceau, il n’est pas question de libre important. Cela peut très vite renonceràsaféminitéetàsasensibi- monteràlatêtequel’onsoitunhomlité. “ Ce n’est pas un métier facile. Il me ou une femme ”. est même de plus en plus à risques. Et la directrice de la prison d’Ittre Mais je me suis toujours interdit de surenchérit:“ pource quiestde l’aurenoncer à ce que je suis même à torité,onal’impressionquecelapasl’intérieur,pasquestiondesecouler se mieux parce que nous sommes dans un moule. Pour ce qui est de des femmes et que donc on serait l’extérieur, il est important, pour plus douce et que c’est beaucoup garder un bon équilibre de se ména- mieuxquandc’estunefemme.Encoger des moments de détente. Pour reunefois,c’estunequestiondepermoi, c’est le sport, la famille, les sor- sonnalité, pas de sexe. Là où cela ties entre amis et les voyages. Heu- jouevéritablementunrôlec’est que reusement, il y a une vie après la l’exigence est plus grande vis-à-vis des femmes. Mais encore une fois, prison”. « M. KA. c’est la crédibilité professionnelle qui est importante ”. Comme pour sa collègue de Nivelles, Valérie Lebrun attache une importanceparticulièreaucontacthumain.“ Lesgensquiviventenprison, que ce soit les détenus ou le personnel, il faut être attentif à leur quotidien ”. Comme pour appuyer son argumentation, elle reçoit un coup de fil en pleine interview et prend la peinederépondre,pendantdixbonnes minutes, à l’un des membres de sonpersonnelconfrontéàunproblèmeadministratifetauxinquiétudes qui en découlent. “Aujourd’hui, une de mes priorités, ce sont mes adjoints. On leur en demande de plus en plus. Il y a des impératifsderésultatsetlapression sur leurs épaules est intense. Je fais tout pour les soulager au maximum. Il m’arrive régulièrement de ramener des dossiers à la maison ”. Une maison où la vie est rythmée par le travail de Valérie Lebrun. “ Avec trois enfants, j’ai la chance que mon mari a pris un mi-temps pour s’en occuper. Je me suis fixé comme règle de rentrer suffisammenttôtpourlesvoir.Unefoisqu’ils sontcouchés,jetravailleencoreetje finis rarement avant 22h30-23h ”. « M. KA. 7