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Revue de presse orientation Février 2016 1. Création d'entreprise. 17 jeunes en formation Télégramme, 02 décembre 2015 17 élèves de terminale et de BTS ont intégré la nouvelle promotion de la MRCE, ce complément de formation dispensé au lycée, destiné à des jeunes, qui, à terme, ont en vue une création ou une reprise d'entreprise. 2. Une formation pour faire naître un projet professionnel Ouest France, 04 décembre 2015 MRCE : Douze séquences d'une demi-journée seront présidées avec l'intervention de chefs d'entreprises et de professionnels, sous forme de travaux pratiques et d'études directement menées sur le terrain. 3. Oui, les jeunes filles s’épanouissent dans les métiers d’hommes Liaisons Sociales, janv.2016 Menuiserie, mécanique, maçonnerie…les jeunes filles se font toujours désirer dans certaines spécialités 4. Ecoles de commerce : la montée des admissions parallèles Le Monde, 01 février 2016 53 % des entrants dans les business schools passent désormais par les admissions parallèles – après un BTS ou un DUT, un cycle universitaire ou un cursus international. Ceux issus des classes préparatoires, ne représentent plus que 37 % des inscrits, les 10 % qui restent intégrant leur école juste après le bac. 5. Medef. Pierre Gattaz devant des élèves en entreprise Ouest France, 06 février 2016 Du collège à l'entreprise, de la théorie à la pratique du monde du travail, il y a souvent un fossé... que le Medef et l'Éducation nationale s'attachent à combler. C'est tout l'objet de l'action Classe en entreprise lancée par le syndicat patronal au plan national et qui commence à faire son chemin dans les têtes. 6. Bac +2, bac +3 : l’autre chemin vers la réussite Le Monde, 10 février 2016 … L’hégémonie des filières longues semble se fissurer. Des formations dites « courtes » peuvent, elles aussi, offrir une bonne insertion. Le succès des licences pro et l’irruption récente du bachelor montrent que les choses évoluent. 7. Digischool part à l’assaut de l’Europe Les Echos, 11 février 2016 La start-Up française, spécialisée dans l’éducation en ligne, a levé 14 millions d’euros 8. Des écoles d’ingénieurs se lancent dans les bachelors Le Monde, 11 février 2016 Le bachelor fait son entrée chez les ingénieurs. L’école des Arts et Métiers ParisTech en a fait un diplôme professionnalisant en trois ans qui cible les bacheliers en STI2D 9. Grandes écoles : prépa or not prépa ? Le Point, 12 février 2016 Dans les années 1990, on appelait cela la "voie royale" : la classe préparatoire était quasiment la seule manière d'entrer dans une école de commerce. Mais, aujourd'hui, avec la multiplication des cursus permettant d'obtenir le même diplôme de grade master en fréquentant une école juste après le bac (il en existe plus d'une douzaine labellisées par la CGE), les étudiants ont le choix. 10. Bachelor ou licence pro, comment trancher ? Le Monde, 14 février 2016 Depuis la réforme licence-master-doctorat (LMD) engagée en 2002, de plus en plus d’étudiants choisissent de continuer leurs études après un bac +2. Et les licences professionnelles, longtemps seules sur le créneau du bac +3 professionnalisant, doivent aujourd’hui faire avec la concurrence, féroce et croissante, des bachelors. 11. La licence pro, accélérateur d’emploi Le Monde, 15 février 2016 Alliant théorie et missions de terrain, ces cursus affichent 92 % d’insertion après trente mois. 12. Bachelor : bien plus qu’une mode, un tournant majeur ? Le Monde, 17 février 2016 La vraie raison du succès actuel du bachelor est ailleurs : c'est qu'il vient combler une faille dans l'offre de programmes de notre système d'enseignement supérieur. 13. DUT et BTS, quelles différences ? Le Monde, 19 février 2016 14. On ne valorise pas assez l’insertion professionnelle des jeunes à court terme Interview de Bernard Lickel, directeur de l’IUT Robert-Schuman à Strasbourg et président de l’Assemblée des directeurs d’IUT (Adiut) depuis mai 2015. Le Monde, 22 février 2016 15. Comment sont formés les agriculteurs de demain Le Monde, 25 février 2016 Leurs écoles doivent donc imaginer un modèle qui permettra aux producteurs de demain de travailler de manière efficace et rentable, et bâtir un enseignement ouvrant sur un avenir qui ne soit pas noir, tout en s’appuyant sur les outils les plus modernes 16. Futurs agriculteurs : « On ne pourra plus vivre comme nos parents » Le Monde, 27 févr.2016 Dans une petite salle de classe de Marvejols (Lozère), les élèves du lycée agricole catholique Terre nouvelle racontent le quotidien difficile de la vie à la ferme 17. Le travail des mères fait le succès des enfants Le Monde, 27 février 2016 Voila une nouvelle étude qui vient à point nommé pour rassurer les femmes. « Les femmes, dont les mères travaillaient quand elles étaient enfants, ont plus de chance de trouver du travail, d’avoir des postes à responsabilité. Elles gagnent, en moyenne, plus que celles dont les mères étaient femmes au foyer à plein temps 1. Création d'entreprise. 17 jeunes en formation Le Télégramme – Carhaix / 2 décembre 2015 Dix-sept élèves de terminale et de BTS ont intégré la nouvelle promo de la MRCE (Mention régionale création d'entreprise), ce complément de formation dispensé au lycée et financé par l'Etat, destiné à des jeunes, qui, à terme, ont en vue une création ou une reprise d'entreprise. Un complément de formation dit MRCE (Mention régionale création d'entreprise) a été mis en place il y a une dizaine d'années au lycée Paul-Sérusier à destination des étudiants de BTS (en première ou deuxième années) et de terminale, quelle que soit la filière suivie. Cette formation basée sur le volontariat vient en complément du cursus scolaire et vise à développer le sens de l'autonomie et de l'initiative, l'esprit d'entreprise, la connaissance de la vie économique et le monde du travail d'une manière générale. Elle est dispensée chaque samedi matin, pendant au moins douze semaines dans les locaux du lycée Paul-Sérusier, retenu au même titre que trois autres sites bretons. « Pendant douze matinées, les jeunes pourront rencontrer des chefs d'entreprises venus témoigner de leur vécu et expériences », précise Sylvie Kervoelen, professeur d'économie et gestion et coordonnatrice de la formation. De quoi balayer les différentes étapes qui jalonnent le parcours d'un créateur d'entreprise, de la communication au financement en passant par les démarches administratives et juridiques. Projets précis Dix-sept garçons et filles, originaires de Quimper, Lannion, Guingamp, Morlaix, Carhaix ou Brest, ont intégré cette année la formation. « Ces jeunes sont particulièrement motivés. Certains ont déjà en tête un projet bien précis », souligne la coordonnatrice. C'est le cas par exemple de cette jeune Brestoise qui souhaite se lancer dans la vente de produits sud-coréens ou encore de Louise, une Quimpéroise, dont le rêve est d'ouvrir un bistrot dans quelques années. Samedi, pour leur première journée de formation, ils ont pu échanger avec Sylvie Kervoelen et les deux autres enseignantes chargées de l'encadrement, Cathy Salaun et Sophie Gauthier mais aussi avec quatre élèves de la précédente promotion, dont Sarah Morvan. Cette Carhaisienne élève de BTS NRC (Négociation relation client) souhaite créer « d'ici trois à quatre ans», une boutique de bijoux. « C'est une activité qui viendrait en complément de celle exercée par ma mère, qui créé et commercialise des bijoux sur Internet », explique la jeune fille. Comme ses camarades de promo, Sarah loue cette formation MRCE. « On apprend ce qu'il faut faire et ne pas faire. On apprend aussi à parler à des professionnels ». Attestation de suivi Comme Sarah, les dix-sept élèves sélectionnés cette année bénéficieront d'un suivi personnalisé avec, pour finalité, l'élaboration d'un dossier et la soutenance d'un « Projet de création d'entreprise » devant un jury mixte professionnels-enseignants. La formation sera validée par une attestation de suivi qui s'avère parfois déterminante pour une poursuite d'études ou une embauche, car, en général, les projets n'aboutissent pas dans l'immédiat. « En moyenne, il faut compter cinq ans avant de voir un projet aboutir. Parfois plus », confirme Sylvie Kervoelen, qui cite l'exemple de cette ancienne élève, qui dix ans après avoir suivi la formation, vient d'ouvrir sa boulangerie. 2. Une formation pour faire naître un projet professionnel Ouest France Carhaix-Plouguer - Publié le 04/12/2015 Anciens et nouveaux étudiants de la formation du MRCE ont assisté à leur première rencontre avec les enseignants du lycée Paul-Sérusier, Sylvie Kervoalen, Sophie Gauthier et Catherine Salaun. | Samedi matin, le lycée Paul-Sérusier a ouvert ses portes à la formation MRCE (Mention régionale création d'entreprise). Cette formation, financée par l'État, s'adresse à tout élève de terminale et à tout étudiant en BTS désirant faire naître un projet professionnel et nécessitant un accompagnement personnalisé. Cette année, 17 élèves de Morlaix, Quimper et des départements limitrophes ont intégré le cursus et assisté à la première réunion d'information, réalisée par trois enseignantes du lycée, Sylvie Kervoalen, Sophie Gauthier et Catherine Salaun ainsi que quatre anciens élèves du MRCE. Douze séquences d'une demi-journée seront présidées avec l'intervention de chefs d'entreprises et professionnels, sous forme de travaux pratiques et d'études directement menées sur le terrain. Cette formation vise à développer l'esprit d'entreprendre, à travailler en autonomie, à acquérir des connaissances sur la vie économique et à obtenir les moyens de concrétiser un projet futur. Les étudiants passeront une soutenance devant un jury en avril, à la fin de ce cursus. Une attestation leur sera alors délivrée. Par la suite, les étudiants pourront accéder au statut d'étudiant-entrepreneur grâce à Pépite Bretagne (pôle étudiant pour l'innovation de transfert et d'entreprenariat), ouvert aux jeunes diplômés. Tout est mis en place afin que les jeunes puissent se lancer professionnellement. 3. 4. Ecoles de commerce : la montée des admissions parallèles Le Monde | 01.02.2016 à 11h54 | Par Jean-Claude Lewandowski A priori, les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon les données les plus récentes de la Conférence des grandes écoles (CGE), 53 % des entrants dans les business schools passent désormais par les admissions parallèles – après un BTS ou un DUT, un cycle universitaire ou un cursus international. Elles sont donc devenues la première voie d’accès à ces écoles. Les étudiants issus des classes préparatoires, de leur côté, ne représentent plus que 37 % des inscrits, les 10 % qui restent intégrant leur école juste après le bac. Pour autant, faut-il parler de déclin des prépas ? On en est loin. Car il faut nuancer le constat : les écoles de tête continuent de miser en priorité sur les candidats qui y ont été formés – HEC, par exemple, n’accepte pas d’admissions parallèles en première année. En revanche, les « petites » écoles se tournent massivement vers les voies parallèles – certaines ont quasiment renoncé à recruter à la sortie des prépas. « En réalité, les effectifs des prépas ont continué d’augmenter ces dernières années, souligne Stéphan Bourcieu, directeur général de l’ESC Dijon-Bourgogne. Mais cette hausse a été moins rapide que celle des promotions de nos écoles. Le complément a été apporté par les admissions parallèles. D’autant que, à côté des concours comme Passerelle ou Tremplin, les écoles recrutent de plus en plus de candidats internationaux. » En une dizaine d’années, l’école dijonnaise a ainsi fait passer ses recrutements à l’issue de prépas de 135 à environ 185, tandis que ses admissions parallèles (concours Passerelle 1 et 2) ont quasiment doublé (de 170 à environ 300). Quant au nombre d’admis étrangers, il a explosé, passant de 5 à 90. En outre, certains candidats ont pu être rebutés par le coût de certaines prépas privées, ou dissuadés par le rythme de travail qu’imposent en général ces classes. « Voie privilégiée » « Cette évolution découle de la montée en puissance du système LMD [licence-master-doctorat], estime Stéphan Bourcieu. Le niveau de sortie en licence est désormais bien identifié par les candidats et les familles. De plus, toutes nos écoles sont engagées dans une stratégie de croissance à l’international. Il n’est donc pas surprenant que beaucoup d’entre elles recrutent à bac + 3. Et ce mouvement devrait se poursuivre. » « La diversité des profils est un atout pour la qualité de nos enseignements. » Florence Legros, ICN Business School de Nancy « Nos cours réunissent donc des élèves issus des prépas, et d’autres venus des IUT, des universités, de l’international. Cette diversité des profils est un atout pour la qualité de nos enseignements, indique de son côté Florence Legros, directrice de l’ICN Business School à Nancy, où le taux d’admissions parallèles demeure assez stable. Mais nous ne voyons aucune désaffection à l’égard des prépas, qui restent une valeur sûre. » Pour la CGE, en tout cas, pas de doute : les classes prépa restent bien « la voie privilégiée pour intégrer une grande école ». « La montée en puissance des admissions parallèles n’est pas synonyme de recul des classes préparatoires, estime Jacques Chaniol, responsable de la commission amont à la CGE. Simplement, l’essentiel de la hausse des effectifs, depuis une quinzaine d’années, s’effectue par d’autres voies. Aujourd’hui, la tendance est à la stabilisation. » A ses yeux, les élèves issus des différentes voies « réussissent aussi bien les uns que les autres ». 5. Medef. Pierre Gattaz devant des élèves en entreprise Ouest France Entreprises - 06 février 2016 - Laurent LE GOFF L'entreprise ! Difficile de s'en faire une idée quand on n'y a jamais mis les pieds. C'est tout l'intérêt de l'opération Classe en entreprise. Des entreprises d'Ille-et-Vilaine sont impliquées dans l'opération. Le président du Medef est venu jeudi les rencontrer. Opération Classe en entreprise Du collège à l'entreprise, de la théorie à la pratique du monde du travail, il y a souvent un fossé... que le Medef et l'Éducation nationale s'attachent à combler. C'est tout l'objet de l'opération Classe en entreprise lancée par le syndicat patronal au plan national et qui commence à faire son chemin dans les têtes. L'opération a impliqué, l'an dernier, une dizaine d'entreprises d'Ille-et-Vilaine, deux fois plus cette année. À l'image de Rétis (réseaux informatiques et téléphonie) à Montauban-de-Bretagne, qui a accueilli une trentaine d'élèves de troisième du collège Saint-Louis Marie de Montfort-sur-Meu. « Pas la lutte des classes ! » Une expérience enrichissante qu'ils ont partagée, hier, avec le président du Medef, invité de l'Union des entreprises 35. Pierre Gattaz est venu pour rencontrer les dirigeants bretilliens, mais aussi pour promouvoir cette opération. « Je l'ai vécu moi-même chez Radial, où les jeunes ont pu constater que le monde de l'entreprise, ce n'est pas la lutte des classes en permanence, ironise Pierre Gattaz, en bon porte-voix du patronat français. Dans nos usines, les ouvriers tutoient les ingénieurs, les salariés sont fiers de montrer leurs métiers à des jeunes ! » Bref on gagne beaucoup à mieux se connaître. « Pour moi avant de venir chez Rétis, je me représentais l'entreprise comme un endroit où l'on fabrique des choses, c'est tout », résume Juliette, l'une des élèves qui ont vu pendant deux jours et demi comment fonctionne une PME de 120 salariés. « C'est aussi beaucoup de relations humaines », ajoute Marie. Calcul d'une facture, rédaction d'une lettre de candidature, examen de CV anonymisés... les jeunes ont touché du doigt le quotidien du monde du travail. « Et quand on leur dit que leur lettre est pleine de fautes, ça leur parle beaucoup plus, que quand c'est moi qui leur fait remarquer », témoigne une professeure de français. Les métiers qui recrutent L'objectif, ici, est bien « de créer des ponts entre l'Éducation nationale et l'entreprise », se félicite Michel Quéré, recteur d'académie. Et aussi de « favoriser un esprit responsable et entreprenant chez nos jeunes », résume Franck Pichot, vice-président du conseil départemental. L'autre enjeu de Classe en entreprise, selon Joël Chéritel, président du Medef Bretagne (et dirigeant de Rétis) c'est de « montrer la réalité des métiers qui recrutent, de leur dire la vérité, quand trop de jeunes s'engagent dans des formations où seulement deux sur dix trouveront un emploi ». Keolis, Carrefour, Ouest-France, Sopral, Cora, Cooper Standard, Lactalis, Aiguillon Construction... Une vingtaine d'entreprises et de collèges en Ille-et-Vilaine sont impliquées cette année dans l'opération. www.classe-entreprise.com et www.ue35.fr 6. Bac +2, bac +3 : l’autre chemin vers la réussite Le Monde | Le 10.02.2016 à 12h25 | Par Jean-Claude Lewandowski A l’université comme dans les grandes écoles, les formations de niveau master occupent depuis longtemps le devant de la scène. Pour nombre d’étudiants, décrocher un diplôme à bac +5 constitue le but ultime, le couronnement d’un parcours réussi et le sésame pour accéder à l’emploi. Mais l’hégémonie des filières longues semble se fissurer. Des formations dites « courtes » peuvent, elles aussi, offrir une bonne insertion. Le succès des licences pro et l’irruption récente du bachelor montrent que les choses évoluent. Deux facteurs, notamment, peuvent jouer. D’abord, la crise : la montée du chômage pousse les étudiants à se préoccuper davantage des débouchés à l’issue de leur cursus. Et à se tourner vers les filières qui assurent un emploi. Or, dans ce domaine, certaines formations courtes affichent des performances très honorables. Selon la dernière enquête du ministère de l’éducation, 92 % des titulaires d’une licence pro ont un emploi trente mois après leur diplôme. Pour les diplômes universitaires de technologie (DUT), le taux est de 88 %. « Les entreprises ont toujours eu d’importants besoins de compétences à bac +2 et à bac +3. Certains métiers sont en pénurie, observe Sophie Lengrand-Jacoulet, directrice de l’IUT d’Aix-Marseille, l’un des plus importants de France, avec ses 5 600 étudiants répartis dans 23 départements. Pour nos licences pro, dans le tertiaire comme dans l’industrie, le taux d’insertion oscille entre 85 % et 90 % dès la sortie. Ce sont des profils très appréciés des recruteurs. » Même constat pour Frédéric Toumazet, vice-président à l’université Paris-Est-Marne-la-Vallée : « Notre offre très large de licences pro répond bien aux attentes des employeurs. Nos diplômés sont très demandés par les entreprises. » La crise incite aussi les familles à se poser la question du coût des études. Et à arbitrer en faveur de filières courtes, moins onéreuses. Un choix qui permet de gagner aussi sur un autre tableau : le jeune est rémunéré une ou deux années (voire trois) plus tôt qu’avec un master. Au final, la différence est loin d’être négligeable. Ouverture internationale Autre facteur d’évolution, l’ouverture internationale. Nombre d’étudiants observent la façon dont s’organisent les études à l’étranger, notamment dans les pays anglo-saxons. Ils constatent que beaucoup de jeunes y entrent dans la vie active avec un bachelor (l’équivalent d’une licence, mais avec un contenu plus « pratique » qu’en France), quitte à reprendre ensuite leurs études. Ce modèle fait son chemin dans l’Hexagone. Car la perspective, après le bac, de s’engager dans un cursus de cinq ou six ans, sans accès assuré à un emploi, décourage nombre de jeunes, même brillants. « Beaucoup préfèrent se fixer un objectif moins lointain, quitte à prolonger après une première étape à bac +3 », note Denis Boissin, directeur des bachelors de Skema Business School. Bien sûr, certains voient dans ces formations courtes un moyen de contourner les classes préparatoires. Les deux stratégies ne sont pas incompatibles. En conséquence, nombre de responsables académiques réfléchissent au développement de formations courtes. La Conférence des grandes écoles a monté un groupe de travail sur la question. « Les entreprises manquent de cadres de niveau intermédiaire, constate Arnaud Poitou, directeur de Centrale-Nantes et responsable de ce groupe. Comment répondre à ce besoin ? Faut-il former, par exemple, des assistants ingénieurs ? Et comment positionner nos écoles sur un marché international de l’enseignement supérieur en forte croissance ? Le bachelor doit-il être la première étape d’une formation d’excellence ? A nous de proposer aux étudiants, partout dans le monde, des cursus qu’ils comprennent. En Afrique anglophone, par exemple, le modèle prépa-grande école est incompréhensible. » C’est dans cette optique que les Arts et métiers ParisTech ont lancé récemment, avec plusieurs IUT, un bachelor destiné à des profils techniques (bacheliers STI2D). Quant aux écoles de commerce, leur offre de bachelors ne cesse de s’étoffer. Les universités travaillent, elles aussi, sur les filières courtes. Elles sont conscientes que les entreprises ne trouvent pas assez de candidats titulaires d’un DUT, la plupart d’entre eux préférant prolonger leurs études. « Même dans les licences générales, nous devons aider nos étudiants à acquérir des compétences professionnelles, indique Achille Braquelaire, vice-président formation et vie universitaire à l’université de Bordeaux. Et nous essayons de les convaincre que le bac +5 n’est pas la seule voie de réussite. » Une primauté du bac +5 « guère remise en cause » Chargé d’études au Centre d’études et de recherches sur les qualifications (Cereq), Boris Ménard tempère cependant le diagnostic : « Pour l’heure, la primauté du bac +5 n’est guère remise en cause. Certes, il existe des emplois de niveau intermédiaire, mais les perspectives de carrière y sont limitées. Un titulaire d’un BTS a peu de chances d’accéder à un poste de cadre. Le plus souvent, les employeurs préfèrent miser sur les profils les plus qualifiés. » En outre, l’insertion ne dépend pas seulement de la durée des études et du niveau de sortie, mais aussi de la spécialité de formation. « Aux niveaux bac +2 ou bac +3, la filière santé et social tire toujours son épingle du jeu avec seulement 2 % de chômeurs trois ans après le diplôme », relève une note récente du Cereq. Et, surtout, les stages et la proximité avec les entreprises durant le cursus restent un facteur majeur d’accès à l’emploi. Certaines tendances de fond pourraient pourtant améliorer encore le penchant pour les formations courtes : le fort développement des emplois de services, la hausse des niveaux de compétences dans les technologies de l’information et l’industrie en général, l’essor de l’autoentrepreneuriat… Mais tout cela ne donne guère d’indications sur les choix les plus judicieux en matière de formation initiale. « Ce qui est certain, c’est que les entreprises n’ont pas besoin de cadres supérieurs partout », souligne Sophie Lengrand-Jacoulet. De son côté, Arnaud Poitou pose la question clé : « Est-il vraiment nécessaire d’allonger sans cesse la durée des études ? » 7. 8. Des écoles d’ingénieurs se lancent dans les bachelors Le Monde | 11.02.2016 à 16h20 | Par Coralie Donas Après s’être déployé avec succès dans les écoles de commerce, le bachelor fait son entrée chez les ingénieurs. L’école des Arts et Métiers ParisTech en a fait un diplôme professionnalisant en trois ans qui cible les bacheliers en sciences et technologies de l’industrie et du développement durable (STI2D). Les frais de scolarité n’y sont que de 184 euros par an. L’école a ouvert des filières sur ses campus de Bordeaux-Talence (Gironde) et de Châlons-en-Champagne en 2014 et les proposera en septembre à Angers et à Cluny (Saône-et-Loire), ainsi qu’en partenariat avec l’Ecole supérieure des technologies industrielles avancées (Estia) de Bidart (Pyrénées-Atlantiques). « Cette formation technologique généraliste répond à un besoin des entreprises industrielles qui recherchent des assistants ingénieurs et des managers intermédiaires, aptes à encadrer de petites équipes », explique Laurent Champaney, directeur général adjoint des Arts et Métiers ParisTech. Au bout de trois ans d’études, les étudiants pourront s’insérer dans le monde professionnel ou continuer les Arts et Métiers jusqu’au diplôme d’ingénieur, via un concours spécifique. L’école mise sur l’insertion d’une partie des effectifs. « Si les étudiants optent à 100 % pour la poursuite d’études, notre objectif initial ne sera pas atteint. Comme ils doivent suivre un stage chaque année, ce sera l’occasion pour les entreprises de leur proposer des postes », ajoute M. Champaney. Pour sa part, l’Ecole supérieure d’électronique de l’Ouest (ESEO) proposera à la rentrée un bachelor « solutions numériques connectées », sur ses campus de Paris et d’Angers ; les frais de scolarité seront respectivement de 18 000 et de 15 000 euros pour trois ans. « Les besoins explosent dans le domaine du logiciel et des objets connectés, et toutes les tâches ne relèvent pas uniquement de postes d’ingénieurs », indique Olivier Paillet, directeur général de l’école. Il voit un autre avantage au bachelor : « Il sécurise le parcours des élèves qui rentrent dans les écoles post-bac comme la nôtre. Nous nous inscrivons ainsi dans un cursus par étapes, trois ans puis deux ans, comme cela se fait dans beaucoup de pays. » « Attirer des élèves internationaux » Tout comme les écoles de commerce, les écoles d’ingénieurs souhaitent attirer des étudiants étrangers en ouvrant des bachelors. Tel est l’objectif de l’Ecole polytechnique qui prévoit d’en créer un d’ici à 2018. « Nous souhaitons attirer des élèves internationaux de très bon niveau, qui intègrent les bachelors d’universités réputées dans le monde après le bac. Le système des classes préparatoires n’est pas très connu hors de l’Hexagone. Le bachelor pourra toucher aussi des bacheliers français qui s’inscrivent dans de grandes universités étrangères, une tendance qui ne se dessinait pas il y a encore une dizaine d’années », observe Frank Pacard, directeur de l’enseignement et de la recherche. L’X conçoit son futur bachelor non comme un diplôme de sortie, mais comme un tremplin vers des formations supérieures. « Il n’aura pas vocation à être une classe préparatoire pour Polytechnique, même ses diplômés pourront candidater au cursus », ajoute M. Pacard. La première promotion comptera une quarantaine d’étudiants, puis la capacité d’accueil progressera jusqu’à 160 places. L’enseignement sera dispensé en anglais, avec une sélection tôt dans l’année, pour correspondre au calendrier international. Ces nouveaux bachelors posent la question de leur reconnaissance dans un système français très normé. Polytechnique va déposer une demande pour que son bachelor confère le grade de licence. Le bachelor des Arts et Métiers est, lui, inscrit dans Admission postbac (APB) sous l’appellation « diplôme d’études supérieures en technologie ». « De nombreuses écoles d’ingénieurs délivrent déjà un diplôme d’établissement qu’elles intitulent “bachelor” à l’issue de la première année du parcours ingénieur. Cela donne une lisibilité du niveau de leurs étudiants à l’étranger, et permet leur admission dans des échanges internationaux. Mais il faudra consulter l’Etat pour déterminer les grades correspondants », souligne Frédéric Fotiadu, président de la commission développement et partenariats de la Conférence des directeurs des écoles françaises d’ingénieurs (Cdefi). Le bachelor est une nouvelle source de revenus pour les établissements. « L’enseignement supérieur est un marché qui connaît une croissance colossale dans le monde. Dans de nombreux pays, les élites ont un bachelor de niveau bac +4 », souligne Arnaud Poitou, directeur de L’Ecole centrale de Nantes, qui pilote un groupe de travail à la Conférence des grandes écoles (CGE) sur le sujet. Centrale Nantes propose ainsi sur son campus de l’île Maurice un cycle payant, destiné aux étudiants étrangers, incluant un bachelor en quatre ans et un master ingénieur en deux ans. Une voie en deux temps qui pourrait inciter d’autres écoles à s’y lancer. « Dans de nombreux pays, les élites ont un bachelor de niveau bac +4 » Arnaud Poitou, directeur de L’Ecole centrale de Nantes 9. Grandes écoles : prépa or not prépa ? Le Point | Publié le 16/02/2016 à 13:34 | Par Louise Cuneo Dilemme : nombreux sont les moyens de décrocher un master de grande école. Alors faut-il encore obligatoirement passer par une classe préparatoire ? Dans les années 1990, on appelait cela la "voie royale" : la classe préparatoire était quasiment la seule manière d'entrer dans une école de commerce. Mais, aujourd'hui, avec la multiplication des cursus permettant d'obtenir le même diplôme de grade master en fréquentant une école juste après le bac (il en existe plus d'une douzaine labellisées par la CGE), les étudiants ont le choix. Aujourd'hui, près de 60 % des bacheliers obtiennent une mention au bac : ces distinctions ne traduisent donc plus un bon niveau scolaire, il en faut davantage pour s'en sortir glorieusement en classe prépa. "Sans mention bien ou très bien au bac, inutile de s'y atteler, si c'est pour entrer au final dans une école que l'on aurait pu intégrer par équivalence. Hormis pour les écoles du haut du classement, le concours se résume plus à une affectation qu'à une sélection", assure Armand Derhy, directeur de Paris School of Business (PSB). Aujourd'hui, il y a plus de places proposées aux concours post-prépa que d'étudiants pour entrer dans ces écoles : un élève de classe préparatoire a donc toutes les chances de décrocher une place. Un choix également financier Les futurs étudiants ne font pas non plus leur choix seuls, à l'âge de 17 ou 18 ans. Les parents ont bien souvent leur mot à dire au moment du choix cornélien, "prépa ou pas", en terminale. L'argument financier joue : en post-bac, l'investissement est important, mais leur enfant sera assuré d'avoir un travail cinq ans plus tard (alors que rien n'est moins sûr avec une prépa ou à l'université). La classe préparatoire, elle, est gratuite. Ne reste donc plus qu'à régler les trois ans de frais de scolarité - élevés - de l'école. Officieusement, tous les directeurs d'école post-bac s'accordent à dire que, si l'élève n'est pas en mesure d'être reçu dans l'une des cinq premières écoles des classements, cela ne sert à rien d'aller en classe prépa. D'autant qu'à l'international ce modèle franco-français est totalement inconnu, et donc difficilement valorisable. Officiellement, les arguments ne se résument pas aux résultats scolaires. À l'heure où de nombreux jeunes veulent aller à l'essentiel et privilégient leur vie sociale, l'idée de se lancer dans deux (ou trois) années de pur bachotage ne séduit plus autant qu'avant. Et ce, même si cette vision de la classe préparatoire est totalement dépassée, à en croire Jacques Chaniol, directeur de l'Inseec : "La classe prépa n'est plus une classe où l'on broie les jeunes, deux années pendant lesquelles on met sa vie entre parenthèses. Ce sont des étudiants épanouis qui arrivent dans les écoles, ils sont curieux, ont appris à apprendre et à gérer l'échec avec l'effondrement des notes, bien souvent, à l'entrée en prépa. Ils maîtrisent souvent deux autres langues vivantes en plus de leur langue maternelle, sont capables de faire un résumé sans difficulté et ont une bonne approche de l'histoire et de la géographie contemporaines." Et de relativiser son propos : "Il est vrai que ce n'est toutefois pas un modèle pour tout le monde." Désormais, seuls 37 % des étudiants dans les écoles de la Conférence des grandes écoles viennent de classes préparatoires (y compris les classes prépa technologiques, dont le modèle s'est développé sur l'antiélitisme) ; les autres viennent d'admissions sur titres (AST), de DUT ou de BTS. La réputation et l'image "À la sortie, ce qui va faire la différence, c'est la réputation et l'image de l'école, sa spécialisation. L'école lisse complètement le niveau des étudiants provenant d'un cursus post-prépa, post-bac ou des admissions sur titre", constate Jean-Guy Bernard, directeur général de l'EM Normandie, qui propose des cursus en post-bac et en post-prépa. Un constat partagé par Jacques Chaniol : "À la fin du premier semestre de première année, les étudiants issus d'admissions parallèles ont de meilleures notes. Mais, à partir de la fin de la première année, il n'y a plus aucune corrélation entre réussite et origine de l'élève." Désormais, tout dépend donc du profil de l'étudiant. Certains se sentent à l'aise dans le modèle pédagogique du lycée et désireront y rester. Ils en profiteront pour acquérir de solides méthodes de travail et une culture générale élargie. D'autres ont davantage besoin de se confronter à la réalité, à des stages, ils peuvent avoir envie de spécialisation rapide, d'expériences à l'étranger, de vie associative ou d'étudier cinq ans sans changer d'établissement, et ce même s'ils ont toujours été bons élèves. Mais quelques malins ont trouvé la parade : ils n'optent ni pour la prépa ni pour l'école post-bac, et préfèrent choisir une école étrangère de niveau moyen dont les partenariats permettront de décrocher grâce aux équivalences un diplôme français plus prestigieux que ceux auxquels ils auraient pu prétendre en restant dans l'Hexagone. De fins stratèges en devenir. 10. Bachelor ou licence pro, comment trancher ? Le Monde | Le 14.02.2016 à 17h44 | Par Séverin Graveleau Depuis la réforme licence-master-doctorat (LMD) engagée en 2002, de plus en plus d’étudiants choisissent de continuer leurs études après un bac +2. Et les licences professionnelles, longtemps seules sur le créneau du bac +3 professionnalisant, doivent aujourd’hui faire avec la concurrence, féroce et croissante, des bachelors. Si la licence pro, délivrée par les universités et les instituts universitaires de technologie (IUT), est accessible uniquement après un bac +2 pour une formation en un an, le bachelor, proposé dans les écoles privées ou consulaires, peut se commencer dès après le bac, en trois ou en quatre ans. Nombre de bachelors sont toutefois accessibles à bac +1 ou bac +2. De là, une autre différence, non moins importante pour qui hésiterait entre le bachelor et la licence pro : celle de la spécialisation. Un bachelor sur plusieurs années permet souvent de couvrir un spectre plus large de connaissances et de compétences professionnelles, la spécialisation métier n’ayant lieu qu’en dernière année. Les possibles débouchés professionnels s’en trouvent élargis. Alors qu’une formation accessible seulement après un bac +2 – licence professionnelle mais aussi bachelor en un an – se concentrera sur la spécialisation métier. 2 000 spécialités Point commun de ces deux formations : la prise directe avec le monde de l’entreprise, qui garantit à chacune de bons taux d’insertion professionnelle. Ces deux cursus sont toujours en adéquation avec le marché du travail car co-imaginés, et souvent co-enseignés, avec les professionnels d’un secteur. Ce lien fort avec le monde professionnel se traduit aussi par l’accent mis dans les deux cas sur les stages en entreprise et par le nombre de spécialisations – plus de 2 000 en licence professionnelle. Pour ceux qui hésitent encore, la dimension internationale est également à prendre en compte. Bien que présente en licence pro, elle demeure la véritable marque de fabrique des bachelors. Ils proposent parfois, dès la première année, des enseignements en langues étrangères. Sans oublier les stages à l’étranger qui, fidèles à la culture des écoles privées, font souvent partie intégrante du cursus. Mais si le concept de bachelor est familier à l’étranger – surtout dans les pays anglo-saxons –, en France, ce diplôme n’est pas reconnu par le ministère de l’enseignement supérieur, contrairement à la licence pro. Le jeune intéressé par un bachelor devra donc être attentif aux visas, labels et autres reconnaissances internationales des formations visées. Dernière différence, mais de taille : les frais de scolarité. Il faut compter entre 4 000 euros et 8 000 euros par an en moyenne pour un bachelor… contre environ 300 euros de frais d’inscription pour la plupart des licences professionnelles. 11. La licence pro, accélérateur d’emploi Le Monde | 15.02.2016 à 10h52 | Par Aurélie Djavadi Anthony Thivolle avait prévu d’arrêter ses études en 2014, une fois obtenu son BTS « négociation et relation client ». Mais, lorsqu’il a découvert l’existence de la licence professionnelle « métiers de la vente », proposée à l’Institut d’administration des entreprises (IAE) de Lyon, il s’est dit que cette année de formation supplémentaire donnerait un meilleur élan à son début de carrière. Pari gagné. En alternant les cours de l’IAE avec un contrat de chargé de relations avec les entreprises auprès de l’IUT Lumière-Lyon-II, il a élargi ses horizons. « C’est le réseau de la licence qui m’a aidé à décrocher cette mission », précise-t-il. Outre un gros travail pour cerner les besoins des professionnels et promouvoir l’IUT, il est aussi intervenu dans le coaching et la sélection des candidats. Cette expérience a attiré l’attention d’un grand cabinet de recrutement, qui lui a offert, en septembre 2015, un CDI de consultant. « Je n’aurais pas pu accéder à ce poste à la sortie du BTS », estime le jeune homme. A l’instar de ce diplômé lyonnais, nombreux sont les jeunes gens qui peuvent se féliciter de leur passage en licence professionnelle, ou « licence pro ». Alliant théorie et missions de terrain, ces cursus affichent 92 % d’insertion après trente mois. Créés en 1999, ces cursus d’un an, alliant théorie et missions de terrain, affichent 92 % d’insertion au bout de trente mois, d’après la dernière enquête ministérielle, portant sur les diplômés de 2012. Plus de 50 000 étudiants Aussi se sont-ils multipliés dans des domaines variés, de la production agricole aux services à la personne, en passant par les transports ou le commerce. Ils accueillent aujourd’hui plus de 50 000 étudiants, contre 34 000 environ en 2005. Leur force : des partenariats étroits avec les entreprises, de la conception des programmes au placement des stagiaires ou des apprentis. « Si nous avons ouvert une licence de technicien des opérations bancaires à la rentrée 2015, c’est à la demande de la profession, indique Corinne Montoya, responsable de l’apprentissage à l’IAE de Lyon. Les entreprises participent au comité de pilotage qui nous aide à organiser le cursus et interviennent dans 40 % à 50 % des cours. » Pour se développer, les licences pro misent beaucoup sur le tissu économique local. « Leur ancrage territorial permet de décliner une vaste gamme de programmes, des plus généralistes, en production mécanique par exemple, aux plus spécialisés, comme la licence consacrée au son et à l’image dans le spectacle vivant à Nantes », observe Rodolphe Dalle, directeur de l’IUT de Nantes et porte-parole du réseau des IUT. Pour monter cette formation culturelle très pointue, son établissement a pu compter sur le pôle d’industries culturelles créatives (ICC) des Pays de la Loire. « On vérifie régulièrement que les besoins sont présents et on fait évoluer les programmes », ajoute M. Dalle. L’université de Bretagne-Sud, à Vannes, s’est aussi adaptée aux besoins du marché. Alors qu’elle formait plutôt des chefs de projet dans les années 2000, capables de superviser la réalisation de sites Internet, sa licence « e-commerce et marketing numérique » se concentre désormais sur l’animation Web visant à attirer les internautes et à convertir leurs visites en ventes. « L’enjeu actuel, pour les entreprises, ce n’est plus tant d’être présentes sur la Toile que d’y être rentables », assure la responsable, Leïla Damak. Un sésame pour la vie active Pour les étudiants ayant suivi deux années en licence, ces cursus très professionnels sont un sésame pour la vie active. Mais la majorité des effectifs des licences pro sont des détenteurs de BTS ou de DUT qui souhaitent débuter leur carrière dans de meilleures conditions. « Les deux tiers de nos promotions sont issues d’un BTS hôtelier, les autres venant de cursus en langues étrangères, en géographie ou de BTS tourisme, constate Régine Davroux, responsable de la licence « direction des services d’hébergement en hôtellerie internationale » à l’université de Cergy-Pontoise (Val-d’Oise). Durant l’année d’apprentissage, ils se confrontent peu à peu aux questions de management, de sorte qu’ils peuvent devenir chefs de brigade une fois diplômés. » « On aide les étudiants à prendre de la hauteur sur leur expérience » - Corinne Montoya, responsable de l’apprentissage à l’IAE de Lyon Et Corinne Montoya d’ajouter : « On ne prépare pas seulement les étudiants à un métier, on les aide aussi à prendre de la hauteur sur leur expérience, à travers notamment leur mémoire de fin d’études. » Ceux qui, dans le cadre de leur cursus, partent étudier à l’étranger progresseraient plus vite encore dans leur carrière. « Efficacité et culture générale : ce cocktail séduit beaucoup les PME », observe Mme Damak. « A l’heure actuelle, on parle beaucoup du besoin d’ingénieurs, mais le secteur industriel nous réclame aussi à cor et à cri ces cadres intermédiaires formés en licence pro. On pourrait ouvrir davantage de places dans les parcours en logistique et en mécanique », ajoute M. Dalle. Un certain nombre de diplômés vise ensuite un master, souvent en alternance : c’est le cas de 32 % des détenteurs d’une licence pro, d’après la dernière enquête du ministère. 12. Bachelor : bien plus qu’une mode, un tournant majeur ? Le Monde Blogs| 17 février 2016 | Par Jean-Claude Lewandowski Très peu présent dans l'Hexagone il y a une dizaine d'années, un cursus d'origine anglo-saxonne connaît aujourd'hui une croissance rapide, en particulier dans les écoles de gestion : le bachelor. Certains y voient un simple phénomène de mode - tout ce qui vient du monde anglo-saxon est accueilli à bras ouvert dans notre pays - appelé à disparaître rapidement. D'autres estiment que ce cursus à bac + 3 ou bac + 4 est pour les étudiants un habile moyen de "contourner" les classes préparatoires pour décrocher in fine un diplôme de grande école, et qu'en outre nombre d'écoles l'utilisent pour renflouer leurs caisses. Une faille du système d'enseignement supérieur Il y a sans doute une part de vérité dans ces différents points de vue. Mais la vraie raison du succès actuel du bachelor est ailleurs : c'est qu'il vient combler une faille dans l'offre de programmes de notre système d'enseignement supérieur. Cette faille, c'est qu'il existe finalement peu de "sorties professionnelles" au niveau bac + 3. Côté universités, la licence "générale" est, comme son nom l'indique, un peu trop générale : elle ne permet pas, le plus souvent, d'accéder à un emploi. La licence professionnelle, qui a connu un grand essor ces dernières années, le permet - mais beaucoup lui reprochent au contraire une spécialisation excessive : elle serait "trop pointue" pour beaucoup d'emplois. Quant aux grandes écoles, elles préparaient jusqu'alors pour l'essentiel à un diplôme à bac + 5. Résultat, la plupart des étudiants visent d'emblée le niveau master, à bac + 5. Mais il leur faut d'emblée s'engager dans des études longues, de 5 ans au moins. Bien différente est la logique du bachelor. Ce qu'il offre ? Un socle académique solide (comme la licence) ; mais aussi, à la différence de la licence, un début de spécialisation, une ouverture sur le monde de l'entreprise (notamment par le biais de stages conséquents), et une forte dimension internationale. Un cocktail apprécié par les recruteurs. Sans compter que les grandes écoles peuvent y appliquer les méthodes qui ont fait leur succès : suivi des étudiants, effectifs limités, liens avec les entreprises. Surtout, le bachelor permet aux étudiants de ne pas s'engager d'emblée dans un cursus de 5 ans, et de choisir après trois ans d'études : soit entrer dans la vie professionnelle, quitte à revenir ensuite se former quelques années plus tard, soit poursuivre ses études vers un master universitaire ou un diplôme de grande école. S'il choisit de prendre un emploi, le jeune n'accèdera certes pas au même poste ni au même salaire qu'après un bac + 5, mais il gagnera deux ans de rémunération et économisera deux années d'études... Bachelor en 4 ans : priorité à l'international Quant au bachelor en 4 ans, il offre en plus une forte dimension internationale (avec des séjours à l'étranger qui peuvent atteindre 2 années en tout), dont les entreprises sont très friandes. Résultat, il n'est pas rare, pour les bachelors les plus cotés, que le diplômé obtienne un poste et un salaire équivalents à ceux de ses collègues à bac + 5. "émerge. C'est un diplôme d'entrée dans la vie active, à la différence de la licence. Le bachelor comporte cependant plusieurs inconvénients de taille, qu'il ne faut pas négliger. Le premier est qu'il n'est pas reconnu par l'Etat, à l'inverse de la licence ou du master. Autre handicap, il est très peu contrôlé. Il existe donc une grande disparité entre les institutions dans les contenus et l'architecture du programme. En outre, n'importe quelle école privée peut baptiser une formation "bachelor". Ajoutons que les frais de scolarité, certes moins élevés que pour les cursus "grande école", ne sont pourtant pas négligeables. Pour autant, ses différents atouts expliquent la forte croissance de ce programme. Déjà, certaines écoles accueillent des promotions de plusieurs centaines d'inscrits. Toulouse Business School, la plus engagée dans ce type de programme, compte ainsi 1.450 élèves en bachelor - dans la ville rose et à Barcelone. Et ce n'est sans doute pas fini : un nombre croissant d'écoles de gestion misent sur ce programme, et quelquesunes (ESC La Rochelle, Inseec, ESC Troyes...) en proposent même plusieurs. Les écoles d'ingénieurs s'y mettent aussi : après les Arts & Métiers, qui ont lancé leur bachelor il y a deux ans, Polytechnique et plusieurs autres étudient la question. "Dans le monde anglo-saxon, le bachelor en 4 ans est le principal sas pour entrer dans la vie active, observe Pierre Koch, directeur de l'UTT (Université technologique de Troyes). Nous allons devoir réfléchir à ce programme - sans pour autant renoncer au modèle LMD". La Conférence des grandes écoles a d'ailleurs monté un groupe de travail sur le sujet. Et de nombreuses écoles privées (de design, d'architecture, etc.) proposent déjà ce type de cursus. Bref, même s'il hérisse certains acteurs, le "phénomène bachelor" risque fort de perdurer.Il existe une autre raison pour laquelle l'irruption du bachelor dans les grandes écoles constitue sans doute un tournant majeur. Jusqu'à présent, en effet, les grandes écoles ne formaient pratiquement que des diplômés de niveau bac+ 5, voire plus avec les mastères spécialisés et les formations doctorales (ces dernières le plus souvent adossées aux universités). Avec le bachelor, elles visent désormais un autre public : celui des bac + 3 (ou +4). Autrement dit, celui des cadres intermédiaires. Elles élargissent donc considérablement leur champ d'action, et répondent à une problématique clé des entreprises. C'est une petite révolution, qui a jusqu'alors été peu soulignée. Et dont la portée est encore mal cernée. 13. DUT et BTS, quelles différences ? Le Monde | 19.02.2016 à 10h57 | Par Diane Galbaud Les diplômes universitaires de technologie (DUT) sont plus généralistes que les brevets de technicien supérieur (BTS) : au total, ils comptent une vingtaine de spécialités, contre plus d’une centaine pour les BTS. « Chaque DUT vise globalement un champ d’activité plus étendu », explique Bernard Lickel, président de l’Association des directeurs d’IUT (Adiut). Ces compétences élargies ouvrent les perspectives de poursuites d’études. Elles peuvent aussi faciliter l’évolution professionnelle ultérieure. Le BTS, lui, propose des spécialités plus pointues. « Sur le plan technique, l’étudiant est davantage opérationnel », souligne Armand Huet, professeur en BTS et président de l’Association nationale des enseignants des techniques touristiques (Anett). Ce diplôme vise une insertion directe sur le marché du travail. Le DUT, « plus théorique » Néanmoins, aujourd’hui, la majorité des titulaires de BTS comme de DUT poursuivent leurs études, notamment en licence professionnelle. « Ils sont formés pour travailler dans plusieurs secteurs. Avec la licence professionnelle, ils ajoutent une couche de spécialisation », estime Armand Huet. En matière pédagogique, DUT et BTS mêlent tous deux cours théoriques et pratiques (TP, TD, projets tutorés), accompagnés de plusieurs stages (de dix à quinze semaines au total). « Il y a parfois des cours magistraux en DUT, mais pas en BTS, précise Bernard Lickel. Globalement, la formation en DUT est un peu plus théorique. » L’IUT relève de l’université et en offre les avantages (bibliothèques, laboratoires de recherche…), tout en dispensant un enseignement très encadré par rapport à la fac. Les cours sont assurés par des équipes mixtes : enseignants du supérieur, du second degré, vacataires, dont des professionnels issus d’entreprises. La section de technicien supérieur (STS, section qui prépare au BTS) se situe, elle, dans un lycée, public ou privé. Les promotions restent relativement réduites (une trentaine d’élèves) et l’enseignement est essentiellement assuré par des professeurs de lycée. A terme, un examen clôt les études de BTS, alors que le DUT, lui, privilégie le contrôle continu. 14. On ne valorise pas assez l’insertion professionnelle des jeunes à court terme Le Monde | 22.02.2016 à 09h56 | Propos recueillis par Séverin Graveleau Bernard Lickel est directeur de l’institut universitaire de technologie (IUT) Robert-Schuman à Strasbourg et président de l’Assemblée des directeurs d’IUT (Adiut) depuis mai 2015. Alors que 80 % des titulaires d’un DUT choisissent de continuer leurs études, le rôle des IUT est-il toujours le même ? En cinquante ans, le public de l’enseignement supérieur a changé, les écoles et formations à bac +5 ont diversifié leur recrutement, en y intégrant de plus en plus d’étudiants d’IUT. Si nous proposons de renforcer certaines compétences pour leur permettre de continuer leurs études, notre objectif premier reste de leur donner les compétences nécessaires à leur insertion rapide sur le marché du travail. Une certaine pression sociale poussant aux études longues fait qu’on ne valorise pas assez l’insertion professionnelle à court terme aujourd’hui. Les DUT sont un tremplin, une première marche dans l’enseignement supérieur, pour des élèves issus de classes socioprofessionnelles inférieures et moyennes souhaitant sécuriser leur parcours. S’ils entrent en IUT, c’est d’abord parce que nous proposons une insertion rapide. Puis ils découvrent qu’ils peuvent être plus ambitieux et continuer. Les IUT ont donc vocation à être toujours en phase avec le marché du travail. Comment s’y adaptent-ils ? Les programmes pédagogiques nationaux de nos différentes spécialités évoluent régulièrement. La dernière réforme a eu lieu en 2013, avec deux objectifs : s’adapter aux nouveaux publics et décliner l’ensemble de nos programmes sous forme de compétences, pour renforcer le lien avec les secteurs économiques correspondants. Ces programmes sont élaborés au sein de commissions pédagogiques nationales composées, entre autres, de représentants du patronat et des salariés du secteur d’activité. Elles évaluent ensuite chaque département et chaque IUT à partir d’indicateurs chiffrés sur le recrutement ou l’insertion professionnelle, et grâce à des visites. Ces mêmes professionnels – recruteurs potentiels – assurent 20 % à 25 % des cours. Les enseignements collent donc à la réalité du terrain. Ces programmes nationaux constituent 80 % des programmes pédagogiques finaux. Les 20 % restants sont adaptés au tissu économique local. A Saint-Nazaire par exemple, la formation « génie civil et construction durable » comprend des modules sur les ouvrages marins. Enfin, l’alternance concerne 15 % à 20 % de nos étudiants. Nous avons ainsi un retour permanent des entreprises sur nos formations et nos étudiants. Tous ces éléments nous permettent d’être très réactifs. Quelles sont les perspectives pour le management intermédiaire ? Lors de son université d’été de 2015, le Medef a signé une convention et un appel à projets pour développer des formations menant à des emplois de niveau intermédiaire. La pression sociale qui pousse aux études longues, et on a aujourd’hui dans l’entreprise des salariés avec des compétences de niveau bac +5 et, d’autre part, des salariés avec des compétences d’exécution. Le niveau intermédiaire a été délaissé. Il est difficile de trouver des gens capables de faire le lien entre approche théorique – celle des bac +5 – et niveau pratique. C’est le rôle du management intermédiaire. Les diplômés d’IUT ont les compétences adéquates pour cela, grâce aux 40 % d’enseignements pratiques qu’ils ont reçus. A bac +2 et bac +3 – les IUT sont porteurs d’environ deux tiers des licences pro –, le niveau de qualification que nous proposons reste recherché. 15. Comment sont formés les agriculteurs de demain Le Monde | Le 25.02.2016 à 17h49 | Par Eric Nunès Aujourd’hui étudiants, ils observent leurs aînés, agriculteurs ou éleveurs, se débattre dans les crises à répétition : prix du porc, du lait…, travailler sans relâche en subissant la pression de l’industrie agroalimentaire et en bout de chaîne des distributeurs. Bientôt, ces futurs diplômés en agronomie seront exploitants, spécialistes du développement durable de nos territoires, responsables de la sécurité alimentaire… Leurs écoles doivent donc imaginer un modèle qui permettra aux producteurs de demain de travailler de manière efficace et rentable, et bâtir un enseignement ouvrant sur un avenir qui ne soit pas noir, tout en s’appuyant sur les outils les plus modernes. Car malgré les crises à répétition, la filière agronome attire toujours plus. A la rentrée 2015, la Conférence des grandes écoles dénombrait 13 364 inscrits, soit une augmentation de 7 % sur les trois dernières années. Les établissements ont intégré dans leurs enseignements les nouvelles technologies. Celles-ci pénètrent les exploitations et deviennent les indispensables outils d’une production raisonnée et optimisée. Cultiver, c’est jongler avec moult logiciels d’optimisation des ressources, traquer les zones fragiles de son exploitation avec un drone ou des photos satellites. « Ces outils sont des systèmes d’aides à la décision, explique Claude Compagnone, directeur général adjoint d’Agrosup Dijon, des capteurs disposés sur l’ensemble des parcelles permettent de savoir précisément la composition des sols. Des données sont introduites sur des systèmes qui modélisent les besoins précis des cultures sur des zones très réduites. » Enfin les moissonneuses connectées permettent d’optimiser l’usage de fertilisant. C’est une économie d’engrais, d’eau, de diesel, de temps et de force de travail pour l’exploitant. Des marges supplémentaires en somme. Fin du rendement à tout prix Hors de la voie numérique, « les progrès technologiques offrent d’autres sources d’optimisation », poursuit Elisa Marraccini, enseignante-chercheuse en agronomie des territoires à l’institut polytechnique LaSalle Beauvais. Les importantes surfaces des exploitations ouvrent d’autres champs, celui des possibles en matière de production énergétique, de la diversification : les installations d’éoliennes, de panneaux solaires… Enfin, la mécanisation est en marche. Les robots peuvent remplacer l’homme pour certains travaux, comme l’arrachage jour et nuit des mauvaises herbes. Pour former ses étudiants à la maîtrise de toutes ces technologies, l’ISA Lille (Institut supérieur d’agriculture) fait travailler ensemble futurs ingénieurs agronomes et futurs informaticiens « sur des projets visant à trouver de nouveaux concepts et à optimiser ce qui existe », explique Christophe Fachon, directeur de l’école d’ingénieurs pour la terre à l’ISA. Non seulement ces spécialistes de la terre seront susceptibles d’appréhender et de mettre en œuvre l’exploitation de multiples ressources, « mais cette transdisciplinarité permettra à un exploitant formé de parler le même langage qu’un informaticien. Quant à l’informaticien lui-même, il comprendra les contraintes du producteur et ils imagineront ensemble des outils plus efficaces », assure M. Fachon. Sur 150 ingénieurs agronomes formés chaque année par l’école, 20 % prennent le chemin d’une exploitation. La fin du rendement à tout prix figure également en tête des leçons à retenir pour parvenir à une agriculture pérenne. « Pendant longtemps, les principaux conseils des exploitants étaient les négociants de produits phytosanitaires », rappelle Claude Compagnone. La terre et l’eau n’étaient que des supports et les espèces voisines une gêne à éliminer, car non valorisable. Si ces pratiques ont encore cours dans le monde rural, aujourd’hui les écoles enseignent l’agro-écologie : « Une agriculture d’excellence respectueuse de l’environnement, sans labour, avec un usage précis et ciblé d’engrais », affirme Michel Roux, directeur de l’école d’ingénieurs de Purpan, à Toulouse. L’usage mesuré d’interventions extérieures repose les terres et réduit les coûts. Enfin les produits de meilleure qualité « correspondent à la demande d’une consommation plus responsable qui se développe dans les zones urbaines », constate Claude Compagnone. « Il existe de nouveaux modèles » S’adapter à ces opportunités est un des objectifs des écoles. « L’agriculteur doit être également entrepreneur, transformer ses produits bruts pour créer de la valeur ajoutée et les distribuer via des circuits courts », rappelle Elisa Marraccini. Produire du lait mais vendre du beurre, cultiver du blé et commercialiser de la farine. Mais aussi couper court à l’intervention d’intermédiaires afin que les producteurs deviennent les principaux bénéficiaires de leurs efforts et viser les « locavores », ces consommateurs de produits locaux. Enfin, les futurs diplômés ne doivent rien ignorer des arcanes des filières dont ils seront un rouage. Qu’ils deviennent producteur, chef d’un projet de développement industriel ou acheteur pour la grande distribution, « chacun de mes étudiants passe plusieurs mois de stages sur le terrain. Faire comprendre le métier d’agriculteur, c’est la première mission que se fixe l’école d’ingénieurs de Purpan », avance son directeur. Cette compréhension des terroirs mais également des impératifs des industriels et des distributeurs « permettront à ces futurs cadres de décider en conscience des contraintes et des obligations de chaque acteur », prophétise Isabelle Gagnaire, responsable des relations entreprises au sein de l’association d’ingénieurs Isara Lyon. Les écoles produiraient une communauté d’expériences au sein de leurs ingénieurs, susceptible de tempérer les exigences de la grande distribution, qui aujourd’hui « dit la messe », reconnaît Mme Gagnaire. « Mais il existe de nouveaux modèles, ils donnent de l’espoir », insiste M. Fachon. 16. Futurs agriculteurs : « On ne pourra plus vivre comme nos parents » Le Monde | Le 27.02.2016 à 16h31 | Par Laura Buratti Dans une petite salle de classe de Marvejols (Lozère), les élèves du lycée agricole catholique Terre nouvelle racontent le quotidien difficile de la vie à la ferme. Fils ou filles d’agriculteurs pour 80 % d’entre eux, ils ont connu dans leur enfance des parents travaillant douze heures par jour, semaine et week-end compris, et peinant à s’en sortir financièrement. A quelques jours de l’ouverture du Salon de l’agriculture, ils racontent la pression écrasante des distributeurs et des grandes surfaces, la surproduction, la chute des prix, la lourdeur administrative imposée par l’Europe et l’investissement financier qu’impose la mise aux normes. Sans compter l’augmentation du nombre de suicides. Pourtant, dans ce département qui est à la fois le moins peuplé de France mais aussi celui à l’altitude moyenne la plus élevée, les agriculteurs sont relativement préservés par la crise agricole. Les versants pentus des montagnes du Gévaudan empêchent toute agriculture intensive. Ici, les troupeaux de vaches et de moutons pâturent en semi-liberté. Un mode de vie privilégié qui néanmoins ne leur épargne pas les sacrifices. « Cet été, nous avons réussi à partir une semaine en vacances en famille. C’était la première fois depuis longtemps, raconte Laura, l’une des rares jeunes filles du lycée, étudiante en terminale sciences et technologies de l’agronomie et du vivant (STAV). Et encore, on a failli annuler au dernier moment parce qu’une vache était malade. » Ses camarades de terminale, qui passent cette année un bac technologique STAV ou un bac professionnel conduite et gestion de l’exploitation agricole (CGEA) acquiescent. « On a toujours le stress à propos des animaux, lâche Gildas, élève en CGEA. Il m’est déjà arrivé de devoir quitter les cours pour aller rattraper des vaches qui s’étaient échappées. » Malgré tout, la plupart d’entre eux ne se sont jamais imaginés faire autre chose de leur vie. « Ce n’est pas un métier, c’est une passion ! », lancent-ils tous. « Ils ne viennent pas ici forcés, confirme Christine Audeguin, la directrice de l’établissement, qui connaît par cœur les 220 élèves de son lycée. Les parents préféreraient peut-être qu’ils fassent autre chose mais, pour eux, le rapport à la terre et aux animaux est essentiel. » Julien, élève en STAV, rêve de vendre du matériel agricole, après un BTS technico-commercial. Laura se passionne quant à elle pour l’élevage des chevaux. Plus tard, après un BTS de production animale, elle se voit bien diriger sa propre exploitation. Alexandre, 21 ans, rêvait de devenir soigneur animalier en parc zoologique. « Depuis, j’ai changé d’avis, je veux être agriculteur. Etre mon propre patron, suivre tout le temps les mêmes animaux, avoir un contact plus proche de la nature, c’est comme soigneur, mais en mieux ! », s’enthousiasme-t-il. « Pur pragmatisme » Certes, le métier d’agriculteur les fait rêver, mais ils savent déjà qu’ils devront repenser le modèle parental. « Ce n’est pas une vie ! On ne peut plus vivre comme nos parents… », lance l’un d’entre eux. Jean, en terminale CGEA, ne se voit pas reprendre seul une exploitation : « C’est trop dur d’investir, explique-t-il. Je préférerais être salarié ou m’associer avec d’autres agriculteurs, au moins au début. » Ces dernières années, pour rester concurrentielles, les exploitations ont dû s’agrandir : de 20 % en moyenne entre 2003 et 2013, d’après le ministère de l’agriculture. Les éleveurs ont souvent recours à des salariés pour les seconder, une bonne opportunité pour ces jeunes qui ne se sentent pas les reins assez solides pour reprendre l’exploitation de leurs parents ou qui souhaitent simplement s’ouvrir à d’autres expériences avant de se lancer seuls. « Certains d’entre eux envisagent d’accompagner l’exploitation de leurs parents vers une agriculture biologique, observe Daniel Buffière, enseignant en économie, économie agricole et gestion au lycée Terre nouvelle depuis plus de trente ans. Ce n’est pas par idéalisme, comme il y a quelques années, mais par pur pragmatisme : les exploitations bio sont devenues bien plus rentables que les autres. » Alexandre aimerait diriger une petite exploitation qui lui permette de développer la vente directe. Il n’exclut pas de créer une maison d’hôtes, pour faire découvrir son métier au public et partager sa passion. Côté personnel, hors de question pour ces jeunes de finir dans l’émission « L’amour est dans le pré », qui aide des paysans esseulés à trouver une compagne. « Une femme, ça ne l’attire pas, un homme qui travaille tout le temps et qui stresse parce que sa vache est malade, analyse Gildas, qui voudrait trouver une compagne « aussi à l’aise en bottes qu’en talons hauts ». 17. Le travail des mères fait le succès des enfants Le Monde | 26.02.2016 à 18h53 | Par Annie Kahn A quelques jours du 8 mars et de la désormais traditionnelle « Journée de la femme », il nous faut affuter nos arguments! Ne serait-ce que pour réconforter celles d’entre nous qui continuent de culpabiliser en allant bosser. Rares seraient les femmes qui font ce choix d’un cœur léger. Une majorité – 51 % aux Etats-Unis, selon Pew Research – continue de penser que leurs enfants se porteraient mieux si leur mère renonçait à toute activité professionnelle. Voila donc une nouvelle étude qui vient à point nommé pour les rassurer. « Les femmes, dont les mères travaillaient quand elles étaient enfants, ont plus de chance de trouver du travail, d’avoir des postes à responsabilité. Elles gagnent, en moyenne, plus que celles dont les mères étaient femmes au foyer à plein temps », assurent Kathleen L. McGinn, professeur de gestion des entreprises à la prestigieuse Business School d’Harvard (HBS, Etats-Unis), Mayra Ruiz Castro, chercheuse à HBS, et Elizabeth Long Lingo, professeur au Worcester Polytechnic Institute. Leur étude sur « Les effets de l’emploi maternel sur les inégalités de genre au travail et à la maison, à l’échelle internationale » vient d’être publiée par la Harvard Business School. Cette étude est statistiquement très solide, puisque fondée sur des enquêtes menées auprès de 18 152 hommes et 13 326 femmes de 24 pays d’Europe, d’Amérique du Nord et du Sud, d’Asie, du Moyen-Orient, d’Australie, en 2002 et 2012. Le Programme international d’enquêtes sociales, auquel le Centre national de la recherche scientifique est associé pour la France, est au cœur du dispositif. Les mères qui travaillent influencent aussi positivement leurs fils. « Les hommes élevés par des mères bosseuses contribuent davantage que les autres aux tâches domestiques et passent plus de temps pour s’occuper de leur famille. » Leur carrière n’en est pas affectée pour autant. Parallèlement, les filles élevées par des mères ayant exercé un métier consacrent moins de temps que les autres aux travaux ménagers, mais plus pour prendre soin de leurs enfants. « Les mères qui travaillent contribuent grandement à réduire les inégalités hommes/femmes, tant dans la sphère professionnelle que familiale pour les générations suivantes. Il y a peu de situations qui contribuent autant à ce résultat », estiment les chercheuses. On peut comprendre intuitivement pourquoi. Les filles imitent leur mère qui leur a ouvert la voie. Les mères leur servent de « role model », d’« exemple à suivre », à l’instar des femmes mentors, encore trop rares dans les entreprises, et que seules quelques privilégiées ont la chance de croiser. Enfants ni plus ni moins malheureux « En outre, les mères qui ont un emploi transmettent à leurs filles des informations, des façons de faire utiles en entreprise, pour y faire carrière. » Quant aux fils, ils ont pris l’habitude de mettre la main à la pâte à la maison. Soit par obligation, par amour filial ou par respect pour leur mère. Soit parce que leur père leur a également servi de modèle à suivre, quand lui-même prenait déjà sa part de travaux domestiques. Une situation encore malheureusement très rare, les études sur le sujet montrant la persistance de fortes inégalités dans le partage des tâches familiales ! Loin de se rebeller contre une situation dont ils et elles auraient pâti, filles et fils adoptent, donc, au contraire, le même modèle de vie que leur mère, voire l’amplifient. Ils prônent l’égalité entre les sexes, en opposition avec ceux qui continuent de penser que les rôles de chacun doivent être différenciés : l’homme gagnant le pain quotidien et la femme s’occupant du foyer. Certains mauvais esprits pourraient argumenter que le travail maternel est, certes, bénéfique sur le plan professionnel, puisqu’il contribue à la carrière des filles, mais que c’est au détriment de leur bonheur, de leur joie de vivre. Il n’en est rien, confirme l’enquête. Les enfants de femmes exerçant une profession ne sont ni plus ni moins malheureux que les autres, selon leurs dires. « Cette recherche montre que, quand les deux parents travaillent, non seulement la famille en bénéficie financièrement, non seulement les femmes, qui aiment leur travail, s’en portent mieux psychologiquement, mais aussi les enfants en retirent de nombreux avantages. » « Donner aux enfants la chance de rencontrer des personnes, hommes et femmes, qui ont fait des choix de vie très différents sur les plans professionnel et familial, les aidera à voir qu’il y a plein de choix possibles pour réussir leur propre vie au bureau et à la maison », concluent les auteures d’une façon très consensuelle. De quoi rassurer tout le monde, et faire du 8 mars une fête pour tous!