Diamant noir
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Diamant noir
Fiche n° 1394 TITRE : diamant noir Date de sortie : 08.06.2016 Nationalité : France Durée du film : 1h55 Du 8 au 21 juin 2016 Diamant noir de Arthur Harari Prix spécial du Jury - Festival international du Film Policier de Beaune 2016 Pier Ulmann vivote à Paris, entre chantiers et larcins qu’il commet pour le compte de Rachid, sa seule "famille". Son histoire le rattrape le jour où son père est retrouvé mort dans la rue, après une longue déchéance. Bête noire d’une riche famille de diamantaires basée à Anvers, il ne lui laisse rien, à part l'histoire de son bannissement par les Ulmann et une soif amère de vengeance. Sur l’invitation de son cousin Gabi, Pier se rend à Anvers pour rénover les bureaux de la prestigieuse firme Ulmann. La consigne de Rachid est simple : « Tu vas là-bas pour voir, et pour prendre. » Mais un diamant a beaucoup de facettes. Un gros plan graphique sur une platine d’acier en rotation. Une musique lyrique très 70’s façon Ennio Morricone pour Dario Argento. Une photographie vintage ultra saturée. Et du sang, sombre et épais, qui se répand sur le sol… Dès les premières secondes, nous voici plongés dans une ambiance travaillée à la façon des gialli italiens. Pourtant, il ne s’agit là que d’une introduction, un flash-back visant à planter un décor social (le milieu fascinant des diamantaires) et exposer un drame liminaire, dont on ne reparlera quasiment plus mais qui planera sur l’ensemble des personnages. Malgré les apparences, Diamant noir, récit d’une quête de vengeance soigneusement orchestrée, est bien un polar contemporain ancré dans le réel. Or très rapidement, un constat s’impose : s’il s’inscrit dans la lignée traditionnelle des films noirs, ce long métrage sort clairement du lot. Il a beau être une première réalisation, il se situe à mille lieues de la tendance naturaliste du jeune cinéma français, incarnée notamment par la génération Fémis (Céline Sciamma, Rebecca Zlotowski, Thomas Cailley…). Tout, de la narration à la direction d’acteurs, en passant par le choix de Abdel-Hafed Benotman romancier algérien décédé à l’issue du tournage dans le rôle de Rachid, semble émaner de la littérature policière, bien plus que du cinéma. S’en dégage une douce sensation surréaliste, amplifiée par des personnages tous plus mystérieux les uns que les autres (l’oncle suisse opaque, le fils épileptique, la bru à la fois sauvage et fragile) et des décors magnétiques. Parmi ceux-ci la maison de famille, un immense chalet enfoui dans les bois où Pier va devoir s’installer, théâtre d’incidents nocturnes tantôt fascinants, tantôt effrayants. Pour autant, Diamant noir est loin de se résumer à un objet esthétique un peu étrange. C’est avant tout une intrigue captivante aux multiples facettes, certes classique mais bien ficelée, qui ne fait pas l’économie de séquences de suspense bien senties. Le dernier quart d’heure est, en cela, un petit bijou de tension calme, fruit d’une progression scénaristique patiemment installée et d’une mise en scène millimétrée quasi-hitchcockienne. Reste à saluer le jeu subtile des acteurs, dont les partitions respectives sont toutes d’une infinie complexité, et notamment l’interprétation de Niels Schneider (découvert dans les Amours imaginaires de Xavier Dolan), qui révèle enfin sa part obscure. Par son regard noir, sa voix grave et sa dégaine un peu gauche, il est mémorable. Abus de ciné Film noir Arthur Harari a cherché à faire de Diamant noir un film noir, le réalisateur étant particulièrement passionné par le genre depuis qu'il a assisté à une rétrospective Warner Bros à Beaubourg, en 1990. Il développe : « Ce que j’aime dans le film noir, c’est l’ambiguïté. Elle touche tout : l’intrigue, " l’image, le jeu, les sentiments, le sens, la morale. C’est une autre métaphore qu’offre le diamant : comment la multiplicité des facettes compose une réalité à laquelle on ne peut pas assigner une définition simple. Quand on regarde un diamant taillé de près, c’est frappant : on ne sait pas comment le regarder ! Pour une pierre censée incarner la pureté et la clarté, c’est un paradoxe étrange… Concernant le film noir, si je poussais un peu plus, je dirais que l’ambiguïté va jusqu’au genre lui-même : dans son ADN, il y a une impureté qui le rend particulièrement susceptible de mutations et de fusions. Il y a des passerelles permanentes avec le mélodrame, le film d’amour, ou encore avec le western, le film politique ou social, et même la comédie..." Arthur Harari a eu la chance de pouvoir tourner dans un des derniers (sinon le dernier) ateliers du quartier diamantaire. « Sur la base du premier synopsis, l’idée du quartier diamantaire d’Anvers, majoritairement juif, est arrivée. On s’est rendus compte que ce quartier n’avait jamais été le cadre d’un film de fiction, et j’ai eu la chance de rencontrer très tôt les bonnes personnes par le biais de deux amis, notamment la famille du plus grand tailleur de diamants vivant, Gabi Tolkowsky, sur laquelle celle des Ulmann est à moitié calquée. L’autre moitié vient d’un jeune négociant du milieu dont le père était un ouvrier du diamant communiste, connu comme le loup blanc dans ce quartier où ça ne courait pas vraiment les rues. Le milieu et la ville ont fait le reste, c’est un cadre romanesque et cinématographique génial. Nous avions un rapport direct avec les patrons du lieu, sans avoir à passer par les autorités du quartier, évidemment très tièdes vis-à-vis d’un tel tournage. Cette immersion a été précieuse pour obtenir ce réalisme concret dans lequel je souhaitais tremper le romanesque formel du film." En même temps, la première semaine : Dalton Trumbo de Jay Roach (USA) la deuxième semaine: Dough de John Goldschmidt (Angleterre) Red amnésia de Wang Xiaoshuai (Chine) La semaine suivante Le fils de Joseph de Eugène Green et Le professeur de violon