NF - Les spécialistes de la neige et des avalanches

Transcription

NF - Les spécialistes de la neige et des avalanches
SAMEDI 14 JANVIER 2012 LE NOUVELLISTE
2 GRAND ANGLE
jpr - pf
DANGER Cet hiver très enneigé pose des problèmes spécifiques aux responsables de la
Ils s’efforcent de dompter
PASCAL FAUCHÈRE
L’avalanche qui a traversé la
route Täsch-Zermatt mercredi
nous le rappelle abruptement:
en ce début d’hiver très enneigé, le risque zéro n’existe pas
dans une montagne truffée de
pièges. Cette semaine, un bon
tiers des 180 observateurs de
l’Institut pour l’étude de la
routes, communication dans les
situations de crise ou questions
de droit dans le service d’avalanches: le programme était copieux, pointu et souvent intense. Pour un retour positif
puisque la trentaine de participants a pu puiser à sa guise dans
les différents exercices et conférences-débats proposés.
L’objectif de ces rencontres
S’il neige encore
«beaucoup,
"
on pourrait avoir
des soucis dans les pentes
non encore déchargées.»
FRANÇOIS DUFOUR RESPONSABLE DE L’ANTENNE VALAISANNE DU SLF
neige et des avalanches à Davos
(SLF) – dont 44 pour le seul Valais – ont annoncé des hauteurs maximales à cette date. La
somme des chutes de neige de
ces trente derniers jours s’approche souvent des valeurs record. Pour quelques stations de
mesures, elles ont même été
dépassées, comme à Ulrichen
où 456 centimètres ont été enregistrés.
Complexe!
Les chefs de sécurité communaux, cantonaux, les responsables des domaines skiables et les
professionnels de la montagne
sont sur le qui-vive. Hasard du
calendrier, ils s’étaient donné
rendez-vous cette semaine à
l’hôtel Kurhaus d’Arolla pour un
cours de formation continue
bisannuel organisé par le SLF.
Prévisions météo, évaluation du
danger local d’avalanches, gestion intégrale du risque, mesures de protection, déclenchement artificiel, sécurisation des
consiste à parfaire ses connaissances mais aussi à échanger. «Il
est intéressant de pouvoir confronter nos expériences», relève Basile Bournissen qui a concocté
pour ses collègues un exercice
de sécurisation du village d’Arolla et de fermeture de la route
d’accès selon les conditions
du… 20 février 1999.
On essaie aussi de parler un
même langage. Que signifie, par
exemple, l’expression «de fortes
chutes de neige»? «On peut
craindre une situation catastrophique lorsque 120 centimètres de
neige fraîche tombent en trois
jours», avance avec prudence
Charles Fiertz du SLF. Prudent
car la matière étudiée s’avère
particulièrement complexe et
les raccourcis de raisonnement
souvent faux. «Il n’existe pas de
corrélation immédiate entre les
hauteurs de neige et les avalanches. Le danger dépend aussi de la
cohérence entre les différentes
couches et de l’évolution de la température de l’air.»
Une trentaine de responsables de la sécurité étaient réunis cette semaine à Arolla pour un séminaire de formation continue mis sur pied par l’Institut
pour l’étude de la neige et des avalanches de Davos. LE NOUVELLISTE
Manteau neigeux stable
Le cas de cet hiver vient étayer
le propos. «On aurait dû avoir davantage de problèmes en ce début
d’hiver», estime François Dufour, responsable de l’antenne
valaisanne du SLF. Pour faire
face à ce genre de situation, les
chargés de sécurité évoquent,
eux, la nécessité d’une solide formation, l’utilisation des outils
d’aide à la décision, le respect
des protocoles et une excellente
connaissance locale du terrain,
critère décisif auquel il convient
d’ajouter cette part indispensable d’intuition et d’instinct qui
n’a aucune valeur légale…
Si l’exercice de prévisions avalancheuses confine à l’art, tous
s’accordent sur un point. La situation actuelle, hormis la hauteur
de neige, n’a rien de comparable
avec l’hiver catastrophique de
1999. «Aujourd’hui, le manteau
neigeux est plutôt stable», indique
François Dufour. Et les minages
n’ont pas permis de déclencher
artificiellement des avalanches
partout où cela a été tenté. Reste
que, statistiquement, février est
le mois le plus dangereux. «S’il
neige encore beaucoup, on pourrait
avoir des soucis dans les pentes non
encore déchargées. Le minage préventif demandera alors énormé-
ment de sensibilité. Mais nous n’en
sommes pas là.»
La reptation…
Par contre, les responsables de
sécurité doivent faire face à un
problème plus immédiat: l’avalanche par reptation. Un phénomène connu sur les pentes herbeuses au printemps, assez
présent sur la rive droite du
Rhône, mais relativement rare
sur les Alpes pennines à cette
période de l’année. Le glissement est caractérisé par une cassure jusqu’au sol en forme de
gueule de baleine, avance lentement et est difficile à contrôler.
«Cette avalanche est liée à un
manteau neigeux très épais et aussi à un sol relativement chaud»,
explique Lukas Dürr du SLF.
«Contrairement à une avalanche
de printemps, elle peut survenir la
nuit et ne part pas facilement au
minage. C’est un problème pour
les remontées mécaniques et pour
la sécurisation des routes.» Une
épée de Damoclès jusqu’au printemps pour les responsables de
sécurité? «Impossible à dire aujourd’hui», rétorque François
Dufour. «Une fois de plus, le risque zéro n’existe pas. Tout le
monde le reconnaît mais bien peu
de gens l’acceptent…» !
De nouveaux outils pour les professionnels
Les professionnels de la sécurité disposent de plusieurs outils d’aide à l’évaluation du danger local d’avalanches
Bulletin météo, prévisions nivologiques, observations quotidiennes, collecte de données, profils de neige, cartes
de danger, cadastre des avalanches ou
guides pratiques. Quelques nouveautés
sont en cours d’élaboration ou en phase
de test.
ç CHECK-LIST L’évaluation du danger local d’avalanches peut différer de
celle de l’Institut pour l’étude de la
neige et des avalanches à Davos (SLF)
qui émet des avis régionaux. Le SLF a
donc créé une check-list en test pour
cet hiver. Elle prend en compte les situations défavorables, les fortes probabilités de déclenchement, la mise en
place et la levée d’éventuels barrages
dans les zones habitées. Pour Lukas
Stoffel du SLF, à l’origine du document,
«il n’est pas possible de prévoir le moment
et la grandeur d’une avalanche. Mais il est
possible d’estimer la probabilité qu’elle
touche une route par exemple.»
ç DÉTECTION D’AVALANCHES
La vérification du déclenchement artificiel ou spontané d’une avalanche est
parfois impossible en raison notamment des mauvaises conditions météo.
Pour avoir ces informations, le SLF a
lancé un projet en 2009. La détection
des mouvements avalancheux se fait
par infrason, radar ou ondes sismiques.
Le système permet de déterminer
l’heure, le secteur, les dimensions et
une classification de la coulée de neige
dans les minutes qui suivent. En Valais,
des appareils sont testés à Belalp, Blatten, Täsch et Liddes. Reste désormais à
clarifier les besoins et les sites potentiels, ce qui sera entrepris à la fin de cet
hiver, explique son concepteur Danny
Lussi du SLF.
ç PLATE-FORME COMMUNE
Les ouvrages de protection (ici des paravalanches au-dessus d’Ayer, dans le val
L’actuel IFKIS, système d’alerte en cas d’Anniviers) font actuellement l’objet d’un inventaire cantonal. LDD
de crise, sera intégré dans une nouvelle
plate-forme d’information sur les dangers naturels baptisée GIN. L’objectif sur une même carte. Météosuisse, le coupage de la Suisse en plusieurs réest de regrouper tous les dangers natu- SLF et l’Office fédéral de l’environne- gions. GIN regroupe des mesures, des
rels - et pas seulement les avalanches - ment ont ainsi dû harmoniser leur dé- observations, des prévisions, des aler-
tes, des modèles et des bulletins. Des
travaux de coordination sont en cours.
INVENTAIRE DES OUVRAGES
DE PROTECTION Les ouvrages
(claies, filets, digues…) et leur efficacité sont pris en considération dans la
carte des dangers par réduction des zones à risque. A condition que leur entretien soit assuré. A cette fin, un inventaire avec fiches caractéristiques de ces
ouvrages est en cours de réalisation par
le canton du Valais. Un contrôle visuel se
fait annuellement alors qu’un check
complet est réalisé tous les trois à cinq
ans.
Pascal Stoebener, collaborateur scientifique à la section Dangers naturels du
Service des forêts et du paysage, rappelle la relation coût/efficacité dans un
contexte où l’Etat du Valais injecte 20 à
25 millions de francs par an pour les ouvrages de protection. «Leur dimension
ne peut pas tenir compte des événements extrêmes car ces ouvrages seraient soit irréalisables techniquement
soit beaucoup trop chers.» ! PF
GRAND ANGLE 3
sécurité. Même avec un manteau neigeux stable.
les avalanches
Entre science,
art et justice
TYPES
D’AVALANCHES
REPTATION
Etude d’un profil du
manteau
neigeux.
Etude d’un
profil du
ARCH. SLF
manteauPHOTOS
neigeux.
PHOTOS ARCH. SLF
PLAQUES À VENT
Signes typiques:
quantité critique de
neige fraîche atteinte.
Signes d’alarme:
cassures jusqu’au sol
en forme de gueule de
baleine.
Distribution typique:
zones dangereuses de
grande étendue.
Souvent plus critique
sur les pentes
herbeuses.
Remarques:
difficilement
contrôlable.
Signes typiques:
traces du vent.
Peut être dure ou
molle.
Profondeur de
pénétration irrégulière
en traçant.
Neige liée.
Signes d’alarme
(surtout avalanche de
plaque de neige
fraîche, fissures).
POUDREUSE
Distribution typique: à
l’abri du vent (ruptures
de terrain, cuvettes).
Souvent en altitude et
proche des crêtes.
Grande variabilité.
Remarques:
contournement
éventuellement
possible. La neige
soufflée est souvent
critique à partir de 30°.
PRINTEMPS
Signes typiques:
quantité critique de
neige fraîche atteinte.
Signes d’alarme:
(surtout avalanche de
plaque de neige fraîche).
Distribution typique:
zones dangereuses de
grande étendue.
Souvent plus critique en
altitude.
Remarques: moins de
possibilités de
contournement.
Signes typiques:
Pluie. Rayonnement
nocturne insuffisant.
Température élevée/fort
rayonnement solaire.
Profondeur de
pénétration élevée.
Avalanche spontanée
(plaque de neige,
avalanche de neige
sans cohésion).
Distribution typique:
exposition et altitude
variable (dépend de la
saison et de l’heure).
Souvent proche des
rochers chauds.
Remarques:
Terminer la course
suffisamment tôt.
Attendre un refroidissement.
«La fatalité n’est malheureusement
pas une notion juridique.» Ce propos est revenu à plusieurs reprises à
Arolla lors du cours de perfectionnement pour les responsables de sécurité. Et le directeur de l’Institut pour
l’étude de la neige et des avalanches à Davos (SLF), Jörg Schweizer,
l’a dit clairement: «L’incertitude demeure considérable dans l’appréciation des dangers d’avalanches».
Ce spécialiste reconnu a tenté de
mettre au point un modèle numérique prévisionnel. Résultat: «Les
fausses alarmes entament la crédibilité des services d’avalanches. Le
développement de ce modèle sera
difficilement réalisable».
De son côté, le responsable de l’antenne valaisanne du SLF, François
Dufour, a cité quelques chiffres. On
répertorie en moyenne un accident
par an en Suisse. Dans 70% des cas,
la procédure judiciaire a été abandonnée. Dans 10% des affaires, les
responsables ont reconnu leurs
torts. Restent 20% qui font débat.
Là, un cas tous les dix ans en
moyenne fait l’objet d’une condamnation. «Ce risque résiduel est supportable pour notre profession. On a
le droit de commettre une erreur
d’appréciation en ayant respecté les
procédures.»
Quant à Pierre-André Veuthey, avocat
spécialisé dans le domaine, il a retracé l’évolution des mentalités. «Les
juges n’ont que peu d’affinités avec
les problèmes de la montagne auxquels ils ne sont que rarement confrontés. Mais la perception des choses change. On constate que
l’appréciation du danger local
d’avalanches n’est pas une science
exacte. Un raisonnement étayé
tiendra toujours devant la justice. Je
pense qu’en 2015, un André Georges ne serait plus condamné.» ! PF
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29 FÉVRIE
R 2012
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PORTES O
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Auprès de tou
2012
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