Rapport final Trajectoire Conseil régional Bretagne

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Rapport final Trajectoire Conseil régional Bretagne
EVALUATION ET ACCOMPAGNEMENT
DE LA RECHERCHE ACTION
TRAJECTOIRE
(CONSEIL REGIONAL DE BRETAGNE/ACTE D’ENGAGEMENT
24 SEPTEMBRE 2007)
RAPPORT FINAL
Rennes le 30 novembre 2008
Nathalie BEAUPERE, Gérard PODEVIN
CEREQ - Centre Associé Régional
de Bretagne
2
Introduction ................................................................................................................................ 4
IIL’évaluation chemin faisant de la recherche action : enjeux et outils ........................... 7
1- Arbre des objectifs, sociogrammes et logigrammes, pour le suivi de l’action............... 8
1-1
L’arbre des objectifs ............................................................................................. 10
1-2
Le sociogramme ................................................................................................... 12
1-3
Le sociogramme commenté ................................................................................. 16
1-4
Le logigramme ..................................................................................................... 24
1-5
Les logigrammes commentés ............................................................................... 26
2- Des indicateurs pour évaluer Trajectoire ..................................................................... 41
2-1
La construction des indicateurs : une question délicate mais nécessaire qui
demande du temps et de la concertation........................................................................... 41
2-2
Quelques règles de construction pour une première ébauche .............................. 43
2-3
Des indicateurs à construire, à valider et à suivre ................................................ 45
IIILa première cohorte Trajectoire ................................................................................... 48
1- Caractéristiques des personnes entrées dans Trajectoire entre le 30/09/2007 et le
31/10/2008 ........................................................................................................................... 48
IVL'enquête auprès des bénéficiaires ............................................................................... 59
1- La réalisation des entretiens ......................................................................................... 59
1-1
Description de l’échantillon. ................................................................................ 61
1-2
Description de la population en fonction des situations dans Trajectoire ............ 66
2- Le dispositif Trajectoire tel qu'il est perçu par les beneficiaires .................................. 68
2-1
Comprendre Trajectoire ....................................................................................... 68
2-2
Pour les personnes en période interstitielle : une compréhension progressive mais
réelle 79
3- Mise en perspective des résultats de l’enquête avec l’arbre des objectifs ................... 84
3-1
Le rapport à la formation ...................................................................................... 86
3-2
Le rapport au projet .............................................................................................. 89
3-3
La sécurisation des parcours ................................................................................ 97
VDes pistes de réflexion pour l’avenir.......................................................................... 100
1- Carrières et parcours dans le dispositif Trajectoire .................................................... 100
2- Des objectifs aux réalisations ..................................................................................... 103
3- Jeux d’acteurs, coopération et gouvernance ............................................................... 109
4- Comparaison des territoires pour quelle reproduction et quel transfert ? .................. 112
Bibliographie .......................................................................................................................... 118
Glossaire ................................................................................................................................. 120
Annexes .................................................................................................................................. 121
3
INTRODUCTION
« L’évaluation n’est pas seulement une démarche
cognitive. C’est aussi une démarche pédagogique
qui met en débat des connaissances et des
pratiques afin d’améliorer la gouvernance des
organisations et des territoires. De ce point de vue,
elle porte toujours une dimension constructive
faisant appel à des interactions nombreuses et à
des attitudes créatives. ». M. Basle, 2008.
En réponse à l’appel d’offres de la Direction de la Formation professionnelle et de
l’Apprentissage du Conseil Régional de Bretagne, le Centre associé au Céreq de Bretagne
(CREM – CNRS) a proposé en juin 2007 d’être force d’appui de l’accompagnement de la
création d’un nouveau dispositif d’accès à la qualification, dispositif appelé « Trajectoire »
ayant pour objet l’insertion professionnelle durable de ses bénéficiaires.
L’appui proposé est de type « créatif ». Il s’agit d’aider à la conception, à la coconstruction locale, à l’appropriation d’un nouveau dispositif et à l’expérimentation « sous
contrôle » des premiers pas des acteurs du DRIP, et notamment des tandems mission locale et
organisme de formation pilote.
Le centre associé au Céreq a utilisé pour concrétiser son appui, ses connaissances :
-
en performance des dispositifs d’insertion,
-
en conduite de changement organisationnel,
-
en méthodologie de suivi/auto-évaluation de politiques publiques.
Conformément aux engagements prévus au cahier des charges, le centre associé a mis en
œuvre les moyens nécessaires et développé les activités suivantes :
-
participation aux différentes rencontres sur les territoires (réunions tandems,
groupements partenariaux, etc.),
-
participation et contribution à l’animation des CTS sur les 3 territoires,
-
collaboration avec le GREF Bretagne sur l'exploitation des données de Parcours3
-
organisation et animation d’un séminaire à mi-parcours (Berder avril 2008)
accompagné d’un document de travail adressé à l’ensemble des acteurs impliqués,
4
-
co-construction des outils de suivi/évaluation sur chacun des territoires (arbres des
objectifs, sociogrammes et logigrammes),
-
réalisation et exploitation d'une enquête auprès des jeunes bénéficiaires du DRIP,
-
restitution de deux rapports d’étapes (janvier et juin),
Le rapport intermédiaire livré en juin 2008, précédé d’un premier rapport d’étape remis en
janvier, faisait état d’un certain nombre de conclusions, pour certaines provisoires, sur :
-
les tensions entre les différentes temporalités de la recherche action,
-
la coopération et les conditions de sa mise en œuvre,
-
les enjeux de la gouvernance,
-
les limites de l’évaluation d’un dispositif inscrit dans un programme plus vaste,
-
la stabilisation des outils (arbre des objectifs et sociogramme),
-
les enjeux de la définition/validation des projets des bénéficiaires dans le
contexte de Trajectoire,
-
la prise en compte de la diversité des publics dans la mise en œuvre du
dispositif,
-
un diagnostic provisoire axé sur les atouts, faiblesses, opportunités et menaces.
Le présent rapport ne reprend pas toutes les conclusions et remarques contenues dans le
rapport intermédiaire. Il se contente sur certains points de prolonger ou d'approfondir les
aspects qui ont pu paraître faire le plus question, tant à propos du cadre prédéfini de l'action
des acteurs, que sur les objectifs réels énoncés par le cahier des charges et que ces acteurs ont
tenté de s'approprier. Ces approfondissements se retrouvent aussi, en grande partie, à travers
un certain nombre de développements nouveaux dont les plus importants sont les suivants :
o les logigrammes réalisés et la "fabrique" des résultats sur les trois territoires,
o les enjeux de la construction des indicateurs de résultats,
o les caractéristiques de la première cohorte "Trajectoire" à partir des données
transmises par chaque territoire,
o les résultats commentés d'une enquête sur un échantillon de bénéficiaires du
dispositif,
o une mise en perspective des principaux constats tirés du travail d'évaluation du
dispositif, à mi-parcours de la recherche action, qui pourrait aider à orienter les
pistes de réflexion pour la phase à venir et, au- delà, éclairer les conditions
d'une extension possible.
5
Ce rapport intervient donc à un moment crucial, celui de l’appropriation définitive du
programme (son langage, ses modalités de mise en œuvre, …). Il doit donc faire l’objet d’une
attention particulière. En effet, c'est désormais aux acteurs des sociogrammes et des
différentes gouvernances locales et régionale, de se saisir des remarques, mais aussi des outils
produits par cette étude, pour faire vivre le dispositif Trajectoire dans un sens qui ne peut être
exactement celui pensé à l'origine par ses initiateurs. Ceux-ci n'ont fait que donner, à travers
des objectifs politiques, une orientation générale et un cadre indicatif mais nécessaire, qu’ils
ont très vite appelé à faire bouger, par « l'audace créatrice » des acteurs.
Cette mise en mouvement des acteurs, la dynamique de concertation et de dialogue qui
s'est progressivement installée, ne sont pas les moindres des résultats observables. Le chemin
qui a été emprunté n'était pas totalement connu d'avance, celui qui reste à parcourir est moins
à découvrir qu'à inventer : c'est en cela que la démarche d'évaluation chemin-faisant, qui porte
bien son nom, est aussi une démarche de prospective.
6
I- L’EVALUATION CHEMIN FAISANT DE LA RECHERCHE
ACTION : ENJEUX ET OUTILS
Au terme de l'opération d'évaluation que vient clore ce rapport, il n'est pas encore possible
de porter un jugement complet sur l'effectivité de l'amélioration des conditions d'entrée en
formation qualifiante pour les jeunes du Dispositif Régional d’Insertion Professionnelle
(DRIP), ni de rendre compte de l'atteinte de l'objectif de progression des flux correspondants.
Ainsi que nous l'évoquions en introduction, la temporalité de cette phase d'évaluation ne nous
permet pas de documenter les effets de la recherche-action Trajectoire1 sur ces conditions
d'entrée et cette progression des effectifs qualifiés. Cependant, il est possible et intéressant de
constater qu’au fil des rencontres sur les territoires, les différents acteurs des parcours de
formation - c'est à dire principalement les tandems2 et les partenaires que sont les organismes
de formation prestataires - ont mis en œuvre de nouvelles modalités de travail, organisé des
échanges sur les thématiques d’accès à la qualification, qui sont autant de comportements
innovants, porteurs en puissance de changements organisationnels et de formes renouvelées
de coordination, offrant ainsi les conditions nécessaires pour que les objectifs fixés aient une
chance de se réaliser.
D'autre part, l'environnement institutionnel et opérationnel bouge, ainsi les réflexions
menées dans les territoires sur les offres et besoins de formation (préqualifiantes ou
qualifiantes) sont très proches des missions confiées aux toutes nouvelles maisons de la
formation professionnelle. Mais, s’il est de ce point de vue difficile d’apprécier l’impact
spécifique sur les entrées en qualification attribuables à Trajectoire - problématique sur
laquelle nous reviendrons longuement dans la suite -, il est néanmoins possible d’observer des
effets tangibles en matière d’évolution des organisations sur les territoires. Les nouvelles
modalités de travail des principaux acteurs ont d’ailleurs pu donner lieu à une formalisation
très avancée sous forme de logigrammes élaborés sur les trois territoires.
1
Le choix du terme Trajectoire a été préféré au terme parcours pour éviter toute confusion avec le système
d’informations des missions locales. Pour autant l’emploi du mot parcours aurait mieux refléter le cheminement
des jeunes et adultes bénéficiaires de ce nouveau dispositif (voir chapitre 4).
2
Nous entendons par tandem le duo composé de la mission locale et de l’organisme de formation pilote… Nous
utiliserons cependant de manière indifférenciée les termes tandems ou binômes. Notre préférence cependant va
pour l’utilisation du terme tandem qui nous semble plus refléter la solidarité attendue des acteurs.
7
1- ARBRE DES OBJECTIFS, SOCIOGRAMMES ET LOGIGRAMMES, POUR LE SUIVI
DE L’ACTION
Le dispositif Trajectoire imaginé par la DIFPRA tient son origine des conclusions d'un
premier rapport de diagnostic et d’évaluation du DRIP3 qui posait les limites et les
défaillances auxquelles entend répondre le nouveau dispositif Trajectoire. Pour autant, il est
intéressant de noter que si cette évaluation du DRIP reposait avant tout sur les prestations
propres à ce dispositif prises une à une, Trajectoire s'inscrit d'emblée sur des dimensions qui
renvoient à l’organisation des acteurs. De notre côté, plus centrés sur les réalisations
nouvelles, ou adaptées, produites par les transformations organisationnelles suggérées ou
imposées par les cahiers des charges de Trajectoire, nous avons proposé différents outils
d’accompagnement et de suivi issus de méthodes récentes d'évaluation In Itinere. Ils
consistent notamment en la construction de l’arbre des objectifs du dispositif auquel sont
associés des sociogrammes et logigrammes. L'agencement de ces différents outils peut se
résumer dans le schéma suivant.
Suivi-autoévaluation de programme
dans le cadre d’une démarche de pilotage
Objectifs Stratégiques
ARBRE DES OBJECTIFS
APPRECIATION
DES OBJECTIFS
PAR LES
INDICATEURS
POSES SUR DLI
Objectifs Intermédiaires
Objectifs Opérationnels
DEFINITION
DU PLAN
D’ACTION
Indicateur de
réalisation
Indicateur de
résultat
Indice d’efficacité
Indice d’efficience
Indice d’efficacité
Indice d’efficience
Cible
Cible
Indicateur
d’impact
Cible
(OO)
Intentions
d’actions
Réalisations
Résultats
Impacts
LOGIGRAMME
3
Voir le rapport Amnyos, 2006
8
Pour être complète, l’évaluation supposerait de pouvoir porter un regard, non seulement
sur la production des résultats attendus mais aussi, sur la rédaction du cahier des charges qui
s’attache à mettre en cohérence les besoins, problèmes et enjeux avec les objectifs. Mais ici,
l’évaluation de la pertinence ne peut être envisagée. Pour cela, il aurait fallu que nous soyons
associés très tôt à la construction même du cahier des charges. De même, et pour des raisons
symétriques, il n’est pas question non plus, au stade où se trouve aujourd'hui la rechercheaction, de pouvoir considérer la pérennité du dispositif. Enfin, n'ayant pas travaillé sur les
coûts que représentent la mise en place de Trajectoire, pas plus que sur ceux rattachés à
l'ancien dispositif ou à tout autre dispositif alternatif qui serait issu de simulation, il va de soi
que nous nous interdirons de parler de critère d’efficience. En revanche, une partie des
logigrammes sur lesquels nous nous sommes concentrés est à même de pouvoir rendre
compte de l'efficacité du dispositif Trajectoire, en mettant en relation les objectifs avec les
réalisations effectives, et en posant une première série d'indicateurs de résultats. C'est
pourquoi, de tous les critères d'évaluation que mobilise habituellement un processus évaluatif
complet (voir schéma ci-dessous), nous ne traiterons que de quelques uns, ceux relatifs à
l'efficacité. La démarche évaluative proposée et déroulée tout au long de la première phase de
la recherche action est donc incomplète de ce point de vue, et limitée à la fabrique des
résultats.
9
Avant d’entrer plus en détail dans la production des outils mobilisés ici, il nous semble
qu’un quatrième outil aurait pu être formalisé, qui viendrait utilement compléter l'ensemble,
c'est la construction d'un chronogramme. En effet, nous avons souligné à diverses
occasions que les temporalités différentes des acteurs ne sont pas sans conséquence sur le
déroulement des processus et leur efficacité, et une représentation graphique des différentes
séquences temporelles, des horizons et contraintes qui pèsent sur les acteurs, sous cet angle,
aurait permis d’y voir plus clair, ou pour le moins de représenter les temps en présence qui
parfois entrent en tension.
1-1 L’arbre des objectifs
Une première écriture de l’arbre des objectifs du dispositif a été discutée avec l’ensemble
des acteurs des trois territoires et les représentants du conseil régional. Il s’est avéré, au regard
des échanges et des pratiques sur les premiers mois de l'étude, que celui que l'on pouvait
déduire directement du cahier des charges initial de la Région devait être réécrit.
En effet, si Trajectoire peut apporter des réponses aux défaillances pointées dans le rapport
d’évaluation du DRIP, il ne peut pour autant apporter des réponses à toutes les questions
posées. D’ailleurs, comme il l’a été rappelé lors du séminaire de Berder et dans notre rapport
intermédiaire à mi parcours de l'étude, un certain nombre de programmes pilotés par la région
visent aussi à améliorer l’accès à la qualification des jeunes et adultes inscrits dans un
parcours d’insertion professionnelle. Il est donc apparu d’autant plus important de revenir sur
l’écriture des objectifs de Trajectoire afin de considérer les spécificités des actions figurant
dans ce dispositif.
Un nouvel arbre des objectifs a donc été proposé et validé. Il se décline en trois niveaux,
un objectif stratégique, deux objectifs intermédiaires et trois objectifs opérationnels. Il est
identique pour les trois territoires puisqu’il représente la volonté régionale, les logigrammes
qui lui sont associés quant à eux varient suivant les tandems.
10
L'arbre des objectifs est un arbre des volontés et des priorités
L’arbre des objectifs est l’outil du management stratégique dans les établissements
publics. Il permet de formaliser la manière par laquelle s’affiche la volonté de la région.
Chaque axe majeur, ou prioritaire, a son Arbre des objectifs qui contribue à structurer la
stratégie élaborée en réponse à un diagnostic.
Structurer un arbre des objectifs repose sur une convention établie entre les acteurs. Il doit
représenter, sous une forme hiérarchique et verticale, l’ensemble des objectifs par niveau
et eux-mêmes formulés simultanément. Un arbre des objectifs ne se construit donc pas en
une fois. Il évolue au gré de la formulation des objectifs, dans un contexte d’ensemble.
On vise à atteindre un état stabilisé, dans lequel l’ensemble des acteurs puisse se
retrouver.
Formuler un objectif c’est formuler ce que l’on veut. C’est une étape qui requiert un sens
politique mais aussi le sens de la nuance et du consensus. L’objectif doit être
suffisamment ambitieux, puisqu’il traduit une aspiration au mieux, mais également
réaliste et partageable. A défaut, l’objectif peut ne pas sembler atteignable et de fait être
décourageant. Enfin les nuances apportées dans sa formulation contribuent à positionner
l’objectif sur un certain niveau de l’arbre.
Formuler un objectif
Les objectifs visés traduisent ce que l’on veut pouvoir apporter à quelqu’un.
Un objectif est décrit par un verbe à l’infinitif +COD (COI)
Choisir le registre du verbe de l’objectif
L’énoncé de l’objectif s’appuie sur le registre de la volonté (favoriser, privilégier,
promouvoir, adapter, garantir, …)
Hiérarchiser les objectifs
Plus l’objectif est opérationnel, plus il est précis dans son énoncé.
Un objectif de rang inférieur doit contribuer à l’atteinte de l’objectif directement
supérieur.
(Baslé, Matrion, 2008)
11
Arbre des objectifs du dispositif Trajectoire
Aider les jeunes et adultes du
DRIP à concrétiser leur projet
professionnel lorsqu’il mène à
une certification de leurs
compétences
OS
OI
OO
Limiter l’évaporation des
jeunes et des adultes
dans les parcours de
certification
Maintenir les
jeunes et les
adultes mobilisés
tout au long de
leur parcours de
certification
Assurer la fluidité des
parcours de certification
des jeunes et des
adultes
Améliorer
l’articulation entre
les prestations du
DRIP et la formation
qualifiante
Prévoir une articulation
entre les prestations
DRIP et les autres outils
Développer
l’ingénierie de
formation
OS : objectif stratégique
OI : objectif intermédiaire
OO : objectif opérationnel
1-2 Le sociogramme
•
Des acteurs présents…..
Pour ce qui concerne cette recherche action, les configurations sur les trois territoires sont
quasi identiques. Les principaux acteurs de terrain qui composent les tandems à savoir les
missions locales, l’ANPE et les organismes de formation pilotes travaillent en collaboration
avec les organismes prestataires du DRIP, mais aussi les représentants techniques de la région
que sont les responsables de dispositifs de formation, les délégués territoriaux et la mission
solidarités.
Au cours de la recherche action, d’autres prescripteurs ont souhaité être associés aux
opportunités que propose Trajectoire en matière d’accompagnement et d’accès à la
12
qualification, c’est le cas de Ohé Prométhée à Quimper ou encore de la CLI à Fougères.
D’autres associations pourraient être envisagées à l’avenir.
Les comités territoriaux de suivi (CTS) ont été l’occasion de réunir l’ensemble de ces
acteurs en présence, dont l’élu référent et d’autres partenaires locaux tels que des
représentants syndicaux sur certains territoires.
Le sociogramme des acteurs
Le sociogramme est l’outil qui permet d’identifier l’ensemble des parties prenantes
concernées. On cherche à inscrire leurs contributions individuelles dans un contexte d'un
vouloir global. Cet outil permet de représenter les liens fonctionnels, non nécessairement
hiérarchiques, qui unissent des parties prenantes réunies par les mêmes volontés. Il
présente les acteurs qui contribuent aux résultats et peuvent renseigner sur les processus.
Pour formaliser un sociogramme :
On s’appuie sur un code de couleur, de taille et d’intersection de sphères pour visualiser
rapidement l’ensemble des contributeurs. Les couleurs donnent à voir les rattachements,
les proximités de mission, la taille rend compte de l’importance de l’acteur symbolisé
dans le dispositif, quant aux intersections (ou superpositions), elles signifient les liens
existant entre les acteurs en présence.
(Baslé, Matrion, 2008)
• …. et des absents.
Mais, si le sociogramme donne à voir les acteurs présents, il est aussi important de pointer
les absents. En effet, la Direction du travail et de l’emploi et de la formation professionnelle,
et plus largement l'Etat, ont été peu impliqués, ou bien de manière tardive et épisodique (nous
pensons notamment à l'ANPE). Par ailleurs, il est surprenant et sans doute illogique lorsque
l'on traite des questions d'insertion, que les représentants du monde économique, les
entreprises des bassins concernés, les structures de développement économique, ou autres
formes intermédiaires, n’aient pas été associés à cette recherche-action. Or, les objectifs fixés
à ce dispositif, qui vise à favoriser l’accès à la qualification, notamment par la voie de
l’alternance intéressent particulièrement ces acteurs. De plus, d’une manière générale la faible
association de l’Etat au dispositif peut poser question, la Direction régionale du travail, par
exemple, n’a pas été représentée non plus dans les instances de pilotage tant au niveau
territorial, si ce n’est à Quimper, qu'au niveau régional.
13
Le dispositif Trajectoire veut, à juste titre nous semble t-il, s'appuyer sur des réseaux
actifs, intéressés (au sens de la sociologie de la traduction de Callon et Latour), favoriser le
développement de ces réseaux, leur prolongement et renforcement.
La restriction actuelle du sociogramme paraît donc paradoxale à cette volonté. Elle le
paraît d'autant plus qu'il est désormais possible d'anticiper une évolution du service public de
l'emploi dans le sens d'un transfert partiel des compétences aux acteurs régionaux, et d'un
décloisonnent - souhaitable - des actions pour l'emploi des jeunes et des dispositifs régionaux
de formation. Le bon fonctionnement d'un réseau ne peut faire l'économie d'un processus
permanent de renforcement, c'est à dire de mobilisation de nouveaux acteurs et
d'intéressement.
14
Le sociogramme des acteurs de Trajectoire
DIFPRA
SPAQ
MFP
RDF
OF DRIP
Mission
solidarités
ML
CTS
OFP
CPR
Bénéficiaire
ANPE
Cap
emploi
CPR : Comité de pilotage régional
CTS : Comité territorial de suivi
DIFPRA : Direction de la formation professionnelle
l’apprentissage
MFP : Maison de la formation professionnelle
OF DRIP : Organismes de formation prestataires du DRIP
OFP : Organisme de formation pilote
RDF : Responsable des dispositifs de formation
SPAQ : Service des parcours d’accès à la qualification
et
de
15
1-3 Le sociogramme commenté
⇒ La direction de la formation professionnelle et de l’apprentissage
Elle est à l’initiative du projet et elle pilote le dispositif d'ensemble. Elle est donc
l’interlocuteur principal des tandems, quand bien même d’autres services de la région sont
également impliqués dans ce dispositif. Les représentants de cette direction ont accompagné
sa mise en œuvre sur les territoires et participé notamment aux différentes réunions de
lancement et aux CTS sur les 3 territoires.
Du fait de sa position et de son rôle, les principales informations ont été centralisées et
diffusées par la DIFPRA. Il s’est avéré assez rapidement que certaines questions
opérationnelles avaient été peu anticipées avant le lancement de Trajectoire et pouvaient
ralentir le déroulement de l’action. Ainsi, ce fut le cas des questions liées au statut de stagiaire
de la formation professionnelle, nécessaire au versement d’une « indemnité Trajectoire », aux
ajustements et discussions avec l’ANPE afin de pouvoir concilier le statut de demandeur
d’emploi et celui de stagiaire, ou bien encore à la nécessité d’avoir pour le jeune un projet
professionnel d’entrée dans une formation qualifiante comme condition d'éligibilité au suivi
du dispositif.
Si la plupart de ces questions et problèmes ont été résolus, il n'en demeure pas moins que
les solutions apportées n’ont pas toujours fait l’objet d’informations officielles à temps en
direction des acteurs impliqués sur les territoires, du moins dans les 4 premiers mois qui ont
suivi le lancement. Il y a donc eu certains décalages entre les territoires, ce qui a pu faire
penser que les informations étaient plus souvent distribuées aux acteurs par différentes voies
parallèles (courrier électronique, conversation téléphonique, rencontres, réunions) que
diffusées officiellement et au même moment à tous.
Une gestion plus adaptée et mieux anticipée des difficultés, questions et autres problèmes,
pourrait être possible, d’une part par la formalisation des réponses et informations, d’autre
part par leur transmission à l’ensemble des acteurs d’une façon plus systématique.
16
⇒ Les responsables de dispositif de formation (RDF)
Relais de la région sur les territoires, ils sont particulièrement impliqués dans la mise en
œuvre de Trajectoire. Ils sont des interlocuteurs réguliers et incontournables des tandems.
Leur mission, pendant cette première année d’expérimentation, a été d’autant plus importante
que de nombreuses questions leur ont été directement posées, en tant que représentants de la
DIFPRA, sans d'ailleurs qu'ils aient toujours la réponse idoine.
A Fougères, les recrutements et changements de poste ont privé le territoire d’un
interlocuteur stable durant quelques mois et cette absence a eu des incidences significatives
puisque certaines questions ont été de ce fait tardivement résolues. De plus, les acteurs du
tandem, malgré leur mobilisation, ont pu se sentir d’autant plus oubliés qu’un seul CTS s'est
déroulé cette première année.
A l’avenir, il semble que le rôle des RDF soit amené à évoluer vers un accompagnement et
une observation renforcés de Trajectoire et de sa mise en œuvre sur les territoires. Mais au
moment de la rédaction de ce rapport nous ne disposons pas d’information officielle sur cette
évolution.
⇒ La maison de la formation professionnelle et les délégués territoriaux (DT).
A l’origine du projet, le cahier des charges mettait en évidence l’importance des maisons
de la formation professionnelle, le projet étant adossé à ces structures. Un an après le
lancement de Trajectoire, force est de constater que l’implication des maisons de la formation
professionnelle est inégale suivant les territoires. De plus, la participation de cette instance
régionale n’est pas apparue comme déterminante au cours de cette première année. Nos
observations laissent plutôt penser à une implication institutionnelle périphérique, plutôt qu'à
un engagement coopératif fort dans l'organisation du nouveau dispositif Trajectoire et dans
son rôle de maillage de réseaux sur le champ territorial de la formation.
Pourtant, certaines questions soulevées dans les CTS, comme les accès parfois difficiles à
certaines formations (notamment celles du PRS) ou encore le travail des tandems sur l’offre et
les besoins de formation, fait partie des prérogatives de cette instance. La position des
délégués territoriaux a parfois pu sembler être celle de simples observateurs plutôt que de
participants directement impliqués dans la mise en œuvre de Trajectoire.
17
Ces structures, somme toute récentes, auront sans doute à l’avenir un rôle d’autant plus
important à jouer que les pilotes pourront y trouver une ressource particulièrement pertinente
d’informations. Le travail réalisé sur les territoires par le pilote en matière de communication
sur les formations pourrait être réalisé en étroite collaboration avec ce nouvel acteur local.
⇒ Les Organismes de Formation Pilotes et les Tandems
Acteurs centraux de la mise en œuvre de Trajectoire, leur rôle n’en est pas, pour autant,
facile à inventer. Cette recherche-action, dans les premiers temps, a notamment mis en
exergue la réserve, voire les réticences, des missions locales à propos de Trajectoire
concernant le rôle de ces pilotes dans la mise en œuvre des parcours d’accès à la qualification.
La coopération nécessaire entre ces deux acteurs a nécessité du temps et repose sur des
compromis mettant en jeu leurs références respectives. On constate également que
l’implication des OF pilotes dans la recherche-action peut avoir des incidences dues au fait
qu’il soit pilote et organisme de formation. En effet, l’appréhension que celui-ci peut avoir
des actions de formation est différente de celle des missions locales. Il peut donc, par
exemple, être amené à réinterroger la cohérence et la pertinence de certaines prestations. La
coopération avec la mission locale et l’ANPE apporte au tandem constitué une approche
somme toute différente et plus complète des questions liées à la formation.
Les pilotes ont des poids et des histoires différents qui ont influé sur les choix des
territoires de la recherche-action. Il importe alors de considérer que leurs spécificités
surdéterminent les configurations observées. La coopération des tandems est largement
dépendante de ce passé, de la culture et des champs privilégiés d’intervention du pilote. C'est
pourquoi, on observe quelques différences suivant les territoires.
-
A Loudéac-Pontivy, le tandem a considéré en premier lieu les problématiques
auxquelles sont confrontés les publics accueillis, afin de trouver des modalités de
travail qui puissent favoriser leur complémentarité. La coopération s’est donc dans un
premier temps construite sur ces préoccupations, le pilote ayant décidé de se mettre
relativement en retrait lors des phases de bilan du DRIP, pour ne pas freiner l’action.
Notons que l’association des conseillers techniques de la mission locale au projet dès
sa mise en œuvre a pu favoriser cette option sans un coût de transaction trop élevé.
Très vite, le partenariat s’est développé sur ce territoire en appui sur un double
18
pilotage. Celui de la recherche action, dévolue clairement à l’OFP (l’AFPA en
l’occurrence), a été distingué du pilotage des parcours individuels des jeunes qui se
trouve explicitement partagé entre les acteurs du Tandem. C’est pourquoi ces acteurs
ont souhaité donner une plus grande lisibilité à l’organisation de ce double pilotage, en
distinguant la guidance tout au long du parcours et qui concerne l’ensemble des
dimensions transversales à ce parcours (santé, logement, transport,….) et le pilotage
pédagogique du parcours de formation et son orientation. Le premier rôle est confié à
la mission locale, le second à l’OF pilote. De façon précise et instrumentée, il apparait
bien que le cheminement équilibré d’un jeune sur un parcours repose sur une
dynamique où tantôt la responsabilité s’appuie sur la ML, tantôt sur l’OFP.
-
A Fougères, les problématiques locales des jeunes et des adultes ont également été
présentes dans les réflexions menées au départ de l’action entre les acteurs du tandem
et l’ANPE. Pour autant, il est intéressant de constater que le pilote a prioritairement
considéré le cahier des charges initié par la région et tenté avec la mission locale et
l’ANPE de trouver des modalités d’organisation et des réponses aux différents axes du
dispositif à mettre en place. La coopération qui s’est construite au fil du temps, entre
la mission locale et le pilote s’est donc au départ appuyée principalement sur les
réponses à apporter en référence forte au cahier des charges. Une autre différence peut
être pointée qui concerne l’implication des acteurs. En effet, si l’on comprend que
Trajectoire demande de consacrer beaucoup de temps à sa mise en œuvre, la
configuration des réunions du tandem a le plus souvent été réduite à deux personnes,
la chargée de mission Trajectoire pour le pilote et le directeur adjoint pour la mission
locale. Ce tandem restreint, comparativement à celui de Quimper et a fortiori celui de
Loudéac-Pontivy, n’a pas donné à voir un soutien fort des directions et la participation
des équipes de conseillers. Pour autant ses réalisations sont effectives et les échanges
réguliers ont permis des modalités de travail plus efficaces au fil du temps.
-
A Quimper, le rôle du pilote dans le tandem s’est construit au regard du rôle de la
mission locale, plutôt qu’en référence au cahier des charges. Ce sont donc les
questions liées à l’organisation et aux modalités du travail en commun qui ont été
privilégiées dans les premiers temps de la recherche-action. La coopération s’est
construite sur des compromis en matière d’organisation, de rôle et de compétences
visant à atténuer les tensions nées de postures difficiles à déplacer. Le pilote a donc
cherché à ajuster son rôle en fonction des actions qu’il pouvait piloter. Il est important
19
de souligner à cet égard que la question de la plus value du pilote est récurrente lors
des CTS. Les temps de travail du tandem ont la plupart du temps réuni au moins
quatre personnes, les chargés de mission Trajectoire au sein des deux structures et leur
directrice et directeur respectifs. Une conseillère de la mission locale, particulièrement
en charge des questions d’accompagnement, a également participé à certains travaux.
Les modalités d’organisation et d’intervention du tandem, et a fortiori ceux du pilote,
ont donc fait l’objet de discussions et de négociations impliquant les directions de ces
structures, ce qui a permis une base de travail stable, car relayée et soutenue en
interne. Certains outils nécessaires à la coopération ont ainsi rapidement été mis en
place, d’autres sont restés en discussion, mettant en jeu des positionnements de
structures. Les réalisations effectives du tandem rendent bien compte de la dynamique
impulsée.
⇒ Les missions locales
Les trois missions locales concernées par la recherche-action ont exprimé au
commencement de l'opération leur réserve sur la mise en place et le bien-fondé de ce nouveau
dispositif, se sentant par ailleurs mises en cause puis dépossédées d’une partie de leurs
prérogatives. La crainte de voir leurs missions concurrencées par le pilote a pu focaliser leur
attention. De plus, le diagnostic du DRIP, réalisé antérieurement et sur lequel s’appuie
Trajectoire, est loin d’avoir été approuvé par les missions locales. Le diagnostic posé a
d’ailleurs été réfuté, conduisant à interroger fortement la pertinence de Trajectoire comme
réponse aux conclusions de ce rapport, jugées injustifiées, inexactes, ou partielles.
La mise en place du nouveau dispositif pose également la question de la prise en
considération du travail d’accompagnement réalisé par la mission locale en amont de l’entrée
dans le DRIP et donc dans Trajectoire. En effet, l’évaluation, parfois réduite à la plus value de
la présence du pilote dans la mise en œuvre des parcours, ne prend pas en compte ce travail
parfois long. Ainsi, l’appréhension du parcours d’accès à la qualification, commencé pour
certains avant le DRIP, est réduite, dans ce nouveau contexte, à la prestation préqualifiante et
aux plans d’action pilotés par le tandem.
La situation des missions locales est aussi singulière dans le contexte de Trajectoire
puisque ces structures sont les seules à ne pas être soumises à un renouvellement de marché,
ce qui leur garantit une certaine stabilité, à la différence des pilotes et des organismes
20
prestataires du DRIP. Ajoutons que leur présence sur les territoires et leur histoire en font des
acteurs
incontournables
et
politiquement
légitimes
sur
les
questions
d’insertion
professionnelle et de formation des jeunes. Le rapport remis récemment au Conseil
économique, social et environnemental4, propose d’ailleurs de « faire des missions locales un
appui privilégié » du nouvel opérateur de l’emploi. Leur stabilité et leur expérience ont sans
doute été un atout dans le tandem, les différents pilotes n’ayant pas tous la même expérience
des publics.
Les missions locales en partie financées par la région, ont pour principaux financeurs l’Etat
et les collectivités locales. Les conventions passées avec l’Etat ont d’ailleurs la particularité
de fixer des objectifs en faveur du retour à l’emploi des jeunes accueillis, l’accès à la
qualification n’étant qu’un outil et non pas une fin comme c’est le cas pour Trajectoire.
⇒ La participation de l’ANPE
La possibilité pour l’ANPE de s’associer à la mise en œuvre de Trajectoire a soulevé
quelques questions et problèmes. En effet, si les agences des pays concernés par
l’expérimentation ont été sollicitées, il semble que les échanges d’informations au niveau
régional n'ont pas été satisfaisants. Dans le même temps, le cahier des charges initial de
Trajectoire considérait que les bénéficiaires du nouveau dispositif soient les stagiaires du
DRIP dans leur ensemble, mais il est assez vite apparu que les jeunes de moins de 26 ans
étaient majoritaires. Il y a donc très vite eu des glissements et une restriction, pour le moins
dans le langage, car il a beaucoup plus souvent été question des parcours des jeunes que des
parcours des adultes, ce qui, par voie de conséquence, impliquait beaucoup plus explicitement
les missions locales que les agences de l’ANPE. Les représentants locaux de l’ANPE ne se
sont donc pas tous sentis interpelés et investis de la même manière. Ainsi, à Fougères,
l’implication de l’ANPE a été plus importante que dans les deux autres territoires. Rappelons
toutefois que les jeunes du DRIP sont des demandeurs d'emploi, et que leur suivi par les
missions locales s'explique par une convention de cotraitance avec l'ANPE.
Si des demandeurs d’emploi accompagnés par l’ANPE ont intégré Trajectoire, à l’avenir la
participation de « l’agence » pourrait être renforcée et officialisée. Ceci permettrait
notamment d’encourager la complémentarité des actions publiques, régionales et nationales.
4
Avis et rapport au CESE « 25 ans de politiques d’insertion des jeunes : quel bilan ? », octobre 2008.
21
⇒ Les organismes de formation prestataires du DRIP
Leur situation a pu sembler équivoque à certains moments, car fortement impliqués de par
leur rôle dans les parcours, ils n’ont pour autant pas été associés de la même manière sur les
territoires. Leur participation aux différentes réunions et les changements d’organisation
impliqués par Trajectoire les ont cependant largement mis à contribution. D’ailleurs, leur
demande de voir indemnisées leurs heures de travail passées sur ce dossier a été prise en
compte par la région.
Il est également important d’ajouter que la situation des prestataires n’a pas été facilitée par
le fait de voir un de leurs pairs devenir pilote de l’action sur le territoire. Finalement, peu
consultés par la région, ils ont beaucoup travaillé localement en particulier avec le tandem. Le
mécanisme des marchés pourtant ne leur garantit pas de pérennité pour leurs prestations ; et
leur implication a été tardivement prise en considération.
Les organismes de prestation, partenaires du pilote, ont donc un rôle central à jouer
notamment par leur connaissance des publics et de leurs difficultés. Leur place dans le
sociogramme est loin d’être négligeable.
La pérennité de leurs prestations participe pleinement de l’objectif stratégique fixé au
dispositif, pourtant le nouveau marché en cours pour l’année 2008-2009 voit un certain
nombre de modifications. Par exemple, certaines prestations n’ont pas été renouvelées.
Autrement
dit,
les
premières
étapes
vers
la
qualification
que
représente
la
préprofessionnalisation ne sont pas forcément assurées et restent dépendantes des marchés, ce
qui peut avoir un impact direct sur les entrées en qualification dans les secteurs concernés.
Les organismes prestataires ont donc ici été particulièrement sollicités pour contribuer aux
réflexions menées au sein de la DIFPRA, ce travail devant se poursuivre durant cette
deuxième année.
⇒ Ohé Prométhée – réseau Cap emploi
La participation de cette association est d’autant plus intéressante qu’elle ouvre la voie à
d’autres partenariats possibles et semble être une opportunité pertinente pour les personnes
qu’elle accompagne. De plus, en ayant recours à ce dispositif sans être considérés au départ
22
comme un acteur du tandem, les associations et autres acteurs en charge de la formation et de
l’insertion reconnaissent le dispositif comme un atout, ou pour le moins comme un outil à leur
disposition sur le territoire. La diversité des pratiques et des partenariats ne peut donc que se
trouver enrichi de ces contributions.
⇒ Les comités territoriaux de suivi
Ils se sont réunis au moins une fois sur les trois territoires et très régulièrement à Quimper,
tous les deux mois environ. S’ils avaient dans le cahier des charges un rôle central, ils ont
surtout été dans les premiers mois le lieu privilégié de questionnements, et de transmission
d'informations en vue d’apporter des solutions aux difficultés rencontrées par les acteurs qui
trouvaient là l’occasion d’un échange direct avec les services de la région. Plus récemment, ils
ont été l’occasion de présenter les réalisations du tandem, les tableaux de bord des flux de
personnes inscrites dans le dispositif et les modalités de mise en œuvre du parcours en période
interstitielle5.
⇒ Le comité de pilotage régional
Au cours du déroulement de la première année de la recherche-action, il ne s’est réuni
qu'une seule fois. Plus encore que les CTS, cette instance de pilotage fait le lien entre le
politique, les services opérationnels et les actions de terrain. Sa composition garantit cette
possibilité d'interaction et d'échanges réciproques d'informations devant conduire à orienter
les futures décisions politiques. Elément central d'une nouvelle gouvernance attendue, ce
comité de pilotage devait aussi associer des représentants de l'Etat et du monde économique.
Il nous semble, au terme de notre mission et à mi-parcours de la recherche action, que ce
pilotage d'ensemble n'a pas bien fonctionné. Réuni plus régulièrement, au moins
trimestriellement et non pas annuellement, ce comité aurait pu infléchir, réorienter, densifier,
certaines volontés et actions, par le fait même qu'il est supposé avoir aussi une vision
d'ensemble des programmes de la région concourant au même méta-objectif stratégique.
5
Nous utiliserons de manière indifférenciée dans ce rapport les termes interstitiel et intermédiaire. Si le cahier
des charges proposait interstitiel mettant en évidence des espaces temps réduits, le terme intermédiaire semble
plus convenir à la valorisation possible de ces périodes entre deux actions.
23
1-4 Le logigramme
L’élaboration de cet outil repose sur des compromis et met en évidence la coopération des
acteurs du tandem. Il est important de rappeler que les logigrammes n’ont pas été construits ex
nihilo, mais tiennent compte d’un certain nombre de réalisations déjà existantes avant la mise
en œuvre du nouveau dispositif. Par exemple, les bilans intermédiaires et finaux, qui ont lieu
pendant les prestations du DRIP, rassemblaient déjà le formateur référent de l’organisme
prestataire, un conseiller de la mission locale et le stagiaire.
Le Logigramme : la fonction de production de l'action collective
Le logigramme est l’outil du management stratégique basé sur les activités. Il permet de
formaliser la manière par laquelle la volonté des acteurs se traduit sur le terrain. Il
contribue à structurer la production de la fabrique des résultats observés. Un plan d’action
est conçu en vue d’atteindre les objectifs opérationnels. Sa mise en œuvre conduit à la
production de réalisations, qui produisent des effets sur les bénéficiaires directs ou
indirects, à plus ou moins long terme, les résultats et impacts. Les effets observés ainsi
identifiés sont mesurables par une pose soignée et non exhaustive d’indicateurs
quantitatifs et qualitatifs.
Formuler une action.
La notion d’action utilisée dans cet outil est celle de l’intention d’action, qui se
matérialise par une ou plusieurs réalisations.
L’action est décrite par un verbe à l’infinitif +COD
Le registre du verbe doit être celui de l’action (mettre en œuvre, renforcer, informer,…)
Une action peut être transversale et à ce titre contribuer à l’atteinte de plusieurs objectifs.
Par convention, elle sera rattachée à l’axe auquel sa contribution est la plus forte.
Formuler une réalisation
Une réalisation est un élément concret, mesurable, auquel on peut rattacher des ressources
de production (humaines, financières, temporelles). On constate ce qui s’est produit par
un nom propre (dispositif, plan de formation…).Une réalisation n’est pas un catalogue
d’activités, mais plutôt une agrégation d’activités.
Formuler un résultat
Le résultat représente un effet conjugué, produit par plusieurs réalisations, sur un
bénéficiaire direct, à court ou moyen terme. On constate la modification d’un état. Un
résultat est décrit par un sujet+un verbe au passé composé (l’effet a été observé).
Formuler un impact
L’impact représente un effet conjugué, produit par plusieurs résultats, sur un bénéficiaire
direct à long terme ou sur un bénéficiaire indirect à moyen ou long terme. Un impact est
décrit par un sujet + un verbe au passé composé (l’effet systémique a été observé).
Plusieurs effets intermédiaires vont contribuer à un effet sociétal, de type « le stagiaire a
obtenu une qualification ».
(Baslé, Matrion, 2008)
24
La dimension historique se perçoit en filigrane par la présence dans les logigrammes de
pratiques « anciennes » et « nouvelles ». Il aurait été intéressant de réaliser les logigrammes
de l’organisation antérieure, pour autant cette tâche aurait été difficile à mettre en œuvre car la
logique d’actions ne s’inscrivait pas dans cette démarche de décomposition de la chaine de
production des résultats. Nous aurions sans nul doute été confrontés à une reconstruction a
posteriori des objectifs, intentions d’action et résultats attendus, afin de coller au mieux à la
grille, ce qui n’aurait pas été sans conséquence sur l’élaboration des logigrammes de
Trajectoire.
Le nouveau dispositif prend donc appui sur une organisation préexistante et des
partenariats déjà effectifs. Trajectoire a donc proposé une nouvelle organisation, une nouvelle
coopération d’acteurs qui, pour une part, travaillaient déjà ensemble auparavant.
Les réelles nouveautés sont donc peu présentes dans les logigrammes, la plupart des
réalisations du tandem reflète, pour le moment, d’autres manières d’utiliser les outils existants
ou le fait de systématiser leur utilisation, comme cela peut être le cas pour les ateliers de
remise à niveau au cours des périodes intermédiaires. La nouveauté tient donc plus au fait
d’utiliser les outils de manière différente, en mobilisant des jeux d'acteurs et des logiques
d'action désormais inscrits dans des univers coopératifs.
D’ailleurs, il est intéressant de noter que si l’innovation pédagogique était présentée
comme une injonction forte dans le cahier des charges, les réalisations effectives qui lui sont
associées sont finalement peu nombreuses, comparativement à d’autres intentions. Différentes
raisons peuvent expliquer cette situation, d’une part le dispositif a mis quelques temps avant
de se mettre en place et certaines difficultés ont freiné l’action concertée des tandems. D’autre
part, les acteurs des territoires ont tous souligné la nécessité d’utiliser au mieux les outils
existants avant d’envisager « l’invention » ou la « création » de nouveaux. Enfin, l’innovation
pédagogique nécessite au préalable des diagnostics partagés sur les lacunes présentes et les
opportunités à saisir. Il semble que les acteurs des trois territoires ont prioritairement centré
leurs attention et actions sur la nécessité de partager une organisation de travail et une grille
de lecture commune des problématiques locales. C’est pourquoi la coopération et l’innovation
ont nécessité plus de temps que ce qui avait été anticipé par le commanditaire.
25
1-5 Les logigrammes commentés
Si les intentions d’action sont identiques pour les trois territoires, à quelques exceptions
près, les réalisations comme les résultats attendus peuvent différer.
D’une manière générale, la concertation tient une place importante dans les logigrammes,
si l’on se réfère aux réalisations qui rendent compte des rencontres des différents intervenants
des parcours (laboratoires d’idées, carrefours, réunions préparatoires stratégiques, rencontres
avec les organismes de formation qualifiante, …). Ces temps d’échanges renvoient d’ailleurs
quasi systématiquement à des résultats attendus qui concernent le partage des rôles et
l’engagement effectif des acteurs. Toutefois, ce degré d'engagement est variable selon les
territoires, qui renseigne par ailleurs sur la nature des changements visés, réalistes
et….réalisables. Il n'est pas certain de ce point de vue que nous ayons partout une volonté de
coopération, pourtant indispensable à l'atteinte des objectifs, ou bien si l'on parle dans certains
cas de coopération, il s'agit alors plus "d'échanges de bons procédés", c'est à dire de
l'amélioration de la coordination entre acteurs - ce qui n'est déjà pas si mal…. - mais pas
nécessairement de cette coopération dont parle Ph. Zarifian, qui non seulement valorise les
complémentarités, mais contribue, par la créativité, à l'émergence de ressources nouvelles.
Pour autant, on constate globalement, à la lecture de ces logigrammes, que les acteurs sont
bien entrés dans un processus de changement organisationnel qu'ils vont chercher à
s'approprier avec plus ou moins de succès, et qui se retrouve dans une partie des réalisations,
mais dont les effets ne vont pas encore impacter directement et immédiatement les
bénéficiaires.
Les réalisations des tandems sont particulièrement actives au cours des périodes
intermédiaires. C’est en effet durant ce temps, plus ou moins long, que l’action du pilote est
sollicitée pour la construction des différentes étapes qui maintiendront les jeunes mobilisées
jusqu’à leur entrée en formation qualifiante. Ainsi, le souci de faire apparaître, parfois de
manière redondante, les réalisations et les résultats attendus de la nouvelle coopération est très
prégnant. Cette insistance répond sans doute au questionnement récurrent sur la « plus-value »
de la participation du pilote à la construction des parcours, particulièrement à Quimper.
26
Il est important de souligner que parmi les réalisations qui apparaissent dans les
logigrammes, certaines correspondent juste à un aménagement de l’existant dû à la présence
et à la participation du pilote, quand d’autres sont plus spécifiques au dispositif lui-même.
Il est intéressant de s’attarder sur ces distinctions entre le nouveau et l’ancien en pointant
quelques exemples, sans oublier que ces distinctions croisent également des données
différentes suivant les territoires.
⇒ Des réalisations déjà existantes et aménagées pour et par le tandem
-
les fiches de prescription, transmises par la structure chargée de l’accompagnement
aux organismes prestataires du DRIP, sont améliorées, complétées, pour permettre une
meilleure information du pilote sur la situation du stagiaire. Par exemple, les résultats
attendus de la prestation peuvent y être inscrits ;
-
les bilans intermédiaires et finaux, réalisés au cours des prestations, avaient déjà lieu
mais le référent Trajectoire, suivant les modalités d’organisation du territoire, peut
désormais y assister dans deux des trois territoires, toujours dans l’optique de favoriser
les échanges d’informations sur le parcours de la personne ;
-
la recherche des outils à mobiliser, durant le parcours, qu’ils soient pédagogiques,
financiers, liés aux transports, etc. n’est pas nouvelle non plus. Les structures chargées
de l’accompagnement des stagiaires, qu’il s’agisse de l’ANPE ou de la ML,
mobilisaient déjà leurs réseaux, les différents ateliers, les différents financements
possibles, et autres partenariats, pour faciliter leur mission d’accompagnement.
Désormais, le pilote vient renforcer les démarches, voire alimenter de ses propres
ressources les possibilités d'instruments à mettre à disposition des stagiaires ;
-
les rencontres avec des professionnels et/ou des responsables de formation, étaient
aussi déjà mises en place, mais il semble que certains pilotes proposent de
systématiser ce type de rendez-vous, qui permettent aux stagiaires d’avoir une
perception plus réaliste des métiers et des formations qu’ils visent ;
-
la recherche de contrats en alternance et le fait de favoriser l’inscription des
personnes dans ces formations étaient déjà encouragés avant l’arrivée du pilote. Dans
le contexte de Trajectoire, l’amélioration de l’accès aux formations en alternance est
27
une intention d’action qui doit pouvoir se traduire par des réalisations permettant
effectivement de voir les stagiaires intégrer plus facilement ce type de formation.
Cependant, d’autres réalisations distinctes de celles du tandem, mais qui les impactent,
œuvrent également dans ce but. C’est le cas du dispositif Passerelle de la DIFPRA ou
encore du PACA.
⇒ Des réalisations nouvelles et spécifiques au tandem dans le contexte de Trajectoire
-
le maintien du statut de stagiaire de la formation professionnelle pendant les
périodes intermédiaires est une réalisation spécifique à Trajectoire. Si elle nécessite la
concertation du tandem sur la situation du stagiaire, le résultat attendu dépend
également de l’action des services de la région qui interviennent dans le traitement du
dossier. Rappelons que le maintien de ce statut est directement lié au fait qu’un des
postulats de Trajectoire est de considérer que sans sécurisation financière les
personnes décrochent plus facilement de leur parcours pour aller vers l’emploi (même
précaire). Afin de prévenir les décrochages, le dispositif prévoit une aide financière
pendant les périodes où les personnes n’en bénéficient théoriquement plus. Mais le
versement de cette aide est assujetti au statut, car seul le statut de stagiaire de la
formation professionnelle permet à la région de verser cette « contrepartie ». Le
maintien de ce statut, tout au long du parcours Trajectoire, est donc le moyen de
garantir cette sécurisation. Il découle de cette « contrainte » la nécessité de mettre à
jour, de façon concertée, les tableaux de bord et de situation des stagiaires afin
d’actionner au mieux les possibilités de financement et d’anticiper les étapes à venir.
-
les échanges réguliers sur la situation des stagiaires, sont désormais nécessaires
pour que le pilote et la ML (ou l’ANPE) puissent actualiser les tableaux de suivi,
mobiliser les autres partenaires du parcours et surtout préparer les étapes à venir. Ces
échanges qui nécessitent du temps prennent différentes formes : Carrefour à LoudéacPontivy, réunions du tandem à Quimper (des réunions du type de celles de Loudéac
sont envisagées), réunions du tandem à Fougères qui évoluent vers des contacts directs
entre référents ML et référents Trajectoire pour plus d’efficacité. La participation du
pilote à l’élaboration et à la concrétisation du parcours implique que la ML et l’ANPE
partagent avec ce nouvel acteur les données du parcours, dessinent avec lui et le
stagiaire le plan d’action. Ces temps de travail exigent une certaine harmonisation des
agendas. La coopération, au sein du tandem, prend appui sur ces échanges qui
28
contribuent au partage d’une grille de lecture commune des parcours, de la définition
de solutions à mobiliser ou à inventer.
-
la validation des projets des stagiaires est au centre des réalisations des organismes
prestataires du DRIP et de la ML ou de l’ANPE. Mais dans Trajectoire cette
dimension tient une place particulière. En effet, le projet d’intégrer à moyen terme une
formation qualifiante conditionne le travail du tandem et le maintien des stagiaires
dans le dispositif. L’appréciation, notamment de la pertinence des projets construits
par les stagiaires, est du ressort du tandem qui tente de repérer si la motivation de la
personne est en adéquation avec les objectifs du dispositif.
-
l’analyse des parcours, des situations d’abandon ou des motifs de sorties
prématurées, réalisée de manière plus ou moins formelle par les ML est désormais
plus systématique. L’appréhension de la diversité des parcours et de leur possible
discontinuité est partagée par le tandem. Ainsi, les problématiques liées aux parcours
font l’objet de discussions et permettent de proposer des adaptations, des hypothèses,
voire de nouveaux axes de travail. Cette démarche permet l’émergence de diagnostics
partagés sur un même territoire.
⇒ Des différences de réalisations suivant les territoires
-
Le pilote intervient au cours des prestations DRIP, soit à l’occasion des bilans
intermédiaires et finaux (excepté à Loudéac-Pontivy où il intervient plus tard) et dans
la mise en œuvre des périodes intermédiaires jusqu’à l’entrée en formation. Ainsi, le
travail réalisé en amont de la préqualification est du ressort de la ML (ou de l’ANPE).
Il est intéressant de rappeler que si la possibilité d’une intervention du pilote au
moment des prescriptions a été posée dans les premiers temps, elle a été assez vite
éludée sur les trois territoires pour deux raisons principales : la prescription fait partie
intégrante des rôles des missions locales ; de plus, il était difficilement concevable de
voir le travail de ces structures – qui selon les situations peut avoir nécessité beaucoup
de temps – potentiellement remis en cause.
-
L’appréhension des parcours et le partage d’une grille de lecture des problématiques
liées à la formation sont également au centre des réalisations des trois tandems. A
Quimper, le pilote a construit différentes catégories de parcours à partir de ces
29
observations. A Loudéac-Pontivy, les rencontres Carrefour sont aussi l’occasion
d’aborder les situations des personnes et la diversité des parcours, mais de manière
plus collective, avec la participation du tandem.
-
La validation du projet, dont on a vu le rôle croissant dans le dispositif, devient plus
formalisée à Quimper qui a proposé d’élaborer une grille d’appréciation (d’évaluation)
des projets des personnes entrées dans le dispositif. Sur les deux autres territoires, la
thématique du projet, si elle est très présente, ne semble pas soulever autant de
questionnements ni de différences d’appréciation. Si à Quimper le tandem en place
accueille et accompagne des flux de jeunes très important, c’est aussi là que nous
observons les modalités de travail les plus formalisées.
-
A Loudéac-Pontivy et à Fougères, les personnes qui à court terme ont le projet
d’accéder à un emploi avant d’entrer en formation sont « suspendues » du dispositif le
temps de cette « parenthèse ». Ainsi, sur ces deux territoires, plus qu’à Quimper, la
possibilité que Trajectoire devienne un dispositif à entrées/sorties permanentes
paraît envisageable. Pour autant la question de la sécurisation des parcours dans cette
configuration n'est pas encore totalement résolue.
-
Pour favoriser les échanges et l’accès aux informations, le pilote de Fougères a mis
en place un espace collaboratif Internet. Cet outil est consultable par l’ensemble des
intervenants des parcours, (ML, ANPE, OF DRIP, …). Les informations pratiques
liées aux formations, aux manifestations organisées par la ML ou le pilote, les
comptes-rendus de réunions mais aussi d’autres données sur les parcours sont
accessibles suivant différents niveaux de confidentialité. L’utilisation de cet outil
pourrait être élargie à d’autres partenaires pour qu’ils puissent y trouver ou y déposer
des informations.
-
Le laboratoire d’idées mis en place à Loudéac-Pontivy, devrait trouver une
déclinaison à Quimper, à l’instar des réunions Carrefour. La nécessité de dégager des
moments de réflexion sur les problématiques locales, et par là même de trouver des
modalités d’intervention nouvelles (dans leur forme ou dans leur fond), devient plus
évidente quand l’organisation du tandem et le partage des rôles sont plus explicites et
formalisés. En centre Bretagne, cette initiative très précoce, puisque apparue dès le
30
début de l'opération, voit un nouveau développement avec la mise ne place de
"laboratoires d'idées élargis" à l'ensemble des OF prestataires.
⇒ Les logigrammes des trois tandems
Les trois logigrammes présentés ci-dessous ont été rédigés en étroite collaboration avec les
tandems des trois territoires. Chaque objectif opérationnel est décliné en intentions d’actions,
réalisations et résultats attendus suivant la méthodologie décrite précédemment. Nous n’avons
pas envisagé de considérer les impacts, qui donnent à voir les effets conjugués de différents
résultats et qui présentent donc une dimension systémique difficile à analyser et à mesurer à
ce stade. De plus, la durée d’observation des impacts est plus longue que celle des résultats
directement attendus des réalisations. Figurent successivement les logigrammes de Fougères,
Loudéac-Pontivy et Quimper.
Nous rappelons d’ailleurs que ces outils permettent d’observer les résultats attendus des
réalisations qui contribuent à l’atteinte des objectifs. Les indicateurs, sur lesquels nous
reviendrons plus tard sont donc à poser sur ces résultats attendus et non sur les objectifs fixés.
31
OO1 : Maintenir les jeunes et les adultes mobilisés tout au long des parcours de certification
Intentions d’
d’actions
Réalisations
Réalisation de bilan final avec OF, référent
OFP, et conseiller ML (ANPE, …) et
élaboration du plan d’actions
Partager une grille de
lecture commune du
parcours du stagiaire
Valoriser les
périodes
intermédiaires
Actualisation de la fiche parcours Trajectoire
Le projet du stagiaire et le plan d’actions sont décidés en
accord entre les acteurs et formalisés
L’ensemble des acteurs intervenant pendant le parcours
sont informés de l’avancée du parcours et y ont
contribué activement
La distinction et la compréhension des rôles répartis au
sein tandem est facilitée pour les stagiaires
Formalisation des actions à mettre en œuvre au
cours des PI (étapes et échéances)
Les solutions proposées aux stagiaires sont plus
individualisées et le pilote a mobilisé les outils dont il
dispose pour favoriser le parcours du stagiaire
Mise en place de modalités de suivi différencié
en fonction des situations
Réalisation de bilan Trajectoire pour les jeunes
en emploi avant l’accès à la qualification
Répartition formalisée des rôles pour la mise en
œuvre du plan d’action (ML OFP)
Actualisation de la fiche parcours Trajectoire
(OF, OFP, jeune et ML)
Sécuriser
financièrement les
parcours
Résultats attendus
Echanges réguliers entre les conseillers et les
référents sur les situations des stagiaires
Bilan Trajectoire en cours de PI entre référent
OFP et conseiller ML
Accompagner et
assurer la mise en
œuvre du plan
d’action
Fougères
Le plan d’actions est dessiné et les rôles explicitement
répartis entre ML et OFP pour les PI
La mobilisation vers la qualification est maintenue par
un suivi spécifique
Chaque acteur du parcours s’est engagé par ses actions
à favoriser la mise en œuvre du projet du stagiaire
L’ensemble des acteurs intervenant pendant le parcours
sont informés des différentes étapes et de leur réalisation
Le tandem a connaissance de la situation de chaque
stagiaire
Mise à jour concertée par le tandem des
tableaux de bord et situations des stagiaires
Les stagiaires sont encouragés à poursuivre leur
parcours
Maintien du statut du stagiaire et garantie
d’une rémunération (région) Trajectoire
Des stagiaires ont bénéficié d’une rémunération
Trajectoire durant les PI
OO2 : Améliorer l’articulation entre les prestations du DRIP et la formation qualifiante
Intentions d’
d’actions
Réalisations
Mise en place de forum de sensibilisation à la
formation qualifiante
Organisation de rencontre du pilote avec les
OFQ du territoire
Favoriser les échanges
d’informations entre les
acteurs du territoire sur
la formation qualifiante
Réalisation d’un espace collaboratif
(internet) accessibles aux différents acteurs
Invitation des acteurs et des stagiaires aux
rencontres tels que les petits déjeuners de
l’emploi à l’initiative de la ML
Réunions du groupement des partenaires
Trajectoire
Systématiser le travail
sur les pré-requis
d’entrée en formation
certifiante
Utilisation d’un nouvel outil de
positionnement à l’initiative du pilote
Actualisation et systématisation des échanges
sur les critères d’admission dans les OFQ
Organisation de visite d’OFQ et réflexion sur
les possibilités d’immersion dans les centres
Élaboration d’un livret de synthèse sur les
compétences et savoirs acquis dans les mises
en situation
Améliorer l’accès à
l’alternance
Fougères
Résultats attendus
L’offre de formation de la zone d’emploi est mise à
disposition des stagiaires à ces occasions
L’interconnaissance entre les acteurs de la formation
préqualifiante et qualifiante sur le territoire est
renforcée
Les acteurs des parcours ont accès aux mêmes
informations sur les formations et opportunités
d’emploi
Les rencontres sont l’occasion d’une appréciation
partagée des questions liées à la formation sur le
territoire
La nouvelle grille a permis de mieux identifier les
difficultés des stagiaires
La mobilisation du jeune à intégrer une RAN est
favorisée à l’aide de l’outil de positionnement
Les stagiaires ont une meilleure connaissance des
conditions d’accès aux formations qualifiantes
Les stagiaires et le tandem ont une vision partagée
des atouts et difficultés rencontrées pour intégrer
une formation qualifiante
Mobilisation renforcée du PACA
Des contrats sont proposés et signés
Recherche de contrats d’alternance
33
OO3 : Développer l’ingénierie de formation
Intentions d’
d’actions
Réalisations
Présentation du contrat cadre Trajectoire
Fougères
Résultats attendus
Les stagiaires ont connaissance des possibilités de
mobilisation mises en œuvre par le tandem après
leur prestation DRIP
Actualisation de la fiche parcours Trajectoire
Renforcer la
cohérence
pédagogique
Actualisation et échanges d’informations pour
alimenter les tableaux de bord
Le tandem a la possibilité d’anticiper l’entrée en PI et
la répartition des rôles
Réflexion des partenaires Trajectoire sur leurs
pratiques, atouts et difficultés
Favoriser l’innovation
pédagogique
Réflexion et mobilisation d’outils partagés pour
une meilleure connaissance des publics
Organisation de rencontres avec les OFQ
Mieux rendre compte
des parcours
Les acteurs du territoire ont favorisé le partage de
leurs observations et des problématiques locales
liées au public qu’ils accueillent
Des parcours d’accès à la qualification innovants
sont envisagés
Actualisation et échanges d’informations pour
alimenter les tableaux de bord
Actualisation et consultation de l’espace
collaboratif
34
OO1 : Maintenir les jeunes et les adultes mobilisés tout au long des parcours de certification
Intentions d’
d’actions
Réalisations
Information du pilote sur la fiche de prescription
LoudéacPontivy
Résultats attendus
L’OF pilote a bénéficié d’ informations dès le
démarrage de la prescription DRIP pour mieux
appréhender les futurs parcours possible.
Le projet du stagiaire et le plan d’action sont décidés
en accord avec les acteurs, et formalisés
Partager une grille de
lecture du parcours du
stagiaire commune au
tandem
Construction d’une démarche partagée
d’accompagnement renforcé du projet
Mise en place de bilans en cours et à la fin de la
prestation DRIP avec les OF, la ML, le jeune.
La mise en œuvre du projet du stagiaire est favorisée.
L’engagement des acteurs est devenu effectif
L’ensemble des acteurs contribue au déroulement du
parcours
Une guidance coopérée a été mise en œuvre
Valoriser les
périodes
intermédiaires
(interstitielles)
Assurer la mise en
œuvre du plan
d’action
Sécuriser les
parcours
Mise en place de réunions de suivi des stagiaires
en PI par le Pilote. Réunions «carrefour»
Trajectoire (ML et Pilote).
Un plan d’action est élaboré et les rôles sont répartis
entre le pilote, la mission locale et le stagiaire
Le temps consacré à chaque jeune est accru
Recherche concertée et mobilisation des outils
disponibles pour le plan d’action
Les outils et mesures publics disponibles sont activés et
agencés.
Amélioration des tableaux de suivi.
La répartition des rôles est clarifiée, complémentarité
et émulation des interventions sont favorisées pour que
la coopération fonctionne.
Coaching renforcé. Mise en place d’interface avec
les autres dispositifs
Mobilisation de réseaux divers. Recherche de
financement pour autres besoins que la formation.
Maintien du statut du stagiaire et garantie d’une
rémunération Trajectoire
La capacité à entrer en formation qualifiante est «garantie»
Les stagiaires sont encouragés à poursuivre leur
parcours
Les stagiaires ont bénéficié d’une rémunération
Trajectoire durant les PI. Les outils de financement
pour des aides sociales ont été sollicités.
35
OO2 : Améliorer l’articulation entre les prestations du DRIP et la formation qualifiante
Intentions d’
d’actions
Réalisations
Recueil d’information sur l’offre de
formation
Améliorer l’information
sur les formations
certifiantes
Systématiser le travail
sur les pré-requis
d’entrée en formation
certifiante
LoudéacPontivy
Résultats attendus
Les acteurs du dispositif ont amélioré leur
connaissance des formations circuits et des
moyens d’entrée en formation.
Réalisation d’entretiens – conseils par les
jeunes dans les organismes de formation
Prépro ou qualif. Outils d’appréhension de ce
que sera la formation..
Les stagiaires ont acquis une connaissance
réaliste de l’offre et des conditions d’accès
aux formations
Rencontre des OF Qualifiants sur les prérequis et les critères de sélection
Le tandem est informé des résultats de ces
rencontres ce qui enrichit la validation du
projet
Actions durant le suivi de Trajectoire:
acquisition de compétences techniques et
savoirs (ateliers, remise à niveau,….)
Prise en compte des exigences de la qualif :
Ateliers, prépro, immersion, concours,
auto-éval, recherche de stage, …
Les abandons pour cause d’inadéquation
entre les représentations par les jeunes des
métiers et les formations sont limités
L’accès à une formation qualifiante
est garantie
Améliorer l’accès à
l’alternance
Proposition autres types de financement
(CIF, mesures Assedic)
Des contrats d’alternance sont proposés et
signés
Recherche de contrats d’alternance, PACA,
36
OO3 : Développer l’ingénierie de parcours de formation
Intentions d’
d’actions
Renforcer la
cohérence
pédagogique
Favoriser l’innovation
pédagogique
Réalisations
Résultats attendus
Mise en place des réunions du groupement
partenarial avec l’ensemble des OF.
Les échanges et la concertation sur les
actions du tandem ont été facilités.
L'ensemble des OF se trouve impliqué.
Pilotage du DRIP «orienté »vers les
formations qualifiantes comme finalité
première
Mise en place de réunions préparatoires
stratégiques sous forme de laboratoire
d’idées ou de réunion avec les
prestataires du DRIP (groupements
partenariaux).
Réflexion sur la mise en œuvre de
nouvelles prestations
Mieux rendre compte
des parcours vers la
formation qualifiante
LoudéacPontivy
Analyse des motifs de sorties,
d’abandons prématurés, ou de
réorientations.
Différents parcours pédagogiques ont été
prescrits de façon individualisée.
Le dispositif Trajectoire a évolué
L’offre d’actions en période intermédiaire
s’en est trouvée enrichie
Une meilleure compréhension de la
singularité des parcours et de
leurs possibles discontinuités
est devenue effective
Evaluation et positionnement d’actions
« sur mesure »
Élaboration de « types » de parcours
pour une « cartographie » indicative.
Le plan d’action est plus facile à anticiper et à
mettre en œuvre
37
OO1 : Maintenir les jeunes et les adultes mobilisés tout au long des parcours de certification
Intentions d’
d’actions
Réalisations
Amélioration de la fiche de prescription
Partager une grille de
lecture commune du
parcours du stagiaire
Mise en place de bilans en cours de prestation
avec l’ensemble des acteurs (OF, ML, Pilote,
jeune)
Amélioration de la fiche bilan par un contenu
adapté aux demandes des acteurs
Co-construction d’une démarche partagée de
validation de projet
Valoriser les
périodes
intermédiaires
Mise en place de réunions mensuelles de
suivi des stagiaires en PI par le tandem
Quimper
Les écarts entre
la prescription
et les attentes de
Résultats
attendus
l’organisme de formation, du pilote, du conseiller et ce
qui est mis en œuvre sont réduits
Le plan d’actions est mieux formalisé et a favorisé la
projection du stagiaire dans son parcours
Les acteurs se sont engagés à favoriser la mise en œuvre
du projet du stagiaire
Le projet du stagiaire est validé en accord entre les
acteurs et formalisé
L’ensemble des acteurs a contribué au déroulement du
parcours
Un plan d’actions à court et moyen terme est dessiné et
les rôles sont répartis entre le pilote la mission locale
et le stagiaire
Les réunions ont eu lieu et la dynamique de parcours est
maintenue les démarches engagées
Accompagner et
assurer la mise en
œuvre du plan
d’action
Recherche concertée et mobilisation des outils
disponibles pour le plan d’action
Amélioration des tableaux de suivi (fiche
synthèse du plan d’action et tableau de suivi)
Sécuriser
financièrement les
parcours
Maintien du statut de stagiaire et garantie
d’une rémunération Trajectoire
Les outils disponibles sont activés et utilisés
La répartition des rôles dans le tandem est clarifiée et a
favorisé la complémentarité des interventions
Les stagiaires sont encouragés à poursuivre leur
parcours
Les stagiaires ont bénéficié d’une rémunération
Trajectoire durant les PI
38
OO2 : Améliorer l’articulation entre les prestations du DRIP et la formation qualifiante
Intentions d’
d’actions
Réalisations
Recueil et diffusion par le tandem
d’info sur l’offre et la demande de
formation auprès des organismes
Améliorer l’information
sur les formations
certifiantes
Réalisation d’entretiens – conseils
pour les stagiaires auprès des
organismes de formation Prépo ou
qualif.
Quimper
Résultats attendus
Les acteurs du dispositif ont une meilleure
connaissance des formations
Les stagiaires ont une connaissance plus
réaliste de l’offre et des conditions d’accès
aux formations
la validation du projet est enrichie
Rencontre des OFQ sur les pré requis
et critères de sélection – Élaboration
de fiches pratiques
Systématiser le travail
sur les pré-requis
d’entrée en formation
certifiante
Positionnement ASF/APP
Le tandem est informé des résultats de ces
démarches
Les abandons pour cause d’inadéquation de
niveau sont limités
Mobilisation renforcée du PACA
Améliorer l’accès à
l’alternance
Des contrats sont proposés et signés
Recherche de contrats d’alternance
39
Quimper
OO3 : Développer l’ingénierie de formation
Intentions d’
d’actions
Réalisations
Mise en places des réunions mensuelles de
suivi par le tandem
Renforcer la
cohérence
pédagogique
Favoriser l’innovation
pédagogique
Résultats attendus
Les échanges et la concertation sur les
actions du tandem sont facilités
Amélioration de la grille d’évaluation
des mises en situation professionnelle
La projection et l’assimilation des
compétences personnelles sont favorisées
Construction de parcours type PPE - POP
Différents parcours sont prescrits
Mise en place de réunions préparatoires
stratégiques
Les prestations du DRIP ont fait l’objet de
réflexions voire d’adaptation
Réflexion sur la mise en œuvre de
nouvelle prestation
Mieux rendre compte
des parcours
Analyse des motifs de sorties et
d’abandons
Élaboration de profil parcours en PI
Les ruptures de parcours sont qualifiées
Le plan d’action est plus facile à anticiper et à
mettre en œuvre
40
2- DES INDICATEURS POUR EVALUER TRAJECTOIRE
2-1 La construction des indicateurs : une question délicate mais nécessaire
qui demande du temps et de la concertation.
La question des indicateurs et de leur construction, bien qu’en apparence simple et allant de
soi, se révèle en réalité une question délicate dans un contexte d’évaluation, et notamment
d’évaluation au fil du mouvement d’une recherche-action. C’est que ce processus suppose à la
fois l’engagement des acteurs en charge du dispositif et du programme - afin que cette
construction soit partagée et ouvre vers des possibilités de réappropriation - et d’autre part,
l’acceptation d’un tâtonnement inhérent au développement progressif de réalisations qui
opèrent comme des facteurs de production dans la fabrique de l’action collective.
Ce processus de co-construction d’indicateurs est bien sûr en adéquation avec une approche
de l’évaluation qui en favorise les caractéristiques « émancipatrices », encourage la
concertation, et qui veut se rattacher à une forme de gouvernance elle-même respectueuse des
processus d’apprentissage et du partage des responsabilités. De ce point de vue, l’expert seul
ne peut imposer ses outils de connaissance et de suivi des résultats de l’action publique.
De plus, notons que si les résultats auxquels certains commanditaires souhaitent parvenir
lors d'une évaluation sont parfois confondus avec les objectifs mêmes que le dispositif ou le
programme est supposé se donner à priori, de même les indicateurs sont parfois la question par
laquelle on voudrait commencer. Il s’agit là d’une erreur, et il convient de rétablir le sens
logique du processus évaluatif, en évitant cette confusion inhérente à des cahiers des charges
trop vite bâtis et qui veulent « mettre la charrue avant les bœufs » - ce que nous avions déjà
pointé dans le rapport intermédiaire comme un risque réel. Il faut faire en sorte que la question
des indicateurs soit bien traitée à la fin, c'est-à-dire lorsque la politique et le programme ont été
rendus évaluables, lorsque les trois outils que nous venons de présenter (arbre des objectifs,
sociogramme des acteurs, logigrammes) sont conventionnellement validés.
41
Au jour d’aujourd’hui, ce processus est largement engagé, mais pas achevé puisque la
recherche-action qui se poursuit6 reste en mesure de créer des formes nouvelles de coopération
et d’innovation, de nouvelles réalisations, et de procéder chemin faisant à de nouveaux
ajustements.
Par ailleurs, comme le précise Maurice Baslé (2008), "L'émancipation de l'Évaluation
passe par l'amélioration de la qualité des « données » et de la documentation". Il importe
donc de construire des données de résultats directement imputables aux réalisations effectives
des programmes. Cela suppose qu'on ait bien posé la théorie de l'action, et bien identifié la
relation de causalité entre ces actions et les résultats que l'on cherche à atteindre et à tester. Si le
test se révèle favorable, il y a alors une preuve, ou pour le moins une forte présomption, que le
résultat obtenu a été « causé » par le programme ; ou bien, si l'on préfère, que sans le programme
ce résultat n'aurait pu être atteint. Les indicateurs de résultats imputables aux réalisations effectives seront alors choisis à l'issue de ces tests de causalité. De tels tests n’ont pu encore être
mis en œuvre au stade actuel de Trajectoire. La recherche-action, et son caractère
expérimental, n’est qu’au milieu de gué. Aussi, on doit considérer que la production
d’indicateurs est un des chantiers à peine ouvert qu’il importera de poursuive en associant tous
les acteurs du sociogramme.
En effet, ce processus, qui joue souvent par approximation et itération, demande du temps ;
temps qui est souvent compté par ceux qui pressent les prestataires de l'évaluation de produire des
résultats.
Cette pression se trouve encore accrue lorsqu'il s'agit de mesurer l'impact systémique de
programmes alors même que se conjuguent et se croisent de multiples chaînes de causalité autour
de nombreux objectifs. Or, dans ce cas, les effets ne seront visibles qu’à moyen ou long terme,
pour autant on préfère trop souvent évaluer tout de suite quitte à prendre le risque d’affaiblir la
qualité de la mesure. Nous avions déjà souligné ce risque dans le rapport intermédiaire à propos
de la mesure des résultats imputables à un programme, alors même que Trajectoire reprend des
objectifs qui sont communs à plusieurs axes programmatiques du Conseil régional, et sur
lesquels, de surcroît, pèse fortement l’évolution du contexte socio-économique conjoncturel.
6
La Région a décidé en juin dernier de prolonger la recherche-action jusqu’en aout 2009.
42
Dans ce cas, qui dépasse ici la commande du cahier des charges de l'évaluation, un indice
synthétique devra être requis qui pourrait traduire la « synthèse » des résultats combinés de
chacun des programmes concourant à satisfaire un même méta-objectif stratégique. De plus, la
mise en œuvre d'un dispositif comme Trajectoire peut jouer comme un choc local dont les
effets, combinés aux effets des autres dispositifs, vont permettre, par propagation, des
interactions nombreuses aux conséquences difficiles à anticiper, à appréhender et donc
aussi à mesurer.
Aussi, quelle que soit la question de départ, et fort de ces recommandations de prudence,
l'appui principal de l'évaluateur est dans la documentation du programme et son accompagnement,
à travers le suivi de la réalisation effective des intentions d'actions. La prise en compte de ce
suivi, comme nous avons tenté de le faire, et le choix des indicateurs proposés pour des
diagnostics en continu, devraient permettre aux décideurs locaux et régionaux de mieux piloter le
dispositif. L'évaluation du programme et l'auto-évaluation des actions par les acteurs, doit
s’appuyer sur une documentation de suivi. Et Maurice Baslé (2008) d'ajouter : "L'innovation la
plus importante aujourd'hui en suivi-évaluation consiste à mieux renseigner, mieux savoir, c'està-dire à recueillir des données le plus près possible des programmes, de leurs réalisations, des
premiers résultats conventionnellement posés comme imputables à la réalisation".
2-2 Quelques règles de construction pour une première ébauche
Si les réalisations sont directement en correspondance avec les objectifs opérationnels, les
résultats de leur côté doivent concourir à satisfaire les objectifs intermédiaires que s’est donné le
programme. C’est donc une fois ces objectifs stabilisés, et pour autant qu’ils font consensus, que
la question des outils de suivi devient pertinente. Ces outils ne doivent pas avoir pour ambition de
tout suivre et de tout mesurer. Il faut que les acteurs établissent une hiérarchie dans les effets
qu’ils cherchent à mesurer, et qu’ils définissent préalablement ce qui leur semble prioritaire. Un
trop grand nombre d’indicateurs nuit en effet à la lisibilité d’ensemble.
Nous nous contenterons d’illustrer ce point par une première présentation d’indicateurs de
résultats possibles, à discuter et à préciser, en associant l’ensemble des parties prenantes.
Cependant, il serait souhaitable que les indicateurs d’impact puissent être construits dans le
même temps, bien que leur « documentation » ne sera possible qu’au terme de la recherche-
43
action, et même au delà, lorsque suffisamment de bénéficiaires de Trajectoire auront quitté le
dispositif et se seront insérés en emploi. En effet, l’impact global des réalisations mises en place
dans le cadre de Trajectoire - que l'on peut définir autant par l’accès des jeunes à des formations
qualifiantes, que par l’insertion durable de ces jeunes dans l’emploi - ne sera observable que dans
2 ou 3 ans de façon sérieuse et robuste. Cet impact, ou plus exactement ce double impact, ne
renvoie d’ailleurs pas à la seule valeur ajoutée du dispositif Trajectoire, mais aussi aux effets des
autres programmes. C’est pourquoi, comme nous le soulignions plus haut, la mesure de la
contribution propre de Trajectoire à cet impact est complexe.
Un indicateur de résultats peut être quantitatif ou qualitatif. Il doit permettre de suivre des
informations dans le temps, leur évolution en référence avec une cible à atteindre clairement
identifiée. Lorsqu’il est qualitatif, on cherche plus alors un indice, une indication de l’effet positif
produit par les réalisations, que des statistiques de dénombrement ou de performance. Il s’agit
donc avant tout de créer les conditions cognitives favorisant l’émergence de tels indices, leur
compréhension et leur appropriation pour faire évoluer le dispositif. Les indicateurs doivent être
pensés avant tout comme visant à nourrir le débat récurent propre à la nouvelle gouvernance
mise en place.
Dans le cas de Trajectoire une partie des réalisations engagées et des résultats attendus ne
porte pas directement sur les bénéficiaires, mais concerne des changements organisationnels
induits par la mise en place de Trajectoire. C’est pourquoi, une partie des indicateurs qui sont
proposés cherche à rendre compte d’abord de l’effectivité de ces changements et de leurs effets
sur les pratiques d’intervention et d’accompagnement. Mais, il ne faut pas pour autant perdre de
vue qu'il faudra à un moment donné concevoir des indicateurs de résultats qui rendent compte de
l'effet des actions mises en œuvre pour répondre aux objectifs du programme et qui sont bien
orientées vers le public cible que sont les bénéficiaires du DRIP et des périodes interstitielles. Si
nous en suggérons prudemment quelques uns par la suite, résoudre la difficulté de leur
construction de façon plus complète suppose de revenir au descriptif des logigrammes, et de faire
mieux apparaitre dans ceux-ci les résultats qui viennent directement agir sur les bénéficiaires.
44
2-3 Des indicateurs à construire, à valider et à suivre
Si la construction des indicateurs les plus pertinents suppose d’associer fortement les acteurs
du sociogramme, il nous a paru important que l'évaluateur puisse, à ce stade, suggérer quelques
pistes sous formes d’ébauche d’indicateurs.
Un certain nombre de réalisations et de résultats attendus étant liés à l’organisation, les
indicateurs peuvent sembler intuitifs à la lecture des logigrammes. Il importe toutefois de ne pas
confondre indicateurs de réalisations et indicateurs de résultats. En effet, si une réalisation, par
exemple, concerne la mise en place de réunions dont le résultat attendu a trait au suivi de la
bonne marche du plan d’action, il faut alors distinguer le nombre des réunions qui ont
effectivement eu lieu (indicateurs de réalisations), de l’appréciation par le tandem, à travers un
indice, du degré et de la qualité de l’élaboration des plans d’actions discutés lors de ces réunions
(indicateurs de résultats).
Plus précisément, la formalisation des plans d’action, qui passent notamment par une
meilleure répartition des rôles de chacun des acteurs, peut faire l’objet de la définition
d’indicateurs, tels que le recensement et l’appréciation partagée de :
♦
LA PROCEDURE DE VALIDATION DES PROJETS CONSTRUITE PAR LE TANDEM
;
♦ LE NOMBRE DE PROJETS VALIDES ;
♦
LE NOMBRE DE REUNIONS ASSOCIANT LES OF PRESTATAIRES
♦
LE NOMBRE DE PLANS D'ACTION ENGAGES
♦
LA REDACTION DES PLANS D’ACTION ET LA REPARTITION EXPLICITE DES ROLES
♦
L’EFFECTIVITE DE LA PARTICIPATION DES PARTIES PRENANTES
♦
LE DEGRE D’IMPLICATION DU STAGIAIRE
♦
LA MOBILISATION DES OUTILS DANS LA MISE EN ŒUVRE DU PLAN D’ACTION
♦ LE
NOMBRE
DE
QUALIFICATION
PERSONNES
QUI
;
;
;
;
;
POURSUIVENT
EN
VUE
;
D’ACCEDER
A
UNE
;
♦ LE NOMBRE DE CONTRATS D'ALTERNANCE SIGNES ;
♦ …
45
Concernant le maintien des stagiaires dans le dispositif, et plus particulièrement la
sécurisation financière du parcours, mais aussi l'accompagnement individualisé lors des périodes
interstitielles, les indicateurs peuvent être liés :
♦
AU NOMBRE DE JEUNES AYANT BENEFICIE D’UNE « REMUNERATION TRAJECTOIRE
♦
AU NOMBRE DE JEUNES QUI ONT ABANDONNE POUR DES RAISONS FINANCIERES (CETTE
INFORMATION SEMBLE CEPENDANT DIFFICILE A RECUEILLIR)
♦
»;
;
AUX TYPES DE FINANCEMENTS PERIPHERIQUES MOBILISES ET AU NOMBRE DES
BENEFICIAIRES ;
♦
AU NOMBRE DE JEUNES SUIVIS PAR LE CONSEILLER TRAJECTOIRE REFERENT
♦
AU NOMBRE DES RE-ORIENTATIONS
♦
AU NOMBRE DES SORTIES PREMATUREES
♦
A LA FREQUENCE DES REUNIONS DU TANDEM
♦
AU
D'ACTIONS
NOMBRE
BENEFICIAIRES
;
;
;
;
COMPLEMENTAIRES
DIFFERENTES
PROPOSEES
AUX
;
♦ ….
D’autres résultats attendus supposent la construction d’un indicateur spécifique. C’est le cas
par exemple du résultat attendu : « Les stagiaires ont eu une connaissance plus réaliste de l’offre
et des conditions d’accès aux formations ». L’appréciation de ce résultat pourrait relever d’une
construction ad hoc comme :
♦
LA REDACTION D’UNE FICHE DE SYNTHESE PAR LE STAGIAIRE SUR LA FORMATION QU’IL
SOUHAITE INTEGRER (QUI DONNERAIT A VOIR LES CONNAISSANCES QU’IL EN A)
;
♦ LE NOMBRE D'OF VISITES ET LE NOMBRE D'HEURES PASSEES EN OF ;
♦ LA
FREQUENCE ET LA NATURE DES REAJUSTEMENTS DES PROJETS/PLANS D'ACTION AU
COURS DES PI ;
♦ …
46
Précisons pour terminer que certains indicateurs ne seront pas de simples chiffres,
unidimensionnels, mais pourront nécessiter la construction d’un ratio, rapport de deux
dimensions et de deux chiffres, ce qui montre bien que la construction d’un indicateur n’est pas
seulement une accumulation d’informations, mais déjà une co-construction de connaissances
communes sur le dispositif.
47
II- LA PREMIERE COHORTE TRAJECTOIRE
Dans le rapport intermédiaire, nous donnions des premiers résultats sur les caractéristiques des
jeunes entrées dans le dispositif Trajectoire sur les 3 territoires entre octobre 2007 et février
2008. Ces résultats étaient issus de l’exploitation par le GREF de Bretagne de la base Parcours3.
Le prolongement de ce travail jusqu’en juin aurait permis de disposer de données plus longues en
mesure de rendre compte, notamment, de l’importance des flux d’entrées en période interstitielle
et de construire des parcours types, voire des calendriers de cheminement à l’intérieur de
Trajectoire. La collaboration entre le GREF et le CEREQ n’ayant pu se poursuivre, il nous a fallu
renoncer à l’exploitation de la base Parcours 3 sur les 9 premiers mois du dispositif. En revanche,
nous avons pris l’initiative, avec la collaboration active des Tandems de chaque territoire, de
réaliser un état des lieux statistique assez complet sur ces flux d’entrées entre octobre 2007 et
octobre 20087, soit exactement après une année de fonctionnement. Ce sont ces résultats que nous
livrons et commentons dans cette partie.
Précisons, que si un an est une période significative pour observer quelques effets de Trajectoire
sur les entrées en périodes interstitielles (ou intermédiaires) et les caractéristiques des jeunes
concernés, il est par contre encore prématuré de vouloir mesurer l’impact de Trajectoire sur
l’entrée en formation qualifiante et plus encore sur l’insertion professionnelle à l’issue de ces
formations. Comme nous le précisions à l’occasion du rapport intermédiaire, il faudra attendre
encore deux ans en moyenne pour dire quelque chose sur la nature et l’importance de ces
impacts.
1- CARACTERISTIQUES DES PERSONNES ENTREES DANS TRAJECTOIRE ENTRE LE
30/09/2007 ET LE 31/10/2008 8
Si le rapport du GREF (voir Annexe 3) nous donnait, à la fin février 2008, 403 jeunes entrés
dans le dispositif Trajectoire sur les 3 territoires, à la fin octobre, ils sont 1042 à y être
comptabilisés, dont 54,4 % de femmes (Cf. tableau 1). Ce millier de bénéficiaires est inégalement
7
Sauf à Quimper où la période couverte s’arrête à fin septembre 2008.
Concernant le territoire de Quimper : toutes les données correspondent aux caractéristiques des personnes entrées
dans Trajectoire entre le 18/10/07 et le 30/09/08.
8
48
réparti sur les 3 territoires, puisque Quimper concentre à lui seul plus de la moitié de ce flux. Le
rapprochement avec les données tirées de l’exploitation de l’entrepôt régional de Parcours 3 pour
la même période (Cf. tableau 4), s’il ne peut être assimilé à une véritable comparaison - compte
tenu du fait que sont comptabilisés dans Trajectoire des jeunes qui étaient déjà inscrits dans le
DRIP avant octobre 2007 – n’en est pas moins éclairant (on n’explique qu’en comparant,
(Durkheim)). Il montre que seule une proportion réduite des jeunes suivis par les missions locales
(c'est-à-dire ayant eu au moins 3 entretiens au cours de l’exercice) vont accéder à une action du
DRIP : 25 % sur la Bretagne entière, proportion voisine sur l’ensemble des 3 territoires de
Trajectoire.
Tableau 1 : Age et genre des personnes entrées dans Trajectoire (sur une action DRIP) sur la
période considérée.
Territoire
d’appartenance
Genre
Quimper
Femmes
Hommes
10
20
134
102
Total
30
(5,6%)
Femmes
Hommes
Fougères
Loudéac-Pontivy
26 ans et
plus
(ANPE)
TOTAL
125
90
47
11
316
223
236
(43,8%)
215
(39,9%)
58
(10,8%)
2
3
34
41
19
44
18
18
Total
5
(2,8%)
75
(41,9%)
63
(35,2%)
36
(20,1%)
Femmes
Hommes
9
16
89
65
69
53
12
11
Total
25
(7,7%)
154
(47,5%)
122
(37,7%)
23
(7,1%)
324 (31,1%)
60
(5,8%)
465
(44,6%)
400
(38,4%)
117
(11,2%)
1 042 (100%)
(100%)
21
257
213
77
568 (54,5%)
39
208
187
40
474 (45,5%)
TOTAL
Pourcentage
Total
Femmes
Total
Hommes
16-17 ans 18-21 ans 22-25 ans
539 (51,7%)
(100%)
73
106
179 (17,2%)
(100%)
179
145
Par ailleurs, il ressort que cette proportion est très variable selon les territoires, avec un écart
très marqué entre le Centre Bretagne (34,1 %) et Quimper (21, 9%). Enfin, alors que les effectifs
49
totaux des suivis et ceux des Jeunes « Dripés » semblent baissés sur la Bretagne, il en est
différemment sur 2 des 3 territoires, notamment à Quimper où les effectifs de suivis se réduisent,
mais où le nombre de jeunes entrés dans une action DRIP progresse fortement. S’il n’est pas
exclu de voir là, dans cette progression, un effet possible de la mise en place de Trajectoire,
globalement il convient de s’interroger sur ce qui se passe en amont même de Trajectoire, c'est-àdire sur les filtres et les critères qui justifient qu’une fraction très limitée des jeunes vont devenir
« trajectoirisables ».
Tableau 2 : Prestation du DRIP ayant déclenché l’entrée dans Trajectoire et niveau de
qualification
Territoire
d’appartenance
Prestation
VI
Vbis
V
IV
III et
plus
QUIMPER
PPE
POP
PPS
AEEO
Autres *
8
10
1
1
-
32
64
7
3
-
27
143
18
-
3
136
35
3
-
30
12
6
-
Total
20
(3,7%)
106
(19,7%)
188
(34,9%)
177
(32,8%)
48
(8,9%)
PPE
POP
PPS
AEEO
Autres
13
5
16
5
-
18
8
1
-
20
43
16
3
-
23
2
5
-
6
1
-
Total
39
(21,1%)
27
(14,6%)
82
(44,3%)
30
(16,2%)
7
(3,8%)
PPE
POP
PPS
AEEO
Autres
14
3
3
1
1
28
28
7
1
2
32
71
16
3
-
2
66
15
4
-
11
1
-
Total
22
(7,1%)
66
(21,4%)
122
(39,5%)
87
(28,2%)
12
(3,9%)
81
(7,8%)
199
(19,3%)
392
(37,9%)
294
(28,5%)
67
(6,5%)
FOUGERES
LOUDEACPONTIVY
TOTAL
TOTAL
70
383
73
13
-
(12,9%)
(71,1%)
(13,6%)
(2,4%)
(100%)
539
(100%)
33
95
42
15
-
(17,8%)
(51,4%)
(22,7%)
(8,1%)
185 (100%)
(100%)
76
179
42
9
3 **
(24,6%)
(57,9%)
(13,6%)
(2,9%)
(1%)
309 **
(100%)
(100%)
1 033 **
(100%)
* ex : PRSB, adultes hors PI, CLI…
** Ces deux totaux ne comprennent pas 15 personnes pour qui le niveau de formation est inconnu.
50
Tableau 3 : Répartition (en pourcentage) de la population en fonction des prestations DRIP
PPE
POP
PPS
AEEO
Autres
TOTAL
Nombre de
stagiaires
179
657
157
37
3*
1033
Pourcentage
17,3%
63,6%
15,2%
3,6%
0,3%
100%
* Sans les 15 personnes dont on ne connaît pas le niveau de qualification.
D’ailleurs, dans le rapport intermédiaire, nous soulevions déjà cette question en notant que la
sous population qui entre dans Trajectoire présente des traits sensiblement différents des publics
qui sont suivis par les Missions Locales, laissant penser à une forme indirecte de sélectivité en
amont. Ainsi, la comparaison entre les populations DRIP de 2006-2007 et de2007-2008 montrait
que les publics bénéficiaires de Trajectoire avaient tendance globalement à être moins féminisés,
moins jeunes, et plus diplômés que ceux de la population de référence. Et nous concluions en
disant que ce constat était en partie contradictoire avec l’évolution des caractéristiques de
l’ensemble des publics accueillis dans les missions locales qui apparaissent à l’inverse, entre
2006 et 2008, de plus en plus féminins, de plus en plus jeunes et de moins en moins diplômés…
Très majoritairement (les deux tiers) les jeunes ont bénéficié sur les 3 territoires d’une POP
sur cette période d’un an (Cf. Tableau 2 et 3), ce qui est tout à fait comparable avec les données
Bretagne entière (Cf. Tableau 4). Cette proportion allant jusqu’à 71 % à Quimper.
Les PPE arrivent en second avec 17, 3% en moyenne, mais là aussi des écarts importants
apparaissent, puisque le Centre Bretagne en enregistre près de 25 %, alors que Quimper n’en
connaît que 12, 9 %. A Fougères, les prestations qui se présentent en deuxième position sont les
PPS (22,7%).
La répartition par âges des bénéficiaires est comparable sur les 3 territoires, proche de la
moyenne, avec cependant un poids des jeunes de moins de 21 ans un peu plus marqué à Quimper
et Loudéac (respectivement 49, 4% et 55, 2%) contre 44, 7% à Fougères. Dans ce dernier pays
les plus de 26 ans, qui relèvent d’un suivi de l’ANPE représentent 20 % des bénéficiaires (Cf.
Tableau 1).
51
Tableau 4 : Comparaison entre le nombre de jeunes suivis par la mission locale et le nombre
d’entrées sur le DRIP au regard de l’exercice du 1/10/06 au 30/09/07 et de celui du 1/10/07 au
30/09/08
Exercice
2006-2007
2007-2008
Territoire
d’appartenance
A
Nombre
total de
jeunes
suivis
B
Nombre
de jeunes
entrés
sur le
DRIP
Quimper
Fougères
LoudéacPontivy
TOTAL
2 235
567
645
370
138
200
16,6%
24,3%
31%
254 (68,6%)
83 (60,1%)
115 (57,5%)
46 (12,4%)
23 (16,7%)
64 (32%)
75 (20,2%)
31 (22,7%)
19 (9,5%)
3 447
708
20, 5%
452 (63,8%)
133 (18,7%)
125 (17,6%)
Bretagne entière
17 667
4 406
24,9%
2 663 (60,4%)
964 (21,8%)
721 (16,4%)
Quimper
Fougères
LoudéacPontivy
TOTAL
2 078
566
721
455
122
246
21,9%
21,6%
34,1%
304 (66,8%)
69 (56,6%)
156 (63,4%)
63 (13,8%)
28 (22,9%)
60 (24,4%)
95 (20,8%)
15 (12,3%)
24 (9,8%)
3 365
823 *
24, 5%
529 (64,3%)
151 (18,3%)
134 (16,3%)
Bretagne entière
17 559
4 394
25%
2 735 (62,2%)
931 (21,2%)
633 (14,4%)
B/A
C
Nombre de jeunes ayant intégré :
(% des entrées DRIP : C/B)
POP
PPE
PPS
Source : données issues de l’exploitation de l’entrepôt régional de Parcours 3, Gref Bretagne.
* L’écart entre le nombre total de jeunes entrés sur le DRIP pour l’exercice 2007-2008 selon cette source, et le
nombre d’entrées déclarées par les 3 tandems dans le tableau 1 s’explique par le fait que plusieurs personnes entrées
dans Trajectoire peuvent avoir intégré une prestation du DRIP pendant l’exercice 2006-2007.
La structure des diplômes (qualifications) des bénéficiaires est à peu près répartie à
proportions égales entre les non-diplômés, les niveaux V et les niveaux IV et plus (Cf. Tableau
2). Mais, entre les 3 pays des différences significatives émergent : près de 42 % des jeunes sont
de niveau IV et plus à Quimper, ils ne sont que 20 % à Fougères, où en revanche 35,7% sont sans
diplôme.
Nous voyons sur la base de ces simples éléments caractéristiques des différences importantes
entre les 3 territoires de l’expérimentation qui traduisent sans doute les distinctions fortes entre
leurs profils socio-économiques (voir annexe 2), mais renseignent aussi sur les modes
d’appropriation du dispositif par les acteurs et la façon dont celui-ci peut être mis au service de
publics dont on pense qu’ils en auraient le plus besoin, ou qu’ils seraient les plus aptes à y
évoluer. Il y aurait là, comme sur d’autres dispositifs (Ghaffari, Podevin, 2008) l’effet de
représentations et de « croyances » sur la validité des outils ou la neutralité sociale qui
52
imprègnent plus ou moins les acteurs et qui vont devenir des arbitres du jeu, justifiant les choix
opérés tant sur les publics que sur les conditions de mobilisation des outils. Les écarts observés
reflètent donc, d’une certaine manière, à la fois le degré de « soumission » à un processus de
normalisation, et la force des contraintes externes, socio-économiques, avec lesquelles on
demande aux acteurs de composer. On comprend donc les différenciations observées sur le
territoire, sur lesquelles nous reviendrons plus loin, et qui se cristallisent dans le processus
d’évaluation de ce qu’est un projet réaliste.
Tableau 5 : Répartition de la population Trajectoire en fonction du nombre d’entrées en PI, du
nombre de sorties prématurées et du nombre de sorties de PI
Territoire
d’appartenance
Quimper
Fougères
Loudéac-Pontivy
TOTAL
A
B
C
D
Nombre d’entrées
dans Trajectoire
Nombre d’entrées en
PI
(en % B/A)
Nombre de sorties
prématurées*
(en % C/A)
Nombre de sorties
de PI
(en % D/B)
539
179
324 **
1 042
432 (80,1%)
41 (22,9%)
65 (20,1%)
257 (47,7%)
80 (44,7%)
93 (28,7%)
326 (75,5%)
16 (39%)
48 (73,8%)
538 (51,6%)
430 (41,3%)
390 (72,5%)
* On considérera les sorties prématurées comme les sorties de personnes entrées dans Trajectoire qui, soit ont
abandonné au cours de la prestation DRIP, soit n’ont pas bénéficié de périodes intermédiaires, ou encore ont
abandonné en cours de PI avant la concrétisation de leur projet de formation.
** Sont prises en compte ici les 15 personnes dont le niveau de qualification est inconnu, ce qui explique l’écart avec
le tableau 2.
Si un premier filtre intervient avant l’entrée du DRIP, sur lequel, comme nous l’avons
souligné, nous n’avons que peu d’éléments, un second va jouer sur l’entrée en période
intermédiaire. Ce dernier est décisif pour évaluer le dispositif, puisque la période qui suivra la
sortie d’une action DRIP concentre ce que les acteurs ont eux-mêmes appelé « la plus value » de
Trajectoire. Nous savons que pour l’essentiel, bien que des variantes existent ici selon les
territoires, que ce filtre opère en référence à l’avancement d’un projet individuel viable.
A nouveau, globalement sur les 3 territoires, c’est près de la moitié des jeunes qui vont sortir
du dispositif après une prestation DRIP (Cf. Tableau 5), c'est-à-dire qui ne pourront s’inscrire
dans le processus de Trajectoire, sa continuité, son accompagnement renforcé, sa finalité
formatrice, ses multiples actions préparatoires à la qualification… Mais, cette proportion
53
moyenne cache une très forte disparité, avec à Quimper un taux de passage DRIP/PI de 80 %,
alors qu’il est à peine d’un sur cinq sur les deux autres territoires. Les sorties prématurées, qui ne
sont pas sans lien avec la remarque précédente dans la mesure où le non accès à une période
intermédiaire en fait partie, sont faibles à Loudéac (28 %) et beaucoup plus élevées à Quimper et
Fougères (respectivement 47 % et 44 %). Enfin, les sorties « normales », au terme des périodes
intermédiaires, et qui devraient correspondre logiquement à des entrées en formation,
représentent sur les 3 territoires 72,5 % des entrées en PI, soit les trois quart à Quimper et
Loudéac, mais un tiers à Pontivy. La confrontation de ces 3 séries de données emboitées laisse se
dessiner une cartographie contrastée avec :
•
à Quimper un flux important d’entrées sur trajectoire dont la plupart ira en PI et dans une
grande majorité ne décrochera pas (seul ¼ décrochera au cours de la PI )
•
A Fougères, les flux d’entrées sont faibles et la proportion qui entrera sur une PI est
encore plus réduite. Ce qui n’empêchera pas que la proportion d’abandon en cours de PI
soit aussi plus élevée qu’ailleurs, ne laissant au terme de ce processus qu’un nombre très
réduit de jeunes (qui au demeurant sont aussi des adultes plus souvent que sur les autres
pays), rescapés d’un cheminement difficile…
•
Enfin, sur le Centre Bretagne, nous nous retrouvons avec des flux totaux intermédiaires
aux situations précédentes, mais avec des entrées en PI relativement réduites, dont une
forte proportion va jusqu’au bout, comme si la sélection opérait plus tôt, dès la sortie du
DRIP.
On trouve dans les différences de structures de qualification entre les territoires un
commencement d’explication à cette première typologie comparées. En effet, très clairement,
ceux qui entre en PI à Quimper ou Loudéac sont relativement plus qualifiés (près de la moitié ont
un niveau au moins égal au niveau 4) qu’à Fougères (la proportion de niveau 4 et plus est moitié
moindre), où les non qualifiés ont près de 10 points de plus qu’ailleurs (Cf. Tableau 6). Plus rares
et moins fructueuses, les périodes intermédiaires sont cependant en moyenne plus longues
qu’ailleurs (1 mois de plus), voir Tableaux 7 et 8. Ces différences ne font en réalité que
reproduire celles que nous avions identifiées sur la population totale du DRIP beaucoup moins
diplômée à Fougères (Cf. Tableau 2). La comparaison de ces deux tableaux montre par ailleurs
que les jeunes « interstitiables » sont en moyenne plus diplômés dans cette population post DRIP
54
(8 points de plus sur la structure globale), sauf à Fougères où le poids des diplômés reste
quasiment le même. Soulignons, toutefois, que le poids des niveaux V y progresse légèrement
lorsque l’on compare ces 2 populations pour atteindre près de 50 % en PI. C’est donc bien
globalement une tendance, surtout à Quimper et Loudéac, à une sélection de fait (c'est-à-dire ici
relevant d’un constat et non à une volonté des acteurs) qui semble bénéficier relativement plus
aux diplômés qu’aux autres.
Tableau 6 : Nombre de personnes ayant bénéficié d’une action spécifique du tandem pendant
la PI et sur la période de référence*, suivant leur niveau de qualification
Territoire
d’appartenance
Niveau VI
Niveau Vbis
Niveau V
Niveau IV
Niveau III et
+
Quimper
Fougères
LoudéacPontivy
17 (3,9%)
8 (19,5%)
3 (4,6%)
77 (17,8%)
4 (9,8%)
9 (13,8%)
143 (33,1%)
20 (48,8%)
26 (40%)
151 (35%)
8 (19,5%)
23 (35,4%)
44 (10,2%)
1 (2,4%)
4 (6,2%)
TOTAL
28
(5,2%)
90
(16,7%)
189
(35,1)
182
(33,8%)
49
(9,1%)
TOTAL
432 (80,3%)
41 (7,6%)
65 (12,1%)
538 (100%)
(100%)
* Les chiffres concernant Quimper caractérisent la période se terminant au 30/09/08.
Tableau 7 : Durée moyenne des périodes intermédiaires :
Durée moyenne des
PI
Quimper
Fougères
Loudéac-Pontivy
2,7 mois
3,5 mois
2,5 mois
Tableau 8 : Répartition des bénéficiaires sortis des PI au 31/10/08 selon la durée de ces périodes
Territoire
d’appartenance
Quimper
Fougères
Loudéac-Pontivy
TOTAL
Moins d’un
mois
1 à 3 mois
3 à 6 mois
97 (29,8%)
1 (6,25%)
13 (27,1%)
92 (28,2%)
7 (43,75%)
20 (41,7%)
107 (32,8%)
5 (31,25%)
13 (27,1%)
111
(28,5%)
119
(30,5%)
125
(32,1%)
Plus de 6 mois
30 (9,2%)
3 (18,75%)
2 (4,2%)
35
(9%)
TOTAL
326 (83,6%)
16 (4,1%)
48 (12,3%)
390 (100%)
(100%)
55
Ces observations que nous venons de réaliser sur le poids des non-qualifiés (et par différence des
qualifiés) dans les publics bénéficiaires au fur et à mesure de leurs cheminements et des « filtres »
aux diverses étapes de Trajectoire, se trouvent confirmées par la structure des qualifications des
abandons (Cf. Tableau 9). Ici, à Fougères comme à Loudéac Pontivy, le poids relatif des sans
diplôme est plus élevé de près de 10 points. Ce résultat sans surprise montre bien que les jeunes
les plus éloignés de la qualification, sont aussi ceux qui ont la plus forte probabilité de ne pas
poursuivre vers la qualification. C’est bien encore une fois, la preuve que le célèbre « effet
Matthieu » sévit partout et que la question de l’équité et de la prise en compte des « capabilités »
différentielles n’est pas choses aisée, y compris dans des dispositifs volontaristes qui cherchent à
résoudre ces questions de justice sociale et de seconde chance. Jugement qui doit être nuancé sur
Quimper où la structure en niveaux de diplômes des sorties prématurées est peu modifiée sur
l’ensemble des parcours, mais il est vrai avec un poids des diplômées déjà très élevé au départ.
Tableau 9 : Nombre de personnes sorties prématurément* de Trajectoire sur la période
considérée, selon le niveau de qualification.
Territoire
d’appartenance
VI
Vbis
V
IV
III et plus
Quimper
Fougères
Loudéac-Pontivy
12 (4,7%)
19 (23,75%)
7 (7,5%)
45 (17,5%)
16 (20%)
29 (31,2%)
97 (37,7%)
36 (45%)
37 (39,8%)
81 (31,5%)
7 (8,75%)
19 (20,4%)
22 (8,6%)
2 (2,5%)
1 (1,1%)
TOTAL
38
(8,8%)
90
(20,9%)
170
(39,5%)
107
(24,9%)
25
(5,8%)
TOTAL
257 (59,8%)
80 (18,6%)
93 (21,6%)
430 (100%)
(100%)
* On considérera les sorties prématurées comme les sorties de personnes entrées dans Trajectoire qui, soit ont
abandonné au cours de la prestation DRIP, soit n’ont pas bénéficié de périodes intermédiaires, ou encore ont
abandonné en cours de PI avant la concrétisation de leur projet de formation.
Enfin, regardons comment se présente la situation des jeunes sortants de période intermédiaire et
celle de ceux ayant abandonné prématurément. Pour ces derniers (Cf. Tableau 10), la situation
d’emploi paradoxalement se trouve minoritaire. Ce qui domine (sauf à Quimper) c’est l’abandon
pour des raisons personnelles, ensuite viennent l’inadaptation des prestations, puis, pour près
d’un quart des cas, l’intégration à un emploi. Ce dernier motif est même extrêmement faible à
Fougères, inférieur à 10 %. En Centre Bretagne, où nous avions vu que les sorties prématurées
sont très faibles, celles-ci semble se justifier, non pas comme à Quimper par l’inadaptation des
prestations, mais pas des opportunités d’emploi significatives (34, 4 % des sorties prématurées).
56
Tableau 10 : Motifs des sorties prématurées ou anticipées de Trajectoire (effectif cumulé sur la
période considérée)
Territoire
d’appartenance
Quimper
Fougères
Loudéac-Pontivy
TOTAL
Intégration
Intégration
contrat de
contrat de travail
travail inférieur
supérieur à 6
à 6 mois
mois
30 (11,7%)
2 (3,2%)
17 (18,3%)
26 (10,1%)
4 (6,5%)
15 (16,1%)
49
(11,9%)
45
(10,9%)
Prestation
inadaptée aux
attentes du
stagiaire
136 (52,9%)
8 (12,9%)
3 (3,2%)
147
(35,7%)
Autres, dont raisons
personnelles *
65 (25,3%)
48 (77,4%)
58 (62,4%)
171
(41,5%)
TOTAL
257 (62,4%)
62 (15,0%)
93 (22,6%)
412 (100%)
(100%)
* Non disponible, déménagement, maladie, abandon pour d’autres raisons.
Pour ceux qui sont allés jusqu’au bout des périodes interstitielles, et qui se retrouvent face à la
dernière étape qui devrait être l’accès à une formation qualifiantes, nous retrouvons aussi des
situations très variables (Cf. Tableau 11). Une même proportion de jeunes (21,8%) se retrouve en
situation d’emploi. Pour eux, le contrat Trajectoire peut être simplement suspendu, comme cela
commence à se faire sur les territoires suivant des pratiques « coutumières », mais sans que le
jeune puisse garder le statut inhérent à Trajectoire. Contrairement à la population des abandons
en cours de parcours, ceux qui se retrouvent en emploi à la fin de la PI, occupent sans doute, pour
une partie au moins, un emploi permettant d’accumuler une expérience en rapport avec la
formation et le métier visé…. Si l’on enlève ceux qui ne donneront plus de nouvelles, ou qui
déclarent un motif de départ pour raisons personnelles, il reste la proportion de 22,9 % des
sortants de PI qui entrent dans une formation qualifiante ou par apprentissage.
Soulignons à nouveau des disparités fortes selon les territoires, puisque plus de 50% des jeunes
qui sortent de PI se retrouvent en emploi à Loudéac, soit plus du double des autres territoires,
alors que la proportion des situations autres ou inconnues y est relativement plus faible. On voit
bien ici que le contexte socio-économique vient peser fortement, lorsque les opportunités
d'emploi se font plus nombreuses.
57
Enfin, rapporté aux effectifs totaux des entrées en DRIP sur les 3 territoires, le pourcentage de
jeunes accédant à une formation tombe à 8, 2 %. Le rapport Amnyos concluait sur cette question
par un constat général que la réalisation de formation après une prestation DRIP sur la période
2004-2005, était comprise dans une fourchette entre 1,7% et 0,4 % pour l’ensemble de la
Bretagne. Il apparait donc que les choses de ce point de vue progressent. Mais, cette évolution
peut être liée à plusieurs facteurs, parmi lesquels l’effet de la sélectivité en amont en Trajectoire
(qui peut être aussi une auto-sélectivité) déjà évoquée plus haut et sur laquelle nous ne savons pas
grand chose, ou bien encore de l’effet propre aux nouvelles pratiques des acteurs du tandem de
Trajectoire. Ce tandem est supposé apporter une valeur ajoutée par rapport à l’ancien dispositif,
notamment par une intensification des actes de services proposés aux jeunes à l’issue d’une
action DRIP. Trancher ici sur l’origine de cet effet parait cependant prématuré, d’autant que l’on
ne peut non plus évacuer un troisième effet qui serait un effet de territoire, les 3 retenus par la
recherche action pouvant être relativement atypiques par rapport à une moyenne régionale.
Tableau 11 : Situation au 31/10/2008 des personnes sorties après avoir bénéficié d’une PI, y
compris celles dont le contrat est suspendu.
Contrat Alternance
(apprentissage,
contrat de prof°)
Formation
qualifiante
Retour
formation
initiale
Sans
nouvelle
Autres*
TOTAL
Emploi < 6 mois : 30
Emploi ≥ 6 mois : 26
17
(5,2%)
45
(13,8%)
7
(2,1%)
41
(12,6%)
160
(49,1%)
326
(100%)
4
(25%)
2
2
-
1
(6,25%)
2
(12,5%)
1
(6,25%)
4
(25%)
4
(25%)
16
(100%)
LoudéacPontivy
25
(52,1%)
1
19
5
4
(8,3%)
8
(16,7%)
1
(2,1%)
3
(6,25%)
7
(14,6%)
48
(100%)
TOTAL
85
(21,8%)
22
(5,6%)
55
(14,1%)
9
(2,3%)
48
(12,3%)
171
(43,8%)
390
(100%)
Territoire
d’appartenance
Emploi
Quimper
56
(17,2%)
Fougères
CDI
dont
CDD
Intérim
* Parmi ces motifs figurent des raisons personnelles et des situations d’attente d’entrée en formation ou en contrat en
alternance.
58
III-
L'ENQUETE AUPRES DES BENEFICIAIRES
L’objet de cette enquête a été d’apporter des éléments sur la compréhension du dispositif
Trajectoire par les bénéficiaires, leur capacité d'appropriation tant de sa philosophie que de son
architecture. Ce faisant son objet secondaire aura été de rendre compte de l'hétérogénéité des
publics entrés dans Trajectoire tant à travers la variété des points de vue exprimés que de la
justification des parcours suivis.
Ce travail d'enquête s’inscrit dans un ensemble de contraintes qui tiennent d'une part au
moment de sa réalisation, c'est-à-dire 9 mois après le démarrage de l'évaluation - ce qui ne
représente pas un recul suffisant, notamment pour apprécier l’impact du dispositif sur les entrées
en qualification -, et d'autre part aux modalités de choix des bénéficiaires enquêtés.
Rappelons que l'enquête, réalisée à la mi-juin, ne peut rendre compte des entrées en formation
qualifiante. Et, si les retours en formation ont pu être évoqués lors des entretiens, certains ayant
été programmés en septembre, nous ne pouvons pour autant affirmer que les bénéficiaires ont
effectivement intégré la formation souhaitée. En outre, si Trajectoire apporte une solution
nouvelle pour faciliter les entrées en formation qualifiante après une prestation du DRIP, la
majorité des jeunes enquêtés se trouvait en période interstitielle depuis trop peu de temps pour
que l’on puisse apprécier la diversité et l’impact des actions concertées déployées par le tandem.
1- LA REALISATION DES ENTRETIENS
Dix mois après le départ de l’action, 60 entretiens ont pu être réalisés sur les trois territoires
afin de recueillir le point de vue des jeunes inscrits dans le dispositif : 28 à Quimper, 19 à
Fougères et 13 à Loudéac-Pontivy. Parmi ces jeunes, quelques uns n'avaient pas signé le contrat
Trajectoire, d'autres avaient effectué une ou plusieurs prestations DRIP (ou hors DRIP) avant
Trajectoire9.
59
Les caractéristiques des bénéficiaires retenues pour l'enquête ont été déterminées au regard des
situations considérées comme représentatives et pertinentes vis-à-vis des questionnements et
objectifs de Trajectoire10. Les missions locales, en concertation avec l’OF pilote, ont ainsi
procédé au choix des bénéficiaires sur la base des critères suivants :
-
niveau de formation (qualification/sans qualification) ;
-
type de prestation ayant déclenché l’entrée dans Trajectoire ;
-
temps écoulé entre la sortie de formation initiale et l’entrée dans Trajectoire ;
-
situation au moment de l’entretien : en période interstitielle, sorties de Trajectoire
et encore en prestation DRIP.
Cependant, les missions locales et les OF pilotes ont eu une grande latitude dans le choix des
bénéficiaires, en fonction de situations qu’ils pouvaient considérer comme exemplaires de l'idée
qu'ils se faisaient des parcours typiques du dispositif Trajectoire, ou bien comme pouvant en
illustrer les limites. D'autre part, un biais supplémentaire a pu s'introduire, inhérent aux
contraintes de déplacement et à la disponibilité des bénéficiaires eux-mêmes, ou bien encore à
leur refus de participer à l’enquête.
Enfin, lors de l’élaboration de la grille d'entretien, les 3 tandems territoriaux ont été sollicités,
et leurs remarques intégrées. Cette grille s’articule autour de quatre axes : le parcours scolaire ; le
parcours professionnel ; le parcours d’insertion depuis l’inscription à la mission locale ; la
compréhension du dispositif Trajectoire (voir le questionnaire en Annexe 1).
9
Les entretiens se sont déroulés en face à face dans les locaux des missions locales.
Nous avions souhaité au démarrage de l'évaluation, dans le cadre du partenariat avec le GREF de Bretagne et
conformément au cahier des charges, réaliser, à partir de la base de l'exploitation des données de Parcours 3, une
typologie de bénéficiaires par des classifications automatiques calées sur des AFC. Cette typologie nous aurait aidé à
asseoir notre enquête et à opérer un échantillonnage raisonné. Le GREF n'ayant pu réaliser cette analyse typologique,
nous avons dû recourir à une méthode plus empirique et intuitive.
10
60
1-1 Description de l’échantillon.
Nous présentons rapidement les principales caractéristiques socio-démographiques de notre
échantillon et sa ventilation suivant les situations rencontrées avant et pendant le déroulement du
parcours dans Trajectoire11.
⇒ Selon l’âge, le genre et le niveau de qualification
Le tableau suivant répartit la population enquêtée en fonction de l’âge, du genre et du niveau
de qualification :
Tableau 1 : Répartition de la population en fonction du genre, de l’âge et du niveau de
qualification
Age et niveau de
qualification
Hommes
Femmes
TOTAL
16-17 ans
18-21 ans
22 ans et plus
1
9
12
0
13
25
1
22
37
TOTAL
22
38
60
Niveau III et plus
Niveau IV
Niveau V
Niveau VI-Vbis
1
2
8
11
2
10
12
14
3
12
20
25
TOTAL
22
38
60
La population féminine est très présente puisqu’elle représente plus de la moitié de
l’échantillon interrogé. Une majorité des personnes rencontrées est âgée de 22 ans et plus. Notre
échantillon comprend également 35 personnes qualifiées (plus de la moitié est de niveau V) et 25
personnes non qualifiées.
Afin de permettre une comparaison avec les chiffres recueillis par le Gref Bretagne en
février12, le tableau suivant présente une répartition de notre échantillon selon les mêmes critères.
11
Ici, comme nous aurons l'occasion de le rappeler par la suite, nous considérons que Trajectoire ne se limite pas aux
périodes interstitielles, mais qu'une entrée dans une prestation du DRIP, c'est déjà être dans Trajectoire.
61
Tableau 2 : Représentation de l’échantillon et de la population totale de Trajectoire en
pourcentage, en fonction du genre, de l’âge et du niveau de qualification
Age et niveau de
qualification
Hommes
Echantillon
Population
totale
Femmes
Echantillon
Population
totale
TOTAL
Echantillon
Population
totale
16-17 ans
18-21 ans
22 ans et plus
4,5%
41%
54,5%
11%
45%
44%
0%
34,2%
65,8%
2%
46%
52%
1,7%
36,7%
61,6%
6%
45%
48%
TOTAL
100%
100%
100%
100%
100%
100%
Niveau III et plus
Niveau IV
Niveau V
Niveau VI-Vbis
4,5%
9,1%
36,4%
50%
15%
12%
45%
28%
5,3%
26,3%
31,6%
36,8%
16%
31%
34%
19%
5%
20%
33,3%
41,7%
15%
22%
39%
23%
TOTAL
100%
100%
100%
100%
100%
100%
Ainsi, par rapport aux chiffres représentant la population totale de Trajectoire au 29/02/08,
notre échantillon comprend plus de jeunes de 22 ans et plus (61,6% contre 48% dans la
population totale). A l’inverse les 18-21 ans représentent 36,7% de notre échantillon contre 45%
dans la population totale.
De plus, 41,7% des personnes rencontrées sont non qualifiées alors que la population totale de
Trajectoire n’en compte que de 23%. Nous notons également qu'un tiers de notre échantillon est
de niveau V contre 39% dans la population totale. Enfin, les personnes de niveau IV et plus sont
sous-représentées (25%, alors qu’elles représentent 37% de la population totale de Trajectoire au
29/02/08).
Au regard des chiffres recueillis sur les trois territoires au 30/09/08, les personnes qualifiées
représenteraient 72,9% de la population ayant intégré une prestation du DRIP depuis le 01/10/07.
A titre comparatif, les tableaux suivants représentent la structuration de notre échantillon en
fonction des données communiquées par les trois territoires de la recherche-action au 30/09/08,
par niveau de qualification et l’âge. Il en ressort clairement une sur-représentation des non
diplômés dans notre échantillon, et d'autre part un poids plus grand des 22 ans et plus.
12
Chiffres représentant la population totale de Trajectoire, c’est-à-dire le nombre d’entrées en flux cumulés, depuis
septembre 2007 jusque fin février 2008.
62
Niveau de qualification
Echantillon
Population totale *
Niveau III et plus
Niveau IV
Niveau V
Niveau VI-Vbis
5%
20%
33,3%
41,7%
6,5%
28,5%
37,9%
27,1%
TOTAL
100%
100%
* Les pourcentages sont établis sur la base de 1 042 bénéficiaires du DRIP comptabilisé sur les 3 territoires
Age
Hommes
Echantillon
Population
totale
Femmes
Echantillon
Population
totale
TOTAL
Echantillon
Population
totale
16-17 ans
18-21 ans
22 ans et plus
4,5%
41%
54,5%
8,2%
43,9%
47,9%
0%
34,2%
65,8%
3,7%
45,2%
51,1%
1,7%
36,7%
61,6%
5,8%
44,6%
49,6%
TOTAL
100%
100%
100%
100%
100%
100%
⇒ Les dates de premier accueil
Le tableau suivant répartit les personnes enquêtées en fonction de l’année de leur premier
accueil :
Tableau 3 : Répartition en fonction de l’année de premier accueil
2001
2
2002
2
Année de premier accueil
2003
2004
2005
2006
4
1
10
18
TOTAL
2007
20
2008
3
60
Précisons que ces dates ne correspondent pas forcément à la durée du suivi des personnes
rencontrées. En effet, certaines ont pu venir une première fois pour avoir des renseignements et
ne revenir que quelques temps plus tard, d’autres ont pu interrompre leur suivi à l'occasion d'une
période d’emploi par exemple.
Ainsi, parmi les 20 personnes rencontrées et suivies depuis 2007, 10 sont venues s’inscrire
dans les 4 derniers mois de l’année. Parmi les 60 personnes rencontrées, 17 sont suivies depuis
moins d’un an (soit depuis juillet 2007) et ont effectué une prestation DRIP peu de temps après
leur premier accueil (entre un et trois mois).
63
⇒ Les demandes initiales
Les demandes initiales formulées lors de la première venue à la mission locale peuvent relever
de l’emploi, de la formation ou bien avoir un caractère social (logement, finances, locomotion).
Le tableau suivant montre également que certains jeunes sont venus dans l’optique d’effectuer
une prestation précise, alors que d’autres n’avaient pas de demande particulière et souhaitaient
simplement "découvrir" la mission locale.
Tableau 4 : Répartition de l’échantillon en fonction de sa demande initiale et de son
niveau scolaire
Demande formulée lors du 1er accueil à
la mission locale
VI
Vbis
Emploi
Formation
Effectuer une prestation particulière
Orientation
Social
Pas de demande précise
1
6
1
1
1
0
3
5
0
2
3
2
7
3
0
5
3
2
2
4
2
3
0
1
0
0
1
2
0
0
13
18
4
13
7
5
TOTAL
10
15
20
12
3
60
Niveau scolaire
V
IV
TOTAL
III
Globalement ces demandes initiales se répartissent comme suit dans notre échantillon :
-
13 personnes expriment une demande concernant l’emploi : la moitié est de niveau V ;
-
les demandes de formation sont en majorité émises par des personnes non qualifiées ;
-
les personnes qualifiées ont plutôt des demandes concernant l’orientation et ce, pour
différentes raisons : problématiques d’orientation par défaut, refus d’admission au niveau
supérieur ou lassitude du métier en adéquation avec le diplôme.
Précisons que certaines personnes, ayant interrompu leur suivi, reviennent ensuite avec une
demande différente de celle formulée initialement (que le tableau ne prend pas en compte).
64
⇒ Les prestations suivies
Le tableau qui suit présente les personnes interrogées selon leur niveau de qualification et le
type de prestation suivie « déclenchant » leur entrée dans Trajectoire. Notre échantillon est
composé de 16 personnes effectuant ou ayant effectué une PPE, 35 une POP, 7 une PPS et 2 une
AEEO.
Tableau 5 : Prestation suivie en fonction du niveau de qualification
Prestation
suivie
VI
Vbis
Niveau scolaire
V
IV
PPE
POP
PPS
AEEO
3
5
0
2
7
6
2
0
6
11
3
0
0
10
2
0
0
3
0
0
16
35
7
2
TOTAL
10
15
20
12
3
60
TOTAL
III
A noter que 13 de ces personnes ont bénéficié d’une prolongation de leur prestation. Enfin,
parmi les 60 jeunes enquêtés, 18 ont effectué plusieurs prestations13 :
-
6 ont effectué une même prestation deux fois ;
-
8 ont suivi un parcours plus « linéaire » (PPE-POP, PPE-PPS, POP-PPPS, AEEO-POP ou
AEEO-PACA) ;
-
4 ont effectué une POP suivie d’une PPE ou une PPS suivie d’une POP.
Les données communiquées au 30/09/08 par les trois territoires de la recherche-action
montrent que le nombre de ces enchaînements est globalement très faible.
13
Ces doubles prescriptions n’ont pas forcément été réalisées par la même mission locale.
65
Tableau 6 : Enchaînements entre prestations éventuellement observés sur la
période considérée
(Données exhaustives fournies par les territoires au 30 09 08)
Enchaînements
des prestations
Quimper
Fougères
Loudéac-Pontivy
TOTAL
PPE PPE
PPE POP
POPPOP
POPPPE
PPE PPS
POPPPS
POP AEEO
AEEO PPS
nr
2
nr
6
1
8
1
-
1
2
1
1
1
1
1
2
3
1
3
-
2
6
3
7
2
12
2
1
TOTAL
18
8
9
35
1-2 Description de la population en fonction des situations dans Trajectoire
Trois situations peuvent être identifiées dans Trajectoire : actuellement en prestation DRIP, en
période interstitielle et sortie du dispositif. Nous entendons par « sorties » la situation de toute
personne n’ayant pas bénéficié de l’accompagnement Trajectoire à la suite de la prestation suivie
ou ne bénéficiant plus de cet accompagnement.
Ainsi, le tableau suivant présente une répartition des personnes interrogées selon leur situation
dans Trajectoire au moment de l’entretien et en fonction de leur statut vis-à-vis de la qualification
(qualifié/non qualifié).
66
Tableau 7 : Répartition des personnes rencontrées en fonction de la qualification et de la
situation
Situation dans Trajectoire
Personnes
Qualifiées14
Personnes non
qualifiées15
TOTAL
ACTUELLEMENT EN PRESTATION :
PPE
POP
PPS
10
3
6
1
12
5
6
1
22
8
12
2
SORTIES DE TRAJECTOIRE AYANT
EFFECTUE :
PPE
POP
PPS
8
5
13
1
6
1
2
3
0
3
9
1
EN PI
AYANT EFFECTUE :
17
8
25
PPE
POP
PPS
AEEO
2
12
3
0
3
2
1
2
5
14
4
2
TOTAL
35
25
60
Lecture : parmi les 60 personnes rencontrées, 22 sont en prestation au moment de
l’entretien : 8 en PPE, 12 en POP et 2 en PPS.
Ce tableau reflète la diversité des situations que nous avons pu observer. Sur l’ensemble de
l’échantillon, 22 personnes sont actuellement en prestation, 13 sont sorties du dispositif et 25 sont
en période interstitielle.
Nous remarquons également que la majorité des personnes interrogées est issue de POP. 35
ont effectué ou effectuent cette prestation, dont 24 sont déjà qualifiées. 12 sont en période
interstitielle.
14
15
De niveau V et plus.
De niveau VI et Vbis.
67
2- LE DISPOSITIF TRAJECTOIRE TEL QU'IL EST PERÇU PAR LES BENEFICIAIRES
Nous traiterons les informations collectées selon trois axes : la compréhension de Trajectoire
par les bénéficiaires, leur perception des rôles du tandem, le retour sur les objectifs de Trajectoire
au regard des différentes situations rencontrées. Précisons que nos observations reflètent avant
tout des comportements singuliers vis-à-vis du dispositif, et ne peuvent illustrer des
comportements que l’on pourrait attribuer à un échantillon plus large.
2-1 Comprendre Trajectoire
Rappelons que sur les trois territoires de la recherche-action, Trajectoire fait systématiquement
l’objet d’une présentation auprès des jeunes dans le cadre de réunions collectives animées par un
coordinateur de l’organisme de formation pilote. Ainsi, un mois en moyenne après leur entrée en
prestation, tous les bénéficiaires devraient connaître l’existence du dispositif. Cette présentation
officielle permet de répondre aux interrogations de certains stagiaires et de lever les quelques
réserves qu’ils peuvent émettre, comme en témoignent ces propos recueillis :
- « Au début j’étais très pessimiste à propos de Trajectoire […] Je m’étais dit que c’était
peut-être un inconvénient de venir ici toutes les semaines tout ça, parce qu’en fait
après une POP ben finalement quand on a trouvé notre projet tout ça… Finalement la
POP, on apprend beaucoup sur soi, on se remet souvent en question, c’est fatiguant et
je ne voulais pas revivre ça plus tard comme j’avais déjà mon projet, je me disais que
reprendre Trajectoire ça allait peut-être être épuisant » ;
- « Au début je me suis demandée « mais qu’est-ce que c’est que ce truc, ça sert à rien ce
machin, je suis déjà suivie moi […] parce que bon moi j’avais toujours mon conseiller
que je voyais quand même une fois par semaine ».
Les quelques personnes rencontrées absentes lors de cette réunion (pour raison de stage) n’ont
pas eu accès à cette présentation officielle, ce qui explique leur méconnaissance du dispositif.
⇒ Une perception du dispositif encore très floue
Il semble que très peu de bénéficiaires appréhendent Trajectoire comme un dispositif de
formation (seules 4 personnes interrogées y font référence).
Ainsi, une majorité des personnes rencontrées conçoit avant tout ce dispositif comme un
accompagnement personnalisé permettant de réaliser un projet professionnel et d’effectuer
68
de nombreuses démarches afin de trouver et d’intégrer une formation qualifiante adéquate.
Trajectoire est perçu comme la continuité de la prestation, un appui, une aide supplémentaire à la
sortie du DRIP.
Au regard des témoignages recueillis, Trajectoire reste donc globalement assez flou. Beaucoup
font référence à la possibilité d’un suivi après la prestation : « C’est pour mon suivi un peu, le
parcours que j’ai fait aussi. Mais c’est pas encore très clair, j’ai toujours du mal un peu à
savoir », « C’est vrai que ça reste un peu flou, je sais que ça assure un suivi, mais après ça c’est
vrai que… ». Il semble donc que le contenu de ce suivi (et parfois sa durée) reste méconnu :
« J’ai pas trop saisi où ça voulait en venir, à quoi ça sert » ; « Moi ce que j’ai compris c’est que
en fait Trajectoire c’est déjà pour la fin de la formation. On a toujours le suivi Trajectoire
pendant 3 mois, si je me trompe pas ».
Parfois, ils méconnaissent également les acteurs effectuant ce suivi, voire même le lieu où il se
déroule : « Je sais même pas s’ils ont un bâtiment avec des salles…Je sais même pas où ça se
situe… ». Quelques personnes pensent que ce suivi était effectué par la mission locale.
Sur deux territoires de la recherche-action, l’OF pilote est présent lors des bilans
intermédiaires et finaux qui se déroulent durant les prestations DRIP. En majorité, les jeunes
interrogés ont compris que cette nouvelle personne était un référent de Trajectoire. Beaucoup
déclarent d’ailleurs que la présence de l'OF pilote est nécessaire car elle permet un premier
contact, et d'instaurer une confiance mutuelle. Mais, d’autres pensaient que cette personne
représentait la mission locale…
Beaucoup déclarent ne pas avoir réellement appréhendé le dispositif dans sa globalité. Cette
incompréhension a différentes causes possibles : moment de la présentation, désintérêt de la part
des bénéficiaires, confusion concernant les contenus et objectifs de Trajectoire :
-
le moment de présentation de Trajectoire pose question. En effet, la réunion collective
a lieu peu de temps après l’entrée en prestation DRIP, aussi de nombreux bénéficiaires
déclarent ne pas avoir retenu les modalités de Trajectoire, estimant qu’on leur en parlait
un peu tôt et parfois à un moment « inapproprié », puisqu'ils commencent tout juste à
s’investir dans cette nouvelle prestation. Voici certains propos recueillis : « Ben disons
69
que comme je rentrais à peine en POP on me parlait déjà de la sortie c’était un peu tôt
peut-être » ou « Je m’en rappelle plus bien parce que c’était le moment où on était un peu
inondé par les paperasses, on nous en avait parlé au début qu’on était en POP ». Le
moment de présentation ne semble donc pas adéquat. Il ne favoriserait pas la perception
du dispositif, créerait des confusions à un moment où les bénéficiaires focalisent leur
attention sur l’instant présent, c’est-à-dire la prestation elle-même, et non sur l’après.
-
d’autres avouent ne pas s’y intéresser du tout : « J’ai plus joué avec mon
portable…quand ça m’intéresse pas je me mets dans mon coin. Tout ça c’est trop de
blabla […] j’ai rien compris parce que j’ai pas écouté » ou « J’ai pas trop cherché plus
que ça à savoir ». De plus, certains bénéficiaires ont surtout retenu que Trajectoire prenait
le relais en sortie de prestation. Ils s’y intéressent donc peu dans un premier temps et
souhaitent en savoir plus au fil du temps notamment en cours de prestation. Ainsi :
- « Comme c’est dans le futur, j’ai pas trop cherché plus que ça à savoir, je me dis
on verra plus tard » ;
- « c’est encore un peu flou quand même quoi ; là je suis à la fin de la POP donc je
commence vraiment à me renseigner, ça m’intéresse beaucoup plus que le jour de
la présentation parce que c’est vrai qu’au départ on rentre, on sait pas trop où on
va déjà »
-
enfin quelques confusions peuvent être repérées du fait du peu de lisibilité entre les
contenus et les objectifs de la prestation suivie et ceux de Trajectoire : « Je comprends
pas Trajectoire, POP…bref », « Au début, Trajectoire pour moi c’était comme une POP »
ou « la PPE est aussi pour la recherche d’emploi à la base ». En effet, si Trajectoire a
pour objectif de faciliter l’accès à la qualification, certains bénéficiaires y associent
également l’accès à l’emploi.
Le niveau de qualification semble avoir un impact sur le degré de compréhension du
dispositif. Si, d’une manière générale, le dispositif reste relativement flou pour les personnes de
niveau IV et plus, elles ont néanmoins compris que Trajectoire permettait un accompagnement
après la prestation jusqu’à l’entrée en formation. En revanche, concernant les personnes non
qualifiées ou de faible niveau de qualification (souvent issues de PPE), nous remarquons
quelques difficultés à mettre des mots pour expliquer Trajectoire : « On m’a dit à la fin de la
formation si on a vraiment rien, si on n’a pas eu vraiment quelque chose, soit une formation, soit
70
un travail, on continue à nous suivre quoi, dans un truc qui est concrétisé » ou « c’est quelque
chose qui s’occupe de nous après la POP ». Certaines personnes déclarent également qu’elles
n’ont aucun souvenir de la présentation.
La compréhension de Trajectoire serait donc progressive et peu évidente au départ pour des
personnes n’ayant pas (encore) été en période interstitielle et ayant effectué une PPE. Précisons
qu’il en est parfois de même pour les conditions de sortie du dispositif. En effet, si l’entrée dans
Trajectoire n’est pas comprise par tous les bénéficiaires, la sortie ne semble pas l'être davantage :
- « Etes-vous sortie de Trajectoire ? « Ben je sais pas, je ne sais même pas, faut que je
demande, je sais pas […] Je me demande si je suis toujours… je pense que oui, non ?...
Il me semble que oui parce que je me rappelle pas avoir signé un truc comme quoi je
suis sortie… »
L’incompréhension de Trajectoire concerne aussi bien le dispositif en lui-même (certains
jeunes ne savent pas du tout ce que c’est ou tentent alors d’expliquer le peu qu’ils ont compris
mais avec beaucoup de difficultés), que le contenu du suivi, l’acteur dispensant ce suivi, le lieu,
les objectifs… La connaissance de Trajectoire peut également créer des confusions pour les
personnes qui bénéficient d’un accompagnement similaire (en termes de fréquence) mais d’un
autre ressort. Ainsi, pour illustrer, citons le cas de ce jeune qui était persuadé de faire partie de
Trajectoire alors qu’il bénéficiait d’un suivi dans le cadre de l’Accompagnement Social Renforcé.
Il semble donc que l’inscription dans le dispositif de tous les jeunes entrés dans une prestation
du DRIP pose question. Aussi on peut se demander s’il ne serait-il pas plus pertinent de
soumettre l'entrée dans Trajectoire de façon plus tardive, en tenant compte du degré d'élaboration
du projet, plutôt que de sortir des jeunes en fin de prestation (parce qu'ils n’ont pas encore le
projet validé pour entrer en qualification) ? D’autant plus que la volonté de reprendre une
formation peut être indépendante de l’existence d’un projet.
⇒ Des attentes principalement centrées sur le soutien
La compréhension du dispositif étant assez floue pour la plupart des bénéficiaires (d’autant
que très peu déclarent avoir demandé des compléments d’informations), les attentes vis-à-vis de
71
Trajectoire restent vagues et se résument surtout en termes de soutien et d’aide pour trouver
« quelque chose » à la sortie de prestation DRIP :
- « J’attends de pas être lâchée après que la POP s’arrête, parce que si jamais il y a
une difficulté, que je peux pas reprendre la formation ou quoi, d’être dirigée quand
même. J’attends un soutien » ;
- « Ben je suis pas encore dedans donc c’est un petit peu flou quand même mais je sais
que ça peut m’apporter quelque chose, surtout un cadre » ;
- « Ben que ça me permette vraiment d’avancer, d’approfondir mon projet quoi, de
vraiment avancer dans le projet, que j’arrive à quelque chose au bout ».
Beaucoup attendent néanmoins la fin de prestation pour savoir quels sont leurs besoins, pour
mieux appréhender la suite de leur parcours. C'est à ce moment qu’ils vont commencer à se
renseigner sur Trajectoire et ses apports.
⇒ Trajectoire : un contrat qui engage peu
Quelle perception les bénéficiaires ont-ils du contrat Trajectoire ? Ont-ils compris à quoi ils
s’engageaient ? Ce contrat fait-il partie des éléments incitatifs et mobilisateurs pour la
construction d’un projet professionnel ?
Si la plupart des personnes interrogées semble se souvenir d’avoir signé le contrat Trajectoire,
une proportion non négligeable des jeunes de notre échantillon sont incapables de s'en rappeler de
manière certaine : « Je crois… il me semble », « Peut-être, j’ai signé tellement de feuilles que je
m’en souviens plus ».
Certaines personnes confondent cette signature avec celle marquant leur inscription en
prestation DRIP. En effet, le dispositif Trajectoire est appréhendé de manière très floue par
beaucoup et le moment de présentation ne semble pas très adéquat. Ceci ne favorise donc pas la
distinction entre les différents documents à signer. D’ailleurs, quelques bénéficiaires sur un
même territoire n’ont pas signé le contrat Trajectoire au même moment. Certains ont signé au
début de la prestation DRIP et d’autres à la sortie, lors de leur poursuite en période interstitielle.
Aussi la signature a été beaucoup plus marquante pour ces derniers
72
Le niveau de qualification n’est pas l’unique facteur permettant d’expliquer que certaines
personnes se souviennent avoir signé et d’autres pas. Au regard de notre échantillon, il semble
qu’un autre facteur explicatif soit le territoire d’appartenance des bénéficiaires. Ceci nous incite à
penser qu’une partie de la réponse concernant la perception de ce contrat et sa signature, réside
dans sa présentation, dans la manière dont les acteurs du tandem le présente aux bénéficiaires au
moment de la signature.
De surcroît, le plus souvent, ce contrat n'est pas perçu comme un engagement dans un
dispositif de formation, qui vise la concrétisation d’un projet professionnel par le biais d’un
retour en formation qualifiante. Beaucoup de jeunes estiment que cette signature sert avant tout à
démontrer qu’ils ont bien été informés sur l’accompagnement (ou le suivi), caractéristique
centrale du dispositif Trajectoire. En soi, cette signature ne les engagerait en rien. Pour d’autres,
cette signature représenterait avant tout la formalisation de leur inscription dans le dispositif : ils
signent alors « au cas où pour après si j’ai rien ». Au regard des propos recueillis, il semble que
cette signature ait un caractère relativement « automatique », puisque les personnes signent leur
contrat au début de la prestation DRIP, c'est à dire au moment où elles focalisent leur attention
sur le déroulement de la prestation et les démarches afférentes qu’il leur faut alors effectuer. Il
n’y a donc pas nécessairement de réelle prise de conscience de cet engagement - pourtant attendu
- dans une démarche de projet et de qualification.
Enfin, si la relation contractuelle entre l’organisme de formation pilote et le bénéficiaire est
parfois claire, elle n'en reste pas moins peu mobilisatrice, comme le démontrent ces propos :
- « Oui c’est une forme d’engagement, ben forcément, donc il faut que je le tienne, je
suis tenue à tenir ce que je promets de faire […] moi c’est vrai que la signature
c’est pas ça qui fait que je suis plus motivée à faire les choses ou pas, non je pense
pas »
- « J’en vois pas l’intérêt, je l’aurais pas signé ça aurait été pareil, je me serais
mobilisée pareil »
Soulignons enfin que toutes les personnes rencontrées n’ont pas forcément souhaité signer le
contrat
Trajectoire.
En
effet,
la
compréhension
globale
du
dispositif
(ou
plutôt
l’incompréhension) peut amener certaines personnes à refuser leur intégration dans Trajectoire.
Nous prendrons comme exemple une personne qui estime que l’accompagnement dispensé à la
suite de la prestation est le même que celui dont elle bénéficie actuellement (en prestation).
73
Elle déclare alors : « ça m’intéresse pas parce que c’est la même chose, j’ai pas envie je veux
dire j’ai pas envie de me… de faire quelque chose que j’ai déjà fait au final ».
L’impact du contrat Trajectoire, sur le fait qu’il permettrait aux personnes bénéficiaires de
mesurer l’importance de l’élaboration d’un projet, reste très incertain. Il ne semble pas contribuer
significativement à l’adhésion à la démarche de projet puisque beaucoup le signent « parce qu’on
[leur] a demandé », et/ou conçoivent cette signature comme une simple inscription dans un
dispositif dont ils n’ont pas totalement compris le sens. La référence au projet est peu marquée,
les personnes « s’engagent à être suivies » après la prestation, mais suivies pour quoi ?
⇒ La rémunération Trajectoire : parfois nécessaire, rarement suffisante.
Comme pour la perception du contrat Trajectoire, la compréhension du dispositif a également
une influence sur la manière dont est perçue la rémunération dispensée par la Région pendant les
périodes interstitielles. Tous les bénéficiaires ne semblent pas informés qu’une possibilité de
rémunération existe dans le cadre de Trajectoire. A l’inverse, d’autres personnes connaissent son
existence mais, qu’elles soient en période interstitielle ou non, les conditions pour y prétendre
leurs paraissent peu lisibles. Par exemple, certaines personnes pensent qu’elles vont
automatiquement bénéficier de cette rémunération en sortie de prestation DRIP, d’autres sont
surprises de ne pas l’avoir une fois en période interstitielle. L’articulation avec le CIVIS est
également mal comprise :
- « On a compris qu’il y avait quelque chose à voir avec une rémunération mais on
savait pas du tout dans quel cadre, comment ça se passait… » ;
- « Là en ce moment j’ai une rémunération de Trajectoire, maintenant je sais pas
comment on donne ça, ça j’ai pas encore compris encore… J’ai touché de temps en
temps […] En fait je sais pas pourquoi et comment ça se calcule en fait […] J’ai
pas compris le système » ;
- « La rémunération Trajectoire était prévue puisque j’avais signé le contrat et
normalement ça aurait dû prendre le relais. Mais depuis la sortie de la POP, j’ai
perçu que le CIVIS » ;
L'intention stratégique a été de faire de la rémunération dans le cadre de Trajectoire un facteur
favorisant la sécurisation des parcours, cependant, une minorité de bénéficiaires déclare
poursuivre en période interstitielle pour cette raison. En effet, la plupart des jeunes estiment que
cette rémunération n’a pas été un facteur incitatif :
74
- « Même sans argent je veux rester parce que j’ai besoin de ça » ;
- « Ce qui m’incite à rester, c’est qu’il y ait quelqu’un derrière moi, qu’il me dise
« ouais c’est bien t’as fait ça, non c’est pas bien » ;
- « Je l’aurais fait quand même, même si j’avais pas de sous à côté…si, si parce que
ben plein de choses, pour les lettres de motivation, les CV, c’est avec Trajectoire
qu’on peut plus se perfectionner dans les choses comme ça, justement le soutien
psychologique, d’être suivie c’est bien […] je l’aurais fait quand même, même sans
la rému ».
Toutefois, si la rémunération accordée dans le cadre de Trajectoire n’est pas réellement
incitative, elle permet à certaines personnes d’accélérer leur parcours, en finançant par exemple
leur permis de conduire, ou en couvrant les frais occasionnés par les multiples démarches et
déplacements nécessaires à l’entrée en formation qualifiante.
Concernant les bénéficiaires d'allocation au titre du CIVIS ou de l’ARE (qui a un montant plus
élevé que la rémunération Trajectoire en règle générale) nous retrouvons la même disparité dans
les propos.
Quand pour certains, bénéficier d’une rémunération peut être un facteur déterminant de leur
poursuite dans Trajectoire : « Oui ça m’a incité à rester, sinon j’aurais été chercher un boulot,
bien sûr » - notamment si ces personnes ont plusieurs années d’activité professionnelle à leur
actif car vivre avec un faible revenu peut représenter un coût d'opportunité trop important - pour
d’autres, la rémunération ne semble pas avoir d’effet de mobilisation. Leur motivation se situe
plutôt dans la volonté d’aller jusqu’au bout de leur projet : « Non pas du tout parce que celle qui
s’occupe…je veux dire elle [la référente Trajectoire] peut nous aider à faire les lettres de
motivation et tout ça quoi, mieux, non c’est plus l’aide que l’argent ».
Pour les soixante personnes rencontrées, la rémunération Trajectoire, ne semble pas jouer un
rôle de première importance concernant la poursuite et la sécurisation de leur parcours. Selon
plusieurs bénéficiaires, ce serait avant tout l’accompagnement renforcé qui contribuerait à les
maintenir mobilisés jusqu’à l’entrée en formation qualifiante. Pour quelques autres, c'est le
passage par l’emploi qui assure la sécurisation de leur parcours. En effet, le retour à l’emploi peut
favoriser la signature d’un contrat de professionnalisation, ou bien permettre d’acquérir de
l’expérience dans le domaine visé. L’emploi est aussi parfois envisagé de manière temporaire,
comme moyen pour se constituer les droits Assedic, nécessaires pour subvenir aux besoins
pendant la période de formation. Plusieurs personnes rencontrées ont opté pour cette solution et
75
sont, par conséquent, sorties du dispositif Trajectoire, mais restent néanmoins dans une démarche
de qualification, puisque cet emploi est en adéquation avec leur projet professionnel.
Nous n’avions pas de questions spécifiques portant sur le montant alloué de la rémunération,
considérant qu'il serait difficile d’apprécier si un montant est suffisant ou non puisque chacun
possède sa propre échelle de référence. L'exemple qui suit illustre cette difficulté : une personne
rencontrée a refusé de poursuivre en période interstitielle car elle estimait que les 650€ dont elle
bénéficiait dans le cadre de l’ARE n’étaient pas suffisants, alors que d'autres poursuivent leur
parcours avec 300 euros. Les besoins des personnes sont fonction de leur situation, aussi juger de
la pertinence d’un montant ne peut se faire que de façon très relative, au regard de chaque
situation.
⇒ Le tandem : deux rôles parfois difficiles à distinguer
La distinction des rôles entre l’OF pilote et la mission locale a été bien comprise par presqu’un
tiers de l’échantillon total (nous pourrions penser qu’il s’agit des personnes ayant bénéficié d’une
période interstitielle, mais elle est également appréhendée par des personnes encore en prestation
au moment de l’entretien). Ainsi, la fonction de l’OF pilote renvoie pour eux à la formation et
l’accompagnement professionnel, de manière ponctuelle et en rapport avec leur projet actuel.
Nous soulignons cependant que certains bénéficiaires considèrent que la mission de l’OF pilote
concerne aussi la problématique de la recherche d’emploi. Le rôle de la mission locale
concernerait, lui, plutôt l’accompagnement global et la résolution des problèmes d’ordre social
et personnel.
Remarquons que la question concernant la différenciation des rôles entre OF pilote et mission
locale a quelque peu « déstabilisé » les personnes rencontrées. En effet, faute de pouvoir
réellement distinguer et expliquer leur perception des rôles, certains bénéficiaires ont simplement
fait l’inventaire de ce qu’ils avaient effectué avec l’un et l’autre des acteurs : par exemple cette
personne déclare qu’elle allait voir l’OF pilote : « pour rencontrer des aides soignantes parce
qu’elle m’en a fait rencontrer une fois déjà et j’avais trouvé ça intéressant », et que pour tout ce
qui touche la formation, les dates d’entrée, la remise à niveau …, elle irait voir la mission locale.
76
Ainsi, pour plus de la moitié des personnes rencontrées, les rôles des acteurs du tandem
semblent encore assez flous puisque :
-
une minorité déclare qu’elle ne fait aucune différence (mais ceci est souvent relié au fait
que le dispositif Trajectoire est lui-même perçu de façon très flou) ;
-
certaines personnes assimilent le rôle de l’OF pilote à celui de l’organisme de formation
prestataire ;
-
d’autres, enfin, déclarent que les rôles des deux acteurs sont identiques, avec parfois
quelques nuances : par exemple l’OF pilote aurait une action plus limitée dans le temps,
ou la mission locale serait moins disponible pour effectuer un suivi aussi.
Différentiation des rôles : un exemple.
Quelques extrait du récit d’une personne en période interstitielle qui ne perçoit pas réellement la
différence entre le rôle du conseiller de la mission locale et celui de la référente Trajectoire…« parce
qu’ils se disent tout après donc… ». Elle déclare que pour ce qui concerne la formation, elle préfère
aller voir la référente Trajectoire « parce qu’il faut dire que c’est quand même elle aussi qui s’est plus
occupé de moi pour cette formation donc c’est un peu logique aussi ». Elle ira plutôt voir le conseiller
de la mission locale pour les problèmes financiers mais elle ajoute : « peut-être que lui aussi il
pourrait le faire et s’occuper de moi pour la formation mais comme c’est avec elle que j’ai fait les
simulations, du coup ça nous a rapproché par rapport à la formation. Comme j’ai commencé avec
elle, je finis avec elle ; si j’avais fait les simulations avec mon conseiller, j’aurais continué avec mon
conseiller, c’est tout ».
Ainsi, la différenciation des rôles des acteurs ne va pas de soi pour tous. D’ailleurs, l’existence
du tandem a parfois posé question à certains bénéficiaires dès la présentation du dispositif. Si les
binômes ont eu parfois des difficultés au démarrage de la recherche-action, pour définir leurs
rôles et leurs champs de compétences respectifs, les bénéficiaires se sont également interrogés :
- « C’est un accompagnement professionnel mais moi j’ai déjà mon conseiller » ;
- « Moi je comprenais pas trop, si je me souviens bien, pourquoi on serait suivi par
Trajectoire et pas par notre conseiller ML alors qu’on était suivi par eux depuis le
début en fait, dans les grandes lignes c’était un peu ça »
Enfin, la distinction entre les différentes fonctions semble « biaisée » par une méconnaissance
de la mission locale dont font preuve quelques bénéficiaires. En effet, si certains connaissent la
mission locale depuis quelques temps et s’étonnent de l’introduction d’un nouvel acteur, d’autres
sont suivis par cette structure depuis moins d’un an. Aussi, les fonctions premières peuvent être
méconnues : « Disons que je peux faire des stages avec [la référente Trajectoire], je peux
demander des stages, avec la mission locale je suis pas sûr que ce soit possible ».
77
Souvent la mission locale est perçue comme une structure permettant l’orientation vers
d’autres organismes plus à même de répondre aux besoins ponctuels que les jeunes rencontrent.
⇒ Des difficultés souvent contraignantes
Plusieurs types de difficultés ont été énoncés par les personnes rencontrées. En majorité, nous
retrouvons des difficultés à se mobiliser et d’autres principalement d’ordre financier. Mais la
mobilité géographique est aussi souvent évoquée. En effet, de nombreuses personnes déclarent
être dépendantes des réseaux de transports en commun, rendant difficile le choix d’un stage ou la
recherche d’un emploi (ceci limite leur espace de recherche et/ou les horaires ne correspondent
pas).
- « J’avais trouvé un emploi en restauration mais le problème c’était par rapport aux
déplacements, trop loin. Et le permis, j’ai pas les moyens » ;
- « Ça limite le réseau quand même, c’est un gros problème. Ben je regarde toujours le
lieu quand je cherche un emploi, un stage parce que sinon après c’est ingérable » ;
- « Pour les intérims ça m’a freiné, ils me donnaient des missions qui peut-être auraient
pu aller en CDI, j’ai jamais pu les prendre ; c’est pour ça aussi que j’ai eu des
périodes de 2-3 mois je faisais rien où les intérims elles m’appelaient plus parce que je
ne pouvais pas me déplacer plus loin » ;
- « Je suis parti m’inscrire dans les boites d’intérim et puis ils m’ont dit non parce que
j’avais pas de moyen de locomotion »
Cette difficulté à se déplacer a été difficile à appréhender pendant l’enquête. En effet, les
jeunes en proie à cette difficulté ne sont tout simplement pas venus aux entretiens. Concernant
l’impact de cet obstacle sur la continuité du parcours dans Trajectoire, quelques personnes en
période interstitielle ont déclaré que les transports étaient un inconvénient. Néanmoins, elles ont
toujours réussi à poursuivre leur accompagnement régulier avec l’organisme de formation pilote
(co-voiturage, contacts téléphoniques…). Elles sont toujours parvenues à trouver des solutions et,
pour l’instant, déclarent que ceci n’a pas eu d’effet démobilisateur. D’autres personnes ont
cependant mis l’accent sur les problèmes de coût : pour elles se déplacer n’est pas un problème
en soi (elles possèdent une voiture personnelle) mais la part de leur budget consacré aux frais
d’essence peut devenir trop importante.
78
⇒ Suggestions émises par les bénéficiaires
D’une manière générale, toutes les personnes interrogées déclarent qu’elles auraient souhaité
avoir plus d’informations sur Trajectoire. En effet, les coordinateurs de l’organisme de formation
pilote n’interviennent qu’une fois, en début de parcours dans Trajectoire, et certaines personnes
regrettent qu’ils ne soient pas venus à plusieurs reprises (ou qu’ils n’aient pas reprécisé leurs
fonctions lors des bilans de prestation lorsqu’ils y sont présents). Certains bénéficiaires ont
envisagé de se renseigner davantage sur le dispositif, suite à l’entretien que nous avons eu avec
eux…., certains avaient même oublié l’existence de Trajectoire :
- « Le point faible c’est que peut-être on n’a pas très bien compris, c’est vrai que
beaucoup étaient un peu… moi j’ai pas tout tout compris sur Trajectoire, tout bien
situé et c’est vrai qu’en POP quand on nous en a parlé, on était tous un petit peu perdu
par rapport à ça… » ;
- « On n’a pas eu beaucoup beaucoup d’interventions justement au niveau de Trajectoire
donc on sait pas » ;
- « J’ai pas eu tellement de présentation de Trajectoire […] C’est dommage qu’on me l’a
pas assez expliqué ».
2-2 Pour les personnes en période interstitielle : une compréhension
progressive mais réelle
Si au démarrage, les personnes en période interstitielle ne comprennent pas forcément les
tenants et aboutissants du dispositif, une nouvelle information leur est proposée à la sortie de
prestation. Beaucoup s’accordent alors sur l’importance de cette nouvelle rencontre qui leur a
permis une meilleure perception des contenus et des objectifs de Trajectoire.
⇒ Les dates d’entrée en période interstitielle
Les périodes interstitielles que nous avons pu observer sont plus ou moins longues puisque, si
quelques personnes rencontrées sont sorties de prestation en décembre, d’autres ne sont sorties
que peu de temps avant notre enquête. Le recul vis à vis du dispositif pour ces bénéficiaires n’est
donc pas le même, et l’évaluation concernant l’impact du dispositif sur leur accès à une formation
qualifiante s’en trouve plus complexifiée.
79
Le tableau suivant présente la répartition de notre échantillon en fonction de la date de sortie
de prestation et d’entrée en période interstitielle :
Tableau 8 : Nombre de personnes selon la durée des périodes interstitielles
Moins d’un mois
4
De 1 à 3 mois
12
De 3 à 6 mois
6
Plus de 6 mois
3
TOTAL
25
⇒ Les motifs de poursuite en période interstitielle
Nous pouvons distinguer deux catégories : une première regroupant 16 personnes bénéficiant
d’un accompagnement régulier pendant la période intermédiaire (catégorie qualifiée parfois de
« période intermédiaire active » sur certains territoires), la seconde catégorie regroupe les 9 autres
personnes pour qui l’accompagnement dans le cadre de Trajectoire débute à peine ou fait l’objet
d’un suivi plus « épisodique ».
Un suivi régulier. Dans cette première catégorie, nous pouvons dégager trois motifs
différents entraînant une poursuite en PI :
-
actions régulières dans le but d’intégrer une formation précise ;
-
recherche de contrats en alternance (apprentissage ou professionnalisation) ;
-
préparation aux concours.
L’action de Trajectoire se situe donc bien ici dans une optique de mobilisation des
bénéficiaires, tout en visant la consolidation du travail réalisé en amont par les conseillers des
missions locales et les formateurs des organismes prestataires (travail qui a toute son importance
puisqu’il influe sur la réussite de l’accompagnement du tandem en aval de la prestation en termes
d’accès à la qualification). Au moment des entretiens, deux personnes étaient sûres d’intégrer la
formation visée en septembre (dates d’entrée en PI : décembre et mai), une autre était sur liste
d’attente (date d’entrée en PI : mi-avril).
80
Un suivi plus « épisodique » ou ponctuel. Dans cette deuxième catégorie, nous intégrons :
-
des personnes sorties de prestation peu de temps avant l’entretien. Si leur entrée en PI a
été déterminée lors du bilan final, elle n’était pas encore effective au moment de
l’entretien ;
-
des personnes actuellement en emploi (en adéquation avec leur projet : concrétisation de
la signature d’un contrat en alternance ou capitalisation d’une expérience dans le domaine
visé). Elles restent dans la dynamique d’un retour en formation qualifiante ;
-
des personnes ayant bénéficié d’une période intermédiaire plus courte avant l’entrée dans
une prestation telle PACA ou POP.
La prise en charge des bénéficiaires en sortie de prestation DRIP est donc bien individualisée
et différenciée en fonction des situations et suivant les souhaits des jeunes de vouloir ou non être
accompagné fréquemment, ou au contraire d’aller vers l’emploi tout en gardant un contact avec
l’organisme pilote. Nous retrouvons alors l’idée de soutien, même s’il est moins fréquent, il
permet néanmoins de ne pas perdre de vue l’objectif initial qui est le retour en formation.
⇒ Avis sur les actions menées
De nombreuses actions complémentaires interviennent au cours de ces périodes
intermédiaires. Ainsi, il existe désormais sur tous les territoires de la recherche-action une
utilisation plus systématique des outils déjà présents tels que les APP et de nombreux ateliers
permettant de préparer au mieux le stagiaire à sa future entrée en formation qualifiante : ateliers
CV et lettres de motivation, simulations d’entretiens, recherche de contrat (alternance et stage),
initiation informatique, ciblage des entreprises, explications sur les conditions de financement des
formations, travail sur le projet et construction d’un portefeuille de compétences, passage de tests
psychotechniques, visites, immersion de quelques jours en formation…
De nombreuses mises en relation sont également effectuées : mises en relation pour intégrer
une autre prestation, des contacts sont également pris avec les organismes de formation
qualifiants16 ou d’autres structures plus à même de trouver des réponses adaptées aux
problématiques des personnes en période interstitielle (Prométhée par exemple).
16
Pour connaître au mieux les pré-requis d’entrée et permettre aux stagiaires de rencontrer les formateurs.
81
Les actions prédominantes sont bien évidemment les entretiens individuels et les
regroupements. En fonction des territoires et des besoins des jeunes, ces interventions peuvent
être bimensuelles, hebdomadaires, voire quotidiennes lorsque le référent Trajectoire l’estime
nécessaire.
Les regroupements sont parfois perçus par les bénéficiaires comme le but de la semaine : « je
me dis que le jour du regroupement c’est là où je me concentre que pour ça. C’est pas juste une
heure de temps en temps ». Ces rendez-vous fréquents permettent aussi l’élaboration de plannings
qui s’avèrent nécessaires, puisqu’ils permettent une mise à distance vis-à-vis du travail accompli.
Ceci participe à la sécurisation des parcours : « on faisait toujours ça, des plannings à la semaine
et ça, ça m’aidait beaucoup. Ca m’a permis de rester mobilisé parce qu’après avec les
entreprises et tout qui était complet, ben j’étais à deux doigts de lâcher ma formation ». Mais la
sécurisation peut également se faire par le biais de contacts téléphoniques réguliers. Quelques
personnes en bénéficient faute de pouvoir toujours se déplacer. Elles expliquent que ces appels
réguliers permettent de faire le point et de maintenir leur motivation à reprendre des études,
d’aller au bout de leur projet.
Dans l’ensemble, toutes les personnes en période interstitielle mettent en évidence
l’accompagnement régulier et fréquent dont elles bénéficient comme un atout et se déclarent
satisfaites. Pour améliorer cet accompagnement, elles font parfois quelques suggestions :
-
certaines pensent que des regroupements par projet seraient pertinents. En effet, sur
deux territoires de la recherche-action, des regroupements sont organisés afin que les
bénéficiaires échangent sur leur projet respectif et puissent continuer leur travail sur la
rédaction des lettres de motivation et CV… Cependant, certains bénéficiaires estiment
qu’un regroupement ne concernant que les personnes ayant le même projet favoriserait
encore plus leur implication : « j’ai trouvé dommage que le regroupement n’est pas
forcément en lien avec le métier […] comme ça on aurait plus d’informations, on saurait
plus se diriger » ;
-
Trajectoire permet un accompagnement dans la recherche de contrats en alternance (entre
autres), mais certaines personnes souhaiteraient qu’il y ait plus de lien entre le jeune et
l’entreprise. Certes, elles se sentent accompagnées mais s’attendaient à ce qu’il existe un
réseau plus prégnant entre l’OF pilote et les entreprises du bassin d’emploi :
82
- « Moi je croyais qu’on allait nous présenter ou nous mettre en relation avec des
entreprises et j’ai pas vu ça pour l’instant, pas encore » ;
- « Ben peut-être qu’il y ait plus d’accompagnement dans la recherche d’entreprise
vraiment quoi […] parce que là on est accompagné c’est sûr mais après dans,
vraiment dans la recherche d’entreprise, il y a pas beaucoup d’accompagnement
quoi »
⇒ Avis sur le dispositif d’ensemble.
Au regard des propos recueillis, motivation et soutien sont les principaux apports de ce
nouveau type d’accompagnement renforcé et coopératif dispensé à la sortie de prestation. Ainsi,
l’avis des bénéficiaires des périodes interstitielles, concernant ce nouveau cadre, est assez positif
puisqu’il permet d’accroître et/ou de maintenir leur motivation. Il apporte également un soutien
régulier qui, pour certains, est beaucoup plus important que tout le reste.
• Une motivation accrue…
De nombreux bénéficiaires insistent sur la « motivation ». Le suivi régulier et fréquent,
inhérent à ce nouveau mode d’accompagnement, est apprécié et contribue fortement à les
motiver. En effet, ces personnes sorties du cadre de la prestation DRIP (qui impose une présence
journalière) estiment que Trajectoire leur permet d’aller au bout des choses. Certaines personnes
déclarent d’ailleurs que sans ce suivi, elles n’auraient pas accompli autant de démarches, elles
auraient peut-être même abandonné. :
- « En fait je pense que déjà j’aurais peut-être pas été forcément très motivée, j’aurais
pas passé tous les coups de fil que j’ai passé » ;
- « c’est régulier donc l’effort est constant, ça me permet de pas relâcher la prise
qu’on a sur la volonté de trouver quelque chose, de garder l’effort constant en fait
parce que c’est vrai que j’ai eu des coups de mou pendant Trajectoire »
• … permise par un soutien actif :
Le soutien est également un des atouts évoqué par les bénéficiaires. En effet, la disponibilité
des coordinateurs de l’organisme pilote semble être une condition favorisant la mobilisation des
bénéficiaires tout au long de leur parcours :
- « Moi je sais qu’il y aurait pas eu Trajectoire après la POP, j’aurais rien fait […]
J’ai l’impression de sentir qu’il y a quelqu’un derrière moi et ça c’est bien […]
Ouais, je sais toujours qu’il y aura toujours quelqu’un de disponible et je pense que
ça me fait du bien de le savoir, ça me rassure » ;
83
- « Ce qui m’a apporté le plus, ben c’est beaucoup d’aide en fait, de soutien » ;
- « Si j’étais tout seul, ce serait deux fois plus dur, moi il y a des moments où des fois
j’étais un peu perdu, surtout quand je suis sorti de POP parce que ben même si j’ai
validé mon projet, je suis sorti de là … avec eux, j’étais un peu moins perdu » ;
- « Elle [la référente Trajectoire] était là pour avoir une petite aide psychologique
aussi parce qu’avoir des refus tout le temps c’est pas facile, donc elle est là un petit
peu pour déstresser, moi j’ai pris ça comme ça aussi en fait »
• Un double suivi nécessaire
Bien que la distinction des rôles, comme nous l’avons vu, ne semble pas évidente pour tous, il
apparaît cependant que la possibilité d’avoir différents interlocuteurs soit appréciée. Beaucoup
insistent sur la possibilité de multiplier et croiser les sources d’informations et/ou de se sentir
plus soutenu par plusieurs acteurs, qui les aident dans la construction de leur parcours et les
écoutent. Ainsi, « chacun peut nous apporter quelque chose quoi je pense, c’est un plus d’avoir
les deux ; on est encadré encore plus je veux dire et ça c’est important pour moi parce que ça
nous pousse un peu quoi ».
3- MISE EN PERSPECTIVE DES RESULTATS DE L’ENQUETE AVEC L’ARBRE DES
OBJECTIFS
Comme nous l’avions évoqué dans le rapport intermédiaire, le thème du projet professionnel
paraît être central dans la construction des parcours de Trajectoire. Ainsi, il devient le support de
l’action du tandem ML/ OF pilote au service de la sécurisation des parcours17.
Le projet : de quoi parle t-on ?
Nous pouvons définir le projet comme un processus d’apprentissage et d’anticipation
individuelle permettant de définir et d’organiser un ensemble d’actions orientées
intentionnellement vers un but préalablement déterminé.
Le projet est un « construit social » entre la personne (en fonction de sa personnalité, de ses
ressources et contraintes…) et son environnement (le monde qui l’entoure : marché du travail,
son entourage, ses réseaux…). Elaborer un projet passe donc par un processus d’apprentissage
possible grâce à l’accompagnement dispensé par différents acteurs.
17
Nous rappelons que ce point a fait l’objet d’un développement plus important dans le rapport intermédiaire remis
en juin 2008.
84
On peut distinguer trois temps dans l’accompagnement :
- un temps de l’amont (avant l’entrée en prestation) dispensé par les missions locales ou
l’ANPE et indispensable pour sensibiliser les personnes à la démarche de projet et résoudre
toutes les difficultés pouvant entraver l’intégration dans cette démarche ;
- un temps d’élaboration du projet professionnel dispensé par les organismes de formation
prestataires en complémentarité avec les missions locales : prolongation du travail commencé
en amont et décisif pour la confrontation au marché du travail entre autres, ce qui peut être plus
ou moins long en fonction du parcours antérieur de la personne accueillie ;
- un temps de concrétisation/mise en œuvre du projet professionnel dispensé par l’OF pilote en
coopération avec les missions locales : dans le cadre de Trajectoire, la concrétisation de ce
projet professionnel doit passer par un retour en formation qualifiante.
Dans le cadre du DRIP, il convient de souligner l’hétérogénéité des publics accueillis sur les
prestations du DRIP (en termes de caractéristiques individuelles : âge, acquis scolaires,
expérience professionnelle, logement, contraintes financières, aptitudes…), ainsi que sur la
diversité des degrés d’élaboration du projet lors de l’entrée en prestation DRIP. De plus, le
temps nécessaire à la construction et à la maturation d’un projet professionnel ne saurait se
réduire à un temps chronologique et linéaire.
Au regard des parcours recueillis lors de l’enquête, il semble qu’adhérer à la démarche de
projet n’aille pas de soi dans un premier temps, et qu’envisager un retour en formation demande
également du temps, quand bien même la formation ferait partie des demandes lors de la
première venue à la mission locale, elle n’en est pas l’unique attente. En effet, certains jeunes
souhaitent avant tout qu’on les aide dans leurs démarches d’orientation. La question de reprendre
une formation ne se pose pas pour eux d’emblée. D’autres, à l’inverse, souhaiteront avoir accès à
une première qualification.
Puisque Trajectoire a pour objectif stratégique spécifique d’ « aider les jeunes et adultes du
DRIP à concrétiser leur projet professionnel lorsqu’il mène à une certification de leurs
compétences », il est particulièrement intéressant de considérer dans un premier temps le rapport
à la formation des personnes interrogées.
85
3-1 Le rapport à la formation
Nous ferons une distinction entre les personnes rencontrées suivant leur niveau de
qualification, puis proposerons différents motifs explicatifs de cette prise de position.
Rappelons qu’un travail réalisé par le Céreq a mis en évidence que le retour en formation se
fait sous certaines conditions18. Aussi, le type de formation (en évitant le retour à l’école) semble
être déterminant et le profil du formateur parait aussi très important. La quasi-certitude d’accéder
à un emploi favorise également la perspective d’une reprise de formation. Enfin, la rémunération
est également un facteur à prendre en compte, même si, nous le rappelions, chacun a sur cette
question très relative son propre cadre de référence.
⇒ La position des bénéficiaires concernant une éventuelle reprise de formation selon le
niveau de qualification
Le tableau suivant présente l’avis des personnes rencontrées en fonction de leur niveau
scolaire et de leur volonté de reprendre une formation qualifiante avant l’entrée en prestation :
Tableau 9 : Rapport à la formation en fonction du niveau scolaire lors de l’entrée en
prestation
Rapport à la formation
VI
Vbis
Niveau scolaire
V
IV
III
Souhait de reprendre une
formation qualifiante avant
l’entrée en prestation
5
8
7
11
1
32
Non souhait de reprendre une
formation qualifiante avant
l’entrée en prestation
5
7
13
1
2
28
TOTAL
10
15
20
12
3
60
TOTAL
Ainsi, 32 personnes envisageaient un retour en formation qualifiante avant l’entrée en
prestation, soit une faible majorité. Ce tableau révèle également que si la quasi-totalité des jeunes
de niveaux IV avait pensé à une éventuelle reprise de formation (11 sur 12), la situation est
18
BESSES M. (de), CART B., GASQUET C., LOPEZ A., MORA V., MOUY P. et VERLEY E., (2007), Six ans
après la formation initiale, des jeunes sans diplôme face à une offre de formation qualifiante différée, in «Une
formation qualifiante différée pour les jeunes non diplômés ? », Relief n° 23, Rapports du Céreq.
86
différente pour ceux de niveaux V qui, majoritairement, ne l’envisageaient pas. Cependant les
niveaux VI et Vbis ont un avis plus partagé.
⇒ Les raisons d’une telle position vis-à-vis de la formation
Le lien qualification-emploi est clairement évoqué par les personnes ayant envisagé un retour
en formation qualifiante. En effet, elles expriment une réelle volonté d’obtenir un diplôme,
parfois supplémentaire : ce motif est mentionné aussi bien par des personnes non qualifiées (VIVbis) que par des personnes qualifiées (V, IV et plus). Ce « désir de diplôme » est souvent la
cause d’une frustration ressentie lors du parcours scolaire antérieur : arrêt scolaire prématuré mais
regretté, échec lors de l’examen ou impossibilité d’accéder
à un niveau de qualification
supérieur. Le diplôme est alors perçu comme un passeport permettant l’accès à l’emploi,
notamment par les personnes de niveau IV.
Pour les personnes de niveau V, il y a une prise de conscience, provoquée notamment par la
confrontation au marché du travail, qu’un faible niveau de qualification ne facilite pas
l’insertion durable.
Enfin, certaines personnes (qualifiées et non qualifiées), avec ou sans projet précis, avaient
envisagé un retour en formation qualifiante, conscientes qu’un changement d’orientation
implique nécessairement l’acquisition de nouvelles connaissances.
Les personnes n’ayant pas envisagé d’éventuel retour en formation qualifiante le justifient en
premier par le motif de la priorité donnée à l’emploi immédiat. En effet, 11 personnes, soit un
peu plus du tiers des personnes concernées ici, visent le retour à l’emploi avant l’entrée en
prestation. Une majorité d’entre elles avait d’ailleurs émis cette demande lors de leur venue à la
Mission Locale. Notons également que ce motif est énoncé par 8 personnes de niveau V19 (sur les
13 n’envisageant pas de retour en formation qualifiante).
19
Dont 5 désormais en période interstitielle.
87
Cette volonté de se diriger tout de suite vers l’emploi est expliquée de différentes façons :
-
tout d’abord, la prestation est souvent perçue comme un relais vers l’emploi :
plusieurs personnes, de niveau V notamment, éprouvent des difficultés à trouver un
emploi en adéquation avec leur diplôme et estiment que la prestation proposée dans le
cadre du DRIP leur suffira pour pallier leur manque d’expérience par le biais des
stages. D’autres personnes, dans une démarche de réorientation et non de vérification
de projet, perçoivent également la prestation comme un relais, pour exemple : « pour
moi c’était POP, donc on découvre un métier, ça me plait et hop le métier quoi » ;
-
toujours parmi les personnes de niveau V, certaines estiment qu’elles n’ont pas les
capacités suffisantes pour accéder au diplôme supérieur ;
-
la vie personnelle peut paraître difficile à conjuguer avec un retour en formation
qualifiante ;
-
pour les personnes habituées à percevoir un salaire, une baisse de rémunération
semble peu envisageable ;
-
un retour en formation est parfois considéré comme inutile ;
-
l’obtention d’un diplôme l’année précédant l’entrée en prestation implique que la
priorité pour ces personnes est naturellement l’emploi et non le retour en formation ;
-
enfin, le motif « emploi » est parfois associé avec un refus de retourner à l’école (soit
par désamour, soit ce retour représente un investissement trop coûteux en termes de
durée de formation). Ces personnes, en majorité non qualifiées, déclarent être
« allergiques aux cours », une d’entre elles ajoute qu’elle appréhendait d’ailleurs son
entrée en prestation pour cette raison.
Par ailleurs, 10 personnes ont déclaré qu’elles n’envisageaient pas de retour en formation
qualifiante puisqu’elles n’avaient pas de projet au préalable, la question de la formation ne
s’est posée qu’ensuite. Enfin quelques personnes (de niveau VI et Vbis) soulignent leur
méconnaissance du système de formation.
88
3-2 Le rapport au projet
La question du projet, ses multiples approches, ses limites, son instrumentation, ont été largement
évoqué et débattu dans le rapport intermédiaire. Nous présenterons ici essentiellement le
positionnement des jeunes que nous avons enquêtés suivant quelques caractéristiques que nous
considérons comme éclairante de ses ambigüités de perception et de mise en œuvre.
⇒ Existence d’un projet au préalable
Parmi les 60 personnes rencontrées, 24 déclarent avoir déjà un projet20 lors de leur première
venue à la mission locale (soit parfois plusieurs années en amont de leur entrée dans Trajectoire),
13 sont qualifiées et 11 sont non qualifiées. Le tableau suivant représente ces 24 personnes en
fonction de leur niveau de qualification et au regard de l’échantillon total.
Tableau 10 : Répartition de la population déclarant avoir un projet au préalable en
fonction du niveau de qualification et au regard de l’échantillon total
VI
Existence d’un projet au préalable
Echantillon total
6
10
Niveau de qualification
Vbis
V
IV
5
15
8
20
5
12
TOTAL
III
0
3
24
60
Si l’on admet généralement que les personnes qualifiées ont plus de capacités à se projeter,
notre échantillon présente une situation inversée. Ainsi, 11 personnes non qualifiées sur 25
déclarent avoir un projet, ou en tout cas une idée de ce qu’elles souhaitent faire, lors de leur
première venue à la Mission Locale. Elles représentent 44% des personnes non qualifiées que
compte notre échantillon. En revanche, les personnes qualifiées n’en représentent que 37% (13
jeunes disent avoir eu un projet au préalable sur 35 en tout.
20
Ce que nous entendons ici par « projet » correspond au fait que la personne ait une idée plus ou moins précise du
domaine d’activité ou du métier qu’elle souhaite exercer lorsqu’elle arrive à la mission locale. Ce projet peut être
d’emploi ou de formation. Il peut être plus ou moins élaboré et plus ou moins « réaliste et réalisable ». En effet,
parfois ce n’est qu’une idée, une envie de faire quelque chose en particulier. Mais pour d’autres, cette idée est
devenue une réelle projection motivant leur venue à la mission locale dans le but de vérifier ce projet et surtout d’être
aidé afin que celui-ci se concrétise.
89
Outre ces différences dans le degré d’élaboration du projet, nous distinguons deux moments
d’émergence : certains projets sont déjà présents à la sortie du système scolaire et d’autres
naissent pendant les parcours post-scolaires. Si tous ont été déclencheurs de la venue à la mission
locale, tous n’ont donc pas la même origine. Ainsi, parmi les 24 personnes ayant une idée de ce
qu’elles voulaient faire lors de leur venue à la mission locale, 16 personnes déclarent qu’elles
avaient déjà un projet à leur sortie du système scolaire. Parmi elles, 11 sont qualifiées et
souhaitent qu’on les aide à trouver un emploi ou une formation complémentaire en adéquation
avec leur domaine de qualification initial. 8 autres ont commencé à élaborer, ou au moins à
penser, à un éventuel projet pendant leur parcours d’insertion professionnelle. Parmi elles, deux
sont qualifiées. La naissance de ce projet fait alors suite à leurs diverses expériences
professionnelles, souvent effectuées dans leur domaine de qualification initiale, mais ne leur
correspond plus. Cette émergence peut également être due à de longues périodes d’activité
intérimaire favorisant une définition de ce qui leur plait ou non, et contribuant à identifier un
métier particulier.
Au regard des différents parcours avant l’entrée dans Trajectoire, il semble paradoxalement
que l’existence d’un projet depuis la sortie du système scolaire soit un frein pour beaucoup de
personnes. En effet, cette présence « précoce » d’un projet a pu contraindre certaines personnes à
rester dans la précarité. Ces dernières étant focalisées sur l’atteinte d’un but particulier (trouver
un emploi dans le domaine visé), elles ont négligé les opportunités autres pouvant se présenter,
affaiblissant ainsi leur degré d’employabilité et leurs possibilités d’accès à un tout autre emploi
même précaire.
Les positions concernant la démarche de projet changent sous l’influence du parcours
personnel, professionnel et/ou d’insertion. Au fur et à mesure du temps, une lassitude s’installe
pour certains, exposés à trop de précarité. L’échec à s’insérer (même de façon précaire) devient
pesant pour d’autres, de nouvelles envies apparaissent, les situations personnelles évoluent et le
projet devient alors un outil permettant d’avancer, sorte d’appui salvateur.
90
A travers le tableau suivant, nous précisons la situation de ces 24 personnes dans Trajectoire.
Tableau 11 : Répartition de la population disposant d’un projet lors de leur première
venue à la Mission Locale en fonction de leur situation dans Trajectoire au moment
de l’entretien
Situation dans Trajectoire
TOTAL
Existence d’un projet
Population totale
Sorties
Actuellement en
prestation
En période
interstitielle
4
13
8
22
12
25
24
60
Ainsi, 4 personnes sorties du dispositif avaient un projet lors de leur première venue à la
Mission Locale ; 8 sont actuellement en prestation et 12 (soit la moitié) sont en période
interstitielle au moment de l’entretien (ceci représente également presque la moitié des personnes
dans cette situation). Aussi, une fois encore, le travail effectué en amont et pendant la prestation
parait avoir été payant.
⇒ Appropriation de la notion de projet
Nous considérons qu’il y a appropriation de la notion de projet à partir du moment où les
personnes font référence à la notion de projection et/ou de but car, comme le définit D.
CASTRA, le projet professionnel serait une « forme d’anticipation, de tentative de maîtrise d’un
avenir qui échappe à l’individu »21. Le projet serait alors avant tout perçu comme un outil
permettant de trouver un métier (pour certains : « le projet est un métier »). Il permettrait
également de trouver un emploi, d’avoir une qualification (notamment pour les personnes non
qualifiées), et surtout permettrait de « savoir »… (En particulier pour les personnes non qualifiées
ou d’un faible niveau de qualification).
Il existe cependant des personnes qui ne se sont pas approprié la notion de projet. Ainsi
quelques personnes (qualifiées et non qualifiées) ont tendance à expliquer cette notion à travers
ce qu’elles ont été amenées à effectuer durant la prestation ; elles reprennent ainsi à leur compte
les différentes définitions qu’ont pu leur donner les formateurs responsables des prestations.
21
Castra D., (2003), « L’insertion des publics précaires », PUF.
91
Le tableau suivant répartit les personnes rencontrées en fonction de l’existence préalable d’un
projet, de leur situation dans Trajectoire et de leur appropriation (ou non) de la notion de projet.
Tableau 12 : lien entre existence d’un projet lors de la première venue à la mission locale,
situation dans Trajectoire et appropriation de la notion de projet
Sorties
Actuellement en prestation
En période interstitielle
TOTAL
Appropriation
Non
appropriation
Appro-priation
Non
appropriation
Appropriation
Non appropriation
3
1
8
0
11
1
24
Pas de projet
préalable
7
2
9
5
10
3
36
TOTAL
10
3
17
5
21
4
60
Existence d’un
projet
Ainsi, 12 personnes n’ont pu expliquer et définir la notion de projet. Nous remarquons que 4
personnes en PI ne semblent pas s’être approprié cette notion. Au regard de leur discours, deux
ont été surprise par la question qui leur était posée et n’ont pas su répondre. Deux autres semblent
avoir assimilé la démarche (dans le sens opératoire) mais pas la notion, puisqu’elles ne peuvent
se détacher de ce qu’elles sont amenées à faire concrètement afin de donner une définition
beaucoup plus globale. Les 8 autres sont sorties du dispositif ou actuellement en prestation DRIP
(depuis un à quatre mois) ; aussi pour ces dernières, la notion peut encore évoluer avant de
prendre du sens.
⇒ Adhésion à la démarche de projet
Différents motifs incitatifs à la construction d’un projet ont été mentionnés par les
bénéficiaires :
-
la confrontation au marché du travail amène certaines personnes à se diriger (plus ou
moins longtemps après l’arrêt de leur scolarité) vers la démarche de projet : le fait de
n’avoir pas réussi à s’adapter au marché du travail déclenche alors l’envie d’intégrer une
démarche de projet afin « d’avoir un métier où il y a de l'avenir », de « trouver un métier
fixe, porteur, où il y a des débouchés pour moins galérer » ou encore « d’être sûr quoi
[…] je préfère avoir mon projet sûr et puis travailler dans ce métier là toute la vie
92
quoi », « sans projet je peux pas travailler parce que j’ai déjà essayé et j’ai pas trouvé
donc… ». L’influence de ce facteur est multiple. En effet, certaines personnes rattachent
leur volonté d’élaborer un projet au fait de ne plus supporter l’alternance travail/chômage
et la précarité provoquée par le travail en intérim. Une certaine recherche de stabilité
passe par l’élaboration d’un projet. D’autres expliquent leur volonté de faire enfin
quelque chose qui leur convient. Enfin parfois, si l’expérience professionnelle a une
influence sur leur degré de détermination, celle-ci est souvent couplée avec l’évolution de
la vie personnelle ;
-
l’existence d’un projet, ou en tout cas d’une idée de cible professionnelle, facilite
également l’envie d’entrer dans une prestation DRIP. Son émergence est bien souvent la
conséquence d’un suivi déjà effectué par la MGI/MIJEC ou le fait d’avoir déjà intégré
une prestation DRIP auparavant, ce qui a permis une première sensibilisation à la
démarche de projet (même si cette première tentative ne s’était pas avérée concluante
pour différentes raisons : le projet défini alors n’a pas pu se concrétiser par une entrée
positive sur le marché du travail, pour d’autres il n’avait pas été suffisamment élaboré
pendant la première prestation) ;
-
le fait de se sentir « perdu » à un moment donné incite certaines personnes à adopter la
démarche de projet comme stratégie d’insertion : cette posture est souvent le résultat
d’une « errance » dans l’inactivité, ne sachant pas comment ni où (dans quel domaine)
chercher un emploi. Ainsi, certaines personnes intègrent la prestation DRIP car elles l’ont
demandé explicitement à leur conseiller mission locale. D’autres enfin évoquent le
« besoin de savoir où aller », de cibler quelque chose de précis (conséquence parfois
d’une nécessité de faire le deuil d’un premier projet pour des problèmes de santé par
exemple : « parce que ce que j’avais envie de faire, je pouvais plus le faire »). Ici, c’est
l’absence de projet qui devient incitative de l’adoption de cette démarche ;
-
l’évolution de la situation personnelle est également évoquée. En effet, la présence d’un
enfant et le fait de vivre désormais en couple favorise une remise en question quant aux
difficultés d’accès à l’emploi : « ben ce qui m’a fait ouvrir les yeux c’est, c’est mon
enfant, j’ai dit « je peux pas rester sans rien faire ». Ceci facilite également les
93
possibilités de projection (projection qui n’existait pas au préalable) et confirme bien
qu’un projet ne s’élabore pas à n’importe quel moment :
« C’est à partir que j’ai rencontré mon compagnon en fait, ça m’a calmée et j’ai
repris ben les choses en main quoi, je veux dire ça m’a permis de penser à
l’avenir, pas rester sans rien faire et puis voilà quoi » ;
-
enfin le dernier motif évoqué est la pression sociale :
« La société dans laquelle on vit…ouais fin faut bien gagner de l’argent quoi c’est
surtout ça quoi… et puis j’ai quand même besoin de quelque chose de cadré un
peu parce que sinon je fais un peu tout et n’importe quoi ».
Un dernier facteur22 peut intervenir qui joue également comme variable de socialisation. En
effet, il ne faut pas omettre que la durée du suivi, ou en tout cas la fréquence des entretiens avec
la mission locale (souvent due à l’inscription de la personne dans le dispositif CIVIS), est
également un facteur incitatif pour une adhésion à la démarche de projet. En effet, ce suivi en
amont de l’entrée en prestation sensibilise certaines personnes au fait de vérifier d’abord la
validité de leur projet plutôt que d’essayer trop tôt de s’insérer professionnellement, alors qu’en
définitive elles auront très peu de chances d’y arriver du fait de leur manque de qualification.
⇒ Le lien projet-formation
Pour qu’une personne puisse intégrer Trajectoire, il faut qu’une reprise de formation prenne
sens, en s’appuyant sur un projet professionnel. Comme nous l’avons évoqué précédemment, 24
personnes déclarent avoir un projet lors de leur première venue à la mission locale. Il convient
d’identifier le rapport entre cette existence de projet et le fait d’envisager un retour en formation
qualifiante.
Nous proposons le tableau suivant afin d’appréhender la position des personnes rencontrées en
fonction de leur niveau scolaire, de leur volonté de reprendre une formation qualifiante avant
l’entrée en prestation, et de l’existence préalable ou non d’un projet :
22
Même s’il n’a pas été énoncé comme tel dans les discours, il a souvent été sous-entendu, certaines personnes
mettant l’accent sur sa régularité.
94
Tableau 13 : Répartition de l’échantillon en fonction du niveau scolaire et du rapport à
la formation et au projet
Rapport à la formation et au projet
VI
Vbis
Souhait de reprendre une formation
qualifiante avant l’entrée en prestation
et existence d’un projet
5
5
Souhait de reprendre une formation
qualifiante avant l’entrée en prestation
mais pas de projet
0
Non souhait de reprendre une formation
qualifiante avant l’entrée en prestation
mais existence d’un projet
Niveau scolaire
V
TOTAL
IV
III
1
4
0
15 *
3
6
7
1
17 **
1
0
7
1
0
9 ***
Non souhait de reprendre une formation
qualifiante avant l’entrée en prestation
et pas de projet
4
7
6
0
2
19 ****
TOTAL
10
15
20
12
3
60
* Dont 6 en période interstitielle et 6 encore en prestation au moment de l’entretien.
** Dont 6 en période interstitielle et 5 encore en prestation au moment de l’entretien.
*** Dont 6 en période interstitielle et 2 encore en prestation au moment de l’entretien.
**** Dont 7 en période interstitielle et 9 encore en prestation au moment de l’entretien.
Ainsi, nous remarquons que l’existence d’un projet peut inciter certaines personnes à
envisager une reprise de formation qualifiante (en l’occurrence ici, elles représentent 15
personnes sur 24 déclarant avoir un projet). A l’inverse, 17 personnes qui n’avaient pas de projet
lors de leur première venue à la mission locale, envisageaient cependant une reprise de formation.
Le lien projet-formation n’irait donc pas toujours de soi. Enfin, 19 personnes ne souhaitent pas
reprendre de formation qualifiante et déclarent n’avoir aucun projet.
Tout ceci démontre bien l’importance du travail effectué en amont de l’intégration proprement
dite en période interstitielle. La formation n’est pas une priorité pour tous et elle prend bien
souvent sens pendant la prestation.
⇒ Les changements de point de vue en cours de prestation
Le tableau ci-dessus représente l’avis émis avant l’entrée en prestation. Mais, ces personnes
peuvent être amenées à changer d’opinion en cours de prestation, d’autant que parmi les 28
95
personnes n’envisageant pas d’intégrer une formation au préalable, 13 sont désormais en période
interstitielle et par conséquent dans une démarche de qualification.
Beaucoup évoquent au moment de l’entretien l’éventualité de reprendre une formation. Seules
trois personnes restent catégoriques et « refusent » de retourner à l’école. Plusieurs facteurs
favorisant le changement de perception de la formation peuvent être énoncés, chaque facteur
pouvant se combiner avec d’autres :
-
l’action des conseillers des missions locales avant et pendant les prestations ainsi que
celle des formateurs des organismes prestataires en termes de sensibilisation par rapport à
la formation ;
-
le contenu de la prestation, puisqu’il permet une confrontation avec les exigences du
monde professionnel par le biais d’enquêtes et de stages. Il met donc en évidence
l’importance d’une qualification ;
-
la définition d’un projet professionnel est le facteur le plus souvent cité ; le travail
effectué au cours de la prestation rend la reprise de formation plus envisageable ;
-
l’entourage et/ou l’évolution de la situation personnelle de certaines personnes sont
également des éléments qui peuvent favoriser l’envie de reprendre une formation ;
-
la conjoncture économique est également une variable à prendre en compte ;
-
enfin, un dernier facteur permettant une réflexion sur une éventuelle reprise de formation
reste la « peur de ne pas s’insérer »23, c'est-à-dire de devoir à nouveau retourner dans
l’inactivité.
Ainsi, la formation qualifiante prendra d’autant plus de sens qu’elle est liée soit à un emploi
(amélioration de la situation professionnelle), soit à un projet spécifique (réorientation
professionnelle, volonté d’acquérir un diplôme supérieur ou particulier en rapport avec le métier
visé…).
Mais, le lien projet-formation n’existe pas pour tous ex ante, même si certaines personnes
disposent d’un projet lors de leur première venue à la mission locale. Celles-ci imaginent alors
plutôt effectuer une prestation DRIP pour vérifier leur idée, voir si le métier leur correspond et
96
acquérir de l’expérience. Mais elles n’anticipent pas forcément la nécessité formelle d’une étape
de formation. A l’inverse, certaines personnes envisagent cette étape mais sans référence à un
projet précis.
Nous retiendrons au total que l’influence du projet sur la volonté de reprendre une formation
qualifiante peut être de plusieurs types :
-
sa présence permet de faire rapidement un lien avec la nécessité d’une formation ;
-
son absence est un des facteurs permettant d’expliquer que certaines personnes
n’envisagent pas un éventuel retour en formation lorsqu’elles entrent en prestation ;
-
sa définition lors de la prestation DRIP permet alors de donner du sens à la nécessité de se
former.
Au regard des propos recueillis, le projet professionnel motive profondément certaines
personnes Ainsi, l’existence du dispositif Trajectoire ne serait pas pour eux un facteur
déterminant. Néanmoins, ces personnes se présentent elles-mêmes comme étant déjà très
autonomes (ce qui n’est pas forcément le cas de tout le public suivi généralement par les missions
locales) :
- « S’il y avait pas eu Trajectoire, j’aurais continué quand même dans la démarche
de formation ; à la fin de la POP je commençais déjà à m’inscrire dans les
centres de formation » ;
- « En fait moi à la sortie j’avais décidé donc de reprendre les études donc j’avais
déjà entamé des démarches…».
Bien que le projet professionnel joue un rôle moteur, d’autres personnes reconnaissent
néanmoins qu’être accompagné peu être décisif : « Trajectoire ou pas de toute façon j’aurais été
au bout, je voulais reprendre les études. Mais Trajectoire pour moi finalement ça a été une
source de motivation et une aide psychologique ».
3-3 La sécurisation des parcours
Les parcours sont le plus souvent itératifs. Le public jeune est en pleine construction de son
identité personnelle et professionnelle ; il se « cherche », notamment par le biais de nombreuses
23
Mauger G., (1998), Peur de s’insérer, peur de ne pas s’insérer, in « Les jeunes, l’insertion, l’emploi », coll.
Education et Formation, PUF.
97
expériences sur le marché du travail qui lui permettent de se confronter avec le monde
professionnel pour donner du sens à un parcours.
Nous avons pu mesurer cette diversité de situations et de choix. En référence à L.
ROULLEAU-BERGER24, nous pouvons rendre compte cette hétérogénéité. Différents types de
« carrières » vont permettre de caractériser les diverses logiques d’accès à l’emploi adoptées par
les jeunes : les « carrières d’assignation à la précarité », les « carrières d’adaptation à la
précarité » et les « carrières de résistance à la précarité ».
Les parcours observés dans notre enquête peuvent être revisités en fonction de cette
typologie :
-
dans les « carrières d’assignation à la précarité » où « la possibilité d’élaborer un
projet susceptible de les faire accéder à un travail épanouissant semble exclue de leur
univers », nous retrouvons des personnes n’ayant pas ou très peu travaillé depuis l’arrêt de
leur scolarité et connaissant des périodes de chômage de longue durée. Y sont également
intégrées des personnes ayant connu des périodes d’emplois précaires, c’est-à-dire souvent
à temps partiel et de courte durée, des périodes d’intérim avec peu de propositions de
contrats, ainsi que des personnes ayant un parcours où le recours à des organismes tels que
la MGI, la MIJEC ou les dispositifs DRIP est presque l’unique composante de leur activité
depuis l’arrêt de leur scolarité25. L’autre critère marquant de cette catégorie est la
discontinuité du parcours avec arrêt prématurément de la scolarité ou de l’apprentissage
mais sans solution pour la suite. Nous remarquons d’ailleurs que la plupart des personnes
classées ici ont effectué ou effectuent actuellement une PPE ;
-
les « carrières d’adaptation à la précarité » comprennent les personnes dont les
parcours sont marqués par l’alternance travail/chômage mais dont les durées d’emploi sont
supérieures au temps passé sans activité. Ces multiples expériences professionnelles leur
permettent alors de « préciser leurs aspirations pour définir un « projet à venir » qui joue
un rôle fondamental ». Ainsi nous retrouvons surtout une population ayant effectué des
24
Roulleau-Berger L. et Nicole-Drancourt C., (2001), « Les jeunes et le travail, 1950-2000 », PUF.
Nous précisons cependant que ce type de parcours peut être, pour certaines personnes, la conséquence de
l’existence d’un projet au préalable ; ce parcours est donc un choix effectué en toute conscience afin de réussir à
concilier ses aspirations avec les opportunités existant sur le marché du travail, aussi les avons-nous incluses dans la
catégorie 3. Se retrouvent en catégorie 1 des personnes qui ont subi ce parcours faute d’autres solutions.
25
98
CDD de longue durée, ayant connu des périodes d’intérim avec des propositions régulières
d’emploi (certaines personnes par exemple ont travaillé pendant deux ans en intérim mais
les coupures étaient très courtes et les emplois se situaient surtout dans la même entreprise.
Ces personnes sont donc dans une situation précaire puisqu’elles signent bien souvent des
contrats à la semaine. Elles réussissent néanmoins à s’adapter et à s’intégrer dans cet
univers précaire mais marqué d’une certaine forme de « fidélité » de la part des employeurs.
L’employabilité de ces personnes n’est donc pas remise en cause contrairement aux
personnes regroupées dans la catégorie précédente. La moitié des personnes interrogées
dans notre enquête compose cette seconde catégorie est de niveau V. Beaucoup sont encore
en prestation ou en PI.
-
Enfin, dans les « carrières de résistance à la précarité », nous retrouvons des
personnes qui, peu de temps après l’arrêt de leur scolarité ou la fin de leur premier emploi,
décident d’intégrer une prestation DRIP et optent ainsi pour une intégration dans la
démarche de projet. Certaines de ces personnes ont également connu des périodes plus ou
moins longues d’emploi (en intérim ou CDD), mais elles avaient disposait cependant déjà
d’un projet et cet emploi n’avait alors qu’une fonction alimentaire. L’élaboration d’un
projet était pour eux une priorité. Les personnes classées ici sont en majorité qualifiées.
Elles réagissent très vite (moins d’un an) pour adopter une véritable démarche de projet
lorsqu’une première tentative sur le marché du travail se révèle infructueuse (en termes
d’accès à l’emploi), ou bien lorsque le projet visé depuis des années ne leur correspond
plus. Pour toutes ces personnes optant pour « une mise à distance de l’emploi stable tant
qu’un ajustement « acceptable » n’a pas pu se négocier entre ce à quoi [elles] aspirent et
les opportunités qui s’offrent à [elles] », la nécessité d’élaborer un projet prend donc un
sens évident avant même leur entrée dans Trajectoire. Ce type de « carrière » a été adopté
par peu de personnes rencontrées, mais cette « mise à distance de l’emploi » semble de plus
en plus envisagée au fur et à mesure que se déroule la prestation DRIP. Nous remarquons
également que ce type de « carrière » reste adopté par des personnes sorties du dispositif,
mais qui vont vers des situation d’emploi comme passage temporaire obligé (sur le plan
financier ou de l’expérience) pour pouvoir ensuite intégrer une formation qualifiante.
99
IV-
DES PISTES DE REFLEXION POUR L’AVENIR
Nous proposons dans ce quatrième chapitre qui vient conclure le rapport final, une mise en
perspective des principaux résultats autour de 4 questions essentiellement : les parcours à
l'intérieur de Trajectoire, les objectifs revisités, les jeux d'acteurs et l'émergence d'une nouvelle
gouvernance,
et
enfin
la
comparabilité
des
territoires
versus
la
possibilité
d'une
reproduction/extension de l'expérimentation à d’autres territoires.
1- CARRIERES ET PARCOURS DANS LE DISPOSITIF TRAJECTOIRE
Cette première année de recherche a révélé certaines difficultés dont celles liées à
l’accompagnement vers la qualification de l’ensemble des personnes inscrites dans le DRIP, tel
que le cahier des charges l’envisageait. En effet, l’hétérogénéité du public accueilli a interrogé les
finalités du nouveau dispositif, puisqu’il supposait de favoriser l’accès à la qualification à court
terme, au risque de l’exclusion de certains bénéficiaires du DRIP - pour qui cet objectif n’était
pas réaliste sans la mise en œuvre d’un certain nombre d’étapes préalables, parmi lesquelles
fréquemment le passage par une situation d’emploi. Certaines personnes semblaient alors
« trajectoirisables » quand d’autres ne pouvaient être maintenues dans le dispositif, ou se
trouvaient pour un temps donné « suspendues ».
Les premiers constats posés ont alors mis en évidence que les stagiaires de la prestation
préparatoire à l’emploi (PPE) connaissaient dans leur majorité de grandes difficultés et se
trouvaient souvent en situation potentielle d’exclusion du dispositif Trajectoire. Cette prestation a
donc rapidement focalisé l’attention des acteurs puisque le public qu’elle accueille ne vise pas
forcément, dans un premier temps, d’accéder à la qualification mais d’obtenir un emploi – même
s’il peut s’agir d’une période de transition – ou de trouver des solutions à des difficultés sociales
et économiques, qui ne leur permettent pas de se projeter à court terme. Les projets construits par
ces jeunes exigeaient a priori plus de temps, des périodes de salariat ou des temps d’arrêt,
nécessaires à l’appropriation des étapes à mettre en œuvre.
100
Si ce sont bien les particularités de ce public bénéficiaire qui interrogeaient les finalités du
dispositif, l’inscription dans Trajectoire de l’ensemble des bénéficiaires du DRIP a (re)posé la
question de la diversité de leurs situations. Mais, d’une manière générale, on a pu constater que
l’hétérogénéité des publics a été appréhendée par le prisme des prestations et non pas à partir de
leurs particularités. C’est donc, presque contre intuitivement, la prestation elle-même qui a été (et
fait encore) l’objet de réflexions et de discussions. Autrement dit, les réponses apportées vont
considérer le contenu et les objectifs de la prestation.
Parallèlement, les principales questions qui se sont posées aux tandems et à la DIFPRA ont
concerné les modalités d’un accompagnement qui, tenant compte des finalités de Trajectoire et de
son cadre, puisse être adapté à ces personnes.
Ainsi, malgré son caractère relativement contraignant, le dispositif a amené les tandems à
réfléchir à des possibilités d’accommodements à la marge afin de sécuriser l’ensemble des
cheminements des bénéficiaires du dispositif. Les suspensions des contrats, les entrées/sorties du
dispositif qui le rendent plus ouvert ont été autant de pistes de réflexion mises à l’épreuve durant
la recherche action.
Ces différents accommodements et la question de l’adaptation des prestations aux
problématiques des personnes - afin qu’elles puissent s’inscrire dans un cheminement progressif
et logique vers la qualification - invitent à redéfinir trois notions, trois types de cheminements.
C'est ainsi que des travaux récents menés sur les cursus de jeunes inscrits dans l’enseignement
secondaire, proposent de distinguer les logiques de carrières et les logiques de parcours distinctions qui nous semblent également pertinentes dans le contexte de Trajectoire.
Dans le contexte de Trajectoire, nous retrouvons cette distinction puisque si certaines
personnes vont s’inscrire dans un cursus somme toute linéaire, pouvant enchaîner les différentes
étapes nécessaires à l’obtention d’une qualification, d’autres vont être contraintes d’emprunter
des chemins moins directs, nécessitant des temps d’arrêt, des détours, voire des changements de
direction.
101
Carrières, parcours et trajectoire, quelques éclairages
« Bien qu’ils traitent tous deux de la biographie des individus, les concepts de carrière et de
parcours empruntent à des traditions distinctes […]. La carrière, est un moyen de se prémunir
contre l’insécurité, non seulement sur le plan du chômage, de la maladie et de la vieillesse,
mais aussi de prévoir les étapes et les détours qui surviendront. […] C’est un instrument
d’anticipation. La définition des carrières convient lorsqu’on souhaite établir une distinction
avec le concept de parcours.»26
Les carrières qui relèveraient d’une progression linéaire seraient donc à l’opposé des
parcours où les stratégies à l’œuvre sont plus contraintes et plus sensibles aux aléas, aux
contingences. Les trajectoires quant à elles sont anticipées, calculées, puisqu’il est possible de
définir l’itinéraire qui décrira la progression du point de départ au point d’arrivée.
Nous avons donc ici trois notions qui se complètent et se distinguent à la fois les unes des
autres. Les carrières font état d’une progression où les opportunités peuvent être saisies mais
restent cohérentes. Les parcours, paraissent quant à eux plus aléatoires, plus difficiles à saisir
et plusieurs logiques peuvent être à l’œuvre. Le travail réalisé par G Boudesseul met
d’ailleurs en évidence les parcours de bifurcations, d’accumulation et de retour dans les
cursus scolaires et dont les effets sont plus difficiles à appréhender, à anticiper. Les
trajectoires qui sont elles définies laissent peu de place aux opportunités, aux aléas, elles
supposent au contraire une certaine maîtrise.
L’élaboration et la validation d’un projet ont été les processus sur lesquels les tandems ont pu
s’appuyer pour apprécier la situation des personnes et les modalités de guidance ou
d’accompagnement qu’ils pouvaient mettre en place pour appréhender au mieux la diversité des
chemins possibles. Ainsi, le plan d’action, défini par le tandem, tente de prévoir une trajectoire et
une progression relativement linéaire du cheminement dans le dispositif. Mais, il s’agit bien plus
souvent de construire au fil du temps une carrière, préservant une certaine cohérence. Les
trajectoires sont en effet souvent idéales et peuvent se trouver contrariées quand il s’agit de les
transposer dans la réalité. Pour les personnes plus contraintes par leurs difficultés et plus tentées
de progresser « au jour le jour », la définition d’une trajectoire vers la concrétisation d’un projet
semble plus aléatoire et interroge directement, on l’a vu, les finalités du dispositif.
Force est de constater alors que dans le contexte de la recherche-action, les carrières sont à
priori privilégiées puisque la linéarité et l’enchaînement des étapes cherchent à être favorisés,
laissant peu de place aux parcours pourtant riches et nécessaires pour certaines personnes. Les
itérations, bifurcations voire accumulations d’expériences s’avèrent en effet dans certains cas des
26
Boudesseul G. (2008), « Réversibilité et chemins de traverse en formation initiale », in Relief n°24, Céreq, p. 211
à 221
102
étapes constructives dont l’impact, à terme, peut s’avérer tout aussi positif qu’une carrière, bien
que plus difficile à appréhender.
Pensé pour favoriser l’accès à la qualification des personnes dont les profils diffèrent,
Trajectoire doit favoriser les pratiques d'individualisation et accorder une vraie place aux
parcours. Mais, ce processus d'adaptation à la variété des caractéristiques des jeunes peut entrer
en tension avec une approche qui reposerait davantage sur la « refonte » d’une ou plusieurs
prestations comme point de départ pertinent d'une réforme du DRIP et qui risquerait de
consolider un modèle où les bénéficiaires continueraient de progresser suivant une logique de
carrière.
La reconduction pour un an de la recherche action peut être l’occasion, par les outils qu’elle
met de nouveau à disposition des acteurs, de considérer ces deux logiques et se donner la
possibilités de valoriser des parcours - quitte à faciliter les entrées/sorties permanentes et les
suspensions – et les acquis de ces cheminements itératifs. De plus, le biais de sélection
qu’engendre une logique de carrière ne peut qu’interroger l’efficacité du nouveau dispositif, qui
s’adresse à l’origine à l’ensemble des personnes entrant dans le DRIP.
2- DES OBJECTIFS AUX REALISATIONS
La construction des outils de l’évaluation a nécessité d’interroger deux principaux objectifs
décrits dans le cahier des charges initial, à savoir fluidifier les parcours et maintenir la
mobilisation des stagiaires du DRIP jusqu’à l’entrée en formation qualifiante. En effet, il
importait de pouvoir trouver une déclinaison opérationnelle possible à ces objectifs centraux, tout
en les mettant en perspective avec les résultats qui en découlaient.
Fluidifier les parcours
L’objectif affiché de rendre les parcours plus fluides doit permettre de favoriser l’accès à la
qualification des jeunes et des adultes bénéficiaires du DRIP. Le diagnostic préalable à la
rédaction du cahier des charges mettait en évidence des discontinuités dans les parcours dues à
une articulation défaillante des prestations avec les formations qualifiantes et une ingénierie de
formation pas assez innovante pour trouver des solutions adaptées aux situations rencontrées.
103
La discussion engagée autour du cahier des charges et la nécessité d’écrire un arbre des
objectifs cohérent et adapté ont amené à considérer que cet objectif était de niveau intermédiaire.
En effet, s’il contribue directement, selon la convention établie, à aider les bénéficiaires du DRIP
à accéder à une formation qualifiante, il nécessite d’être plus détaillé.
Deux objectifs opérationnels lui ont donc été rattachés, par convention toujours, et qui
permettent d’intégrer les constats liés aux discontinuités et à l’ingénierie de formation :
« améliorer l’articulation entre les prestations du DRIP et la formation qualifiante » et
« développer l’ingénierie de formation ».
Cependant, si des réalisations concrètes ont pu être envisagées par les tandems concernant ces
deux objectifs, il reste que certains aspects sont dépendants d’autres acteurs. En effet, les entrées
en formation qualifiante sont la plupart du temps soumises à conditions. Les territoires ont donc
très vite signalé les limites qu’auront leurs actions, confrontées aux frontières de ces organismes.
Des échanges ont donc pu être initiés et/ou pourront l’être par la suite.
Concernant l’ingénierie de formation, nous avons déjà souligné qu’elle nécessitait du temps,
que la création d’outils n’avait pas été envisagée par les tandems dans les premiers temps, étant
donné qu’un certain nombre de ces outils déjà existant pouvaient être utilisés différemment ou de
façon plus systématique et plus efficace.
De plus, l’ingénierie de formation, dans le cahier des charges, relevait de l’impulsion du
pilote. Or, avant d’envisager cet axe de travail il s’est avéré, sur les trois territoires, qu’il était
nécessaire de bien définir les compétences, les cadres d’intervention et les complémentarités du
tandem. L’ingénierie de formation est donc bien souvent l’objectif opérationnel auquel peu de
réalisations sont rattachées.
Rendre les parcours d’accès aux formations qualifiantes plus fluides implique donc, avant de
pouvoir constater les résultats, que soit mis à plat l’ensemble des pré-requis nécessaires. Cet
objectif intermédiaire, bien que traduit de façon opérationnel est sans doute le plus difficile à
décliner en réalisations, et les résultats attendus restent également en deçà de l’impact final
104
attendu, mesurable à moyen ou long terme, et qui pourrait être « le nombre de bénéficiaires sortis
qualifiés d’une formation ».
Maintenir la mobilisation des stagiaires du DRIP jusqu’à leur entrée en formation qualifiante
A l’opposé, cet objectif opérationnel qui contribue à limiter l’évaporation au fil des parcours
est celui sur lequel les tandems affichent le plus de réalisations.
C’est sans doute la raison pour laquelle d’aucuns se sont inquiétés, considérant que Trajectoire
n’était qu’une modalité d’accompagnement personnalisé, plagiant parfois les réalisations des
missions locales. Or, si effectivement les bénéficiaires rencontrés, à l’instar de certains
observateurs, retiennent surtout que le pilote au cours des périodes intermédiaires a la possibilité
de « suivre » plus régulièrement les personnes, d’autres réalisations, moins visibles participent du
maintien de la mobilisation. C'est toute la pertinence du double pilotage imaginé sur un territoire,
qui introduit une prérogative de guidance transversale à la mission locale sur toutes les questions
qui ne touchent pas directement au parcours de formation.
Ainsi, les tableaux de bord et de suivi des situations des personnes, l’actualisation de ces
situations afin de pouvoir déclencher le versement des différents financements, les temps de
travail en petits ou grands comités, l’élaboration des plans d’action à l’occasion des entretiens
avec les bénéficiaires, sont autant de réalisations qui ont des effets sur le maintien de la
mobilisation.
Ces nombreuses réalisations décrites dans les logigrammes n’impliquent pas forcément
directement les bénéficiaires car elles sont centrées sur les modalités de travail concerté du
tandem, mais elles font partie intégrantes du processus.
A terme, on peut envisager d’ailleurs que ces logigrammes évoluent, prenant en compte de
nouvelles réalisations ou en affinant certains résultats attendus. Les échanges et compromis
dessinés autour des objectifs du dispositif amènent à faire bouger et évoluer les logigrammes,
voire peut-être à proposer l’écriture d’un nouvel arbre des objectifs.
105
De la réduction des temps morts à la valorisation des périodes intermédiaires
Il nous semble intéressant de revenir sur un des postulats du cahier des charges, et qui
concernait les temps morts entre deux actions, où semblait-il le risque de décrochage était le plus
prégnant.
La mise en œuvre de la recherche action et plus particulièrement les acquis des premiers mois
ont fait s’interroger les acteurs des trois territoires sur cette question des temps morts. Assez vite
il est apparu que ces périodes, plus ou moins courtes suivant les situations, étaient bien souvent
nécessaires aux personnes et que loin d’être mortes elles avaient un rôle dans le cheminement.
Ainsi, la formulation a évolué vers un objectif de valorisation des périodes interstitielles, ou
intermédiaires. Autrement dit, l’ensemble des acteurs, et c’est un acquis non négligeable de la
recherche action, s’est entendu sur la nécessité de ces périodes dans les cheminements, mais
également sur la nécessité d’en faire des périodes de lien entre deux actions.
Les temps morts sont donc devenus des temps intermédiaires, ce qui donnent à voir
l’opportunité (voire la nécessité) d’une certaine continuité, la possibilité de relier, de mettre en
relation deux actions. La proposition de « faire vivre les temps morts » a amené les tandems à
considérer l’ensemble des réalisations qui permettaient de faire de ces périodes de véritables
périodes d’entre deux, de passage. Force est de constater d’ailleurs que sur les trois territoires les
périodes intermédiaires sont considérées comme des étapes à part entière dont le contenu, le
sens, ou plus précisément la signification sont essentiels. C’est pourquoi il nous semble que le
terme intermédiaire convient particulièrement ici puisque l’intermédiaire est bien celui qui crée
du lien, qui intervient pour mettre en relation.
L’action des tandems, on l’a vu notamment par les logigrammes, se concentre dans ces
périodes qui tendent à devenir le moment où la plus value du dispositif est la plus attendue.
N’oublions pas cependant que si ces périodes sont en effet centrales car rendues visibles, elles ne
sont qu’une des parties immergées des réalisations des acteurs et qu’elles sont un des effets du
travail réalisé sur les trois territoires par les tandems (y compris l’ANPE) et les organismes
prestataires du DRIP.
106
Des temporalités en tension
Au commencement de la recherche action, nous avions pointé que son démarrage « rapide »
contrastait avec son temps décrit comme possiblement long, où les acteurs des territoires étaient
invités à innover pour exploiter au maximum les opportunités offertes par la situation
d’expérimentation.
Nous avions alors rapidement exposé les temporalités des principaux acteurs impliqués et mis
en évidence que les temps qui leur étaient dévolus pouvaient parfois se contrarier. De plus, il
nous semblait que la temporalité même de la recherche action interférait directement sur les
actions des uns et des autres. Le choix de prolonger cette démarche, afin de stabiliser au mieux
les acquis sur les trois territoires et se donner le temps d’observation nécessaire des premiers
résultats, ne modifie pourtant que peu les jeux de contraintes. La réalisation d’un chronogramme
que nous suggérons plus haut, comme outil complémentaire au logigramme, se justifie d’autant
plus qu’il permettrait d’y voir plus clair sur les temporalités supposées et/ou effectives des
différentes parties prenantes et leur harmonisation.
Le temps des acteurs …
Pour ce qui concerne les Missions locales, nous avions noté que leurs actions s’inscrivent dans
une histoire de plus de vingt ans. Elles accueillent, orientent et accompagnent des jeunes peu ou
pas qualifiés dans des projets, à court ou moyen terme. Pour cela leurs modalités d’intervention
dépendent notamment des conjonctures locales, des politiques d’emploi nationales et/ou
territoriales, des situations individuelles des jeunes et des possibilités ou opportunités offertes
dans le temps plus ou moins limité de leur action. Elles sont donc relativement contraintes et
l’évaluation de leurs réalisations ne peut faire abstraction de leur contexte particulier.
Le temps du partenariat entre les deux acteurs du tandem reste contraint, particulièrement par
l’expérimentation et les dates de réalisation des marchés dont dépend l’organisme pilote. Ce
dernier, dans le cadre de Trajectoire, remplit sa fonction pour la durée définie par le nouveau
marché. Nous avions par ailleurs ajouté que quoi qu’il advienne au cours de cette rechercheaction les missions locales ont vocation à perdurer. Ce qui, en principe, n’est pas nécessairement
le cas des organismes de formation pilotes, dont l’action s’inscrit dans le contexte d’un marché.
107
Le tandem reste donc confronté à des temporalités qui peuvent entrer en tension : celle de la
mission locale et de sa légitimité, celle définie par l’action, sa mise en œuvre, et celle du temps
des marchés défini au niveau régional.
De son côté, le temps des jeunes bénéficiaires du DRIP varie bien entendu suivant les
situations. Il se caractérise par une certaine « élasticité », tantôt ces jeunes ont des échéances
longues tantôt elles sont courtes. Il va également de soi que ce rapport au temps met en balance
des coûts d’opportunité qui peuvent aller momentanément à l’encontre des objectifs et projets
dessinés avec les conseillers-référents. Les trois missions locales concernées pointent d'ailleurs
l’effet d’aubaine que peut représenter un recrutement massif de travailleurs temporaires dans les
entreprises locales et l’évaporation des jeunes que cette situation entraîne. Le temps des jeunes et
des adultes accompagnés vers l’emploi (durable), n’est donc pas toujours en adéquation avec le
temps, plus ou moins long, des étapes de l’insertion (accueil, bilan, formation, stage, validation,
etc.). De plus, au delà du temps défini pour chaque prestation, Trajectoire vient s’ajouter comme
un temps d’accompagnement souvent imprécis. La signature du contrat, devrait signifier l’entrée
dans le dispositif et donc le commencement du parcours, mais cela ne semble pas évident pour
tous, de même la fin est aussi mal appréhendée. Conçu pour éviter les ruptures et donc rendre
plus homogène le cheminement à travers les différentes étapes vers la qualification, on constate
que dans la réalité ce temps a priori unifié reste à conforter.
… reconnu comme partie intégrante de la démarche
Si les contraintes des acteurs ont peu évolué, les "tâtonnements" inhérents à cette première
année ont été pris en considération de sorte que la recherche-action est reconduite. Les outils du
suivi-évaluation élaborés et posés vont favoriser la capitalisation des acquis et permettre
d’apprécier, au plus près, les résultats des réalisations des tandems. Prolonger la période
d’observation est donc une bonne chose en soi, puisque l’on reconnaît que l’objectif stratégique
du dispositif ne peut s’apprécier sur un temps court.
Le risque perdure cependant de vouloir évaluer l’impact attendu de Trajectoire à partir des
seuls indicateurs d’entrées en formation qualifiantes. Or, nous avons tenté de démontrer que les
acquis de cette recherche action concernent avant tout des modalités différentes et novatrices de
travail concerté. Si les nouvelles organisations en place devront, à terme, produire des résultats
108
sur le déroulement des parcours des jeunes, l’impact sur les entrées en formation qualifiantes
reste la résultante d’une combinatoire complexe de réalisations. Quant à l'impact sur l'insertion
durable dans l'emploi, sa vérification par la preuve ne se fera qu’à un horizon de temps plus loin
encore et avec des difficultés supplémentaires, liées aux effets perturbateurs de la conjoncture
économique, puisque nous savons que ce n'est pas la formation qui crée les emplois….
3- JEUX D’ACTEURS, COOPERATION ET GOUVERNANCE
Le modèle d’organisation proposé pour mettre en place Trajectoire est celui de la coopération
entre les acteurs, restreint au tandem dans un premier temps, puis, possiblement, élargi au second
cercle de la gouvernance (où figurent notamment les OF prestataires). Ce modèle repose sur la
construction d’un partenariat actif entre ces acteurs. Or, un tel partenariat ne se décrète pas,
comme nous l’avons souligné à maintes reprises, il se construit dans l’action, s’y consolide et y
prend tout son sens. Il demande donc lui aussi du temps. Si la volonté de travailler ensemble est
un critère qui préside souvent à la construction des partenariats (condition qui n'a pu être
totalement satisfaite lors du lancement de la recherche action), ceux-ci ne pourront être viables,
réalistes et réalisables, que pour autant qu’ils s’appuient sur une coopération nourrie en
permanence des preuves de la volonté de coopérer. Cette remarque générale nous parait ici
décisive, car la pérennisation de la coopération initiée sur certains territoires de façon volontariste
reste problématique, la méfiance ayant plutôt tendance à freiner l’action. Quand on se surveille,
on n’avance guère. C’est qu’un partenariat, c’est aussi un partage des responsabilités. Les
différents acteurs créent des liens d’interdépendance entre eux. Il s'agit donc beaucoup plus
qu'une simple association de personnes. L’enjeu de ce point de vue est donc très fort, ce qui
explique que les acteurs ont pu garder longtemps une attitude défensive.
Nous ne reviendrons pas sur les raisons qui ont pu, au démarrage de la recherche – action, être à
l’origine de cette méfiance, au demeurant liée en partie au contexte historique et institutionnel
(diagnostic préalable qui n’a pas l’adhésion des acteurs de terrain, coopération perçue comme une
obligation et une contrainte, expériences antérieures de partenariat réussies ou non, risques
inhérents à une expérimentation en vraie grandeur,….). Nous renvoyons ici au rapport
intermédiaire.
109
Mais ces difficultés, qui ont pesées sur le noyau central de la gouvernance locale, sont venues
hypothéquer un temps la possibilité d’extension du réseau à d’autres acteurs.
La nouvelle gouvernance, suggérée par le cahier des charges lui-même, doit s’appuyer sur la
constitution de ces réseaux élargis. Elle est indispensable pour faciliter la réponse aux objectifs de
changement portés par le dispositif Trajectoire. Si cette gouvernance suppose des formes
spécifiques de coordination dans un contexte d'expérimentation comme ici, elle doit cependant
s'inscrire de façon moins contingente dans la perspective d'une action durable et préfigurer
progressivement l' état des relations qui s'imposera comme optimale à la sortie de la rechercheaction. Là aussi l’enjeu est donc de taille.
Il est aussi complexe puisqu’en réalité nous avons pu observer qu'il n’y a pas une seule
gouvernance, mais plusieurs qui s’emboîtent plus ou moins harmonieusement. Une gouvernance
régionale, et des gouvernances locales. Dans le cadre de l'expérimentation de Trajectoire, ces
principes généraux valent aussi bien au niveau des territoires et des partenariats locaux qui
s'instaurent autour des tandems qu'au niveau régional et du pilotage d'ensemble du dispositif (voir
sociogramme). Dans tous les cas il faut rechercher et valoriser les complémentarités et faire
participer davantage les acteurs pour aller vers un partage des « pouvoirs ».
La nécessité de "faire équipe" au sein de cette gouvernance, et de partager une même
représentation du passage de la volonté politique et stratégique à des réalisations, semble
appréhendée très différemment selon les territoires. Le processus d'ajustement dynamique propre
à toute expérimentation, et qui s'est mis en marche avec hésitation, n'est pas comparable d'un
territoire à l'autre, ou plutôt la comparaison laisse entrevoir des rythmes et des degrés
d'engagement très variables. Cette dynamique n'a pas encore trouvé partout la fluidité attendue.
Gageons que la seconde phase de la recherche action consolidera cette dynamique. C’est en effet
une condition nécessaire pour réussir.
Un rapport récent du CERC souligne à quel point l'efficacité de l'accompagnement des jeunes
sans qualification vers l'emploi est tributaire d'une bonne coopération entre différents acteurs.
Coopération que les découpages géographiques des champs de compétences des acteurs, la
gestion de leurs calendriers, ou bien encore les cloisonnements budgétaires et les contraintes
d'annualité, ne favorisent pas. Ce déficit de coopération induit alors des coûts de transaction
110
relativement considérables et une perte globale d'efficacité. En revanche, quand elle fonctionne,
la coopération peut aboutir à des innovations. Le projet Trajectoire pourra en fournir la preuve
lorsque sera achevée la mise en place de ce modèle de coopération. Sur ce registre, il n’est pas
interdit de penser que la perspective de transfert de l’expérimentation à un ensemble élargi de
territoires puisse jouer aussi comme un levier de motivation pour que les territoires actuels
resserrent leurs liens.
Une gouvernance renouvelée pour réussir
La gouvernance remet en cause le modèle politique où la responsabilité dans la gestion des
dispositifs se fait sous la seule autorité politique. Elle suppose, au contraire, le déplacement
des responsabilités vers une diversité d'acteurs qui deviennent associés au processus de
décision. Les processus de participation et de négociation doivent se construire des objectifs
communs.
Une bonne gouvernance est beaucoup plus qu'un assemblage d'acteurs : c'est le cadre par
excellence de l'interdépendance et des interactions. Ce cadre doit favoriser la recherche du
consensus afin d'obtenir l'adhésion nécessaire à l'exécution d'un programme. Elle doit
redéfinir les articulations d'acteurs autour de la reconnaissance de leur autonomie et de leur
compétence à traiter en complémentarité certaines actions. Elle doit enfin inciter à la
coopération en favorisant transparence et confiance.
Son organisation ne repose pas sur un modèle hiérarchique verticale, source de rigidité. Elle
doit, à l'inverse, privilégier les interactions horizontales plus adaptées à la complexité actuelle
de l'action collective.
Enfin, une bonne gouvernance doit rendre compte de politiques publiques multi-niveaux
devant faire face à de multiple incertitudes dues aux carences informationnelles et devant
mettre en place une stratégie coopérative entre acteurs.
Enfin, il nous semble que cette bonne coopération au sein des réseaux d’acteurs chargés de
l’insertion professionnelle des jeunes aurait à gagner en s’ouvrant au monde économique, c'est-àdire aux entreprises qui créent les emplois et qui recrutent. Ce serait là une manière de prolonger
les actions de formation et d’accompagnement en direction du fonctionnement du système de
production (Wuhl. S, 1998). Elargir le réseau c’est donc proposer ici que soit défini un mode de
coopération entre processus d’insertion et processus de production et de renverser la
problématique de la relation entre insertion et emploi pour prendre en compte les problèmes
d’entreprise en termes de définition de qualifications requises, de compétences mobilisées, de
gestion de main d’œuvre, d’organisation du travail…. Si les entreprises sont actuellement
absentes de la gouvernance locale, il y aurait un véritable intérêt à les y faire entrer, puisque
111
l’objectif stratégique majeur de Trajectoire n’est pas seulement d’amener plus de jeunes à la
qualification, mais aussi d’améliorer leur insertion durable dans l’emploi….
4- COMPARAISON DES TERRITOIRES POUR QUELLE REPRODUCTION ET QUEL
TRANSFERT ?
Au fil de ce rapport nous avons souligné à de nombreuses reprises les différences entre les 3
territoires, parfois très significatives. Nous ne reviendrons pas ici sur ces situations contrastées,
mais nous donnerons quelques éléments pouvant contribuer à dessiner une sorte de cartographie
sommaire, utile pour penser la question du transfert. Auparavant, il nous parait nécessaire
d’apporter des précisions sur ce délicat exercice de comparaison et plus encore sur celui de la
généralisation.
Si, après Durkheim, nous pensons qu’on explique bien qu’en comparant, c’est qu’un travail de
recherche et d’évaluation consistant à comparer permet toujours de découvrir la variabilité des
pratiques et des modes d’appropriation des programmes régionaux, et la différence des processus
de légitimation des représentations et normes que les acteurs s’attachent à mettre en œuvre.
Dans le cas de l'évaluation de Trajectoire, les 3 territoires ne se ressemblent pas. Comprendre ces
dissemblances c'est bien sûr convoquer toute une série de facteurs exogènes aux acteurs euxmêmes, et qui renvoient aux contextes socio-économiques et politiques des territoires C'est aussi
chercher du côté des acteurs des spécificités historiques, des compétences singulières et des
positions institutionnelles au rattachement distinct. C'est encore rendre compte des formes de
coordination entre acteurs, des modes de production des accords, et des processus de fabrication
d'outils ou de conventions. Sans pouvoir satisfaire à l'exhaustivité de la prise ne compte de ces
critères on peut chercher, de façon sûrement trop schématique, à dégager de leur agencement une
typologie de situations. Pour cela, on s'inspirera de celle issue des « économies de la grandeur »
de Boltanski et Thevenot (1987). Ces auteurs distinguent six types, appelés "mondes",
caractérisant l'univers des relations et des situations, qui doivent se comprendre comme des
formes idéales-typiques. Dans chacun de ces mondes sont mobilisées des cohérences qui mettent
au premier rang les acteurs, mais aussi des objets, des représentations, des relations. Appliquée à
112
nos territoires cette typologie présente, comme pour toute modélisation, l'avantage de la
simplification, mais aussi l'inconvénient de la simplification.
Considérant la nature des relations au sein du tandem, les représentations à l'égard de la notion de
projet, par exemple, sa définition et son importance reconnue, mais aussi en s’appuyant sur la
façon dont s'outillent les processus d'accompagnement des parcours, nous proposons de retenir 3
modèles pour 3 territoires :
•
La référence au monde industriel paraît s'imposer pour un des territoires. Dans celui-ci, la
référence à la performance et à l'efficacité technique est marquée, et sans doute pour partie
imposée par le traitement de flux importants. Ce monde multiplie les instruments de mesure,
d'intervention, rationnellement et scientifiquement établis. A la recherche d'une excellence,
qu'on donne généralement à voir, le type d'organisation correspondant se veut moderne et
parfaitement fonctionnel. Les désaccords (ou controverses) qui s'y manifestent sont plus
réglés par le rappel au respect des règles, ou par la recherche d'outils manquant, « formels et
salvateurs », que par un processus d'intéressement qui aboutirait à un compromis durable.
•
Un second territoire se rapproche plus du monde civique, mettant en avant les notions
d'équité, de liberté et de solidarité. Ce monde cherche à associer le plus possible d'acteurs, et
attache une grande importance aux initiatives multiples, sans véritable préoccupation de
critère hiérarchique. L'intérêt collectif y est fort qui l'éloigne sensiblement des principes
marchands. Ce monde est proche de celui de l'inspiration dans la mesure où il se veut aussi
très créatif, se souciant guère de la critique, multipliant les idées pour faire "bouger les
lignes" et rendre perméables les frontières. Ici, la recherche de compromis et l'élargissement
des espaces de coopération participent d'un processus de compréhension qui intègre des
controverses possibles, jamais vécues comme menaçantes mais au contraire comme des
opportunités pour innover plus encore.
•
Enfin, un dernier modèle semble plus spécifique à un territoire, qui mixte le monde
domestique et le monde civique. Du premier il reprend une certaine aversion pour le risque
et la modernité, préférant maintenir des repères plus traditionnels, routiniers, et une faible
dimension qui donne l'impression d'être "en famille" ; du second il emprunte un esprit
113
citoyen et de service public, et manifeste sa solidarité pour les plus démunis. La recherche
d'une efficacité de type marchand ou industriel n'est pas sa préoccupation première. Dans cet
univers un peu fermé, on prend rarement le risque de remettre en cause les règles, de les
déborder, mais on en demeure pas moins critique.
Cette typologie n'est bien sûr qu'un exercice de style pour faciliter le débat, il n'est pas un
jugement de valeur qui classerait les territoires sur une échelle des degrés de vertu, du meilleur à
imiter au plus mauvais à éviter. Ceci serait bien sûr catastrophique pour penser un possible
transfert. Chacun de ces mondes à ses vertus et ses limites. Il n’y a pas un « one best way », il n'y
a pas de bon modèle dans l'absolu qu’il s’agirait de dupliquer, mais une variété de modèles plus
ou moins adaptés aux contingences locales, desquels on peut toujours tirer des enseignements qui
seront utiles pour définir les conditions de la reproduction. Il s'agit d'ailleurs moins de penser au
transfert des bonnes réalisations ou des bonnes pratiques, qu’aux conditions d'émergence des
réalisations les plus innovantes. Méfions-nous cependant d’une autre dérive qui consisterait à
prendre ce qui se fait de mieux sur les 3 territoires et de le transposer dans un autre espace, cette
combinaison de bonnes pratiques importées, et donc imposées, a peu de chance d’être efficace.
Pour aborder la question de la transférabilité, nous pouvons recourir à une notion utilisée dans le
cadre de l’évaluation des projets européens, qualifiée de « process of mainstreaming » proposant
une méthodologie de transfert, allant au-delà d’une simple logique de reproduction. Le terme
« mainstreaming » est difficilement traduisible. Nous pouvons le comprendre comme la capacité
d’une innovation à être intégrée aux pratiques ou politiques en cours, jusqu’à ce que ces
changements constituent la nouvelle norme, le nouveau « courant principal ». Or, tel est l’enjeu
du transfert, à savoir de faire en sorte que l’objet innovant, expérimenté sur un espace, à un
moment donné, se diffuse et devienne une pratique courante sur l’espace en question, mais
également sur d’autres territoires.
114
Le déroulement d’un processus de « mainstreaming »
Celui-ci peut être présenté de la manière suivante. Une première phase centrée sur
l’exploitation des résultats de la recherche - action : succès d’une réalisation innovante au
niveau du projet ; identification de la méthodologie employée pour parvenir aux résultats
observés afin d’être en mesure d’expliciter à des tiers les conditions indispensables à la
réalisation de l’innovation (« methodological generalisation of project results ») ;
formalisation de la démarche d’innovation et diffusion à travers une communication
(« documentation and dissemination »).
La communication est ici essentielle qui va très tôt contribuer à « disséminer » le concept sur
les territoires intéressés. L’évaluation chemin faisant que nous avons réalisé alimente
également la réflexion des futurs porteurs du projet et participe au travail de formalisation de
l’innovation.
Une seconde phase sera centrée sur le processus de « greffe » de l’innovation à son territoire
d’accueil : évaluation des résultats du projet afin de déterminer si une généralisation et si une
application est possible ; transfert, c’est-à-dire d’une part une adaptation de l’innovation aux
pratiques en cours, et d’autre part l’établissement d’une stratégie par rapport à la mise en
place de l’innovation. Pour assurer ce transfert, les acteurs sont particulièrement importants
dans leur capacité à agir sur les pratiques déjà installées, ainsi que sur les instruments à
utiliser.
Les effets du processus de « mainstreaming » reposent sur le succès des transferts réalisés. Ils
doivent conduire à modifier les pratiques, au niveau local ou régional, en fonction du champ
d’intervention du projet innovant. Les effets de l’appropriation de l’innovation portent à la
fois sur le domaine d’intervention de l’innovation (effets horizontaux) et sur les différents
types d’acteurs en relation avec le projet (effets verticaux). La responsabilité de la
gouvernance régionale est ici fondamentale.
Mais attention, la diffusion d’une expérimentation ne constitue pas une fin en soi. La diffusion
doit non seulement permettre à d’autres acteurs de s’inscrire dans une démarche innovante du
même type que celle expérimentée, mais elle doit également contribuer à stabiliser le concept. En
effet, l’objet ne sera pas expérimenté de manière totalement équivalente sur d’autres territoires,
auprès d’acteurs ayant des intérêts et des pratiques distincts. Ces derniers vont donc à leur tour
innover à la marge, et ces innovations marginales peuvent fournir des réponses à des points
d’ombre persistants sur les espaces d’origine et proposer des moyens plus efficaces d’agir. Il peut
alors y avoir retour sur les formes d’expérimentation initiales et les territoires pionniers, qui vont
ainsi, par un effet de feedback, pouvoir bénéficier indirectement… de leur propre transfert.
Dans le cas de Trajectoire, parler de transfert ne signifie donc pas qu’il faut chercher à
reproduire la recherche-action sur d’autres territoires, mais plutôt se situer dans une logique de
stabilisation des processus et de l’ossature d’ensemble du dispositif, c'est-à-dire d’envisager la
sortie de la Recherche-action. Et cette sortie concerne aussi bien les futurs territoires qui seront
115
« prêts » à accueillir Trajectoire, que les 3 territoires actuels de la recherche-action. Il y a donc
aussi un transfert temporel à côté d’un transfert spatial.
Au total, et pour aller au-delà d’une simple mise en garde sur les éventuels dangers liés au
transfert, on peut se risquer à quelques suggestions de principes pouvant, dans le cas d’espèce,
être à la racine du processus de reproduction/extension. Il s’agit de retenir, à titre d’exemple
comme conditions favorables, la vérification précoce de :
•
la possibilité que s’instaure rapidement une coopération entre des acteurs « intéressés »
au sein de réseaux au périmètre non nécessairement prédéfini de l’extérieur par
l'autorité Régionale;
•
la possibilité de retenir et de privilégier des acteurs qui se connaissent déjà, ce qui
économise des coûts de transaction en s’appuyant sur les ressources préexistantes de
confiance et de réputation ;
•
la possibilité de disposer d’informations sur la capacité des acteurs pressentis à innover
et à valoriser les compétences et les complémentarités apportées par les autres ;
•
la possibilité d’une appropriation et d'un partage effectif - et encouragés par la Région d’un diagnostic préalable, qui sera suivi de l'élaboration d’objectifs opérationnels
optimisés localement ;
Au terme de ce processus, que la question du transfert vient en quelque sorte conclure, nous
pensons que la reproductibilité/extension du dispositif Trajectoire sera d’autant facilitée que les
acteurs présents dans la recherche–action auront su développer très tôt une intelligence
"déconstructive" du cahier des charges originel, nécessairement imparfait et qu’il aura fallu
cependant s’approprier. Ce passage obligé laisse place alors à un processus d’apprentissage pour
aller vers la fabrication d’un nouveau cahier des charges qui sera celui du dispositif "Trajectoire",
consolidé et pérennisé dans ses fondements, tel qu’il pourra être proposé sur les nouveaux
territoires. C’est alors que de nouveaux acteurs devront s’en approprier les enjeux, les intentions
et les principes organisateurs, pour, à leur tour, inventer de nouvelles actions adaptées à leur
propre contexte.
116
Si la démarche évaluative a pu paraître imposer une certaine rigueur technicienne, rigueur voulue
par les promoteurs du dispositif, l’action sur les territoires, quant à elle, s’inscrit toujours sur un
fond d’indétermination, fait de contingences et de particularismes, et qui tend à résister à un
modèle général. Un écart subsistera toujours entre ce qui sera réalisé effectivement, et ce qui
aura été pensé préalablement pour agir. L’engagement des acteurs s’accommode mal de cadres
dressés d’avance et qui seraient vécus comme trop rigides, alors qu’une des sources d’efficacité
est sans aucun doute à rechercher du côté de la capacité des acteurs à « déborder » ces cadres (F.
Julien 2002).
En matière de transfert, l’intelligence stratégique doit donc reconnaitre l’importance du processus
d’adaptation aux contingences locales et à leurs évolutions, plutôt que de construire des formes
idéales qui s’imposeraient à tous. Au lieu de dresser un modèle qui serve de norme générale à
l’action, il faut plutôt s’attacher à détecter les facteurs favorables découlant de la spécificité de
chaque contexte, à reconnaitre le potentiel de chaque situation et à se laisser « porter » par lui.
C’est seulement à cette condition, et à cette façon d’appréhender la question du transfert, que
Trajectoire pourra devenir un dispositif régional durable, sous tendu à la fois par une volonté
évolutionniste (le faire évoluer vers un objectif final en y intégrant des changements continus)
autant que par une « intentionnalité évolutionnaire » (admettre des comportements dynamiques
d’acteurs capables du remaniement perpétuel des mécanismes de changement). Vaste
programme, mais programme susceptible de mobiliser durablement la créativité des territoires.
117
BIBLIOGRAPHIE
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119
GLOSSAIRE
AEEO : Amélioration de l’Expression Ecrite et Orale
ANPE : Agence Nationale Pour l’Emploi
APP : Atelier Pédagogique Personnalisé
ARE : Allocation d’aide au Retour à l’Emploi
CIVIS : Contrat d’Insertion dans la Vie Sociale
CLI : Commission Locale d’Insertion
CPR : Comité de Pilotage Régional
CTS : Comité Territorial de Suivi
DIFPRA : Direction de la Formation Professionnelle et de l’Apprentissage
DRIP : Dispositif Régional d’Insertion Professionnelle
MFP : Maison de la Formation Professionnelle
MGI : Mission Générale d’Insertion
MIJEC : Mission d’Insertion des Jeunes de l’Enseignement Catholique
OF DRIP : Organismes de Formation prestataire du DRIP
OFP : Organisme de Formation Pilote
PACA : Parcours d’Accès au Contrat en Alternance
PI : période interstitielle ou intermédiaire
POP : Prestation d’Orientation Professionnelle
PPE : Prestation Préparatoire à l’Emploi
PPS : Prestation Préprofessionnalisation sectorielle
PRS : Programme Régional des Stages
PRSB : Prestation de Réapprentissage des Savoirs de Base
RDF : Responsable des Dispositifs de Formation
SPAQ : Service des Parcours d’Accès à la Qualification
Tandem ou binôme : désigne l’organisme de formation pilote et la mission locale
Niveaux de formation :
- Niveau VI : sans diplôme
- Niveau Vbis : personnes de niveau CAP-BEP
- Niveau V : personnes ayant obtenu un CAP ou BEP
- Niveau IV : personnes ayant obtenu un baccalauréat
- Niveau III : personnes ayant obtenu un diplôme Bac+2 minimum
120
ANNEXES
121
Annexe 1
Grille d’entretien utilisée auprès des bénéficiaires de Trajectoire
122
Présentation : Le centre associé au CEREQ de Rennes est chargé d’évaluer le dispositif
Trajectoire. Nous nous intéressons plus particulièrement aux effets que peut (ou a pu) avoir
Trajectoire sur votre parcours.
Objectif : Nous souhaitons recueillir des témoignages concernant ce dispositif : « nous voulons
savoir ce que vous en pensez » ; « que vous a apporté / que vous apporte le fait d’être dans
Trajectoire ? » ; nous souhaitons comprendre comment ce dispositif permet de répondre (ou pas)
à vos attentes.
Le contenu de cet entretien restera confidentiel et votre nom ne sera pas mentionné lors de la
diffusion des résultats.
Parcours scolaire :
Rapport du jeune à l’école : repérer comment s’est passée la scolarité de la personne, comment
a-t-elle vécu cette période ?
1. Avez-vous des diplômes ?
Si oui, lesquels ?
□ Oui
□ Non
2. En quelle année les avez-vous obtenus ?
3. Quelle est la dernière classe que vous avez fréquentée ?
4. C’était en quelle année ?
Quel âge aviez-vous ?
5. Pourquoi avez-vous arrêté vos études ?
□ Parce que vous étiez lassé de faire des études, vous n’étiez plus intéressé, vous
aviez envie d’autre chose (oui/non)
□ Parce que vous vous sentiez en situation d’échec, continuer vous semblait difficile,
vous n’aviez pas l’impression que vous pourriez réussir (oui/non)
□ Pour des raisons financières (oui/non)
□ Parce que vous aviez atteint le niveau de formation que vous souhaitiez (oui/non)
□ Parce que vous avez été refusé dans la formation que vous souhaitiez intégrer (oui/non)
□ Autre : précisez :
6. Pouvez-vous me décrire votre parcours scolaire ? Quels choix d’orientation avez-vous fait
au collège et/ou au lycée ?
Pourquoi ces choix ?
□ Etait-ce réellement un choix de votre part ?
□ Ou était-ce un choix contraint ? Pourquoi ?
7. Aviez-vous déjà un projet professionnel à la sortie de l’école ?
Si oui, lequel ?
8. Qu’avez-vous fait immédiatement après l’arrêt de vos études ? Pouvez-vous me décrire ce
que vous avez fait entre la fin de votre scolarité et votre 1er emploi ?
123
Parcours professionnel et extra-professionnel :
Rapport du jeune au travail : repérer si les emplois occupés sont en rapport avec le diplôme,
repérer la durée du temps passé en emploi/ en recherche d’emploi, comprendre comment la
personne a vécu ces expériences
9. A quel âge avez-vous commencé à travailler ?
10. Pouvez-vous me parler de vos expériences professionnelles depuis que vous avez quitté
l’école ?
- 1er poste occupé : en quelle année ?
= intitulé
= contenu
= durée
= type de contrat : □ CDI
□ CDD
□ Intérim
□ Contrat d’apprentissage
□ Contrat de professionnalisation
□ Contrat aidé : précisez :
□ Temps plein
□ Temps partiel
- Dernier poste occupé : en quelle année ?
= intitulé
= contenu
= durée
= type de contrat : □ CDI
□ CDD
□ Intérim
□ Contrat d’apprentissage
□ Contrat de professionnalisation
□ Contrat aidé : précisez :
□ Temps plein
□ Temps partiel
11. Qu’avez-vous fait entre les deux (formation, emplois, stages) ? Pouvez-vous me décrire
les événements les plus importants ?
12. Par quel moyen avez-vous trouvé vos emplois ?
□ Candidature spontanée
□ Relations personnelles : précisez :
□ Annonces presse, Internet
□ ANPE
□ ML
□ Cap Emploi
□ Autre : précisez :
13. Avez-vous démissionné d’un de ces emplois ?
Pourquoi ?
□ Oui
□ Non
14. Comment avez-vous vécu vos différentes situations professionnelles (emplois et stages) ?
Avez-vous rencontré des difficultés au travail ?
124
Préciser :
- relations avec les collègues, le patron
- relations avec le travail en lui-même : investissement professionnel, job alimentaire
- conditions de travail (ambiance, contraintes…)
- contenu du travail : facile, difficile
- compétences manquantes : avez-vous ressenti qu’il vous manquait certaines compétences ?
- problèmes autres : motivation, mobilité, confiance en soi…
15. Depuis l’arrêt de votre scolarité, combien de temps au total avez-vous été en recherche
d’emploi ?
La Mission Locale
16. Quand êtes-vous venu à la ML ? (repérer combien de temps s’est écoulé entre l’arrêt des études
et le 1er accueil ML et repérer depuis combien de temps la personne est suivie par la ML)
17. Pourquoi êtes-vous venu à la ML ?
□ Pour trouver un emploi
□ Pour trouver une formation
□ Pour être aidé dans vos démarches d’orientation
□ Pour des problèmes de logement
□ Pour des problèmes financiers
□ Pour des problèmes de santé
□ Autre : précisez :
18. Comment avez-vous connu la ML ?
□ Famille
□ Amis
□ Internet
□ ANPE
□ Structure d’orientation (CIO, SUIO)
□ Autre : précisez :
19. Aviez-vous un projet d’emploi ou de formation en venant à la ML ? Si oui, lequel ?
20. Quelle(s) prestation(s) avez-vous effectué ? (prestations DRIP et hors DRIP)
Pouvez-vous me décrire votre parcours depuis que vous êtes suivi par la ML ?
(repérer si la dernière prestation effectuée dans le cadre de Trajectoire est la 1ère)
21. Pourquoi avez-vous décidé de suivre ces prestations ?
□ Se familiariser avec l’environnement professionnel
□ Elaborer un projet
□ Vérifier un projet / se confronter à la réalité
□ Découvrir un(des) métier(s)
□ Autre : précisez :
125
22. Qu’est-ce qu’elles vous ont apporté ?
Ont-elles répondu à vos attentes ?
23. Aviez-vous envisagé de reprendre une formation (dans le but d’obtenir un diplôme) avant
l’entrée dans l’une de ces prestations ?
□ Oui
□ Non
24. Pourquoi ?
25. Et maintenant ?
26. Pour vous la formation c’est pour :
□ Apprendre un métier
□ Se réorienter professionnellement
□ Acquérir un diplôme ou un titre professionnel
□ Se perfectionner dans un métier
□ Se remettre à niveau
□ Avoir un statut permettant une rémunération
□ Autre : précisez :
27. Quelles sont les prochaines étapes de votre parcours ?
« Trajectoire » :
28. Pour vous Trajectoire, c’est avant tout : (hiérarchiser les réponses)
□ Un dispositif de formation
□ Un accompagnement personnalisé
□ La possibilité d’avoir une rémunération
□ Autre : précisez :
29. Quel intérêt voyez-vous au fait de signer un contrat pour bénéficier de Trajectoire ?
(approfondir la notion de « contrat », est-ce que pour vous signer un contrat est une forme
d’engagement ?)
Rémunération
30. Quel type de rémunération avez-vous perçu après (citer le nom de la prestation DRIP
effectuée par le jeune) ?
□ CIVIS
□ ARE
□ Trajectoire
□ Autre : précisez :
31. Est-ce que le fait d’être rémunéré vous a incité à rester ?
Mobilité géographique
32. Comment faîtes-vous aujourd’hui pour vous déplacer ?
□ Voiture personnelle
□ Transports en commun
□ Scooter
□ Autre : précisez :
126
33. Quelles solutions alternatives avez-vous ?
□ Famille
□ Amis
□ Autre : précisez :
34. Est-ce que ça a été déjà été un frein ?
35. Est-ce que ça peut l’être encore ?
Parcours du bénéficiaire dans le cadre de Trajectoire
36. Pouvez-vous me parler de votre parcours depuis (rappeler le nom de la dernière
prestation) ? Qu’avez-vous effectué dans le cadre de Trajectoire ?
□ Entretiens (fréquence)
□ Regroupements/réunions collectives
□ Stages
□ Actions de remise à niveau
□ Préparation de votre candidature pour l’entrée en formation (simulation d’entretien, aide
pour remplir le dossier d’inscription, recherche de financement, recherche de contrat
(professionnalisation/apprentissage)…)
37. De quelle(s) autre(s) action(s) avez-vous bénéficié ?
38. Dans quel but ?
39. Si nous reprenons une à une les actions effectuées depuis votre sortie de prestation (action
de remise à niveau, stages…) : qu’en avez-vous pensé ? Que vous ont-elles apporté ? (par
exemple, la fréquence des rendez-vous est-elle nécessaire ?)
40. Parmi les actions effectuées, lesquelles vous ont paru le plus utile ? (pourquoi ?)
Accompagnement
41. Savez-vous à qui vous adresser (conseiller/ formateur ML/OF/OF pilote) en fonction des
besoins que vous rencontrez ? (Qui sollicitez-vous et pourquoi ? Avez-vous bien identifié
les rôles de chacun (conseiller ML et référent Trajectoire) et leur complémentarité) ?
42. Que pensez-vous du fait d’être accompagné par la ML et par (nom de l’organisme
pilote) ? Avez-vous le sentiment d’être accompagné par les deux ?
Selon vous, est-ce que le fait d’avoir plusieurs référents est utile ?
43. Repérez-vous des cohérences / contradictions dans les réponses que vous apportent les
différents conseillers ?
44. Avez-vous le sentiment que l’on vous propose des choses sur mesure, que vous êtes plus
écouté qu’avant ?
Rapport au projet
45. Pour vous, qu’est-ce qu’un projet professionnel ?
46. Qu’est-ce qui vous a incité à élaborer un projet professionnel ?
47. Vous sentez-vous suffisamment accompagné pour élaborer votre projet ?
127
48. Au départ, aviez-vous « compris » que Trajectoire avait pour but de vous accompagner
afin de faciliter l’accès à la qualification ?
49. Est-ce que Trajectoire vous a été profitable, est-ce que Trajectoire a changé votre opinion
concernant une reprise de formation ?
50. (pour ceux qui sont sortis de Trajectoire) :
a. A quel moment êtes-vous sorti de Trajectoire ?
b. Pour quelle(s) raison(s) ?
c. Envisagez-vous de réintégrer Trajectoire ?
d. Pour quelle(s) raison(s) ?
Difficultés
51. Quels freins avez-vous rencontré au cours de votre parcours dans Trajectoire ?
□ Distance entre le lieu d’habitation et l’OF pilote
□ Difficultés à vous mobiliser/motiver
□ Difficultés à effectuer en temps et en heure les démarches programmées
□ Retard dans le versement de la rémunération Trajectoire
□ Difficultés financières
□ Autre : précisez :
Opinion
52. Plus généralement, que pensez-vous de Trajectoire ? Quels sont les points forts et les
points faibles ?
Suggestions d’amélioration
53. Quelles aides supplémentaires (par exemple en termes d’accompagnement, de mobilité,
autres…) aimeriez-vous avoir ?
54. (pour ceux qui ont effectué une prestation DRIP avant Trajectoire) : Selon vous, qu’est-ce
que Trajectoire apporte de plus par rapport à ce qui vous était proposé avant ? (quelle
perception avez-vous du dispositif ?)
Présentation :
-
Sexe :
Date de naissance :
Situation familiale (célibataire/marié, nombre d’enfants) :
Lieu d’habitation (distance par rapport à la ML et OF pilote) :
Territoire d’appartenance :
128
Annexe 2
Contextes socio-économiques des trois territoires de la rechercheaction
129
SITUATIONS DEMOGRAPHIQUES ET SOCIO-ECONOMIQUES DES TERRITOIRES DE LA RECHERCHEACTION
27
Carte d’identité des territoires :
Tableau 1 : Population sur chaque territoire de la recherche-action en 2002
Population en 2002
Pays de Cornouaille
317 480
Pays de Fougères
77 050
Pays de Pontivy
78 310
Pays de Centre Bretagne
42 610
Bretagne
2 957 980
Selon les tableaux de bord établis par le Gref-Bretagne en juin 2007 :
27
-
le territoire de Loudéac-Pontivy est classé parmi les « pays ruraux industriels ». Ces
pays comptent une population faible. Les actifs en emploi sont moins diplômés que la
moyenne et sont souvent ouvriers. Les emplois agricoles et industriels sont largement
implantés et les niveaux de formation suivis dans ces territoires sont également plus bas
que sur le reste de la Bretagne ;
-
le pays de Fougères est également classé parmi les « pays ruraux industriels ». Nous
retrouvons les mêmes profils de population active avec des actifs en emploi moins
diplômés qu’ailleurs en Bretagne ; les niveaux de formation suivis sont également plus
bas et les emplois agricoles et industriels sont largement représentés ;
-
le pays de Cornouaille (Quimper) est classé parmi les « pays urbains tertiaires ». Ce
sont souvent des pays très peuplés comportant des aires urbaines de grande taille. Les
actifs qui y travaillent sont très diplômés et exercent en majorité dans des domaines
tertiaires. Les indicateurs de précarité (RMI, chômage de longue durée) y sont plutôt
défavorables. Les niveaux de formation des élèves et stagiaires dans ces territoires sont
plus élevés que la moyenne.
Selon les tableaux de bord établis par le Gref-Bretagne en juin 2008.
130
Activité économique :
Tableau 2 : Le nombre d’emploi sur les territoires de la recherche-action en 2005
•
Nombre d’emplois en 2005
Part dans la Bretagne
Pays de Cornouaille
113 390
10,4%
Pays de Fougères
27 150
2,5%
Pays de Pontivy
28 860
2,7%
Pays de Centre Bretagne
19 220
1,8%
Les principaux secteurs d’activité économiques (NES) (effectifs) :
Cornouaille
= éducation, santé, action sociale : 24 150
= commerce : 17 130
= services rendus aux entreprises : 12 470
= administration : 11 800
= industries agricoles et alimentaires : 10 650
Fougères
= éducation, santé, action sociale : 5 460
= commerce : 3 290
= services rendus aux entreprises : 2 970
= industries des biens intermédiaires28 : 2 740
= administration : 2 170
Pontivy
= industries agricoles et alimentaires : 5 860
= éducation, santé, action sociale : 5 670
= commerce : 3 600
= services rendus aux entreprises : 2 670
= construction : 2 310
Centre Bretagne
= industries agricoles et alimentaires : 4 290
= administration : 3 250
= éducation, santé, action sociale : 2 380
= commerce : 1 910
= services rendus aux particuliers : 1 280
28
Concernent les industries du textile, du bois et du papier, des produits minéraux, des composants électriques et
électroniques, la métallurgie, chimie, caoutchouc, plastiques.
131
•
Les activités spécifiques de chaque pays : activités surreprésentées par rapport à la région
Bretagne
Cornouaille
= industries agricoles et alimentaires
Fougères
= industries de biens de consommation29
= industries des biens intermédiaires
= industries des biens d’équipement30 et automobile
Pontivy
= industries agricoles et alimentaires
= transports
= industries des biens intermédiaires
Centre Bretagne
= industries agricoles et alimentaires
= industries des biens d’équipement et automobile
= transports
Actifs du territoire :
Tableau 3 : Nombre d’actifs et taux d’activité des moins de 30 ans sur les territoires de la recherche-action au
regard de la situation régionale
Nombre d’actifs
en 1999
En Bretagne
Pays de
Cornouaille
Pays de Fougères
Pays de Pontivy
Pays de Centre
Bretagne
1 261 080
132 900
34 140
34 110
18 550
10,5%
2,7%
2,7%
1,5%
Part des actifs
dans la Bretagne
Part des moins de
30 ans
22,1%
20,5%
23,5%
22,8%
23,2%
Taux d’activité
des moins de 30
ans
51,2%
54,9%
58,1%
56,5%
59,2%
29
Concernent les industries des équipements du foyer, habillement, édition, pharmacie, entretien…
Concernent la construction navale, aéronautique et ferroviaire, les industries des équipements mécaniques,
électriques et électroniques.
30
132
Tableau 4 : Répartition des moins de 30 ans par niveau de formation en pourcentage en 1999
•
Pays de
Fougères
18,5%
Pays de
Pontivy
24,9%
Pays de Centre
Bretagne
23,0%
En Bretagne
Niveau > au Bac
Pays de
Cornouaille
28,0%
Niveau Bac
24,1%
23,8%
25,0%
26,5%
24,6%
Niveau CAP – BEP
31,9%
38,0%
33,8%
34,1%
31,5%
< CAP – BEP
7,7%
9,5%
7,3%
7,4%
7,4%
Non déclaré ou sans
diplôme
8,2%
10,2%
9,0%
9,0%
8,4%
28,1%
Domaines de métiers les plus représentés en 1999 (par Groupe Formation Emploi : GFE)
Cornouaille
= tertiaire de bureau – tertiaire spécialisé : 20 300 (effectifs), soit 17,5% des actifs
= paramédical, travail social, soins personnels : 13 340 soit 11,5%
= commerce et distribution : 10 760 soit 9,3%
= production alimentaire, cuisine : 9 200 soit 7,9%
= nettoyage, assainissement, environnement, sécurité : 8 700 soit 7,5%
Fougères
= tertiaire de bureau – tertiaire spécialisé : 3 860 soit 12,7%
= agriculture : 3 540 soit 11,6%
= paramédical, travail social, soins personnels : 2 810 soit 9,2%
= nettoyage, assainissement, environnement, sécurité : 2 520 soit 8,3%
= transports, conduite, manutention, magasinage : 2 470 soit 8,1%
Pontivy
= production alimentaire, cuisine : 4 280 soit 13,8%
= agriculture : 4 020 soit 13,0%
= tertiaire de bureau – tertiaire spécialisé : 3 590 soit 11,6%
= paramédical, travail social, soins personnels : 3 130 soit 10,1%
= transports, conduite, manutention, magasinage : 2 900 soit 9,4%
Centre Bretagne
= agriculture : 3 500 soit 19,0%
= production alimentaire, cuisine : 2 720 soit 14,8%
= tertiaire de bureau – tertiaire spécialisé : 1 840 soit 10,0%
= transports, conduite, manutention, magasinage : 1 670 soit 9,0%
= paramédical, travail social, soins personnels : 1 660 soit 9,0%
•
Emplois spécifiques de chaque territoire par grand domaine de métiers en 1999 (GFE)
133
Cornouaille
= pêche, mer, aquaculture
= production alimentaire, cuisine
= arts appliqués, arts du spectacle
= travail des matériaux
Fougères
= textile, habillement, cuir
= travail du bois
= électricité, électrotechnique, électronique
= agriculture
= mécanismes, automatismes
= bâtiment gros œuvre, génie civil, extraction
Pontivy
= production alimentaire, cuisine
= agriculture
= travail des matériaux, industries de process, laboratoire
= travail du bois
= transports, conduite, manutention, magasinage
Centre Bretagne
= production alimentaire, cuisine
= agriculture
•
Répartition des domaines de métiers selon l’âge
Cornouaille
La part des moins de 30 ans est plus élevée par rapport à celle des 45 ans et plus dans les
domaines de :
- production alimentaire, cuisine
- structures métalliques, travail des métaux, fonderie
- hôtellerie, restauration, tourisme, loisirs
- commerce et distribution
Fougères
La part des moins de 30 ans est plus élevée par rapport à celle des 45 ans et plus dans les
domaines de :
- électricité, électrotechnique, électronique
- mécanismes, automatismes
- production alimentaire, cuisine
- structures métalliques, travail des métaux, fonderie
Pontivy
134
La part des moins de 30 ans est plus élevée par rapport à celle des 45 ans et plus dans les
domaines de :
- travail des matériaux, industries de process, laboratoire
- production alimentaire, cuisine
- électricité, électrotechnique, électronique
- transports, conduite, manutention, magasinage
Centre Bretagne
La part des moins de 30 ans est plus élevée par rapport à celle des 45 ans et plus dans les
domaines de :
- électricité, électrotechnique, électronique
- travail des matériaux, industries de process, laboratoire
- production alimentaire, cuisine
- hôtellerie, restauration, tourisme, loisirs
• Statuts d’emplois :
Tableau 5 : Statuts d’emplois des personnes sur les territoires de la recherche-action et en Bretagne en 1999
Pays de
Cornouaille
Pays de
Fougères
Pays de Pontivy Pays de Centre
Bretagne
En Bretagne
Part de l’emploi non
salarié
Part de CDI
14,4%
18,5%
19,6%
21,4%
14,7%
71,3%
65,3%
66,9%
65,4%
71,1%
Part des temps partiels
19,1%
14,8%
15,3%
13,3%
18,8%
Part de CDD à temps
partiel
2,7%
2,0%
1,9%
1,7%
2,8%
Part de l’emploi non
qualifié
27,8%
28,9%
30,6%
32,1%
25,7%
Recrutements sur le territoire :
135
Tableau 6 : Les recrutements en 2006
Nombre de recrutements en
2006
Part des recrutements dans la
Bretagne
Pourcentage des moins
de 26 ans recrutés
Pays de Cornouaille
65 190
9,0%
42,6%
Pays de Fougères
14 050
1,9%
45,0%
Pays de Pontivy
16 680
2,3%
32,5%
Pays de Centre
Bretagne
8 200
1,1%
39,3%
En Bretagne
727 260
•
42,2%
Principaux secteurs d’activité ayant recrutés :
Cornouaille
= services aux particuliers : 23 400 soit 35,9% des recrutements en 2006
= éducation, santé, action sociale : 10 280 soit 15,8%
= commerce : 9 210 soit 14,1%
Fougères
= services aux particuliers : 2 770 soit 19,7%
= éducation, santé, action sociale : 2 170 soit 15,5%
= administration : 1 900 soit 13,5%
Pontivy
= éducation, santé, action sociale : 6 710 soit 40,2%
= industries agricoles et alimentaires : 2 090 soit 12,5%
= services aux particuliers : 1 870 soit 11,2%
Centre Bretagne
= services aux entreprises : 2 060 soit 25,1%
= services aux particuliers : 1 460 soit 17,8%
= commerce : 1 220 soit 14,9%
•
Activités spécifiques du territoire qui recrutent par rapport à la région Bretagne :
Cornouaille
= industries agricoles et alimentaires
= services aux particuliers
= activités immobilières
= activités financières
= industries de biens d’équipement et automobile
Fougères
136
=
=
=
=
=
=
industries de biens de consommation
industries de biens d’équipement et automobile
industries des biens intermédiaires
administration
transports
construction
Pontivy
= industries agricoles et alimentaires
= éducation, santé, action sociale
= transports
= industries des biens intermédiaires
Centre Bretagne
= industries de biens d’équipement et automobile
= industries agricoles et alimentaires
= transports
= services aux entreprises
= construction
•
Part des emplois durables dans les offres déposées en 2007 par domaine de métier :
repérer en fonction des emplois où on trouve le plus de jeunes
Cornouaille
Plus de 50% d’emplois durables dans les domaines de :
- arts appliqués, arts du spectacle
- techniques de la communication, média
Plus de 40% dans les domaines de :
- paramédical, travail social, soins personnels
- commerce et distribution
Fougères
Plus de 50% d’emplois durables dans les domaines de :
- techniques de la communication, média
- arts appliqués, arts du spectacle
- bâtiment gros œuvre, génie civil, extraction
- hôtellerie, restauration, tourisme, loisirs
- production alimentaire, cuisine
Plus de 40% dans les domaines de :
- commerce et distribution
- nettoyage, assainissement, environnement, sécurité
- mécanismes, automatismes
- agriculture
- paramédical, travail social, soins personnels
Pontivy
137
Plus de 50% d’emplois durables dans les domaines de :
- techniques de la communication, média
- commerce et distribution
- production alimentaire, cuisine
- mécanismes, automatismes
- bâtiment gros œuvre, génie civil, extraction
- travail du bois
Plus de 40% dans les domaines de :
- électricité, électrotechnique, électronique
- tertiaire de bureau, tertiaire spécialisé
- hôtellerie, restauration, tourisme, loisirs
- bâtiment : équipement et finition
- structures métalliques, travail des métaux, fonderie
Centre Bretagne
Plus de 50% d’emplois durables dans les domaines de :
- techniques de la communication, média
- électricité, électrotechnique, électronique
- mécanismes, automatismes
- hôtellerie, restauration, tourisme, loisirs
Plus de 40% dans les domaines de :
- paramédical, travail social, soins personnels
- structures métalliques, travail des métaux, fonderie
- commerce et distribution
- bâtiment gros œuvre, génie civil, extraction
- bâtiment : équipement et finition
Tableau 7 : Part des offres d’emploi durables 31 en 2007 en pourcentage
Part des offres
d’emploi
durables
Pays de
Cornouaille
Pays de
Fougères
Pays de Pontivy
Pays de Centre
Bretagne
En Bretagne
33,5%
33,0%
43,7%
27,1%
41,5%
Demande d’emploi sur le territoire :
31
CDI et CDD de plus de 6 mois.
138
Tableau 8 : La demande d’emplois sur les territoires de la recherche-action
Population active
Nombre de demandeurs
d’emplois au 31/12/2007 de
catégorie 1 et 6
Part de la DEFM32 dans la
Bretagne
Pays de Cornouaille
132 900
11 540
10,8%
Pays de Fougères
34 140
2 090
2,0%
Pays de Pontivy
34 110
2 060
1,9%
Pays de Centre Bretagne
18 550
1 150
1,1%
En Bretagne
1 261 080
106 430
Tableau 9 : Pourcentage DEFM des moins de 26 ans
Moins de 26 ans
Pays de
Cornouaille
Pays de
Fougères
Pays de Pontivy
Pays de Centre
Bretagne
En Bretagne
23,0%
28,2%
27,2%
27,8%
24,0%
Tableau 10 : Pourcentage des moins de 26 ans considérés comme DELD33
Moins de 26 ans
Pays de
Cornouaille
Pays de
Fougères
Pays de Pontivy
Pays de Centre
Bretagne
En Bretagne
11,2%
12,2%
12,8%
20,0%
12,1%
Tableau 11 : Taux de chômage (tous âges confondus) au 4ème trimestre 2006 sur les différents territoires 34
Taux de
chômage
Pays de
Cornouaille
Pays de
Fougères
Pays de Pontivy
Pays de Centre
Bretagne
En Bretagne
7,7%
6,3%
5,2%
5,2%
7,2%
32
Demande d’Emploi de Fin de Mois.
Demandeurs d’emploi de longue durée.
34
Selon les chiffres de l’INSEE.
33
139
Tableau 12 : Niveau de formation des demandeurs d’emploi (tous âges confondus) sur les territoires de la
recherche-action
Pays de
Cornouaille
Pays de
Fougères
Pays de Pontivy
Pays de Centre En Bretagne
Bretagne
Niveau > au Bac
25,5%
18,8%
20,0%
19,9%
26,5%
Niveau Bac
23,1%
18,7%
21,9%
18,5%
22,0%
Niveau CAP – BEP
40,5%
45,4%
44,6%
48,4%
40,0%
< CAP – BEP
5,5%
6,5%
5,9%
6,9%
5,4%
Non déclaré ou sans
diplôme
5,4%
10,7%
7,6%
6,4%
6,1%
140
Annexe 3
Portrait statistique des jeunes entrés dans le dispositif
TRAJECTOIRE entre le 01/10/2007 et le 29/02/2008 effectué par le
Gref Bretagne
141
142

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