Fundraiser, où travailles-tu - Association Française des Fundraisers

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Fundraiser, où travailles-tu - Association Française des Fundraisers
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DES HOMMES ET DES DONS
FUNDRAISER, OÙ TRAVAILLES-TU ?
Si le fundraiser moderne est né dans les associations de solidarité, il travaille aujourd'hui dans bien
des secteurs. Petit tour d'horizon des causes qu’il défend, analyse en partie inspirée du Référentiel
des métiers du fundraising publié en 2011 par l’Apec avec l’AFF.
La solidarité
La culture
Canal ”historique” de la collecte de fonds le secteur
de la solidarité est né à la fin du XIXème siècle, de la
volonté d’organiser la lutte contre l’exclusion et la
pauvreté au sens large : création de la Croix-Rouge
en 1864, de L’Armée du Salut en 1878. Rapidement,
des ”spécialistes” émergent : Apprentis d’Auteuil dès
1866, Unicef en 1946 pour l’enfance, Association des
Paralysés de France en 1933. Ces pionniers sont rejoints après la Seconde Guerre Mondiale par une
deuxième génération : Secours populaire en 1945,
Secours Catholique et petits frères des Pauvres en
1946, Mouvement Emmaüs en 1949...
Avec les crises - nationales et internationales - et la
prise de conscience croissante des inégalités, les acteurs
se multiplient, à l’initiative variée d’avocats (Amnesty
International, 1961), de médecins (Médecins sans
Frontières en 1971, Médecins du Monde en 1980),
d’artistes (Restos du cœur en 1985)...
Le secteur recouvre aujourd’hui des organismes extrêmement diversifiés (taille, forme juridique, âge...),
fournissant tous types d’aide aux personnes en difficulté, en France, à l’international, ou les deux à la fois.
Il reste, particulièrement en temps de crise, et alors
que le donateur a le sentiment que tout le monde est
désormais en risque de précarité, l’une des causes
préférées des Français.
La culture est traditionnellement le secteur du
grand mécénat. Les établissements culturels prestigieux, comme le Louvre, collectent auprès des grands
mécènes individuels depuis toujours. Ils sollicitent aussi
de longue date les entreprises, alors que les associations
de solidarité apprennent plus récemment à tisser des
liens avec ces acteurs du monde marchand. Depuis
une décennie, bien d’autres acteurs plus modestes de
la sphère culturelle se lancent : musées, théâtres, festivals, orchestres... Cette extension a été favorisée en
2003 par la loi relative au Mécénat, aux Associations
et aux Fondations (dite ”Loi Aillagon”) qui a créé un
cadre juridique et fiscal plus favorable au mécénat
d’entreprise. Puis, la loi de finances 2007 a ouvert le
mécénat aux dons des particuliers destinés à financer
des travaux de restauration des monuments historiques privés.
Traditionnellement concentré sur la collecte de
fonds grand public, ce secteur cherche depuis quelques
années à diversifier ses sources de financement auprès
de donateurs plus stratégiques (entreprises, mécènes
particuliers). Il devrait, dans les années à venir, davantage implémenter ces stratégies grands donateurs,
mises en place dans l’univers de l’enseignement supérieur par exemple. Le secteur se cherche également
un second souffle en s’aventurant dans la collecte sur
Internet ou les micro-dons, autant de vecteurs susceptibles de séduire une audience plus jeune que son
donateur ”traditionnel” vieillissant.
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Si la loi a ouvert le champ, la générosité n’a pas
toujours suivi, la crise relativisant la cause ”culture”,
la notion de RSE faisant glisser le mécénat d’entreprise vers des sujets plus sociaux. Le soutien des entreprises à la culture a ainsi fortement baissé, passant
de 39% du budget global de mécénat en 2008 à 19%
en 2010 (avant de remonter à 26% en 2012). Cette
diminution de la ressource ”entreprise” a encouragé
le secteur (notamment le Patrimoine) à se tourner plus
largement vers le mécénat populaire, lançant désormais
des appels à souscription via Internet pour acheter des
œuvres ou financer des restaurations. Cette tendance
devrait continuer à se développer.
DES HOMMES ET DES DONS
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L’enseignement supérieur
Le secteur confessionnel
C’est à la fin des années 90 que le fundraising
émerge au sein des établissements d’enseignement
supérieur français, alors qu’il est pratiqué depuis
belle lurette dans l’univers anglo-saxon. Il se développe
d’abord au sein d’établissements privés : INSEAD,
Université Catholique de Lille, ESSEC... Malgré des
réticences culturelles et organisationnelles, la réussite
des premières campagnes contribue à convaincre de
l’intérêt de la collecte de fonds. La loi du 10 août
2007 relative aux libertés et responsabilités des universités (dite LRU) renforce ensuite le mouvement en
ouvrant le champ de la collecte aux universités publiques.
C’est un secteur collecteur par essence, les grandes
religions ayant toutes placé le don au cœur de leurs
pratiques. Dans la religion Juive, la tsedaka incite à
donner 10% de ses revenus. Un pourcentage équivalent
à celui de la dîme catholique ou protestante. L’Islam
a mis en place le zakat (2,5% des revenus, en théorie)
aux côtés de la sadaqah (philanthropie des plus nantis)
ou du waqf (sorte de fondation). Et au-delà de leur
propre collecte, toutes multiplient les incitations à la
générosité envers autrui. De fait, la foi a un impact
sur la générosité. En 2007, une étude du Cerphi révélait
que le don moyen annuel des ”sans religion” était de
136 euros, contre 190 euros pour les croyants non
pratiquants, 207 euros pour les pratiquants occasionnels
et 336 euros pour les pratiquants réguliers ! Sauf que
cette générosité ne va pas toujours vers leur paroisse...
Depuis, le nombre d'acteurs collecteurs ne cesse
d'augmenter et le mouvement devrait se poursuivre.
Autre perspective, alors que l'enseignement supérieur a
eu tendance à se concentrer sur les grands donateurs
(mécènes entreprises ou particuliers), les approches
plus grand public commencent à se diffuser auprès des
anciens élèves et de leurs ”communautés” : étudiants
et chercheurs (ainsi que leurs parents ou amis) mais
aussi la population locale sur des projets ancrés territorialement, etc.
Cessant de compter sur l'évidence et la tradition,
depuis quelques années, le secteur confessionnel est
reparti en campagne pour sa propre cause, s’appropriant de plus en plus les techniques de marketing
des acteurs de la solidarité, sortant des conseils
spécialisés pour travailler avec les mêmes agences
”généralistes” que le reste des fundraisers. Les tonalités changent, les outils se développent, des innovations
voient le jour.
L’environnement
Plus récent que la solidarité, ce secteur a émergé
parallèlement au développement du courant écologiste
entre 1960 et 1970 : création du WWF en 1961, des
Amis de la Terre en 1970 ou de Greenpeace en 1971.
Depuis le début des années 2000, ce champ d’action
et de collecte de fonds connaît un nouveau dynamisme, impulsé par la montée des débats sur l’avenir
de la planète (changement climatique, biodiversité,
politique énergétique, etc.). Les alertes répétées de la
communauté scientifique, la présence accrue de l’environnement dans le discours politique, le Grenelle
Environnement, ont donné une nouvelle dimension à
la prise de conscience du grand public et donc à sa
capacité à donner...
Attirant au départ une générosité ”militante”,
l’environnement est peu à peu devenu un sujet véritablement grand public au même titre que la solidarité
ou la recherche médicale, usant des mêmes outils et
ressorts. Entre 2008 et 2009, les dons au profit de
la protection de l’environnement ont ainsi augmenté
de près de 15%, contre 2% pour le monde associatif
dans son ensemble, selon le ministère de l’Intérieur.
Comme la solidarité, ce secteur diversifie ses ressources
en se tournant vers les grands donateurs, particuliers
ou entreprises.
La santé
La recherche médicale collecte également de
longue date. Créé en 1888, l’Institut Pasteur faisait
déjà appel aux mécènes pour financer la construction
de ses bâtiments. De même, l’Institut Curie (1909) a
rapidement cherché des dons pour financer ses travaux
de recherche. S’appuyant sur les mêmes ressorts de
collecte que la solidarité, la recherche médicale est
aussi capable d’innover : l’Association Française contre
les Myopathies lance le Téléthon en 1987, première
grand messe télévisée annuelle de collecte de fonds.
À l’avenir, le fundraising devrait s’étendre aux hôpitaux grâce à l’impulsion donnée par la ”Loi portant
réforme de l’hôpital et relative aux patients, à la
santé et aux territoires” (promulguée le 21 juillet
2009). Elle permet aux établissements publics de
santé - via la création de fondations hospitalières - de
collecter des fonds et d’offrir aux donateurs les avantages fiscaux associés.
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