Accompagnement social en logement, vers une meilleure définition
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Accompagnement social en logement, vers une meilleure définition
Accompagnement social en logement, vers une meilleure définition au CWLHD L’émergence de l’accompagnement social en logement. Depuis plus de cent vingt-cinq ans, en Belgique, le logement social est au cœur de nos pratiques d’accompagnement des personnes les plus fragiles, les plus précarisées. Pour permettre à tous de bénéficier du droit au logement, il faut aussi une offre suffisante. Le 27 février 1994 : La Belgique inscrit le droit au logement dans l’article 23 de la Constitution : « Chacun a le droit de mener une vie conforme à la dignité humaine. Ce droit comprend le droit à un logement décent ». A cette époque, les associations étaient emplies d’espoir : la situation allait enfin s’améliorer pour tous ceux qui rencontraient des difficultés à se loger…. Dès les années 80, l’aide locative du Fonds du logement des Familles nombreuses de Wallonie se rend compte qu’il ne suffit plus de mettre à disposition des logements mais d’accompagner également les personnes pour lutter efficacement contre le mal-logement et les conditions indignes inhérentes. Elle développera dès lors l’accompagnement technico-social personnalisé.1 A partir du constat d’analyse des publics concernés, qui éprouvent beaucoup de difficultés sociales, professionnelles, et financières, à trouver du logement et surtout à le maintenir, le Fonds soigne la relation entre les propriétaires et les locataires afin de garantir une confiance qui permet d’améliorer les conditions de vie au sein du logement et permet ainsi d’élargir le travail sur les autres points problématiques de la situation. La « pédagogie de l’habiter » apparait comme la corrélation technique sociale entre les deux parties concernées. L’objectif étant double, améliorer les conditions matérielles du logement et contribuer à une revalorisation personnelle. D’après les échanges transfrontaliers d’Interreg III, le logement est posé comme le révélateur des difficultés qu’un ménage peut rencontrer. L’intervention sociale n’a de sens que si elle prend en compte l’ensemble des difficultés repérées. Le logement est, en ce sens, le lieu d’observation qui permet d’appréhender l’ensemble des difficultés et inscrit de ce fait le travail social dans une vision globale : l’accompagnement social vers et dans le logement. 1 Avis n°18 du Conseil supérieur du Logement du 16 décembre 2009 en vue de promouvoir l’accompagnement social lié au logement locatif en Wallonie. L’accompagnement social en constante évolution L’accompagnement social comme toute pratique d’intervention sociale met en question la place de celui qui accompagne et de celui qui est accompagné. Accompagner un usager, un ménage, nécessite toujours de s’interroger sur le sens de son intervention et sur la nature de la relation professionnelle engagée. On le voit, la notion d’accompagnement comporte une dimension dynamique, évolutive dans un processus négocié et négociable. La particularité de l’accompagnement social en logement doit permettre l’accès au logement, à la dignité humaine, car le logement est un lieu où développer un sentiment d’appartenance, un lieu d’insertion ou d’intégration sociale. Il est considéré comme un espace de vie, de bien-être physique et moral, de prolongement de la personne.2 La démarche d’accompagnement social en logement s’affine au fur et à mesure du temps. Elle commence dès l’accueil des candidats locataires au sein des institutions immobilières. Cet accueil soigné est le point de départ d’une dynamique relationnelle qui, par l’écoute, l’analyse et la compréhension, permet d’établir les difficultés rencontrées, les conditions de logement, et d’affiner l’offre de logement adapté et les objectifs sociaux à poursuivre. Pour garantir le maintien dans le logement, les opérateurs immobiliers, parfois propriétaires bailleurs place dans l’accompagnement social un bon moyen de lutter contre les impayés, et améliorer l’entretien du logement. L’accompagnement social en logement s’affine Les institutions sociales qui pratiquent l’accompagnement social en logement diversifient leurs pratiques d’accompagnement. Quand d’autres le pratique individuellement, certains le pratiquent de manière collective. Cette démarche à pour qualité de réaliser une économie de moyens en valorisant les compétences de chacun au profit du groupe et de la force sociale. Rompre l’isolement et l’individualisme dans le développement de projets communs. Depuis quelques années, le profil des ménages en état de précarité évolue et se diversifie. Pour y faire face, les travailleurs sociaux ne peuvent plus garantir un accompagnement social en logement de qualité sur leur seule compétence. Quand des problématiques nouvelles comme la santé mentale, les jeunes, les séniors émergent, ils développent un réseau « satellite » et travaillent en partenariats avec d’autres institutions spécialisées. L’ajout de ces nouvelles compétences renforce non seulement la qualité de l’accompagnement mais aussi la construction vers l’autonomie. Comme souligné plus haut, l’accompagnement social en logement se veut au plus près des personnes. Il est donc, par déduction, une démarche globale, personnalisée et polymorphe. En effet, quand d’autres demandent un accompagnement « léger », certains demandent une attention plus particulière par un accompagnement plus intensif. Le but étant, bien sûr, de sortir de la dépendance en prenant le temps nécessaire pour garantir une stabilité durable. Le 2 Revue plurielle : Pratiques d’accompagnement social en matière de logement : une expérience transfrontalière pour contribuer au débat » 2013. logement est donc « l’outil » nécessaire pour une bonne intégration sociale, durable et stabilisée. L’accompagnement social en logement sur le terrain De plus en plus d’institutions immobilières d’aide au logement pratique l’accompagnement social en logement. Au départ, les pratiques d’accompagnement se développaient au sein des Associations de promotion du Logement, des Agences Immobilières sociales. Aujourd’hui, ces pratiques se sont étendues au sein des institutions publiques telles que les SLSP, via le référent social (ménages accompagnés), les CPAS et leur cellule « logement, les référents logements des Régies Foncières, voir des secteurs de la santé mentale et de la jeunesse (AViQ) Au sein de notre fédération, nous constatons cette évolution au travers de nos formations sur l’accompagnement social en matière d’habitat où de nombreuses personnes issues de secteurs différents s’intéressent de près aux méthodes d’accompagnement. Cependant, il est à clarifier que les pratiques se sont spécialisées en fonction des contraintes et des objectifs poursuivis par les travailleurs sociaux. Dès lors, on peut parler d’accompagnement individuel, collectif ou communautaire. L’accompagnement social en logement, une notion à mieux définir… Dans son étude de 2013, Marjorie Lelubre, Sociologue au Relais Social de Charleroi, a défini et compiler les différentes pratiques d’accompagnement en logement pour en dégager les concepts généraux. En plus des concepts déjà établis dans cette note, elle ajoutera la notion de pratique en constante évolution, adaptée aux besoins des personnes accompagnées et la notion de processus « polymorphe » et multidimensionnel. En effet, on ajoutera à la définition que la multidisciplinarité de l’accompagnement social en logement est de plus en plus claire et observable sur le terrain. Au regard de ces notions qui alimentent la définition de l’accompagnement social en logement tel qu’il est pratiqué dans nos secteurs, il est important de prendre le temps de la concertation afin de dégager les enjeux À juste titre, l’accompagnement social est valorisé par les pouvoirs publics. On retrouve d’ailleurs cette notion dans le Code Wallon du Logement et de l’Habitat Durable (CWLHD) à l’art. 1, 11°ter : « Accompagnement social : ensemble des moyens mis en œuvre par les acteurs sociaux, pour aider les occupants d’un logement loué par un opérateur immobilier afin qu’ils puissent s’insérer socialement dans le cadre de vie, utiliser leur logement de manière adéquate, comprendre et respecter leurs devoirs contractuels, accéder à une aide adaptée à leur situation et à leurs besoins, auprès des services existants dans le secteur de l’aide à la personne et de l’action sociale […] » A partir de cette définition, le RAPeL demande : Que l’on parle bien d’accompagnement technico-social ; Que la notion d’habitat soit présente dans l’item, cfr articulation de l’espace normé et de l’intimité ; Que la notion d’accompagnement social en matière de logement (vers et dans le logement) puissent apparaître concrètement afin que cette définition puisse correspondre à tous les acteurs de l’hébergement et du logement ; Que l’on considère que l’accompagnement social en logement est une démarche globale, multidisciplinaire, d’intensités et de formes différentes (individuelles, collectives et communautaires) ; Que l’on considère que l’accompagnement social en logement se réalise en partenariat et/ou en réseau ; Que l’on considère qu’il n’y a pas que les ménages des biens loués par les opérateurs immobiliers ; (Accompagnement vers l’acquisitif, accompagnement dissocié du bailleur, demande d’accompagnement individuel sans lien particulier) Que l’on remplace le mot « facteur » par le mot « outil ».