IEDDH SEMINAIRE TECHNIQUE Rapport
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} IEDDH SEMINAIRE TECHNIQUE Rapport } Juin 2011 } IEDDH Séminaire technique Contenu 1 INTRODUCTION. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 2 SESSIONS PLENIERES . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 2.1 INTRODUCTION ET BIENVENUE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 2.2 SEANCE DE CLOTURE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8 3 DIX MESSAGES PRINCIPAUX . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10 4 ATELIERS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12 4.1 DEFENSEURS DES DROITS DE L’HOMME ET TRAVAIL DANS DES SITUATIONS SENSIBLES . . . 13 4.2 COMBATTRE LES DISCRIMINATIONS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 15 4.3 LUTTE POUR L’ABOLITION DE LA PEINE DE MORT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 4.4 SOUTENIR LA DEMOCRATIE EN DEHORS DE L‘UE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 4.5 PREVENTION DE LA TORTURE ET AIDE AUX VICTIMES. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 LISTE DES ABREVIATIONS . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 } Page 2 } IEDDH Séminaire technique } 1 Introduction } Page 3 } IEDDH Séminaire technique “Construire des ponts, être concret et utile.“ Aristotelis Bouratsis, CE } À l’invitation de la Commission européenne, environ 250 participants se sont réunis à Bruxelles le 14 et 15 Juin 2011 pour un unique rassemblement visant à fournir une plateforme d’échange interactif entre les Organisations de la société civile (OSC) qui bénéficient des financements de l’Instrument européen pour la démocratie et les droits de l’homme (IEDDH), et l’équipe de gestion de l’IEDDH, sur des sujets et des questions liées aux droits de l’homme et à la gestion de projets relatifs aux droits de l’homme. Le Forum a réuni des représentants des OSC, et des organismes internationaux qui œuvrent pour la promotion de la démocratie et les droits de l’homme à travers le monde. } Le Forum technique de l’IEDDH s’est composé de séances plénières avec des intervenants internationaux, et de cinq (5) ateliers thématiques. Des discours de bienvenue ont été prononcés par M. Aristotelis Bouratsis, Commission européenne (CE), Directeur du Développement humain et de la Société, Mme Heidi Hautala, membre du Parlement européen (MPE), Présidente de la Souscommission des Droits de l’homme, M. Edward Mc. Milan-Scott, MPE, Vice-Président de la Sous-commission des Droits de l’homme, Mme Véronique Arnault, Service européen d’action extérieure, et Mme Li, d’une Organisation non-gouvernementale (ONG). La session plénière de la première journée s’est conclue sur la présentation du thème: «La mise en œuvre de projets de la CE: 10 contraintes opérationnelles» par M. Jean-Louis Ville, Chef de l’Unité Gouvernance, démocratie, égalité hommes-femmes et droits de l’homme de la CE, qui a été suivie de quatre (4) séances de travail parallèles sur la mise en œuvre de projets. Quatre (4) réunions restreintes ont été organisées et ont mis l’accent sur plusieurs pays du monde: l’Éthiopie/Érythrée, la Libye et la Chine, ainsi que sur le travail des défenseurs des droits de l’homme et les actions menées dans les pays les plus «difficiles». Cinq (5) ateliers parallèles ont été organisés lors de la deuxième journée du Forum, pour discuter des impasses opérationnelles et des bonnes pratiques, des enseignements tirés de la mise en œuvre des projets, et de la réalité sur le terrain. Les thèmes des cinq ateliers parallèles étaient les suivants: 1. Défenseurs des droits de l’homme et travail dans des situations sensibles 2. Combattre les discriminations 3. Lutte pour l’abolition de la peine de mort 4. Soutenir la démocratie en dehors de l’UE 5. Prévention de la torture et aide aux victimes La séance de clôture a été présidée par M. Aristotelis Bouratsis, Directeur du Développement humain et de la Société, de la CE. Des discours ont été prononcés par M. Richard Howitt, MPE, membre de la Sous-commission des Droits de l’homme, Dr Kimmo Kiljunen, Bureau des institutions démocratiques et des droits de l’homme (OSCE), Représentant parlementaire spécial pour l’Asie centrale, et M. Cesar Grajales, de Diakonia Colombie. Le présent rapport fournit un contenu abrégé des débats, et résume les discussions des ateliers thématiques qui ont eu lieu pendant le deuxième jour du Forum. } Page 4 } IEDDH Séminaire technique } 2 Sessions plénières } Page 5 } IEDDH Séminaire technique } 2 Sessions plénières } 2.1 Introduction et bienvenue objectifs de l’initiative y compris: - les lignes directrices de l’UE; Mardi 14 Juin, 10:00-11:00 - dialogue et concertation (des initiatives diplomatiques); Intervenants - introduction de clauses sur les droits de l’homme dans les accords; - des outils relatifs au commerce (coopération commerciale préférentielle avec des pays ayant introduit des politiques de promotion des droits de l’homme). M. Aristotelis Bouratsis, CE, Directeur du Développement humain et de la Société M. Edward Mc. Millan-Scott, MPE, Vice-Président de la Souscommission des Droits de l’homme Mme Véronique Arnault, Service européen d’action extérieure Mme Li, ONG Mme Heidi Hautala, MPE, Présidente de la Sous-commission des Droits de l’homme M. Aristotelis Bouratsis A présenté le vice-président du Parlement européen, M. Edward Mc Millan-Scott, député européen depuis 1984, fondateur, en 1992, de l’Initiative européenne pour la démocratie, qui est devenue l’IEDDH en 1999. M. Edward Mc. Millan-Scott M. Edward Mc. Millan-Scott a rendu hommage à Mme Véronique Arnault et M. Aristotelis Bouratsis pour la vigueur, l’ambition renouvelée et la portée de l’IEDDH, qui est un instrument opérationnel sous le contrôle de la Commission européenne, mais étroitement surveillé par le Parlement européen (PE). Il a souligné que dans un monde en évolution, la démocratie et les droits de l’homme sont plus importants que jamais. Les progrès sont limités, alors qu’il convient de s’investir davantage, et ce d’une manière qu’il reste encore à déterminer. Notamment dans le monde arabe, nous constatons un appétit pour la liberté, en particulier chez les jeunes; ainsi qu‘en Chine. Tel a été le message principal du discours prononcé par M. Edward Mc. Millan-Scott. Plus proche de l’Europe, le Bélarus est un défi; nous devons trouver des moyens pour nous introduire dans des pays comme celui-ci, et identifier les réformateurs. Nous devons être ambitieux pour la démocratie et les droits de l’homme. Mme Véronique Arnault Le traité de Lisbonne réaffirme clairement la position occupée par les droits de l’homme dans la politique extérieure de l’UE. Nous devons rester fidèles à la Charte des Nations Unies (ONU) et progresser avec chaque pays pour changer la condition de chacun des individus. L’IEDDH met en place divers outils, dans le but de promouvoir les L’IEDDH est né de la volonté du Parlement Européen (PE). Les projets qui reçoivent l’aide financière de l’IEDDH ne sont pas concentrés que dans les pays en développement; ils ont lieu partout, y compris aux États-Unis d’Amérique (USA) et au Japon. L’IEDDH doit agir comme un complément pour soutenir la démocratie. Cependant, seulement 10% des causes sont financées, et il y a beaucoup de potentiel à en faire plus. La crise financière en Europe conduit à des limitations aussi dans le budget de l’IEDDH. Soutenir l’IEDDH est un grand défi financier, qui doit être défendu et amélioré. M. Aristotelis Bouratsis M. Bouratsis a rappelé aux participants que ce séminaire est filmé, mais qu’il n’y a pas de journalistes présents dans les salles. En outre, cet événement n’a pas fait l’objet d’une campagne publicitaire externe, et les photographes ont été engagés par la Commission. Mme Li L’IEDDH soutient les personnes qui travaillent dans des conditions dangereuses, et subissent des sacrifices personnels. Malgré les différents contextes dans lesquels le travail est effectué, il y a un objectif commun: améliorer le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. La Chine est l’un des derniers pays considérés comme une dictature. Le printemps arabe a apporté beaucoup d’espoir. Tôt ou tard, les gouvernements répressifs sont évincés. L’anniversaire de Tiananmen nous rappelle que la demande populaire pour le respect des droits de l’homme reste forte, malgré l’oppression du gouvernement. Depuis 1989, la Chine est devenue une puissance économique, et sa population sort de la pauvreté. Mais l’écart entre les riches et les pauvres s’accroît, tandis que le pouvoir judiciaire n’est toujours pas indépendant. Les libertés civiles sont violées, par des moyens tels que la peine de mort, la torture, les disparitions et l’oppression des minorités ethniques et religieuses. Les défenseurs des droits de l’homme sont gravement persécutés. } Page 6 } IEDDH Séminaire technique } 2 Sessions plénières La pression internationale peut faire changer les choses. Les sanctions ciblées ont une portée sur les coûts pour les gouvernements répressifs. Nous ne devrions pas abandonner la pression publique pour des dialogues à huis-clos. Les discussions entre gouvernements peuvent apaiser, mais n’aident pas à faire changer les choses; elles enlèvent, au contraire, toute possibilité de remettre le sujet sous le feu des projecteurs. La pression doit être cohérente - même contre les grandes puissances – en évitant des politiques de « deux poids deux mesures ». La pression internationale permet aux militants locaux de savoir qu’ils ne sont pas seuls. Nous devons associer la diplomatie discrète, à la pression publique. M. Aristotelis Bouratsis Nous devons nous assurer de passer de la théorie à la pratique. Parfois, nous subissons d’amères défaites, parfois nous remportons des victoires. La Commission est fière d’être présente avec l’IEDDH. On dit que l’émergence de la libéralisation économique conduit à la liberté, mais trente ans sont passés et n’ont pas aidé à changer la Chine. Il y a 90 000 manifestations annuelles contre la corruption. La Chine utilise son influence économique pour s’abstraire du système international des droits de l’homme. Ce modèle de développement économique au détriment des droits de l’homme est en pleine expansion dans d’autres pays en développement. Jusqu’où ira l’UE dans la poursuite de ses intérêts économiques, au détriment des droits de l’homme? Mme Heidi Hautala Notre mission commune est d’introduire le principe du respect des droits de l’homme dans toutes les actions extérieures de l’UE. L’aide octroyée au développement peut être utilisée à alimenter des régimes autoritaires. Nous ne devrions pas signer des accords qui ne comportent pas de clauses relatives à la protection des droits de l’homme. L’IEDDH doit mieux s’équiper pour répondre aux situations d’urgence. Nous sommes donc à la recherche de meilleures formules de coordination entre les différents instruments disponibles (UE, ONU, société civile). Notre objectif est de mettre en place des aides complémentaires et non redondantes, et de les renforcer. 2011 est une année difficile en termes de conflits et d’atrocités contre les droits de l’homme; l’homophobie se répand et la presse libre est persécutée. Mais nous devons rester optimistes et ne pas oublier la jeunesse arabe. Le succès de l’IEDDH est démontré par les 1276 opérations en cours, les 150 millions d’€ décaissés, et un nombre important de résultats tangibles. Le principal défi pour le futur est de réussir, tout en restant pragmatique et pratique. L’examen des instruments doit rester une tâche indépendante et ciblée. Ce rassemblement aspire à devenir un forum constructif et pratique, qui réussira à construire des ponts, à être concret et utile. Toutes les compétences nécessaires se trouvent rassemblées ici, dans cette salle. L’UE est en train d’examiner pourquoi nous avons soutenu les dictateurs d’Afrique du Nord. Nous devons transformer l’autocritique et l’évaluation, en actions positives. } Page 7 } IEDDH Séminaire technique } 2 Sessions plénières } 2.2 Session de clôture Mercredi 15 Juin 2011, 15:00 – 16:00 Introduction par M. Aristotelis Bouratsis, CE, Directeur du Développement humain et de la Société Intervenants Dr. Kimmo Kiljunen, OSCE, Représentant pour l’Asie centrale M. Richard Howitt, Vice-président du sous-comité sur les droits de l’homme M. Cesar Grajales, Diakonia Colombie Dr. Kimmo Kiljunen a parlé de démocratie. Il a souligné que la légitimation politique dépend des moyens par lesquels elle est appliquée. Nous devons faire la différence entre le pouvoir forcé, et le pouvoir démocratique, en termes de légitimité. La Chine est un exemple typique de dictature démocratique populaire, qui ne parvient pas à légitimer son pouvoir, qui lui-même découle du système politique. Dans un système démocratique, la réponse aux questions, « qu’est-ce la démocratie » et « de quelle manière devons-nous utiliser le pouvoir politique », rejoint des pratiques et concepts fondamentaux tels que les élections, les débats et les critiques. Cela devrait conduire au pluralisme, et à des sociétés multi structurelles qui respecteraient les minorités. D’autre part, lorsque des sociétés avec des pouvoirs monistes se tournent vers le pluralisme, leurs efforts sont guidés par la présence d’un leader puissant. Évidemment, le système le plus efficace est la dictature bienveillante. Cependant, un système démocratique a besoin d’opposition, et de moyens d’englober des puissances différentes. « En démocratie, on ne Une opposition légitime peut pas forcer les gens est la clé de la réussite d’une société civile à être heureux ». démocratique. Kimmo Kiljunen, OSCE Dr Kimmo Kiljunen a conclu que l’idée est de concilier la minorité, comme cela a été le cas, par exemple, avec les Ouzbeks au Kirghizstan. Une société doit toujours être en mesure de contester ceux qui sont au pouvoir. M. Richard Howitt a évoqué le fait que le PE est un ardent défenseur des droits de l’homme, que l’UE doit soutenir la démocratie, et qu’un dialogue continu est engagé avec l’UE sur les questions des droits de l’homme. Le PE défend toujours les projets relatifs aux droits de l’homme, comme le cas de l’Ouganda, où le PE est solidaire avec le projet de l’UE. Le PE apporte un soutien continu à la cause des droits de l’homme, même dans les moments les plus difficiles. Les membres du PE participent aux délégations qui mettent la pression pour le respect des droits de l’homme. Tout groupe discriminé doit jouir des droits fondamentaux, même en Europe. Le PE a toujours un message à transmettre au monde, y compris aux Etats-Unis, sur la suppression de la peine de mort. Aussi, sur les questions de la lutte contre la torture, un problème qui sévit avec la complicité des états membres de l’UE (vols de la CIA). Le PE ne fera aucun compromis, à commencer par faire sa propre autocritique. M. Richard Howitt a exprimé la solidarité du PE aux participants de ce séminaire, qui viennent de pays où il y a violation des droits de l’homme, et a assuré que le PE ne s’arrêtera pas là, mais poursuivra son engagement à aider les gens quand et où il en sera nécessaire. L’Europe n’a pas peur de prendre des risques, et le PE estime que le respect des droits de l’homme dans le monde est un objectif qui sera atteint. Le PE soutient le travail du Tribunal international et de l’ONU. En outre, le PE continue à œuvrer pour la démocratie et l’instauration de sociétés pluralistes, où chacun serait libre de s’exprimer sans crainte. M. Richard Howitt a affirmé que le PE est assuré de la capacité de l’IEDDH d’agir de manière efficace, et il a promis de lui apporter son soutien continu. M. Cesar Grajales, représente Diakonia, une organisation présente dans 7 pays d’Amérique latine. Dans son discours, il a fait état de la situation en Colombie, en se référant à l’histoire de Mme Cordoba retrouvée morte après avoir dénoncé la police pour l’assassinat de sa fille. M. Grajales a décrit la Colombie comme un pays dangereux, avec le troisième plus haut taux d’attaques contre des défenseurs des droits de l’homme. La situation est pareille dans d’autres pays de l’Amérique latine. Au Paraguay, les agriculteurs afro-descendants sont déplacés. Au Mexique, il y a eu des attaques contre les défenseurs des droits de l’homme. Au Brésil, des défenseurs de causes environnementales ont été assassinés. Il s’agit de quatre cas particulièrement graves, similaires à d’autres cas identifiés un peu partout en Amérique latine, où l’on dénombre de nombreux cas de violation des droits de l’homme, soit par des déplacements de personnes, des attaques, voire des meurtres. En Colombie, il est aussi question de menaces contre des enfants, d’abus sexuels envers des femmes, des enfants et même des hommes. Bien que le contexte politique relatif aux droits de l’homme ait changé, en montrant un visage plus positif, il ne s’agit que d’un } Page 8 } IEDDH Séminaire technique } 2 Sessions plénières masque. Le gouvernement est à un stade très précoce concernant les questions de droits de l’homme, mais malheureusement le dialogue entre le gouvernement colombien et les organisations des droits de l’homme, a déjà été brisé. En effet, ces organisations ont émis des propositions qui n’ont jamais été prises en compte. Toutes les recommandations de l’ONU, émises de 2007 à 2009, auprès du gouvernement colombien, n’ont jamais été prises en compte. En 2009-2010, un dialogue a eu lieu, mais il a été récemment suspendu. Les défenseurs des droits de l’homme sont de plus en plus souvent victimes d’attaques et de menaces. Etant donné la tension actuelle, il est très important d’instaurer un dialogue. La vision est d’obtenir le soutien de la communauté internationale. La plupart des réalisations des défenseurs des droits de l’homme sont dues à l’observation et la surveillance de la communauté internationale, sans laquelle la situation aurait été encore plus difficile. La coopération avec l’UE est un facteur très important, ainsi que l’aide financière octroyée. Mais le plus important est le soutien politique. Les gens sont comme de petites lumières, comme les étoiles dans le ciel. Ils sont capables d’illuminer le “sombre” monde. Il faut poursuivre les discussions avec les politiciens, et ce forum est d’une grande aide pour y arriver. Conclusion M. Aristotelis Bouratsis a conclu ces deux jours de discussion en remerciant tous les participants, pour leur travail et leurs efforts quotidiens, dans la lutte pour défendre les droits de l’homme dans le monde. Ce premier séminaire de l’IEDDH a volontairement décidé d’aborder des questions très spécifiques, et de réduire le champ des discussions à l’essentiel. Il s’est adressé à un large public provenant des organismes qui bénéficient du soutien financier de l’IEDDH, mais aussi à ceux qui étaient très près d’atteindre les critères pour être sélectionné. Pendant deux jours intensifs, l’Albert Hall est devenu un vivier de débat et d’innovation, grâce à tous les participants qui, dans un esprit de collégialité et de franchise constructive, ont partagé leurs expériences et opinions variées, identifié les leçons à prendre en compte, les améliorations à apporter, ainsi que les futurs défis à aborder en liaison avec l’avenir de l’IEDDH. Rien n’est encore acquis et beaucoup de travail reste encore à effectuer, mais cet évènement se termine sur une note positive et s’avère être un grand succès. “Nous allons continuer à aider les gens quand et où ils en ont besoin.“ Richard Howit, MEP } Page 9 } IEDDH Séminaire technique } 3 Dix messages principaux } Page 10 } IEDDH Séminaire technique } 3 Dix messages principaux M. Jean-Louis Ville, Chef de l’Unité Gouvernance, démocratie, égalité hommes-femmes et droits de l’homme de la CE 1. Commission Européenne • Unifier au sein d’un département • Poursuite du dialogue avec l’extérieur • Coordination avec les États membres de l’UE, pour définir et mettre en œuvre des programmes et des projets 2. Format du Séminaire • Pas un talk-show – une discussion pragmatique • Des détails à discuter lors des réunions de travail de l’après-midi • Helpdesks disponibles en permanence pour discuter sur des projets individuels Objectifs: améliorer la qualité et l’impact des actions; prendre en compte les leçons opérationnelles pour apporter des améliorations 3. Procédures • Fixer des limites et les contrôles, apporter une garantie de normes et de qualité • Le nouveau programme 2013 apporte une occasion de simplifier les procédures et de leur donner plus de flexibilité 4. Les spécificités de l’IEDDH • Nous n’avons pas besoin du consentement des pays (ne pas demander la permission, présenter des rapports ou donner des informations) • Nécessité d’intégrer la dimension des droits de l’homme dans tous les projets • Travailler avec les organisations de la société civile («OSC») • Nécessité d’évaluer les mesures adoptées en vue de conférer aux actions de l’IEDDH une flexibilité opérationnelle • des projets ciblés pouvant aller de 500.000 à 1.000.000 Le budget doit répondre aux besoins et aux activités, et non l’inverse. Nous avons davantage besoin de petits projets, auxquels nous aurons la possibilité d’attribuer des fonds supplémentaires au lieu de rentrer à chaque fois de nouvelles demandes de subventions. 8. Longueur des projets • Durabilité • Durée de l’appel à propositions Après la fin du financement du projet, le programme devrait poursuivre avec ses propres moyens (financement déterminé). Essayer de ne pas dépasser la période de six mois entre le lancement de l’appel à propositions et le commencement de la mise en œuvre des opérations. 9. Lieux les plus difficiles (20% du budget) • Pas suffisamment de propositions • Un mécanisme approprié de Défenseurs des droits de l’homme (DDH) devrait être développé, mais sans exposer quiconque. • Avoir peut-être des ambitions plus réalistes • Prendre en considération la situation des ONG locales et des difficultés relatives à la mise en œuvre de projets. 10. Ressources financières et concurrence • L’enveloppe financière de l’IEDDH représente 1/800ème du budget de l’UE (150 millions d’euros par an) • L’instrument peut financer le tiers des propositions présentées au niveau du siège et la moitié de celles présentées au niveau des Délégations • Mettre en place une stratégie de lobbying pour parvenir à redoubler les fonds alloués à l’IEDDH dans le cadre du budget 2014-2020 5. Type d’activités Activités dans le monde: • Causes: peine de mort, torture, soutien aux acteurs directs, et formation relative aux droits de l’homme • Activités de soutien aux OSC • Pays difficiles: projets confidentiels 6. Travailler ensemble • Un processus commun • Une responsabilité partagée pour s’informer et réagir aux changements 7. Taille des projets 1. des cas individuels 2. des ressources limitées • des subventions limitées d’un point de vue financier (de 10.000 à 200.000), mais ayant des impacts importants } Page 11 } IEDDH Séminaire technique } 4 Ateliers Mercredi 15 Juin 2011, 10:00 – 13:30 } Page 12 } IEDDH Séminaire technique } 4 Ateliers } 4.1 Défenseurs des droits de l’homme et Travail dans des situations sensibles Libérez Abdulhadi Al-Khawaja. Des défenseurs des droits de l’homme (DDH) du monde entier sont physiquement attaqués, arrêtés arbitrairement, injustement condamnés, socialement marginalisés, ont des problèmes financiers et sont parfois même assassinés. Comment les projets peuvent-ils renforcer la protection individuelle et la sécurité des DDH et lever les obstacles législatifs auxquels les organisations des droits de l’homme sont confrontées? Comment l’IEDDH peut soutenir davantage les DDH et des groupes locaux de protection des droits de l’homme? Panélistes: M. Vincent Foret (Frontline), Mme Amy Taylor (Civicus), Mme Li (ONG), M. Simon Biniam (Radio Erena), M. Olivier Basille (RSF), Mme Francesca Silvani (Art. 19) Modérateur: M. Alessandro Napoli Les participants ont été invités à témoigner de leurs expériences et formuler des propositions et des recommandations sur les moyens à mettre en œuvre par l’IEDDH pour améliorer l’efficacité des actions en faveur des défenseurs des droits de l’homme et des organisations locales, en particulier dans les pays où ils sont les plus menacés. Résumé des discussions des droits de l’homme travaillant sur le terrain ont des liens stables entre eux et avec les ONG internationales ainsi qu’avec les autres parties prenantes. o Le travail des DDH a un impact au niveau social, mais presque aucun impact au niveau politique. Il doit y avoir une réflexion sur les raisons de cet impact limité. o Il y a un manque de connexions entre les organisations et les défenseurs individuels. Nouveaux défis et stratégies pour protéger les DDH Les DDH travaillent dans des contextes différents. Les stratégies visant à les protéger doivent être adaptées aux différentes situations et à des cas individuels. Cependant, il y a des défis communs: • Les méthodes de répression sont de plus en plus sophistiquées (perte d’emploi, menaces des familles, mise en détention de manière discontinue); • Rôle croissant des entités privées (organisations criminelles, milices paramilitaires, etc., parmi lesquelles il est de plus en plus difficile d’identifier les auteurs des menaces); • Difficulté d’accès aux instruments de réaction rapide pour la protection des DDH (besoin de programmes de formation); • Difficulté d’accès aux instruments de financement des activités de protection des DDH (nécessité d’une simplification des procédures); • Besoin de mettre en œuvre des actions non-conventionnelles pour soutenir l’état psychologique des DDHDRH. Les principales menaces sont le harcèlement, la violence physique et la détention. Les campagnes de la société civile et l’action en réseaux ont eu des résultats positifs au niveau social, mais pas au niveau politique. Des ONG ayant plusieurs projets en cours ont fait part d’importantes leçons à retenir, telles que: ¢ L’existence de réseaux est insuffisante. Nous avons surtout besoin de s’assurer que les organisations locales Existe-t-il des stratégies générant des bonnes pratiques? L’exemple des programmes de CIVICUS, tels que Civil Society Watch, Civil Society Behind Bars, Crisis Response Fund, Every Human Has Rights et Eurasia IDEA, sont présentés comme des exemples d’actions réussies. Mais le succès politique de ces actions n’est toujours pas au niveau escompté. Il est important pour les groupes locaux de faire également pression auprès des gouvernements des pays où il existe un meilleur respect pour les droits de l’homme, comme c’est par exemple le cas du Costa Rica en Amérique latine. Il est donc nécessaire d’établir une nouvelle diplomatie Sud - Sud. Il y a certaines catégories de DDH qui nécessitent une attention spéciale, en particulier ceux qui défendent des droits moins «classiques», comme les femmes défenseurs des droits sexuels et reproductifs, qui sont souvent mises en danger et ont davantage besoin de protection. La même chose vaut pour les personnes défendant les droits des travailleurs, les défenseurs des droits de l’environnement ou les journalistes, qui sont gravement persécutés dans de nombreux pays. Les stratégies de protection doivent être adaptées à ces cas particuliers et à des contextes particuliers du travail des DDH. Il ne peut y avoir d’approche uniforme en la matière. Il est impératif que plus de pression soit faite pour l’augmentation de l’attention des médias aux conditions de travail des DDH. Du point de vue des ONG internationales, c’est l’impact médiatique qui manque en Europe. Les gens ordinaires ne sont pas conscients de la situation des droits de l’homme dans les pays où ils se } Page 13 } IEDDH Séminaire technique } 4 Ateliers rendent pour les vacances ou dans les pays où sont fabriqués les produits et les vêtements qu’ils achètent. L’information du public est un facteur clé pour promouvoir la sensibilisation aux questions des droits de l’homme comme la liberté d’expression, d’association, etc. Des activités de sensibilisation dans les médias devraient systématiquement faire partie des campagnes de promotion pour la protection des DDH. Un sujet essentiel pour la Commission européenne est d’apprendre comment ses organisations travaillent avec leurs partenaires locaux pour protéger les DDH. Des exemples d’action sur le terrain peuvent être l’établissement d’un système de petites subventions pour répondre aux situations d’urgence ou de crise, la traduction dans les langues locales de documents tels que des manuels de protection, la mise en place de numéros d’urgence dans différentes langues que les DDH peuvent appeler 24 heures sur 24, la couverture financière des frais médicaux ou juridiques et le soutien à la sécurité et à l’évaluation. L’expérience montre que la concentration des actions à la protection des DDH au niveau communautaire est la stratégie la plus efficace. Dans tous les cas, la priorité est la protection des personnes. Les ONG devraient essayer de coordonner leur travail avec celui des DDH et des organisations qui travaillent en première ligne pour définir les meilleures stratégies de protection et de soutien. A cet égard, la flexibilité es outils mis en place par l’IEDDH, devrait être davantage mise en valeur. Les outils adoptés pour contourner les obstacles pour le travail des organisations des droits de l’homme sur le terrain et pour en minimiser les risques Il n’existe pas de potion magique. Les gouvernements font usage d’outils variés, de type juridique ou autre, et différents d’un pays à l’autre afin de contraindre le travail des DDH. Il existe cependant des outils efficaces, tels que l’Internet et les médias, qui peuvent être utilisés partout dans le monde. Nous devons adopter une approche holistique sur la mise en œuvre d’activités interconnectées telles que la formation, l’acquisition de compétences pour utiliser les médias et l’internet ainsi que l’utilisation des outils de plaidoyer et de propagande. Une des méthodes les plus fréquentes mises en place par les autorités répressives afin d’empêcher le travail des organisations indépendantes des droits de l’homme est la criminalisation des activités des DDH et leur poursuite pénale. Afin de remédier à de telles menaces, nous pouvons adopter des approches communes; éviter par exemple, un financement de base à des organisations locales, être créatif avec les médias, ou au contraire, être vigilent envers eux, construire la confiance, travailler avec des gens de confiance, ne pas prendre parti au niveau religieux ou politique, etc. Il est aussi important d’équiper au mieux les personnes qui sont autorisées à voyager, en particulier lorsqu’elles se rendent dans des pays où il est particulièrement difficile de travailler. Conclusions • Les stratégies de protection et de soutien en faveur des défenseurs des droits de l’homme et des organisations locales doivent être adaptées au contexte particulier d’un pays donné. • Une attention particulière devrait être accordée aux nouvelles menaces, telles que la criminalisation du travail des DDH et l’utilisation de la technologie, à savoir l’Internet, pour porter atteinte au travail des DDH. La vraie bataille est sur l’Internet et non pas sur les chantiers traditionnels. • Il existe un risque que des actions trop semblables, presque identiques, soient mises en œuvre par les ONG. Il est nécessaire de se montrer créatifs, flexibles et moins “ultra-prudents”. • Alors que les ONG ont besoin d’être plus créatives et innovantes, les bailleurs de fonds comme l’UE doivent soutenir leur travail par une simplification des procédures. Le représentant de l’IEDDH a fait part de l’engagement de la Commission pour une réflexion commune en vue de l’adoption de procédures adaptées aux situations à risque. À cet égard, l’IEDDH prend en considération la mise en place d’un mécanisme global pour la protection des DDH qui consisterait à promouvoir le renforcement des petites subventions pour les cas urgents, un soutien proactif pour des projets mis en œuvre dans les pays les plus difficiles et un système cohérent pour la relocalisation temporaire de défenseurs des droits de l’homme qui sont en danger. } Page 14 } IEDDH Séminaire technique } 4 Ateliers } 4.2 Combattre les discriminations Yes, we can!... mais pas vous! Partout dans le monde des personnes sont privées de la pleine jouissance de leurs droits fondamentaux en raison de leurs soi-disant différences. Comment mettre en place, dans le cadre de l’IEDDH, une aide supplémentaire de lutte contre la discrimination des groupes ciblés ou vulnérables comme les femmes, les enfants, les minorités religieuses ou ethniques, les LGBIT, les peuples autochtones ou les victimes de tous types de discrimination? Quel effet de levier opérationnel devraient avoir les futurs projets ou appels à propositions portant sur le thème de la discrimination? Panélistes: Mme Taniya Cox (Save the Children), Mme Shiva Bhandari (Délégation de l’UE au Népal), Mme Fabiola Del Jurado (Consejo Nacional de Mujeres Indígenas), Mme Dimitrina Petrova (Equal Rights Trust), Ana Maria Bejar (International HIV/AIDS Alliance) Modérateur: M. Zsolt Bogos Les quatre panélistes ont présenté des témoignages pour aider à mieux comprendre les défis auxquels s’exposent les victimes des discriminations. Résumé des discussions Durant son intervention, Mme Del Jurado (Consejo Nacional de Mujeres Indígenas) a décrit la réalité des peuples autochtones et le travail de son organisation dans la lutte pour les droits des peuples autochtones. Elle a particulièrement insisté sur le fait que pour certains groupes discriminés, comme les femmes autochtones, c’était la première fois qu’ils avaient l’occasion de montrer à l’Europe la situation réelle des discriminations dont elles sont les victimes. • Les peuples autochtones sont souvent confrontés à la discrimination, l’exclusion et la pauvreté. En particulier les femmes, qui sont les plus affectées par tous ces problèmes. Les hommes migrent souvent et ce sont les femmes qui restent derrière pour garder leurs terres, se chargent de l’éducation de leurs enfants et perpétuent leurs traditions. Les femmes autochtones souffrent d’une triple discrimination: être indigène, être femme et être pauvre. • Les peuples autochtones se voient imposés un modèle de vie qui n’est pas conforme à leurs traditions, leur mode de vie ni leur «cosmovision» spirituelle. • Il y a un très haut taux d’analphabétisme, de pauvreté et de manque d’opportunités de participation à la vie politique; ce sont là d’importantes sources de discrimination. Selon Mme Del Jurado, la situation des populations autochtones peut être améliorée par i) l’amélioration de leur formation politique au niveau national et international, ii) la promotion d’un débat continu avec les institutions compétentes sur la participation des femmes autochtones dans la vie politique et iii) l’accès égal aux ressources. Mme Del Jurado a également souligné les défis auxquels s’exposent les peuples indigènes dans leur lutte pour une meilleure reconnaissance: i) Comment rendre égal l’accès aux ressources? ii) Comment faciliter l’accès des populations autochtones, en particulier les femmes autochtones, à l’éducation et à la représentation politique? ii) Comment générer de la communication directe entre l’UE, les peuples autochtones et les femmes autochtones? iv) Comment envisager une aide et un soutien financier direct pour les organisations des peuples autochtones. Mme Ana Maria Bejar a présenté une vidéo sur la criminalisation des homosexuels en Inde. Dans de nombreux pays ACP, comme en Inde, l’homosexualité est interdite et pénalisée. • Très souvent, la discrimination porte sur des différences réelles ou supposées, selon les valeurs (morales) de la société dominante, d’un certain groupe ou minorité. • La discrimination due à une seule différence (par exemple l’orientation sexuelle) peut conduire à d’autres discriminations (comme le droit à recevoir un traitement anti-VIH). • Avec 7 millions de nouvelles infections par le VIH par jour dans le monde un accès équitable aux traitements pour les personnes discriminées est un défi essentiel. • Dans les pays où les LGBT1 sont criminalisés, il est important de soutenir les organisations qui luttent pour une réforme juridique et fournir une assistance juridique aux LGBT. Mme Dimitrina Petrova (Equal Rights Trust) a présenté l’approche de son organisation pour la lutte contre la discrimination et la promotion de l’égalité; un ensemble d’interventions composant « un cadre unifié des droits de l’homme sur l’égalité ». Cette approche vise à surmonter la fragmentation actuelle des systèmes de protection contre la discrimination. Cette fragmentation peut en effet aboutir à des situations où le cadre juridique concernant le niveau de protection apportée à différents groupes ou catégories de personnes défavorisées, varie considérablement. Par exemple, la législation d’un pays peut protéger les individus 1 Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres } Page 15 } IEDDH Séminaire technique } 4 Ateliers contre la discrimination dans le domaine de la santé mais pas dans celui de l’éducation, ou bien protéger contre toute discrimination à l’emploi, qui soit fondée sur la race mais pas sur la religion, etc. Tout en gardant en vue les spécificités des différents éléments à prendre en considération et des différents types de discrimination, cette nouvelle approche holistique vise à mettre en œuvre une application plus efficace du droit à l’égalité en s’appuyant sur les principaux aspects de tout type de discrimination. Ce cadre unifié rassemble: a) les types d’inégalités fondées sur des motifs différents, tels que, entre autres, la race, le sexe, la religion, la nationalité, le handicap, l’orientation sexuelle et l’identité de genre; b) les types d’inégalités dans les différents domaines de la vie, tels que l’administration de la justice, l’emploi, l’éducation, la production, etc. Le cadre unifié des droits de l’homme relatifs à l’égalité se reflète dans la Déclaration de principes sur l’égalité, un document initialement signé par 128 experts dans 44 pays et dont l’exemple a été suivi par des centaines d’autres. Il établit pour la première fois les principes juridiques de l’égalité comme droit humain fondamental. La Déclaration contient 27 principes sur lesquels devrait être fondée toute législation nationale sur l’égalité ainsi que toute politique concernée par cette question. Ces principes ont été formulés et approuvés par des experts suite à un long processus de consultation qui a eu lieu pendant deux ans et qui a été facilité par l’Equal Rights Trust. Ils sont basés sur des concepts et de la jurisprudence développés dans des contextes juridiques internationaux, régionaux et nationaux. La Déclaration reflète un consensus moral et professionnel entre des experts travaillant sur les droits de l’homme et des experts travaillant sur l’égalité. Elle est destinée à aider les législateurs, la magistrature, les organisations de la société civile et toute autre personne physique ou légale impliquée dans la lutte contre la discrimination et la promotion de l’égalité, en particulier grâce au développement d’un cadre juridique approprié et des politiques efficaces. La Déclaration de principes sur l’égalité est disponible à l’adresse suivante: http://www.equalrightstrust.org/ertdocu mentbank/ Pages%20from%20Declaration%20perfect%20principle.pdf Des groupes différents peuvent souffrir de types de discrimination variés (par exemple, les peuples indigènes par rapport aux personnes handicapées). Il n’y a pas de solution unique pour lutter contre tous les types de discrimination. Outre les aspects communs de lutte contre la discrimination, chaque groupe a besoin de solutions sur mesure. L’approche unifiée assure un traitement juste; des groupes qui jouissent d’une meilleure visibilité, ainsi que des groupes mieux définis, ne sont pas privilégiés au détriment de groupes qui sont moins visibles. La perspective unifiée se base sur le principe selon lequel l’identité d’une personne ne peut pas être définie sur une seule caractéristique, que ce soit le sexe, la race, la religion, etc. En outre, certaines personnes peuvent souffrir de discriminations multiples. Si la loi reflétait la réalité, elle ne devrait pas forcer, par exemple, une femme handicapée indigène à prononcer sa plainte en fonction d’un seul motif de discrimination, à savoir son handicap, son statut d’autochtone ou son sexe. L’action positive, telle qu’elle est définie par la Déclaration des principes sur l’égalité, est un élément nécessaire du droit à l’égalité, et non, comme il avait été entendu par le passé, un ensemble de mesures «supplémentaires». Cependant, un examen attentif est nécessaire lorsque l’action positive est mise en place, pour ne pas nuire à d’autres groupes ou potentiellement créer une autre discrimination. « Nous sommes ici pour travailler ensemble contre la discrimination », Martha Méndez Les ressources disponibles pour la lutte contre la discrimination sont limitées, ce qui engendre de la concurrence entre les différents groupes de pression. L’approche unifiée à l’égalité renforce la solidarité politique entre ces groupes et contribue au développement d’un agenda commun pour la réforme juridique et politique, se concentrant sur les aspects généraux du droit à la non-discrimination et de l’égalité. L’aide octroyée doit avoir un certain impact positif direct dans la réduction des désavantages d’un certain groupe; elle doit accroître la capacité d’auto-défense du groupe discriminé et éviter l’approfondissement de la discrimination par le biais d’effets secondaires indésirables. Mme Taniya Cox (Save the Children) a commencé son discours en soulignant le besoin d’accroître l’enveloppe financière de l’IEDDH ainsi que les volets droits de l’homme dans les instruments géographiques. Mme Cox a insisté sur le fait que les enfants sont peut-être la catégorie la plus importante en matière de discrimination. En effet, les enfants représentent plus de la moitié de la population dans de nombreux pays mais de par le fait qu’ils ne peuvent s’exprimer eux-mêmes, ils sont pour une grande partie invisibles dans les débats. Elle a également souligné que le principe de non-discrimination n’empêche pas l’action positive en faveur des groupes défavorisés. Un modèle basé sur trois piliers a été proposé pour améliorer } Page 16 } IEDDH Séminaire technique } 4 Ateliers le bilan des actions proposées dans le cadre des appels à propositions de l’IEDDH. Ces trois piliers sont les suivants: • Action directe sur les violations; La structure de ce modèle, s’il est suivi par l’IEDDH, devrait contribuer à atteindre un meilleur mélange d’activités et de s’éloigner d’une approche au cas par cas. • Renforcer la capacité des responsables à répondre à leurs devoirs (politiques, pratiques, législatifs); • Renforcer la capacité des personnes à revendiquent leurs propres droits. Conclusions • Création de forums où les groupes discriminés de natures diverses peuvent se rencontrer, partager, établir une communication sur leur situation et identifier des solutions. • Mise en œuvre de programmes de formation pour les dirigeants et les porte-parole des groupes discriminés. • Accompagner l’aide et le support par un outil d’évaluation d’impact approprié et systémique. • Poursuivre les réunions annuelles à Bruxelles et en faciliter l’accès pour les représentants des groupes discriminés provenant de pays en dehors de l’UE. } Page 17 } IEDDH Séminaire technique } 4 Ateliers } 4.3 Lutte pour l’abolition de la peine de mort Certains disent que la peine de mort est nécessaire pour prévenir et réduire la criminalité. Nous disons que cela ne marche pas. Certains disent qu’«œil pour œil» est le sens de la justice. Nous disons qu’il n’en est pas ainsi. Certains disent que les exécutions doivent servir d’exemple. Nous disons qu’une société démocratique ne devrait pas accepter qu’un meurtre soit autorisé par de la loi. L’IEDDH soutient le travail de la société civile pour l’abolition la peine de mort. Comment peut-on s’appuyer sur les résultats concrets obtenus ces dernières années? Comment l’IEDDH, peut-il soutenir davantage le mouvement abolitionniste dans son combat pour un monde enfin libéré de la peine de mort? Panélistes: M. Ray Krone (Witness to Innocence, Etats-Unis), Mme Katie Lee (The Great Britain China Center, Royaume-Uni/Chine), Mme Elisabetta Zamparutti (Hands off Cain, Italie); M. Mauro Garofalo (Comunità di S. Egidio, Italie), Mme Maria Donatelli, (World Coalition Against Death Penalty, France). Modératrice: Mme Silvia Payer La session s’est déroulée sous forme interactive avec des témoignages, des interventions sur les diverses stratégies, et sur le travail de lobbying international, suivis d’échanges et de débats sur des questions liées à l’amélioration de la coopération entre l’IEDDH et les ONG / OSC, telles que: • accroître la visibilité et l’efficacité des actions mises en œuvre, • améliorer le soutien apporté à des initiatives locales, • redéfinir la position de l’UE et de l’IEDDH, en particulier au sein de la société civile, • renforcer les forums de parties prenantes. Résumé des discussions La mission de Great Britain-China Centre (GBCC) est de promouvoir l’entente entre la Chine et le Royaume-Uni. A l’heure actuelle, l’association met en œuvre un projet financé par l’IEDDH qui vise à réduire et à limiter l’utilisation de la peine de mort en Chine par la promotion de la discrétion judiciaire à travers la formation des juges dans les tribunaux locaux et le développement de manuels sur les sentences et la gestions des preuves durant les procédures judiciaires. La Chine est le pays avec le plus grand nombre d’exécutions capitales avec 55 crimes passibles de la peine de mort. Néanmoins, ce constat s’est légèrement amélioré avec la diminution récente du nombre de crimes passibles de la peine de mort. Première partie – Témoignages de terrain Le Centre travaille avec des organismes publics et des universités pour la formation de 116 juges de tribunaux. En 1991, Ray Krone a été inculpé pour le meurtre d’une serveuse dans un bar en Arizona; un crime qu’il n’a pas commis. N’ayant pas les moyens et ayant confiance en le système judiciaire, il a accepté qu’un avocat lui soit commis d’office. Malgré son innocence, il a été déclaré coupable et condamné à mort en 1992. Suite à cette décision, il a entamé un combat pour prouver son innocence par une série d’appels grâce à l’appui de sa famille et de ses amis qui ne l’ont jamais abandonné et ont couvert tous les frais juridiques. En 2002, il a réussi à convaincre la cour d’appel que les traces d’ADN qui avaient été trouvées sur les lieux du crime apportaient la preuve de la culpabilité d’une autre personne; il a finalement été disculpé après 10 ans d’emprisonnement, dont trois en tant que condamné à mort. Le GBCC travaille pour l’amélioration de la sensibilisation de l’opinion publique sur la peine de mort à travers des activités ciblées, notamment la création d’un centre de recherche et l’organisation de forums spécifiques. L’un des principaux obstacles cités par les représentants du gouvernement de la Chine contre l’abolition de la peine de mort est l’opposition de l’opinion publique. Selon des enquêtes indépendantes, 58% de l’opinion publique en Chine est en faveur de la peine de mort. Mais ce taux baisse à 49%, lorsque des arguments contre la peine de mort sont mieux expliqués. C’est pourquoi il est essentiel de poursuivre le travail de sensibilisation de l’opinion publique contre la peine de mort. Aujourd’hui, Ray Krone est le directeur de communication et de formation de l’association Witness to Innocence, la seule organisation américaine qui soutient des ex-condamnés à mort et leurs proches. Ray s’est rendu partout aux Etats-Unis et en Europe pour raconter son histoire au public, aidant ainsi à améliorer le système de justice pénale et à lutter contre la peine de mort, « car » dit-il, « si cela est arrivé à moi, ça peut arriver à n’importe qui ». Renny Cushing est le directeur exécutif de Murder Victims’ Families for Human Rights (MVFHR), une ONG regroupant des membres de familles de victimes de meurtre et des membres de familles de condamnés à mort qui ont été exécutés. Il s’est engagé contre la peine de mort après le meurtre d’un membre de sa famille. Il croit fermement que toute condamnation à mort est un acte inhumain et une violation des droits de l’homme. L’application de la peine de mort est un abus de pouvoir par } Page 18 } IEDDH Séminaire technique } 4 Ateliers l’Etat, qui outrepasse ainsi ses droits ne prenant aucunement en considération la souffrance des familles des victimes et des assassins. L’application de la peine de mort couvre la voix des victimes et détourne l’attention du public. Il est cependant essentiel de faire entendre les victimes et de créer pour eux un environnement de sécurité et de dialogue. Le mouvement pour la justice sociale aide à construire des ponts d’entente entre les abolitionnistes et les victimes, aussi bien à une échelle nationale qu’internationale. Grâce au soutien de l’IEDDH, le MVFHR a établi des contacts avec d’autres associations internationales et a même établi une filiale au Japon. Son action donne la parole aux victimes qui sont convaincus que la peine de mort n’est pas une manière appropriée de faire justice. Créé en 1993, Hands off Cain est une association de citoyens et de parlementaires qui œuvre pour l’abolition de la peine de mort dans le monde, avec un statut consultatif à l’ECOSOC (UN). L’action financée par l’IEDDH se concentre particulièrement sur l’Afrique, où la peine de mort existe encore dans de nombreux pays, et elle a comme objectif le soutient du Moratoire des Nations unies sur les exécutions. L’association essaie d’impliquer les parlementaires des différents pays. Il est essentiel de créer des ponts entre la société civile et les décideurs politiques. Le problème de la peine de mort est strictement lié à la démocratie et aux droits de l’homme. La transparence est un important moyen de dissuasion. L’approche de l’association est celle de la non-violence et elle œuvre pour son application auprès du mouvement abolitionniste international. La Community of S. Egidio est un acteur important au sein du mouvement abolitionniste international, travaillant dans 29 pays dans le monde entier dans des domaines tels que la médiation des conflits, la consolidation de la paix et l’assistance aux prisonniers et aux personnes défavorisées. En 2005, l’association a lancé une initiative unique en son genre en organisant un congrès de Ministères de Justice sur le sujet de la peine de mort. Cette initiative fait dorénavant partie des actions financées par l’IEDDH. Douze Ministères de la Justice ont assisté à la première édition du Congrès alors que l’édition 2010 a été suivie par dix-sept ministres et trente délégations étrangères. Le Congrès vise à encourager le dialogue entre toutes les parties prenantes, notamment les décideurs politi-ques, dans un cadre de neutralité qui facilite le débat sur la peine de mort et les questions liées. S. Egidio est également activement impliqué dans la campagne Moratoire des Nations unies sur les exécutions. Avec plus de 120 associations comme membres, la Coalition mondiale contre la peine de mort (World Coalition Against the Death Penalty) est le réseau majeur de lutte contre la peine de mort. Grâce au financement de l’IEDDH, le réseau met en œuvre une action visant à développer le mouvement abolitionniste au niveau mondial et à augmenter le nombre de pays abolitionnistes à travers la ratification du 2ème Protocole facultatif du Pacte international relatif aux droits civils et politiques. A l’heure actuelle, une campagne de sensibilisation est mise en œuvre dans une dizaine de pays. Il y a eu des avancées positives mais cela prend beaucoup de temps de convaincre un pays non abolitionniste à abolir la peine de mort; l’efficacité de ce processus dépend fortement de la pression de la communauté internationale. Il est nécessaire de mobiliser davantage les organismes internationaux pour cette cause, par exemple, par le soutien officiel d’événements tels que la Journée internationale contre la peine de mort (10 Octobre). Tout soutien financier devrait être accompagné par un fort soutien politique. Le printemps arabe a conduit de nombreux pays à la démocratie mais, pour l’abolition de la peine de mort, les enjeux sont différents dans chaque pays. En Egypte, il existe une liste de 50 crimes passibles de la peine de mort et dernièrement, le nombre d’exécutions ne cesse d’augmenter. La révolution apporte cependant l’espoir qu’il sera bientôt possible de parvenir à l’abolition de la peine de mort en Egypte. Le Centre arabe pour l’indépendance de la magistrature et la profession juridique (Arab Center for the Independence of the Judiciary and the Legal Profession - ACIJLP) est une organisation nongouvernementale qui œuvre pour le renforcement et le soutien de la justice dans les régions arabes, l’indépendance de la magistrature et de la profession juridique et le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Avec le soutien de l’IEDDH, le Centre organise actuellement des conférences internationales et régionales, des formations et des ateliers de travail dans de nombreux pays arabes. Le projet soutient aussi des études relatives à la restriction de l’application de la peine de mort dans la législation dans le but final de l’abolir. L’UE et la société civile doivent travailler ensemble pour développer des approches et des stratégies de lutte contre la peine de mort, qui est un sujet de la plus haute importance au sein des politiques de promotion des droits de l’homme. Le nombre d’associations qui luttent pour l’abolition de la peine de mort est cependant très limité en comparaison avec d’autres sujets relatifs aux droits de l’homme. C’est pourquoi il est nécessaire de travailler ensemble de manière plus intensive et au plus haut niveau. Plus de solutions et d’alternatives doivent être proposées. Il est temps d’innover et de créer un nouveau } Page 19 } IEDDH Séminaire technique } 4 Ateliers dialogue à tous les niveaux, de manière à joindre le soutien politique à l’appui financier. Partie 2 - Stratégies et perspectives du mouvement international pour l’abolition de la peine de mort Comment peut-on s’appuyer sur les résultats concrets obtenus ces dernières années? Comment l’IEDDH, peut-il soutenir davantage le mouvement abolitionniste à relever le défi d’un monde sans peine de mort? Contributions des participants: • Un militant travaillant au Moyen-Orient, en Afrique, en exUnion soviétique et en Europe de l’est, des lieux où la peine de mort est un sujet tabou, souligne que les médias et les juges devraient être mieux informés. La relation entre la charia et la peine de mort est une question très sensible dans de nombreux pays. La charia est appliquée de différentes manières selon les pays et offre des alternatives à l’exécution, telles que le pardon de la famille de la victime. Ces alternatives ne sont cependant pas toujours mises en application. • Dans la plupart des cas, la peine de mort est liée à un besoin de vengeance. • Des peines alternatives doivent être prévues, afin de réduire l’application de la peine de mort. • L’UE a besoin d’être cohérente dans sa politique de refus de l’application de « deux poids deux mesures », en évitant à tout prix de s’impliquer dans des activités liées à l’application de la peine capitale. Il est par exemple nécessaire que, dans la mesure du possible, un règlement de l’UE interdise l’exportation de produits chimiques (par exemple le pentobarbital) utilisés pour l’exécution de peines de mort. Un travail est déjà en cours pour trouver une solution à cette question, mais la société civile doit maintenir la pression. qui auraient la possibilité d’établir un réseau de contacts. • Il n’y a pas qu’une seule approche possible. Des voies différentes peuvent être empruntées selon les situations; c’est pourquoi l’échange d’informations et de bonnes pratiques est essentiel. • Lorsque la peine de mort est abolie dans un pays, le travail doit se poursuivre pour éviter le risque de son rétablissement. • Au niveau opérationnel, on ne devrait pas distinguer le bailleur de fonds avec le bénéficiaire de l’aide. Tous deux doivent travailler ensemble dans un esprit de collaboration et de partage mutuel d’informations. Il est important non seulement d’échanger des informations entre les bénéficiaires des Programmes eux-mêmes, mais également avec l’UE. • Le mouvement contre la peine de mort devrait être unifié afin d’éviter l’existence de mouvements parallèles et les dédoublements. Il est important pour les différentes associations de se connaître et établir un contact régulier. • La mise en place de stratégies communes aiderait à une meilleure coordination des actions mises en œuvre par les différentes associations. • Le dialogue avec des partenaires responsables pour la mise en œuvre des projets est d’une importance capitale. Les parlementaires de différents pays et la société civile locale devraient aussi être davantage impliqués. • La protection des victimes est un autre point crucial: il est important non seulement de reconnaître le tort qui a été fait à la famille de la victime, mais aussi à la famille du coupable qui a été condamné à mort et exécuté. • Dans le but d’éviter les erreurs judiciaires, il est important d’améliorer les normes d’examen des preuves. • Le soutien politique de l’UE est vraiment nécessaire, surtout dans les pays non abolitionnistes les plus petits et les plus • Il est important que les gouvernements travaillent ensemble dans le but d’ouvrir les portes et saisir les opportunités qui se présentent. Il est nécessaire de travailler au niveau diplomatique et d’organiser des réunions plus régulières sur les questions relatives à la peine de mort. • Un aspect particulier est la lutte contre la peine de mort dans les pays où des crimes liés au trafic des drogues sont passibles de la peine de mort. • Il est nécessaire de poursuivre le travail des Délégations de l’UE sur les questions de la peine de mort par des actions au niveau international et local. Un échange d’informations est essentiel pour en tirer les points forts et les points faibles. Selon certains représentants de la société civile à Bruxelles, il n’est pas toujours facile d’avoir accès à toutes les institutions } Page 20 } IEDDH Séminaire technique } 4 Ateliers éloignées. Pour ce faire, des rassemblements comme celuici ont le mérite de donner l’occasion aux petites ONG d’être davantage impliquées dans le mouvement abolitionniste et participer à l’élaboration de nouvelles stratégies. Les petites associations ne devraient pas travailler seules; elles ont besoin de faire connaître leur action et de partager leurs expériences dans un but d’instruction mutuelle. Conclusions • Allier l’aide financière au soutien politique. • Établir un échange régulier d’informations. • Il est important de maintenir les réunions annuelles à Bruxelles pour mettre à jour les faits, permettre un échange régulier d’informations et avoir un meilleur accès aux Délégations de l’UE. • Élaborer une stratégie commune impliquant tous les acteurs concernés (ONG, la société civile, l’UE, les États membres, les États non abolitionnistes, etc.) • Avoir la souplesse nécessaire pour répondre aux demandes portant sur des cas individuels. • Renforcer la collaboration avec, et l’accès aux, Délégations de l’UE. • Davantage d’efforts communs (et aussi des ONG), et planification à long terme. • Nommer une personne au siège de l’EEAS traitant uniquement avec des cas individuels. • Mettre en place une structure efficace de coordination. • Créer des ponts entre les actions individuelles, les initiatives et les projets adaptés à chaque pays, tout en respectant le secret de l’information. } Page 21 } IEDDH Séminaire technique } 4 Ateliers } 4.4 Soutenir la démocratie en dehors de l’UE Les développements actuels dans le monde arabe ont remis la démocratie au cœur de l’agenda de la politique étrangère européenne. Seuls de bons régimes démocratiques peuvent offrir la paix et la prospérité. De nombreux pays ont pris le chemin de la transition démocratique, d’autres sont encore confrontés à un régime autoritaire qui s’accroche au pouvoir. Comment l’IEDDH peut-il aider à l’émergence d’une presse libre et indépendante? Comment améliorer la participation de tous les hommes et femmes, à travers des élections libres et équitables, mais aussi au-delà de la journée électorale? Comment les projets financés par l’IEDDH peuvent-ils soutenir la démocratie de manière concrète sur le terrain? Panélistes: M. Andrea Amato (IMED - Institut méditerranéen), Mme Hala Alkarib (Initiative stratégique pour les femmes dans la Corne de l’Afrique.), M. Patrick Leusch (Deutsche Welle), Mme Andrea Ostheimer (Konrad Adenauer Stiftung), Carlos Hernández Ferreiro (Partenariat Européen pour la démocratie). Modératrice: Mme Rosalba La Grotteria Résumé des discussions Le soutien de la démocratie doit être un procédé multi-acteurs, axé sur le processus et holistiques La discussion a porté sur le type de soutien que l’UE apporte à la démocratisation et sur les moyens mis en œuvre pour l’efficacité des actions soutenues, à la lumière des événements récents dans le monde arabe. Les panélistes sont tous d’accord sur le fait que certaines préconceptions concernant le soutien de l’UE à la démocratie doivent changer. Par exemple, il y a la perception que la démocratie est une voie à sens unique. Cependant, lors des manifestations dans le monde arabe, le mot «démocratie» était beaucoup moins entendu que les mots «liberté», «justice (sociale)» et «dignité». Les principaux obstacles à l’établissement d’une «démocratie profonde» demeure l’inégalité et l’incapacité de poursuive en parallèle un développement économique, politique, social et culturel. Les conséquences pour les politiques de l’UE sont multiples. Tous les participants du séminaire partagent l’opinion que soutenir la démocratie en dehors de l’UE doit être un processus fondé sur une approche holistique, plus axé sur les processus que sur les acteurs. Il convient également d’éviter de travailler avec les institutions d’appui, le monde politique, la société civile et les médias de manière compartimentée, mais plutôt soutenir des actions visant à établir des liens. Sur base des connaissances acquises au cours de la mise en œuvre de deux projets par le partenariat européen pour la démocratie (en Moldavie et au Zimbabwe), il apparait qu’une autre condition préalable et importante à la démocratie, est le renforcement du tissu social par le développement d’un consensus sur la réforme et les priorités d’action, grâce à des plateformes de dialogue multi-acteurs (créant ainsi des liens entre la société civile et le monde politique). Par exemple, en Moldavie, le projet s’est concentré sur le travail avec les jeunes leaders politiques, avec une approche multipartite, et sur un « partenariat équitable »: une réunion entre bailleurs de fonds et bénéficiaires et un échange de contacts et de coopération possible selon les priorités. Au Zimbabwe, le projet a établi une plate-forme « société civile-monde politique » sur la réforme constitutionnelle, avec l’objectif de renforcer la coordination des activités d’appui au processus de réforme constitutionnelle mises en œuvre par des organisations de la société civile. Le contexte politique (très polarisé) a rendu la tâche encore plus complexe. Les recommandations visant à accroître l’efficacité de l’UE pour le soutien à la démocratie, sont axées sur trois thèmes principaux. En premier lieu, les panélistes et les participants ont souligné la nécessité de sortir des sentiers battus et élargir nos idées et concepts concernant le rôle de la société civile. Deuxièmement, l’accent a été mis sur la nécessité de se concentrer davantage sur le travail auprès de la société politique. Troisièmement, il faudrait revoir le rôle des médias indépendants et leur apporter un soutien plus efficace dans le cadre du processus de démocratisation des pays. Sortir des sentiers battus dans le cadre du soutien de la société civile Il est nécessaire d’identifier des nouveaux moyens de coopération avec les organisations de la société civile qui n’appartiennent à aucun réseau et des ONG non enregistrées, ainsi que reconnaître les syndicats et les autres partenaires sociaux comme des acteurs de changement. De nombreuses organisations de femmes travaillent souvent à la limite de la légalité, en particulier pendant les soulèvements récents dans le monde arabe. L’UE doit trouver des moyens pour accroître la capacité des femmes et des organisations de femmes afin que celles-ci puissent maintenir un rôle actif dans les processus politiques, tenant compte du fait que les femmes sont en général largement sousreprésentées dans les institutions politiques, manquant souvent de visibilité et d’impact. } Page 22 } IEDDH Séminaire technique } 4 Ateliers Regard sur la société politique Repenser le soutien aux médias indépendants La société civile est parfois cooptée ou contrôlée par le gouvernement. À l’autre extrême, il arrive que la société civile prenne le contrôle sur des aspects de l’action du gouvernement en l’absence de gouvernements effectifs (par exemple, en fournissant des services aux citoyens), en réduisant ainsi les avantages de la société politique. Par conséquent, il devrait y avoir un soutien équilibré à l’égard de la société civile et politique. Le soutien doit aussi viser à construire des ponts entre la société civile et politique, par exemple en aidant les politiciens à s’engager dans un dialogue et des consultations avec les organisations de la société civile sur les grandes réformes socioéconomiques et politiques. Les média font partie à la fois de la société politique et civile. Cependant, il y a une tendance à sous-estimer l’importance des médias indépendants et leur contribution au processus de démocratisation. Dans sa forme actuelle, le soutien à la démocratie par le biais de l’IEDDH a tendance à considérer le rôle des médias indépendants principalement comme instrumentale, contribuant à faire avancer la cause des militants des droits de l’homme. Plus d’attention devrait également être accordée au renforcement du développement des médias et à la contribution des médias à l’établissement d’un système politique démocratique, transparent et responsable. Un autre élément essentiel de la démocratie européenne dans ce domaine devrait être le renforcement de la société politique (en particulier les partis politiques et les parlements). Le soutien apporté à la société politique doit prendre en compte les particularités du système de partis en place, de la structure des partis politiques et leur démocratie interne et relever les défis de la fragmentation du système des partis et l’absence de partis à vocation programmatique. Des critiques ont été formulées sur le nouveau Programme d’action annuel de l’IEDDH 2011, qui a été lancé au mois de mars; celui-ci comprend un nombre limité d’actions en faveur des medias, alors qu’il est plutôt concentré sur des activités de sensibilisation du public. A l’heure actuelle, l’accent devrait être mis autant sur le renforcement des capacités que sur les implications politiques des médias indépendant. Conclusions • Il est important de sortir des sentiers battus et élargir nos idées et concepts concernant le rôle de la société civile. • Il y a un besoin de se concentrer davantage sur la société politique. • Le rôle joué par les médias indépendants est une condition préalable pour rendre plus efficace le soutien de la démocratie. • Accroître la capacité de la société civile. • Se focaliser sur le monde politique. • Renforcer l’indépendance des médias comme un instrument aidant à faire avancer la cause des militants des droits de l’homme. } Page 23 } IEDDH Séminaire technique } 4 Ateliers } 4.5 Prévention de la torture et aide aux victimes Des décennies d’interdiction absolue ont passées, mais la torture est largement pratiquée dans le monde entier: qu’est-il arrivé? Comment les projets de l’IEDDH peuvent-ils aider à aller au-delà de la rhétorique pure? Quelles sont les approches opérationnelles qui aideront à faire évoluer les choses? Comment rendre l’interdiction absolue de la torture et des mauvais traitements, une réalité de terrain? Panélistes: Mme Julia Kozma, membre autrichien du Comité européen pour la prévention de la torture (CPT), M. Samuel Herbert Nsubuga, Président Directeur Général, Centre africain pour le traitement et la réhabilitation des victimes de la torture (ACTV), Ouganda, Mme Tatevik Gukasyan, Comité d’aide civique, Fédération de Russie, M. Gerald Staberock, Secrétaire général adjoint, Organisation Mondiale Contre la Torture (OMCT). Modératrice: Mme Dimitra Ioannou L’atelier a réuni 26 organisations des droits de l’homme œuvrant pour l’interdiction absolue de la torture partout dans le monde. Des échanges et des discussions ouvertes et sincères ont eu lieu entre les participants, permettant un échange constructif d’idées sur les différentes approches et leur impact sur la cause de l’abolition de la torture et des mauvais traitements dans le cadre des projets anti-torture de l’IEDDH. D’après un des participants, les interventions des panélistes du groupe de travail sur la torture ont illustré les grandes lignes des interventions dans le domaine de la torture. Elles ont aussi réussi à mettre l’accent sur le besoin d’adopter une approche sectorielle, en collaboration avec les avocats qui travaillent avec le système de justice pénale, dans le but d’empêcher la torture et en faisant usage des instruments juridiques internationaux, tandis que d’autres organisations travaillent dans des circonstances souvent très difficiles. Pour les deux méthodologies d’intervention, différents discours sont souvent prononcés; nous avons donc d’une part une perspective de droit juridique/international, et de l’autre, un point de vue humanitaire qui se concentre plutôt sur les questions qui touchent à la santé des victimes. L’expérience du RCT, fait état du besoin d’accepter le fait que la torture est un problème à facettes multiples qui doit être résolu de manière interdisciplinaire, c’est-à-dire en considérant la torture comme un problème dans un contexte plus large. Pour prévenir la torture, des recours juridiques et pénaux ne sont pas suffisants. Nous avons aussi à faire à des normes et des comportements établis dans les institutions spécifiques ainsi que dans la société toute entière. En outre, nous devons prendre en considération lors de la conception des interventions un certain nombre d’éléments socio-économiques et culturels. Prévenir la torture et autres violences organisées, du point de vue de la santé publique, fait également état de bonnes perspectives au niveau de la complémentarité entre les méthodologies appliquées. Notre défi est donc de combiner ces approches d’une manière plus efficace. (Jan Ole Haagensen, Directeur du Département international du Centre de réhabilitation et de recherche pour les victimes de la torture - IRCT). L’atelier s’est déroulé en deux séances; les discours des panélistes, suivis par une discussion et un échange de points de vue entre participants. Résumé des discussions Introduction Mme Sara Sighinolfi et Mme Dimitra Ioannou ont ouvert le débat par une petite introduction: • Des politiques concrètes pour la lutte contre la torture et les mauvais traitements partout dans le monde devraient être mises en place dans le cadre des politiques de l’UE. • L’IEDDH soutient des programmes pour prévenir les pratiques de torture, ainsi que pour assurer la réhabilitation des victimes de la torture et de maltraitances. Toutes les actions s’inscrivent dans la lutte générale contre l’impunité et l’État de droit pour tous. • En 2009, 22 nouveaux projets ont été sélectionnés dans le cadre de l’Appel à Propositions sur des actions pour combattre la torture et les mauvais traitements et sont actuellement financés par l’IEDDH. • Ce débat est une opportunité unique qui permet de partager les connaissances et avoir un échange sur les différentes approches développées par la société civile, avec l’appui de l’IEDDH, dans le domaine de la lutte contre la torture et les traitements inhumains et dégradants: ¢ Que faites-vous dans les domaines de la lutte contre la torture? ¢ Qu’en est-il de l’efficacité des actions visant à la réhabilitation des victimes et/ou la prévention de la torture (renforcement de la législation nationale conformément aux normes internationales des droits de l’homme, renforcement des capacités de la justice, de la police, de } Page 24 } IEDDH Séminaire technique } 4 Ateliers l’administration pénitentiaire etc.)? ¢ Quelles sont les difficultés, les perspectives et les défis à relever? ¢ Présenter des exemples d’interventions sur le terrain, en cherchant en même temps à créer une approche internationale. ¢ Présenter des cas identifiés sur le terrain et tenir compte d’approches plus globales. M. Staberock a souligné que les formations sur les droits de l’homme ont souvent apporté une meilleure connaissance de la question et ont comblé des lacunes de connaissances des agents de l’Etat. Cependant, l’expérience montre que malgré l’existence d’une offre importante de formations, celles-ci ne sont souvent pas de la qualité requise et nécessaire pour déclencher un changement significatif dans la promotion et la protection des droits de l’homme. Cela est particulièrement vrai pour les pays de la CEI. Il est donc indispensable de développer une méthodologie solide et des outils pour évaluer leur impact. La torture ordinaire doit aussi être corrigée Panélistes M. Gerald Staberock a centré son intervention autour de questions portant sur la prévention et la protection contre la torture et autres mauvais traitements, dans les pays en transition, en s’appuyant sur les leçons tirées des actions menées en Tunisie et à la Communauté des Etats indépendants (CEI). La notion de transition La transition fournit un élan unique pour des réformes décisives qui vont empêcher la torture et briser le cycle de l’impunité. Selon M. Staberock, le terme «transition», suppose l’existence d’un «agenda pour le changement». Cependant, cette notion doit être utilisée avec attention. Le processus de transition des pays de l’Europe Centrale et de l’Asie a conduit à des résultats très différents; certains ont abouti à des démocraties stables, comme la Pologne, d’autres n’ont pas réussi à établir un système démocratique ou seulement partiellement démocratique. Par exemple, dans le Caucase et en Asie centrale, l’indépendance et la démocratie ont été établies du jour au lendemain, comme résultat de la dissolution de l’État, et suite à un mouvement social pour l’établissement de la démocratie. La situation peut varier d’un pays à l’autre, mais des conclusions générales peuvent en être tirées. Le principe de la prééminence du droit dans les lois d’un Etat Surmonter la torture et la lutte contre l’impunité sont des éléments fondamentaux de réussite d’un processus de transition. Les réformes anti-torture doivent être dûment intégrées dans la règle des réformes du droit. M. Staberock a souligné le fait que le processus de transition doit avoir comme objectif la règle de systèmes de droit, fondé sur le droit international des droits de l’homme. Les réformes devraient conduire à un système de lois selon lequel le système international de normes des droits de l’homme n’est pas considéré comme «loi étrangère», mais comme une référence concrète de réussite dans les processus de transition. Rendre les normes des droits de l’homme un exercice national Des tortures sont souvent dénoncées dans des cas de détentions secrètes, de répression politique et des formes institutionnalisées de mauvais traitements. Toutefois, dans les pays de la CEI, il n’est pas clair que la torture et les autres mauvais traitements sont bien plus profondément enracinés dans la société qu’on ne le pense. Dans une certaine mesure, la torture politique a été plus facilement éradiquée dans le courant des changements démocratiques que le système de lois. Un autre défi est le soutien du public contre la torture et un réel besoin de donner de l’élan à des campagnes de sensibilisation pour lutter contre l’acceptation de la torture. Cela a été trop négligé dans les pays de la CEI. les DESC ne doivent pas être oubliés , il faut les rendre justiciables Les Droits Économiques, Sociaux et Culturels (DESC) ont été souvent négligés dans les processus de transition. Il est évidemment question de politiques globales de développement économique, mais aussi d’intégration de tous les droits de l’homme dans un cadre juridique et constitutionnel. Une approche holistique pour la lutte contre la torture M. Staberock a souligné que les approches adoptées dans le cadre de la lutte contre la torture, à savoir la réhabilitation, la prévention et la protection, ne devraient pas être utilisées de manière indépendante. Elles sont, au contraire, interdépendantes et nécessaires à la poursuite de l’objectif d’éradication de la torture. « Il n’y a qu’un seul mouvement contre la torture. Ne nous laissons pas diviser en trois composantes; chacun a ses points forts, mais nous poursuivons tous la même cause », a-t-il dit. En outre, tout en mettant l’accent sur la «prévention» de la torture et/ou sur « la réhabilitation des victimes de torture », l’impunité ne doit pas être occultée. La question des voies de recours efficaces et la réparation, mise en place de mécanismes indépendants de dépôt de plaintes, sont toujours parmi les défis les plus importants dans les pays de la CEI. M. Staberock a souligné l’importance d’un diagnostic préalable } Page 25 } IEDDH Séminaire technique } 4 Ateliers du contexte de chaque pays sur des questions portant sur l’administration de la justice, du système des prisons et du secteur de sécurité. Une grande partie du travail sur la prévention de la torture est effectué en collaboration avec le système judiciaire, en particulier avec les avocats et les juges, alors que les procureurs reçoivent moins d’attention internationale. Dans les pays de la CEI, par exemple, une grande partie de l’aide est axée sur les tribunaux et les avocats, mais le travail relatif au changement de mentalité des procureurs sur les questions de respect des droits de l’homme (un travail de base pour contrer la torture et l’impunité) est limité. Cela signifie que l’on rencontre un certain degré d’hostilité dans le cadre des poursuites contre le processus de réforme et un antagonisme dont on n’a certainement pas besoin. De nos jours, un des principaux défis relevés par de nombreux pays dans le cadre de la lutte contre l’’impunité est le manque d’engagement et d’appropriation par les autorités de poursuite. Mme Tatevik Gukaysyan a présenté le cas d’un projet mis en œuvre par son organisation en Russie. M. Samuel Herbert Nsubug a témoigné de l’expérience et des difficultés encourues par son organisation, un centre de réadaptation des victimes de torture en Ouganda. Il a présenté l’approche holistique mise en œuvre dans le cadre de leur action: outre la réhabilitation des victimes, le centre contribue également à la rédaction d’une loi anti-torture, la surveillance des lieux de détention, la formation des agents pénitentiaires et la formation des medias sur la manière de rédiger un rapport sur la torture. Mme Julia Kozma a présenté un projet de l’IEDDH, mis en œuvre dans cinq pays, visant à donner suite à la recommandation de l’ancien Rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, M. Manfred Nowak. Elle a décrit les actions mises en œuvre en Géorgie et au Paraguay et les difficultés rencontrées dans des cas de manque de coopération de la part des gouvernements. Concernant la réforme du secteur de la sécurité, l’accent est placé sur la formation et la réforme de la police. Cependant, plus de travail doit être fait pour établir des garanties sur l’action des services de renseignement et leur complicité présumée dans les pratiques de la torture pour l’obtention d’informations dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Il est plus facile de faire du progrès dans le cadre du travail mené auprès du système pénitentiaire. Conclusions • Assurer la coordination entre les organisations de la société civile qui travaillent sur la lutte contre la torture et les mauvais traitements, par exemple dans les pays en transition. • Utiliser des outils plus flexibles sous l’IEDDH au profit de la lutte contre la torture et les mauvais traitements. • S’inspirer des histoires à succès et des bonnes pratiques, comme par exemple le processus de transition démocratique en Amérique latine. • Œuvrer pour la conformité de l’opinion publique sur l’utilisation de la torture dans le cadre de la lutte contre le terrorisme: la torture ne doit pas être considérée comme un tabou. • Réfléchir à une approche holistique de la lutte contre la torture et les mauvais traitements et ne pas se focaliser sur un seul aspect (prévention, réhabilitation, protection); la torture est l’échec d’un système qui permet l’existence de telles pratiques. • La formation sur les droits de l’homme n’est pas une panacée; elle doit être suivie par des reformes à plus large échelle, dans un cadre de responsabilisation de tous les acteurs concernés. • Identifier des groupes cible dans l’appareil d’État: travailler avec le Bureau du Procureur et pas seulement avec des fonctionnaires de niveau intermédiaire. • Il est important de réfléchir sur les moyens à mettre en œuvre pour responsabiliser les services de renseignement. • Réadaptation pour les victimes de troisième génération. • Le traitement est un processus continu et à long terme; il nécessite également un soutien financier à long terme. Le travail des centres de réadaptation pour les victimes de torture ne peut pas se limiter au cadre d’un projet. Ceci constitue une importante contrainte, en particulier lorsque les parties prenantes représentant l’Etat s’opposent au travail des centres de réadaptation. • Mesurer l’impact des approches: le problème est que lorsque l’Etat ne fonctionne pas correctement, il est plus difficile de mesurer les résultats d’une action. } Page 26 } IEDDH Séminaire technique Liste des abréviations ACP Pays d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique CE Commission européenne CEI Communauté des États indépendants DDH Défenseurs des droits de l’homme DESC Droits Économiques, Sociaux et Culturels DH Droits de l’homme IEDDH Instrument européen pour la démocratie et les droits de l’homme LGBT Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres MPE Membre du Parlement Européen MST Maladie sexuellement transmissible NU Nations unies OMCT Organisation Mondiale Contre la Torture ONG Organisation non gouvernementale OSC Organisations de la société civile PE Parlement européen VIH Virus de l’immunodéficience humaine IRCT Conseil International de Réhabilitation pour les Victimes de Torture UE Union européenne } Page 27