Fiches Techniques

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Fiches Techniques
Budo & Arts Asiatiques
GEISHA
5ème atelier de l’Association Budo & Arts
Asiatiques
26/01/2011
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Budo & Arts Asiatiques
Introduction ..................................................3
L’Histoire des Geisha ..................................5
Lieux de vie des Geisha ..............................11
La Vie d’une Geisha ...................................13
L’enfance : les Shikomiko (de 6 ans à 12 ans) .......................................................13
Devenir une Maiko (à partir de 12 ans) ..................................................................15
Dans la peau d’une Geisha (13 ans et plus) ............................................................17
Une autre vie possible après le métier de Geisha ? .................................................19
Les Geisha modernes ................................. 20
Le Maquillage des Geisha .......................................................................................26
La Coiffure des Geisha ...........................................................................................28
Les Costumes des Geisha ........................................................................................29
Les Spectacles de Geisha ........................................................................................32
« La Grande sœur » chez les Geisha .......................................................................34
Une Nuit avec une Geisha .......................................................................................35
Les Onsen Geisha ...................................................................................................36
Les Courtisanes .......................................................................................................38
L’Art des Geisha ........................................39
L’Ikebana ................................................................................................................41
La Cérémonie du Thé ..............................................................................................42
Le Shamisen ............................................................................................................44
Gion, le quartier des Geisha à Kyoto, de nos jours .................................................47
Les quartiers des Geisha à Tokyo, de nos jours ......................................................49
Le Jour de la majorité (Seijin no Hi) ......................................................................51
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Introduction
« Geisha » est sans doute avec « samouraï » ou « saké » l’un des mots de la
langue japonaise les plus connus en Occident. La geisha constitue une sorte
d’archétype féminin de la société traditionnelle qui a fasciné de nombreux artistes au
Japon et, en presque aussi grand nombre, les voyageurs venus d’Occident.
Les geisha appartiennent au « monde des fleurs et des saules » (花柳界,
karyukai). Selon la geisha Mineko Iwasaki :
« Une geisha doit avoir la délicatesse d’une fleur ainsi que la force et la
souplesse d’un saule ».
Aujourd’hui, on ne compte plus guère que quelques centaines de ces
courtisanes à la mode d’autrefois, la plupart vivant à Kyoto. A vrai dire, dans le Japon
contemporain, elles ne font guère parler d’elles, sauf dans des cercles très restreints de
riches connaisseurs.
Les geisha n’entrent que très rarement dans la vie du japonais moyen. Elles
composent l’aristocratie des quelques 500 000 femmes employées dans les bars,
cabarets, théâtres et salons de massage de la capitale. Les « maisons de thé » dans
lesquelles elles exercent sont discrètes et élégantes comme le veut leur style
traditionnel. De nombreuses geisha accomplies se comportent davantage en mère pour
leurs hôtes que comme des maîtresses mais près d’un tiers d’entre elles sont
parrainées par au moins un « papa-gâteau ». Ce qu’elles font dans les coulisses - hors
la « maison de thé » - peut être aussi important économiquement que ce qu’elles font
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en représentation. Dans les stations thermales ainsi que dans les clubs de troisième
ordre des grandes villes, la distinction entre la geisha et la call-girl tend fortement à
s’estomper. On continue pourtant à les désigner comme une catégorie culturelle
invariante du Japon de toujours. Mais, on s’en doute, les geisha aussi ont une histoire.
Dans quel contexte sont-elles apparues ? Quel était leur rôle réel ?
Bien des occidentaux pensent à tort que le mot geisha désigne pudiquement
une prostituée de luxe. Ce cliché a dévalorisé cette tradition.
Les geisha sont le résultat de l’évolution des taikomochi, l’équivalent des
bouffons du moyen-âge. Littéralement « personne de l’art » « Geisha » est un mot
composé de deux idéogrammes chinois (芸者), qui désignent une personne possédant
un art, un métier, et plus spécialement, autrefois, un maître artisan, voire un artiste. Le
mot lui-même ne possède donc aucune connotation sexuée. Ainsi, les premiers geisha
étaient des hommes. Au début de leur intégration aux geisha (milieu du XVIIIème
siècle), les femmes étaient appelées onna geisha (littéralement : femme geisha) ou
geiko (芸妓) à Kyoto. Elles devinrent rapidement plus nombreuses que les hommes,
qui prirent le nom d’otoko geisha (男芸者, homme geisha) pour se différencier des
femmes. A partir de 1800, toutes les geisha étaient des femmes.
C’est au cours du XVIIIe siècle, dans le cadre d’une civilisation déjà très
urbanisée, que le terme devient peu à peu une appellation générique pour nommer,
parmi les courtisanes, celles qui sont les plus éduquées, les plus habiles comme
musiciennes, danseuses ou chanteuses, celles dont la conversation est la plus
attrayante. Chose curieuse, c’est que malgré leur célébrité, les geisha n’ont guère
attiré l’attention des chercheurs.
Une geisha dans une rue de Kyoto
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L’Histoire des Geisha
C’est au Japon que se trouve l’origine des geisha. En 794, l’empereur Kammu
est un grand admirateur de la civilisation chinoise. Il fait édifier une nouvelle capitale
qui sera Kyoto, sur le modèle de la capitale Chinoise, Changan.
A cette époque, les filles qui dansaient sur des prières bouddhistes étaient
aussi les maîtresses des guerriers et des nobles. De ce curieux mélange de traditions,
d’esthétique et de plaisir allait naître peu à peu l’art des geisha. Cet art apparait donc
vers 1600, quand le shogun Tokugawa s’installe à Edo (l’actuelle Tokyo). Dans la
période Tokugawa (1600-1868), leur rôle alors se précise : d’abord danseuses,
musiciennes, et poétesses, elles eurent ensuite à verser le saké pour les convives des
banquets… L’histoire des geisha est donc courte. Mais elles furent rapidement
appréciées par leur éducation et leur raffinement dans l’art de converser et leur
élégance. Elles devinrent assez vite les confidentes des hommes de la haute société ou
des détendeurs de pouvoir.
L’ouverture des maisons de thé dans les quartiers de plaisirs en 1712 marque
le début du métier de geisha.
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Les geisha étaient à l’origine des hommes appelés pour amuser le « monde
des fleurs et des saules » (karyukai), également appelé le « monde de l’eau » ou « le
monde flottant », c’est aussi le monde de la nuit, des prostituées, des amuseurs et des
patrons ivres. Comme cela gênait, que des hommes fassent cela, les femmes se
trouvèrent ajouter au artiste jusqu’à ce que les hommes disparaissent de la nomination
de geisha. Et bientôt toutes les geisha étaient des femmes, et on sait qu’elles
concurrençaient les prostituées.
Jusque vers la moitié du XVIIIème siècle, on pouvait consommer à plusieurs
niveaux la prostitution, soit dans les rues, soit dans les maisons closes des quartiers
chauds. Les reines de cette époque étaient les Tayu ou grandes courtisanes, qui
surclassaient les autres autant par la finesse de leurs manières que par le luxe dont
elles faisaient étalage. Mais comme elles étaient fort coûteuses, on songea alors à
former des femmes (quelques hommes aussi) qui allieraient plusieurs aptitudes à la
beauté pour divertir les bourgeois. Dans les réceptions, on fait de plus en plus appel à
ces personnes capables de danser, chanter, jouer d’instruments différents, raconter des
histoires, faire des acrobaties ou donner de petits spectacles. Les geisha naissent ainsi
de ce désir de marier tous les plaisirs en une seule personne. La Gei (芸 art) Sha (者
personne) allait désormais incarner la plus esthétique des manifestations du plaisir et
du divertissement.
En 1779, le gouvernement japonais officialise le métier de geisha et créé un
bureau d’enregistrement (検番, kenban), destiné à recenser les geisha et à faire
respecter la loi. Celle-ci indiquait que seules les prostituées patentées pouvaient avoir
des relations sexuelles avec leurs clients, et pas les geisha.
Ce décret shogunal voulut réglementer cette nouvelle profession et obligea les
geisha à résider dans des "quartiers réservés" (Yoshiwara à Edo et Shimabara à
Kyoto) nommé : hanamachi ou kagai (花街, ville fleur). Devant ce regroupement
forcé avec les prostitués des quartiers de plaisir, un certain nombre de geisha
décidèrent de quitter leur maison (okiya), l’établissement qui les formait. Elles se
regroupèrent alors en écoles à Gion (Kyoto) et Fukagawa (Edo).
Dans les quartiers « réservés », les anciennes geisha devinrent de simples
courtisanes (joro), dont seul le costume gardait un lien avec leur origine. A la
fermeture de ces quartiers, elles disparurent également, laissant les seules geisha
perpétuer la véritable tradition et le maintien de cette profession.
Au XVIIIème siècle, les geisha étaient considérées comme exerçant une
profession définie, comme une sorte de rivale morale à la courtisane, les yujo, régnant
à l’époque. Elles ne devaient pas vendre leurs charmes, ni porter de tenues voyantes.
Durant l’ère Edo, les Geisha de classes moyennes couchaient pourtant
fréquemment avec leurs clients, une pièce était même spécialement aménagée dans les
okiya. Cependant, aux yeux de la loi, il y avait une différence entre les geisha et les
prostituées. Une geisha étant formée pour divertir les hommes.
Les geisha étaient donc à la fois : serveuses, confidentes, animatrices (elles
faisaient par exemple des jeux d’alcool avec les clients) et partenaires sexuelles.
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Chaque okiya avait une yujo (« yu » signifie le jeu et le « jyo » signifie la
fille). Ces femmes vouées à la prostitution n’étaient pas artistes, mais respectées par
les geisha et surtout par les okasan. Leurs kimono n’étaient pas aussi beaux que ceux
des geisha. Leurs coupes de cheveux et leurs maquillages n’étaient pas eux non plus
fait avec autant de soin. Leurs obi était lui noué sur le devant pour être rapidement
enlevé et tout aussi rapidement remis.
Après des siècles de domination guerrière sous la tutelle des samourai, ce sont
les marchands, nouveaux bourgeois, qui vont prendre le haut du pavé des grandes
capitales nippones et vont instaurer un nouveau code moral empreint de valeurs
esthétiques et artistiques. Les Japonais ont toujours eu un sens aigu de la hiérarchie et
même la prostitution répondait à ces structures précises.
Organisées à la façon d’une corporation, les geisha voient leurs activités
réglementées par des heures fixes de travail, des uniformes et un code d’éthique
rigoureux. Le visage fardé de blanc, le kimono de soie sanglé à la perfection, les
geisha ne sont toutefois pas à vendre, ce ne sont pas des prostituées. L’acte sexuel
entre une geisha et son client bien que courant n’est pas obligatoire. Beaucoup de
prostituées ont revendiqué un statut de geisha pour appâter les hommes. Cette
usurpation a considérablement entaché la réputation de ces artistes superbes.
Les geisha et les prostituées ont séparé leurs activités après que les geisha
soient devenues plus populaires et soient appelées pour amuser dans d’autres salons
de thé et dehors les murs confinés du monde des fleurs et des saules. Les yujo durent
se contenter des quartiers en périphérie de la ville. Ces secteurs appelés « Yukaku »
sont séparés des autres secteurs de la ville.
Beaucoup de filles ont travaillé et ont vécu dans ces secteurs. Elles ont été
connues en tant que « yujo. » Elles avaient chacune leur propre pièce dans les
auberges (et également dans les restaurants) ou elles travaillaient. Les hommes
pouvaient dîner ou tenir des rendez-vous dans ces auberges et après, les hommes
pouvaient passer la nuit avec la fille de leur choix dans la chambre de la fille.
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Les geisha, contrairement aux yujo étaient libres d’aller ou elles voulaient.
Elles étaient dans les affaires du divertissement. Si un marchand riche voulait faire un
repas d’affaires dans un restaurant, il pouvait appeler une geisha pour organiser la
réception pour l’invité. La geisha occupe alors les niveaux supérieurs du monde de
l’eau, et était les chefs de la mode chic et des arts à la fin du 19ème et début du
20ème siècle. La raison de cette popularité était que la geisha jouait un rôle important
dans le changement du gouvernement de Tokugawa en Meiji (1868-1910) ; la
révolution a été projetée dans les salons de thé de Gion et de Ponto-cho. La geisha
impliquée est restée silencieuse au sujet de la révolution et même protégea de temps
en temps les révolutionnaires contre les fonctionnaires. Les révolutionnaires ont
récompensé l’appui des geisha en les patronnant après le changement réussi de
gouvernement.
En 1842, la réforme Tempo proscrivit la prostitution et fit fermer les quartiers
de plaisirs, mais ceux-ci rouvrirent en 1851. En 1886, afin de garder le contrôle sur les
activités des geisha, le gouvernement fixa un tarif officiel pour leurs activités.
Avec les périodes de Taisho et de Showa (les années 20 aux années 30), la
culture et l’idéologie matérielles occidentales ont été importées au Japon, à tel point
que l’on vit apparaître des geisha s’habillant et dansant à l’occidentale (surnommées
dansu geisha). La geisha a au début essayé de se moderniser comme le reste de la
société, mais elles se sont bientôt rendu compte qu’elles perdraient tout ce qui les a
faites spéciales et devenir juste un autre type de jokyu (des hôtesses de bars et des
filles de café) si elles le faisaient.
Cette période était une période confuse pour les geisha, et avec la seconde
guerre mondiale, les geisha ont même été congédiées pendant quelques années. Après
la guerre, les geisha sont revenues dans leurs vieux voisinages, mais pas aussi
nombreuses qu’elles avaient été avant.
Puisque le système social au Japon était tel que les épouses devaient rester à la
maison et qu’elles n’ont pas participé avec les hommes aux affaires ou à la politique,
elles ne pouvaient pas amuser les associés dans les affaires de leurs maris ou avoir
une fonction relationnelle. La geisha est donc devenue une partie intégrale du
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divertissement d’affaires en servant d’hôtes aimables aux nombreux ryokan
(auberges), aux ryotei (restaurants) et aux l’o-chaya (お茶屋, salons de thé) où des
banquettes ont été louées à cette fin. Pour leur bien-être, les hommes d’affaires
loueraient ces salles, assureraient la nourriture et les boissons, puis loueraient la
geisha pour divertir leurs associés par la musique, la danse et les conversations
légères. Quelques hommes d’affaires sont devenus des patrons (danna) d’une geisha
favorite pour laquelle il a payé grassement.
En 1944, en raison des difficultés économiques pendant la deuxième guerre
mondiale, le gouvernement fit fermer les quartiers de plaisir et envoya les geisha
travailler en usine pour soutenir l’effort de guerre.
Le 25 octobre 1945, les quartiers de plaisir rouvrirent.
Puis sous l’armée d’occupation, le divertissement par les geisha a été proscrit,
toutefois une fois le Japon stabilisé, le divertissement par les geisha fut rétabli.
L’interdiction totale de la prostitution en 1957 démarqua définitivement les geisha des
prostituées. A la même époque, de nouvelles lois sur le travail des enfants et la
scolarité obligatoire interdirent aux filles de devenir maiko avant quinze ans.
La concurrence croissante avec le jokyu occidentalisé a mené les geisha à
renoncer à leurs droits en tant que reines du monde moderne et sont alors devenues les
conservatrices des arts et des divertissements traditionnels. La situation a été
compliquée par le fait que les geisha ont été comprises dans le nombre de prostituées
qui se sont appelées « des filles de geisha » au profit des troupes américaines, et le
G.I. naturellement, était ignorant de telles nuances. Cette confusion entre les vraies
geisha avec les prostituées a eu des répercussions durables, comme cela sera expliqué
plus tard. Depuis la guerre, le nombre de geisha a fortement diminué. Jusqu’en 1970,
il y avait environ 17 000 geisha. Les geisha contemporaines sont parfois invités à
participer à des fonctions spéciales au Japon et internationales.
En 1965, la Kyoto dento gigei shinko zaidan (littéralement « Fondation pour le
développement des arts et musiques traditionnels de Kyoto ») dénombrait à Kyoto 65
maiko, chiffre qui chuta ensuite jusqu’à 28 en 1975, avant de remonter et se stabiliser
à une moyenne de 60 maiko dans les années 1990.
De nos jours le nombre de véritables geisha a encore diminué (quelques
centaines) et il y a un certain doute quant au temps qu’une geisha peut maintenir ce
mode de vie unique, et bientôt, bien que devenues les dépositaires d’une grande partie
de ce qui fut la culture et la structure de la société japonaise traditionnelle, la
magnificence des geisha ne survivra plus que pour divertir le touriste… Cependant,
ces dernières années, on observe un engouement nouveau pour la profession de geisha
au Japon, avec pour la première fois en avril 2008 plus de 100 maiko (101
exactement) dans les cinq hanamachi de Kyoto. Il semblerait que cet engouement soit
notamment dû au nombre grandissant d’informations disponibles sur ce métier :
livres, reportages et documentaires télévisés, mais aussi blogs et sites web personnels
de maiko ou de geisha.
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Geiko se rendant à un
banquet à Kyoto
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Geiko priant dans un
temple de Kyoto
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Lieux de vie des Geisha
Okiya
Historiquement, les Geisha vivaient dans une Okiya (置屋, maison de geisha).
Ces bâtisses, situées dans les hanamachi, étaient tenues par des femmes. En effet, la
quasi-totalité des personnes composant une okiya, étaient des femmes.
Une okiya type regroupait environ une dizaine de personnes déclinées de la
façon suivante :
-
-
-
Une tenancière : « okasan » (mère).
Cinq à six geisha.
Deux à trois petites filles de moins de 12 ans : « Shikomiko (ou taabo) »,
Ces petites filles sont les futures Geisha.
Deux femmes de 15 à 45 ans : Une « banba », c’est-à-dire une aide cuisinière
également serveuse. Une « beebe », qui s’occupait du ménage et de la lessive.
Ces deux femmes n’étaient rétribuées que deux fois l’an sous forme de cadeau
et n’avait pas le droit à un salaire précis.
Un serviteur : il était chargé d’escorter les geisha lors des soirées ainsi que de
racoler les clients à l’entrée. Il était le seul homme de l’okiya et était très mal
considéré par les femmes de la maisonnée. Il touchait un pourcentage des
gains de l’okiya, en fonction du nombre de clients apportés.
Jusqu’en 1957 et l’interdiction de la prostitution, une okiya devait également
avoir une prostituée officielle pour obtenir une autorisation d’exploitation.
Une dernière catégorie de femmes travaillait dans le quartier des plaisirs, les
yarite-baba. Ces vieilles femmes jouaient le rôle d’entremetteuses entre les
geisha et leurs clients. Comme le serviteur, ces femmes touchaient un
pourcentage en fonction du nombre de client apportés à l’okiya.
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Une okiya se transmet par succession. L’une des geisha de la maison est désignée
comme l’« héritière » (atotori) : il peut s’agir soit d’une fille naturelle de l’okasan, soit
d’une geisha talentueuse adoptée par la maison. En tant qu’héritière, ses gains se
confondent avec ceux de son okiya, et elle est censée devenir la prochaine okasan.
Geiko sortant d'un restaurant
de Ponto-cho
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Geiko de Kyoto
de rang supérieur
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La Vie d’une Geisha
L’enfance : les Shikomiko (de 6 ans à 12 ans)
Dans l’okiya, l’okasan était tout le temps à la recherche d’une relève pour les
geisha en exercice. La tenancière n’hésitait pas à aller acheter des jeunes filles à des
familles pauvres. En échange de leur fille, l’okasan devenait officiellement la mère
adoptive de l’enfant. Cependant, il n’y avait là aucun cadeau de fait par la gérante.
Tous les frais avancés par l’okiya pour l’éducation, l’habillement et même pour
l’achat de l’enfant devaient être remboursés par la future geisha. Inutile de préciser
que tous les frais engagés étaient exagérément facturés. En moyenne, il fallait 15 ans à
une geisha pour rembourser son contrat (appelé « nenki »).
La tradition japonaise veut que les enfants qui pratiquent les arts commencent
« le sixième jour du sixième mois de leur sixième année », mais il arrivait que les
futures geisha commencent plus tôt.
Une shikomiko ; son obi en « demi-traîne » est caractéristique de cette étape de
l’apprentissage.
- Le matin, les Shikomiko apprenaient le métier de geisha en commençant
l’apprentissage des différentes disciplines artistiques.
- Le reste de la journée était consacré aux taches domestiques ainsi qu’aux courses
effectuées pour leurs « grandes sœurs » (les geisha).
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- Le soir, les taabo accompagnaient les geisha sur leurs lieux de travail. Elles portaient
leurs affaires, par exemple leur shamisen puis attendait, tout le reste de la soirée,
dehors, devant la sortie de service.
La tenue des shikomiko était des plus simples, en été : une veste courte
(multicolore, verte, rose ou bleu) avec un jupon rouge (koshimaki). L’hiver, elles
portaient un kimono uniformément rouge.
Les shikomiko n’étaient ni maquillées ni coiffées. A leurs pieds, les taabo
portaient des zori (sandales en paille grossièrement tissés).
Zori
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Devenir une Maiko (à partir de 12 ans)
Dès l’âge de 12 ans, « l’okasan » (mère) décidait si les fillettes étaient
capables de devenir des maiko. En fonction des talents découverts lors des cours
artistiques, les geisha étaient plus ou moins spécialisées (par exemple dans la danse, la
musique, la cérémonie du thé, etc.).
Pendant cette année (au minimum) d’apprentissage, les maiko étaient tout le
temps accompagnées par une geisha confirmée nommée « l’onesan » (grande sœur ou
sœur ainée). L’onesan était alors chargée de veiller sur sa protégée et elle touchait
alors un pourcentage sur tous ses gains. Dans la rue, une maiko devait toujours être
située au moins un mètre derrière la geisha confirmée.
Pour nouer ce lien de hiérarchie entre elles, les deux femmes réalisaient la
cérémonie du « san san ku do ». Ce rituel consistait à échanger trois coupes de saké.
La grande sœur était censée aider son « élève » à se maquiller, à s’habiller et
surtout à lui apprendre comment se comporter avec un client lors d’un zashiki
(banquet traditionnel ou les geisha jouent un rôle très important dans l’animation et le
service). Dans le quartier des plaisirs, la jeune maiko devait ensuite aller se présenter
devant chaque maison de thé et chaque client pour se faire connaître. Au cours de sa
visite, elle distribuait des boulettes de nourritures à base de farine et fourrées de
haricots rouge (manju) (cette cérémonie revenait très cher à la jeune apprentie).
Le changement de statut shikomiko/maiko était une étape significative. En
effet, c’est durant cette période qu’une maiko reçoit son premier kimono (obebe).
Pour ces apprentis, le kimono est le plus souvent fait de couleurs très vives
avec de nombreux motifs peints à la main. Chaque maiko/geisha possède une garderobe de 15 à 20 kimono, le prix de ces kimono étant extrêmement élevé. Comme pour
le reste, l’okasan facture à prix d’or toutes ces nouvelles dépenses.
Les kimono sont très durs à enfiler. Aussi, les nouvelles geisha se rendent chez
un spécialiste de l’habillement et/ou sont aidées par leur grande sœur. Pour
différencier une geisha d’une maiko, il suffit de regarder la façon dont est nouée son
obi (帯). L’obi est une ceinture de soie qui permet de fermer le kimono. Pour les
maiko, la ceinture était nouée « en traîne ».
Un autre élément permettant de différencier une maiko d’une geisha était le
col cousu sur le kimono ; il était rouge pour les maiko et blanc pour les geisha
confirmées.
Leurs chaussures évoluent également, lors des soirées et déplacement en ville,
les zori laissent place aux « geta ».
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Les maiko apprennent également l’art de se maquiller. Ce sont leur okasan ou
leur onesan qui les maquillent au début. Elles doivent ensuite apprendre à se maquiller
seules.
Geta
Un visage fardé de blanc ainsi qu’une partie de dos (excepté un bout de nuque
laissé « pur »), les joues, les yeux et les lèvres maquillés en rouge et pour finir les
sourcils et contours des yeux tracés en noir à l’aide d'un charbon, et le maquillage est
terminé. Les maiko devaient obligatoirement porter ce maquillage.
Pour la coiffure, les maiko comme leurs ainées, sont coiffées de chignons
traditionnels japonais. Pour les apprentis geisha, le chignon est fendu en deux et au
milieu, une étoffe de soie rouge fixe le tout. Cette coiffure est appelée : chignon « en
pêche fendue » (du japonais momoware ou wareshimomo).
Ces chignons n’étaient pas réalisables par soi-même. Ainsi, toutes les
semaines, les maiko/geisha devaient se rendre chez un coiffeur spécialisé. Pour éviter
d’abimer prématurément leurs chignons, elles devaient dormir sur un repose-nuque
pour éviter que leurs cheveux ne touchent le sol.
Jeune Maiko et sa One San (protectrice) le jour de sa première sortie
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Dans la peau d’une Geisha (13 ans et plus)
Une fois les maiko formées, connues de plusieurs maisons de thé et ayant déjà
quelques clients les appréciant, la vie de geisha commençait vraiment. Pour
rembourser leurs dettes auprès de leurs okasan, elles devaient beaucoup travailler.
Il n’était pas rare qu’une Geisha assiste à plusieurs banquets en même temps.
Elles étaient le plus souvent payées à l’heure mais ne restaient qu’une partie effective
du banquet. Elles pouvaient ainsi passer deux à trois zashiki en une heure.
Une geisha n’était pas obligée de continuer à vivre dans okiya d’origine mais
elle devait s’y rendre tous les matins pour faire ses respects à son okasan. Ce rituel
s’arrêtait une fois que son contrat était remboursé.
Il existait deux façons pour une Geisha de rembourser sa dette plus
rapidement. La première consistait à vendre son pucelage. Plus la geisha était
appréciée et douée dans les arts, plus le prix en était élevé. Une quantité très limitée
de geisha arrivaient à rembourser la quasi-intégralité de leur contrat. Cette pratique
nommée le mizuage (水揚げ, littéralement « élever l’eau ») était une mise aux
enchères de la virginité des jeunes geisha.
Bien que le sexe ne fasse pas partie intégrante de la mission des geisha, il
serait mal avisé de penser qu’elles ne vendaient pas leurs corps. En effet, seules les
plus grandes et les plus connues des geisha pouvaient se passer de ce gain rapide
d’argent.
La deuxième méthode pour rembourser l’okasan était de prendre un protecteur
(danna). Celui-ci n’était pas forcément celui qui avait pratiqué le mizuage. Cet
homme, riche, payait une pension mensuelle ainsi qu’une « prime » lorsqu’elle
participait à un banquet où il était. Pour se lier à un protecteur, les deux parties
pratiquaient la cérémonie du « san san ku do » déjà réalisée par les maiko avec leur
onesan.
Comme les maiko, les geisha sont vêtues de kimono. La différence étant que
plus la geisha vieillit, plus les couleurs des kimono sont discrètes. Au-delà de 30 ans,
il n’y a plus de motifs sur les kimono. A la place du col rouge, un col blanc est cousu
sur leurs kimono.
La ceinture en soie (obi) est elle aussi différente, au lieu de trainer comme
pour les maiko, elle est repliée sur elle-même. Dans la photo ci-dessous, il y a la
geisha à gauche et la maiko à droite.
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Au niveau du maquillage, il n’y a pas non plus de révolution. Dans les
premières années, les geisha reproduisent le même maquillage que celui qu’elles ont
appris lorsqu’elles étaient maiko. Cependant, au fur et à mesure, les geisha, ont le
droit de diminuer la quantité de maquillage. Au-delà de 30 ans, elles ont même le
droit de ne plus en mettre du tout, excepté lors des grandes occasions.
Au niveau de la coiffure, là encore il y a un changement, le « momoware »
(voir photo ci-dessous) est remplacé par un chignon plus simple, l’okufu. L’étoffe
rouge des maiko est remplacée par une étoffe plus simple de couleur chair ainsi que
par des peignes et des épingles à cheveux (kanzashi).
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Une autre vie possible après le métier de Geisha ?
Une fois leur contrat remboursé, les geisha avaient deux possibilités.
- La première était de ne rien changer à leur vie. La geisha devait alors quitter l’okiya
(si ce n’était pas déjà fait) et elle vivait alors à son compte, touchant la totalité de ses
revenus ainsi que celui de son protecteur (si elle en avait un). La plupart de ces
femmes, indépendantes pour la première fois de leur vie, décidaient souvent de
continuer leur métier pour profiter de ses avantages énormes pour les femmes de
l’époque.
- La seconde était de se marier. En se mariant, une geisha devait alors quitter le
quartier réservé car le célibat était la première règle à respecter pour être une geisha.
Le mariage pouvait avoir lieu avec son danna mais c’était très rare car la plupart des
protecteurs étaient déjà mariés. Au moment de quitter l’hanamachi, une geisha doit
organiser une cérémonie d’adieu appelé le « hiki hiwai », qui consiste à offrir du riz
bouilli à son « onesan » et à son « okasan ».
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Les Geisha modernes
Il existe de très nombreuses différences entre les geisha de l’ère Edo et celle
du XXIème siècle. On estime à l’ère Edo qu’il y avait environ 200 000 geisha sur tout
le Japon. Dans les années 1970 elles étaient estimées à 17 000 (essentiellement dans
le quartier de Gion à Kyoto).
Pour savoir pourquoi le nombre a tant diminué, il suffit de voir les évolutions
de l’histoire et surtout de la loi japonaise :
- En 1842 la réforme Tempo mit fin à la prostitution et fit fermer les hanamachi. En
1851, ces derniers rouvrirent. Pour contrôler les geisha, l’état décidait de fixer des
grilles tarifaires sur les activités des geisha.
- Durant la seconde guerre mondiale, le gouvernement referma les hanamachi et
réquisitionna les geisha pour travailler dans les usines. Lorsque leurs activités
reprirent le 25 octobre 1945, très peu de geisha revinrent. Les mentalités et
l’économie ayant beaucoup évolué, les okasan n’achetaient évidement plus les petites
filles pour les former.
- En 1957, l’état proclama l’interdiction totale de la prostitution. Dans le même temps,
une loi fut promulguée qui interdisaient le travail aux moins de 15 ans.
Désormais, l’apprentissage du métier de geisha est un acte entièrement
volontaire qui se fait en général vers l’âge de 15 ans. La jeune fille quitte donc sa
maison familiale pour rejoindre l’Okiya, basée selon le modèle hiérarchique familial.
A sa tête une mère (l’okamisan ou mama san) qui gère toute la maison avec sa
famille. L’Okiya se compose des geisha qui travaillent pour rembourser les frais de
leur formation (repas, cours, frais de médecine, acquisition des costumes, etc.) et des
apprenties geisha (maiko et tamago), qui apprennent leur art « gratuitement » (sous
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condition de rembourser plus tard) en allant à l’école et par l’intermédiaire de leurs
grandes sœurs geisha. La hiérarchie est basée sur l’ancienneté des filles.
L’apprentissage est difficile et long. Les jeunes filles d’âges différents sont
prises dans la maison, et effectuent diverses corvées tout en observant les geisha et les
maiko (geisha en formation). Elles sont appelées « tamago », qui signifie « œuf » et
est le signe de leur niveau de formation. Quand elles atteignent 17 ans, elles peuvent
devenir maiko, et commencent à s’exercer sérieusement pour devenir geisha.
L’apprentie est initiée aux maisons de thé, aux mécènes et aux clients. C’est
une forme d’entraînement traditionnel au Japon dans laquelle l’étudiant vit chez son
maître, l’aide, le regarde pratiquer, l’assiste et exécute les tâches ménagères. Cet
entraînement dure souvent plusieurs années.
Les maiko apprennent leurs leçons de shamisen, de danse et des autres arts
nécessaires pour être geisha. Elles peuvent aller aux réunions avec les geisha. Les
maiko sont très reconnaissables par leurs coiffures raffinées, le maquillage blanc de
leur visage et la lèvre rouge (le rouge à lèvres des maiko est mis uniquement sur leur
lèvre inférieure). Il y a d’autres signes : la façon dont elles portent leur kimono et
attachent leur ceinture.
Une fois qu’une maiko est prête, vers l’âge de 20 ans, elle passe par la
cérémonie d’ « erikae » ; les « erikae » signifient « tourner le collier » et cela se
conforme à la façon dont la robe change quand elle change de maiko en geisha.
La tenue des maiko reste inchangée ainsi que celle des geisha. On estime à
5000€ environ le prix d’un kimono de geisha. Tout reste encore fait artisanalement.
Les coupes de cheveux sont également identiques à celle de l’époque, cependant, les
geisha portent désormais des perruques. Durant l’ère Edo, les geisha finissaient
quasiment chauves à cause des chignons.
Quand les maiko deviennent geisha, leur maquillage devient plus subtile, leurs
cheveux sont attachés par une broche et leurs kimono, bien qu’encore élégants,
deviennent moins colorés.
Les geisha sont des artistes spécialement entraînées aux arts du divertissement.
Le travail des geisha en plus d’amuser les invités aux salons de thé, où ils exécuteront
des plaisanteries et des histoires et généralement entretiennent la discussion. Leur
présence est assez chère (un changement moderne ; leurs services étaient meilleur
marché dans leur apogée) et elles amusaient la crème de la crème de la société
japonaise (grandes sociétés, parties politiques…). Leur revenu principal vient des
salons de thé et de leurs patrons.
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Une chose à noter est que tandis que la période principale de la formation dans
les arts se produit pendant la période de maiko, les geisha continuent à se
perfectionner durant toute leur carrière professionnelle.
La geisha est toujours une dame raffinée d’excellente compagnie réservée à
une clientèle très aisée, dédiant sa vie à la pratique d’excellence des arts traditionnels
japonais.
Les cérémonies traditionnelles sont toujours d’actualité mais certaines comme
le mizuage ont changé de signification. En effet, cela ne signifie plus perdre sa
virginité. Désormais le fait de faire le mizuage signifie que la grande sœur juge une
maiko digne d’être une véritable geisha. Pour fêter ce changement, la jeune geisha est
alors autorisée à porter le col blanc à la place du col rouge. On appelle cette étape, le
changement de collier.
Traditionnellement, chaque geisha avait un protecteur, le danna. Aujourd’hui,
il n’y a pas assez d’hommes riches pour que chacune ait son danna. Celui-ci est
généralement un homme d’affaire, un directeur de société. Il lui verse une pension
mensuelle et lui paie son temps en plus lorsqu’elle participe à un banquet.
Historiquement, le dépucelage de la geisha était la prérogative du danna, mais
dans certains cas, la maison en confiait le soin à un homme choisi pour sa délicatesse
et qui payait très cher pour ce privilège, surtout si la geisha était convoitée et qu’elle
excellait dans son art. De nos jours, la geisha est, heureusement, plus responsable de
sa vie sexuelle et elle doit attendre généralement l’âge de 20 ans pour trouver un
protecteur. Ce qui ne l’empêche pas, socialement, d’être considérée comme
célibataire, car tant qu’elle est dans la profession, elle n’a pas le droit de se marier.
Il est possible qu’une geisha ait des relations plus ou moins suivies avec des
hommes qu’elle a rencontrés, mais ces relations sont généralement discrètes, car la
réputation d’une okiya pâtirait du mauvais comportement de ses geisha. Les geisha
sont censées être célibataires, et celles qui se marient abandonnent leur métier.
Une geisha, accueillant un homme d’affaire américain dans le quartier de Gion à
Kyoto
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A Tokyo, les zones de geisha les plus connues sont situées dans Shimbashi,
Akasaka et Yanagibashi. Aujourd’hui, la procédure pour louer une geisha est
relativement inchangée par rapport à ses débuts. Quand quelqu’un souhaite avoir une
geisha, ils entrent en contact avec l’ « okami » directement ou demandent les
coordonnées du propriétaire du l’o-chaya, du ryokan ou du ryotei. La demande passe
alors par un bureau de gestion appelé un « yakata » qui est également responsable
d’afficher le client.
Ce système raffiné est basé sur la confiance et la réputation et les clients sont
habituellement facturés à une date ultérieure et pas la nuit de la fonction. Le coût pour
louer une geisha est très élevé et est basé sur son expérience et ses compétences.
Si un client veut une geisha ou une maiko à une réunion, il ou elle demande
l’okami d’un o-chaya, alors l’okami laisse la gestion de la demande au bureau
(yakata). Yakata ont la responsabilité d’envoyer des geisha ou des maiko dans des
endroits, tels que l’o-chaya, restaurants, hôtels, et auberges japonaises, selon la
demande des clients. Si un client loue une salle dans un o-chaya pour un dîner, il sera
facturé au client, la nourriture et la geisha en plus du coût de la location de la salle.
A moins que vous soyez présenté par quelqu’un qui est déjà client d’un ochaya, il ne vous est pas permis d’entrer dans un o-chaya. Les o-chaya sont les
endroits très exclusifs. Habituellement, la charge pour le service est facturée au client
de l’o-chaya plus tard, ainsi, il est important que l’o-chaya ait un rapport de confiance
avec les clients.
Le travail principal des geisha est de participer aux banquets nommés zashiki.
Les zashiki ne sont pas ouverts à n’importe quels clients. Il faut connaître le geisha
asobi, l’art de se divertir en compagnie des geisha, et aussi être un client solvable. En
effet, les zashiki sont payés sur facture, après le banquet, par les clients au restaurant,
qui paye les honoraires des geisha au kenban, qui se charge de répartir l’argent entre
les geisha ayant participé. Si les clients tardent à payer, voire ne payent pas du tout, le
restaurant doit payer lui-même les honoraires des geisha ; c’est pourquoi beaucoup de
restaurants ou d’ochaya ne sont ouverts qu’aux habitués ou aux personnes
recommandées par leurs habitués.
Geisha jouant du shamisen
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Il y a une distinction entre les geisha spécialisées dans la danse et les autres :
les premières sont surnommées tachikata (« debout ») ou odoriko (« danseuse ») qui
fait principalement la danse traditionnelle Japonaise, tandis que les autres sont
appelées jikata (« assise ») car elles s’assoient pour jouer et chanter pendant que les
autres dansent.
Les tachikata sont habituellement des maiko et les jikata sont des geisha plus
âgées. Le coût pour une réunion avec la geisha change selon le nombre de geisha, la
nourriture, la boisson, l’heure, et ainsi de suite.
Les honoraires des geisha portent le nom poétique de o-hana ou hanadai,
« argent-fleur ». Ils sont proportionnels au temps que passe la geisha au zashiki. Une
maiko n’encaisse qu’un demi-hanadai là où une geisha confirmée en reçoit un.
Les geisha appartiennent à une association bien établie qui est investie dans la
confirmation de la tradition et commanditent un essai que le maiko doit passer avant
d’être élevée au statut de geisha. Dans toute leur carrière, les geisha continuent de se
perfectionner dans les arts du raffinement. Parfois les geisha décident de se marier ce
qui signifie qu’elles arrêtent leur profession. D’autres geisha deviennent propriétaires
de leur propre okiya et servent d’okami à de nouvelles filles pour perpétuer la longue
tradition.
Les geisha, de nos jours, ont le choix entre ces deux modes de vie : soit elles
vivent dans une okiya, qui leur fournit un logement et des kimono mais perçoit une
partie de leurs gains en échange, soit elles sont indépendantes (« jimae ») : elles
vivent alors dans leur propre logement, et doivent financer elles-mêmes leurs
vêtements et leur équipement, mais elles conservent la quasi-totalité de leurs gains.
Elles restent cependant rattachées à l’okiya, qui leur sert d’« agence de rendez-vous »
et qui perçoit une petite commission en échange.
Qu’elles soient indépendantes ou non, la vie des geisha est partagée avec tout
le hanamachi : à chaque occasion importante (début et fin de l’apprentissage, mizuage
etc.), une geisha fait le tour de son hanamachi et annonce la nouvelle aux patrons des
maisons de thé en leur offrant de la nourriture ou des cadeaux. Généralement, une
cérémonie a également lieu dans la maison de thé habituelle de la geisha.
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Une geisha, pour augmenter ses gains ou devenir indépendante, a besoin d’un
protecteur, nommé danna, un homme riche qui lui fait divers cadeaux, ce qui ne le
dispense pas de payer les prestations de la geisha au tarif normal. La geisha et son
danna se lient au cours d’une cérémonie analogue au « san san ku do ». Autrefois, la
notion de danna impliquait que la geisha ait des relations sexuelles avec son
protecteur, même si ce n’était jamais dit officiellement ; le danna était d’ailleurs
souvent choisi non pas par la geisha elle-même, mais par l’okiya, en fonction de sa
richesse et de son prestige.
Les geisha qui mettent un terme à leur carrière organisent une cérémonie
d’adieu, le hiki-iwai, au cours de laquelle elles offrent du riz bouilli à leur onesan et à
leur okasan.
Autrefois réputées pour leur avant-gardisme, les geisha modernes sont
désormais dépositaires de la tradition japonaise. Par leurs grandes connaissances
artistiques, elles permettent de faire perdurer des traditions séculaires. De nos jours,
les geisha sont aussi respectées que le sont les sumotori.
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Le Maquillage des Geisha
Le maquillage des geisha est demeuré le même depuis des siècles. Le visage
est entièrement fardé en blanc de porcelaine par-dessus une couche d’huile appelée
bintsuke-abura qui est signe de distinction. Dans le Japon ancien, les dames de haut
rang se démarquaient des femmes du peuple à la peau tannée par le soleil de cette
façon. Il est à noter que la peau blanche est toujours une marque de beauté au japon.
Le maquillage est étalé à l’aide d'une brosse de bambou, puis l’excédent est
tamponné avec une éponge. Autrefois, ce maquillage contenait du plomb, si bien que
beaucoup d’anciennes geisha souffraient de maladies et de problèmes de peau. De nos
jours, il est à base de poudre de riz. La nuque est dégagée, où apparaissent deux
triangles de peau naturelle…
Les joues, les yeux et les lèvres sont maquillés de rose et de rouge. Les
sourcils et le contour des yeux sont tracés avec un bâtonnet de charbon ou avec du
khôl (poudre minérale).
Le maquillage est une opération délicate, et les maiko se font souvent aider par
leur okasan ou par une maquilleuse lorsqu’elles débutent ; par la suite, elles doivent
apprendre à faire leur maquillage elles-mêmes. Au fur et à mesure de leur carrière,
elles diminuent la quantité de maquillage ; les geisha de plus de trente ans ne portent
quasiment plus de maquillage, sinon dans les grandes occasions.
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Le maquillage de la bouche, dont la moitié seulement est dessinée, répond à
l’idéal de la beauté alors en vogue. Pour renforcer l’aspect sensuel, des rayures rouges
sont peintes à la base du cou, ce qui donne l’impression de voir, au travers du masque
blanc, la peau nue de la geisha.
Jusqu’à la fin du XIXe siècle les Geisha pratiquaient le « kanetsuke » ou
« detsushi ». Cette pratique consistait à se noircir les dents avec un mélange à base de
noix de galle et de poudre de fer délayées dans du thé ou du vinaigre.
Les aburatori-kami sont des petites feuilles absorbant l’excès de sébum du
visage. Ces petites feuilles étaient originellement utilisées par les geisha car elles
permettaient d’absorber l’excès de sébum sans endommager leur maquillage. Elles
sont aujourd’hui encore extrêmement utilisées par les japonaises (surtout l’été).
Deux maiko arborant le kimono, la coiffure et le maquillage traditionnels
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La Coiffure des Geisha
Les geisha portent des chignons compliqués, reproduisant les coiffures de l’ère
d’Edo. Ces coiffures imposent des heures d’arrangement et bien sûr d’avoir des
cheveux longs ou très longs. Comme elles doivent changer de coiffure à chaque
danse, elles ont adopté, dans les années 60, le port de la perruque, ou katsura, toujours
faits de vrais cheveux et donc très chers. La coiffure de « shimada » est la plus
connue.
Le shimada de taka est un chignon (mage) haut retenus par des peignes
(sashigushi), porté par les plus jeunes. Les maiko y ajoutent des épingles (kanzashi)
avec des décorations brillantes.
Le shimada de tsubushi est plus plat, et porté par les geisha plus âgées. Pour
ne pas abîmer leur coiffure en dormant, les geisha dormaient la tête posée sur un banc
de bois assez élevé, ce qui était relativement inconfortable. Les cheveux exigent un
travail constant.
Les geisha modernes portent des perruques, mais qui doivent elles aussi être
très travaillées. Mais certaines encore continuent à coiffer leurs cheveux à l’huile de
camomille.
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Les Costumes des Geisha
Dans l’art difficile de porter le kimono, la geisha est sûrement celle qui excelle
le mieux. Son kimono de soie décolleté dans le dos, surnommé « obebe » dans le
dialecte de Kyoto, est somptueux, égalant en richesse et raffinement celui du mariage.
Il est de type « kosode » avec des couleurs éclatantes. Assemblé de plusieurs
morceaux, il est très lourd mais somptueux. Entièrement réalisé à la main, il arbore de
délicats motifs de décoration et nécessite à peu près 24 mètres d’étoffe pour le
confectionner. Une ceinture, l’obi, large et colorée est nouée dans le dos à l’inverse
des prostitués qui la nouent sur le ventre.
Les couleurs du kimono se choisissent selon la saison, mais aussi selon l’âge
de la porteuse : les jeunes femmes portent des couleurs vives tandis que les geisha de
plus de trente ans choisissent des couleurs plus discrètes.
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Le kimono est plus ou moins épais selon la saison : le kimono d’été, ro, est en
simple gaze de soie ; le kimono d’automne ou hitoe est en soie non doublée. Enfin, le
kimono d’hiver, awase, est doublé de crêpe.
Le kimono est noué dans le dos par une large ceinture de soie, nommée obi
(帯 ou おび). Cet obi se noue différemment selon l’âge de la geisha : les femmes
mûres le portent en « nœud de tambour » (太鼓結び, taiko musubi), mais les maiko le
portent « en traîne » (だらり帯, darari obi), avec un nœud qui remonte jusqu’aux
omoplates, le bout de l’obi traînant presque par terre. Un tel nœud nécessite un obi de
plusieurs mètres de long. Ce nœud dans le dos distingue les geisha des « oiran » et
autres prostituées, qui nouaient leur obi sur le devant pour pouvoir l’enlever et le
remettre plus rapidement.
Enfiler un kimono et nouer un obi est une opération complexe, d’autant plus
que, les kimono étant tous de la même longueur quelle que soit la taille de la porteuse,
il est généralement nécessaire de replier le tissu du kimono sous l’obi. C’est pourquoi
les geisha font souvent appel aux services d’un « habilleur » professionnel.
Les kimono sont fabriqués et peints à la main, ce qui les rend très chers.
En dehors des kimono « ordinaires », les geisha portent pour les cérémonies
importantes un kimono appartenant à leur okiya, de type kurotomesode, noir avec
cinq « kamon » (blason) de l’okiya.
En guise de sous-vêtements, les geisha portent un koshimaki ou « couvrehanches », une simple bande de tissu fin enroulée autour des hanches, puis une
combinaison. Cette combinaison doit être en harmonie avec les couleurs du kimono,
car elle apparaît en deux endroits : au niveau des chevilles quand la geisha relève son
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kimono pour marcher, et au niveau du col. Ce col est traditionnellement cousu chaque
matin à la combinaison choisie par la geisha, puis décousu le soir pour être lavé. Il est
rouge — couleur associée à l’enfance — pour les maiko, et dans les même teintes que
son kimono pour les geisha et blanc pour les geisha confirmées. La maiko en voie de
devenir geisha, doit aussi porter le col blanc.
Les maiko arborent un « furisode » (manches longues) et une coiffure très
chargée avec de nombreux peignes et ornements, afin d’attirer l’attention.
Chaque geisha possède environ une quinzaine de kimono, dont le prix peut
varier de 5000 à 23 000 euros. Achetés par la Mama san de sa maison, ils seront
remboursés au fur et à mesure des gains obtenus par la geisha. Ce remboursement
s’étale généralement sur plusieurs années. La garde-robe de la geisha lui permet ainsi
de se changer deux ou trois fois au cours d’un même dîner, comme il se doit.
Geiko dans le quartier
de Ponto-cho
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Geiko dans une
rue de Gion
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Les Spectacles de Geisha
Les spectacles de geisha sont parmi les plus beaux du japon. Ils existent
différents types de spectacles, en fonction des spécialités des geisha.
Les geisha danseuses se produisent lors de festivals de danse. Les festivals les
plus célèbres de Kyoto sont le Kamogawa Odori (« danse du fleuve Kamo ») à Pontocho, et le Miyako Odori (« danse de la capitale ») à Gion.
Deux danseuses du Kamogawa Odori de 2006 à Ponto-cho, Kyoto
Le Miyako Odori a débuté à l’occasion de l’Exposition Universelle de Kyoto
en 1871. Le Kamogawa Odori a débuté en 1872, et depuis, il a lieu tous les ans en mai
et en octobre ; il n’a été interrompu qu’en 1945, au moment de la fermeture des okiya
pendant la seconde guerre mondiale.
Lors de ces festivals, les geisha donnent des représentations de danse
traditionnelle, mais aussi de théâtre kabuki, en particulier pour le Kamogawa Odo. Le
kabuki est la forme épique du théâtre japonais traditionnel. Centré sur un jeu d’acteur
à la fois spectaculaire et codifié, il se distingue par le maquillage élaboré des acteurs
et l’abondance de dispositifs scéniques destinés à souligner les paroxysmes et les
retournements de la pièce.
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Les geisha ne sont pas payées pour leurs représentations dans les festivals. Au
contraire, elles dépensent souvent beaucoup pour les financer, et vont parfois même
jusqu’à s’endetter. Cela est dû au fait que pour une odoriko (geisha danseuse),
participer à un festival est une marque de prestige importante. Pour cette raison, les
geisha qui participent aux festivals de danse ne sont pas des débutantes, elles ont
souvent au moins trente ans.
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Geisha jouant du shamisen, ukiyo-e de 1800
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« La Grande sœur » chez les Geisha
Quand une fille est prête à devenir apprentie-geisha, elle doit nouer une
relation avec une geisha plus expérimentée : la « Grande Sœur » (oneesan). La
Grande Sœur n’est pas forcément plus âgée que la future geisha dont elle assure la
formation. Il suffit qu’elle soit son aînée d’un jour.
Lorsque 2 filles deviennent sœurs, elles procèdent à une cérémonie appelée
san san ku do, au cours de laquelle elles boivent trois gorgées dans trois coupes de
sake. Cette cérémonie est également un moment clé du mariage traditionnel japonais,
elle symbolise la création d’un lien entre deux personnes. La « petite sœur » se choisit
à ce moment un nom de geisha, sur les conseils de son oneesan. Elle prend
généralement un nom dont la racine est la même que celui de son oneesan : ainsi, la
petite sœur d’une geisha nommée Ichiume pourra prendre le nom d’Ichigiku. Après
quoi, elles se considèrent comme parente et s’appellent « Grande Sœur » et « Petite
Sœur », comme dans une vraie famille.
La Grande Sœur apprend à sa cadette comment réagir à une plaisanterie
graveleuse : avec un subtil mélange de plaisir et d’embarras, lui dit quelle cire choisir
comme base de maquillage. Mais son rôle va bien au-delà. Elle doit s’assurer que la
novice saura attirer l’attention des gens qu’il lui serait utile de connaître. Ainsi, la
grande sœur emmène la cadette dans le quartier qu’elle côtoie. Elle la présente aux
maîtresses des maisons de thé qu’il lui serait bon de fréquenter, aux perruquiers, aux
chefs des grands restaurants...
Le soir, la Grande Sœur emmènera sa cadette dans les maisons de thé, pour la
présenter à ses clients et autres protecteurs. L’un d’entre eux finira probablement par
devenir l’un de ses protecteurs, et par apprécier vivement sa compagnie. Si la Petite
Sœur se conduit mal, la responsabilité retombe sur sa Grande Sœur. Une geisha
célèbre supportera tous ces aléas car lorsqu’une apprentie-geisha réussit, toute la
communauté en profite. L’apprentie en bénéficie : elle peut payer ses dettes. Quant à
la Grande Sœur, elle touche une part des honoraires de sa cadettes ainsi que les
maîtresses des différentes maisons de thé que fréquente la jeune apprentie. Tout le
quartier en profite car elle amène de nouveaux clients, qui font prospérer les affaires.
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Une Nuit avec une Geisha
La « première nuit » d’une geisha est nommée timidement « mizuage ». Les
clients intéressés se manifestent et la jeune geisha prise pour cible évaluera (avec la
maîtresse de son okiya) l’intérêt économique de s’offrir à tel ou tel client. La geisha
offrira alors un « Ekubo » a chacun des prétendants sélectionnés, c’est à dire un
gâteau de riz sucré à l’apparence semble-t-il suggestive donnée par son « cœur »
rouge.
Ce geste sera le point de départ de véritables enchères entre les prétendants,
qui se disputeront avec nombre de surenchères. Naturellement, la geisha fera don de
sa virginité au meilleur offrant. On dit que certains mizuage ont atteint des montants
astronomiques.
Après la première nuit, d’autres nuits se suivent et se monnayent très cher. On
n’achète pas une seule nuit, mais un ensemble de rencontres amoureuses étalées sur
une longue période, généralement de un an.
Le principe est identique : les prétendants se déclarent, une première sélection
est faite par l’okiya, et c’est parti pour un jeu de relances et de très longues
négociations. Le meilleur parti (quel qu’en soit le motif) deviendra le « danna » de la
geisha pour la période établie. Il pourra alors jouir d’un droit exclusif sur elle en
matière de rencontres érotiques. Danna signifie traditionnellement « mari » en
japonais.
Naturellement, le danna peut être un homme marié. Mais toujours est-il que la
geisha et son danna concrétisent leur union érotique temporaire par une sorte de
mariage officiel. Une cérémonie qui – inutile de le dire – se déroule en présence
d’invités, dans les salons de l’immanquable maison de thé. On suppose que l’épouse
officielle du danna ne fait pas partie de l’assistance.
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Les Onsen Geisha
Le terme onsen geisha est souvent un euphémisme pour désigner les
prostituées.
Les geisha des villes thermales japonaises (onsen) sont différentes des geisha
citadines car, les onsen étant des lieux de détente, l’ambiance y est globalement plus
détendue que dans les villes. Il y a pourtant de véritables geisha dans ces onsen, mais
celles-ci étaient souvent plus sollicitées sexuellement, en particulier pour le jeu de la
« petite rivière », où les danseuses relevaient progressivement leur kimono comme
pour traverser une rivière de plus en plus profonde. Pratique, soi-disant disparue de
nos jours.
De plus, pendant l’occupation du Japon par l’armée américaine, les soldats
américains rencontraient dans les onsen des prostituées qui se faisaient passer pour
des geisha pour les attirer et augmenter leurs tarifs, entretenant la confusion entre
geisha et prostituées.
Avant la Deuxième guerre mondiale, ces femmes étaient souvent considérées
comme étant la basse classe des geisha et se déplaçaient librement, lorsqu’elles
n’étaient pas liées par contrat, de station balnéaire en station balnéaire pour trouver du
travail ; sans faire état de leur passé. Il arriva alors que certaines d’entre elles furent «
parrainées » par des « hommes d’affaires » peu scrupuleux. Ces derniers louèrent les
services de leurs « protégées » pour distraire des réunions. Ce faisant, ils
accréditaient, dès cette période, la réputation de prostituées de ces femmes (ce qui
n’était pas tout à fait faux).
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Les geisha des stations balnéaires sont essentiellement différentes des geisha
pratiquant à Kyoto et Tokyo. Ces dernières travaillent habituellement en nombre
restreint (5 ou 6) au sein de salons de thé tandis que les onsen geisha, par escadrons de
60 à 70 distribués dans les halls des grands hôtels, recrutent parmi les touristes.
L’expansion actuelle du tourisme allié à l’appât du gain ont conduit les onsen
geisha, qui travaillaient historiquement dans de petites structures, à se lancer dans des
affaires plus importantes.
Les geisha de province sont parfois surnommées chiho. On les trouve
principalement dans les lieux touristiques ou de villégiature.
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Les Courtisanes
Les oiran (premières fleurs) étaient des courtisanes et prostituées de haut-rang.
Ce sont les principaux personnages du monde des fleurs et des saules. Il n’y a pas de
confusion possible entre une geisha (une artiste) et une oiran, pourtant il arrivait
qu’elles soient rivales pour séduire les puissants seigneurs du Japon.
Parmi les oiran, celles de la plus haute classe étaient appelées tayu (or). Il en
existe encore quelques-unes au Japon qui ne véhiculent plus que les aspects culturels
du métier (danse, cérémonie de thé...) lors de représentations, la prostitution ayant été
interdite après la seconde guerre mondiale au Japon.
Les courtisanes avaient peu de chances de quitter les quartiers qui leur étaient
réservés et pouvaient encore moins s’en échapper. Celles qui tentaient de s’enfuir
étaient toujours rattrapées et sévèrement punies. À partir de 18h, chaque soir, ces
femmes étaient exposées derrière les barreaux du rez-de-chaussée de la maison,
comme des mannequins dans une devanture. Les clients potentiels s’arrêtaient devant
ces « vitrines-prisons » pour regarder les courtisanes et en choisir une. Suivant le rang
de la prostituée, l’affaire était plus ou moins vite réglée. Les tayu n’avaient pas de
relations avec le client avant sa troisième visite, toute aussi onéreuse que les deux
premières.
Les courtisanes de haut rang avaient souvent deux apprenties, appelées
kamuro, qui l’accompagnaient et la servaient. En échange de la formation qui leur
était donnée, la courtisane les habillait selon ses goûts. Ces kamuro sont donc souvent
facilement reconnaissables sur les estampes car, en dehors de leur obi (ceinture) noué
sur l’avant comme la courtisane, elles portent chacune exactement le même kimono.
Il est de nos jours très facile de différencier une tayu d’une geisha. Les tayu
portent une coiffure ostentatoire ornée de nombreuses grandes épingles à cheveux
orangées. Elles nouent également l’obi de leur kimono sur l’avant. Leur démarche est
également différente de celle des geisha en faisant des grands cercles vers l’extérieur
avec le pied.
En aucun cas une oiran ne peut atteindre la considération et la place d’honneur
dans la société japonaise qu’a une geisha.
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L’Art des Geisha
Une geisha est essentiellement une hôtesse professionnelle entraînée aux Arts
du divertissement. La formation des geisha inclut la pratique de plusieurs instruments
de musique : le shamisen, instrument à trois cordes typique des geisha, mais aussi la
flûte japonaise ainsi que différents tambours traditionnels : le tsuzumi qui se tient sur
l’épaule, l’okawa sur les cuisses, et enfin le taiko, le plus grand, que la geisha pose à
côté d’elle et frappe avec une baguette. A noter que les airs de shamisen ne sont
généralement pas inscrits sur des partitions, et les geisha les apprennent à l’oreille.
Elles étudient également le chanoyu (cérémonie du thé), l’ikebana
composition florale), la poésie, la littérature japonaise et la science du chant.
La danse traditionnelle est étudiée par toutes les geisha afin d’obtenir un port gracieux
et une démarche élégante, mais seules les geisha les plus belles et les plus douées sont
encouragées à se spécialiser dans cet art
Pour leur apprentissage, elles traversent une plus ou moins longue période
(d’au moins un an) au cours de laquelle elles suivent et observent leur « grande
sœur ». Elles n’ont alors pas de client, mais participent aux fêtes le soir, et vont à
l’école la journée. Cette période, qui dure quelques mois de nos jours, est appelée
« minarai », ce qui signifie « apprendre par l’observation ». Les très jeunes filles sont
alors appelées shikomiko (仕込妓), littéralement « apprentie geisha ». En regardant et
assistant leurs aînées, elles apprennent le kitsuke (port du kimono), l’art de la
conversation, différents jeux (par exemple le jeu de celui qui boira le plus, avec un
client), et l’art de divertir leurs clients.
Une fois devenues apprenties geisha, c’est-à-dire des maiko, elles
accompagnent des geisha dans les maisons de thé, aux réceptions et banquets. Durant
cette période, leur oneesan se charge de leur transmettre sa propre expérience de
geisha, en échange de quoi elle perçoit un pourcentage des gains de sa « petite sœur ».
Cette méthode d’entraînement persiste encore aujourd’hui mais elle est
raccourcie, étant donné que la majeure partie des geisha le deviennent à la fin de
l’adolescence.
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La formation d’une geisha se termine officiellement lors de la cérémonie dite
du « changement de col » (erikae), où elle remplace son col rouge de maiko par le col
blanc des geisha confirmées.
La tradition veut que la maiko soit mise aux enchères lorsqu’elle est jugée
digne de devenir une geisha à part entière. A l’époque Edo, leur virginité était vendue
au plus offrant vers l’âge de 14 ans. Vers les années 50, la pratique est toujours vivace
mais les enchères ne commencent que lorsque la maiko a fêté ses 18 ans. Leur
virginité n’a pas de prix et atteint souvent des sommes tellement importantes que
seuls de grands industriels peuvent se les offrir. Le prestige en rejaillit sur leur firme.
On donne le nom de danna à ces personnages richissimes qui n'achètent pas que la
première nuit (mizuage) mais un ensemble de nuits s’étendant parfois sur plus d’une
année. Souvent mariés par ailleurs, ils achètent, en fait, l’admiration de leurs pairs et
n’ont pas toujours de relations sexuelles avec la maiko.
Aujourd’hui, les geisha n’entrent plus dans les maisons de geisha dès leur
enfance. Devenir une geisha est désormais un acte entièrement volontaire, qui se fait
souvent à dix-sept ou dix-huit ans. L’apprentissage reste néanmoins long et difficile ;
cependant, les geisha étant de plus en plus difficiles à recruter, les apprenties sont
souvent chouchoutées par leurs aînées, ce qui contraste avec l’époque où leur travail
était volontairement difficile, voire épuisant, pour s’assurer de leur obéissance
Traditionnellement, même encore aujourd’hui en dépit du nombre grandissant
des mariages d’amour, les divertissements et les sorties de l’homme japonais se
déroulent sans son épouse et ont lieu avec ses relations de travail.
Les geisha sont en général plusieurs quand il s’agit d’un banquet. Leur rôle
consiste, entres autres, à servir le saké. Elles peuvent accepter d’en boire avec les
convives mais ne sont pas autorisées à partager la nourriture. Pendant la soirée, elles
dansent, chantent, récitent des poèmes traditionnels ou jouent d’une sorte de luth, le
shamisen, ou encore du tambour ou de la flûte. Elles ouvrent les portes et servent le
thé selon la tradition ancestrale.
Tous leurs talents sont faits pour enchanter un banquet, une réunion, un repas
et sont très utiles pour briser la glace auprès de clients réunis pour discuter d’un
contrat ou d’une alliance politique par exemple. Cependant, le prix élevé des
prestations restreint cette possibilité aux sociétés ou partis influents et aux hommes
riches.
Les geisha n’entrent que très rarement dans la vie du japonais moyen. La
geisha doit maîtriser l’art de la toilette, du port du kimono (le kitsuke) et de la
coiffure, la comédie, la poésie, la littérature, différent jeux, la grâce sociale, la
conversation et sait donc également entretenir une conversation plaisante, nourrie de
réparties intelligentes. Elle fait l’amour avec une science et un art éprouvés, selon les
traditions érotiques chinoises et japonaises.
En dehors des banquets et des maisons de thés, les geisha donnent aussi des
spectacles publics pour célébrer certains évènements. Par tous ses talents, la geisha est
ainsi une forme « d’art vivant ».
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L’Ikebana
L’ikebana également connu sous le nom de kado, la Voie des fleurs ou l’art de
faire vivre les fleurs est un art traditionnel japonais basé sur la composition florale.
L’ikebana est une tradition d’art floral qui remonte à plus de treize siècles. Les
geisha par l’art de l’Ikebana séduisaient les riches japonais en montrant leur talent
artistique à composer le bouquet le plus parfait.
Au même titre que la cérémonie du thé, l’ikebana était donc un des arts que les
geisha étudiaient traditionnellement. Aujourd’hui, les arrangements floraux sont
considérés comme l’un des cinq arts traditionnels japonais.
L’ikebana est pratiqué en de nombreuses occasions, comme les fêtes et les
cérémonies, et son enseignement n’a cessé de se répandre chez nombre de nos
contemporains, intéressés par la tradition, l’art et la culture du Japon.
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La Cérémonie du Thé
Les geisha maîtrisent à la perfection la cérémonie du thé, appelé aussi
chanoyu. Ce rituel traditionnel et complexe est influencé par le bouddhisme zen dans
lequel le thé vert en poudre est préparé de manière cérémoniale et est servi dans un
cadre calme.
La geisha doit être familière avec la production et les différents types de thés
et l’étude de la cérémonie du thé prend de nombreuses années. Même pour participer
en tant qu’invité dans une cérémonie du thé formelle, une connaissance du sado (l’art
du thé) est requise, incluant les gestes recommandés, les phrases à dire par les invités,
la bonne manière pour boire le thé et la tenue générale à adopter dans la salle où est
servi le thé.
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La conversation est gardée à son minimum. Les invités se relaxent et
apprécient l’atmosphère créée par les sons de l’eau et du feu, l’odeur de l’encens et du
thé, la beauté et la simplicité de la maison du thé et les décorations saisonnières
appropriées.
Le bol est alors servi aux invités d’honneur, soit par l’hôtesse, soit par une
assistante. Les courbettes sociales sont échangées entre l’hôtesse et l’invité d’honneur.
L’invité se courbe ensuite devant le second invité et lève son bol dans un geste
de respect pour l’hôtesse. L’invité tourne le bol afin d’éviter de boire sur son avant, en
boit une petite gorgée, murmure une phrase prédéfinie, puis prend deux ou trois
nouvelles gorgées avant d’essuyer le bord, tourne le bol dans sa position originelle et
le passe à l’invité suivant tout en le saluant. Cette procédure est répétée jusqu’à ce que
tous les invités aient pris le thé à partir du même bol. Le bol est alors redonné à
l’hôtesse. Dans certaines cérémonies, chaque invité boit dans un bol individuel, mais
l’ordre dans lequel le thé est servi et bu est le même.
Une cérémonie du thé peut durer entre une heure et cinq heures, selon le type
de cérémonie pratiquée et du type de repas et de thé servis.
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Le Shamisen
Le shamisen est un instrument traditionnel qui, après avoir traversé les âges, fit son
apparition au Japon au milieu du XVIe siècle. Luth à trois cordes, il accompagne
récits et chants populaires.
Dans l’Egypte antique, il existe un instrument à trois cordes, recouvert de
peau, appelé « Nefer » ou « Nofer ». Celui-ci s’est développé en Setaru de trois cordes
en Perse. « Se » signifie « trois » et « Taru » signifie « corde » ayant ainsi la même
signification que le mot « Sanshin ». Le Sanshi est un instrument à trois cordes,
recouvert de peau de serpent développé en Chine, sous la Dynastie Yuan. Il sera
présenté dans le royaume de Ryukyu sous la dynastie Ming. Cent ans plus tard,
Akainko, grand génie dans le Ryukyu, améliore l’instrument et compose de nombreux
morceaux. Ainsi naît la musique de sanshin de Ryukyu.
Vers 1562, l’instrument fait son apparition au Japon dans le Kansai et l’île de
Kyushu grâce au commerce maritime. La difficulté pour se procurer de la peau de
serpent est telle qu’on la remplace par de la peau de chat ou de chien. Trente ans sont
encore nécessaires avant que la forme de base du shamisen soit établie. Les plus vieux
shamisen qui existent aujourd’hui ont été fabriqués sur ordre de Toyotomi Hideyoshi
à Kyoto.
Le théâtre no et le kabuki utilisent les mêmes instruments, mis à part le
shamisen qui est devenu une part indispensable pour le Kabuki, ainsi que pour les
chants populaires de l’ère Edo (1603-1868). Il devient également l’instrument de
prédilection des geisha.
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Il existe différents types de shamisen (chosen, kirisen, taisen,…) pour créer un
large éventail de sons et divers modèles de musiques.
Le shamisen est composé de deux parties en bois : le « Do » et le « Sao ». La
première partie est une boite carrée couverte de peau de chaque côté, la seconde partie
est le cou.
Le bois le plus estimé pour le shamisen est le koki, un genre de bois de rose,
mais le bois de rose, la noix et la mûre sont également employées. Le sao mesure 62,5
cm de long mais l’épaisseur diffère selon le type de shamisen. Les trois types de bases
sont le « hosozao », le « chuzao » et le « futazao». Normalement composé d’une seule
pièce de bois, le sao est parfois divisé en deux ou trois morceaux afin d’être transporté
plus facilement.
Le coing chinois, la mûre et le bois de zelkava sont utilisés pour la confection
du « do ». Il est couvert sur le dessus et le dessous de peau de chat ou de chien, des
peaux en plastiques ont également fait leur apparition.
Les cordes sont faites de soie la plupart du temps, mais le nylon est aussi
utilisé, et sont numérotées de haut en bas. Pratiquement toutes les parties du shamisen
sont faites à partir de matériaux importés, excepté les cordes qui sont produites au
Japon, principalement dans la préfecture de Shiga.
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Les vibrations sont transférées des cordes vers les peaux grâce à un pont ou «
koma » amplifiant ainsi les sons. Il existe différents koma de par leur taille, leur poids
ou les matériaux utilisés (ivoire, corne de buffle d’eau, fanon de baleine, ébène,
bambou,…). Le type de son du shamisen dépend du type de koma utilisé.
Il y a trois accords de bases : le « honchochi », le « ni agari » et le « san sagari
». Chaque accord apporte un sentiment légèrement différent pour refléter
l’atmosphère du morceau, exprimer les différences entre les genres et ainsi varier les
morceaux. En plus des accords de base, il existe d’autres accords qui sont employés
dans de rares occasions.
Le shamisen est joué avec un plectre ou « bacchi », mais il arrive que de temps
à autre le joueur gratte les cordes avec ses doigts. C’est le cas du style Kouta qui
n’utilise pas de plectre.
Geisha jouant sur shamisen, yokin et kokyu (aux alentours de 1900)
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Gion, le quartier des Geisha à Kyoto, de nos jours
C’est dans le quartier Gion, dans les rues aux maisons évoquant la perfection
architecturale de l’ancien Japon, que vous croiserez les élégantes maiko. C’est l’un
des quartiers de geisha les plus traditionnels où les maisons anciennes bien préservées
rappellent le Kyoto de jadis. C’est également un lieu où se trouvent de nombreuses
boutiques vendant des objets traditionnels typiques de l’artisanat d’art de la ville.
Gion propose des représentations pour découvrir les arts et spectacles
traditionnels japonais. La cérémonie du thé, l’arrangement floral, la musique de cour
gagaku, le bunraku (théâtre de marionnettes), la comédie classique kyogen, la danse
traditionnelle kyoma et la harpe koto sont présentés.
Ruelle de Ponto-cho à Kyoto
Gion se divise en deux hanamachi (quartiers de geisha) : Gion Higashi et Gion
Kobu. Malgré le déclin du nombre de geisha depuis une centaine d’années, ces
quartiers restent célèbres pour ce qui est de la préservation des traditions.
Aujourd’hui, une partie de ce district est classé patrimoine historique du Japon.
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Contrairement à la croyance populaire, Gion n’est pas un quartier de
prostitution puisque les geisha ne pratiquent pas la prostitution. C’est dans ce quartier
que débute le Gion Matsuri, une fête initialement instaurée en 869 pour lutter contre
la peste qui ravageait la ville à l’époque. Le soir du 16 juillet, tous les quartiers
traditionnels sont illuminés et décorés avec des lanternes, des tentures et des bannières
de fleurs. Le lendemain matin, la grande procession débute au sanctuaire Yasaka. A
lieu alors un véritable défilés d’une trentaine de chars accompagnés de flûtes, de
tambours et de gongs. Ces chars représentent les différents quartiers ou corporations
de la ville.
A Kyoto, les geisha sont dénommées geiko et leurs apprenties maiko alors que
dans d'autres régions du Japon on pourra utiliser les termes d’hangyoku ou
d’oshakusan pour désigner les jeunes filles en apprentissage.
Geiko et Maiko de Kyoto
devant un restaurant de Kyoto
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Les quartiers des Geisha à Tokyo, de nos jours
Kiyoka, geisha de Shinbashi en 1902
Tokyo est la seconde ville la plus importante en matière de nombre de geisha.
La capitale du Japon possède elle aussi ses hanamachi, dont les plus renommés sont
Shinbashi (新橋), Asakusa (浅草), Mukojima (向島), Kagurazaka (神楽坂) et
Akasaka (赤坂). Akasaka est le hanamachi le plus cher et le plus renommé de Tokyo ;
il abrite, comme à Kyoto, un festival de danse annuel nommé Azuma Odori.
A Tokyo, le terme associé aux geisha est gyoku (« bijou ») plutôt que hana
(« fleur »). Leurs honoraires sont surnommés « argent-bijou » (玉代, gyokudai) ; de
même, les apprenties geisha de Tokyo sont appelées hangyoku (半玉), ce qui signifie
« demi-bijou » car, comme à Kyoto, elles ne perçoivent que la moitié des honoraires
d’une geisha confirmée, donc un demi-gyokudai.
Les jeunes filles de Tokyo ne décident généralement pas de devenir geisha
avant dix-huit ans, alors qu’à Kyoto, elles commencent à dix-sept ans (les lois sur le
travail des enfants interdisent de commencer plus tôt). De plus, la période
d’apprentissage est très réduite, et les hangyoku ne le restent généralement que
quelques mois à un an et demi.
Contrairement à ce qui se passe à Kyoto, il est courant que les geisha de
Tokyo vivent en dehors de leur hanamachi. Elles sont rattachées à un okiya comme le
demande la loi, mais cet okiya ne leur sert que d’agence de rendez-vous, et de
vestiaire où elles stockent leurs kimono.
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En décembre 2007, le quartier d’Asakusa de Tokyo a vu les débuts de Sayuki,
la première geisha occidentale dans l’histoire du Japon. Sayuki est australienne, et est
devenue geisha suite à un projet universitaire.
Geiko de Kyoto dans le
quartier de Ponto-cho
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Le Jour de la majorité (Seijin no Hi)
Chaque année, le deuxième lundi du mois de janvier est un jour très spécial
pour les jeunes filles et garçons au Japon et est appelé : le « Happy Monday » (le
lundi de la joie).
Mais, il s’agit surtout et avant tout, du « Jour de la majorité », en japonais
Seijin no Hi.
C’est un jour férié pour tous, car dans tout le Japon sont organisées des
cérémonies officielles à l’intérieur de chaque Mairie. L’âge de la majorité au Japon
est de 20 ans. Toutes les jeunes filles et garçons qui deviendront civilement adultes
cette année sont accueillis le matin du 2ème lundi de janvier dans les mairies ou
préfectures pour la dite « Cérémonie de la majorité civile », en japonais Seijin Shiki.
Le jour est donc férié pour permettre aux familles d’accompagner leurs
enfants à cette cérémonie pendant laquelle un discours des représentants officiels sera
prononcé. A la fin du Seijin Shiki, les jeunes recevront un cadeau. Ils deviennent alors
officiellement majeurs.
Pour eux, la cérémonie du Seijin Shiki est un grand pas, et, est donc quelque
chose qu’ils attendent avec impatience ! C’est un jour de joie et de fête. En soirée, ils
iront fêter leur majorité entre jeunes adultes dans un pub japonais (Izakaya) jusque
tard dans la nuit.
Pour cette cérémonie, les jeunes femmes portent un Furisode, un magnifique
Kimono aux manches longues et pendantes ainsi que des Zori.
Au Japon, cette tradition de fêter la majorité remonte bien sûr au moyen âge.
Pour les hommes, il s’agissait plus d’une cérémonie de passage à l’âge adulte. L’âge
n’y était pas fixe. Les habitants des villages jugeaient qu’un jeune homme pouvait
participer à la cérémonie du passage s’il commençait à produire du travail autant
qu’un adulte.
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