La girafe selon Lamarck

Transcription

La girafe selon Lamarck
La girafe selon Lamarck
Pour étayer sa thèse J. B. Lamarck cite l’exemple de la
girafe. Pour lui, elles n'ont pas toujours eu un long cou.
Après avoir mangé toute l'herbe au sol, les girafes ont dû
s'étirer le cou pour pouvoir atteindre la nourriture dans les
arbres :
«Je vais maintenant démontrer que l'emploi continuel d'un
organe, avec des efforts faits pour en tirer un grand parti dans des
circonstances qui l'exigent, fortifie, étend et agrandit cet organe ou en crée
de nouveaux qui peuvent exercer des fonctions devenues nécessaires.( ... )
Relativement aux habitudes, il est curieux d'en observer le produit dans la
forme particulière et la taille de la girafe (camelo-pardalis) : on sait que cet
animal, le plus grand des mammifères, habite l'intérieur de l'Afrique, et qu'il
vit dans des lieux où la terre, presque toujours aride et sans herbage,
l'oblige de brouter le feuillage des arbres, et de s'efforcer continuellement
d'y atteindre. Il est résulté de cette habitude soutenue depuis longtemps,
dans tous les individus de sa race, que ses jambes de devant sont devenues
plus longues que celles de derrière, et que son col s'est tellement allongé,
que la girafe, sans se dresser sur ses jambes de derrière, élève sa tête et
atteint à six mètres de hauteur (près de vingt pieds) […] Les efforts dans un
sens quelconque, longtemps soutenus ou habituellement faits par certaines
parties d'un corps vivant, pour satisfaire des besoins exigés par la nature ou
par les circonstances, étendent ces parties, et leur font acquérir des
dimensions et une forme qu'elles n'eussent jamais obtenues, si ces efforts ne
fussent point devenus l'action habituelle des animaux qui les ont exercés.»
Philosophie Zoologique, réedition 1994, chapitre 7, p. 225
Cet exemple est l’un des clichés les plus rebattus sur les idées de
Lamarck. Une girafe qui étirait son cou toute sa vie pour atteindre les
branches d'un arbre et brouter son feuillage aurait une descendance avec
un cou plus long. Darwin et d'autres scientifiques anglo-saxons ont déduit
de ces propos que c'était la volonté de l'animal qui était à l'origine de la
formation de certains organes. Cette mauvaise interprétation semble venir
d'une erreur dans la traduction anglaise de la Philosophie zoologique, où
l'idée d'effort résultant des besoins de l'être vivant à été improprement
traduite par le terme de désir.
©Médiathèque scientifique de l’Institut Pasteur – Novembre 2009