On dit aimer les PME tout en leur faisant la vie dure

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On dit aimer les PME tout en leur faisant la vie dure
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actualités
15 mars 2014
les affaires
On dit aimer les PME
tout en leur faisant la vie dure
René Vézina
[email protected]
Chroniqueur
De mon blogue
lesaffaires.com/
rene-vezina
Campagne électorale
PQ, PKP et pirouettes
J’ai hâte de voir comment la gauche,
traditionnellement alliée au Parti
québécois, acceptera ce genre de
discours patronal. On va assister à
des chefs-d’œuvre de pirouettes
sémantiques au nom du pays à
bâtir... Cela dit, le PQ commence à
étoffer sérieusement son équipe
économique, désespérément faible
depuis son accession au pouvoir.
Après la candidature de Pierre Karl
Péladeau, on apprend lundi matin
celle de Simon Prévost, ancien pdg
de Manufacturiers et exportateurs
du Québec, et ex-économiste en
chef de la Banque Laurentienne.
Chacun en son genre, ce sont
deux poids lourds. On peut déjà
croire que les enjeux économiques
seraient mieux compris, et mieux
défendus, si jamais le PQ gagnait les
élections. Ce serait heureux.
Enfin ! L’économie se retrouve au cœur de la
campagne électorale et on ne peut que s’en réjouir. Et les enjeux vont bien au-delà de l’arrivée
spectaculaire de Pierre Karl Péladeau dans la
mêlée.
Tout le monde semble prêt à reconnaître
l’urgence de poser des gestes pour relever l’économie languissante du Québec. L’entrepreneuriat est devenu un terme à la mode, et on vante
les mérites des PME.
Parfait ! On connaît l’importance des PME dans
le tissu industriel du Québec. Mais pourrait-on
dépasser les mots et donner un peu plus d’espace
aux PME ?
Prenez le taux d’imposition. Au Québec, il
s’établit à 19 % pour les petites entreprises qui
ont un chiffre d’affaires inférieur à 500 000 $. Au
pays, seuls le Manitoba et la Nouvelle-Écosse
ont la main plus lourde. S’ajoute une série de
cotisations (Régime de rentes, assurance-emploi, CSST, etc.), qui alourdissent la facture. Mais
il y a plus. Ces temps-ci, les dirigeants de PME
font face à d’autres irritants qui devraient être
remis en question pendant la campagne.
« Les demandes de renseignement venant de
Revenu Québec se multiplient depuis quelques
années », dit Daniel Gosselin, associé en fiscalité chez KPMG, à Montréal. M. Gosselin, qui
représente la Fédération des chambres de commerce du Québec auprès de Revenu Québec,
constate en même temps que les vérifications
fiscales sont de plus en plus nombreuses. Des
directives précises auraient été émises en ce
sens, et Revenu Québec a embauché du personnel supplémentaire pour s’en charger.
Impact des dérives mises en lumière par la
commission Charbonneau ? Ou plutôt, besoin
pressant de fonds pour le gouvernement qui en
cherche partout où il peut ?
Luc Lacombe, autre associé en fiscalité, cette
fois chez Raymond Chabot Grant Thornton,
confirme que les vérifications sont maintenant
plus « agressives ». Pire, il est devenu difficile
de régler des dossiers litigieux sans devoir faire
des démarches poussées. Ces recours plus longs,
fastidieux, engendrent des frais en sus.
« C’est comme si les responsables espéraient
Les dirigeants de PME
font face à d’autres
irritants qui devraient
être remis en question
pendant la campagne
électorale.
que les gens se découragent, qu’ils n’entreprennent pas de contester ces avis de cotisation
devant la cour et qu’ils se résignent à payer,
même s’ils pensent que ce n’est pas équitable »,
explique M. Lacombe.
C’est vrai que la commission Charbonneau a
révélé toutes sortes de stratagèmes, notamment
dans l’industrie de la construction, où le jeu de
la fausse facturation a privé le gouvernement
de millions de dollars en revenus fiscaux. Toutefois, le zèle des vérificateurs et de leurs supérieurs a commencé à se manifester bien avant
que les commissaires ne grillent les malfaisants.
M. Lacombe signale avoir perçu une ouverture
au gouvernement, où on serait disposé à discuter de ces questions pour trouver des solutions.
Tant mieux, parce que le Québec a plus que
jamais besoin de ses entrepreneurs.
Place aux jeunes, svp !
Les dernières données de Statistique Canada sur
l’emploi au Québec ne sont pas encourageantes.
Plus de 25 000 emplois ont été perdus en février.
Et le fait qu’il s’agisse essentiellement d’emplois
à temps partiel ne fait qu’amoindrir le choc.
Ailleurs au pays, le bilan était globalement
On s’investit là où on investit.
La Caisse de dépôt et placement du Québec, moteur
du développement de notre industrie manufacturière.
Partenaire majeur du Fonds Manufacturier Québécois, la Caisse
déploie 100 millions de dollars en nouveaux capitaux afin d’appuyer
les initiatives du FMQ. Avec cet engagement supplémentaire,
la Caisse contribue à la croissance et à la productivité de nos
entreprises manufacturières prometteuses.
La Caisse, bâtisseur de long terme au Québec et dans le monde.
positif, entre autres grâce à la contribution de
l’Alberta. Mais la piètre performance du Québec
a entraîné la note finale du pays en terrain négatif. Le Canada a vu le nombre global des effectifs
reculer de 8 000 travailleurs en février.
Vous n’en avez pas marre de dépendre des
richesses des provinces de l’Ouest, qu’on se plaît
au Québec à dépeindre comme des rednecks,
alors qu’ils se démènent à la tâche ? Alors que
nous sommes si empressés d’encaisser les milliards de dollars (9,2 G$, au dernier décompte)
qu’ils nous font suivre par la péréquation ?
Mais le pire aspect de ces récentes statistiques
touche les jeunes.
À l’échelle du pays, le taux de chômage chez
les 15 à 24 ans reste obstinément deux fois supérieur au taux moyen dans l’ensemble de la population active : 13,6 % par rapport à 7 %. Et il est
encore plus élevé au Québec.
Oui, le taux de décrochage est en baisse chez
nous. On a fini par entrer dans la tête des garçons
(les filles comprennent plus vite) que, pour avoir
une vie professionnelle décente, il faut au moins
décrocher un diplôme d’études secondaires.
Tôt ou tard, les jeunes prendront la place
laissée vacante par les baby-boomers. Mais ça
ne suffira pas.
« En apparence, le sort des jeunes s’est amélioré », dit Christian Bélair, président du Regroupement des jeunes chambres de commerce du
Québec, qui vient de publier le premier « Indice
québécois d’équité entre les générations ».
C’est vrai que le taux de diplomation universitaire a sensiblement augmenté depuis 25 ans,
alors que le taux de chômage a légèrement régressé parmi les jeunes. Mais ceux-ci s’inquiètent de l’augmentation de la dette publique,
alors qu’il y aura moins de salariés québécois
pour y faire face.
« Combien vivent à crédit ? Combien mettent
assez d’argent de côté pour la retraite ? Et surtout, combien de temps encore peut-on soutenir
ce niveau de vie ? » interroge Christian Bélair.
Ce sont des questions parfaitement légitimes.
On peut bien rêver au pays en devenir, mais
pourrait-on au moins aider les jeunes à se faire
une place au soleil ?

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