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Mission
Le bulletin vise à diffuser les connaissances
les plus récentes, permettre la discussion
et l’échange d’information sur les différents
champs d’intervention en prévention
vasculaire cérébrale et cardiaque et ce,
auprès des médecins et autres professionnels
de la santé du Québec.
Volume 12, numéro 3 - Automne 2009
Dans ce numéro
Le bulletin de l’Alliance québécoise pour la santé du cœur
Leune
bulletin
dede
l’Alliance
québécoise
pour
santé
cœur
initiative
la Fondation
des maladies
dula
cœur
du du
Québec
une initiative de la Fondation des maladies du cœur du Québec
CAHIER SPÉCIAL
Accident Vasculaire Cérébral (AVC)
Éditorial..........................................................1
Mise à jour
sur la fibrillation auriculaire ..................2
Prévention des accidents vasculaires
cérébraux par une maîtrise optimale
de la pression artérielle et des autres
facteurs de risque......................................4
Choisir de maigrir ? :
Une intervention de groupe en
saine gestion du poids évaluée
scientifiquement ........................................6
Faire de l’exercice physique
pendant la grossesse ..............................8
Un voyage pédagogique
pour sensibiliser les jeunes à
l’importance d’être en santé ............10
@
Le bulletin est aussi disponible sur Internet
à l’adresse suivante :
www.santeducoeur.org
La Stratégie
canadienne contre l’AVC
Denis Drouin M.D., Médecin conseil, Organisation des Services, Santé
cardiovasculaire, Direction de santé publique de la
Capitale-Nationale
a Stratégie canadienne contre l’AVC est
une initiative conjointe du Réseau canadien contre les accidents cérébrovasculaires et de la Fondation des maladies du
cœur du Canada. La SCAVC vise à ce que
chaque province et territoire au Canada d’ici
2010 ait une approche intégrée à la prévention,
aux soins et à la réadaptation de l’AVC.
Le 17 septembre 2009, la Fondation des
maladies du cœur du Québec (FMCQ) a tenu
son second Sommet québécois pour vaincre
l’AVC. Environ cent cinquante professionnels de
la santé se sont réunis afin d’échanger et de
concerter leurs efforts dans la lutte contre l’AVC.
Les objectifs du Sommet étaient de
regrouper toutes les personnes intéressées à
l’accident vasculaire cérébral autour des axes
cliniques, scientifiques et de la recherche, de
discuter des pratiques cliniques d’excellence
dans tout le continuum de l’AVC et de mettre
à jour l’information concernant la Stratégie
québécoise de l’AVC coordonnée par le
ministère de la Santé et des Services sociaux.
L
La FMCQ tient à remercier la Société des
Sciences Vasculaires du Québec qui a été
partenaire dans la tenue de cet événement
en organisant, le lendemain, une journée
scientifique sur le thème de l’AVC.
Dans cet esprit de transfert des connaissances, la FMCQ propose une mise à jour de
son guide de pratique destiné aux professionnels de la santé et qui traite des pratiques
exemplaires pour la prévention et le traitement
de l’AVC. Ce document a été mis à jour par
un groupe de neurologues québécois, sous la
direction du docteur Sylvain Lanthier qui a
coordonné cette mise à jour. Les membres du
comité éditorial espèrent que cette initiative
aidera les cliniciens dans leur travail quotidien
avec les patients atteints de maladies cardiovasculaires.
Enfin, sur une note positive, rappelons le
slogan du Sommet québécois pour vaincre
l’AVC qui est: «Ensemble, faisons la différence.»
Bonne lecture.
COMITÉ DE RÉDACTION :
Denis Drouin, M.D., Rédacteur en chef
- Médecin conseil, Organisation des Services,
Santé cardiovasculaire, Direction de santé
publique de la Capitale-Nationale
Gilles Côté, M.D., Médecin conseil,
Direction de la santé publique du
Bas-Saint-Laurent
Francine Forget Marin, MBA, Dt.P.
- Directrice - Affaires Santé et Recherche,
Fondation des maladies du cœur du Québec
Lisette Bergeron
- Coordonnatrice, Alliance québécoise pour
la santé du cœur, Fondation des maladies
du cœur du Québec
Tirage : 17 000 copies
Date de tombée du prochain
numéro : le 30 novembre 2009
Dépôt légal : 3e trimestre 2009,
Bibliothèque Nationale du Canada,
Bibliothèque Nationale du Québec,
ISSN : 1206-4297
Veuillez faire parvenir vos commentaires sur le bulletin et sur le site Internet de l’Alliance : www.santeducoeur.org
à Mme Lisette Bergeron :
Tél. : 514 871-8038 poste 243 • Téléc. : 514 871-9385 • [email protected]
©Fondation des maladies du cœur du Québec
Ce bulletin est publié trois fois l’an par l’Alliance
québécoise pour la santé du cœur sous l’égide de la
Fondation des maladies du cœur du Québec.
Certains textes publiés dans ce bulletin sont des résumés de chacun des auteurs et ne réflètent pas nécessairement la position de l’Alliance québécoise
pour la santé du cœur ni celle de la Fondation des maladies du cœur du Québec.
Fibrillation auriculaire
Mise à jour
sur la fibrillation auriculaire
Jean-François Sarrazin, M.D., FRCPC, Institut universitaire de cardiologie et pneumologie de Québec
Jacques LeLorier, M.D., PhD, FRCPC, Chef, Unité de recherche en pharmaco épidémiologie, CRCHUM
a fibrillation auriculaire, communément
appelée FA, est l’arythmie soutenue la
plus fréquente. Il s’agit d’une activité
désorganisée des oreillettes avec une
contraction irrégulière et souvent rapide des
ventricules. Elle entraîne des conséquences
hémodynamiques et parfois emboliques,
principalement une contraction mécaniquement inefficace, une diminution du remplissage ventriculaire et une réduction du débit
cardiaque.
L
Épidémiologie et présentation
Des études épidémiologiques réalisées par
l’équipe de Pharmaco épidémiologie du CHUM
ont révélé des caractéristiques intéressantes
sur la population de patients québécois avec
FA. L’histogramme ci-joint démontre qu’il s’agit
surtout de patients âgés. En effet, seulement
5 % des patients ont moins de 55 ans et 32%
ont plus de 80 ans.
De plus, durant l’année qui précède leur
premier diagnostic de FA, ils ont eu une
moyenne de 12 visites médicales, dont la
moitié chez un médecin spécialiste. Environ
15% des patients souffraient déjà d’insuffisance
cardiaque. Il est donc clair qu’il s’agit d’une
population âgée, frêle et vulnérable. Les
nombreux effets secondaires des médicaments
utilisés pour cette indication, en particulier
l’amiodarone, pourraient avoir des conséquences désastreuses chez ces patients.
La FA est associée à une mortalité accrue
et à un risque de près de cinq fois plus élevé
d’accident vasculaire cérébral (AVC). On la
classifie comme suit : paroxystique si elle dure
< 7 jours, persistante si > 7 jours ou permanente lors d’un échec à la cardioversion ou
lorsque celle-ci n’est pas tentée. Elle a une
tendance vers la chronicisation.
Plusieurs facteurs de risque ou contributoires sont associés à la FA : hypertension
artérielle, valvulopathies (principalement
mitrales) ou autres pathologies cardiaques sousjacentes. Elle peut également survenir chez les
sujets à cœur sain (forme idiopathique). Des
études récentes ont mis en évidence des
facteurs génétiques à la FA.
La FA peut être reconnue immédiatement
sous forme de palpitations ou découverte de
façon fortuite après une période asymptomatique d’une durée indéterminée. D’autres
symptômes rapportés sont la fatigue, la
dyspnée, un rythme cardiaque rapide et
irrégulier, un malaise thoracique, une faiblesse
ou un étourdissement. Plus rarement, elle peut
25 %
se présenter sous la forme d’insuffisance
cardiaque ou d’un AVC. En plus des atteintes
fonctionnelles reliées aux AVC, la FA diminue
la qualité de vie des patients et leur tolérance
à l’effort.
Évaluation
Le diagnostic est souvent effectué au
questionnaire et à l’examen physique, puis
confirmé par l’ECG. L’évaluation initiale recommandée inclus un questionnaire permettant
de définir le type de FA et les symptômes, et
d’identifier les causes associées ou réversibles
(hyperthyroïdie, abus d’alcool) et les facteurs
de risque thromboembolique. Une échocardiographie trans-thoracique et une prise de sang
GROUPE D’ÂGE
AU MOMENT DU DIAGNOSTIC DE FA
21 %
20 %
19,2 %
17,5 %
% des patients
Introduction
14,9 %
15 %
13,3 %
10 %
5,7 %
5%
3,2 %
1,8 %
0%
2 Les actualités du cœur • Automne 2009
Le bulletin de l’Alliance québécoise pour la santé du cœur
0,5 %
0,03 % 0,03 % 0,1 % 0,2 % 0,3 % 0,3 %
0,8 %
1,2 %
(5-9) (10-14) (15-19) (20-24) (25-29) (30-34) (35-39) (40-44) (45-49) (50-54) (55-59) (60-64) (65-69) (70-74) (75-79) (80-84) (≤-85)
Groupe d’âge
Jason R Guertin, Alexis Matteau, Marc Dorais et Jacques LeLorier – Unité
de recherche en pharmaco-épidémiologie et en pharmaco-économie - CHUM
Fibrillation auriculaire
pour évaluer les fonctions thyroïdiennes,
rénales et hépatiques sont aussi recommandés.
Occasionnellement, d’autres tests peuvent être
indiqués comme un électrocardiogramme à
l’effort pour évaluer la maîtrise de la fréquence
cardiaque ou exclure de l’ischémie avant de
débuter un agent anti-arythmique de classe
1C, un Holter de 24 heures, une échocardiographie trans-œsophagienne ou une radiographie pulmonaire.
Traitement
Le traitement de la FA a trois objectifs
distincts : 1) la maîtrise de la réponse ventriculaire, 2) la prévention des événements
thromboemboliques et 3) la correction du
trouble du rythme. Le type de traitement doit
être sélectionné selon le type de FA, les
symptômes du patient et les comorbidités.
Indépendamment du type de traitement
choisi, la nécessité d’une anticoagulation est
déterminée par le risque d’AVC et non par la
présence d’un rythme sinusal. Un outil clinique
utilisé est le score CHADS2.1 Cette classification
prédit le risque d’AVC qui est proportionnel au
pointage obtenu; celui-ci est calculé en
attribuant 1 point chacun pour l’insuffisance
cardiaque, l’hypertension, l’âge d’au moins
75 ans et le diabète, et 2 points pour un AVC
ou une ischémie cérébrale transitoire. L’anticoagulation à base de warfarine est recommandée
pour tout pointage supérieur ou égal à 2.2
L’aspirine ou la warfarine est suggérée pour un
pointage de 1, alors que seulement l’aspirine
est requise si le pointage est de 0. La warfarine
demeure le traitement principal, malgré les
inconvénients du suivi et des interactions
connues. Selon l’étude ACTIVE W, la warfarine
est supérieure à l’association de l’aspirine et
du clopidogrel. Le dabigatran, un inhibiteur
direct de la thrombine, à prise biquotidienne
et ne nécessitant pas de surveillance du RNI,
va peut-être révolutionner le traitement
anticoagulant de la FA. Les résultats de l’étude
RE-LY et une analyse pharmaco-économique
nous permettront, bientôt, de mieux évaluer
les avantages de cette nouvelle approche
thérapeutique.
Une autre des stratégies est la maîtrise de
la réponse ventriculaire. Ceci peut être obtenu
à l’aide d’un traitement par bêtabloquants ou
bloquants des canaux calciques (diltiazem ou
vérapamil). La digoxine n’est plus considérée
comme agent de première ligne et est réservée
aux patients avec insuffisance cardiaque
associée. L’objectif est de maintenir une
fréquence cardiaque inférieure à 80 battements
par minute au repos. En cas d’échec au traitement médical, surtout pour une FA rapide avec
réponse ventriculaire mal contrôlée chez la
personne âgée, il est possible d’effectuer une
ablation permanente du nœud auriculoventriculaire avec l’implantation concomitante
d’un stimulateur cardiaque permanent.
L’autre stratégie est celle de la maîtrise du
rythme cardiaque. L’étude AFFIRM n’avait
toutefois pas démontré de bénéfice de survie
à cette stratégie. 3 Cette option est donc
envisagée surtout chez les patients avec FA
paroxystique, lors d’un premier épisode, chez
les patients symptomatiques, jeunes ou avec
insuffisance cardiaque associée, et selon la
préférence du patient. Le retour à un rythme
sinusal peut être obtenu par une cardioversion
électrique ou chimique (ibutilide IV, flécaïnide
PO, propafénone PO) après une anticoagulation
adéquate d’au moins trois semaines, après
avoir vérifié l’absence d’un thrombus par une
échocardiographie trans-œsophagienne ou
pour une FA d’une durée inférieure à 48 heures
chez les patients à faible risque. Un nouvel
agent intraveineux pour la cardioversion de FA
en phase aigüe, le vernakalant (activateur des
canaux potassiques) est présentement en
évaluation. Pour le maintien en rythme sinusal,
les agents anti-arythmiques de classe IC
(flécaïnide, propafénone), et de classe III (sotalol,
amiodarone) demeurent les plus souvent
utilisés. Toutefois, ces médicaments sont insatisfaisants. Seule la flécaïnide est officiellement
indiquée par Santé Canada pour le traitement
de la FA, malgré le fait que l’étude CAST ait
démontré que la flécaïnide est associée à un
excès de mortalité chez les patients avec
infarctus du myocarde. Le sotalol est capable
de produire des arythmies ventriculaires
potentiellement fatales et son initiation requiert
un titrage délicat. Par ailleurs, la propafénone
a également un potentiel pro-arythmique qui
se manifeste par une prolongation du QRS.
Le médecin se trouve dans la situation
difficile d’avoir à traiter une arythmie auriculaire
avec des médicaments capables de produire
des arythmies ventriculaires potentiellement
fatales. L’amiodarone a l’avantage de rarement
produire des arythmies ventriculaires, mais elle
est associée à une toxicité extracardiaque
fréquente et de plus, potentiellement fatale.
L’effet toxique le plus important est la fibrose
pulmonaire qui n’est pas détectable dans sa
phase initiale, qui n’est pas réversible avec l’arrêt
de l’amiodarone et qui de plus est fatale dans
10 % des cas. À cela s’ajoute des complications
thyroïdiennes, dermatologiques, hépatiques et
oculaires qui requièrent un suivi régulier. Une
nouvelle molécule bientôt disponible, la
dronédarone (un bloquant de multiples canaux
sans molécule d’iode), a démontré une diminution de 24 % du risque relatif d’hospitalisation
ou décès chez une population d’âge moyen de
près de 72 ans, surtout aux dépens des hospitalisations pour FA.4
Une alternative plus récente est l’ablation
primaire de FA, suite à la découverte d’une
origine de l’arythmie principalement au niveau
des veines pulmonaires dans l’oreillette gauche.
Le but principal est d’isoler électriquement les
veines pulmonaires par voie endocavitaire et
par accès transseptal (ponction du septum interauriculaire). Plusieurs études ont démontré la
supériorité de l’ablation face au traitement
médical avec un taux de succès de près de
80% sans récidive à un an et une amélioration
des symptômes, de la tolérance à l’effort et de
la qualité de vie.5 Cette intervention nécessite
une reprise chez environ 25 % des patients
avec un risque de complications entre 2 et
6 % (tamponnade 1,2 %, sténose pulmonaire
symptomatique 0,57 %, AVC 0,28 % et décès
0,05 %). Chez les patients avec insuffisance
cardiaque, l’ablation fut également prouvée
supérieure à la resynchronisation cardiaque en
association avec l’ablation du nœud auriculoventriculaire.
Conclusion
La FA demeure un problème important en
raison de la population vieillissante. Les points
importants demeurent la maîtrise de la réponse
ventriculaire, la gestion du risque embolique
et finalement pour les patients appropriés le
maintien en rythme sinusal. Pour chacune des
stratégies, de nouvelles options sont à l’horizon.
Finalement, l’ablation primaire de la FA commence à jouer un rôle grandissant, particulièrement chez la population atteinte de FA
paroxystique. ❙
RÉFÉRENCES
1. Gage BF, Waterman AD, Shannon W, et al. Validation of clinical
classification schemes for predicting stroke: results from the National
Registry of Atrial Fibrillation. JAMA 2001;285(22):2864-70.
2. Fuster V, Rydén LE, Cannom DS, et al. ACC/AHA/ESC 2006 guidelines
for the management of patients with atrial fibrillation: executive
summary. J Am Coll Cardiol 2006;48(4):854-906.
3. Wyse DG, Waldo AL, DiMarco JP, et al. A comparison of rate control
and rhythm control in patients with atrial fibrillation. N Engl J Med
2002;347(23):1825-33.
4. Hohnloser SH, Crijns HJ, van Eickels M, et al. Effect of dronedarone
on cardiovascular events in atrial fibrillation. N Engl J Med
2009;360(7):668-78.
5. Jaïs P, Cauchemez B, Macle L, et al. Catheter ablation versus
antiarrhythmic drugs for atrial fibrillation: the A4 study. Circulation
2008;118(24):2498-505.
RÉFÉRENCES ADDITIONNELLES SUR DEMANDE
Les actualités du cœur • Automne 2009 3
Le bulletin de l’Alliance québécoise pour la santé du cœur
Hypertension artérielle
Prévention des accidents
vasculaires cérébraux
par une maîtrise optimale de
la pression artérielle et des
autres facteurs de risque
Pierre Larochelle, M.D., PhD, FRCPC, Institut de recherches cliniques de Montréal
es accidents vasculaires cérébraux demeurent une cause importante de mortalité prématurée aussi bien au niveau mondial qu’au
niveau national. L’OMS évalue que 10 % des décès sont liés à
des accidents vasculaires cérébraux (AVC) à travers le monde. Au
Québec, le taux de mortalité pour cette cause demeure très important
malgré une réduction très significative au cours des 25 dernières
années. Nous avons assisté à une réduction du taux de mortalité
d’environ 90 par 100 000 de population par année au Québec au
début des années 1980 à un taux actuel aux environs de 35 par
100 000 de population par année, donc 25 ans plus tard (Service de
Surveillance de la Santé 2008).
L’accident vasculaire cérébral se définit comme étant un déficit
neurologique focal d’installation rapide correspondant à un territoire
vasculaire déterminé. La majorité des accidents vasculaires cérébraux
sont d’origine ischémique et d’étiologie cardio-embolique, athérothrombotique ou lacunaire dans des proportions relativement similaires.
Les autres étiologies sont
des accidents vasculaires
cérébraux hémorragiques
avec rupture de vaisseaux
ou d’autres étiologies plus
rares. Plusieurs facteurs
peuvent être mis en cause
pour expliquer l’AVC. Les
facteurs hémodynamiques
sont les facteurs les plus
impliqués avec une augmentation de la pression centrale ou périphérique associée à des
remodelages vasculaires, cardiaques, de dysfonction endothéliale, qui
peuvent causer des plaques d’athérosclérose ou une fibrillation
auriculaire avec des occlusions emboliques ou thrombotiques. Différents
autres facteurs peuvent aussi être impliqués dont la coagulation,
l’hyperlipidémie, la glycémie ou autres tels que les thromboxanes.
Plusieurs facteurs peuvent augmenter le risque d’accidents
vasculaires cérébraux. Parmi les facteurs impliqués, certains sont non
modifiables tels l’âge (> 60 ans), l’histoire familiale d’accidents
vasculaires cérébraux, le sexe masculin, et l’histoire antérieure d’un
accident vasculaire cérébral ou d’une ischémie cérébrale. Parmi les
L
4 Les actualités du cœur • Automne 2009
Le bulletin de l’Alliance québécoise pour la santé du cœur
facteurs modifiables, on note principalement l’hypertension artérielle,
le diabète, l’hyperlipidémie, l’obésité et le tabagisme. On doit aussi
ajouter d’autres facteurs tels les sténoses carotidiennes ainsi que la
fibrillation auriculaire.
L’hypertension artérielle est un facteur de risque important parmi
les facteurs modifiables à cause de sa prévalence qui est très élevée
et de son risque relatif associé à l’accident vasculaire cérébral qui est
aussi important. On évalue que le risque de base de l’hypertension
artérielle, dépendant de l’âge de la population, varie entre 25 et 40 %
et que le risque relatif associé à l’hypertension artérielle va augmenter
ce risque de base de trois à cinq fois (Saco R et al, Neurologie 1995;
45:659-663 / Strauss SE et al, JAMA 2002;288:1388-1395). Lorsqu'on
cible la prévention des accidents vasculaires cérébraux, il est donc
indiqué de tenter d’obtenir une normalisation de la pression artérielle,
de prévenir l’augmentation du cholestérol et du LDL-cholestérol, de
cesser le tabagisme, de réduire la consommation excessive d’alcool,
d’augmenter le niveau
d’activité physique et de
réduire l’obésité. Les facteurs
usuels connus de cause de
la maladie vasc ulaire
athéroscléreuse sont donc
impliqués dans la prévention d’accidents vasculaires
cérébraux avec des cibles
particulières, principalement
l’hypertension, l’hyperlipidémie et le diabète. Le tabagisme occupe encore une place importante
comme cause d’accidents vasculaires cérébraux et le risque relié au
tabagisme peut être à peu près entièrement annulé après un arrêt
de cinq ans.
Quant à la pression artérielle, les données épidémiologiques ont
indiqué qu’il existe un lien très important entre le niveau de la pression
artérielle et le risque de faire un accident vasculaire cérébral. Des métaanalyses de données sur près d’un million de patients (Prospective
Studies Collaboration, Lancet 2002;360:1903-1913) ont indiqué que
le risque de faire un accident vasculaire cérébral augmentait avec le
niveau de la pression artérielle systolique entre 110 et 180 mm Hg et
Hypertension artérielle
À chaque réduction
de pression artérielle
systolique de 10 mm Hg
correspondait une réduction
du risque relatif d’accident
vasculaire cérébral de 25 %.
Le bénéfice du traitement de l’hypertension artérielle doit cependant
être associé à une maîtrise des autres facteurs de risque, l’obtention
des cibles du cholestérol et évidemment l’abstinence tabagique. Une
gestion des facteurs de risque de façon bien intégrée nous permet de
mieux prévenir le risque d’un accident vasculaire cérébral. L’emploi
d’antiplaquettaires dans certaines circonstances s’est avéré bénéfique,
principalement chez des gens ayant déjà une maladie vasculaire
démontrée ou chez les patients à risque cardiovasculaire élevé. Les
dernières données en prévention primaire sur l’utilisation de l’acide
acétylsalycilique indiquent cependant qu’il y a un risque associé à
l’utilisation de cet antiplaquettaire; le risque de saignement augmente
avec l’âge et doit être pris en considération lorsqu’on considère utiliser
ce type d’agent en prévention primaire.
Tel que mentionné, les données récentes québécoises indiquent
une réduction significative de la mortalité depuis 25 ans. La prévention
par une gestion des risques cardiovasculaires a contribué à cette
réduction et peut encore contribuer afin de maintenir et d’améliorer
cette réduction. ❙
de la pression artérielle diastolique entre 70 et 110 mm Hg et ceci,
indépendamment de l’âge. Bien que le risque de base d’un accident
vasculaire cérébral augmente avec chaque tranche d’âge, l’augmentation
de la pression artérielle systolique augmente
le risque relatif de faire un accident vasculaire
LA BONNE MESURE
cérébral de 30 à 35 %. Chaque augmentation
de 10 mm Hg de systolique correspondait à
un risque augmenté de 36 % de son niveau
Une affiche et des aidede base. Il en était de même pour la pression
mémoires permettant
artérielle diastolique. Donc le lien entre la
aux professionnels de la
pression artérielle systolique ou diastolique et
santé d’éduquer les
morbidité ou mortalité vasculaire cérébrale est
patients sur l’automesure
bien établi.
de la pression artérielle
Les données cliniques obtenues des
sont disponibles à la
analyses des différents traitements de
Fondation des maladies
l’hypertension artérielle ont aussi indiqué que
du cœur du Québec. Vous
le traitement vers la normalisation de la
pouvez télécharger le
pression artérielle réduisait d’une façon
bon de commande en
significative le risque de faire un accident
allant sur le site de la
vasculaire cérébral. Une méta-analyse récente
Fondation
sur 464 000 patients publiée (Law MR et al,
www.fmcoeur.qc.ca
BMJ 2009:338:b1665 ONLINE) en mai 2009
nous indique que la réduction de la pression
artérielle réduisait de façon significative le
risque de faire un accident vasculaire cérébral.
CLIQUEZ SUR :
Cette méta-analyse a une fois de plus confirmé
le bénéfice associé à une réduction et norma• ta santé
lisation de la pression artérielle. À chaque
réduction de pression artérielle systolique de
• professionnels
10 mm Hg correspondait une réduction du
de la santé dans
risque relatif d’accident vasculaire cérébral de
le menu déroulant
25 %. Tous les traitements ont été considérés
comme efficaces en autant que la pression
• télécharger le bon
artérielle était réduite. Les recommandations
de commande
de PECH (Programme d’Éducation Canadien
en Hypertension) spécifient cependant que le
traitement par bêt abloquant utilisé en
monothérapie ne semble pas offrir la même
protection chez les patients d’âge supérieur à
55 ans, lorsqu’il n’y a pas une indication
formelle, telle que présence d’angine ou de
situation de post infarctus.
DE LA PRESSION ARTÉRIELLE
Les actualités du cœur • Automne 2009 5
Le bulletin de l’Alliance québécoise pour la santé du cœur
Nutrition
Choisir de maigrir ? : Une intervention
de groupe en saine gestion du poids
évaluée scientifiquement
Fannie Dagenais, Dt.P., M. Sc., Directrice du Groupe d’action sur le poids ÉquiLibre
Véronique Provencher, Dt.P., PhD., Professeure au Département des sciences des aliments et de nutrition,
Faculté des sciences de l'agriculture et de l'alimentation, Université Laval
Marilyn Manceau, Dt.P.,M. Sc., Chargée de projets - programmes adultes et formations au Groupe d’action
sur le poids ÉquiLibre
u Québec, la majorité des femmes
(73 %) désirent perdre du poids et ce,
qu’elles aient un poids santé ou non1.
Trente-neuf pour cent des utilisatrices de
produits ou services amaigrissants ont
commencé à se préoccuper de leur poids avant
l’âge de 19 ans et peu d’entre elles imaginent
leur vie sans avoir à contrôler leur poids. Cette
obsession de la minceur a des répercussions
importantes sur la qualité de vie des femmes
en plus de nuire à la santé et au bien-être de
certaines. Afin d’aider les Québécoises aux
prises avec un problème de poids ou d’image
corporelle, le programme Choisir de maigrir ?,
qui s’appuie sur les principes du nouveau
paradigme sur le poids (NPP), propose une
alternative saine, crédible et évaluée
scientifiquement face aux différentes méthodes
amaigrissantes.
A
Une intervention de groupe en saine
gestion du poids
Choisir de maigrir ? est une intervention
de groupe conçue à l’intention des femmes
préoccupées par leur poids, qu’elles aient ou
non un excès de poidsi. Le programme vise à
améliorer la santé globale de ces femmes en
brisant le syndrome du yoyo et en les amenant
à prendre une décision éclairée face à
l’amaigrissement.
Guidées par une diététiste et un intervenant psychosocial (psychologue ou travailleur social), les participantes analysent tous
les facteurs biologiques, psychologiques et
sociaux qui peuvent expliquer leur poids actuel
(ou la difficulté à maintenir le poids perdu), et
prennent conscience des facteurs sur lesquels
elles ont ou n’ont pas d’emprise.
Tout au long des 14 semaines (45 heures)
d’intervention, chaque femme vit un cheminement personnel à l’intérieur du processus de
groupe qui la mènera à remplacer l’utilisation
des diètes restrictives par l’adoption de saines
habitudes de vie. Le programme Choisir de
maigrir ? vise à amener les participantes à
mettre l’accent sur la santé et sur une vie
satisfaisante et harmonieuse plutôt qu’uniquement sur le poids et l’apparence.
Un programme s’inspirant du nouveau
paradigme sur le poids
Tout comme les approches connues sous
le vocable Health-At-Every-Size (i.e., la santé
pour tous les formats corporels), Choisir de
maigrir ? s’inspire du nouveau paradigme sur
le poids (NPP). Selon le NPP, l’utilisation de
diètes de toutes sortes ne représente
aucunement la solution aux problèmes de
poids; l’emphase mise sur la restriction
alimentaire pouvant même exacerber le
problème de poids en favorisant le syndrome
du yoyo. De plus, l’amélioration de la santé
et du bien-être d’un individu passe par la
connaissance de soi et des nombreux facteurs
physiques, psychologiques et sociaux qui
influencent sa morphologie et sa relation à la
nourriture et au corps (acceptation de soi).
Guidée par une intervention non directive, une
personne qui apprend à s’accepter et à reconnaître sa valeur comme individu sera plus
disposée à s’engager dans une démarche de
changement et à adopter de saines habitudes
de vie à long terme.
Les approches s’inspirant du NPP encouragent donc l’acquisition de saines habitudes
alimentaires, d’un mode de vie actif et de
sentiments positifs envers soi-même et les
autres et ce, tout en étant centrées sur la santé
dans sa globalité, et non sur la perte de poids
à tout prix.
La littérature scientifique démontre que
les interventions s’inspirant du NPP amènent
des bénéfices significatifs au niveau des
comportements alimentaires et du profil
psychologique2, ces changements favorables
étant des éléments incontournables dans une
démarche de saine gestion du poids selon une
perspective de santé et de bien-être à long
terme.
Les effets à court et à long terme de
Choisir de maigrir ?
Les effets du programme Choisir de
maigrir ? ont été évalués par deux études
scientifiques québécoises. La première étude3
quasi-expérimentale a été menée auprès de
184 femmes participant au programme Choisir
de maigrir ? en comparaison avec un groupe
de 127 femmes ne bénéficiant d’aucune
intervention. Dans le cadre de la deuxième
étude4-5, menée à l’Université Laval selon un
devis expérimental, 144 femmes ont été
aléatoirement distribuées dans trois groupes
à l’étude (N=48 par groupe) : 1) Choisir de
maigrir ? (groupe expérimental); 2) groupe
d’intervention de type soutien social, et
3) groupe témoin ne recevant aucune intervention au cours de l’étude.
DANS UN CSSS PRÈS DE CHEZ VOUS
La mise en œuvre du programme Choisir de maigrir ? dans les CSSS du Québec constitue
une des actions visant à améliorer les services offerts aux personnes aux prises avec
un problème de poids du Plan d’action gouvernemental de promotion des saines habitudes
de vie et de prévention des problèmes reliés au poids 2006-2012.
Actuellement, le programme Choisir de maigrir ? est offert dans plus de 30 milieux à
travers 11 régions du Québec. Choisir de maigrir? est une initiative d’ÉquiLibre, un
organisme à but non lucratif dont la mission est de favoriser la prévention et la diminution
des problèmes reliés au poids et à l’image corporelle dans la population. Consultez le
site www.equilibre.ca pour connaître les milieux où le programme est offert.
6 Les actualités du cœur • Automne 2009
Le bulletin de l’Alliance québécoise pour la santé du cœur
Nutrition
De façon globale, les résultats de ces
études démontrent que le programme Choisir
de maigrir ? améliore de façon significative et
soutenue (12 mois après l’intervention)
différentes variables psychosociales, telles que
la satisfaction face à l’image corporelle, le fait
de manger en réponse à ses émotions, l’estime
de soi, les connaissances face à la saine
gestion du poids, la tendance à se mettre à la
diète ainsi que l’efficacité personnelle
(croyance en sa capacité d’accomplir un
comportement) et les sentiments dépressifs3.
Également, le programme Choisir de maigrir ?
a permis de modifier de façon favorable
certains comportements alimentaires associés
au gain de poids chez les participantes et ce,
en comparaison avec les femmes du groupe
témoin n’ayant reçu aucune intervention. Plus
précisément, une diminution significative de
la surconsommation d’aliments en réponse à
des influences extérieures (i.e., désinhibition)
et de la consommation d’aliments en présence
de déclencheurs qui stimulent la faim ou
l’impression d’avoir faim (i.e., susceptibilité à
la faim) a été observé immédiatement après
la fin de l’intervention4, ces changements
s’étant ensuite maintenus 12 mois plus tard5.
Il est également intéressant de noter que le
soutien social apporté par le groupe a été
identifié comme une composante importante
à considérer dans les changements de
comportement observés4-5.
Bien que la perte de poids ne soit pas un
objectif spécifique du programme, et
qu’aucune restriction calorique ne soit imposée
au cours de l’intervention, les femmes ayant
participé à Choisir de maigrir? ont perdu à court
terme en moyenne 2 % de leur poids initial
(environ 1,5 kg), ce qui n’a pas été noté dans
le groupe témoin4. Elles ont également été
plus nombreuses à maintenir leur perte de
poids, un an après l’intervention, comparé au
groupe témoin3-5. La prise de décision éclairée
face à l’amaigrissement chez les femmes qui
ont suivi le programme a été associée à une
meilleure image corporelle et une moins
grande tendance à manger en réponse à ses
émotions3. Les résultats observés dans le cadre
de ces deux études québécoises vont donc
dans le même sens que ce qui a été rapporté
précédemment dans la littérature2, et soutiennent donc la pertinence du programme Choisir
de maigrir ? en tant qu’alternative de choix à
offrir auprès des femmes présentant un surplus
de poids et/ou une préoccupation à l’égard
de leur poids.
En conclusion
À l’échelle mondiale, l’obésité constitue
un important problème de santé publique.
Moins connue, la préoccupation excessive à
l’égard du poids est une autre problématique
d’importance qui s’ajoute à un environnement
obésogène et qui complexifie les interventions
qui s’attardent aux problèmes reliés au poids
et ce, principalement chez la femme. Le
programme Choisir de maigrir ? propose donc
une alternative crédible et appuyée
scientifiquement afin d’aider les Québécoises
aux prises avec un problème de poids à
améliorer leur santé et leur bien-être. ❙
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES :
i Les femmes présentant un trouble alimentaire (anorexie, boulimie)
sont exclues et redirigées vers d’autres ressources conçues
spécifiquement pour ce type de clientèle.
1. Les Producteurs laitiers du Canada, sondage Ipsos Reid, 2008.
2. King C. Health at every size approach to health management: the
evidence is weighed. Top Clin Nutr 2007;22:272-285.
3. Mongeau L. Un nouveau paradigme pour réduire les problèmes
liés au poids : l’exemple de Choisir de maigrir ? Thèse de doctorat,
Faculté de médecine, Université de Montréal; 2005, 475 p.
4. Provencher V, Bégin C, Tremblay A, Mongeau L, Boivin S, Lemieux S.
Short-term effects of a “Health-At-Every-Size” approach on eating
behaviors and appetite ratings. Obesity 2007;15(4):957-66.
5. Provencher V, Bégin C, Tremblay A, Mongeau L, Corneau L, Dodin S,
Boivin S, Lemieux S. “Health-At-Every-Size” and eating behaviors:
one-year follow-up results of a size acceptance intervention. Journal
of the American Dietetic Association, Sous presse.
Est-ce qu’il y a du texte à ajouter?
Ézétimibe
(inhibiteur sélectif de l’absorption du cholestérol)
Monographie de produit fournie sur demande aux médecins et aux pharmaciens.
Activité physique
Faire de l’exercice physique
pendant la grossesse
Guy Thibault, PhD., chercheur, Direction du sport et de l’activité physique, ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport
Source : Thibault, G., Entraînement cardio. Sports d’endurance et performance, Collection Géo Plein Air, (livre en préparation,
parution prévue : octobre 2009).
E
st-il bon de continuer à s’entraîner
pendant la grossesse? Voilà une
question importante pour les mères
en devenir qui veulent ce qu’il y a de
mieux pour l’enfant qui va naître… et
pour elles. Alors que jadis les femmes
enceintes devaient « rester tranquilles »,
aujourd’hui on sait qu’au contraire c’est la
sédentarité qu’elles doivent craindre ! En plus
de perdre leur condition physique et de
prendre plus de poids, les femmes sédentaires
pendant leur grossesse risquent davantage
d’être atteintes d’hypertension, de prééclampsie
et de maux de dos.
Ainsi, les autorités scientifiques et médicales reconnues, recommandent aux femmes
dont la grossesse se déroule normalement de
pratiquer des activités physiques d’intensité
modérée. Elles feront moins d’œdème et elles
prendront moins de poids au cours du dernier
trimestre, ce qui réduit le risque de diabète
gestationnel – le problème médical le plus
fréquent lié à la grossesse, associé à de nombreuses complications pour la mère et le bébé.
Les femmes enceintes ont avantage à
effectuer aussi, au moins deux fois par
semaine, de la musculation pour les muscles
du plancher pelvien (dans le but de réduire
le risque d’incontinence urinaire), du ventre,
du dos et des fesses. Ainsi, elles améliorent
leur posture alors que le poids de l’utérus et
des seins augmente. Leurs muscles devenant
plus forts, elles risquent moins d’avoir des
douleurs lombaires, trouveront moins difficiles plusieurs gestes de la vie quotidienne
et récupéreront plus rapidement après
l’accouchement.
L’entraînement cardio n’affecte pas le
développement du fœtus et n’augmente pas
les risques de problèmes de santé liés à
la grossesse, de fausse couche, d’accouchement difficile ou de problèmes de santé pour
le bébé.
L’idéal, c’est d’avoir été régulièrement
active et de poursuivre la pratique sportive
pendant la grossesse, sans toutefois se
pousser à l’extrême. Cependant, les femmes
sédentaires pourront se mettre à l’exercice
physique. On leur recommande d’attendre le
deuxième trimestre avant de s’entraîner
intensivement.
Parce que le fœtus demande de l’énergie,
s’entraîner à une intensité absolue donnée
peut paraître un peu difficile. Le cœur bat plus
vite et la pression artérielle est plus élevée.
Les femmes enceintes doivent être
constamment à l’écoute de leur corps afin de
trouver une intensité d’exercice qui ne les
fatiguera pas. Normalement, si l’exercice
s’accompagne d’un essoufflement léger ou si
la fréquence cardiaque demeure dans la
fourchette de 110 à 150 bpm (battements par
minute), des bénéfices pour la condition
physique et la santé se feront sentir. Si la
séance paraît trop difficile ou si elle s’accompagne d’une augmentation prononcée de la
température corporelle, il faut l’interrompre,
quel que soit le degré d’essoufflement ou la
fréquence cardiaque. Il s’agit alors de reprendre
l’exercice à intensité moins élevée. Pendant
8 Les actualités du cœur • Automne 2009
Le bulletin de l’Alliance québécoise pour la santé du cœur
le troisième trimestre de la grossesse, en raison
de la pression du fœtus sur le diaphragme, la
respiration peut être plus ardue : il faut régler
l’intensité de l’activité en conséquence.
Activité physique
Il est préférable de stopper l’activité
physique et de consulter son médecin en
cas de symptômes comme les suivants :
nausée, vertige, changement soudain de la
température corporelle, saignement vaginal,
vision embrouillée, respiration difficile,
palpitations, fréquence cardiaque anormalement élevée, évanouissement, douleurs
violentes au pubis, au dos, à l’abdomen ou
au thorax, et douleurs apparentées à celles
liées aux contractions utérines.
Chose certaine, l’intensité et la durée des
séances d’entraînement doivent avoir pour but
de maintenir une bonne condition physique
tout au long de la grossesse, non pas d’atteindre un très haut degré de performance sportive.
Il faut éviter les activités qui comportent des
risques de coups ou de chute. Les femmes qui
participent à des compétitions devraient cesser
de le faire pendant la grossesse et éviter de
faire des séances exténuantes, particulièrement
s’il fait chaud. Elles doivent éviter de s’entraîner
plus intensivement qu’elles ne l’ont fait avant
de devenir enceintes.
L’entraînement cardio n’affecte pas le
développement du fœtus et n’augmente
pas les risques de problèmes de santé
liés à la grossesse, de fausse couche,
d’accouchement difficile ou de
problèmes de santé pour le bébé.
On ne sait pas si l’entraînement cardio
rend l’accouchement moins difficile. Ce qu’on
sait par contre, c’est que chez les femmes
actives pendant leur grossesse, il y a moins
d’accouchements prématurés, de complications à l’accouchement, de signes de
détresse fœtale, de césariennes et de
complications néonatales. Rester active
améliore l’endurance à l’effort (la femme a
plus de souffle et plus d’énergie pendant
l’accouchement) et accélère le rétablissement.
À noter qu’une perte de poids trop rapide,
soit plus de 0,5 kg par semaine, peut réduire
la lactation.
Dès que la femme se sent prête, elle peut
reprendre l’entraînement quelques semaines
après l’accouchement (en parler au médecin).
Si elle allaite, elle peut s’entraîner à intensité
faible ou moyenne sans que cela modifie la
quantité ou la composition du lait maternel;
il n’y aura aucun effet négatif sur la croissance du nouveau-né.
Bref, les femmes dont la grossesse se
déroule normalement ont avantage à
s’entraîner régulièrement. Le bébé et sa mère
ne s’en porteront que mieux !
POIDS DU BÉBÉ
À LA NAISSANCE
Les effets de l’entraînement
cardio sur la durée de la
grossesse et le poids des
bébés à la naissance ont été
examinés chez 9 089 femmes
par les professeurs Leifermann
et Evenson de Virginia Tech
University. Les femmes qui ne
pratiquaient pas régulièrement
une activité physique aérobie
avant et pendant leur
grossesse se sont révélées
plus sujettes à donner
naissance à des bébés de très
petit poids (< 1 500 g),
comparativement aux femmes
qui demeuraient physiquement
actives pendant leur grossesse.
De plus, les femmes actives
qui avaient cessé de pratiquer
des activités physiques
pendant leur grossesse
risquaient davantage de
donner naissance à des bébés
de petit poids (de 1 500 à
2 499 g) ou de très petit poids
que celles qui étaient restées
physiquement actives pendant
leur grossesse. En revanche,
on n’a pas établi de relation
significative entre la pratique
régulière d’activité physique et
la durée de la grossesse. ❙
BIBLIOGRAPHIE ET LECTURES SUGGÉRÉES
Comité scientifique de Kino-Québec (1999). Quantité d’activité
physique requise pour en retirer des bénéfices pour la santé, ministère
de l’Éducation, gouvernement du Québec, 27 p.
Comité scientifique de Kino-Québec (2008a). L’activité physique et
le poids corporel, ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport,
gouvernement du Québec, 2e édition, 44 p.
Gavard, J.A., et R. Artal (2008). Effect of exercise on pregnancy
outcome, Clin Obstet Gynecol, 51:467-80.
Kino-Québec (2007). Active pour la vie : Activité physique et
grossesse, brochure,
www.kino-quebec.qc.ca/publications/ActivitePhysiqueGrossesse.pdf
Leiferman, J.A., et K.R. Evenson (2003). The effect of regular leisure
physical activity on birth outcomes, Matern Child Health J 7:59-64.
Thibault, G., Entraînement cardio. Sports d’endurance et performance,
Collection Géo Plein Air, (livre en préparation, parution prévue :
octobre 2009).
U.S. Department of Health & Human Services (2008). Physical Activity
Guidelines for Americans, www.health.gov/paguidelines.
Les actualités du cœur • Automne 2009 9
Le bulletin de l’Alliance québécoise pour la santé du cœur
En route, en cœur
Un voyage pédagogique
pour sensibiliser les jeunes à
l’importance d’être en santé
Stéphanie Tremblay, Dt.P., Chargée de projets Prévention/Promotion de la santé,
Fondation des maladies du cœur du Québec
Un portrait alarmant !
obésité infantile est un sérieux problème de santé publique. Au Québec,
on estime à environ 23 % la prévalence d’embonpoint et d’obésité chez les
jeunes de 2 à 17 ans1. Ces problèmes reliés
au poids à l’enfance augmentent les risques
de développer des maladies du cœur en âge
précoce2.
En examinant les habitudes alimentaires
des jeunes, on constate qu’il y a place à
l’amélioration. Chez les jeunes québécois de
6 à 16 ans, une très faible proportion d’entre
eux, variant de 6 à 11 %, consomment les
portions minimales recommandées pour
chacun des quatre groupes du Guide alimentaire canadien pour manger sainement3. Du
côté de l’activité physique, le portrait n’est
guère plus réjouissant puisque plus du quart
des jeunes de 6 à 11 ans ne bougeraient
pas suffisamment1.
Face à cette problématique, plusieurs
initiatives ont vu le jour, telles que
l’approche École en santé et la politiquecadre Pour un virage santé à l’école qui
s’inscrivent dans plan gouvernemental
2006-2012 Investir pour l’avenir, visant la
promotion de saines habitudes de vie chez
les Québécois pour prévenir les problèmes
reliés au poids.
Très préoccupée par cette situation, la
Fo n d a ti on des maladies du cœ ur du
Québec a mis sur pied le programme En
route, en cœur pour sensibiliser les jeunes
du 1er au 3e cycle du primaire à l’importance
de l’activité physique et d’une alimentation
équilibrée pour un mode de vie sain. Pour
le développement du programme, un projet
pilote a été réalisé au cours des années
scolaires 2003-2004 à 2006-2007 grâce
à une subvention de Santé Canada.
L’
Description du programme
En route, en cœur
En route, en cœur a été élaboré en collaboration avec de nombreux professionnels
des milieux scolaires et de la santé. Des
comités aviseurs et de travail, ainsi que des
groupes de discussion avec des enseignants
et des élèves ont permis d’enrichir le matériel
développé afin de refléter les réalités et les
besoins de la clientèle ciblée.
Ce programme s’adresse particulièrement
aux titulaires du primaire, mais les enseignants
en éducation physique et à la santé, les infirmières scolaires et les diététistes peuvent
animer les activités.
En route, en cœur comprend trois trousses
pédagogiques pour chacun des cycles du
primaire présentant des activités qui allient la
saine alimentation et l’activité physique. Les
activités proposées sont axées principalement
sur le volet Santé et bien-être du Programme
de formation de l’école québécoise. Ces activités
permettent aussi aux élèves d’assimiler, entre
autres, des notions de français, de mathématiques, d’histoire et de géographie. Le
programme s’inscrit également dans l’approche
École en santé pour une intervention globale et
concertée en promotion de la santé.
Chaque trousse porte sur une thématique
distincte de voyage virtuel. Le matériel
pédagogique disponible est présenté plus en
détail dans le tableau 1.
Tableau 1 : Description du matériel pédagogique offert pour
chacun des trois cycles du primaire
Cycles
Thématique
1er cycle
Voyage pédagogique • Carnet de route pédagogique
dans le quartier
de l’enseignant
• Carte géographique d’un quartier type
• Cartes postales présentant les cinq
sens et des moyens de transport actif
• Carnet de route pour chacun des
élèves
10
2e cycle
Voyage pédagogique • Carnet de voyage pédagogique
de par le monde
de l’enseignant
• Carte géographique du monde
• Cartes postales
• Journal de bord pour chacun
des élèves
• Timbres postaux pour les élèves
10
3e cycle
Voyage pédagogique • Guide de l’enseignant
dans tout le Québec • Carte géographique du Québec
• Visa santé pour chacun des élèves
22
10 Les actualités du cœur • Automne 2009
Le bulletin de l’Alliance québécoise pour la santé du cœur
Outils
# d’activités
En route, en cœur
Support à l’implantation du
programme En route, en cœur
Grâce à une subvention de Santé Canada,
la Fondation des maladies du cœur du
Québec a développé l’année dernière un
site Internet pour, entre autres, faciliter
éducatifs (casse-têtes, coloriage, jeu de
mémoire, charades, etc.), des activités à
réaliser en famille ainsi qu’une panoplie de
renseignements sur l’activité physique et
l’alimentation. Des enseignants et leurs
élèves, questionnés dans le c adre de
l’évaluation de ce site, ont rapporté qu’ils
appréciaient le visuel en général, les couleurs
attrayantes, les personnages ainsi que la
chanson thème.
Perspectives d’avenir
Un projet pilote est actuellement en cours
pour ajouter au programme En route, en cœur
un nouvel outil pédagogique destiné aux
élèves du préscolaire. ❙
l’implantation du programme En route,
en cœur. En plus de présenter le matériel
pédagog ique du prog ramme, le site
www.enrouteencoeur.ca propose divers jeux
RÉFÉRENCES
1 BÉDARD, B., L. DUBOIS, R. BARALDI et autres (2008). L’alimentation
des jeunes québécois : un premier tour de table – Enquête sur la
santé dans les collectivités canadiennes (cycle 2.2), Québec, Institut
de la statistique du Québec, 97p.
2 www.fmcoeur.qc.ca/site/apps/nlnet/content2.aspx?c=kpIQKVOxF
oG&b=3670413&ct=6492669
3 Investir pour l’avenir – Plan d’action gouvernemental de promotions
des saines habitudes de vie et de prévention des problèmes reliées
au poids 200 6-2012. Tiré de NA P : http://public ations.
msss.gouv.qc.ca/acrobat/f/documentation/2006/06-289-01.pdf.;
consulté le 19 mars 2009.
NOUVELLE CONFÉRENCE POUR LES
PROFESSIONNELS DE LA SANTÉ
HYPERTENSION ARTÉRIELLE
ÉCHECETMAT
Évaluation du programme
En route, en cœur
Le programme En route, en cœur a été
évalué pour les trois cycles du primaire. Une
évaluation du processus d’implantation et une
évaluation des résultats à court terme ont été
réalisées. Les résultats démontrent que le
programme a été accueilli et apprécié par les
titulaires du primaire. Le taux de satisfaction
des participants (enseignants et élèves) était
très élevé, à la fois en ce qui a trait au déroulement général du projet et au niveau du
matériel pédagogique. En route, en cœur est
donc un outil prometteur, apprécié par le milieu
scolaire et facile à intégrer et à adapter. Pour
plus de renseignements, le rapport d’évaluation
est disponible sur demande.
HYPERTENSION ARTÉRIELLE - ÉCHEC ET MAT est une conférence clés en main qui élabore les stratégies
par rapport à notre mode de vie pour prévenir ou contrôler l’hypertension artérielle, en abordant
particulièrement des stratégies au niveau nutritionnel.
Conçue pour être animée par des diététistes-nutritionnistes,
elle offre également l’option de narration permettant de
la diffuser sans l’aide d’un conférencier.
Cette conférence bilingue s’accompagne d’un document
à l’intention du conférencier, d’une affiche promotionnelle
ainsi que d’un carnet éducatif.
Ce projet a été rendu possible grâce à une contribution
des Producteurs laitiers du Canada.
Pour plus de renseignements sur les conférences santé
offertes par la Fondation des maladies du cœur du
Québec, contactez le 514 871-8038, poste : 271 ou
[email protected]
Les actualités du cœur • Automne 2009 11
Le bulletin de l’Alliance québécoise pour la santé du cœur
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énoncés dans la liste
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