Se souvenir des belles choses | Le Devoir
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Se souvenir des belles choses | Le Devoir
Se souvenir des belles choses 3 février 2015 | Alexandre Cadieux | Théâtre C’est une vieille ambition qui flottait dans l’air depuis plus de trois décennies et qui pourrait enfin se matérialiser… sous une forme virtuelle, ou peu s’en faut. À la lumière de son maillage récent avec les Musées de la civilisation du Québec (MCQ), qui annonçaient l’automne dernier leur intention de développer un nouvel axe majeur de collectionnement, la Société pour le développement du Musée des arts du spectacle vivant (SDMASV) repense son mandat et rêve en réseau. Active depuis les années 1980, la SDMASV a longtemps rêvé d’un lieu «dédié», multipliant les études de faisabilité et les discussions en vue d’éventuels partenariats. Le Monument-National, le Musée Juste pour Rire et la Bibliothèque Saint-Sulpice furent tous considérés, à un moment ou à un autre. « À ce stade-ci, on doute désormais de la possibilité réelle d’ouvrir une nouvelle institution de ce type dans le Québec actuel », m’a confié Danielle Bergevin, coordinatrice des activités de la Société. « Nous avons plutôt identifié deux objectifs à court-moyen terme : d’abord, établir des critères de sélection afin de prendre la mesure du patrimoine à sauver et ainsi aider le MCQ, puis servir ensuite de point de rencontre pour toutes les actions visant à la conservation et à la mise en valeur de cette mémoire afin de mettre les gens en relation et d’éviter de multiplier inutilement les initiatives en soutenant celles qui paraissent les plus porteuses », ajoute celle qui est également directrice générale de l’association Théâtre Unis Enfance Jeunesse. L’expertise des MCQ interviendra notamment dans un secteur de conservation particulièrement à risque. Si une institution majeure comme Bibliothèques et Archives nationales du Québec (BANQ) recueille programmes et affiches tout en étant dépositaire de nombreux fonds d’archives — ceux du Théâtre du Nouveau Monde et du Rideau Vert, par exemple — comportant documents en papier et enregistrements audiovisuels, les objets lui causent d’évidents soucis d’entreposage. Les éléments de décor, maquettes, accessoires, costumes et marionnettes n’y trouvent leur place que sous des formes pré-réalisées ou résiduelles : plans, croquis, photos… Le Musée de la Civilisation est davantage outillé pour traiter ce patrimoine en trois dimensions… mais ses capacités de stockage physique ne sont pas pour autant infinies non plus. D’où l’idée d’établir des balises communes afin d’établir des priorités, en concertation avec tous les milieux concernés ;; la SDMASV compte d’ailleurs en son sein des représentants du Conseil québécois du théâtre, de l’Association des professionnels des arts de la scène du Québec, de la Guilde des musiciens et musiciennes et de l’Union des artistes, pour ne nommer que ceux-là. « Chaque milieu apporte son expertise. Le milieu de la danse réfléchit beaucoup aux questions d’archivage et de rayonnement depuis quelques années ;; l’exemple éclatant de la Fondation Jean-Pierre Perreault est vraiment inspirant pour tout le monde », souligne Danielle Bergevin. Le nouveau projet d’un musée québécois consacré aux arts vivants prend donc désormais des allures d’une institution sans murs reliant entre eux des organismes diversifiés en tailles comme en champs d’action. Si la chose paraît plus sensée que l’édification d’un nouveau temple de béton-verre-acier, on imagine la complexité que représente un réseautage efficace d’instances comme BANQ et son homologue canadien, des services plus modestes d’archives publiques, des centres de recherches universitaires, des associations d’artistes et de compagnies, divers musées… le tout répandu sur tout le territoire. Si l’établissement de cet immense inventaire protéiforme demeure une première étape capitale, la mise en valeur et la circulation du patrimoine matériel des arts vivants s’avèrent tout aussi importantes : expositions, prêts interinstitutionnels et soutien à la recherche universitaire comptent parmi les gestes que la SDMASV aimerait soutenir et encourager dans un futur rapproché. « Avec Dany Brown, du MCQ, qui s’est joint à nous, on réfléchit aussi beaucoup à la notion de patrimoine immatériel, qui nous semble particulièrement riche dans notre réflexion sur la transmission de la mémoire de disciplines qui tiennent essentiellement de l’expérience sensible », conclut la coordinatrice.